Dans le genre tête en l'air, je suis un cas ... /Adrian/

Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'Il se rendait  compte de mon malaise. Et pourtant, dieu sait si je faisais tout pour le cacher. Je devais avouer avec un petit peu de fierté que, depuis mon arrivée, j'avais fais pas mal de progrés. J'avais plus de contrôle sur moi même, plus de maitrise de mes crises, de mon comportement face aux autres. Cette fois ci, je  faisais tout  mon possible pour ne pas paraitre trop stressée. Aussi naïve que je pouvais l'être, je n'étais pas parvenue à me convaincre moi même. Comment dans ce cas, voulais-je le convaincre lui ... Je parlais avec le plus d'assurance possible, soit presque aucune, mais ne balbutiais pas, ce qui pour moi, était un grand exploit. Souvent mon dialogue se limitait à quelques mots, souvent simples réponses aux questions qui m'était posées. Tout cela pour éviter de faire durer la conversation, mais cette fois ci, j'essayais et feignais de m'intéresser à sa journée comme il s'était intéréssé à la mienne. J'avouais qu'elle devenait mauvaise même si, par chance, elle avait bien commencé cette fois ci. La sienne, en revanche n'avait pas été, selon lui, la meilleure de ses journées passées ici. J'en déduis rapidement, qu'il devait être la depuis un petit moment, mais peut être me trompais-je. Comme je le faisais assez souvent, il évinça le sujet en affirmant que je n'avais pas envie d'entendre ses soucis. Il n'avait pas tord, je devais l'admettre.

Il se calait contre les casiers. Je ne le vis pas immédiatement mais je le compris par le bruit que firent les portes métalliques à son contact. Qu'attendait-il ? Je me désintéressais de lui le plus que je le pouvais mais sa présence me perturbait. J'évitais son regard, qu'au passage je sentais sur moi et continuais de récuperer mes affaires, le plus normalement possible. Pour me concentrer sur autre chose que sur lui, j'extirpais mon téléphone de mon sac et quand je testais le casier une dernière fois (tentative réussie, cette fois ci), un petit rire me parvint. Il se moquait. Mais quand même, je le remerciais une seconde fois. Un sourire satisfait étira ses lèvres et enfin, il déclara que ce n'était pas grand chose.

<< C'est sur, mais d'autres m'auraient surement laissé me débrouiller donc ...>>

Je comptais partir, et pourtant je ne trouvais pas d'échappatoir. Il était évident que je ne pouvais pas m'enfuir comme je l'aurai fait quelque mois plus tôt. Je ne pouvais plus faire ce genre de chose. Ce n'était plus censé, ça n'était plus utile. Je cherchais une manière de lui dire poliment que je devais y aller quand, comme si un bienfaiteur mystérieux souhaitait m'aider, son téléphone sonna. Bingo. J'avais la ma chance. Au moment même où j'allais annoncer mon départ, il soupira, décrocha et me fit signe de la main. J'interprêtais ce signe comme s'il avait dit "surtout ne bouge pas, ça ne va durEr que quelque seconde". La tentative de départ était un échec. Je le regardais tandis qu'il discutait avec la personne au bout du fil, puis pris mon propre téléphone pour voir si Bambi ne m'avait rien envoyé. Je ne voulais pas écouter ce qu'il disait, mais malgré moi, et à cause de notre proximité, j'avais entendu une partie de la conversation. J'avais compris qu'il s'agissait de sa nouvelle voiture, mais le reste ne me regardait pas et je faisais en sorte de ne pas trop en entendre sur ce qu'il disait. Puis il raccrocha, s'excusa précisant que c'était important. << Oh ce n'est rien, de toute façon je ... >> je levais la tête vers lui, il avait un de ses sourires que j'avais déjà vu, sur Une multitude de gars qui s'adressait le plus souvent à ma soeur, jamais à moi. Je savais qu´à cela allait suivre quelque chose de poli ou d'agréable comme à chaque fois.

<< Je ne crois pas avoir le plaisir de te connaître.>> Il marqua une courte pose et se présenta. << Je me présente ... Adrian Blake Hope-Campbell. Enchantée. >>

Il tendit une main vers moi. Je la fixais puis mon regard se posa sur son visage Puis de nouveau sur sa main et encore son visage. Ce sourire et cette main aimable ne me disait rien qui vaille. Les gens étaient rarement aussi agréable avec moi, surtout les garçons. Quoi que lui, étant donné sa famille ... Ce devait être naturel chez lui. J'avais déjà vaguement entendu parler de sa famille sans pour autant m'y attarder. Je devais être honnête: ce n'était et n'est toujours pas le genre de truc qui m'intéresse. Je préférais largement parler nature, faune et protection de l'environnement plutôt que de grandes familles riches. Je n'étais pas du genre à me soucier de cela alors oui, j'avais entendu parler des Hope sans pour autant savoir ce qu'il faisait. En toute honnêteté, je m'en foutais. Je le regardais encore, soupirais intérieurement et me ressaisis.

<< Fawn Rivest. Enchantée également. >>

Un peu hésitante, je serrais sa main sans grande conviction, et il avait du le sentir. Je n'étais pas vraiment habituée à ce genre de présentation ou autre, je ne serrais des mains que très rarement ... Jamais en fait. Ici, bien que cela faisait quelques mois que j'étais là, je ne connaissais pas grand monde, presque personne en fait. Siegfried était devenu un fantôme, je ne le voyais plus. Et je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas qu'il me manque. J'y parvenais. J'étais même fière de moi, de ce côté la. Pour moi, les seuls personnes importantes, étaient ma sœur, et mes parents. Il n'y avait qu'eux. Seulement eux. Le reste n'était pas important, le reste n'avait aucune valeur. Seul eux m'importait. Ils étaient suffisants.
Je me souvenais alors que je devais rejoindre ma sœur au bâtiment des Nu Zêta. Il fallait que je trouve de quoi m'éclipser sinon j'allais sûrement rester un long, long moment avec lui.

<< Je ... Je dois retrouver ma sœur dehors et je suis déjà en retard et ...>>

Blanc. Partir comme ça ne se faisait pas. J'avais buguer. A tous les coups, j'en allais avoir pour un long moment.

Je commençais vraiment à penser que l'univers en avait après moi. Il y avait deux possibilités qui s'offraient à moi, chaque jour de ma vie. Soit tout commençait mal au réveil et n'allait qu'en empirant un peu plus chaque heure, soit j'avais le mince espoir d'une journée tranquille jusqu'à ce que je ne sais qui ou je ne sais quoi ne vienne tout gacher. J'étais maudite, et aujourd'hui, tête en l'air plus que jamais. L'ennui du jour fut ce casier merdique devant lequel je me retrouvais avec le trou de mémoire qu'il vaut mieux ne pas avoir. J'avais complétement oublié la combinaison. Au début j'avais pensé à une erreur d'inattention, mais en reproduisant le code, je me senti de plus en plus bête, je dois l'avouer. Un autre jour que celui ci, j'aurai pu me montrer cinquante fois plus patiente, mais là, non. Je devais rejoindre Bambi au plus vite et cette histoire me mettais en retard. Il est vrai qu'être à l'heure n'avait jamais été dans mes habitudes. J'étais plutôt du genre à flâner et à me rendre compte un poil trop tard que j'avais oublié quelque chose. Je ne doutais pas que ma soeur ne s'inquieterait même pas. Elle me connaissait bien, et savait. Mais ça n'arrangeait rien de la situation. J'étais plantée devant la porte métallique comme une imbécile. Jurer n'était pas une chose que je faisais à tout va mais cette fois ci, c'était une exception. Ça valait la peine. Sans m'en rendre compte, j'avais du parler un peu fort, mais c'était bien la dernière chose de laquelle je me préoccupais. J'avais des choses importante à récupérer dans ce putain de casier. Et cette fois, ça n'attendrait pas.

Je tentais encore une fois, perdant espoir rapidement. Il était inutile que j'essaie encore et encore. Je devais me rendre à l'évidence. J'étais beaucoup, beaucoup, beaucoup trop tête en l'air. A bout de nerf, je laissais échapper un très long soupir et dans le même temps, aperçu une ombre sur ma gauche. Je n'eus pas vraiment le temps de poser mes yeux sur la silhouette puisque déjà, un coup de poing s'abattait sur le casier qui ... S'ouvrit ?! Non, mais non. Je restais un instant sans bouger, énervée contre moi même et contre la je ne savais quelle chose qui me portait la poisse. Frustrée, je tourne la tête vers l'individu et me retrouve face à un gars, un sourire aux lèvres. << C'est aussi simple que ça ... >> Non mais ... Sur le coup, j'avais ressenti une forte envie de défouler mes nerfs sur lui, mais c'était bien connu que j'étais une jeune fille aussi douce que la mousse qui nait grâce à l'humidité sur les tronc des arbres. Je le fixe un peu, l'analyse. Je ne l'ai jamais vu. Ma manière de me comportait est maladroite et je m'en rends vite compte. On ne dévisage pas les gens comme ça et pourtant, c'était exactement ce que j'étais en train de faire. Une gêne s'empara de moi, et cela du se voir. Je detournais les yeux vers mon sac. La meilleure chose à faire était de le remercier, mais je n'en fis rien. D'un geste fluide je me baissais, ramassais mon sac et le placa sur mon épaule de sorte à pouvoir y mettre mes affaires. Me retournant vers le mini placard, je lachais un merci totalement désintéressé. J'aurai pu me montrer plus aimable mais bon ... J'attendais qu'ils s'en aille, comme souvent quand quelqu'un me parle et continuait de récuperer mes affaires. Mais .. Il semblait décidé à me tenir compagnie puisqu'il s'intéressa à ma journée, demandant si elle était mauvaise. Ok. Il voulait me taper la causette.

<< Oui, on va dire ça ... Et pourtant .. Elle avait plutôt bien commençait, j'aurai dû m'y attendre. Et la tienne ? >>

J'essayais de paraitre décontracter. C'était un de mes objectifs. Arriver à discuter avec les gens, même les gars normalement. J'essayais de ne pas bagayer, j'essayais de ne pas rougir. J'évitais son regard que je sentais sur moi, comme s'il m'analysait dans les moindres détails. Je ne supportais pas cette sensation. J'essayais de me concentrer.
Pour essayer de penser à autre chose, je sorti mon téléphone su sac, le ferma et décidais de Tester une nouvelle fois mon casier. Je le fermais et retenter la combinaison. Clic. Il s'ouvrit. Je soupirais de soulagement. Peut être qu'en fait je n'avais pas tant oublier la combinaison et que ce gars avait vraiment décoincé un truc à l'intérieur. Sympa, il n'avait pas été inutile au final.

<< Encore merci pour le casier, j'aurai été un peu embêté autrement .. >>

Aujourd'hui, commençait mieux que les autres jours. Il faisait doux, le soleil brillait et il n'y avait aucun nuage pour gâcher sa beauté et sa lumière. Cette étoile si chaud et éclatant m'avait toujours fasciné ou du moins, aussi loin que je m'en souvienne. Le fait de ne pas pouvoir le regarder, ni l'atteindre m'avait toujours intrigué mais j'avais compris en grandissant son utilité, et sa perfection. Je sais qu'un jour il explosera, et j'imagine ce que pourrait être le monde sans lui, pour autant qu'il existe un monde après sa disparition ... Toutes ces questions allaient et venaient dans mon esprit, sans que je n'y porte un grand intérêt. Elles étaient là lorsque je m'ennuyais et me permettais de passer le temps, mais aujourd'hui, je n'avais pas une minute à perdre. Bambi m'avait demandé de la retrouver pour, selon elle, m'annoncer une bonne nouvelle . A l'ouverture du sms, mes lèvres s'étaient étirées en un mince sourire et mon visage s'était surement illuminé comme chaque fois que je dois voir ma sœur. Ma jumelle. Je me suis souvent demandé ce que je pouvais bien devenir sans elle. Oui, en y pensant, mon univers sans elle à mes côtés serait surement comme un univers sans soleil. Parce que c'était ce qu'elle était. Bambi était le soleil de ma vie, à moi. Elle égayait mes journées, me faisait aller bien alors que j'aurai dû pleurer. C'était une balle rebondissante, pleine d'énergie que rien ne pouvait arrêter. C'était le contraire de moi. Nous étions tellement complémentaires que ma vie à Québec était devenue fade et sans goûts à peine avait-elle quitté la grande maison familiale. Mais j'avais bien fait de venir jusqu'ici. J'avoue être la proie de grand moment de doute et de détresse, mais je savais qu'elle était là, et pour moi, c'était tout ce qu'il fallait.

Je devais rejoindre Bambi après les cours, aux alentours de dix-huit heures trente vers le bâtiment des Nu Zeta. J'avais tous les indices en mains pour savoir ce qui m’attendait, et pourtant, je n'avais pas été capable de comprendre.
Rapidement, avant ma première heure de la journée, j'avais enfilé un jean serré, des chaussures marrons à large talons et pour le haut, un pull au dessus d'un fin chemisier. Prête, je vérifiais tout de même que je n'avais rien oublié dans mes affaires et cela fait, je quittais ma chambre provisoire. Provisoire, n'était surement plus le bon mot après presque cinq mois à la fréquenter. J'attendais toujours d'être affectée à une confrérie mais ça ne venait pas. Ce matin encore, je quittais les lieux sans prendre soin de fermer à clefs, persuadée que j'allais revenir le soir même pour y passer une nouvelle nuit.
Le sourire qui était apparu à mon réveil n'avait pas quitté mon visage. Il étirait toujours mes lèvres charnues et rendait mon regard un peu plus pétillant et clair qu'il ne l'était déjà. Je traversais l'établissement vers la salle de mon premier cours. Je remarquais chaque jour de l'amélioration. J'avais de plus en plus de facilité à me rendre en cours, à voir les autres sans paniquer. Et ça me faisait du bien. C'était mieux pour moi, ça causait moi de soucis à Bambi et ça, c'était tout ce que je voulais.

Je n'avais pas arrêté de regarder ma montre à chaque moment de la journée souhaitant toujours que les heures, les minutes et les secondes s'écoulent plus vite. J'avais envie de savoir. Jamais une curiosité ne m'avait autant dévoré de l'intérieur. J'avais envisagé toutes les possibilités à propos de cette bonne nouvelle sans jamais parvenir à la bonne, sans jamais me focaliser sur une, sans jamais arrêter d'y penser. Et dans ces situations, c'est bien connu: lorsque l'on veut que le temps passe vite, il traîne. Mais dès lors que l'on s'ennuie, il ne se gêne pas de nous faire souffrir d'avantage. Enfoiré ...
La dernière heure de la journée sembla durer une éternité. Des milliers d'années s'étaient écoulés. Que dis-je ... Des milliards. J'avais été incapable de tenir en place, constamment en train de gribouiller sur ma feuille des fleurs de toutes les formes possibles et inimaginable jusqu'à ce que ma souffrance s'apaise et que la sonnerie retentisse. Sur toutes les personnes présentes dans l'amphi', je ne doute en aucun cas d'avoir été la première à sortir. En vitesse, sans vraiment faire attention aux gens que je croisais, je me dirigeais vers mon casier, pressée de récupérer mes affaires et de foncer voir ma sœur.

Face à la porte métallique, je laissais tomber mon sac bandoulière au sol et tentait de faire le code du cadenas ... Une fois ... Deux fois ... Trois fois. C'était hallucinant. Comment ne pouvait-il pas s'ouvrir ? Je l'avais ouvert deux fois aujourd'hui, sans problème. Sans le moindre accroc et là, au moment où je devais aller le plus vite possible, il faisait des siennes. J'étais partagée entre, laisser mes affaires dans le casier et m'élancer à la poursuite de la bonne nouvelle ou bien faire encore quelques tentatives. Ma bonne volonté me força à rester et à tout tenter. Je me concentrais un peu. Peut-être, dans la précipitation avais-je fais la mauvaise combinaison. Quand mes mains firent lentement rouler chaque roulette l'une après l'autre en effectuant les bons numéros, je soupirais.

<< C'est pas vrai ... >>

Motivée, -ou pas-, j'essayais encore et encore les combinaisons dans tous les sens, sans jamais entendre le fameux clic de la délivrance ... C'était évident, j'avais oublié la combinaison et impossible de me la rappeler.

<< Foutu casier de merde ! >>