I can't forget my English love affair + Alex et Sean

Alexandra et Sean

https://www.youtube.com/watch?v=-2U0Ivkn2Ds

Il est là, à quelques pas de moi, debout dans la neige. Je le vois sortir son paquet de clopes, en tirer une, la mettre entre ses lèvres, ranger le paquet, prendre son briquet dans sa poche et allumer sa cigarette, la main devant la flamme pour éviter qu'elle s'éteigne. Un bref instant, le feu éclaire ses yeux bleus. Les mêmes yeux dans lesquels je me suis noyée il y a quelques mois. Ces yeux qui m'ont tellement manqué et qui font rater un battement à mon cœur. Qu'est-ce que je peux être stupide. On n'est pas dans un conte de fées, merde! Tu vas pas lui sauter dans les bras et te prendre un baiser torride en pleine face! Au mieux, il t'a utilisée, au pire, tu l'as brisé. Rien n'est réparable, surtout pas un cœur humain aussi fragile. Alors deux cœurs comme ça? Non, c'est impossible.

Je suis venue en Laponie pour surprendre Elena. Ma mère a pensé que ce serait une bonne idée pour moi comme pour la jeune femme qu'on se revoie et qu'on passe des vacances de rêve ensemble. Je sais aussi que Maman veut que je retrouve mes amis d'avant, histoire de me réconforter un peu. Lyon c'est chouette, mais sans Elena, c'est plus pareil. J'étais tellement obnubilée par ma meilleure amie que j'en avais oublié Sean. Je n'avais pas demandé s'il venait. Seulement si Vic et Elena allait participer. Je ne sais pas si c'était un oubli, ou bien une action réfléchie et volontaire. J'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que là, rien qu'en le regardant, entouré de neige, seul au monde, à fumer sa clope, ça me brise le cœur. Mais en même temps, je suis heureuse. Je le vois. Il est là, devant moi, et même si je ne peux pas l'avoir pour moi seule, au moins, en ce moment, je peux l'observer comme je veux. Il est beau. Tout ce que je veux, c'est le sentir près de moi, respirer son parfum et son odeur de cigarette froide. J'aimerais tellement qu'on se réconcilie. Je lui ai envoyé un mail, peu de temps avant de savoir que je partirais en Laponie. Il n'a jamais répondu. Je ne lui demande pas de m'aimer, de me donner son cœur ou tout ce tintouin. Juste de me comprendre et de me pardonner. C'est tout ce qu'il me faut pour être heureuse. Non, bien sûr que non, ce n'est pas tout, pour que je sois heureuse, il doit être là aussi, physiquement, en chair et en os à côté de moi. Je dois sentir ses bras autour de moi, son odeur, son parfum; je dois entendre sa voix, sentir les vibrations qu'elle cause dans mon corps, les frissons qu'elle répand sur ma peau. Je dois savoir qu'il m'aime.

Je prends mon courage à deux mains et avance. La neige crisse sous mes pas. Il est dos à moi, je suis sûre qu'il m'a entendue, pourtant il ne bouge pas. Son regard reste fixé sur la ligne d'horizon en face de lui. Je m'approche un peu plus, laissant quand même une distance respectueuse. Il tire encore quelques fois sur sa cigarette. Mais c'est pas vrai, ma parole, il me laisse mariner! C'est à moi de faire le premier pas, je crois. Je n'en peux plus d'être nerveuse à ce point. Je tends la main vers la cigarette qu'il tient entre ses doigts:

"Je peux? J'ai besoin de... décompresser." J'inspire un bon coup, puis me lance: "Ecoute, Sean, je sais que tu m'en veux, je comprends, mais laisse-moi m'expliquer. Laisse-moi une chance, je t'en prie."

Je ne l'ai pas quitté des yeux, mais lui continue de fixer un point imaginaire et de fumer. Je croise les bras. Je suis bien décidée à attendre d'avoir fini de m'expliquer avec lui. On ne peut pas s'éviter indéfiniment.