The Fifth Wheel

Le gamin se prépare dans le salon, en demandant ce qu'il allait bien pouvoir raconter cette fois à son psy. De toute façon, il en a marre de la psychanalyse, ça l'emmerde. Il se regarde dans le miroir et se rend compte que sa chemise est mille fois trop grande, son corps trop mince refuse de donner de l'allure à son vêtement. Il ouvre le col parce qu'il a chaud, il fait toujours trop chaud à Miami. Au moins à bâton Rouge, c'était plus agréable. Lui qui n'aime pas se découvrir et s'évertue à couvrir ses épaules, trop osseuse. Il regarde les photos de famille sur le buffet. C'est fou comme son visage contraste avec ceux de sa famille. Comme si il avait oublié la définition du mot sourire. De toute façon il n'aime pas son sourire, il trouve que ses fossettes déforme son visage et que ça fait plisser son front. Ses taches de rousseurs se voient trop, même de loin. Il est mitigé Ethan pour ça. Il aime cette différence, ce qui a si longtemps rendu fière sa grand mère, mais il sait aussi que c'est à cause de sa que sa mère se mettait souvent en colère. Et puis, ces yeux bleus là, trop bleus pour être vrai. Oui il est blond comme Seth, comme sa mère, mais il envie un peu Hayley, parce que elle, elle ressemble à son père. Ethan dépasse tout le monde en plus. C'est pas juste d'être aussi grand et de n'avoir aucun muscle comme Seth ou Jack. Il voudrait bien être sportif comme eux, mais c'est trop dur, trop fatiguant, il n'a aucune endurance. Alors il prend la posture la moins voyante, il se fond dans le décors et tente de longer les murs. Tout ce qu'il remarque sur les photos, c'est les différences qui le sépare de sa fratrie. Ces sourcils épais, ce front un peu large. Il passe ses doigts dans sa tignasse dorée et sent même la cicatrice sur son crane. Quand on écarte ses cheveux, on la voit bien, elle est net. Il fait la grimace et pars loin de ce miroir qui dénonce ses défauts, s'enfonçant dans le salon pour attendre Jack. « Bon alors, on y va monsieur le chauffeur ? J'aime pas être en retard. » Le sportif le fait attendre encore quelques minutes, et Ethan attend, non sans se ronger encore les ongles, presque jusqu'au sang. Quand ces petites peaux mortes s'arrachent et font saigner ses doigts, il se rappelle alors de ce que c'est que d'être réellement blessé. Oh s'il n'y avait que cette cicatrice au crâne pour en témoigner. Mais c'est son dos et son torse qui pourrait en témoigner. Les brulures de cigarettes, qui maintenant forment cette espèce de constellation de minuscule étoiles blanches, encore plus blanche que sa peau oui, ses lacérations presque disparue, grâce à un organisme plus robuste qu'il n'y parait. Ethan n'en a pas honte, mais il sait qu'en dévoilant cette pièce de son passé, il n'attirera que la pitié.
Une tape derrière la tête, Jack le regarde les mains en l'air comme s'il était surpris. "Bah alors, tu rêvasse, on a un rencard non ? Allez on attends plus que toi..." Jack se met à rire en voyant les yeux rageur de son frère et l'emmène volontiers à son rendez-vous.

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Le garçon fait tourner son crayon, un long moment. Son pouce appuyant machinalement sur le mécanisme qui fait ressortir puis rentrer la mine à bille. Il se gratte la tête, nerveux, il s'énerve, pourquoi faut-il qu'il s'énerve toujours autant dès qu'il stress. L’exercice était pourtant clair, il fallait qu'il donne sa description moral selon son point de vue. Support qui aiderai beaucoup son thérapeute à lui faire continuer sa psychanalyse. Mais voilà, Ethan en a marre de déblatérer sur toute les choses qui le mettent en colère dans la vie. Parce qu'au final, il pense que c'est la vie elle même qui a été créer pour l'emmerder et faire de son existence un enfer. Où une vaste blague. Il se mord lèvre, déjà bien sèche à force de le faire et finalement, fait glisser le crayon sur les lignes en pointillé du formulaire :

Je suis un garçon plutôt introverti je pense. Je n'attire pas beaucoup la sympathie, certainement parce que je ne suis pas très souriant. Jack l'est à ma place de toute façon. Je suis une ombre, quelqu'un qu'on ne voit pas, ou alors si l'on me voit, on ne m'aimera pas. Il paraît que j'ai une tête à claque, ça on me l'a dit souvent, je crois qu'avec le temps j'ai fini par y croire. Je m'en fiche. De toute manière, j'ai mon propre monde, celui de l'écriture. Je suis un poète maladroit, mais je m'en sors mieux dans la fiction. Des lignes et des lignes d'histoires qui se créer dans ma tête. C'est un peu mon seul moyen d'évasion, car de cette vie, je sais qu'il n'en sortira rien de bon.
Hayley dit de moi que je suis un psychopathe possessif. Moi je pense surtout qu'à sa sécurité. Et puis, elle est naïve, trop naïve. Mais Jack dit que je suis trop parano. Alors voilà, j'ai beau aimé mon frère et ma sœur. C'est le portrait qu'ils ont de moi. Enfin je pense. Celui d'un maniaque du contrôle et paranoïaque. Vous le croyez ça ? Enfin, nombreux seront ceux qui trouveront la preuve de ce qu'ils avancent par ces mots que j'écris là. Voilà pourquoi je n'aime pas écrire sur moi. Mais plutôt sur autre chose. Je n'aime pas le sport et lire est aussi un de mes plus grand plaisir. Les jeux vidéos sont absurdes à mes yeux et puis de toute manière je perds tout le temps. Seth et Jack sont les seuls à vraiment aimé.
J'aimerai être fort, mais je suis complètement maladroit et maigrichon. Je ne sais pas courir plus de 500 mètres sans avoir un point de côté et les trucs collectifs m'ennuie. Un vrai calvaire quand je dois aller voir Jack à ses matchs. Mais bien obligé, ma sœur le suit partout, et là ou il n'y a pas Jack , je serais là. Pourquoi je suis si protecteur avec elle ? Je sais pas. A mes yeux, elle a toujours représenté le renouveau, un nouveau départ. C'est une fille et elle m'aime, c'est aussi déjà beaucoup non. Mais j'ai peur en permanence pour elle. Je sais pas. Notre idiot de père fait trop mal son rôle et Jack ne devrait pas être le seul à avoir ce poids sur les épaules. Il faut préservé l’innocence de Hayley. C'est la dernière à avoir une chance de s'épanouir dans la vie. On le sait tous.
Ah oui, je me souviens, que du peu d'amis qu'il m'était donné d'avoir. J'en ai retenu ce qu'il pensait de moi. Je suis cynique, ce qui à mon sens est un compliment. Je suis souvent celui qui verra le verre à moitié vide, car jamais rien de bon ne ressort. J'envisage tout les pires scénarios et quand quelque chose de bien m'arrive, je suis plus méfiant qu'un chat échaudé.
A l'inverse de Jack et Hayley, je suis un éternel dépressif. Mais ça, au moins, c'est la seul chose que j'ai en commun avec Seth. Lui et moi, on est opposé, mais on a ça qui nous rapproche. Bien qu'à ses yeux, je suis un pleurnichard faiblard, qui mériterait quelques coups de pieds au cul. Si si, je l'ai entendu le dire à Jack. Jack d'ailleurs qui trouve pas mieux qu'à dire pour ma défense que je ne suis qu'un gamin qui a besoin de temps. Mais de quel temps. Je suis comme je suis. Je ne m'aime pas forcément, mais je ne veux pas changer non plus. Trop de chose ce sont passé dans ma vie pour que je prennes celle-ci pour un cadeau.
Alors oui, je suis socialement parlant, handicapé. Timide, renfermé, je ne fais en plus pas beaucoup d'effort pour m'ouvrir aux autres. Mais comprenez, que quand on s'est pris autant de porte dans la gueule que moi, on devient un brun acariâtre. Même à 19 ans ! Avec les filles, je suis un total désastre. C'est simple, si par chance, l'une d'elle s'intéresse à moi, je deviens tellement possessif et parano, qu'elle fuit avant même notre premier baiser... Car oui, je n'ai jamais embrassé de fille. Je les fais fuir je vous dis. Et même moi, je me fuirais si je le pouvais.
A défaut d'être doué avec les gens, je suis studieux. Quand je ne lis pas des bouquins, je fais mes devoirs, je révise. Il me faut bien quelque chose pour raviver mon estime de soi, et moi, c'est les notes scolaires. Je crois que c'est la seule chose qui dépasse Jack, le mec parfait par excellence. Car si lui s'en sort avec ses études. Moi j’excelle. Sauf sur les projets communs ou les sujets orales. Une horreur de devoir prendre la parole devant tout le monde. Je transpire, je bégaye, je me sens merdique.

Ethan relève son stylo en se relisant. Il mort à nouveau sa lèvre, tirant sur la peau morte qui s'était formé à force de les maltraiter. S'il pouvait, il effacerait tout, il n'était pas satisfait. Mais déjà, l'assistante l'appelle, lui faisant comprendre que c'était son tour.

L'histoire au final on la connaît, lu, lu et relu. Terrible catastrophe naturelle, blablabla. La Nouvelle Orléans c'est génial, on a tous failli crevé. Mais voilà, pour Ethan, son périple commence beaucoup plus tôt, peu après sa naissance même. Lorsque ses taches de rousseurs ont commencés à apparaître et son visage se former. Très vite, c'est l'instinct de conservation qu'il a appris, avant même d'apprendre à marcher. Maman, ne l'aimait pas. Et Jack aura beau cacher la vérité, éviter le sujet, ça, Ethan il s'en souvient. Il se souvient des cris, des injures, de ses fiertés tuées dans l’œuf, de ces dessins qui finiront inlassablement dans la poubelle et de ces câlins jamais rendus, de ces terreurs nocturnes jamais calmées. Puis il se souvient ensuite des coups, de la colère de cette femme, qu'il aimait pourtant. Cette femme qu'il appelait Maman avec un espoir débordant, rendu par une claque haineuse, sans en comprendre la raison. Oh dieu qu'il pouvait l'aimer, pendant sa petite enfance. Il essayait de la réconforter, il essayait bien de lui faire plaisir, mais il semblerait qu'il ne soit bon qu'à la rendre en colère. Heureusement, Jack était là pour recoller les morceaux de son petit cœur de garçon. Parce que son père, lui. Il aimait un peu trop le canapé, et c'est fou, il était presque sourd, le volume fond, il ne semblait pas entendre les pleures d'Ethan. De lui aussi, il a bien essayé de se faire aimer, mais c'est un simple sourire d'ignorant qu'il récoltait. Non, son père lui, appelait toujours Seth ou Jack, pour qu'ils viennent s'occuper de leur petit frère, parce que lui n'avait pas le temps, son émission passait à la télé.

Un jour, Hayley est venu au monde. Pas très longtemps après lui d'ailleurs. Mais il ne comprenait pas. Pourquoi elle et pas lui. Pourquoi elle avait le droit aux câlins, à tout les attentions. Elle n'est même pas blonde comme Seth et lui. Parce que leur mère était blonde comme les blés, il se souvient de la brillance de ses cheveux, de l'odeur de son shampoing. Ou alors, il l'aurait imaginer. Il fallait l'avouer, il était jaloux d'Hayley, et de Jack et de Seth. Tous avaient un minimum d'attention, il se mettait en colère, pour attirer l'attention. Mais tout ce qu'il récoltait c'était des claques et des punitions. Puis un jour, alors que sa petite sœur allait à l'école pour la première fois. Elle prit la main d'Ethan, fière, et lui sourit. Sa main était si chaude, pleine de tendresse. C'était si spontanée que le petit garçon, habitué aux coups ne comprenait pas. Et innocemment et pose sa main sur sa joue et lui dit « Toi t'es mon frère préféré, parce que tes yeux sont bleus et tes taches elles sont rigolotes. » Puis elle ria. Il resta con devant la petite. L'enfant compris alors bêtement, que s'il voulait de l'amour, c'était ses frères et sa sœur qu'il le lui donnerait...

Parfois c'était dur, parce que sa mère rentrait du travail éreinté, et tout ce qu'elle trouvait c'était leur père, penché sur la bouteille en train de rire devant la télé. Les taches ménagères n'étaient pas faite et elle se mettait à crier le nom d'Ethan dans toute la maison. Oh, il avait beau se cacher, parfois même avec l'aide de Jack et de Hayley, elle finissait toujours par le trouver. Le croc mitaine, c'était maman, qu'il disait à l'école, et tout les gamins riaient, ne comprenant pas toujours pourquoi il disait ça. Un jour, Hayley trop jeune pour s'en souvenir, Ethan avait piqué une crise. Parce que sa sœur avait mangé son goutter. Et comme un frère peut s'en prendre à sa petite sœur parfois. Sa mère à vu rouge et la attraper par les cheveux. Elle la secoué, elle a hurlé, elle lui a ordonné de demander pardon. Mais il était buté le gosse, il était fier, et il se disait qu'il était pas en tord. Alors elle l'a secouée, encore et encore, puis sa tête cogna la table basse et le sang s'est répandu au sol comme une bouteille de lait qu'on aurait fissuré. Quand ils l'ont apporter à l’hôpital, sa mère à bien su feindre les larmes en racontant que ses garçons s'étaient chamailler entre eux un peu trop violemment et qu'elle s'en voulait de ne pas avoir été présente pour les en empêcher...

Voilà, ça c'est la partie de l'histoire, que Jack ne racontera jamais, n'évoquera jamais, même juste en la présence d'Ethan. Car le garçon sait que son grand frère n'aime pas se rappeler de ça.

Ensuite il y a eu Katrina. Pour être honnête, le souvenir l'ébranle à peine. Lui, il s'en est plutôt bien sorti avec Seth et son père. Les secours les ont trouvé assez vite et ils ont vite été mis à l'abri. En faite, il se dit même, qu'après tout ça, il a pu enfin commencer une vraie vie. Avec des VRAIS parents. Enfin, même si ils étaient vieux et parfois trop étouffant. Mais l'enfant, légèrement sombre, a pu connaître ce que c'était qu'un amour maternelle. Sa grand mère, Abby était la reine des tartes aux prunes, et elle en faisait toujours à l'automne, pour son anniversaire. Elle disait qu'elle ne ferait rien de trop beau, pour ces magnifiques taches de rousseurs. Dire que sa mère avait l'habitude de dire que ça le rendait laid... A l'école, par contre, Ethan à du mal. Les autres se moque de lui. Un coup petit et maigre, pas très bavard, et peureux comme tout, c'est la cible préféré des perturbateurs. Les filles le trouvent bizarre et une rumeur sur lui tourne. Elle dit que si Ethan s’intéresse à toi, tu finiras six pieds sous terre comme sa mère. Il s'est mis à détesté la popularité, à rejeter les autres. Il n'a que sa sœur comme rayon de soleil, son frère comme soutien. Il a bien un ami, un vrai, un de ceux qui se fiche bien de ce qu'on raconte sur toi. Mais il était amoureux d'Hayley, et ça, ça lui plaisait pas à Ethan. Alors il a fini par se fâcher avec lui, se mettant son lycée à dos. Comme partout de toute manière. Il est susceptible, morne et fait peur à tout le monde avec ses répliques fatalistes.

Il a presque 16 ans quand son grand père fait un malaise. La frayeur de sa vie. Avec regret, il apprend qu'il doit retourner à la Nouvelle Orléans chez son père, qui pour lui n'en est pas vraiment un. Lui, il ne lui a pas manqué étrangement, alors que Abby et Mickael, vont laisser un énorme vide dans le cœur d'Ethan. Il se propose même à la relève de la ferme, pour rester avec eux. Mais voilà, Abby ne l'entend pas de cette oreille. Elle sait qu'il a des talents formidable, qu'il écrit des choses incroyables et que son cerveau est plus intelligent que celui de toute la famille réuni. Pour elle, garder un garçon comme ça, ça serait du gâchis. Puis Mickael, pour le charrier un peu, lui dit, qu'avec ses muscles, il finirait par ses faire mal.

Après on connaît la chanson, deux années de galère, avant que le paternel gagne au loto et les emmènes, à son avis, à contre cœur à Miami. Et Miami, est la pire ville qu'il aurait pu choisir, selon Ethan. Une ville qui fait son pain sur le paraître et l'esthétisme. Voilà, qui n'enchantait pas le jeune homme. Finissant sa senior, il choisit de continuer ses études grâces aux sous du vieux. Après tout, Abby l'avait poussé à poursuivre un but, celui d'être écrivain. Il voulait se donner la peine d'y arriver. De rendre fière, la seule mère qu'il a vraiment jamais aimé.