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 C'est pas moi, c'est lui. [Aza]

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 3 Oct 2014 - 16:31


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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 3 Oct 2014 - 1:18


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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 3 Oct 2014 - 0:49

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyMer 1 Oct 2014 - 23:12

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyDim 21 Sep 2014 - 22:24


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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyDim 21 Sep 2014 - 12:34

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptySam 20 Sep 2014 - 17:38

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptySam 20 Sep 2014 - 4:11

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptySam 20 Sep 2014 - 2:54


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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptySam 20 Sep 2014 - 1:06

Il s'appelait Luc. Je dis ca, aujourd'hui. Comme je pourrais ne rien dire. Il s'appelait Luc. Il avait la barbe grise Luc, la barbe pendante et sale, elle pendait de son visage raviné, il avait des collines sur la tronche Luc, ou plutôt des ravins, parce que la vie l'avait pris à coup de burrins. Luc, il vomissait dans la rue et l'odeur âcre m'a soulevé le coeur. Je marchais. Et je me suis arrété. C'est indéfinissable, cette sensation. Est-ce de la pitié ? Cette question m'a turlupiné. Et je l'ai envoyé se faire foutre. J'ai pas un très grand cerveau. J'aime pas penser. Je ne cours pas pour rien. Je cours pour oublier. Je fais tout pour oublier, si on se penche un peu sur la question : je cours pour ne penser à rien, je fume pour ne penser à rien, je peinds pour ne penser à rien. Parce qu'il y a en dedans des cris et du noir, seulement ca. Et si toi tu le voyais tu en penserais quoi ? Luc il en pensait rien. Parce que Luc, il vomissait. Il avait bouffé une merde ramassée dans une poubelle. Il avait les pieds nus Luc. Les pieds sales et nus. Et moi je le regardais comme un con, alors qu'il était occupé a dégueulasser la ruelle, couché en poids mort sur le pavé, futur cadavre en exposition. La vile-musée des horreurs. Mais c'est comme ca partout non ? Il y en a partout des crèves la faim, partout, suffit de sortir tard la nuit pour les croiser. On pourrait croire que ca existe pas, que c'est pas si répandu. Heures de jours. Heures de nuits. Le jour parre le monde d'une implacabilité qui ne laisse pas place aux ombres. Le jour, c'est facile de passer son chemin, d'ignorer une main tendue, même de s'en moquer, "hé, c'est pas une Rolex qu'il avait au poignet cet enculé ?", facile. Tu l'as vue, sa peau marron et le trait net de crasse quand il agite son poignet ? Non, toi t'as vu que la Rolex enculé de mes deux. Mais pourquoi je m'enerve ? Je fais pareil, je passe. Il s'appelait Luc CE TYPE. D'accord ? Il avait un putain de prénom. Une putain de mère qui avait dû gueuler comme une truie qu'on égorge quand elle l'avait mis au monde. Naître c'est un peu une déchirure, donner la vie aussi. Et la vie, c'est quoi ? Comment ca pourrait être beau, doux, tendre, la vie, alors que ca vient dans la douleur, le sang, les larmes, alors que ca suinte en exréments, alors que ca pue ? Naître c'est un putain de traumatisme. Et vivre, une putain d'idée à la con. Tu peux rigoler toi, l'mouton, celui qui regarde le ciel depuis la fenêtre, enfermé entre quatres murs. Elle est jolie ta prison mon cochon. T'es gras comme un goret, elle est rose ta peau, elle brille. Tu suintes le beurre et le fric. Tu suintes la vie en cage. Eux, ils n'ont plus de cages, ils n'ont plus de dents, souvent, ils n'ont plus de sourire, à croire qu'il c'est cassé la gueule en même temps. Et ca, c'est pas vrai, c'est même pas vrai, parce que Luc, dans sa gerbe, Luc il m'a sourit. Il aurait pas pu geuler Luc, il allait trop mal, et dans son regard y'avait du vide. Alors je me suis approché. Quoi faire ? Réflechis bouge de grosse merde. Je l'ai aidé à se lever. Il a gerbé encore. Je lui ai tapé dans le dos comme un putain d'infirme du cerveau. Puis je l'ai tiré par le poignet. "Viens", viens, j'ai dit, grouille toi, il a pas voulu, il est tombé a genou dans sa gerbe, il y a glissé les doigts, il a fouillé dans l'acide de son estomac pour récupérer des babioles, Luc, mais il avait le sens de la survie et c'était marqué sur ma tronche, la honte de l'espece. L'Espèce avec un E, un E majuscule comme dans VA TE FAIRE ENCULER, c'est un e aussi ca. Je l'ai emmené au parc. 4 heures du matin, peut être. J'ai escaladé, et j'ai ouvert. Je l'ai guidé jusqu'à la fontaine, je l'ai lavé comme j'ai pu, il puait, il puait tellement. C'était con, j'avais rien pour le sécher, et il se laissait faire en souriant comme un con avec ses deux dents pourries sur le devant. Et son regard de poisson mort. Il me regardait m'activer sans un mot, il devait se dire que j'étais fou. Ca l'émeuvait pas les fous, il en avait vu sa part, et il l'était un peu lui même. Je l'ai essuyé avec un mouchoir, et le paquet y est passé, parce que je voulais voir sa tronche, sous la crasse, la vraie, les ravines, tout. Comme on répare un tableau. Mais ca avait cramé ca, et j'pouvais pas repeindre par dessus. Je lui ai fait boire de l'eau, même que j'en ai bu aussi parce que ca m'avait donné soif, Soif à vomir, l'estomac plein de trop, plein d'huile et de beurre. Il était pieds nu, Luc, je lui ai passé mes pompes. Il a dit "merci mon Prince" et il s'est foutu à rire, parce qu'il se foutait de ma gueule, Luc. Je lui ai filé ma veste. Il a rigolé plus fort, comme un dément, il rigolait en aboyant, Luc. J'ai roulé un joint, on a fumé, le dos contre la pierre, le cul mouillé par la flotte qui avait degueulé sur le sol. On a pas beaucoup parlé, j'ai un cerveau très petit. On a juste pas pensé, pas pensé beaucoup. On a sourit aux étoiles et à l'agent de Police, on a sourit aux barreaux et on a failli crever de rire contre la planche en bois. Luc il en connaissait des biens bonnes. Et le meilleur, c'est qu'il les avait vécues. Parce qu'il avait eu sa vie à lui, dans ses murs avec sa fenêtre à lui, comme tout le monde, une mère, une femme même, puis plusieurs. Même qu'il était magicien. Il avait gardé un vieux jeu de cartes qui se délitait. Et maintenant, il puait le vomis. Il caressait les reines comme quand on fait l'amour. Voilà, Luc, c'était un type avec une barbe grise qui pendait, avec deux chicos devant, des cernes lourdes comme des rides et des rides profondes comme ton trou du cul. Et même qu'il gerbait la première fois que je l'ai vu. Et maintenant, Luc, il a l'oeil tout blanc, a contempler le ciel sans le voir. Moi je le vois, parce que je le regarde, Luc, et les gens passent, sans se rendre compte, encore, parce qu'il sent mauvais, mais pas encore suffisament pour se faire remarquer. Des sdf, y'en a a chaque coin de rue. Je lui ferme les yeux. Je fouille dans sa merde, dans ses restes de gerbe, dans ses restes avariés, je fouille, je lui ouvre les doigts, je sais pas trop ce que je fais, je lui fourre ses putains de cartes déchirées, je cherche le jeu, je lui met tout dans les mains, agenouillé comme pour une prière. Il s'appelait Luc. Je dis ca, aujourd'hui, comme je pourrais ne rien dire. Parce qu'après tout, de ca, on en parle pas. De ca, faut pas en parler. Je passe sur ma pitié et sur l'Espèce. Faut dire, je suis pressé, faudrait pas que j'arrive en retard et que je loupe le ciel bleu à travers la fenêtre.

Pourquoi j'y pense, pourquoi je pense ? Je ferais mieux d'aller courir. Courir et ne penser à rien, si je cours jusqu'au soir, y'aura surement des étoiles, je pourrais me marrer. Ca te ferait marrer à toi t'sais, me voir courir comme un con, comme un con, courir en rond. Ca m'va. Rigole vieille épave, fend toi en deux, parce que quand je t'ai fermé les paupières, tu souriais pas, mon con. Je t'ai pas servi a grand chose, parole, mais au moins, on a bien rigolé.

Je traverse la cour. Mon regard se pose sur une fenêtre, pas n'importe laquelle, parce qu'il y a dans ses cages des hommes, des hommes et des femmes, et certains de ceux là, on voudrait leur ouvrir la porte, pour qu'ils voient le ciel. Amour ou haine, ca n'a pas d'importance. Certains vous tirent par les boyaux et vous attachent. S'il n'y avait que les murs. Il y a un type là bas derrière, un type qui sent mon regard, c'est l'opération du Saint Esprit, mais c'est comme ca, il le sent, et il se tourne. J'ai les yeux trop noirs, et toi ils sont trop clairs, tes yeux. T'es mon poisson mort préféré. Ca vibre quelque part là dedans. Je te ferais éclater. Encore. Je te ferais exploser. Parce que ca me rappelle pourquoi faut pas tout oublier. Tu te transformes en geyser humain, y'a du café partout. Et ca me fait sourire. Ca remonte mes lèvres comme ca, une mécanique bien huilée, je t'envoie un baiser. Bonjour, c'est moi, bon réveil et bon café. Y'a des choses essentielles dans la vie qui font qu'elle en devient supportable. Faire recracher son café à Porter fait partie de ses petites choses la. Par contre, ce qui me fait moins marrer, c'est le poil à gratter. J'oublie Luc, Luc et sa gerbe, Luc et sa barbe grise en filets de vomis. Porter, tu vois, t'as un putain de nom toi aussi, et je peux pas me passer de toi, aussi étonnant et con que ce soit, parce que t'es ma meilleure machine à oubli. Suffit d'appuyer dessus, comme les jouets qui couinent.



T'es une vraie pute. Une pute de compet', une pute de luxe. Je me gratte au sang, je me pelle, et je fais tomber ton plateau à la cantine, et je t'envoie une cohorte de malades, parce que c'était facile de refiler ma bouffe à la cantine après l'avoir assaisonnée. Et j'aurais fait plus, surement, si je t'avais recroisé.

Je m'en tape. Ce soir, je sors. Parce que je veux courir, et peindre, et fumer, parce que je veux m'éteindre le cerveau, parce que je veux juste ne plus penser, tout oublier, m'immerger, me noyer et crever.
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyJeu 18 Sep 2014 - 16:26

Je recrache le contenu de ma tasse avec une grimace de dégoût. Du poivre. Quelqu’un a mis du poivre dans mon café. Et pas n’importe quelle personne évidemment, parce qu’il n’y en a pas trente mille qui m’ont dans le collimateur depuis quelques temps. Je me tourne en direction de la fenêtre, surpris. Il est dehors, dans la cour, et m’envoie un baiser pour me faire comprendre que oui, oui oui c’est moi et je t’emmerde, Porter. J’entends souvent ça, très souvent. Il pose un peu plus son sac sur son épaule et repart. Avec la jeune fille. Cette jeune fille avec qui il traîne souvent, très souvent. Je repose le gobelet avec un juron. On avait promis qu’on ne recommencerait pas. On sait tous les deux que ça pourrait partir loin, très loin, beaucoup trop loin. Et que je n’ai pas forcément envie de me retrouver à nouveau comme il y a trois semaines, enfermé dans un placard à me recroqueviller comme un mort vivant, incapable de réfléchir. J’ai juré qu’au prochain coup comme ça, je le foutrais dans une pièce sans fenêtre. Dans le noir total. Avec p’têtre en fond sonore un bruit d’avions. Quitte à faire sadique, autant le faire jusqu’au bout. J’allume une clope, je tente de faire le point. Parce qu’il s’est passé beaucoup de choses dernièrement, et j’ai besoin de remettre mes idées en ordre.

Il y a d’abord eu le braquage. Lorsque j’appris que mon fils avait été victime, j’ai bondi pour me rendre à l’hôpital. Depuis ce temps, une sorte de trio s’est formé : Ollie, Siegfried et moi. D’abord parce qu’Ollie est mordu de son baby sitter ; moi, parce que ce gamin n’est presque jamais énervé, toujours souriant et paisible, et c’est relativement agréable de discuter avec lui. Séries, films, bouquins, parfois, et je sais que cette proximité amicale rend Ollie heureux, c’est tout ce que je demande. Alors parfois il reste à la maison. Certains samedis, lorsque j’ai laissé mon fils pour la journée. Je le récupère le soir, et propose à Siegfried de manger avec nous. Le sourire de mon fils est immense lorsque je le fais, et pour moi c’est le plus beau des cadeaux. Autre chose, bien sûr ; Siegfried et moi avons un truc en commun, un sacré truc. Le deuil. Et si lui n’a jamais vraiment appris à le faire, je tente de lui enseigner à ma façon les choses qui pourraient lui permettre de résister à la pression du chagrin. Je ne sais pas si c’est efficace, mais en tout cas je tente le coup. J’ai toujours dit que j’aurais dû faire psy. Parce que c’est toujours les névrosés qui décident de soigner les problèmes des autres. L’ennui, là-dedans, c’est que cette proximité créé un chassé-croisé. Il y a quelqu’un à qui ça ne plait absolument pas.


Mais là c’est un peu trop, je sais que les crasses à répétition vont reprendre. Je sais que je vais devoir me venger, en foutant du poil à gratter dans son T shirt de sport, par exemple. La simple satisfaction de verser cette putain de poudre sur le vêtement me donne le sentiment d’être vengé. je sais que ça ne va pas rester impuni, mais je m’en fous parce que j’ai déjà une autre idée de vengeance dans le cas présent, de manière un peu moins « conventionnelle » qu’un simple poil à gratter dans un t shirt. Ça, c’était les préliminaires. On va passer au gros calibre, tout de suite, parce que je n’ai pas de temps à perdre, et beaucoup à t’offrir. Histoire de te faire comprendre que le patron, ça reste moi, malgré tes regards, malgré ton insolence, malgré tout ce qui peut te caractériser.

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyJeu 11 Sep 2014 - 23:09

[justify]Il y a des choses dans la vie, des choses qui arrivent et qui dépassent l'entendement. Elles vont au delà de nous même, a un endroit ou le vouloir et le pouvoir n'ont pas lieu d'être, au delà de ce que nous pourrions accepter de pire. Ces choses sont inhumaines, bien trop pour que nous puissions les supporter. Elles nous fissurent, elles nous rendent plus animaux, elles nous brisent. Il y a des choses que l'on vit qui nous marquent si durablement qu'elles peuvent nous rendre fou, fou à lier, ou même nous mener jusqu'au suicide. Il y a le point de non retour. Je savais que je survivrais a la raclée que Porter m'avait mise, ca, c'était sur, faut pas déconner.



Et lui survivra a son petit séjour dans le placard. C'est certain aussi. Je me rappelle d'avoir croisé ton regard un peu avant que je t'enferme dans ton placard, toi l'horrible vieux docteur. Pourtant, c'était pas bien compliqué à deviner non ? Notre jeu du chat et de la souris, qui montait crescendo dans l'horreur. Une humiliation contre une autre. Une douleur contre une autre. Sauf que la machine à dérapé. Tu ne t'es pas vengé. Tu es resté prostré. Et je ne t'ai pas cherché. Je t'ai fuit comme la peste. Parce que c'est ce que tu es Porter, une putain de maladie, toi, t'es une sorte de Sida, tu bouffes les défenses, tu grignotes le mur d'indifférence, tu fais tout s'effondrer, comme ca, simplement, et tu ne peux même pas imaginer a quel point je te hais. Tu ne comprenais pas ce que te voulait ton pire patient. J'ai l'air gentil, souvent. Et j'avais l'air gentil, peut être, mais dans ma tête tu pendais au bout d'une corde. Je voulais que tu paies pour ce que tu m'as fait. Et tu as payé. Je n'en ai pas retiré une grande satisfaction, alors que je m'attendais au contraire a en éprouver. T'imaginer souffrir. Ca m'a juste rendu malheureux. Furieux contre moi meme, amer, puis inquiet. Enfin tu as survécu non ?



Nous avons passé un point de non-retour. C'est ca que je veux dire. Les événements ont dérapés, et une chose de celles qui ne doivent pas se produire s'est produite. Plus importante encore que celle qui consiste a coller des punaises sur la chaise de son prof principal. Hors de l'entendement. De ce qu'on peut accepter. Alors on a parlé, pas de cris, il était mortellement sérieux, un peu comme une tombe, on a décidé d'arréter les frais, ca allait trop loin. D'arréter là. Je l'avais évité consciencieusement pendant deux semaines, avant d'être de nouveau présenté. J'étais reparti de là dévarié.



Le temps a passé. Pas une eternité, non. 1 semaine. Ca fait trois semaines maintenant que nous ne nous sommes ni battus ni fait la moindre crasse. Et je dois dire que ca me manquerait presque.



Mais voilà, presque et puis je vais suffisament a l'infirmerie comme ça, et je dirais même que j'y suis déjà allé assez de fois pour une vie entière. Et puis j'ai rencontré une fille, un soir. Une fille qui ne paie pas de mine, mais qui est géniale, en vrai. On a parlé de tout et de rien, la nuit, un joint qui tournait entre nnous faisant le lien. Puis on est devenus amis, très simplement. Je passe beaucoup de temps avec elle. J'ai bien l'impression que Porter essaie de me faire chier en me convoquant systématiquement quand il nous vois tout les deux, mais je n'ai pas de preuves, et puis c'est un peu débile comme suspission. Je deviens névrosé a force avec ce type. Je ne crois pas qu'il irait jusqu'a m'empecher d'avoir des relations sociales par pur esprit de vengeance, faut pas abuser non plus.



Le soir. On est vendredi, week end. Je sors de l'établissement, mon sac a dos jeté sur une épaule, capuche rabattue. J'aime bien me donner des allures de délinquant. Délinquant du lycée, wesh. Une main se pose sur mon coude, m’arrête. Je me retourne, mais je sais déjà qui c'est. Parce qu'il y a cette présence en ombre trop grande au dessus de moi, il est définitivement plus grand, et puis ses doigts trop longs, et cette putain d'odeur de tabac qui a elle seule servirait à le retrouver n'importe ou, au cas ou on le perdrait. Porter quoi. Il lâche très vite mon poignet comme si il s'était brûlé. "Faut qu'on parle" il dit, et il se casse, alors je le suit, parce que si il faut qu'on parle alors parlons. Je ne sais pas trop de quoi il est question, et je me retourne le cerveau en l'observant marcher devant. J'ai beau chercher, je ne vois pas de quoi, et je songe avec une inquiétude sourde que j'ai peut être oublié de retirer une des farces dont j'avais peuplé son infirmerie, je ne sais pas. On tourne, une petite rue en parallèle du lycée, un truc du genre désert. Il me choppe et me colle contre le mur. Ce qu'il me dit, je vais pas le retranscrire ici, c'est juste gratuit, inutile, un peu violent. Et je capte un regard du coin de l'oeil qui me fait le repousser violemment. La fille que j'ai dans le collimateur file sans demander son reste, mais je l'ai reconnue. Et je pense qu'elle se casse plus pour que Porter n'ai pas le temps de l'identifier qu'autre chose, parce que c'est sûr qu'elle va genre venir me voir fissa pour qu'on en cause.



Mais c'est pas important. J'hausse les épaules, et j'oublie. On a fait trembler les murs du lycée, alors qu'elle voit Porter me menacer, la belle affaire. J'oublie et je passe a autre chose. Autre chose comme mon coloc vraiment bizarre. Et puis bon. Ok. D'accord. J'ai peut être mis un peu de poivre dans le café de Porter, ce matin. Il s'ettouffe, et me jette un regard en oblique. Je lui envoie un baiser.

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 29 Aoû 2014 - 2:56

Je ne me suis pas très bien rendu compte de la situation quand je me suis retrouvé sous son lit. Parce qu'il m'a fallu beaucoup de temps, au moins celui nécessaire au départ de tous les gamins du bâtiment, pour que je puisse avoir enfin le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal. Parce qu'au départ c'était le brouillard, complètement. Et puis j'ai rassemblé les choses floues, les gestes, jusqu'à faire un compte rendu total de ma nuit. Et là ça m'a pris à la gorge. La honte. J'ai pété les plombs, complètement pété les plombs. Assis sur son lit, j'ai pris ma tête entre mes mains, les mains tremblantes. Je venais de faire quoi ? Pourquoi j'avais fait ça ? Tout ça à cause de la saloperie qu'il m'avait filé la veille. J'essaie de me rendre compte, mais c'est tellement difficile. De me rendre compte des conséquences de mes actes.

Je suis sorti un peu comme un zombie. Un zombie mort de honte, un zombie qui a traversé les couloirs du lycée sans convictions. Seulement avec des images atroces dans la tête qui m'en ont rappelé d'autres. Lévitant autour d'un seul et même visage, celui de Lloyd. Celui de Lloyd et son sourire dégueulasse, et ses putains de cigarettes sans filtre, celui de Lloyd et de sa corde, de la cave, des pleurs d'un adolescent en sursis, qui n'en pouvait plus. Arrivé dans mon infirmerie, j'ai laissé les heures passer. Sidney, l'infirmière, s'est bien posée quelques questions mais m'a laissé tranquille. Sans doute avait-elle songé que j'avais passé une mauvaise nuit. Dans un sens elle n'avait peut-être pas tout à fait tort. Pas changé, épuisé, mortifié et courbaturé je me suis rappelé de la sensation de rangers sur les côtes, de la chaussure que j'ai pris en plein sur la tête et de ses insultes, ses foutues insultes qui ont fait écho avec les miennes. J'ai été tellement loin, et il n'y a aucun moyen de revenir en arrière. Et ça il ne va pas l'oublier. La manière dont il a claqué la porte me l'a fait parfaitement comprendre. Et c'est pas de façon conventionnelle qu'on soigne ce genre de honte. On ne peut pas s'excuser d'un truc comme ça. L'approcher et lui dire sur un ton dégagé "ah au fait... Pardon pour cette nuit, j'étais défoncé." Non, ça ne passe pas ça. C'est inefficace, ça ne marche pas. Parce qu'on ne peut pas dire "pardon" pour ça. On ne pourra jamais. J'ai fait les cent pas, longtemps dans cette putain de pièce, pour trouver une solution. Pour oublier les affreuses images qui m'ont hanté toute la matinée.

Jusqu'à ce qu'il décide de se pointer une nouvelle fois.

Il est entré, et j'ai compris à son regard que ça n'allait pas se passer comme je l'imaginais. J'ai à peine le temps de tourner la tête dans sa direction qu'il était déjà sur moi. Genre vraiment sur moi, sans me frapper, sans un mot, juste ces putains de flamme dans le regard, ces putains de flammes qui me faisaient comprendre que j'allais manger bon, encore une fois et que c'était encore plus justifié maintenant. J'ai senti ses mains sur mon col, des mains fermes qui m'ont poussé avec violence, entraîné je ne sais où parce que ça s'est passé beaucoup trop vite, en fait, si vite. Je me suis senti projeté en arrière, chuter sur le sol en même temps qu'une flopée de choses comme un balai, un seau et d'autres trucs, et quand je me suis relevé, j'ai compris qu'il ne m'avait pas balancé là sans une bonne raison. J'allais tout bonnement et tout simplement me faire enfermer là-dedans. Alors je me suis relevé avec vivacité, bien plus que je m'en croyais capable avec une nuit pareille et j'ai tenté de bloquer la porte, pour sortir, de toutes mes forces. Impossible. Parce qu'il m'a semblé que la fureur augmentait d'avantage la force que la peur. Et pourtant je l'ai eue, la montée d'adrénaline. Je l'ai sentie se propager dans mon corps, mais ça n'a pas suffi. Parce que la porte a claqué. Parce que j'ai entendu ce bruit, ce bruit atroce d'un cadenas qui se ferme, un bruit que je ne supporte plus. Un bruit qui a hanté tant de mes cauchemars. Sa voix résonne alors que je suis dans le noir. J'ai du mal à écouter parce que mes bras frappent la porte, presque à l'en défoncer.

"Ca te fera du bien de reflechir un peu a ce que tu m'as fait hier soir. J'espère pour toi que quelqu'un viendra t'ouvrir, sinon, débrouille toi
- Azraël, fais pas ça. Sors moi de là !"

Mais j'entends ses pas qui s'éloignent et ça sort de ma gorge en feu, ça me brûle parce que la terreur est trop forte, trop forte beaucoup trop forte alors que s'échappe un "NON !!" paniqué, un hurlement de détresse et de rage parce que je suis pris au piège, pris au piège à l'intérieur, que je ne peux pas sortir ni m'enfuir. J'entends déjà une voix rauque s'élever parce qu'autour de moi il n'y a rien qui me permette de sortir, je sais aussi que personne ne viendra me chercher. Sidney est partie. Les gamins et gamines n'auraient pas idée de me trouver ici parce que je n'ai pas de consultations avant quinze heures et qu'il en est treize, et même si là je me jette sur la porte il n'y a aucun moyen. Je suis prisonnier. Prisonnier là dedans, tout seul, sans personne pour m'en sortir, prisonnier d'un nouveau bourreau. D'un seul coup je ne pense plus à ce matin, parce que je n'ai que le mot "peur" et "viol" en tête, rien d'autre. Parce que je frappe à m'en faire mal aux mains. Mais qu'il n'y a personne. Absolument personne. Ma respiration se fait de plus en plus rauque. J'ai la sensation d'étouffer. Je ne pense plus qu'à son visage plein de haine, plein de colère, à ce visage de bourreau qui m'a poussé à l'intérieur de cette pièce en parfaite connaissance de cause et soudain je comprends. Je comprends que c'était juste une vaste blague, tout ça. Que l'aboutissement final, le voilà. Qu'on a trop joué avec le feu et que maintenant c'est trop tard, parce que je vais crever. Seulement crever.

Une heure, une heure que je passe à frapper de toutes mes forces, à tel point que certaines de mes phalanges saignent, avant que j'abandonne la lutte pour m'effondrer sur le sol, le corps secoué de sanglots silencieux de peur, recroquevillé sur moi-même en position foetale. Il y a une odeur d'alcool et de cigarette, une odeur insupportable, celle d'une haleine, une haleine trop chaude qui a trop longtemps fusé sur ma peau. Des mains aussi, sur mon corps, et les heures passent, passent et repassent tandis que je revis en cinémascope la torture de mes dix-sept ans, que j'appelle June d'une voix éraillée pour qu'elle vienne me sauver. Mais quand le souvenir de sa mort remonte à son tour, j'abandonne la lutte. Je ne sais pas combien de temps je suis resté allongé par terre, dans le silence. J'ai entendu des voix s'élever dans la salle de consultations, mais j'étais prostré, totalement, envahi par mes souvenirs et incapable de dire le moindre mot pour qu'on vienne me sortir de là. Parce que la voix de ma mère, elle s'est élevée elle aussi dans le noir, dans la cave, elle s'est élevée tandis qu'elle racontait les derniers potins à ce monstre, alors qu'elle buvait le thé avec lui, juste au-dessus de moi. Moi, attaché à un poteau central dans la cave. Dans la saleté. Le corps nu marqué de nouveaux coups du matin. Et je n'ai pas pu l'appeler elle non plus. Ma voix ne portait pas assez. Je n'ai pas pu lui demander de me sauver. Ici c'est pareil. June se souciait de moi. Qui le ferait, maintenant ? Alors je reste allongé. En silence. La respiration coupée, presque, en un filet sifflant. Les yeux fermés. Parce que j'ai beau tenter de penser à autre chose je ne peux pas. Je ne peux que revivre ces phrases acérées, pleines d'un désir malsain de ce type qui m'a violé pendant deux semaines. Et je me dis que je vais crever ici. Seulement crever ici. Immobilisé par le poids de souvenirs qui n'ont jamais vraiment disparus.

Il a fallu deux personnes pour me sortir de là. La femme de ménage et un surveillant. À onze heures du soir. La pauvre femme venait seulement chercher du matos pour nettoyer l’infirmerie, jusqu’à ce qu’elle voit les balais au sol. Et le cadenas. Ils m’ont trouvé exactement dans la même position où j’étais plusieurs heures interminables auparavant. Immobile. Le regard vitreux, dans le vague. Plongé au milieu de souvenirs trop douloureux pour être vrais. Ils ont dû me soulever, me relever avant que j’accepte de marcher tout seul. Le contact de leurs mains m’ont fait me débattre faiblement. Un toucher, encore un toucher. Le néon de la pièce a fait se plisser mes yeux, et m’asseoir sur une chaise, accepter un verre d’eau. Quand on m’a demandé ce qu’il s’était passé, j’ai rien répondu. Rien. Parce que je ne m’en souvenais plus. J’ai seulement dit que je voulais rentrer chez moi. Et je suis rentré. Chez moi. En silence. Le silence le plus absolu. Un silence qui s’est poursuivi pendant une semaine parce que je ne suis pas sorti de chez moi. Je suis resté dans le salon. Presque immobile, les volets fermés. Un peu comme la première fois, sauf que là June, elle n’est pas venue m’aider. Elle ne m’a pas filé à manger, ne m’a pas aidé à dormir. Et lui ? Il n’est pas venu. Et alors que mon corps finissait par accepter ce nouveau traumatisme, mon esprit a distillé la haine, la haine dans mes veines, dans mon regard, une rancœur incommensurable. Le lundi suivant, je revenais. Légèrement amaigri. Le regard encore très vague. Des cernes deux fois plus grande qu’à l’accoutumée. Les gestes un peu ralentis. Durant la semaine, je l’ai croisé. Mais plus de farces, plus de coups, plus rien parce que je ne veux plus. Plus entendre parler de lui. Je ne veux plus voir ses yeux me fixer de bas en haut. Ses magnifiques yeux noirs. Quand je le croise je me contente seulement de marcher, tout droit. Et ce n’est pas bien difficile. Parce que les gens, je les voyais sans vraiment les voir. Il est possible que je l’aie croisé, parfois, sans m’en rendre compte. Parce que j’étais pas encore tout à fait revenu, tout simplement. Je ne sais pas s’il a honte. Et je m’en fous. C’est pas pardonnable, ça non plus. Ça ne passe plus maintenant. Je veux oublier tout ça. Je m’en voudrais presque d’avoir quitté Eva. Elle savait si peu sur moi. Mais jamais elle aurait usé ainsi de mes faiblesses, jamais. Jamais elle n’aurait joué avec ma peur.

Il est allé trop loin cette fois.

Et puis un mercredi. Une semaine et demie après mon absence. J’ai recommencé à manger à peu près normalement. Je me suis senti un peu mieux. Tout ça jusqu’à ce qu’on me le ramène. Le prof de mathématiques frappe à la porte, entre. Ne me serre pas la main. Ils le savent maintenant. Tous. Ils savent comment je fonctionne. Toi aussi tu le savais. Et pourtant ça ne t’a pas dérangé. Le prof entre, seul. Il m’explique. Le jeune Azraël. Le nom me fait frémir. Pas encore, non, pas encore. Il m’explique, sur un ton condescendant que le gamin a des marques, partout. Des morsures sur les épaules, légèrement cicatrisées mais encore visibles. Des suçons violacés aussi. Il m’explique que ça l’effraie. Qu’il a peur que ce gamin soit abusé, violenté. Ça me fait frissonner. Non, non. T’en fais pas. Je sais parfaitement d’où ça vient, tout ça. Mais il y a ce jeu. Ce jeu qui me fait hocher la tête, raide, mais faussement compréhensif. J’écoute ce speech d’une oreille peu attentive, parce que tout ce que je sais c’est qu’il va entrer d’une minute à l’autre et je ne veux pas. Je veux pas me retrouver confronté, encore. Je ne veux plus de ça. Mais je n’ai pas le choix, pas vrai ? C’est mon boulot. Alors je hoche la tête. Et il entre.

Il garde ses distances. Bien campé sur ses deux pieds, et toujours ce pull élimé. Cet air insolent qui ne m’amuse plus du tout. Non, vraiment plus du tout. J’ai seulement envie de m’enfuir, et en courant. De passer la porte pour ne plus avoir à le regarder. J’entends celle de l’extérieur qui claque. Et je reste, bloqué comme ça. Parce que je me sens brisé, hagard. Parce que je me souviens subitement de ce placard. Je me souviens subitement de cet accès de cruauté. Alors mon regard se fait plus dur, malgré la détresse. Malgré la haine. Il se fait plus dur parce que c’est de ta faute, tellement de ta faute tout ça, tout ce que je subis là, sous mon crâne depuis des jours et des jours. Ma voix résonne, pas très fort. Seulement ce calme froid. Comme un courant d’air glacé qui passerait dans la pièce.

"Dehors."
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 29 Aoû 2014 - 1:34

Les crasses s'enchaînent. Et se déchaînent. Trollollo. Parce que ce con va trop loin, toujours et que le coup des bouteilles d'alcool sous mon lit m'a fait virer deux jours mais aurait tout aussi bien pu m'envoyer en prison, parce que j'ai du sursis sur la tronche, mine de rien. Mais bon, je me suis vengé, forcément. Faut dire que je m'étais un peu adoucit, parce qu'il m'a dit que c'était de la pinture à l'eau, sur mon pull à capuche. Donc j'étais un peu moins remonté. Et là, PAF convoc chez le dirlo, renvoyé deux jours. Entrevue avec le vieux connard qui me sert de tuteur, et en avant le pannel de menaces supposés me faire mouiller mon slip. Ca m'a pas fait mouiller, mais j'avais une vague envie de péter tout de même. Ca a suffit a m'alerter quand même, mais sur le coup ca a été un peu innefficace, parce que forcément suite à ca, je suis allé trouver Porter.



Puis peinture dans le désinfectant, hein, pour faire bonne mesure. Histoire qu'il enregistre que non, on joue pas avec le renvoi et on joue pas avec la vie de ses patients. C'est donnant donnant. Je crois qu'il a compris mon avertissement : il a pas refait le coup des bouteilles, ou quoi que ce soit qui pourrait me faire directement renvoyer. Pour les rats... Les rats... Bon j'ai gueulé aussi en ouvrant mon sac, quelque chose entre "putain" et "je vais le tuer", donc le prof a vite compris que ca ne venait pas de moi. Après il a fallu calmer l'armée de débiles debout sur leur tables. Et y'avais pas que des filles perchées là haut. J'aurais presque pu trouver ca drôle, si j'avais pas du passer une demi heure a répéter a une conne brune ( comme quoi, c'est pas que dans les cheveux) qu'il n'y avait plus de rats, et qu'il fallait, genre qu'il fallait VRAIMENT qu'elle descende de là haut. Comme elle commencait sérieux a me faire chier a force, je l'ai choppée par la taille pour la descendre de force et elle m'a sauté dessus -tout sauf par terre. Mon nez c'est retrouvé écrasé entre ses deux boobs, un grand moment. Après la table, qu'elle a finallement quitté, j'ai du batailler pour la poser par terre, parce que les koalas et moi, c'pas forcément une histoire d'amour. Quand je suis sorti, j'avais le cerveau vide. Parce que ca, vraiment, ca m'avait vidé. J'ai juste marché droit devant moi, puis je suis allé courir, genre longtemps. Quand je suis rentré je rigolais un peu comme un psychopathe. Mais c'est que je savais ce que j'allais lui faire, a cet animal de basse fosse.

Petit coucou a l'infirmerie. C'est un peu comme un rituel. Envahir son espace vital pour peupler des crasses dans son infirmerie. Sauf que là, je ne visais pas tellement le lieu, mais plutôt son paquet de clopes. Il pouvait aussi bien fumer celle que j'y ai inséré le jour même qu'une semaine après. Mais bon, c'est un sapeur le Porter, donc je savais que je tarderais pas a en entendre parler. J'espérais bien qu'il allait fumer ca genre en journée, histoire qu'il soit déchiré au travail. C'est là que ca dérape. Parce que Porter qui fume un joint, ben en fait, c'est pas une bonne idée. Même, je dirais, vraiment pas.

Parce que je dormais. J'ai gueulé quand j'ai senti des mains me saisir a travers les couvertures, la surprise, le réveil de mort et ca c'est déchainé. Il a cogné jusqu'à ce qu'il tombe. Et il m'est tombé dessus, en plus. Bien réveillé et remonté, je l'ai balancé par terre parce qu'il s'était effondré sur moi, roupillant comme un bienheureux, et je me suis levé, pour le planquer sous mon lit a grand choups de pieds rageurs. Et j'ai enfilé mes gaudasses avant de commencer a cogner. Et j'ai pris beaucoup de plaisir a vérifier qu'il ne dépasse pas avec ma semelle.

Je me suis pas contenté d'éclater Porter a coup de Rangers. J'ai aussi gueulé après mon coloc' parce que ce batard avait déserté pour aller se taper sa copine. Ok, c'est pas de sa faute, mais ca m'a défoulé, et c'est rien, j'aurais pu lui taper dessus, c'aurait été pire. S'il avait été là... S'il avait été là, ca ne se serait pas du tout passé comme ca. J'ai crié cette nuit quand ce psychopathe m'a tabassé. Parce que ca faisait trop mal pour ne pas gueuler, alors j'ai ravalé ma fierté de mâle et j'ai gueulé parce que de toute facon il m'a tellement éclaté que je ne pouvais faire que ca. Je me demande pourquoi aucun gars n'est venu voir. Ils pensaient peut être que je me branlais et que c'était particulièrement jouissif. Sursaut de délicatesse masculine. Je vis entouré de brontozores.



Réveil difficile. Le corps en miette. Et le bruit de respiration trop près qui m'a fait sursauter violemment, parce que j'avais la peur encore collée a la peau. J'ai cherché des yeux sans trouver puis ca m'est revenu très vite, fort, comme un coup de poing, et j'ai choppé une chaussure sans réflechir avant de la balancer sous le lit, dans la tronche de Porter. Puis un t-shirt. Puis j'ai sauté du lit, et j'ai allumé, parce que je peux mieux me défendre si c'est éclairé, mieux lui éclater la gueule. Il a hemergé, perdu comme un petit garçon qui a dormi loin de son lit, et cette vision m'a achevé. J'ai explosé.
"TOI t'es vraiment un putain de gros con !" il me regarde effaré. Et ca monte. La rage "HIER, GROS CONNARD !"

Il semble a 8000 de ce que je lui raconte, il se relève, puis il reprend contenance, et il me demande avec un timbre métallique ce que je lui ai fait fumer. Ce type... Ce type m'a desossé, et il me demande ce que je lui ai fait fumé. Comme si ca excusait tout. Mon visage s'étire neemmoins en un sourire, sardonique, parce que ce type, là, immédiatement, je le hais. Alors je réponds, d'une voix étrangement calme. "Un joint." Il pige pas. "UN PUTAIN DE JOINT SANS TABAC" Il comprend toujours pas. Il me saoule. Son cerveau c'est écoulé par sa bite hier, pas possible. "De la beuh, et rien que ca" Et je l'empoigne avec une force que je me connais pas pour le remettre sous le lit, moyennant un ou deux coups de pieds. Ma voix siffle un peu de fureur quand je promet de le tuer s'il sort de là dessous avant que tout les élèves soient sortis de l'internat. Et je me barre, après avoir sauté dans mes fringues, dégondant quasiment la porte en sortant.

Parce que j'ai pas le choix. Parce que je DOIS m'en aller avant de le tuer. Et je cherche, je cherche par tout les moyens a me calmer, mais j'en tremble, tellement, je me force a commencer ma journée normalement mais je pete les plombs en plein cours d'histoire, je pète les plombs et je sors de la salle, fou furieux, direction l'infirmerie. J'entre, personne, tant mieux ou tant pis, je choppe Porter parce que je veux le tuer, le tuer, et je le traîne jusqu'a un placard. Je vois bien qu'il comprend pas quand je vide le placard de son contenu direct sur le sol, et qu'il comprend pas non plus quand je l'encastre dans ce placard. La lumière se fait dans son cerveau quand je ferme la porte, il lutte pour m'empecher, mais j'appuie plus fort, et quand j'ai fermé, je cadenasse l'ouverture.

"Ca te fera du bien de reflechir un peu a ce que tu m'as fait hier soir. J'espère pour toi que quelqu'un viendra t'ouvrir, sinon, débrouille toi"

Je n'embarque pas la clé du cadenas, parce que je m'en tape, le fait de l'enfermer et qu'il sache que je ne compte pas le délivrer suffit, mais je suis amer, tellement mort en dedans, tellement mort. Je quitte l'infirmerie sans un mot de plus, indifférent a Porter.
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyMer 27 Aoû 2014 - 22:48

Il a quitté la pièce sans un mot, comme ça, ou si un petit, un petit au revoir. Je frotte ma cuisse endolorie, fou d'une rage incontrôlable pour une personne normalement constituée. Sauf que je suis pas constitué comme tous les autres, moi. J'ai une réputation à tenir, tu sais ? Celui d'être un Superman. Le Superman du type qui n'a pas assez d'émotions pour les exprimer correctement.

Les bouteilles, je suis sûr qu'il a apprécié. Parce que j'ai entendu le doux bruissement de la vengeance quand j'ai appris qu'il s'était fait virer deux jours. Bon, certes j'avais l'impression d'être un rapace, mais un gentil rapace, je débarassais le lycée de rats. Après tout ça ne pose pas de problème si ? Et puis fallait pas jouer aux cons avec moi. Je possède un truc que tu n'as pas. C'est l'autorité. Le fait d'avoir la quarantaine ça a tellement d'inconvénients, et tellement d'avantages à chaque fois. Parce que j'ai entendu sa convocation dans le bureau du proviseur. Il a tourné la tête, dans la cour face à mon infirmerie (il se met souvent là lors de la pause, il fume une clope. J'ai l'impression d'être épié.) Il avait l'air surpris d'entendre son nom. Oui, bizarre pour une fois que t'as pas fait de saloperies à ton médecin hein ? Des grosses saloperies. Tu me prends la tête. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, satisfait, parce que ma vengeance a été effective, je suis incroyablement fier de moi. Tu vas manger tellement bon. Mais tellement bon.


La punition m'a coûté cher, puisque juste avant le môme a remplacé mon désinfectant par de la peinture. J'ai manqué de faire crever une gamine de septicémie. Quoique, ça ne m'aurait pas dérangé outre mesure, cette immonde petite connasse aurait bien mérité de voir son bras fondre, genre bouffé par la gangrène, la peau toute nécrosée. Rien que d'y penser ça me fait à la fois sourire et gerber. Faut pas oublier que j'ai peur du sang. La tripaille, j'en ai déjà vu à la fac de médecine, des coeurs humains dans du formol, des chatons à moitié étripés, et des cadavres en miettes dont les dernières volontés résidaient dans le fait ridicule "je donne mon corps à la science". Bref, il a foutu de la peinture partout. La fureur m'a fait péter les plombs. Et je me suis vengé. J'ai mis trois rats dans son sac, alors qu'il l'avait posé près de sa salle de cours au moment de la pause. Des rats que j'ai mis trois jours à pourchasser et à piéger pour les y mettre, au final, dans le sac de cet abruti. J'ai entendu les hurlements depuis ma salle. Ce hurlement strident et insupportable de nénette trouillarde qui beugle à la moindre souris qui traine. Je l'ai vu sortir de cours, ensuite. Le visage fermé. Oui mon chou, c'était exprès pour t'emmerder, ça. Cadeau.

Sauf que la dernière fois j'ai compris que c'était parti vraiment loin. Parce que ma clope avait un goût franchement bizarre. La dernière clope avant de rentrer chez moi. Et je me suis senti très bizarre. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais j'ai perdu la notion du temps. Je me suis foutu à rire. Comme un perdu. Hurler à gorge déployée, comme un fou, les jambes légèrement tremblantes, le regard complètement vague. Et ce rire débile, ce rire sous forme d'onomatopées qui ne veulent rien dire sous ma voix grave, un rire de fou furieux. Je l'ai finie cette clope, parce que merde, quoi, ça coûte cher les cigarettes. Et puis le goût n'était pas désagréable. Sans doute une clope publicitaire pour un nouveau goût, j'en sais rien. A moins que ça soit autre chose. Par autre chose, je veux dire un petit rat sagement endormi, au chaud sous sa couette parce que j'étais encore de garde à trois heures du matin. J'ai pu partir qu'à 15, et que j'ai fumé ma clope comme je fume TOUJOURS ma clope, okay ? Faites pas chier. Ce truc ça m'a mis de mauvaise humeur. Je sais pas pourquoi. Par contre il n'y avait pas de filtre dans cette clope et ça m'a fait râler parce que pour cette fois j'en voulais. J'aime bien les clopes sans filtre de temps en temps, mais là je sais pas le goût était quand même vachement fort, non ?

Ais-je compris que c'était lui ou étais-ce juste un délire ? Je ne m'en souviens plus. Je sais juste que je suis entré dans lycée, furieux. Complètement furieux. Et que j'ai grimpé les escaliers quatre à quatre, le regard vague, vague de fureur. J'ai appris plus tard que c'était "un pur". Et que j'étais tout simplement défoncé, juste défoncé. Sans aucun contrôle de moi-même.

Je me suis réveillé sous son lit. Je savais pas où j'étais. Juste, sous son lit. Quand j'ai ouvert les yeux je me suis pris une chaussure en pleine tête puis un pull en plein visage pour m'épargner mon grognement de douleur. J'ai pas compris. Mais il était six heures trente, c'était marqué sur un réveil, sur la table de nuit. Quelle table de nuit ? Et puis quand je me suis redressé, la lumière s'est allumée devant Azraël. Azraël absolument furieux. Qui s'est mis à m'insulter dans toutes les langues avant de me demander ce qu'il m'a pris ("hier, gros connard !") de rentrer dans sa chambre, qu'il a dû se battre avec moi pour m'allonger sous le lit, parce que si quelqu'un me collait ici, on allait prendre chez tous les deux ? La bouche pâteuse, épuisé, courbaturé, je me suis levé et j'ai demandé d'une voix froide ce que c'était que cette cigarette. Et il m'a jeté un sourire suffisant. En m'expliquant que je venais de fumer de la beuh. Sur le moment j'ai pas compris. Et il m'a rebalancé sous le lit. En m'intimant de ne pas quitter cet endroit tant que tous les élèves n'étaient pas partis si je ne voulais pas avoir des problèmes, des GROS problèmes.
J'ai fait bonne figure, j'ai accepté en silence, seulement en hochant la tête, les membres raidis. J'ai bu beaucoup d'eau en rentrant. En réfléchissant à une nouvelle vengeance.

ça allait, mais alors vraiment lui coûter cher.
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyMar 26 Aoû 2014 - 2:42

La petite est assise sur sa chaise, les pieds sous l'assise, comme une damoiselle bien comme il faut. Sauf que ce qu'elle raconte n'a rien d'un discours de pucelle effarouchée, et je n'en perds pas une miette. Tu penses, je suis AUSSI une langue de pute, et là, y'a pas a dire, y'a matière a. Je dirais même, c'est du lourd. Non parce que, on pourrait penser qu'une histoire de grossesse dans un bahut c'est du déjà vu, de l'anodin. C'est vrai que c'est déjà vu. Mais anodin ? Non, je ne crois pas. C'est que WHS, c'est avant tout une école de fils de bourge, une école de grandes familles, et toutes les alliances ne sont pas bonnes a prendre loin de là. Alors j'écoute de toutes mes oreilles, les mains occupées, parce que j'ai décidé de pincer Porter. Oui, c'est totalement infantile.



Mais en fait, moins que la gamine. Parce que plus je l'écoute geindre et plus je me dis que c'est un gros flan. Un putain de flan sans caramel, et au sel, encore. Dans le genre "oh mon dieu il m'a embrassé sur la bouche, je suis enceinte, ca va sortir par l'anus !" J'ose imaginer la réponse de Porter. Quelque chose du genre "non non, ca se sont des hémorroïdes". Sauf que ce type n'a pas les couilles de sortir un truc comme ca. Non, il a trop peur pour son taff, tu parles. Il resterais surement con, et il répondrait un truc genre "ah." Parce que Porter, c'est pas vraiment le restau du coeur des âmes toutes déchirées des adolescentes scarifiées à la petite cuillère. Non, Porter, c'est une putain de tombe. La tour Eiffel du sans émotion, le Mont Blanc du sans réaction. C'est une falaise, Porter. Une falaise de "je m'en fous".



J'ai trouvé une écharde. Ou alors c'est une épingle, va savoir. J'ai ettouffé un petit cri de surprise quand je me suis piqué, ce qui m'a valu un coup de pied particulièrement vicieux entre les cotes. Alors pour le venger, je le pique, sans douceur, non, la douceur, c'est pas doux, ca n'a rien de doux, et moi je veux juste lui crever la peau, les os si possible, passer a travers et lui retourner la chair. J'écrirais connard avec ton marqueur, et qui sait, je dessinerais peut être une LICORNE. Toi, je gros enculé qui m'a repeint ce putain de pull, le seul objet dont j'ai un tant soit peu quelque chose à foutre. La seule chose qui me rattache à ma vie d'avant. Tu sais, celle ou j'avais une famille, celle ou j'étais pas encore totalement névrosé, ou j'avais pas besoin d'aller repeindre tout les murs de la ville pour me sentir mieux. Mais toi tu t'en tapes, toi t'as la bouche en buvard avec ta petite vie morne, toi ta bouche elle salive a l'encre des amours lassés, à l'encre des amours délassés, les amours adolescentes. Toi tu prends en ciboire la vie des autres pour faire genre que t'en as une. Tu me débecte.



On a donc Jim, je sais pas qui c'est, qui a baisé avec Maureen, qui parle comme une gamine de trois ans qui aurait fini toutes les coupes de champagnes de la soirée organisée par ses darons. Celle qui finit en orgie pendant que la petite suce son doudou. La capote qui craque, un classique. Il devait pas avoir baisé depuis longtemps le Jim. En même temps être contraint de se taper un poisson rouge, c'est qu'il doit avoir une gueule de con. Encore que. La bite n'a pas d'oeil. Cette histoire me fait chier, en fait. Je préfère piquer Porter. Ca, c'est intéressant. Si si, j'vous jure. Il tressaille, il a des soubressauts. On pourrait presque croire qu'il aime ca, le cochon. Il jette un coup d'oeil sous le bureau et je lui adresse un grand sourire. Un qui dévoile bien toutes les dents, parce oui, je suis un requin, moi, monsieur, et que je vais encore te piquer, et même te mordre pourquoi pas, personne ne sera au courant sauf toi et moi et je suis sur qu'avec ca au moins tu vas gueuler. Sur mes dents, en pointillés, y'a écrit "va te faire enculer". Et tu veux que je te dise ? C'est pas des restes de salade.


J'écoute ce qui se passe là haut. C'est interessant. Interessant, parce que Porter est en train de perdre le fil. Preuve s'il en est que je suis sur la bonne voie. Et ca, ca m'enchante tu vois ? Un autre coup de pied. Et le retour de l'aiguille. Tu vas ressembler a un junkie sur le retour, je te le promet. Je m'amuse comme un petit fou là dessous. C'est mieux que le parc d'attraction. Je t'avoue que c'est du pur bonheur, l'aiguille que je plante et ma main qui descend pour arracher la peau. Je vais te saigner a blanc. Tu seras hallal après ca, parole. Y'a un moment de flottement. Je pense qu'il y a du y avoir un blanc là haut. J'imagine que Porter a du grimacer. Et ca me fait tout à fait tu sais ? Et même si tu sais pas je m'en tape avec une patte d'alligator femelle. Wesh.

« Et… Un test de grossesse ?

- Heu non, je n’ai pas eu le temps de m’en acheter. »

Mais qu'est ce que tu fous la PETASSE ? Barre toi que je puisse lui éclater la tronche et qu'on en parle plus. Non mais sérieusement. On devrait faire passer un test de QI au nouveaux arrivants. Ceux qui ont moins de vingt, on devrait les euthanasier. Un petit pas pour l'homme et un grand pas pour l'humanité. Et se serait même vachement mieux que le premier pas sur la lune. Porter soupire. Moi j'ai envie de crier. Fous moi cette greluche dehors qu'on puisse se mettre sur la tronche.



Une main glisse sur le bureau pour bloquer la mienne. Je m'en prend a tes doigts. Degage, c'est moi qui fait mumuse et t'as pas voix au chapitre. Comment tu vas expliquer les trous dans ta main et qu'elle se soit mise à saigner par l'opération du saint esprit hein ? Tu pourras pas, alors remballe, et merci bien.

« Si vous n’avez pas… FAIT DE TEST JE NE PEUX RIEN POUR VOUS. »

Ahaha. MOUHAHAHAHAHA. Il est a point. Encore un petit effort, et il va péter les plombs. J'aimerais bien te voir envoyer valdinguer le bureau. Parce que là maintenant, tu peux pas savoir comme je m'en branle, qu'on se fasse renvoyer. Tant pis, tant pis ou tant mieux. Je veux juste que tu le sentes passer, et tout les moyens sont bons. L'autre chiale, on a un caillou face a une fontaine, ca va rien donner ca.

« Ecoutez… Maureen, je ne peux pas trop vous conseiller tant que vous n’avez pas fait de test. Si ce n’est de vous rappeler… putain, qu’on ne joue pas avec la contraception. »

Haha, mais il jure, le petit pote Porter. Je tiens le bon bout, ca, c'est sur.Je redouble d'efforts pour lui faire péter sa durite. Allez quoi, lâche toi au moins une fois dans ta vie, tu verras, ca ira drolement mieux après. A toute frustration son remède. Et je suis sur et certain que toi qui déteste toucher les gens, là présentement, tu rêves de m'empoigner pour me faire du mal. Ca tombe bien, j'ai bien envie de te sauter à la tronche. Elle est pas belle, la vie ? Il devient carrément méchant, et ca me fait jubiler. Ahah, alors tu dévoile ta véritable nature ? C'est pas trop tot. Tu vas voir, je vais te faire une réputation, je vais te soigner aux petits oignons, promesse.



Je me rassois sagement pendant que ca blablate au dessous. Parce qu'il a pété son plomb. Bon pas autant que ce que j'aurais espéré, certes, mais c'est déjà ca. On peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, parait. Sa blablate. Et ca dit "Au revoir" "Merci beaucoup", donc, donc... Donc elle se casse ! Victoire. Clac clac clac, les talons sur le sol. La porte qui claque. Porter recule comme si j'avais la peste et je jaillis hors du dessous de son bureau comme un diable de sa boite. Il dit tout plein d'insultes et moi je me contente de lui adresser le sourire de celui qui a gagner. Oh, je sais bien qu'il va se venger, mais j'ai presque plus envie de le cogner. Bon, presque. Parce que quand même, je le gifle. Et pas vraiment tendrement. Son regard choqué me donne presque envie de rire. Presque.



En attendant, je me contente de tourner les talons. Juste me barrer. C'est ca qu'il faut. Je lui lance quand même un "A la prochaine" moqueur avant de me tirer. Parce que non, ca ne s'arrétera pas là. Toi et moi Porter, c'est une histoire faite pour durer.
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 1 Aoû 2014 - 17:24

J’ai l’impression qu’une tornade est entrée dans l’infirmerie.

Quelques minutes après mon forfait, je suis retourné dans mon antre, parce que j’avais des gens à voir, encore. Et pas que ça à foutre de m’occuper des états d’âme de ce petit con. Le pull élimé que j’ai peint et la tête qu’il doit tirer en ce moment suffit à me faire sourire pendant qu’une jeune fille entre, en larmes parce qu’elle pense s’être cassé un doigt en jouant au badminton. Une EI. Et voilà, le grand classique. Pourtant je pends le tout avec parcimonie, je la fais s’assoir tranquillement pendant que j’examine son doigt.

Et pendant que la porte s’ouvre à la volée devant un Azraël ivre de fureur. C’est automatique, la fille se lève pour se barrer devant le regard menaçant de ce petit con alors qu’il entre et que je soupire, agacé. « Mr Trophime… » mais je n’ai pas le temps d’en dire plus parce que déjà mon attirail vole à travers la pièce, je me prends même une revue en pleine tête. La fille s’en va en courant. Bon, ben c’est qu’elle ne doit pas avoir si mal que ça, alors. Mais ça ne suffit pas parce que le gamin hurle, que j’ai bousillé son pull, qu’il y tenait et je lui rétorque tout simplement que la prochaine fois il y réfléchira un peu mieux avant de remplir mon infirmerie d’insectes et de PUTAINS DE SERPENTS. Et il se jette sur moi mais j’avais l’intention de le cogner aussi parce qu’il me gonfle et qu’il semblerait que toutes ces facéties soient inutiles, que taper c’est la meilleure solution. Alors on se roule par terre, il a le front en sang et on s’engueule, et il tape, en plein dans mon ventre, je lui réponds par un coup de genou sur la cuisse et je lui fais voir la voie lactée avec une bonne baffe en plein sur sa face de sale gamin débile.

Je l’assois de force sur une chaise, il gronde mais il a faibli, tout simplement parce que je lui en ai collé une bonne, ce coup-ci. Il essaie de rétorquer mais je grogne « ta gueule et bouge pas » en attrapant du désinfectant pour l’appliquer avec retenue sur son front. Je dois le toucher le moins possible. Toute cette retenue m’énerve et j’aimerais être partout sauf ici parce qu’il a le regard qui me tue, tout simplement. Je ne sais pas trop quoi faire et puis soudain il se passe quelque chose. Un bruit, soudain. Le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvre, celle de la salle d’attente, celle qui est vide. Y’a quelqu’un. Et on est dans un sale état. Il a des bleus, moi aussi, et je sais qu’il ne vaut mieux pas que quelqu’un nous voie dans cet état, parce qu’on ne risque pas seulement d’aller emmerder le dirlo mais aussi toute l’administration. Je grogne de colère et lui fais signe sous mon bureau, parce qu’il n’y a pas d’autre choix et que je signe, quelque part, mon arrêt de mort. Je sens que cette vengeance n’est pas finie parce qu’il me fusille du regard. Colère, sans doute. Fureur, aussi. Mais j’en ai rien à foutre, je le pousse et il s’étale sous mon bureau. Il gigote, un coup de pied. Ah putain, ça soulage. J’ai envie de le tuer.

C’est une petite Sophomore qui entre, une habituée parce que ses histoires de cœur n’ont strictement aucun secret pour moi. La petite, Maureen, seize ans, me salue et fait claquer ses talons hauts jusqu’à la chaise en face de mon bureau. Elle s’assoit, le visage plein de larmes mais ça ne m’atteint pas parce qu’il y a UN PETIT CONNARD SOUS MON BUREAU QUI ME PIQUE. Un autre coup de pied, tiens-toi tranquille, ferme-la. Parce qu’en plus je l’ai entendu ricaner légèrement quand le récit de cette jeune fille commence. « Monsieur, je ne sais pas quoi faire parce que Jim il m’a quittée, le problème c’est que j’ai des nausées, et je me sens toute faible et je pense que je suis enceinte parce que la capote elle a craquée et que j’ai oublié la pilule du lendemain, blablabla. » Et ton cerveau, il est passé où ? Je me prends le front, furieux mais j’ai un sursaut lorsque je sens à nouveau l’aiguille percer ma jambe. On se détend. Il veut qu’on se fasse griller ou quoi ? Je fais mine de faire tomber mon stylo et me penche pour le ramasser, et je le fusille du regard en lui parlant dans ma tête, quelque chose qui sonne comme « si tu fais ça encore une seule fois, c’est en pleine tête que tu vas le prendre le coup de pied, et crois moi c’est solide, les Creepers. » Il sourit, encore. Rah putain. Et soudain je me fige. Je tente de me redonner une contenance. ON SE CALME.

« …Vous avez fait des analyses sanguines ?

- Ben non… C’est vous qui faites les ordonnances.
- Ah. Oui. »

MERDE MERDE MERDE MERDE. Il griffe maintenant, je ne sais pas ce qui lui pend. J’ai la main qui se crispe violemment sur mon bureau, et ça ne lui échappe pas à la gamine. Elle me regarde, un peu interloquée, mais je me contente de la fixer pour éviter de regarder ce qui se passe là-dessous, il me fait mal et je ne peux presque pas me débattre parce que sinon elle le verrait.

« Et… Un test de grossesse ?
- Heu non, je n’ai pas eu le temps de m’en acheter. »


Je soupire, exaspéré. Je la regarde fixement, pendant que d’une main j’essaie de repousser la main de ce petit con qui fait tournoyer l’aiguille entre ses doigts et cherche un nouvel endroit pour me piquer. A croire qu’il s’amuse beaucoup, là-dessous, mais moi ça ne m’amuse pas du tout et je fronce les sourcils, mon visage rougit et se crispe, tout ça sous les yeux de la petite qui commence vraiment à me regarder bizarrement, les yeux rougis par les larmes. Je vais faire passer ça pour de la colère, tant pis pour la morale.

« Si vous n’avez pas… FAIT DE TEST JE NE PEUX RIEN POUR VOUS. »

J’ai parlé un peu trop fort elle sursaute, ses pleurs redoublent.
« Mais j’ai peur, je ne veux pas être enceinte parce que Jim m’a dit qu’il était pas prêt à avoir un enfant et je voudrais le récupérer mais si je suis grosse il ne voudra plus de moi et ma vie est foutue et j’ai besoin de vous pour… »

Je n’écoute plus parce qu’on vient encore de me griffer, et ça fait mal, j’en déduis que ce coup-ci ce doit être jusqu’au sang. Et elle pleure, elle pleure elle pleure et ça m’énerve. La douleur me fait perdre un peu mes moyens, la colère aussi j’ai de la peine à articuler une phrase mais je crois que pour le moment elle n’y prête pas trop attention parce qu’elle chiale vraiment très fort. Et il en profite pour ricaner légèrement, l’autre là-dessous. Je pense qu’il s’éclate, ce salopard, à me faire subir ça. Je continue, j’essaie d’éviter de faire sentir le tremblement de colère dans ma voix.

« Ecoutez… Maureen, je ne peux pas trop vous conseiller tant que vous n’avez pas fait de test. Si ce n’est de vous rappeler… putain, qu’on ne joue pas avec la contraception. »
Elle tourne son visage vers moi. NON NON PAS MAINTENANT. A cause de la colère. Salaud. SALAUD. Il faut qu’il arrête parce que sinon je vais le buter, il le fait exprès et ça l’amuse de me voir jongler comme ça sans être capable d’esquisser le moindre geste.

« Vous êtes déjà bien jeune pour avoir des relations sexuelles et je ne peux que vous conseiller de faire attention, parce que si vous vous retrouvez avec un gosse, là, vous savez seulement ce que ça implique ?! »

J’ai parlé d’une traite, et assez vite, méchamment et ses pleurs redoublent et j’ai honte, mais là il a griffé un peu trop fort. Pour cacher ça je prends ma tête entre mes mains et la penche en avant, comme si je réfléchissais alors qu’en fait je suis en train de bouillir. Oui, de bouillir. Et un troisième coup de pied, moins fort cette fois parce qu’il se calme, il doit en avoir marre. Et elle elle continue à parler. Je lui tends une boite de mouchoirs.

La discussion se termine dans le calme, calme durant lequel je lui explique que NON elle n’est pas prête à avoir un bébé et OUI elle doit aller acheter un test de grossesse au plus vite. Et puis elle me remercie, le regard tremblant, elle s’en va. Non sans avoir jeté un regard suspicieux vers le bas de mon bureau. Elle ne peut rien voir. Et heureusement. Il y a un long moment de battement et je m’écarte prestement, et je me mets à le traiter de tous les noms pendant qu’il se relève. PAS en public, PAS pendant que je consulte, tout ça pour un malheureux pull et de toute manière je ferai de ta vie un PUTAIN DE CAUCHEMAR, c’est décidé. Mais lui il se contente de sourire, son sourire de petit connard.

Il sort à son tour, et je me creuse un peu la tête. Parce que j’ai quand même bien envie de le punir pour ça, là ça a atteint des sommets dans la démesure. Je cherche, je cherche et puis je trouve. Quinze bouteilles d’alcool, glissées sous son lit bien en vue, en début de soirée quand ils sont tous en train de dîner. Le passe-partout de l’école pour entrer dans le dortoir, check. Et un rossignol pour ouvrir la porte, check. Voilà voilà. Et un petit coup de fil au directeur indiquant que j’ai vu le jeune Azraël Trophime dans un sacré état d’ébriété cet après midi et qu’il faudrait peut-être aller voir dans sa chambre s’il ne cache pas quelque chose.

Un sourire, une cigarette, dehors. On est jamais trop prudents. Parce que je vais sûrement garder les cicatrices de ces griffures un bon moment, à ce chien de la casse. Et ça ne me plait pas du tout.

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 1 Aoû 2014 - 16:03

Cette matinée commence sous les meilleurs hospices. Vraiment. Parce que je me suis mis contre la fenêtre à 9h, pour avoir une vue sur la cour et sur l'entrée de l'infirmerie, et ce que j'ai vu m'a fait crever de rire, un peu comme tout mes petits camarades de classe qui avaient le nez collé au carreau. L'arrivée de la prof nous as obligés à nous rasseoir. Je n'ai pu jeter ensuite que de brefs coups d'oeil par là bas, mais ce que j'ai vu chaque fois n'a fait qu'élargir mon sourire. Franchement, c'est une belle journée qui commence. Araignées, vers de terre, serpents, scolopendre, criquets, grenouilles, tout ce que j'ai pu attraper en 4h de temps, ils sont en train de débusquer mes jolies petites trouvailles et de les mettre dehors, et j'ai pu voir deux fois la tronche a Porter, autant dire qu'il aime pas ca. C'est fait exprès ma caille. Ca a un petit côté jubilatoire. Ca doit sentir le marais maintenant chez toi, non ? Je suis sûr que tu adores ca. Après tout tu es bien allé plonger les mains dans la boue malodorante pour m'en balancer à la figure comme un ado pré-pubère non ? Si tu aimes quand ca fouette, te voilà servi.



Je me suis réveillé en retard ce matin. La tête dans le cul. Des courbatures partout. C'est ca de faire le fifou la nuit. Et c'est raide, là maintenant, parce que nous sommes en début d'après midi, et qu'il faut courir. Je suis à la traîne, et le prof est pas très content. Il me gueule dessus, et je fais la sourde oreille, tachant quand même d'accélérer un peu le rythme histoire qu'il aille pas péter son string non plus. Je me vide la tête, comme je le fais souvent quand je cours, ca fonctionne plutôt bien. Puis je sens un poids sur ma nuque. Le poids d'un regard. Je jette un oeil à l'autre gueulard, mais c'est pas lui. Alors... Mon regard tombe sur Porter. Evidemment. Qu'est-ce qu'il fout là ce con ? Enfin si je sais ce qu'il fout là, j'ai envie de crier parce qu'il vient pour se venger, il vient pour faire sa pute, et que je dois rester sur ce putain de terrain alors que je le vois se glisser dans les vestiaires. Salaud.



Le cours de sport se termine. Alléluia. Je sais que je vais incessamment découvrir la salle blague qu'il a préparé a mon intention. J'attrape la bouteille d'eau que j'ai laissé sur le bord de la piste, à l'ombre... Et recrache tout sur mon voisin. "HE !" Rien à foutre. Je l'insulte dans toute les langues et comme l'autre veux pas se taire, une bouteille qui lui vole dans la tronche me vaut un avertissement de la part du prof. Mais je m'en fous, parce que je suis totalement furieux, parce que j'avais soif, parce que ca c'est pas correct PORTER. Pas la bouffe, pas la flotte PUTAIN. T'ES OU SALE RACLURE ? J'entre dans les vestiaires, remonté comme un petit jouet mécanique, et je ne peux pas louper la gueule de mes fringues. Il a. Bousillé. Mon haut. Je mets un haut a capuche et manches longues mité et miteux tout les jours de ma vie, et je le traîne partout avec moi. Cette horreur, c'est un peu mon doudou, je l'ai partout avec moi. Parce que je le tient de mon père, c'est un peu tout ce que j'ai emmené avec moi de New York. Et se connard a peint dessus à la peinture fluo. J'ai comme une boule dans la gorge. Une envie soudaine de pleurer et de le tuer. Je prends ma douche, et je m'habille sans rien dire. Le pull rangé dans mon sac. Je sais pas si ca s'en va. Il vaudrait mieux pour lui que ca s'en aille. Sinon je le tue. Je basarde l'autre bouteille d'eau et la bouffe que j'avais dans le sac de sport sans chercher a comprendre. Parce que je suis plus d'humeur.



J'ai bientôt finit ma journée, mais je décide de l'écourter. Bien sur, les coeurs sur mon jean font rigoler quelques uns, et un charmant camarade de classe fait une reflexion un peu trop osée, je lui fait un croche patte et il s'étale. Je fait mine de m'excuser, et lui me fixe parce qu'il sait très bien que je l'ai fait exprès. Et la vengeance ne tarde pas. Il me pousse dans les escaliers. Le grand fou. Je me rattrape comme je peux, en me disant que là quand même ca va pas s'arreter là avec ce sale con, mais le resultat recherché est atteint : mon front à tapé comme une cloche contre une marche, et il est ouvert, si c'est pas génial ca. Si si, ca l'est, j'vous explique. Direction l'infirmerie. J'ai rendez-vous avec un futur macchabé. Et cette fois ci je doute que la menace du directeur suffise à me l'enlever. Je vais le fumer. Le couper en tout petits, petits morceaux. J'écoute pas bien ce qui se dit autour de moi. On m'aide à me relever. J'entends "infirmerie" et je hoche juste la tête. Puis je me secoue un peu. "Ca va j'peux y aller tout seul merci bien". Voilà, la question de l'accompagnant étant réglé, a nous deux. Tu va me le payer.

Fallait bien que ca arrive, j'pense, que ca finisse par m'atteindre un peu trop, par me foutre vraiment en colère. C'est ca, non, une histoire qui donne envie de hurler ? M'enfin. C'est qu'un pull, je me résonne, et je cherche surtout et simplement ce que je vais lui faire pour me venger, parce que juste lui taper dessus serait salvateur, sans doute, sans aucun doute, mais pas suffisant. Non, vraiment pas. J'entre dans l'infirmerie sans frapper. Une petite seconde larmoie en face de Porter, assise dans une chaise. Elle a l'air d'avoir rien de grave et mon regard la fait déguerpir. J'entends un "M. Trophime" excédé auquel je répond par un plateau volant. Son café, sa revue et je ne sais pas trop quoi s'envolent dans la pièce. La gamine referme la porte brutalement sur nous et se tire en quatrième vitesse. Tant mieux. Parce qu'on est déjà en train de se battre. Normal. Parce que je vais lui refaire le portrait. Et je me tape qu'il ne comprenne pas pourquoi je suis aussi remonté. Ca crie, "pull" "marécages" "PEINTURE FLUO" "PUTAINS DE SERPENTS" et ca se tabasse.

Puis il me sèche avec un coup de poing un peu plus fort, qui me fait voir des jolies étoiles. Je suis venu avec le front ouvert et maintenant je dois ressembler à Stalone. Il me pousse sur une chaise, et il me soigne. Son regard est polaire, et le mien est venimeux. J'ai pas peur de toi gros con. Il me soigne, comme d'habitude. Il me touche et moi je me tasse dans ma chaise, dégage, alors il essaie de réduire ses gestes au strict minimum parce que ce contact forcé ne plait à aucun de nous deux.



Puis trois petits coups à la porte le font se figer, et me baillonner. Ses doigts puants de sale type. Je mord. Il grimace mais ne crie pas. Parce que je suis plein de bleus, que je lui ai ouvert la lèvre, et que ca va pas le faire. Si on sait qu'il a tapé sur un de ses élèves, il sera renvoyé, et moi aussi surement, pour le problème inverse. Et parce que si moi, là, présentement je m'en tape, lui non. On a le temps de rien. Il me désigne le bureau et je fais non de la tête, toujours remonté et pas enclin a me montrer coopératif. Il me fourre de force sous son bureau, et s'assoit à la va vite sur son siège. J'ai un peu la tête qui tourne. J'essaie de sortir, et il me fout un coup de pied pour faire bonne mesure. Il se racle la gorge, invite l'autre a entrer. Petits pas petits pas petits pas, elle s'assoit, je vois ces pieds. Elle est en talons. Et elle se met a déblatérer sur son petit copain blablabla, peut être enceinte blablabla. Elle se fout à chialer. Tout ce que j'aime. Je choppe une aiguille qui a du tomber du plateau que j'ai basardé tout à l'heure, et le plante Porter. Encore, et encore. Ca le fait sursauter chaque fois, et c'est très drôle. Nouveau coup de pied. J’étouffe un grognement.

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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 1 Aoû 2014 - 3:44

Je l'ai entendu vociférer comme un fou furieux, je crois que ça a illuminé ma journée. Il a hurlé après un étudiant, un "étudiant" hein. Et le pire c'est qu'il s'est fait rembarrer comme un malpropre. ça, pépère, c'est pour l'encre, pour la chaise, pour la licorne, pour toutes les punitions auxquelles tu as échappé et encore, tu n'as pas encore tout vu. J'ai l'impression de retourner en enfance durant ce combat, parce que du coin de l'oeil et la clope au bec je l'ai vu sortir de cours, le t shirt maculé de boue, et ça a fini de combler toutes mes espérances. Louée soit la pluie au mois de juillet, et attends que l'hiver revienne, ce sera encore plus rigolo. Dommage qu'on ne soit pas dans une région froide, parce que Pete m'a appris beaucoup de choses en matière de saloperie, notamment celui de mettre une grosse pierre dans une boule de neige. Simple, basique, dangereux mais tellement efficace. Efficacité redoublée si à la place de la caillasse vous mettez une jolie crotte de chien encore fraiche.


J'entre dans l'infirmerie ce matin, et déjà il y a une odeur un peu bizarre qui traine. Je ne sais pas d'où ça sort mais je sens que ça ne va pas me plaire. Je sais pas, c'est une impression un peu bizarre, parce qu'on est entré, c'est évident. L'infirmière qui m'accompagne me dit bonjour et entre avant moi parce que je fume toujours une cigarette avant d'attaquer le boulot. Et dès qu'elle passe la porte, j'entends un cri à me déchirer un tympan. La porte s'ouvre et j'entre, violemment, et je tombe sur la scène la plus mythique et la plus énervante jamais vue encore. Il y a cinq grenouilles sur mon bureau. Trois tiroirs remplis d'araignées et d'autres insectes plus dégueulasses encore. Dans ma blouse, que j'ai failli enfiler, l'infirmière a trouvé un scolophandre monstrueux. Et comble de tout, dans le placard d'urgences j'ai trouvé TROIS PUTAIN DE COULEUVRES. Je sais qui est derrière tout ça mais je ne peux pas le prouver et ça me ferait hurler parce que là on va devoir changer tout le matériel, puisqu'il n'est plus désinfecté. Salopard. Qui plus est, j'ai peur des serpents. Alors je ne m'approche pas. ça nous a pris toute la matinée à virer ces bestioles, et j'ai vu par la fenêtre d'une salle de cours un petit sourire satisfait s'éclairer, au milieu des élèves qui nous regardaient sortir toute cette faune de l'infirmerie. Il m'avait eu, mais j'étais loin de me laisser faire.

Le cours de sport. Je profite d'une demi heure sans rendez-vous pour me rendre au terrain. Voilà, maintenant on va rigoler. J'attends, patiemment que tout ce petit monde parte courir. J'entre dans le vestiaire, je reconnais son sac du premier coup d'oeil. Dans le mien, il y a de la peinture, de la peinture fluorescente. Hop, ses fringues seront baptisées aujourd'hui. Je dessine grossièrement sur son jean deux gros coeurs jaune avec un pinceau, et sur son T shirt un énorme "XOXO ♥" à la peinture fluorescente, destiné à faire croire à une étudiante en chaleur. Mais lui il comprendra tout de suite que je me fous de sa gueule. J'attrape dans son sac une barre de chocolat, dans laquelle je fourre quelques billes de bleu de méthylène. Il va pisser bleu. J'éclate de rire dans ce vestiaire, fier de ma propre connerie. Je ressors, satisfait. De loin, je le vois attraper sa bouteille d'eau, et la porter à ses lèvres. Puis recracher toute la flotte avec un "PUTAIN !" rageur. Du gros sel, ça te plait ?

Mes journées sont rythmées par ce genre d'amusements. Elles sont régies par des saloperies qu'on s'inflige, jour après jour, et j'aime autant dire que je ne manque pas d'inventivité. Il a trouvé un adversaire à sa taille, et moi j'en chie pour supporter tout ça. Parce que je sais que des photographies de moi circulent le cul sur une chaise à vociférer pour qu'un pion daigne m'en extraire, mais également ce dessin, reproduit souvent, qui se retrouve sur le panneau d'affichage, son oeuvre d'art. Bon dieu je le détèste. ça me rappelle ce jour à l'infirmerie, où je n'ai pas pu me laver les mains pendant une heure parce que je l'avais laissé tout seul avec son ami pour aller récupérer un médicament... Et qu'il en avait profité pour badigeonner tous mes savons avec du vernis à ongles, et remplacer le désinfectant liquide par du gel lubrifiant. En attendant j'avais mis un moment avant de comprendre. Et avant de me retrouver à gratter chaque savon parce qu'ils avaient eu le temps d'en badigeonner toute la réserve.

Je pensais être tranquille le lendemain mais il est revenu à la charge, il s'est pointé à l'infirmerie avec une jeune fille qui visiblement avait fait une crise d'hypoglycémie dans le gymnase. Et bien sûr j'avais oublié que mon portable trônait sur mon bureau au moment où je m'étais tourné pour lui donner du sucre et lui conseiller de manger avant d'aller en cours de sport, le regard sévère. Réunion du personnel, 20h. Le proviseur est là, lui aussi, toute l'équipe enseignante. On nous briefe pour la rentrée et je baille, parce que je m'emmerde. Sauf que mon téléphone se met à sonner. Enfin, sonner. A pousser des hurlements orgasmiques juste indécents. Une voix de gonzesse dans un film porno qui hurle des "Oh yeah" à s'en péter les cordes vocales. Et moi, comme un con je passe du blanc pâle au rouge tomate. Parce qu'il y a cinquante personnes qui me regardent essayer de me débarasser du téléphone, passer du blanc pâle au rouge tomate. Voilà, je suis fiché. Parce que j'ai beau dire "c'est pas moi... C'est lui" qui peut me croire ? Je jette un oeil au numéro qui m'a appelé. Et je raccroche, rageur. On entendrait une mouche voler.

Sauf que j'ai un sourire qui revient vite sur mon visage, parce qu'à cette heure ci le bleu de méthylène a dû faire son effet. J'espère que c'est une pissotière dont il se sert parce que j'aurais donné cher pour voir la tête de ses camarades devant une pisse de martien. On est médecin ou on ne l'est pas, chacun ses petits secrets. A ton tour de te venger. Balle au centre.


Dernière édition par Kyle Porter le Ven 1 Aoû 2014 - 16:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyVen 1 Aoû 2014 - 1:45

J'AI ENVIE DE RACONTER CETTE HISTOIRE EN MAJUSCULE. PARCE QU'ELLE ME DONNE ENVIE DE CRIER TU VOIS ? UN PEU COMME UNE MAUVAISE BLAGUE, MAIS UNE BLAGUE QUAND MÊME DANS LE SENS OU MEME SI ELLE VOUS FAIT HURLER, ELLE VOUS FAIT QUAND MEME BIEN RIGOLER MALGRE TOUT. C'EST L'HISTOIRE DU C'EST-PAS-MOI-C'EST LUI.C'EST L'HISTOIRE DE DEUX AHURIS, AZRAEL TROPHIME, ELEVE AU PROFIL AVENTAGEUX GRACE A UN DUR ENTRAINEMENT PHYSIQUE DU A SA SECTE DE SPORTIFS, ET CELLE DE KYLE PORTER, INFIRMIER PSYCHOPATHE DONT LE PLUS GRAND FANTASME EST D'ETRIPER SES ELEVES, OU PLUTOT L'HISTOIRE DE LA GUERRE EPIQUE QUI LES OPPOSA. ET LES OPPOSE TOUJOURS A CE JOUR.

Ca a commencé gentiment, C'était une farce, une farce gentillette. J'imaginais au moment ou j'ai laissé ca sur sa porte son visage se déformer en un rictus d'horreur , qu'il sente a quel point je l'adore -sentez le poids de l'ironie- ce gros con, qu'il pense que j'étais un petit con, et point barre. J'ai dessiné Porter à poil sur une licorne qui chiait un arc-en-ciel. Porter brandit un bras vers le ciel sur le dessin, et il tient une seringue géante. En couleur s'il vous plaît. J'ai pas signé, évidemment, mais je sais qu'il sait que ca vient de moi, vu que j'ai déjà tagué son infirmerie -avec mon sang, mais ca, c'est une autre histoire. Enfin, de toute façon il peut pas le prouver. J'avais laissé ce dessin à son attention, c'était sensé être entre nous, histoire qu'il sache ce que je pense de lui, en clair, mais non, c'est tombé entre les mains d'un élève, à dire vrai, d'une sympathique jeune fille, qui a embarqué le dessin et l'a fait circulé dans tout Wynwood. Forcément ca à finit par lui revenir aux oreilles et ca a été le début de la guerre.

Et... voilà. Voilà comment je me suis retrouvé de corvée poubelles du lycée, vu que Porter a aimablement proposé mon nom à l'administration qui cherchait de bienheureux volontaires-désignés-d'offices pour faire le sale boulot à sa place. Voilà comment Porter s'est retrouvé collé a son siège, glue, comment il a déambulé partout en gueulant et en cherchant quelqu'un capable de le libérer de sa chaise. C'était divertissant au possible, de le voir comme ca, plié en deux, une chaise au cul à déambuler dans la cours. J'étais en plein examen, et j'avais une vue imprenable par la fenêtre. J'ai des photos d'ailleurs, et je ne suis pas le seul. Voilà comment je me suis retrouvé en sa compagnie pour la première fois dans le bureau du directeur, parce qu'il gueulait que c'était moi, et comment ca à fini par un cesser-le-feu parce qu'il n'avait pas de preuve m'incriminant. Il y en a eu d'autres. Beaucoup d'autres. Chaque attaque entraîne une riposte, une vengeance. Quand on se retrouve face au dirlo, il me file une heure de colle. C'est tellement moindre comparé a tout ce qu'on pourrait me faire, c'est tellement moindre comme sanction que c'est un peu comme pisser en l'air. Sauf que pisser en l'air c'est plus gênant, parce que comme tout ce qui monte fini par redescendre... Vous ne voulez pas que je vous fasse un dessin. Il y a aussi les a cotés. Comment j'ai transpercé la cartouche d'encre de son stylo pendant qu'il soignait un camarade que j'avais accompagné de bon coeur ce matin par exemple. Si je fuyais l'infirmerie les premiers jours, je me porte maintenant volontaire si promptement que mes profs en sont tout surpris et je peux pièger la pièce à loisir de cette façon.

Je ne me suis pas gêné. Et apparemment, il a utilisé son stylo encre, ce grand débile. Il est 10 heures, je suis en cours avec ma prof d'espagnol, et je me fais chier. Je regarde en direction de l'infirmerie, pour espionner l'ennemi, mais je ne le vois pas. Alors je regarde dehors. Il fait un temps de merde, il pleuviote depuis ce matin. Dehors, c'est tout boueux, tout humide, ca file le frisson. Ca fait chier, alors qu'on est en juillet. M'enfin. Puis je pense à autre chose. Tout sauf l'espagnol ou Porter, pitié. Laissez moi vivre. Mais voilà, un impact, c'est dégueu, ca dégouline dans mon cou et ca me fait crier comme une gamine, et croiser son regard. Dans ces yeux y'a écrit un truc du genre "crève en enfer et sois maudit sur les quinze futures générations sac à merde" et je répondrais par un sourire purement méchant parce que son joli pull est tout crado maintenant et que je me sens fier, si j'étais pas trop occupé à le haïr là de suite. Oui, la fierté, ca tient parfois à peu de chose. Et la haine à encore moins de choses. Il s'est jeté dans un angle pour se dérober à la vue. SERIEUSEMENT. Je ne peux pas expliqué que Porter, l'infirmier respectable de l'établissement, joue a CS dans le lycée et qu'il m'a pris pour cible ca ne fait pas sérieux ni crédible, PAS UNE SEULE SECONDE. Des fois, la vérité est pire qu'un mensonge. J'opte pour le mensonge. Ou plutôt pour l'omission. Pas pour te couvrir gros con, juste pour ne pas passer pour un malade mental. "UN ETUDIANT TROP DEBILE" "Surveillez votre language ! Nianiania, et vous les attirez surement vu votre niveau d'assiduité dans mon cours". La classe se marre, se fout même franchement de ma gueule, et moi je fulmine. Puis mon téléphone me sort un peu de là dedans, parce qu'il vibre, et j'attend que l'attention se détourne de moi progressivement pour l'extirper discretos et jeter un coup d'oeil. Ca me fait sourire comme un con, et ca me fait un peu oublier comme je déteste ce gros décérébré d'infirmier. Je décide de ne pas répondre au message, plus sage si je ne veux pas me faire confisquer mon téléphone, parce que ce ne serait vraiment mais alors vraiment pas une bonne idée, et puis aussi parce que l'idée de faire mariner celui qui m'envoie ca est trop tentante. Voilà. Je pense encore à Porter -vu l'odeur de ce qu'il m'a balancé à la tronche ca se comprend- mais je suis suffisamment calme maintenant pour faire genre que je m'en fous. Je me vengerais de toute façon. Je songe sérieusement à lâcher une armada de bestioles dans son infirmerie. Genre en planquer dans chaque tiroirs. Et en mettre assez pour que ca grouille. Ca demande un certain timing, mais ce n'est pas impossible. Je ferais ca demain matin. On va certainement finir chez le dirlo une fois de plus.

On sort. Il est temps de capturer mes petites merveilles. Grenouilles dans leur mares. Elles terminent dans un filet a grosse maille, que je laisse dans l'eau, inutile de les en sortir, inutile qu'elles crèvent, quelques petits serpents que je met un temps fou à dénicher. Je les sépare pour être sûr, je sais qu'ils seront toujours vivaces demain matin. Sauterelles, araignées, tout un bestiaire, qui finit piègé dans le parc de Wynwood. C'est pas bien compliqué. Mais c'est long. Et quand je termine, le couvre-feu est passé. Et il est 22h. Autant dire que je suis dans la merde. Je m'esquive, ni vu ni connu. Je ne prends pas le temps de me changer, mon rencard devra supporter la boue que l'autre salaud m'a étalé dessus. Tant pis. Je saute le grillage, et je me met à courir comme un putain de dératé. Parce que je voulais faire ma petite crise de copain ulcéré, mais que c'est moi qui vais en prendre pour mon grade, vu que j'ai loupé le rendez-vous dit de bien une heure. Les amoureux et les amoureuses sont impitoyables. En amour on rigole pas. Pas tout le temps. Des fois, ca ressemble vraiment beaucoup à le de la haine.
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MessageSujet: C'est pas moi, c'est lui. [Aza]   C'est pas moi, c'est lui. [Aza] EmptyJeu 31 Juil 2014 - 16:26

Vendredi 1er Novembre 2013

Voilà, c'est fait. Il y a des bagages dans l'entrée, un nombre assez improbable de paquets. Beaucoup de cartons, aussi, et une femme aux cheveux rouges, accoudée contre le comptoir, silencieuse, le regard venimeux et profondément malheureux. Curieusement, elle n'a pas crié. Elle m'a dit qu'elle s'y attendait. Elle est rentrée de France, elle l'a senti immédiatement. Parce que la maison n'a pas changé, non, mais l'homme assis sur le canapé, si. Le regard sombre de quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher. Qui n'a pas répondu à un seul coup de téléphone depuis son départ. Et quand elle est rentrée, elle a su. Ses yeux se sont remplis de larmes, devant la porte d'entrée. Et moi ? Je n'ai rien dit. Ou presque. Seulement qu'il fallait que je parte. Que je n'avais pas le choix. Elle aurait pu crier, hurler, s'égosiller, mais elle est restée là, des larmes plein les yeux, enfouie dans un terrible mutisme de culpabilité, comme si c'était de sa faute à elle. Je n'ai jamais vraiment su lire dans son regard, alors je n'ai pas tellement compris. S'il y avait un besoin de me faire du mal ou de faire du mal à l'autre. Un désir de vengeance. Sûrement, la connaissant, mais elle a bien caché son jeu. Les bras croisés, elle finit par parler. Par dire qu'elle savait, parce qu'elle avait déjà compris deux semaines avant que quelque chose avait changé chez moi. Et qu'elle ne pourrait rien y faire. Qu'elle avait la poisse. Qu'elle n'avait jamais su garder personne. Et que de toute manière elle n'avait jamais vraiment compris certains de mes secrets, que j'avais refusé de lui révéler, coûte que coûte. Maintenant, elle me laisse partir. Elle m'aide même à mettre tout ce bordel dans ma voiture. Elle est silencieuse, elle ne pleure pas, mais je vois dans ses yeux qu'elle me hait. Et qu'elle me haïra encore longtemps, parce que je suis un foutu salaud. Et je m'en veux autant que ça me soulage. Parce qu'on a passé le cap. Parce que je m'attendais à ce qu'elle me frappe, qu'elle hurle, comme elle l'a toujours fait, mais non. Elle me regarde partir, son fils dans les bras, elle me regarde abandonner une vie rangée, une vie tranquille, au profit de quelque chose de beaucoup plus dingue. Je me dis que c'est un mal pour un bien, cette culpabilité. Parce que maintenant je vais pouvoir avoir la paix.

Ou pas.

Lundi 18 Novembre 2013


C'est souvent la même chose, quand on change de vie, on croit que ça va nous faire drôle, qu'on va vivre des choses beaucoup plus excitantes, mais tout ce que je vois pour l'instant c'est qu'il me reste encore quatre cartons à déballer et que j'ai mal partout. L'appartement, situé en plein coeur du centre-ville de Miami, est grand et très spacieux, un peu trop grand pour un homme seul. Un vaste salon, une cuisine ouverte, le tout éclairé par de larges fenêtres. Trois chambres, un bureau fermé à clef en permanence. Les murs sont couverts de livres, et de reproductions de tableaux de Chagall, Matisse, Monet. Table en marbre blanc, canapé en cuir noir, une télé presque toujours éteinte, accrochée au mur. La chambre de mon fils a été décorée par ses soins : murs gris cendre, des posters accrochés presque partout, un bureau, une console de jeux et un écran plat, le kit parfait pour un gamin de douze ans. La mienne est plus sobre. Elle n’est pas très grande, seulement la place pour un lit aux draps noirs et un dressing pour contenir le nombre incroyable de chaussures qu’il possède. Le papier peint est gris également, et on trouve face à mon lit une réplique du « Déjeuner des canotiers » de Renoir. Ce tableau m'apaise et curieusement je ne peux pas m’endormir sans y avoir jeté un coup d’œil. On trouve sur sa table de nuit un petit réveil et cinq ou six livres, plus une dizaine posés à même le sol. Ma chambre, malgré les livres au sol, et ordonnée et bien rangée. Le cadre contenant la photo de June est toujours posé en évidence sur la commode en face du lit. L'un des rares souvenirs que j'ai d'elle, et de son sourire flamboyant. Tout est rangé, trié, classé, et il y a quelqu'un que ça énerve, quelqu'un qui adore laisser un bordel innommable ici histoire de marquer son territoire. Je souris en déballant les derniers cartons anormalement lourds, ceux qui contiennent les livres. Au moins, j'ai eu droit à un petit coup de main pour mon déménagement.

Juin 2014

J'ai l'impression que j'ai vécu toute ma vie comme ça, c'est un peu étrange. Sur la corde raide. Comme si on allait me pousser. Mais non, ça ne fait que six mois, peut-être un peu plus. Six mois qui m'ont paru très courts, parce que le chamboulement a été assez énorme. ça me réveille la nuit quand je suis seul, dans ce grand appartement. Après une bataille acharnée contre Cassandre, j'ai le droit de voir mon fils une semaine ou deux tous les mois. L'avion le fatigue, j'essaie de convaincre mon ex-femme de venir vivre à Miami. Parce que moi je n'ai pas vraiment le choix, je dois rester ici. C'est presque vital. Mais elle elle peut venir. Je sais qu'elle le peut, et qu'elle ne le fait pas pour m'emmerder. Je songe à tout ça en écrivant mes ordonnances. Le stylo plume que je possède, je le garde toujours dans ma sacoche pour ne pas l'oublier. Sauf que là, au bout d'une ordonnance, deux, trois... Il se met à fuir. A couler comme un malade. ça dégouline sur mes mains, sur mon pull flambant neuf, sur mon pantalon et quand je le dévisse, je comprends. Quelqu'un a percé la cartouche, a bousillé l'objet pour qu'il puisse fuir au moment propice. ça me ferait presque rire si je n'avais pas autant envie de le tuer. Parce que ça je sais que c'est de lui. J'en suis persuadé.

ça a commencé gentiment, quelques petites faces par ci par là, parce que depuis le dernier épisode "infirmerie" il n'a pas trop aimé le fait que je le force à rester pour le soigner, alors il se venge. Alors je me venge, il se venge, et quand l'un de nous deux se fait choper on crache notre haine, tous les deux, face à face dans le bureau du directeur. Il chope une colle, moi un avertissement. On sort en s'engueulant, parce que ça ne nous sert jamais de leçon, et je vois toujours le proviseur poser la main sur son front, désespéré par la petite lutte qui se joue entre Azraël Trophime et moi. Mais je crois que rien ne peut nous arrêter. J'essuie mes mains, furax, parce que c'était un pull en cachemire et que maintenant il est foutu. Et que bien sûr je n'ai rien amené pour me changer, et qu'il est dix heures du matin. Je vais devoir me taper toutes mes consultations, comme ça, barbouillé d'encre. Et il va me le payer TRES CHER.

Une salle de cours au rez-de-chaussée, une fenêtre ouverte donnant sur un jeune homme aux grands yeux noirs qui regarde dehors, le nez en l'air. Il a plu la veille. C'est vraiment trop tentant. Les autres, concentrés par le cours ne voient rien, le professeur récite son speech avec un calme tellement ennuyeux que je le comprends. Mais pas question de le laisser se foutre de moi comme ça. Il est habillé avec un t-shirt blanc en plus, mouahahah. Je suis obligé de le faire, parce que tu vois, je ne veux pas être le seul blaireau à me retrouver taché comme un con. Ma main attrape une bonne dose de boue dehors, dans le parc, fourre le tout dans un torchon, et je repars en direction de la cour, en sifflotant innocemment. Je vérifie que personne d'autre que lui ne regarde à la fenêtre, et il me voit. Il sourit manifestement très content de voir que j'ai de l'encre partout. Mais il sourit nettement moins quand ma main tire une bonne poignée de boue du torchon et PLAF ! l'éclate sur sa tête de sale gosse. Le temps que la boue l'atteigne je me suis déjà jeté dans l'angle mort de la fenêtre pour que personne ne me voie. Je l'entends vociférer, furieux. Douce mélodie à mes oreilles. Et le prof qui gueule. Je ris comme un idiot, moi, derrière ma fenêtre.



C'est comme ça depuis quelques mois. Une lutte intestine. Je ne sais pas combien de fringues j'ai dû balancer à la poubelle à cause de ses conneries. Ainsi que beaucoup d'objets, évidemment, et mon intégrité, parce qu'il n'hésite pas à se foutre de moi en public. Mais je trouve ça drôle. Drôle parce que je le déteste et que j'aime le lui monter devant tout le monde. En lui jetant une boue puante à la figure pendant qu'il est en cours, par exemple. Je referme ma main sur mon col-roulé, calmement. Il doit être furieux, absolument furieux. Et je le comprends. Parce que la classe est morte de rire.

Je sais que dans les jours/heures qui vont suivre, il ne me loupera pas. Et je l'attends de pied ferme.
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