I was at my worst down on my knees + Alex version 2.0

Je m'élance, tourne, saute, retombe et manque de me fouler la cheville. Je masse délicatement la zone qui me fait souffrir, touchant par la même occasion les quelques bracelets brésiliens qui entourent ma fine cheville. J'ai encore raté ce pas et je décide d'arrêter pour aujourd'hui, j'ai peur de finir par vraiment me faire mal. Je me dirige le banc au fond de la salle et mon regard glisse sur le miroir à ma droite. Ce que je vois me fait un choc. J’ai tellement changé depuis janvier dernier! Mes pieds romains sur lesquels je complexe d’ordinaire sont enveloppés dans des chaussons de danse, ma démarche semble légère et aérienne, plus souple, plus délicate qu'avant. J'ai toujours cet air précipité ou pressé, mais enfin avec un bon mètre soixante-dix, difficile de faire de petites enjambées. Quand je marche, mon regard est toujours rivé par terre. Ma posture n'est pas pour autant introvertie, j'essaye au maximum de me tenir droite pour éviter un mal de dos qui vient souvent me déranger, et qui me fait atrocement souffrir.

Mes soixante-deux kilos me permettent d'avoir une silhouette élancée et sportive, malgré une absence de formes pulpeuses. Sur ce coup-là, mère nature ne m'a pas comblée: un bonnet B, pas terrible mais enfin je ne m'en plains pas. Par contre, j'ai une taille fine et des hanches larges. Et quand je mange des bonbons ou autres sucreries qui font entorse à mon alimentation équilibrée, c'est surtout dans lesdites hanches que je prends. Mes muscles, eux, se développent harmonieusement sur tout mon corps, mais ils ne sont pas assez développés pour qu’on les voie sous ma peau. D’ailleurs, celle-ci a bien profité de ma demi-année à Miami. Elle est désormais beige doré, mais elle reste pâle -sans en arriver au point de voir mes veines, sauf sur mes poignets où elles sont très apparentes. A mon grand désespoir, elle est aussi très sèche, alors j'en prends soin avec une armada de crèmes hydratantes que je mets après la douche. Côté vêtements, j'ai un style classique mais pas négligé. J'aime par-dessus tout un bon jean, un t-shirt et des Palladium, mais je suis aussi capable de mettre des robes courtes et des jupes si l'occasion se présente, et j'adore les chemises de bûcheron. Par contre, je ne mets pas de talons, je me sens un peu trop grande et pas assez assumée pour en porter. Et puis, je pense que je serais capable de me casser la figure.

Une fois assise sur le banc, je lève les bras vers mon chignon impeccable afin de le défaire. J’aime avoir les cheveux dégagés de la figure, le plus souvent en chignon ou queue-de-cheval haute. Mes grandes mains aux longs doigts fins finissent par arriver à bout du chignon en question. Mes cheveux châtains s’écoulent sur mes épaules en une avalanche de boucles. Je suis fière de ma crinière qui me tombe sur la poitrine. Réflexion faite, je devrais la laisser plus souvent détachée, même si ma meilleure amie a horreur que je mette mes cheveux derrière les oreilles quand je les lâche. Je ne peux pas m’en empêcher, je ne supporte pas d’avoir les cheveux dans les yeux.

Le regard toujours ancré dans la glace, je m’observe en train de démêler mes boucles avec mes doigts. Mes yeux noisette se fixent sur leur reflet et je penche la tête du côté droit, comme je le fais quand je suis en pleine réflexion. De grands cils noirs ourlent mes yeux légèrement en amande hérités de ma mère. En fait, je tiens d’elle surtout mes couleurs : mes lèvres rosées qui foncent souvent en hiver et qui gercent malheureusement facilement, les touches de vert dans mes yeux, les reflets auburn de mes cheveux et ma peau pâle. Mon père, quant à lui, m’a plutôt fait hériter des formes : mes sourcils arqués et broussailleux un ton plus foncé que ma chevelure, mon nez droit planté fièrement sur mon visage ovale, mes narines visibles et frémissantes quand je suis énervée et ma mâchoire carrée qui ressort quand je la crispe.

Je souris à mon reflet, étirant mes lèvres charnues que j’ai du mal à accepter sur mon visage. Je n’aime pas quand je souris, ça creuse des sillons sur le côté de mes pommettes saillantes en ce moment rouges suite à l’effort –bien qu’elles puissent l’être par timidité ou rage- et ça laisse entrevoir le rang supérieur de mes dents. Heureusement, elles sont bien alignées. Seule une dent du bas est de travers, et on ne la voie que lorsque je ris, et encore. Mon menton carré est très légèrement double à cause d’une cicatrice. J’ai eu deux points de suture dans mon enfance suite à une chute dans la rue, mon menton a tapé le goudron et, paf, à l’hôpital. J’ai aussi quelques cicatrices qu’il me reste de la varicelle et plusieurs sur les jambes suite à de nombreuses chutes dans mon enfance.

Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille droite. Je secoue la tête pour me sortir de mes pensées et je tire la langue à mon reflet. Ça fait partie de nombreuses grimaces que je sors à toutes les personnes qui souhaitent me prendre en photo. Je baisse les yeux et enlève mes chaussons avant de me relever et de me diriger vers les vestiaires pour me changer et rentrer chez moi.

Une fois dans les vestiaires, je pose mes chaussons sur un des bancs de la salle. Mon sac béant m’attend. Je respire mieux après mon heure et demie d’entraînement. Je faisais déjà de la danse classique enfant, les bases sont revenues très rapidement ; la respiration, les mouvements, le ressenti, c’est magique. Le sport est devenu une véritable passion. C’est ce qui m’a aidé à sortir de ma dépression, ça défoule, et je me sens tellement bien après une heure de sport… Je ne peux plus m’en passer, c’est devenu ma drogue. Je danse, mais pas seulement ; j’aime beaucoup courir ou faire du roller, et je touche un peu à tous les sports qui m’intéressent. J’ai développé un esprit de compétition, à toujours vouloir faire mieux que les autres, me dépasser, être la meilleure. Ce n’est pas dans une optique égoïste, mais juste pour rendre ma mère fière.

J’ai beaucoup plus confiance en moi maintenant. Je sais que je suis capable de faire des choses et de les réussir comme il faut. Certes, je ne vais pas jusqu’à trop me valoriser, mais je ne me dévalorise pas non plus. Je pense que j’ai acquis la maturité qu’il faut pour savoir ce qui est bien ou moins bien chez moi. J’ai notamment arrêté de me noyer dans mes cours. Je bosse, mais sans plus. C’est vrai que j’ai des facilités, je suis intelligente et studieuse, je comprends et assimile très vite différentes notions. Je suis très curieuse, toujours à vouloir comprendre ce qui m’entoure. Couplée avec une franchise pas toujours désirée, ça me met parfois dans des situations un peu compliquées. La plupart du temps, je suis aussi calme, sérieuse et obéissante. J'ai du mal à ne pas respecter les règles, mais je les transgresse si ça peut aider quelqu'un dans le besoin. Je suis très sensible et j'ai besoin de beaucoup d'amour; celui que je ne reçois pas, je le donne.

Et pourtant, j’ai du mal à m’ouvrir aux gens. Je suis froide, méprisante, distante et renfermée; je n'inspire pas vraiment la sympathie. Il est très dur de briser ma carapace et découvrir qui je suis vraiment. Quand je réalise que je suis en train de me dévoiler, je me referme comme une huître, faisant parfois penser que je suis bipolaire, et perdant le plus souvent mes amis à cause de cette facette de mon caractère. Pourtant, je sais que je dois changer, et je vais essayer d’y remédier. J’essaye de sourire plus souvent, d’être sympathique et moins agressive. C’est dur, mais je persévère. Ça oui, je suis déterminée, voire même têtue parfois. Il m’arrive d’être bornée, je campe sur mes positions sans céder, ou alors à contrecœur ; je déteste avoir tort. Je suis mauvaise perdante, pessimiste et jalouse, ainsi qu’un peu possessive sur les bords. Un vrai caractère de cochon.

L’année dernière, on aurait pu dire que j’étais une artiste. Mais maintenant, j'ai arrêté de jouer de la guitare, je ne dessine plus et mon appareil photo est passé à la benne. Je chante parfois mais seulement quand je suis seule avec ma mère, dans la voiture ou dans ma chambre. Pousser ma voix à bout me donne la même sensation d’enfin respirer comme il faut qu’après une séance de sport. J’aime toujours autant lire, il est impossible de me voir sans un livre. C’est un peu mon autre moyen d’évasion.

J’ai des qualités et des défauts, comme tout le monde je crois. J’essaye de changer les côtés les moins agréables de mon caractère pour enfin profiter de la vie comme il faut. Certes, je suis loin d'être parfaite, mais je sais que certaines personnes m'aiment pour ce que je suis, et je ne changerai ça pour rien au monde.

Bla bla bla [en cours]