"Martine à la ferme" Remix. (Alyssia & Carrybou ♥︎)

Putain, c’est pas vrai, où est-ce que j’ai foutu ce fichu portable ? Je l’avais posé là y a deux minutes, pourtant. Comment est-ce possible que ma mémoire me fasse autant défaut ? J’ai que quatorze ans, et pourtant j’arrive pas à me souvenir où j’ai posé mon iPhone flambant neuf. « Syphilis ! » S’égosilla alors un type derrière ma porte. Oh non, lui il va pas commencer à venir m’emmerder maintenant. Je me dirige vers la porte, oreiller en main, et ouvre cette dernière. « Quoi ? » « Tu tires une de ces gueules. » Ce à quoi je lui répondis en lui envoyant l’oreiller en pleine tête, claquant par la même occasion la porte de ma chambre. Ces confrères étaient bien trop bruyants, et étaient incapable de me fiche la paix cinq minutes, déjà qu’ils prenaient trop de plaisir à me tirer du lit tôt avec seaux d’eau et toutes autres tortures dans le genre, si en plus ils ne me laissent pas tranquille la journée, je sentais que j’allais devenir folle.

Alors accroupie par terre, en train de regarder s’il ne serait pas tombé sous le lit, j’entends la porte se rouvrir. « C’est pas vrai, y a pas moyen d’être tranquille dans cette confrérie ou quoi ? » Hurlais-je, alors que je venais de me cogner la tête contre le pied de mon lit en me redressant. « C’est pour ton futur défi, pas besoin de t’exciter comme ça. » M’expliqua-t-il. « Oh putain. C’est quoi ce coup ci ? Aller m’exhiber à poil pour vendre des bonnets comme ma sœur ? » « Non, avec toi ce serait pas intéressant, t’as rien à montrer. » Je lui tirais la langue. « Non, faut que t’ailles voler un animal de la ferme et l’offrir en cadeau aux Khi. » « Quoi ? Tu n’es pas sérieux ? » Et il me laissa là, me renvoyant mon oreiller en pleine face. Journée de merde ! Enfin fallait dire qu’une fois qu’on commençait une journée comme ça, on ne pouvait pas s’en dépêtrer.

L’oreiller, je le ramasse et le jette sur le lit, avant de m’affaler à mon tour dessus. J’avais plus envie de rien, et pourtant je savais qu’il allait falloir de nouveau que je me la joue mission impossible pour ramener un animal de la basse cour chez les intellos. J’ignorais qui avait mis au point ces défis, mais il avait du fumer, et pas que du tabac.

La matinée, je m’étais donc rendormie, après m’être affalée sur le lit, et c’est la sonnerie de mon téléphone perdu qui me tira de mon sommeil. Et c’est seulement grâce à ça que je pus le retrouver, caché sous le drap. Ce vicieux s’était planqué. Le message venait de Soraya, qui était accompagnée de Carry, une Alpha Psi en immersion, et qui avait reçu le même défi, devant se plier à nos coutumes, du coup une occasion pour moi de ne pas avoir à le faire seul. Ca égayait déjà un peu plus ma journée, mais je ne savais pas à quoi ressemblait Carry, ni comment elle était, et ça ce serait la grosse surprise, parce que soit ça passe, soit ça casse. Et j’étais pas du genre à jouer l’hypocrite, je me la jouais franco.

***

Fin de journée, fin de soirée même, je devais aller me préparer pour attendre les filles qui passaient me récupérer. J’avais globalement passé une journée calme à presque rien foutre, si ce n’est aller me défouler un peu à la salle de sport, et deux trois trucs pour pas qu’un RK me chope au détour d’un couloir pour me forcer à faire des pompes, puis j’avais pris une bonne douche, me laissant plus que le temps d’attendre Soraya et sa très chère Carry. Je pianotais sur mon téléphone, tout en feuilletant un magazine de mode, jusqu’à ce qu’on toque à ma porte. « Prends une veste ou un pull. » C’était ma sœur. J’avais pas bien entendu le début de sa phrase, mais elle s’était éclipsée aussi vite qu’elle était venue. Avenante, néanmoins, j’appréciais son geste, et attrapais un gilet avant de sortir de ma chambre. Je découvrais alors l’Alpha Psi, une grande brune, plutôt jolie. Soraya prit la peine de nous présenter, ce à quoi je répondis un « enchantée » plutôt enjoué, jusqu’à voir que ça avait l’air de faire ni chaud ni froid à Carry, merveilleux ça commençait bien. Je lui fis un sourire hypocrite, et nous voilà en route pour la ferme.

Le trajet se passe dans le silence, personne n’ose parler, et valait mieux pas que ça arrive, puisque vu l’enthousiasme que dégageait l’autre ça risquait de mal se finir, il valait donc mieux qu’on se tienne à carreaux, ça éviterait bien des dégâts, du coup je chantonnais dans mon coin, accoudée à la fenêtre à jouer avec la buée que je faisais sur le carreau, dessinant des petits cœurs dessus, pour effacer et recommencer la seconde d’après. Je dus me résoudre à arrêter mon exercice pratique d’art quand nous arrivions sur place, et que nous devions, à nouveau escalader une paroi pour franchir la porte fermée. Décidément, j’allais devenir une pro en matière d’infractions, j’allais pouvoir me permettre bien des choses après tous ces défis, et c’était peut-être ça au final la vraie nature des RKs, s’entrainer pour être de vrais délinquants. On nous demande de voler, nous exhiber, et tas d’autres choses complètement folles, alors cette théorie ne l’est pas tant que ça si ? « Bon, ben Carry j’espère que tu sais escalader. A la limite, Alyssia j’pourrais encore lui faire la courte échelle pour une partie du mur, mais toi… ça risque d’être un peu plus… compliqué.. » Je ris bêtement, et tiens dans tes dents l’AP. Je souris, malicieuse, et commence mon ascension sur le mur, prenant bien soin de choisir mes prises tout en me souvenant de ce que Soraya m’avait appris la dernière fois. Il fallait que je montre à l’autre qu’une gamine de quatorze ans avait plus de cran qu’elle. Une fois en haut du mur, je la vois galérer, et je me marre. Je suis de nature moqueuse, il va falloir qu’elle s’y fasse, néanmoins je ne préfère rien dire pour le moment, et me retient de la charrier, j’aurais bien l’occasion dans la soirée de m’y atteler.

Une fois toutes les trois de l’autre côté, il ne nous reste plus qu’à trouver les animaux, mais aussi un moyen de ressortir par la suite, sachant qu’avec un bestiau sous le bras ça allait être plus difficile pour faire le chemin en sens inverse. Je regarde la barrière, si j’avais la force j’aurais bien proposé de la défoncer, puis quitte à ce qu’on le fasse, on avait des taureaux à proximité non ? Quoique non, j’aurais trop peur que l’un d’eux se jette sur moi. Puis je me mets à réfléchir, et finalement réalise, cette barrière devait bien s’ouvrir d’une façon ou d’une autre, et vu que nous étions à l’intérieur nous aurions l’accès, mécanique sans doute. Je lançais à ma sœur. « Doit bien avoir un bouton quelque part, vu qu’on est à l’intérieur, le mec pour ouvrir il doit pas trop se faire chier. » Dis-je haussant les épaules, pour ensuite suivre l’AP bien décidée à vite en finir. Je tentais de la suivre tant bien que mal dans ce dédalle de chemins, tout en devant supporter le bruit des animaux sans doute alertés par notre présence. « Je propose de prendre une ou deux poules, et puis .. Un coq pour qu'elles ne s'ennuient pas ... Si on trouve un bébé cochon, ça pourrait le faire, ce n'est pas énorme alors .... Et sinon ... Des lapins, mais je n'ai pas trop envie de courir partout et d'alerter le fermier si ... Si seulement il y en a un. » « Le défi c’est ramener UN animal, tu sais pas compter ou quoi ? » Lui lançais-je. « En tout cas, tu peux toujours rêver pour que je me débatte avec une poule, si toi c’est ton kiff vas-y, mais moi je me contenterais volontiers d’un lapin, ça fait pas de bruit, et ça pue pas comme les cochons. » Dis-je. Cette fille m’avait pas l’air fut-fut du tout. Elle s’imaginait sans doute qu’une poule c’était l’animal le plus docile du monde, mais moi ces bestioles me faisaient peur. Elles caquetaient, et pouvaient bien piquer avec leurs becs, puis ça faisait un bruit monstre. Bref, je n’étais pas tentée, au final elle propose qu’on se sépare, et je ne suis pas contre cette idée, j’allais pouvoir réfléchir et agir en silence. « Ca me va. » Répondis-je calmement avant de me diriger à gauche. « Hé, la Mexicaine; je te préviens, je ne m'éternise pas hein. Je chope deux conneries et dans quinze minutes tout au plus, je te rejoins. Ne traîne pas, et trouve nous un moyen de sortir de là. J'ne veux pas finir empaler sur une fourche et brûler vive pour peu que le proprio soit un psychopathe ! » « Si j’étais toi j’aurais pas dis ça. » Dis-je en chantonnement, sourire sadique aux lèvres, et m’éclipse. C’était clair, c’était elle qui allait finir empalée et je voulais être la première à assister au spectacle.

De mon côté, je tentais de m’y repérer dans le noir, et finis par sortir mon téléphone, permettant de m’éclairer un minimum. J’étais dégoutée de ce que je voyais, j’avais clairement du atterrir dans la porcherie, et je tentais de me sortir de là au plus vite, je ne voulais pas d’un cochon. En courant, je trébuchais et me ramassais dans une botte de foin qui trainait par là. « Putain c’est pas vrai, mais quelle gauche. » M’écriais-je, avant de me trouver nez à nez avec un tout petit lapin nain trop mignon, qui me regardait comme si j’étais un OVNI. En même temps, je me la jouais commando, ça ne devait pas lui arriver souvent. « Oh t’es trop mignon toi. » Je l’attrapais, et il se laissait faire. Parole, si jamais les KO ne le relâchent pas, je le garde dans ma chambre, il est vraiment trop trognon. Fière de ma prise, je reviens en sautillant vers l’endroit où j’avais quitté Carry, je la vois qui galère, et retrouve pas Soso. « Alors on est devenu aveugle ? » Lui lançais-je guillerette, avant de l’entrainer avec moi sur ce que je pensais être la sortie, et m’approcha de Soraya qui n’avait pas bougé d’un millimètre, mais avait fini par trouver de quoi lever la barrière. « Regarde Soraya, il est trop mignon pas vrai ? » Lui demandais-je grand sourire aux lèvres. « Au fait t’as pris quoi toi finalement ? T'as réussi à avoir le nombre exact ? Ou tu as eu besoin de ta calculatrice ? » Demandais-je à Carry qui tenait un sac. « Bon du coup j’imagine qu’on peut y aller. Je n’ai pas envie de moisir ici. »

*

Il me semble bien que c'est le grand jour. Enfin ... Je crois que c'est comme ça que le considèrent ces abrutis de sportifs. Il me semble que le moment des défis et toujours quelque chose d'important et de sérieux pour eux. Pour moi qui ne suis et ne serais Rho Kappa que pour une semaine, autant le dire, je m'en balance pas mal de cette connerie, mais bon. C'est pour la mission. C'est pour sauver et protéger le secret de Vicky, alors bon. Je suis bien obligé quoi. Ça fait deux jours que je squatte la Portoricaine et ses collègues et franchement, sans exagérer ça se passe plutôt sans accrocs pour l'instant. Heureusement d'ailleurs parce que ça n'a pas l'air de quelqu'un de forcément très sympathique et vu mon caractère, vaut mieux éviter les dégâts. Je n'ai pas encore vu celui que je crois connaitre, mais bon tant pis. En revanche, celui qu'il ne faut pas trop que j'approche, est plutôt mignon, je dois le reconnaître. M'enfin. On a dit pas d'embrouille donc, faut éviter de trop coller. D'ailleurs, je ne lui ai pas parlé plus que ça. À peine, le premier soir autour de la pizza, mais je ne me suis pas éternisé. Le lendemain, on a fait de la plongée. C'était cool, ou sans plus. J'en avais jamais fait. Mais ce n'est pas pour ça que je devais m'en esclaffer. On a vu des poissons, des étoiles de mer, des coquillages. Youpi, quoi ! Pas de quoi s'en rappeler toute sa vie. Je dois avouer que le rythme est plutôt rapide. Soraya n'a pas l'air du genre flemmard. Ça change de moi, honnêtement. J'ai l'impression d'être toujours en train de courir avec elle, m'enfin. C'est surement comme ça avec n'importe quel attardé de cette confrérie.

C'était l'heure. L'heure de rejoindre la petite Alyssia. Sa sœur apparemment. Pour mon défi. Et le siens. J'ai la chance d'avoir à voler des animaux dans une ferme. Plus con, tu meurs, il ne faut pas croire. Le bâtiment de la confrérie beh ... C'est grand et normal. "Voilà alors ici t'as la salle commune. Pendant ta semaine, t'y viens quand tu veux, t'y trouveras toujours des sportifs. Chez nous, il y a un système de baptême, c'est-à-dire que toi, les baptisés vont te traiter comme une de leur pucelle, c'est-à-dire très mal. Tu ne peux pas les fixer, tu ne peux pas leur parler comme tu veux, tu dois faire ce qu'ils te disent, etc. Normalement, c'est comme ça que je devrais me comporter avec toi aussi, mais je ne suis pas spécialement pour cette tactique. Je n'en vois pas l'intérêt, personnellement ça ne m'a rien appris, mais si un des autres baptisés te fait une remarque, tu dois en tenir compte si tu ne veux pas avoir des emmerdes. Quand on te donne un défi à faire, dehors il y a des espèces de hangars où se trouvent les accessoires pour le faire. Celui que t'as à faire t'as besoin de rien, donc on n'ira pas. Là t'as une salle de sport, elle est hyper bien équipée, donc si jamais t'as envie de faire du sport pendant que t'es RK, tu peux venir ici. Voilà, t'as fait un peu le tour, rien de très majestueux en soi. Bon viens, on va chercher la petite teigne en haut ."

La visite est assez rapide. Et assez inintéressante surtout que dans quelques jours, je ne mettrais plus les pieds ici, à moins que je vienne faire un coup à Trey ... Le même que celui qu'il m'a fait. Avec la baise en plus, peut être. Elle me parle de lui d'ailleurs. Et d'un certain Emeric, que je ne connais pas. Du tout. Et ce qu'elle me dit, ne me donne pas, envie de le connaitre. Puis on va chercher la gamine, qui nous rejoint dans le couloir. Présentation. Okay. Et sinon, comment leur dire que je m'en fou ? Non, je ne leur dis pas. Il est 22 heures, j'évite. Je fais mon défi et je vais boire un coup. Ça me manque de ne pas boire.
Je n'ai pas eu l'occasion depuis l'avant-veille. Ce n'est pas trop long, mais je commence à en avoir besoin. Et ça se ressent, ça se voit sur mon corps. Mes mains tremblent quelques fois. Mais j'essaie de le cacher. Du mieux que je peux. Soit, très mal.

Je ne m'attendais pas à ce que nous allions si loin. J'ai l'impression durant tout le trajet qu'on s'en va à perpète les olivettes mais ne pose aucune question. J'ai qu'une envie, finir et rentrer en vitesse. Voler des animaux, non mais franchement ... C'est en silence que nous nous rendons à la ferme. Une fois sur place, je me retrouve face à un mur, que je dois ... Escalader ? Sur le coup, je ne suis pas certaine d'avoir très, bien entendu, mais en écoutant la suite de la phrase, je comprends que c'est exactement ça. Je vais devoir passer au-dessus de ce mur ? Bon, non pas que je sois une de ces pimbêches qui ne souhaitent pas se casser un ongle, mais je me connais. Dans le genre pas doué, je suis costaude. A tous les coups, je vais louper une prise, et me casser la gueule. C'est presque sur, à cent pour cent. Mais est-ce que j'ai le choix ? En plus, pas pratique avec mes mains fragiles d'alcoolique en manque. Oh et puis au mieux, je m'en sortirais avec une croûte, au pire avec une jambe cassé. Courage ma vieille. Première prise. Okay, jusque là, ça va. Seconde. Heureusement que Soraya m'a guidé. Troisième. Je me sens instable. Quatrième. Ouf, j'y suis presque.

Une fois de l'autre côté du mur, je me dépoussière le jog et mon débardeur et m'inquiète de la suite des événements. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans une propriété privée. Que nous devons voler des animaux et qu'en plus, on n'a pas encore d'autre choix que de passer par le mur pour nous tirer.
Tiens, bizarre. À l'instant où je pense ça, la Portoricaine déclare : "vous avez des techniques pour ouvrir la barrière ? Les cartes de banques, ça ne fonctionnera pas." Personnellement, je bouge la tête en signe de négation, mais ne me prononce pas. On n'est pas dans un film, alors elle a raison les cartes de banques, ça ne marche pas. Comme je ne suis pas un agent spécial ou autre, je préfère me taire au lieu de débiter une idiotie. C'est une meilleure idée. Pourtant, j'espère que la frangine de Soraya ait une idée. En tous les cas, si elle en a une, elle n'a pas le temps de nous la proposer puisque la brunette enchaîne : "bon ben allez-y, n'oubliez pas que je n'ai qu'une voiture, pas un camion donc laisser tomber les chevaux, les vaches et les cochons, ça serait vraiment sympa sinon vous passer la nuit à briquer ma voiture "

J'arrive pas à savoir si c'est moi, ou pas, mais j'ai l'impression qu'elle nous prend pour des imbéciles. Comme si elle avait besoin de nous le dire pour qu'on exclût l'envie de prendre des vaches. Connasse. Je soupire. Je sens que ça va être long. Moi, qui ne voulait pas que ça s'éternise, je suis déçue. Lentement, je me retourne vers Alyssia.

"Je propose de prendre une ou deux poules, et puis .. Un coq pour qu'elles ne s'ennuient pas ... Si on trouve un bébé cochon, ça pourrait le faire, ce n'est pas énorme alors .... Et sinon ... Des lapins, mais je n'ai pas trop envie de courir partout et d'alerter le fermier si ... Si seulement il y en a un."

J'observe le terrain. Une maison principale, deux, trois hangars et ce qui ressemble à un entrepôt.

"On a de la chance. Les bâtiments sont assez espacés donc si on se comporte tranquillement, on peut passer discrétos sans trop affoler les bêtes. On se partage les deux étables-là, je prends celle de droite et toi celle de gauche, ça te va ? Bon, beh alors, on y va."

Pour être honnête je ne lui ai pas vraiment laissé le choix. Déjà, je m'avance vers les bâtiments avant de me retourner brusquement. Une question me trotte dans la tête.

"Hé, la Mexicaine; je te préviens, je ne m'éternise pas hein. Je chope deux conneries et dans quinze minutes tout au plus, je te rejoins. Ne traîne pas, et trouve nous un moyen de sortir de là. J'ne veux pas finir empaler sur une fourche et brûler vive pour peu que le proprio soit un psychopathe !"

C'est sombre. Et ça put. Ça sent la merde, et je suis persuadée qu'au moindre pas, je vais mettre le pied dans une bouse ou je ne sais quoi d'autre d'encore plus dégueulasse. Je ne vois rien. J'entends seulement. J'espère que rien ne va me sauter dessus et pour m'en assurer, je préfère sortir mon téléphone pour m'éclairer. J'allume. Okay ... Des petites cages. Des animaux qui dorment. Des lapins, peut-être. Je m'approche. Ouais, des lapins. Ils sont trop mignons. Si j'en prends un tout de suite, je risque de devoir lui courir après s'il s'échappe et franchement, même en basket, ça ne me donne pas envie.
J'y reviendrai surement plus tard, en dernier. Je fais un petit tour dans le grand truc puant. Et je me dis que je ne peux pas prendre les animaux à la main comme ça ... Un sac. Il me faut un sac. Et comme si le bon dieu était de mon côté, une besace de paille bien grosse se trouve dans un angle. Je m'approche. Je la vide. Si je fou le lapin à l'intérieur je serai tranquille. Ce que je fais.
Il me faut sept minutes pour y parvenir. Il gigote. Il a peur. J'hésite entre le laisser vivant ou lui tordre le coup pour qu'il se calme. C'est tentant, j'avoue, mais finalement, il s'apaise tout seul et arrête d'essayer de s'échapper. Heureusement pour lui, j'ai envie de dire.

Je me dirige vers la sortie. Je fourre dans le sac une poule et poussin qui je pense, va avec et sors. Je regarde si je vois Alyssia. Rien. Peut-être n'a-t-elle pas encore fini. Je cherche Soraya. Il fait trop sombre pour y voir quoi que ce soit. Bon, beh, j'attends un peu, et je trouverai bien de quoi me guider.

Résumé:

Depuis deux jours maintenant, je devais m’occuper d’une Alpha psi, c’était déjà pas une bonne nouvelle, mais c’était rien comparé au fait que Mike devait s’occuper lui aussi d’une Eta Iota. Heureusement, il ne s’agissait – que – de Jennifer, jeune fille avec qui je m’entendais. En tout cas, elle avait beaucoup plus de matière grise que son débile de copain et heureusement qu’on ne tombait ni moi, ni Mike sur Sasha. Vivre une semaine avec Godzilla, j’aurais très certainement passé ma semaine ailleurs. Chez ma mère, par exemple ou bien même chez les Rho Kappa. Ce matin j’avais été en cours avec Carry et en rentrant, on s’était posée toute les deux dans notre coin. J’avais pris de l’avance sur mes devoirs à faire et puis lui avais proposé une séance d’escalade, ou du moins de l’initiation. Une fois rentrée, j’étais restée tranquille le reste de temps. C’était rare les jours où, même après une séance de sport je sois calme et posée, mais finalement, je m’étais installée par terre dans le salon, casque sur les oreilles à faire des réussites ou encore m’entrainer pour le poker. Je faisais aussi travailler ma mémoire pour le blackjack et enfin lorsque je me décidai de sortir de ma bulle, Carry vaquait à ses occupations, Jennifer aussi apparemment et Mike passait son temps devant la télé. Mes yeux fixèrent plusieurs secondes l’heure sur mon iphone et lorsque mon moment d’absence s’envola, mon regard se posait sur Mike et enfin, je rangeai mon jeu de carte et mon casque avant d’aller près de Carry

« On y va ? Sinon Alyssia risque de me harceler »

Je me dirigeai vers ma garde robe pour y prendre une veste en cuir puis enfilai mes chaussures, prête, j’attendis que Carry le soit aussi et pris mes clés de voiture, annonçant notre départ… ou essayant de contourner la vérité

« On va…faire un tour…avec Alyssia »
« A 22h la mioche dort, non ? »
« Exceptionnellement non… On doit aller dans une ferme »

Cette réponse laisserait surement le Sigma Mu perplexe, bien qu’il devrait très certainement se douter qu’il s’agissait d’un défi RK. Je descendis de l’immeuble en compagnie de Carry jusqu’à ma voiture. Une fois dedans, j’attendis que l’alpha psi s’installe elle aussi puis pris la direction du bâtiment de la confrérie. Il était temps de présenter ce dit bâtiment à la jeune rho kappienne d’une semaine.

« Voilà alors ici t’as la salle commune. Pendant ta semaine, t’y viens quand tu veux, t’y trouveras toujours des sportifs. Chez nous il y a un système de baptême, c’est à dire que toi, les baptisés vont te traiter comme une de leur pucelle, c’est à dire très mal. Tu ne peux pas les fixer, tu ne peux pas leur parler comme tu veux, tu dois faire ce qu’ils te disent etc. Normalement, c’est comme ça que je devrais me comporter avec toi aussi, mais je ne suis pas spécialement pour cette tactique. J’en vois pas l’intérêt, personnellement ça ne m’a rien appris, mais si un des autres baptisés te fait une remarque, tu dois en tenir compte si tu ne veux pas avoir des emmerdes »

Je lui montrais d’autres endroits où elle pouvait encore venir, bien que je doute qu’elle ait vraiment envie de venir s’enterrer chez les Rho Kappa.

« Quand on te donne un défi à faire, dehors il y a des espèces de hangars où se trouvent les accessoires pour le faire. Celui que t’as à faire t’as besoin de rien, donc on n’ira pas »

J’avançai vers une porte et l’ouvris :

« Là t’as une salle de sport, elle est hyper bien équipée, donc si jamais t’as envie de faire du sport pendant que t’es RK, tu peux venir ici. Voilà, t’as fait un peu le tour, rien de très majestueux en soi » je haussai les épaules « bon viens, on va chercher la petite teigne en haut »

Je pris les escaliers, regardant un peu partout après Jack quand on croisait un rho Kappa :

« Kent n’est pas là ? » lui demandais-je « Non, il est pas encore rentré, surement dehors j’sais pas »

J’acquiesçai d’un signe de tête et continuai mon chemin jusque la chambre d’Alyssia

« Comme tu vois ici ce sont les chambres, les douches. Si t’as un problème, la chambre du chef c’est la première là…mais il est jamais là. Il est toujours en Alabama donc il faut voir avec Trey…mais il n’est pas là non plus, il est chez les EI. Donc en fait, si t’as un problème tu te coltines Kürschner, mais dans ce cas je te conseille de faire en sorte de ne pas en avoir »

Enfin, on arrivait devant la porte de la chambre d’Alyssia. Je frappai et entrai dans la chambre de la jeune sportive et lui demandai :

« Allez cocotte, t’es prête ? Prends une veste ou un pull »

J’attendis la jeune fille dans le couloir et lorsqu’elle fut prête, fis les présentations :

« Alyssia, ma sœur et Carry c’est une Alpha Psi qui est en immersion chez les Rho Kappa. Tu sais, comme le Sigma Mu qu’a Sieg et elle doit faire le même défi que toi donc moi ça m’évite de le faire deux fois si vous le faites ensemble » terminai-je à l’aide d’un sourire satisfait, me dirigeant vers les escaliers pour redescendre. J’aurais certes pu l’appeler par le surnom que lui avait donné son mentor, comme le faisaient les autres baptisés, mais non seulement je trouvais ça insultant, mais en plus rien qu’à l’idée de me mettre au même rang qu’Emeric, je préférais encore me faire virer de la confrérie. Je me contentais donc de son prénom.

Une fois en bas, on ressortait pour retourner jusqu’à ma voiture et dès que les deux autres jeunes filles furent installées, je pris la direction de la première ferme que je vis, là où on pourrait trouver de quoi « voler » des animaux. Je garai ma voiture un peu plus loin et remarquai qu’il fallait – encore – escalader un mur. Je ne m’inquiétais pas vraiment pour Alyssia, lui ayant déjà montré quelques techniques à sa mission précédente, mais un peu plus pour l’alpha psi

« Bon, ben Carry j’espère que tu sais escalader. A la limite, Alyssia j’pourrais encore lui faire la courte échelle pour une partie du mur, mais toi… ça risque d’être un peu plus… compliqué.. »

Je guidais l’alpha psi dans les prises qu’elle pouvait avoir pour grimper le mur, veillant également à ce qu’Alyssia arrive elle aussi de l’autre côté sans problème et enfin, grimpai à mon tour. A l’intérieur, il allait falloir trouver des bêtes, dans un premier temps, mais aussi, pouvoir sortir de là par la barrière

« Vous avez des techniques pour ouvrir la barrière ? Les cartes de banques ça fonctionnera pas. » marquant une pause je leur dis « bon ben allez-y, n’oubliez pas que je n’ai qu’une voiture, pas un camion donc laisser tomber les chevaux, les vaches et les cochons, ça serait vraiment sympa sinon vous passer la nuit à briquer ma voiture »

J’attendis ensuite que les deux jeunes filles reviennent, cherchant un moyen d’ouvrir la barrière ou un autre endroit pour sortir. Finalement, je trouvai sur le côté des fils barbelés entre lesquels on pouvait se faufiler.