Wynwood University
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 The Art that Binds Us- Shin ♥

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyLun 15 Déc 2014 - 18:19



The Art That Binds Us ♥
 


Solon a dit « Si c’est un destin inévitable, pourquoi vouloir l’éviter ? » Il est vrai que parler destin dans notre situation peut paraître totalement exagéré. Et puis c’est quoi le destin ? Qui le sait vraiment ? Le dictionnaire nous en donne quatre définitions, dont la plus pertinente reste comme quoi c’est une puissance que nous ne maitrisons pas, et règle notre vie, donnant naissance aux fatalités. Mais pouvons-nous vraiment considérer cela comme vrai ? Cela paraît surréaliste, et un peu magique. Comment une puissance peut-elle connaître tous nos faits et gestes ? Et comment pourrait-ce exister ? Tant de questions, et pourtant je suis face à une situation, un concours de circonstances qui me fait douter. Ne me dites pas que cette simple rencontre est le fruit d’un malheureux hasard, j’aurais du mal à vous croire vu la tournure des évènements. Et puis vu le contexte, dur d’imaginer ça autrement. Combien de chances avais-je de la retrouver ? C’était quasi-nul et pourtant.
Et pourtant…
Actuellement, c’est plus une discussion de bons amis, et non d’inconnus. Nous venions de nous rencontrer, mais dur d’affirmer avec exactitude que nous étions de parfaits étrangers. Le courant était passé dès le premier regard. Dès le premier contact, dès les premières phrases. Sans doute la raison pour laquelle j’avais l’impression de la connaître depuis toujours, la raison pour laquelle je me disais de façon irraisonnée que je pouvais lui faire confiance, comme ça, rien qu’en la rencontrant ce jour-ci. C’est fou, et à y réfléchir on ne voit ce genre de scènes insolites que dans les Disney. Qui d’autre confierait ses ressentis, ses craintes, et sa confiance le premier jour ? Pas grand monde, notre société est tellement hostile que la méfiance a pris le dessus, et personne n’ose croire autrui. Trop de coups dans le dos, trop de trahisons… Plus n’est comme avant, et pourtant en l’espace d’une rencontre j’avais retrouvé toute cette sérénité, tout ce dont le monde manquait cruellement : de paix et de quiétude. C’était pourtant deux valeurs qui ne devraient pas être oubliés. Il existe dans la littérature un « monde parallèle » qui traite d’un peuple qui ne vit que d’amour et d’eau fraiche, à qui aucune mauvaise aventure, n’arrive, ce genre de peuple utopique qui fait rêver. Le bonheur à l’état pur, une bonne entente constante, pas de problèmes de toutes sortes, juste la simplicité. Et c’était un peu ce que je ressentais, inconsciemment, et que je recherchais, bien que dehors ce soit un autre monde, bien différent, bien moins rigolo, où le respect n’existe plus.

Il y a cependant un domaine, un milieu, qui permet de retrouver tout cela. Quelque chose de simple, rien d’élaboré, à la portée de tous, et qui permet d’apporter de la joie, s’évader du quotidien. De petites choses toutes simples qui apportent beaucoup plus qu’un statut dans la société, bien plus que de se dire qu’on est le plus riche. On a tous le même destin funeste, et pourtant on se borne tous à vouloir gâcher ce seul véritable cadeau dont on a hérité : la vie. On prend trop au sérieux certaines choses qui n’auraient pas lieu d’être, on cause des problèmes qui n’ont aucun sens, on déclenche des guerres par cupidité… Pourtant, il y a bien une chose qui réunit, une chose qui est intemporelle : l’art. Ce qui nous réunissait Maira et moi à l’heure actuelle, ainsi que beaucoup de gens. L’art réunit, peu importe qui vous êtes. Petits, grands, américains, français… Que vous soyez en guerre ou non. L’art n’a pas de frontières, il s’exporte, et tout le monde peut le comprendre. C’est universel. Je me répète peut-être mais je pense qu’il ne faut pas oublier que l’homme est fait pour vivre et avancer, mais pas seul. Si nous brisons cette seule convention qui fait de nous une nation, il n’y a plus lieu d’exister. L’art est la paix, la liberté. Etre artiste c’est être libre. Et je défendais ce titre.

Notre conversation entre autre se résumait à ces deux choses : l’art, et la société qui nous entourait. Deux sujets à l’exacte opposé, mais possédant tous deux des points communs. Je ne les négligeais cependant pas, laissant place à mes propres pensées, mes propres avis sur la question, et elle me suivait, sans se poser de questions. Nous avions certes parlé de la beauté de son dessin, mais aussi sur le fait que trop peu de gens dans ce monde ignoraient la réelle signification d’un dessin, et s’intéressaient davantage à leur propre personne.

« - Et bien c’est là qu’est tout le problème : c’est devenu compliqué de réellement s’intéresser aux autres. Ou alors, pour les critiquer, les rabaisser. J’avoue, c’est moche. »

Et si j’avais bien horreur d’une chose dans ce bas monde c’est les critiques, les humiliations et tout le tintouin. Vous en aurez eu un aperçu lors de ma rencontre avec ce très cher Samuel Steevenson, cet espèce d’énergumène prétentieux qui risque fort de ne plus avoir de tête le jour où je venais à le croiser à nouveau. Et ce même si ça devait être dans les couloirs à Wynwood.

« - Malheureusement oui, si tu venais à changer qui tu étais, ça aurait forcément un impact sur tes dessins. On met toujours un peu de soi dans ses créations, et ça disparaitrait totalement, ce qui serait fort dommage. En tout cas, reste comme tu es. »

C’était ce à quoi je lui répondis. Nous parlions entre autre du fait que changer pour les autres n’était pas la meilleure solution à adopter. Et je ne changerais sans doute jamais d’avis à ce sujet. Toute ma vie je me suis battu pour rester celui que j’étais, créant ainsi un désordre familial sans nom, mais je ne le regrette pas. Imaginez l’homme que j’aurais pu être si j’avais un tant soit peu suivi les pas de mon père… Sans doute serais-je devenu morne, sans vie, le sourire difficile. Peut-être serais-je devenu hautain, exécrable, et avide de pouvoir. Je n’aime pas à y penser, mais je ne peux m’empêcher d’essayer d’imaginer la vie que j’aurais pu avoir si je n’avais pas décidé de suivre mes convictions, refusant que quiconque se mette en travers.

« - Après tu sais il ne faut pas les blâmer. Ils te disaient que c’était « beau » parce qu’ils n’ont pas assez de notions pour pouvoir s’aventurer dans une argumentation plus poussée. C’est un avis certes réducteur, mais ça en reste un, et ça ne doit pas t’arrêter, au contraire. Ils ne comprennent peut-être même pas l’importance du dessin dans ta vie, ce pourquoi ils n’ont jamais jugé comme mal de simplement dire telle ou telle chose. Parfois on ne sait pas vraiment les intentions et pensées. Bien sur, quand ça vient de la famille, ça affecte toujours plus, mais il ne faut pas non plus que cela bloque totalement. »

On ne peut malheureusement pas blâmer ceux qui n’y connaissent rien à l’art, et encore plus si ceux-ci font tout de même l’effort de regarder, et donner un avis –certes pas satisfaisant- mais qui se veut honnête. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais c’est une preuve d’attention, ils auraient très bien pu lui dire « j’en ai rien à foutre de tes torchons », mais non ils ont pris la peine de regarder, et ont pris le risque de donner leur avis, sans réussir pourtant à déceler ce qu’il y avait de caché. Bien sur, je raconte tout ça, mais moi-même aurait eu du mal à supporter des « c’est bien » continuellement, mais j’aurais sans doute préféré ça à des « ça ne t’apportera jamais rien ». Quoique ça m’a donné la force de me battre toujours plus. Je voulais prouver à mon père que ça m’apportait quelque chose, lui montrer que je pouvais être doué, et que ça n’était pas de la connerie. Mais ça n’a jamais marché.

Je secoue la tête, effaçant ses tristes pensées, et continue à converser avec Maira. De tout, de rien, d’elle, de moi, de nous, de tout. Jusqu’à ce que j’en vienne, inconsciemment, lui proposer mon aide. Mais pourquoi d’ailleurs ? Peut-être parce que je ressens le besoin de l’aider à s’exprimer davantage ? Peut-être parce que je veux montrer que je suis fort psychologiquement et qu’elle peut compter sur moi puisque nous étions nouveaux tous les deux ? Peut-être aussi parce que c’était sorti tout seul et que c’était une excuse pour que cette rencontre ne soit pas qu’une rencontre et puis plus rien. Telle était la question. Question dont la réponse ne m’apparaîtra bien plus tard.

En attendant sa réponse, je vois ses joues s’empourprer. S’il y a bien une chose que je peux déduire vis-à-vis de ce comportement un peu craintif, timide, c’est qu’encore une fois je dois bien être le premier à agir comme ça avec elle, ce qui explique sa gêne : elle ne sait pas comment réagir convenablement. Je ne fais aucun commentaire là-dessus, je ne peux juste réprimer un petit sourire. Je ne vais pas lui faire la remarque, ce serait un peu déplacé, et surtout bon pour refermer sa coquille que j’avais réussi à ouvrir de plus en plus. C’était revenir à zéro, et surtout me faire passer pour un gros indélicat. Surtout que je pensais en être déjà un. J’avais l’impression de lui forcer la main avec toutes mes histoires, l’encourageant à aller de l’avant. Cependant, elle semblait aller dans mon sens, ce qui me rassura. Je savais bien que ça n’allait pas se faire du jour au lendemain, et ce serait vraiment culotté de ma part de lui demander un tel effort, mais qu’elle y pense, me suffisait.

« - Bah l’art n’est pas à la portée de tout le monde, ça c’est un fait. Suffit de voir qui va dans les musées, et qui n’y va pas. C’est con à dire, mais déjà faut s’y intéresser un minimum pour comprendre, et c’est pas en restant deux secondes devant une toile pour fuir la visite et attendre la porte sortie avant tout le monde, qu’on peut le faire aussi. L’art, c’est tout un monde, faut savoir s’y attarder, prendre son temps, analyser, et s’en imprégner, mais ça c’est bon pour les fous. Quoiqu’encore je dois t’avouer, que malgré mon intérêt particulier pour l’art, j’ai bien du mal avec tout ce qui concerne le contemporain… Je préfère toujours observer une toile de Monet à une toile rouge, toute rouge. Ou une toile avec juste une tache au milieu. La faut vraiment avoir un haut degré d’analyse pour en saisir le sens, et je voulais savoir si t’y voyais un quelconque message. Moi à part le fait de ne pas vouloir se trouer le cul pour empocher le pactole je ne vois pas. »

A la base, mon domaine à moi, c’est la musique, et non tout ce qui est peinture ou le dessin, mais je sais l’apprécier à sa juste valeur, j’ai juste parfois du mal à saisir le sens artistique de certains. Au cours de mes nombreuses recherches, j’avais pu tomber sur des photos d’œuvre qui m’avaient laissées on ne peut plus perplexe, me faisant me demander s’ils n’avaient pas perdu des neurones en vol. Je veux bien qu’on ait sa vision du monde, mais à ce stade tout le monde est un artiste.

Je m’arrête, et nous continuons à parler, mais cette fois-ci de musique, et Coldplay apparaît dans notre conversation. Soudain, je vois ses yeux s’illuminer, et la voilà qui saisit une nouvelle feuille, prête à entamer un nouveau dessin. Curieux, j’avance ma chaise pour voir de plus prêt, m’accoudant à sa table, intrigué. Je la laisse faire, parler, et me tais. Elle m’exprime sa vision de la chanson, tout en dessinant sur sa feuille. Elle explique tout en imageant ses propos. Je trouve ça beau, très beau, si bien que j’en perds ma langue, m’obligeant à rester muer comme une cape durant l’entièreté de son discours. Ce n’est qu’à la fin, quand elle pointe son dessin –au passage sublime- que je retrouve la parole, comme si son inspiration m’avait momentanément coupé le caquet.

« - C’est marrant, j’ai l’impression que l’histoire de cette chanson, et celle que tu viens de me narrer traite un peu de ce dont nous parlions jusqu’à présent. Je marque une pause, tentant de trouver les mots pour exprimer ce que je pense. Les rêves sont un peu le moteur de notre vie aussi, et sont dangereux (parce qu’il serait faux de dire que je ne reconnais pas le côté un peu casse-cou des rêves). Tous deux sommes accrochés à quelque chose, le dessin ou la musique, ce qui rythme notre vie, mais qui ne nous garantira pas de nous en sortir. C’est assez aléatoire l’art, ça marche ou ça marche pas. Pourtant on y croit, quelque chose au fond de nous nous oblige à y croire. Et je dirais que la bulle au centre, c’est nous : conscients du danger, mais qu’à tout moment on peut briser cette bulle, pour atteindre l’au-delà. Je ne vois pas ta cage comme quelque chose d’infranchissable, plus comme un espoir que rien n’est impossible et que tout est réalisable. »

A mon tour, j’avais essayé d’interpréter ce message, bien que j’avais peur de me foirer totalement. Je n’étais pas bien doué pour tout ce qui était argument philosophique, et interprétation aussi poussée, seulement j’avais été motivée par je ne sais trop quoi, et tout était sorti sans trop d’effort. Seulement à la différence de Maira, j’étais incapable de montrer à travers la musique tout ça, puisque Paradise le faisait sans doute bien mieux que moi.

Alors que notre conversation n’était basée que sur un dessin à la base, elle prenait une toute autre dimension au fur et à mesure que le temps passait. Les confidences étaient de mise, et elle était la seule à qui j’avais parlé de mon père depuis longtemps, et semblait ne pas s’être confiée ainsi depuis longtemps. C’était assez amusant de voir à quel point nous étions proches l’un de l’autre, dans nos pensées, dans notre passé, et dans nos caractères. Différents, mais ressemblants. Contradictoire, mais c’était la que résidait tout le mystère de notre entente.

« - Non, je ne dirais pas que tu te plains, au contraire, je trouve que tu es une personne très forte, qui a su avoir un courage infini pour réussir à surmonter tout ça, malgré la difficulté des épreuves. Le négatif dans l’enfance marque, mais je n’ai pas l’impression que tu t’en plains, au contraire, tu laisses juste parler ton cœur, sur ce qui t’as affecté. »

Il m’était arrivé pas mal de choses durant mon enfance, mais sans doute pas comme elle. Je ne connaissais pas exactement toute son histoire, et je n’allais sans doute pas lui forcer la main. Nous semblions peut-être proches, mais nous venions quand même de nous rencontrer, c’était bien trop tôt, et moi-même je me sentais incapable de pousser plus loin dans mon passé. Ce genre de confidences était réservé à plus tard, ce pourquoi je restais objectif et relativement vague dans mes paroles.

Nous en étions arrivés à reprendre nos conversations d’avant. Le dessin, et le fait que visiblement je n’étais pas le descendant de Picasso. Je n’étais encore qu’au niveau des tous petits sur ce plan-ci, et me confortais dans l’idée que ça n’avait pas l’air de déranger Maira. J’allais être un gros boulet pour elle, concernant l’apprentissage du dessin, j’étais vraiment nul et je pesais mes mots.

« - Tout le monde peut chanter, et c’est comme le dessin, ça s’apprend. Faut savoir poser sa voix, mais ça ça vient pas en claquant des doigts, faut te dire qu’avant c’était assez catastrophique, avant que je me décide à me perfectionner davantage. Finalement, même quand t’es un peu doué dans quelque chose, si tu ne travailles pas, ça mène à rien. »

Et je disais surtout ça en parlant des gens qui se prenaient pour des stars, alors qu’ils te fendaient les tympans en deux quand ils l’ouvraient.

« - Oh oui je vois, l’anglais c’est un peu la clé de la réussite, tu me diras, on est beaucoup à apprendre le japonais en deuxième langue, en plus de l’anglais –qui est international. »

Les langues, c’était ce qu’il y avait de plus complexe, et ce qu’il y avait en plus grand nombre. Dur de s’avouer polyglotte, mais parfois il était nécessaire de ne pas s’en tirer qu’avec sa propre langue. Rien que l’anglais avait une ampleur incroyable, on ne s’imagine pas à quel point cette langue est universelle. C’est celle qu’on apprend toujours en premier, étant sur que tout le monde aura au moins une notion, ailleurs. Pourquoi ne parlions nous pas tous la même langue alors ? Telle était la question.

Suite à ça, elle me demanda de me dessiner, ce qui je vous l’avoue m’avait surpris. Ce n’est pas tous les jours qu’on me pose la question, voire c’est la première fois que ça arrive. Mais malgré la surprise, je ne pus m’empêcher de répondre oui, ne voyant aucune raison valable de refuser. Et je ne l’ai pas regretté en voyant le résultat, plutôt troublant, mais magnifique. Je le contemplais, et lui exprima mon ressenti.

« - Oui, assurément qu’il me plait ! »

Lui répondis-je alors qu’elle venait de m’en faire cadeau. Dur d’accepter un tel présent, mais j’étais à la fois tellement content, que je ne pouvais me borner à le refuser, par simple effort de politesse ? Ce cadeau inattendu m’avait donné une idée, et j’avais amenée Maira avec moi jusqu’à la plage, pour un de ces battles de danse qui ne se déroulent qu’à l’extérieur. L’ambiance était au beau fixe, et j’étais plutôt fier de voir que ça ne déplaisait pas à mon binôme. Elle me fit d’ailleurs par de son avis, et un large sourire illuminait mon visage. Maintenant que nous étions là, j’étais prêt à profiter, et lui proposais de m’accompagner.

« - Je… euh… tu te moques pas hein ?
- Quel intérêt aurais-je à me moquer ?
- Je ne sais pas danser à part la valse.
- Et bien on va y remédier. »

Je lui pris ses mains, et l’entrainais sur la piste, bientôt encouragés par le public qui se tenait là. Ils tapaient le rythme dans leur main, tandis que j’essayais d’y aller doucement avec Maira, qui était loin d’être à l’aise. Je lui conseillais vivement de suivre mes pas.

« - Et bien tu vois, tu ne te débrouille pas si mal. »

Lui lançais-je, alors que la musique touchait à sa fin. La soirée se déroula globalement très bien, je l’entrainais sur quelques autres musiques, sans pour autant l’y forcer. Elle se fit féliciter et attirer sur la piste par d’autres danseurs forts sympathiques. Je souriais, et riais aux éclats. Cette soirée était la meilleure que j’avais passée depuis mon arrivée à Miami, et sans doute pas la dernière, surtout que Maira et moi n’était qu’une histoire loin d’être terminée. Ca ne faisait que de commencer.
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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptySam 4 Oct 2014 - 0:36

The Art That Binds Us
Shin & Maira (MaShin *-* ♥)




Crédit Musique: Indochine (Nicola Sirkis/oLi dE SaT):Electrastar (A&J Tour).
Une chance, une chance inestimable, voilà ce qu'était cette rencontre, un événement qu'il ne fallait pas louper, sous aucun prétexte, rencontrer quelqu'un comme Shin c'est rare, très rare, tout comme lui, oui je peux le dire sans crainte que Shin est une personne comme j'aimerai en voir plus souvent, ce garçon là ne pense pas à ses profits avant tout, il ne cherche pas à exploiter les gens pour ses petits caprices ou ses lubies, peut être que je suis naïve, que je nage dans un océan d'illusions mais je crois que Shin est quelqu'un d'infiniment bon, qui parle avec son coeur avant tout. Je ne sais pas ses opinions sur le monde, je ne sais pas grand-chose au final de lui, nous venons à peine de nous rencontrer, à défaut de savoir, à défaut de lui poser des questions, je préférai deviner, me laisser porter par mes impressions, ça sera à lui en temps et en heure de me montrer si j'avais tort ou non.C'est risqué me direz vous, je pouvais me tromper totalement sur sa personne, faire fausse route et être déçue, mais c'est comme çà que fonctionne l'art selon moi, décoder des intentions, des impressions, se fier à ses impressions et les retranscrire ensuite, se tromper faisait partie du jeu, de toute façon l'art est subjectif et ne plaira jamais à tout le monde en même temps c'est clair. Quant à Shin, j'avais cette intuition qu'il ne me décevrai pas, bien sûr je n'ai absolument pas la prétention de dire que d'un regard je l'avais décodé et que je savais tout sur lui comme si j'avais des pouvoirs mystique ou un sens de l'observation hors du commun, ça non mais il y avait quelque chose qui émanait de lui, comme un aura qui inspirait la confiance, une bonté qui se fait si rare de nos jours. Le fait qu'il m'ait ramené mon dessin, ne prouve pas que de sa gentillesse par ailleurs, mais aussi qu'il savait analyser les choses qui l'entoure qu'il sait reconnaître les émotions là où elles sont, il a tout de suite vu que ce dessin était important pour moi, il a vu les émotions et les sensations qui émanaient du crayonné et il me l'avait restitué avec le plus grand soin, non définitivement il n'y avait aucune raison pour que je puisse me tromper sur lui, vraiment aucune.

Artistes, oui nous sommes deux artistes et des vrais, deux âmes perdues dans le monde dans ce monde de la contrefaçon ou tout est faux, ou tout est exagéré, où il faut que ce soit lumineux et grandiose pour que ça accroche, le plus faux ça sonne et plus les gens sont content comment en étions nous arrivé là ? Je veux dire, qu'elle nouveauté et quel intérêt trouvait-on dans un mec qui ne joue qu'une seule note sur son synthétiseur et qui répète une phrase en boucle ? Bienvenus mes amis dans le monde du culte de l'apparence, où ce qu'on voit en surface est plus important que la vérité ou ce qu'on ressent vraiment. Non les gens avaient décidés de ne pas voir l'art où il était vraiment, dans son expression la plus brut et la plus simple, parce que le véritable art il ne se trouve pas dans les grandes salles resplendissantes, dans les grandes galeries. Non le vrai art c'est celui qui s'exprime au plus prêt des gens, je sais que ça fait bizarre de ma part étant que je suis très réservée, que je n'arrive pas du tout à m'ouvrir au monde, je sais que ce n'est à auprès des notables, des grands de ce monde que je trouverai ce que je recherche. Je ne suis pas quelqu'un qui aime ce qui est forcément ce qui est sophistiqué, comprenez moi sur ce point, ce n'est pas parce que je dis çà que je ne m'applique dans ce que je fais, mais je ne me vois pas dans l'obligation de faire quelque chose de beau, beau dans le sens lisse, sans accroc, sans noirceur, après tout les poèmes les plus tristes sont souvent les plus beaux, Baudelaire l'avait très bien compris lui, ses Spleen sont magnifiques et pourtant infiniment tristes. Si on prend mon dessin par exemple, il est triste et pourtant il est très chargé en émotions, et bien que je ne suis pas très objective sur le sujet, je le trouve cent fois plus beau que n'importe lequel de mes dessins « joyeux » parce qu'ils étaient plus sincères, plus vrais et plus proches de ce que je suis ou de ce que je ressens au fond de moi, oui l'art doit être fidèle à ce qu'on ressent, c'est le seul moyen de le transmettre. Mais allez savoir pourquoi maintenant il faut que tout soit brillant et plein de couleurs, beau et sans défaut, comme une certaine cosmétique de l'art, un art faux et hypocrite quelque part. Je sais ce que vous vous dites sur le coup, que je suis quelqu'un de triste, qui vois tout en noir et blanc, ce n'est pas vrai, même si je suis quelqu'un d'assez renfermé sur elle, je vois bien le monde en couleur comme tout le monde, seulement peut être que je suis peut être plus réaliste que les autres, ma sœur dit que je suis naïve parce que je vis cloîtrée dans mes dessins, je ne me pense pas naïve, j'aime vivre la vie comme elle se présente devant moi, au jour le jour et voir ce qu'elle m'inspire.

Alors oui il y a des inconvénients à cette façon de penser, ça me coupe d'une bonne partie des gens, qui doivent me voir comme quelqu'un de renfermée, qui ne veut pas s'ouvrir et qui a peur des autres. Je n'ai pas peur des autres j'ai peur de ne pas pouvoir leur faire confiance c'est tout autre chose, et c'est triste quand cette peur vous viens de votre famille, de votre mère, de votre sœur, et que votre incapacité à communiquer vraiment vous vient de votre père, mais pour rien au monde je ne renierai celle que je suis, ce serai la pire des choses à faire je pense. Il faut juste chercher à me comprendre, à comprendre comment je fonctionne, passer outre de la fille timide, ou celle qui vous fait un sourire formel dans les couloirs du lycée, oui essayez de comprendre cette fille et peut être qu'elle s'ouvrira sur les gens et l'extérieur, pour l'instant elle n'a pas eu de telle occasion. Jusqu'à aujourd'hui, peut-être. Peut-être que je pouvais placer ma confiance en ce garçon, garçon que je ne connaissais pas du tout, c'est une drôle de sensation d'ailleurs, de se dire de quelqu'un que l'on connaît si peu que l'on pourrait placer aveuglément sa confiance en lui, çà reviendrai à de la folie à ce niveau là, mais voilà ça sera ma folie à moi. Je ne sais pas, enfin si je sais ce qu'il a en plus des autres personnes que j'ai rencontré depuis mon arrivée à Miami : sa passion pour l'art et tout les arts en général, il ne reste pas cloisonné qu'à ce qu'il pratique, et puis ça se voit qu'il possède une grande sensibilité et une qualité d'analyse qui lui permettent de voir si quelque chose est important aux yeux d'une personne, et puis il y a cette jovialité communicative qui me fait sourire à mon tour, alors oui je pense que je pourrais mettre toute ma confiance en cet artiste inconnu, l'avenir me prouvera si j'avais tort ou non.

Il y avait un caractère assez inhabituel à notre conversation, n'importe qui aurait déposé le dessin et serait partit sans autre forme de conversation de plus qu'un simple échange de politesse et puis ce serait fini. Mais non lui était resté à côté de moi et il avait engagé la conversation. Qui aurait pu croire que deux inconnus allaient se lancer dans une conversation aussi profonde que celle que nous avions à ce moment. Trouvez moi deux jeunes de nos jours qui allaient spontanément se lancer dans une relecture du monde, un échange de pensées comme celui ci. A croire que les gens aujourd'hui, sont trop égoïstes pour s'intéresser aux autres, je sais que n'importe quelle autre personne aurait parlé de sa propre personne, de combien il pouvait faire mieux que ce dessin, mais non c'était un véritable échange que nous avions et c'est ce que j'aimais dans la situation actuelle, aucun de nous deux cherchait à se mettre sur un piédestal, c'était une conversation d'égal à égal.

Comme je vous le disait il a totalement comprit ce qu'il y avait dans mon dessin, ce qui s'y descellais, la nostalgie et la vague de sentiments qui découlent des traits sur le papier. Ça me fait bizarre qu'on me parle de mes dessins, en bien je veux dire, je sais que ma famille a toujours vu cette passion comme quelque chose d'un peu nocif. Je crois qu'ils ont toujours eu peur que je me perde dans mes dessins, que je perde le contact avec la réalité que je me referme totalement sur moi même. C'est un risque oui à ne pas nier, c'est vrai que je m'évade totalement en dessinant, et que çà me permet d'oublier certaines choses que j'ai vécue. Mais je me fais toujours un point d'honneur à garder un pied dans la réalité, dans ce qui m'entoure, pour rester saine d'esprit, je sais que ça préoccupe Soraya, je ne veux pas qu'elle soucie de çà et je ne veux pas lui rajouter des raisons de se préoccuper, c'est pour çà que j'essaye de m'ouvrir sur le monde, en partie pour ne pas qu'elle s’inquiète pour moi.

Garder ce pied dans la réalité passait par quelque chose de primordial, vaincre ma timidité maladive, ce n'était quelque chose qui se fera en quelques jours, ça sera long mais si je voulais vivre de mon art, si je voulais avancer dans ce monde sans pitié je ne pouvais pas rester éternellement repliée sur moi-même, mon cocon serait ma perte à long terme. Shin semble aller dans le sens que ça ne pouvais me faire que du bien que de me confronter à la critique des autres, quelle soit bonne ou mauvaise ne pouvais que m'aider à avancer. Ses conseils me faisaient du bien, son analyse et ses remarques, ça façon unique de me comprendre à travers mon dessin, me rendait espoir et confiance, si lui me comprend peut être que tout n'étais pas perdu me concernant, peut être que je pouvais remonter ce long tunnel.

On dérivait sur le culte de l'apparence qu'était devenu notre monde, que le plus important c'était les « je » et pas « les autres », plus personne n'en a rien à faire aujourd'hui « des autres », c'est qui les autres ? Non tout le monde et bien trop occupé à s'admirer le nombril qu'ils passent à côté de ce qui les entourent, oui si même la fille qui passe quasi H24 dans ses dessins vous le dit c'est qu'il y a vraiment un problème. « C'est tout à fait çà, je me demande bien comment on est arrivés là franchement, c'est pas compliqué de s'intéresser aux autres, à ce qui fait le monde, qui le rend divers et intéressant, mais non maintenant il faut s'occuper que de soit, de sa petite réussite personnelle par dessus tout, et surtout, surtout que le monde soit bien uniformisé, que tout le monde soit pareil, gris et terne, c'est déprimant, vraiment. » Oui il fallait que tout soit dans la norme, la norme établie par eux, écartant les autres, ceux qui sont différents des autres, c'est triste d'en arriver là, vraiment triste, je suis portoricaine, j'ai un accent hispanique quand je parle parce que toute ma jeunesse j'ai parlé majoritairement espagnol et alors ? Je suis fière de celle que je suis, je ne vais pas changer parce qu'un mec en costard trois pièces a décidé que la norme était telle et non pas autre chose, ces gens là sont tellement fermés d'esprits, jamais il me viendrait à l'idée de juger mon vis à vis de part ses origines, son milieu social, non je cherche à connaître les gens avant d'émettre une once de jugement. « C'est exactement çà il faut être fier de qui nous sommes, c'est le principal et ne pas nous laisser abattre par les personnes qui se croient si supérieures car elles entres dans les cases qu'elles ont elles-même construites. Ils leur faudrait quoi hein, que je perde mon teins halé, que je me teigne en blonde et que je me force à ne plus avoir d'accent ? Ces choses là font celle que je suis, mon individualité et je suis fière de çà mais à croire que l'individualité est quelque chose d'horrible aujourd'hui, où tout le monde doit ressembler à tout le monde, et ben c'est pas demain qu'on me verra avec le dernier sac à main à a mode, une jupe courte, des talons haut comme l'Empire State Building et une tonne de maquillage qui suffirait à recouvrir la carrosserie d'une volvo, je pense que j'arriverai pas à me regarder en face si je faisais ça et ça influerai beaucoup sur mes dessins. »

C'est drôle, cet effet que Shin a sur moi, c'était imperceptible au départ mais maintenant je le vois clairement, il a le don de me mettre en confiance et du coup de libérer ma parole, notre débat allait tellement loin que je n'avais plus peur de m'exprimer, de dire ce que je pensais car je savais qu'il ne me jugeait pas et je pense que je ne le remercierai jamais assez pour çà. Oh bien sûr il suffisait que je m'en rende compte et qu'en plus il me propose son aide pour m'aider à m'ouvrir un peu plus sur le monde, à faire découvrir mes dessins aux autres pour que je redevienne la jeune fille balbutiante et timide. C'est curieux l'effet qu'un inconnu peut avoir sur nous, comme si à ce moment précis Shin était maître de mes émotions et que c'était loin de me déranger. J'aime sa façon toute à fait sincère de me rassurer, il n'était pas du genre à dire des mots creux, non tout ses mots étaient pensés, tout ses mots étaient réfléchis et dans chacune de ses expressions il était sincère, quand il me conseillait on aurait dit qu'il y mettait tout son coeur. « Ahah oui je sais très bien que tu ne m'obliges à rien, ceci dit c'est très gentil à toi de le proposer, en fait rien que çà m'aide dans ma détermination à aller de l'avant, enfin personne n'avais jamais vraiment exprimer quelque chose par rapport à ce que je fais, mes parents et Sorya bien sûr m'ont dit que c'est beau mais plus par convention je pense que ça joue dans le fait que je suis peu encline à montrer ce que je fais. Mais le fait qu'il t'ai plus, que tu y y a vu exactement ce qu'il y avait à voir çà me rassure, ça me fait voir que je ne suis pas toute seule et je pense que tu as raison, je dois montrer ce que je fais peut importe ce que les gens pensent de moi, au pire si ils pensent que ce n'est pas bien, ça me forcera à persévérer encore plus pour m'améliorer, par contre je ne compte pas changer moi, m'ouvrir aux autres oui, mais changer parce que quelqu'un m'a dit que je suis trop différente çà non jamais. J'imagine que c'est un peu ça aussi d'être artistes non, refuser de changer et défendre ses idées jusqu'au bout, faire passer un message. »

Je crois que je pourrais continuer à lui parler comme çà pendant des heures, lui raconter tout sur moi et sur ma vie, me confier sans même avoir peur, ce garçon a décidément quelque chose de magnétique et hors du commun, un petit sourire revint se plaquer mes lèvres. « Pourquoi te trouverais-je bizarre alors que tu essaye de m'aider, je trouve que c'est très gentil au contraire, parce que je sais que tu ne me juges pas du tout et que je peux te faire confiance, alors oui j'accepte ton aide volontiers et sache que ça fonctionne en retour, si tu as besoin d'aide je suis là, comme tu le disais il faut bien s'entraider. »

Je rougis ? Est ce que je rougis ? Et si je rougis est ce que Shin le remarque ? Non ce serait un peu honteux qu'il me voit rougir, et après tout mes beaux discours sur le fait de sortir de ma timidité ? Non ce n'est pas possible que ça arrive, j'essaye de me ressaisir, mais en vrai je suis totalement admirative de l'assurance avec laquelle il s'exprime, son aisance, j'aimerai pouvoir être comme çà, parler avec assurance, sans avoir peur de rougir, de me tromper, de buter sur les mots ou ne pas trouver quoi dire, j'aimerai pas me mordre la lèvre en pensant qu'à chaque phrase j'ai dit une énormité, c'était quelque chose que j'enviais à ce garçon en face de moi et qui venait nourrir la fascination grandissante que j'avais pour lui. Enfin j'avais beau dire que j'allais devenir plus affirmée, il y a une chose de sûre c'est que je n'arriverai à rien si je ne faisais pas le deuil de mon grand frère, je ne veux pas dire l'oublier, jamais l'oublier mais passer au-delà, accepter ce tragique accident arrivé il y a douze ans maintenant, m'en relever et aller de l'avant je suis sûre que c'est ce qu'il aurait voulu, peut être qu'en faisant mon deuil j'arriverai à voir les choses plus clair et être un peu plus ouverte. En fait c'était une combinaison de beaucoup de choses, et toutes ses choses demandaient un dépassement de moi-même et comme le disait justement Shin, c'était aussi une question d'équilibre à trouver, ne pas y aller comme çà d'un coup mais petit à petit, montrer mes dessins à quelques personnes, leur parler et tout aussi doucement régler mes affaires personnelles, et oui Shin je sais ce que je dois faire, même si ça m'effraie je sais ce que je dois faire. J'appréciais le fait qu'il ne me pose pas de questions plus poussées sur ma vie privée, sur ma famille, j'en déduisais que c'était un sujet qu'il n'était pas non plus enclin à aborder, de toute façon je ne pense pas que parler de nos familles respectives apporterait quoi que ce soit de positif et constructif à la conversation, j'avais dû abandonner mon père seul sur son île et je m'en voulais toujours terriblement, ma sœur Soraya et moi étions quelque peu en froid ces derniers temps, quand à ma mère, elle avait depuis longtemps coupé les ponts avec nous et je peux vous dire que je ne suis pas encline à faire le moindre pas vers elle. Non, parler de nos familles était peut-être était peut-être déjà quelque chose de trop privé pour deux personnes qui viennent de se rencontrer, aussi intimes puissent-elles paraître et cela installerait sûrement en froid gênant sur la conversation, je me contentais donc de sourire à sa remarque : « Oh oui je compte bien y aller petit à petit, je me connais j'ai beau me dire qu'il faut que je fasse un pas en avant, un truc miraculeux, je sais qu'au final je m'en sentirai pas capable si je tente quelque chose de trop osé, alors oui petit à petit, mais en tout cas tu as raison, il faut que j'aille de l'avant et rien que cette constatation m'aide beaucoup, merci. » Et j'étais sincère, tout ce qu'il m'avait dit était comme un déclic, comme si il avait réveillé en moi une volonté de changer qui était enfouie en moi et qui ne s'était jamais manifestée auparavant, comme si cette rencontre marquait le début de quelque chose de nouveau, comme une toute nouvelle vie. Maira 2.0 en quelque sortes, une mise à jour, une longue mise à jour dont le téléchargement commençait maintenant.

Et nous étions donc là, deux artistes plongés dans un tout nouveau monde, cherchant à se repérer, à trouver leurs marques, ce devait-être pour lui comme pour moi, bien étrange de se retrouver dans une ville comme Miami, je ne lui ai pas demandé d'où il venait mais je me doutais bien que la Floride devait considérablement lui changer de la Corée, pour moi cette grande ville était colossale devant le petit port de San Juan, ici tout était gris et grand, sans vraiment de saveur, alors que Puerto Rico était si tranquille, si colorée et incroyable. Mon île me manquait déjà, mon père aussi, même si je sais qu'au pays je n'ai aucun avenir digne de ce nom qui m'attend, je sais que Soraya a raison à ce sujet. Ce n'en reste pas moins un déchirement de partir comme çà, d'un coup, en laissant tout un pan de ma vie derrière, toute une ribambelle de souvenirs qui restait chez moi là-bas. Et moi dans tout ça je dois aller de l'avant, montrer que je suis forte et que je suis capable de vivre de mes rêves, montrer que je suis capable de m'en sortir par moi-même.

Notre conversation évoluait sans cesse, nous ne nous fixions pas sur un sujet en particulier mais nous parlons de tout ce qui nous passe par la tête, l'art bien sûr était au centre de tout puis ce que c'était cette passion qui nous animait tout le deux et comme si nous étions deux amis qui se connaissaient tellement bien que nos points de vue ne divergeaient pas non plus sur ce sujet. Lui comme moi voyait l'art comme un moyen de s'échapper de la réalité de se construire un monde bien à soit, un moyen de se créer son univers, mais aussi un moyen de se connecter aux autres, de faire passer un message, mais quelque chose quand même de plus subtil que « la guerre c'est pas bien » ou encore « il faut sauver la nature », non ce sont des choses bien plus profondes que les artistes essayent de faire passer dans leurs œuvres, je veux dire qui à part les NZ se fout encore de la protection des arbres et des belettes en milieu forestier ? Non ce n'est pas aussi simple, l'art demande une grande part d'interprétation, quel intérêt y a t-il si on découvre tout d'un seul coup d'oeuil ? Les émotions, les messages que les œuvres véhiculent ne sont pas faits pour être découverts tout de suite, l'observation rigoureuse est toujours de mise selon moi, une œuvre cache toujours quelque chose que l'on ne peut pas voir, toujours. « C'est sûr, c'est le genre de langage qui se dénaturerait totalement si il devenait universel. C'est pas du sectarisme de dire çà, c'est juste que… Que l'art a toujours le risque d'être mal interprété, les mauvais messages qui passent, c'est un sujet sensible qui demande un certain degré d'analyse... »

Je me doutais qu'il était sur la même longueur d'onde que moi, cette intuition qui n'en était plus une que lui et moi partagions pas mal de chose, autre que ce langage si spécifique à l'art, notre vision de voir le monde, de toujours aller de l'avant et de vivre pour nos rêves nous rapproche aussi, tu es sûr que nous ne nous sommes pas rencontrés Shin ? Comment se fait-il sinon que nous nous connaissions si bien ? Même en matière de musique, ton domaine de prédilection, nous nous accordons, bon je ne suis pas une grande fan d'électro mais pour le reste nos goûts convergent. Et je suis contente d'entendre que comme moi tu aime tout particulièrement Coldplay.

Tu me demandes ce que donnerait un dessin à partir de la chanson Paradise de Coldplay, inconsciemment tu me refais plonger dans mon monde où il n'y a plus que moi et mes pensées, ce monde où je peux tout créer, ce monde où tout est libre, où je peux inventer ce que je veux, puis ce que ce monde m'appartient rien qu'à moi et je sais que tu sais de quoi je parle parce que tu es artiste et que ce monde là est exacerbé chez les gens intéressés, passionnés par les arts. Je ne pense pas que comme dans le clip je me mettrai à dessiner des éléphants qui font de la musique, même si le clip est magnifique, une jolie métaphore en ode à la liberté, parce que cette chanson est à propos de çà, de rêves et de liberté, l'histoire de cette petite fille imaginant tellement de merveille, rêvant au monde adulte comme le monde idéal et qui finalement se prend le monde en pleine tête, toute une réalité qui s'impose à elle, alors cette fille s'échappe dans ses rêves. Parfois, j'aime à penser que Chris Martin chante à propos de moi dans cette chanson, après tout les dures réalités de la vie je les ai connues super tôt et moi aussi je me plonge dans les songes pour m'enfuir. Mais au final, cette chanson parle de tout le monde, qui n'a jamais rêvé d'une vie parfaite ? Qui n'a jamais prit la réalité dans la tronche ? Cette universalité de cette chanson m'a toujours bouleversé. Je parlais donc de ce monde qui m'appartient, Shin je m'apprête à t'en montrer un aperçu, tu es peut être un des seuls avec Soraya à qui je fais cette faveur. Doucement je tire une nouvelle feuille de mon sac et je repris mon crayon, je suis comme çà quand je parle dessin je ne peux pas m'empêcher de mettre mes idées sur le papier.

« C'est une vaste question sur laquelle tu me lance là, Paradise n'est pas une chanson simple et surtout pas une chanson joyeuse qui m'évoque directement une bande d'éléphants géants en peluche. Même si ce clip est magnifique vraiment, il arrivent à faire passer un beau message. La première chose c'est que cette chanson s'applique à tout le monde je trouve, c'est un message universel triste, beau mais grandement universel. » Lentement d'un geste ample du poignet je me mis à dessiner un cercle, régulier mais en plusieurs traits comme une ébauche de périmètre, comme un tout mais aussi comme une cage, je me retrouvais donc avec un cercle au milieu d'une page, rien à l'intérieur, rien à l'extérieur, rien que du vide pour le moment. « Moi je vois ça comme une vision très fataliste de la vie cette chanson, même si la musique peut paraître assez légère à certains moments c'est une vision très terre à terre, une vision de quelqu'un que la vie à balader de point en point. Moi si il y a bien quelque chose en quoi je crois c'est les rêves, je sais que ça vaut le coup de vivre pour ses rêves, qu'ils nous permettent d'aller de l'avant, de progresser, de faire des rencontres. Mais aussi et c'est ce que raconte la chanson il faut se méfier des rêves, ils sont à double tranchant, ils sont un formidable moteur c'est vrai mais ils sont aussi une grande illusion parfois, c'est l'histoire de cette petite fille qui rêve de grandeur et de richesse et que la réalité de la vie rattrape d'un coup d'un seul. C'est drôle mais cette petite fille pourrait être n'importe qui, je pourrais me dessiner moi-même dans ce cercle. » Liant je geste à la parole je dessinais une jeune fille au milieu du cercle, le visage fermé, elle me ressemble, elle ne me ressemble pas, là question n'est pas là au final. Elle a repliée ses jambes et elle a la tête baissée. Dans le fond du cercle de l'eau, un océan, les rêves de la fille, qu'elle peut déchaîner mais qui peut la submerger entièrement. « Mais, ce n'est pas une chanson sans espoir, non ce n'est pas la philosophie de ce groupe, même leurs plus tristes chansons ne sont pas dénuée d'une note de couleur, comme une tierce mineure devenant majeure au cour du morceau, donnant aux accords une toute autre sonorité, c'est quelque chose qu'on ne peut pas faire en dessin, sauf en rajoutant des couleurs. C'est quelque chose que je fais rarement et pourtant… Ça change tout... » Alors je sors de mon sac une boîte de crayons de couleurs, peu usés. « Regarde d'abord l'intérieur du cercle en gris, le plus proche d'elle ce qui est le plus oppressant et puis en sortant du cercle, des vagues de couleurs, du froid bleu, au jaune, couleur de la lumière, du rêve, le but à atteindre la lumière, ce brillant avenir que nous attendons tous, la tierce majeure dans un morceau mineur. » Je plaçais le dessin devant lui, puis baissant la tête « désolé je me suis laissée, emportée, c'est comme çà quand je dessine, pardon. »

Oui c'était le risque de me lancer sur ce type de sujet, je me mettais à dessiner et voilà je perdais la valeur du temps, mais d'habitude, j'avais ce genre d'ellipse seule, c'est la première fois que ça m'arrivait alors que je parlais à quelqu'un, je m'étais mise à dessiner et disserter sans me demander si ce que je faisais ennuyait Shin ou non. Visiblement non puis ce que notre conversation continua normalement, il avait l'air d'accepter le fait que je puisse me perdre parfois comme çà dans mon monde, lui ne voyait pas çà comme une quelconque marque de folie ou d'anormalité et lui en étais gré. Ce qui n'était pas le cas de ma famille, il semblerait que lui comme moi, nos familles ne nous ont pas aidées sur le terrain de nos passions. Ma mère par exemple et bien elle n'a jamais été vraiment là pour nous, pour nous encourager sur un chemin ou sur un autre, Soraya et moi nous nous sommes construites vraiment seules, trouvant des moyens de rester fortes et cohérentes, pour Soraya ça a été ses « points d'accroches », une carte symbolisant un jalon, une étape importante de sa vie, pour moi ça a été les dessins, ça s'est fait inconsciemment de petits gribouillages insignifiants, ils étaient devenus les supports de mes sentiments, de mes émotions les plus fortes. Maman, n'a jamais compris çà, croyant que c'était une lubie comme une autre, Soraya elle était, et est toujours consciente de ce que ça représente pour moi, je crois même qu'elle a peur que ça m'absorbe totalement, mais bon elle avait des passions autres que les miennes après tout, et puis il y a entre nous un différend que le temps ne parviendra jamais à combler, même si pour moi elle restait un modèle de force et d'assurance. Papa c'était différent dans le sens où comme moi il n'était pas quelqu'un de très démonstratif dans ses émotions, toujours réservé, il bossait énormément pour subvenir aux besoins de notre famille, je crois que le départ de maman, puis celui de Soraya a été deux coups durs pour lui, trop dur à supporter après tout ce que nous avions vécu. L'année que j'ai passée, seule avec lui a été loin d'être parfaite et toute rose, l'ambiance était plombante et morne pendant toute cette période. Ça ne m'a franchement pas aidé à me sentir mieux dans ma peau mais néanmoins je ne me suis jamais laissée abattre, comme Soraya je m'étais mise au sport pour échapper le trop plein d'émotions et de tristesse en moi, mais une chose était sûre je ne voulais pas abandonner celui qui avait été là pour moi, toute mon enfance. Seulement les choses ne se passent jamais vraiment comme prévu, c'est lui qui m'a demandé de partir, pour mon propre bien. Même si au fond je savais qu'il avait raison que aucun avenir ne m'attendait sur l'île de Puerto Rico mais le laisser derrière moi était un véritable déchirement. Alors je lui ai fait une promesse scellée par un dessin, celle revenir une fois par ans le revoir pour prendre de ses nouvelles, c'était le moins que je pouvais faire pour tout ce que lui avait fait pour moi. Et voilà maintenant j'étais à Miami, dans cette salle de classe entrain de faire une des rencontres les plus importantes de ma vie.

Beaucoup de gens je pense s'énerveraient de la façon que Shin a de donner des conseils comme çà, peut être même moralisateur, mais je savais que ce n'était pas le cas, il essayait juste de m'aider, et comme je le disais auparavant il faisait çà sans me juger une seule fois et j'aimais cette façon qu'il avait de ne pas vouloir en savoir plus sur ma vie privée, un respect teinté de mystère. « Disons que ma famille n'a pas connue que des phases très heureuses au cour des dix dernières années, l'histoire de ma famille est assez étrange et globalement assez triste même si je garde de très bon souvenirs, il y a des démons que je dois affronter, des rancoeurs à oublier mais çà ne se fera pas en un seul jour c'est sûr… Pour Soraya, disons que j'ai du mal à lui en vouloir parce qu'elle a toujours été mon roc, a qui je pouvais toujours me raccrocher, le fait de lui faire la gueule est peut être légitime mais je sais que je n'y arriverai pas pendant longtemps parce que j'ai besoin d'elle pour me construire, même si ce n'est pas comme avant, j'ai besoin d'elle. » Je souris. « C'est drôle tu dois trouver que je me plains pas mal, c'est juste que je suis pas habitué à parler autant comme çà, de moi et de tout même, d'ailleurs merci de me pousser à m'exprimer autrement que par mon crayon, c'est étrange non tu ne trouves pas, cette impression de se connaître depuis des années », on ne pouvait pas feindre tellement c'était évident et que lui aussi l'avais sûrement perçu, je ne faisais qu'oraliser ce que nous pensions tout les deux depuis quelques minutes maintenant, heures ? Depuis combien de temps sommes nous là ? Peu importe à vrai dire.

Seule comptait cette rencontre, qui de nous deux se fichait bien du temps que l'on passait ici, le moment était tellement magique. Alors que nous parlions je remarquais que malgré cette complicité naissante on ne pouvait pas aborder tout les sujets librement tout les sujets, la famille en faisant partie, lui aussi semblait avoir vécu des choses plutôt difficiles et je décidais de ne pas trop le questionner là dessus, il avait dit ce qu'il avait à dire et ça suffisait amplement pour le moment, il y avait entre nous un accord tacite comme quoi nous ne parlerions pas de çà aujourd'hui, il était trop tôt pour çà et personnellement, évoquer ne serais-ce qu'un peu plus ma vie familiale me plongerait dans un état que je ne voulais pas montrer à Shin, je pouvais être une vrai armoire à glaçons dans ce genre de situations, incapable d'adresser la parole à qui que ce soit, vous savez ce genre de silence pesant qui indique que l'un ou l'autre à posé la question de trop, celle a ne surtout pas poser. Je ne voulais pas qu'avec Shin on en arrive là, je voulais qu'on continue à échanger encore pendant des heures. Nous revenons sur mes dessins et je lui explique ce qu'ils sont pour moi, ce qu'ils représentent, ces canalisateurs d'énergie qui peuvent totalement m'accaparer. « Oui c'est tout à fait çà en fait, pour le moment j'ai toujours dessiné pour me débarrasser de certaines choses de certains mauvais moments, de certaines mauvaises émotions mais jamais je crois que j'ai dessiné sans me détacher de mon histoire, de ce que j'ai vécu, comme tu le dis je dois apprendre à faire la part des choses, à réussir à faire un peu des limites entre ce que je fais aujourd'hui et ce que j'ai vécu et j'espère bien y arriver, je ne pourrais pas vivre de ce que je fais si chaque dessin, chaque illustration me demande une telle charge émotionnelle. J'admire ta confiance en toi j'aimerai tellement pouvoir être aussi assurée, mais j'imagine que c'est pas pour aujourd'hui. » Non c'est pas pour aujourd'hui, mais ça viendra, j'en suis sûre, de toute façon je n'avais pas vraiment le choix.

Si il savait à quel point il me redonnait confiance en moi, personne à part Soraya n'avait réussit à me faire cet effet là, normalement il n'y y a que quand je parle à ma sœur que je me sens aussi confiante et libre et voilà que je parlais librement à ce garçon que je venais à peine de rencontrer sans avoir aucune crainte qu'il ne répète à d'autres personnes ce que je lui dit et je dois avouer que parler comme çà, à ce garçon avait quelque chose d'assez grisant et nouveau, le fait que j'accepte son aide était pour moi un pas en avant considérable. Alors que nous parlions nous revenions sur la musique. Je lui faisais promettre de me faire écouter ses productions, très curieuses de voir les créations de Shin, ne doutant pas une seconde sur leur qualité, quelqu'un d'aussi inspiré que lui ne pouvait créer que des choses magnifiques. En retour je lui offrait de lui apprendre un peu le dessin, il me dit que lui est resté au stade des petits bonhommes en bâtons. Je souris tendrement. « On est tous passés par là hein, moi je suis incapable de tenir une note juste donc bon. » Et c'était vrai je me débrouille pas mal en dessin mais alors je me distingue par une incapacité totale à chanter juste. « Oh non ça fait bien longtemps que l'espagnol est plus majoritaire à Puerto-Rico, enfin c'est pour des besoins touristiques que l'anglais s'est imposé, mais après il y aussi le fait que de plus en plus de monde viennent sur le Continent, l'anglais est obligatoire, il y a même une tendance à faire apprendre l'anglais avant l'espagnol. C'est surtout le rythme qui est différent ici, tout est beaucoup plus rapide ici, j'ai l'impression de marcher au ralentit, mais oui comme tu dis on fini toujours par s'adapter. » Binôme ? Nous étions binôme désormais, j'aimais l'idée qu'il y avait désormais un lien entre nous. « Et bien c'est d'accord binôme ! » Rigolant nous parlions du dessin que j'étais en train de faire quand il est entré dans la salle. « Ah çà oui San Juan restera toujours dans mon coeur. » Personne ne pouvait nier ses origines de toute façon, et moi je n'avais pas envie de le faire, même si je vivais à présent à Miami, une partie de moi restera toujours à Puerto Rico, toujours.

Et puis je lui demandais si je pouvais le dessiner, peut être la chose la plus téméraire que j'ai faite dans ma vie, demander comme çà à un inconnu de poser pour moi en risquant de me prendre le plus grand vent de ma vie. Mais à ma grande surprise il accepta. Et je me suis donc mise à le dessiner pendant un très long moment, quand j'eus fini ce dernier s'étira. « Ah ah désolé de t'avoir fait patienter aussi longtemps, c'est juste que je voulais que ce soit parfait. » je lui souris « et tu étais parfait, le meilleur des modèles. » Et maintenant j'attendais son verdict avec impatience et avec stress aussi, son avis comptait beaucoup pour moi, déjà parce qu'il était le sujet principal du dessin, et parce que même si nous nous étions rencontrés qu'aujourd'hui, je savais déjà qu'il serait important pour moi, je ne voulais donc pas que ce dessin soit raté. Ce qu'il me dit ensuite me submergea de joie et je me sentis rougir de nouveau, tout ses compliments m'allaient droit au coeur, ce dernier s'emballait à ce moment même. Magnifique, il trouvait le dessin magnifique et rien en ce moment ne pouvait me faire plus plaisir. « Il...il te plaît vraiment ? » Arrête de bafouiller Maira. « Et ben merci, jamais on m'avais dit çà, Muchas Gracias et bien sûr qu'il est pour toi » lui répondis-je en souriant, contente que ça lui fasse plaisir.

Puis je me souviens qu'il m'a prit la main, et que mon coeur une nouvelle fois a battu la chamade alors que mon visage atteignait de records. Je le suivais sans rien dire et sans aucune crainte, il me demandait de lui faire confiance et j'opinais du chef, je n'avais pas peur, je suivais quelqu'un que je ne connaissais pas quelques heures plus tôt mais je n'avais aucune crainte parce que je savais au fond de moi que je pouvais lui faire confiance et qu'il ne m'arriverait rien avec lui, si ce n'est de vivre quelque chose hors du commun, çà j'en étais convaincue. Nous montions sur sa moto, je plaçais mes mais à l'arrière du siège et nous foncions vers Miami Beach. Je me demandais ce qu'on allait pouvoir faire là mais je ne fus pas déçue.

Au loin une musique se faisait entendre et nous allions vers cette musique, toujours nous nous rapprochions jusqu'à ce que nous arrivions devant un attroupement de personnes de tout âge devant un DJ et ses platines.Le DJ annonçait un grand battle de dance pour fêter les vacances. Mes yeux essayaient d'accaparer tout les détails de la scène, j'étais totalement émerveillée que cet espace de liberté puisse exister dans cette grande ville grise et morne, c'était une tache de couleur dans cette univers, la fameuse tierce majeure du morceau mineur, un sourire ébahit apparu sur mes lèvres. Et puis Shin m'expliqua que c'était ça son monde, le street art, un monde artistique certes mais un monde vrai, un monde de tolérance, ou rien ne pouvait empêcher les gens de faire ce qu'ils aiment et je dois dire que le concept me plaisait beaucoup, m'hypnotisait même. « Je peux comprendre que tu te plaises dans cet univers c'est tout simplement incroyable comme façon de s'exprimer, c'est même tout ce qu'un artiste cherche... » Et puis il y a eu cette proposition. Moi ? Danser ? Vu comme j'étais maladroite je n'osais même pas imaginer ce que je donnerai sur une piste de danse. Mais il émanait de Shin une aura de confiance telle que je ne me voyais pas refuser, c'est tout bête mais surtout, je ne voulais pas le décevoir, je voulais lui montrer que je savais me dépasser et être téméraire parfois, je ne savais pas d'où me venais cette envie, mais tout d'un coup ça devenait important qu'il voit que j’étais capable de me dépasser. « Je… euh… tu te moques pas hein... » Et rougissant je rajoutais « Et euh tu m'aide hein ? Parce que je dois t'avouer que je ne sais pas danser à par la valse » Mes aveux fait je n'attendais plus que Shin m'emmène sur la piste de danse pour ce qui sera une des plus belles expériences de ma vie.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyJeu 4 Sep 2014 - 13:03



The Art That Binds Us ▬ Maira & Shin


C’était probablement mon total manque de timidité qui me permettait au fond d’être celui que j’étais actuellement. Discuter avec une portoricaine fraichement débarquée, sans aucune gêne. Et d’ailleurs pourquoi en aurais-je ? Je venais de clairement lui redonner le sourire, lui offrant le droit de souffler un peu après trois jours à chercher son dessin sans relâche. Qui aurait fait ça ? Trop peu de monde, c’était une chose tout à fait sure. Mais peu encore seraient restés pour engager la conversation. La raison principale était ici la curiosité dont j’étais atteint. Une curiosité maladive qui me contraint à toujours tout vouloir savoir. Sans être envahissant du moins, mais cette soif de toujours tout savoir et tout découvrir. Et puis je n’étais pas ici depuis longtemps non plus, et pour peu que nous ayons déjà parlé, nous partagions déjà quelques points communs forts avantageux pour une future –et je l’espérais- bonne entente. Je n’étais pas devin, médium, ou je ne sais quelle connerie de ce genre, mais une première bonne impression ne trompe jamais. Du moins, ne m’avait encore jamais fait défaut. Et puis il était clair qu’elle n’avait rien à voir avec les autres. Et je ne pensais pas cela d’une façon négative, au contraire, j’aimais les gens différents, uniques, ayant leur personnalité propre. Les gens qui se démarquent, qui n’ont pas peur d’exprimer leurs propres pensées, qui ont leur vision du monde qui leur est propre, et qui ne suit pas les autres tel un mouton de panurge. J’aime ces gens qui ont leur style, leur caractère, et leurs défauts, parce que oui, cela fait parti de l’homme. Mais la différence était ce que je trouvais de plus intéressant, et certainement ce qui m’attirait chez elle sur le coup. En aucun cas, elle ne semblait hautaine, ou vouloir me prendre de haut. En aucun cas, elle n’était superficielle et fausse. Son sourire était sincère, son regard pétillant, envoutant. On lisait dans son regard, que c’était une rêveuse, une jeune fille simple, mais honnête, et loyale. Rien à voir avec la majorité des filles de nos jours. Alors oui, j’étais un mec, mais moi les pouffiasses à talons, je ne supporte pas ça. Elles avaient beau être belles, pour la plupart, leur personnalité les rendait si laide, qu’elles ne m’intéressaient guère. Comme quoi la beauté intérieure, même si pour beaucoup d’entre vous c’est une belle connerie, c’est ce qu’il y a de primordial pour moi.

Au delà de ça, son dessin m’avait en quelque sorte parlé, et là vous allez me prendre pour un cinglé, mais l’art est expression de ses pensées, ses sentiments, et il dégageait tant de sincérité, qu’il était impossible que cette fille soit une parmi tant d’autres. Elle dégageait quelque chose qui la rendait attrayante, et ce qui inconsciemment me poussait à vouloir faire sa connaissance. J’ignorais ce qu’elle devait penser de moi actuellement. En réalité, j’essayais de spéculer dans mon coin, mais je n’arrivais pas à clairement déterminer si ma présence la gênait, ou la dérangeait vraiment. Elle semblait timide, c’était indéniable, ou peut-être me trouvait-elle lourd et ne trouvait pas le moyen de me le dire. En même temps, je pouvais très bien passer pour le gros stalker fou. « Au fait, je t’ai cherché pendant trois jours. » Ouais, non quand même pas. Enfin, j’espérais au moins que je ne lui procurais aucune mauvaise sensation, et que ma présence était la bienvenue. Sinon quoi, je faisais fausse route depuis le départ. Mais ce n’était pas totalement de ma faute. J’étais quelqu’un de jovial, quelqu’un de joyeux et peut-être un peu trop extraverti. Mais j’aimais la compagnie des autres, je suis sociable, énormément, et c’est surtout ce qui m’a permis de survivre en Corée. La société, les gens, leurs regards, leurs critiques, leur présence tout simplement. Je suis un homme social, et je m’imagine mal seul, complètement reclus. Une horreur pour quelqu’un qui comme moi a besoin de se dépenser, et de rentrer en contact avec autrui. Les relations sont ce qu’il y a de mieux. Bonnes ou mauvaises, elles forgent le caractères, font évoluer, et font ce qu’on est. Et même si je pars dans un gros débat philosophique sur l’importance de la présence d’autrui, je le pensais sincèrement. Et c’est dans cette démarche, dans mon esprit, que j’étais là à toujours me lancer. Ouvert, pas timide pour un sou, je voulais distribuer ma confiance en moi, et essayer au mieux de faire sourire ceux qui m’entouraient. Un objectif peut-être un peu trop bisounours, mais la musique m’avait permis d’accomplir ce but à de nombreuses reprises, et j’étais persuadé que Maira en serait capable à son tour, le jour où elle osera montrer au monde entier ses œuvres.

Peut-être n’était-elle pas prête encore, manquant de confiance en soi, mais l’art, que ce soit sous forme de mots, de musique, de dessins, de peintures, ou je ne sais pas quoi d’autre a l’effet de capter l’attention, et de faire ressentir quelque chose. Et c’était ça, la magie de l’art. Ce qui m’avait toujours fais rêver, et ce qui me permet de croire en mes rêves, et même si je n’étais encore qu’un parfait inconnu, je voulais qu’elle y croit, qu’elle ne lâche surtout pas. Après, j’étais bien conscient que chacun voyait ça comme une difficulté plus ou moins élevée, et ça devait certainement être impensable pour elle, mais réussir à se surpasser c’était franchir un cap. Un énorme cap, celui qui menait à la réussite.

Sa réaction me prouve que mes compliments la surprenne. Comme si c’était une première, comme si j’étais la première personne à dire du bien de ses dessins, comme si j’étais la première personne à voir ses dessins, d’ailleurs. Et là, ma curiosité légendaire s’éveille, les questions trottent, se bousculent. Je voudrais toutes les poser, la tout de suite. Savoir si mes hypothèses sont vraies, savoir ce qui la rend si joyeuse, ce qui provoque ce sourire, mêlant fierté et reconnaissance. Peut-être celle que quelqu’un enfin comprend, et sait partager sa passion. Quelqu’un qui sait mettre un mot sur ce qu’elle a voulu dire, sur le mot qu’elle a passé. Pour beaucoup, ça ne pouvait être qu’un portrait de son père. Qu’une vulgaire reproduction, et j’aurais probablement été heureux qu’on décèle autre chose tout comme elle. Après la différence était là, ceux qui s’y connaissaient, et ceux qui ne s’y connaissaient pas. Mais quelle que soit votre position, ça se voyait bien que ce dessin avait été fait avec une telle minutie, que c’était bien plus qu’un simple coup de crayon sur une feuille de papier. Mais une preuve d’affection pour l’homme représenté sur le dessin. Une sorte de nostalgie, comme un dernier portrait, une dernière fois avant longtemps. « Bienvenue dans le vingt-et-unième siècle. » Lui dis-je. « L’époque où est née une bonne moitié des cons sur cette planète. La mentalité actuelle est telle, que tout le monde ne jure que par soi. L’individualisme, le chacun pour soi. Mais que veux-tu, ce sont les plus difficiles à changer. » J’étais tout aussi exaspéré qu’elle, concernant les gens qui de nos jours ne vivaient qu’à travers leurs propres intérêts, oubliant parfois que la vie était une grande communauté, et donc qu’il fallait faire avec, et non pas aller à l’encontre. Les temps sont durs, je le conçois, mais ne dit-on pas que l’union fait la force ?

« L’apparence, c’est ce qu’on voit en premier, pourquoi aller au-delà ? C’est comme ça qu’ils pensent. Ils ne cherchent pas à voir plus loin que le bout de leur nez, comme s’ils ne cherchaient pas à connaître le contenu d’un livre. Ils n’aiment pas la couverture, donc ils n’aiment pas le livre. Stupide, n’est-ce pas ? Le problème c’est que le monde actuel ne jure que par l’apparence, le physique, ce qui est vu. Et je ne parle pas que du côté ‘toi t’es fringué en noir t’es gothique’, je parle sur bien des plans. Mais si je me lance dans le débat, on est encore là demain, et j’ai peur de partir dans n’importe quel sens, surtout que je n’aime pas vraiment parler de ceux qui ne méritent pas d’attention, puisqu’ils n’en accordent aucune aux personnes comme nous, puisqu’on est ce qu’ils disent ‘différents’. Ce mot leur fait peur, et les gens qui le sont encore plus. Et encore toi t’as de la chance, t’as pas une paire d’yeux bridés. » Dis-je avec désarroi. « J’en suis fier, de mes origines aussi, c’est pas ça que je dis, mais les gens ici voient les asiatiques du mauvais œil, et nous rangent chez les chinois sans trop réfléchir. Enfin bon, faut vivre avec, alors autant les ignorer, on vit très bien sans eux. » Et d’ailleurs c’était pour ça, que plus rien ne m’affectait, puisque j’avais décidé d’emmerder tous ces gens pour qui le respect était totalement inconnu au bataillon. Leurs critiques, je m’en fichais, je ne prenais que celles qui en valaient la peine, et je comprenais bien Maira qui se renfermait un peu. Chacun vit différemment ce genre d’acharnement parfois totalement injustifié. « Je ne veux t’obliger en rien, saches-le, mais t’ouvrir, essayer, ça te permettrait d’être fixée là-dessus. Chacun aura son opinion, mais si tu veux mon avis, du peu que je te connais, tu es une jeune fille qui dégage une forte sympathie. De la timidité aussi, ça ne passe pas inaperçu. Les gens peuvent difficilement penser du mal de gens comme toi, et puis même s’il y en a, franchement tu t’en fous. C’est juste qu’ils sont jaloux, ou cons au choix. T’es comme t’es, et si ça plait pas tant pis, y aura toujours des rageux, mais si tu t’arrêtes sur eux, si tu fais de leur présence un obstacle, tu n’avanceras pas. Et contrairement à ce que tu penses, je ne trouve pas ce que tu ressens comme quelque chose de débile, ou quelque chose de la sorte. Je trouve ça normal. C’est juste de la peur. Et crois-moi, eux aussi ont peur du regard des autres. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils se calquent sur les autres. Ressembler, c’est ne pas se fouler. C’est juste ne pas prendre de risques. Oser, se démarquer, c’est affronter les critiques, mais c’est surtout s’assumer. Mais ça viendra au fur et à mesure, rassures-toi. Tu as toute la vie devant toi, et c’est à ton rythme, pas aux autres, comme toi tu le sens, ta vie, tu la vis comme toi tu as en envie. C’est tout ce que tu dois te dire. » Shin Young Hae, psychologue de dix-huit ans. Coréen, né en Italie, bonjour. Séance, soixante dollars. C’était un peu ce pour quoi je passais à l’heure actuelle, un putain de psy. Bien sur ça ne me déplaisait pas, j’aimais conseiller, j’aimais parler, et j’aimais surtout à mettre en confiance les gens, les rassurer. Je ne la connaissais pas, et ce que je devais dire devait sembler totalement déplacé. « Tu dois d’ailleurs me trouver bizarre, énormément. Mais que tu acceptes, ça me rassure, parce qu’au moins on est deux. » Dis-je souriant. Parce que quand je disais bizarre, c’était dans le sens positif du terme. Parce que oui il y en a un. Et dans le cas actuel, on était deux jeunes lambdas qui venons tout juste de nous rencontrer, et pourtant on avait comme une confiance aveugle l’un en l’autre. D’habitude, je ne la confiais jamais à personne, mais tout s’était fait naturellement, comme si je la connaissais depuis toujours et que je savais que quoiqu’il arrive elle serait là, et qu’elle ne me trahirait jamais. C’était une sensation étrange, un peu dérangeante, mais loin d’être déplaisante.

La salle de classe, d’habitude remplie de mauvais souvenirs, et surtout lieu qu’on aime le moins, était devenue comme une bulle, un refuge, et j’en venais à oublier que j’avais le cul sur une chaise inconfortable, la même qui me servirait de repose-fesses pour écouter des cours rasoirs toute l’année. Cette conversation en venait à me faire oublier quel jour on était, et quelle heure il était. Et en vérité, je m’en fichais. Totalement, éperdument. Toute mon attention était portée sur la conversation que nous avions entamés, sur son petit sourire timide et sur ce qu’elle s’apprêtait à dire. Nous parlions toujours de son dessin, mais également de sa difficulté à vouloir se dévoiler, montrer son talent. Il fallait dire que ses œuvres, devaient probablement être pour la plupart, personnelles, et donc qui dit personnel, dit privé. En art, il fallait savoir faire la différence entre ce qui pouvait être publié ou non, et un dessin était toujours bien différent d’un morceau de musique. Un morceau de musique ne se décortiquait pas aussi bien qu’une réalisation, qui était déjà plus vivante, et parlait déjà plus, ce qui pouvait en effet lui faire peur. Etre lue comme un livre ouvert. « Après ce n’est qu’un conseil, ne va pas croire que ça veut dire que hop demain tu dois t’y mettre, hein. » Dis-je. « Après à toi de trouver un équilibre entre ce que tu es prête à faire, et ce dont tu n’es pas encore capable, même si je suis sur que tu le sais déjà au fond de toi. » Après je ne savais pas exactement ce qu’elle entendait, par choses à régler, et par respect, je ne demandais rien, tentant juste de l’interpréter comme je le comprenais, et je ne le comprenais certainement pas bien. Mais mon but n’était pas de l’emmerder avec des questions indiscrètes. Je n’aimais pas parler non plus de mon passé, de mon père, et de tant d’autres choses fâcheuses qui m’étaient arrivées, et je n’aurais pas apprécié qu’elle m’harcèle pour le savoir, il était donc normal que je respecte son silence, et que je me limite à ce qu’on faisait, parler d’art. C’était très bien ainsi, et c’était surtout que notre première rencontre, pas une confidence de vieux amis d’enfance qui venaient à se déclarer après des années de silence.

D’ailleurs, de l’extérieur, ça pouvait très bien ressembler à des retrouvailles, vu la complicité dont nous faisions preuve, et mon aisance à lui parler. Mais il était évident, que nous avions encore énormément de choses à apprendre l’un sur l’autre, et cela m’encourageait à lui parler davantage. Et puisque ça n’avait pas l’air de la déranger, je me permettais donc de me mettre plus à l’aise, et de continuer à discuter, évoquant mes propres goûts, et donc de partir sur une discussion à but s’éloignant de conseils en tout genre, mais bien à but de partager nos passions respectives. Nous passions donc de simples inconnus, à connaissances. Du moins, en devenir, puisqu’il était clair que ça ne s’arrêterait pas là. Avec l’art en commun, nous ne pouvions être que deux Alpha Psi, et donc amenés à nous côtoyer régulièrement, ce qui me réjouissait tout particulièrement. Après, si elle était capable de supporter un type comme moi c’était à voir, parce qu’en plus d’être parfois trop optimiste, j’étais aussi hyperactif, et un peu trop turbulent. Mais après cela pouvait faire la force de notre amitié, une complémentarité. Celui qui pourra l’aider à s’affirmer un peu plus, et celle qui pourrait m’aider à m’assagir un peu. « C’est exactement ça, un langage qui ne peut être compris que de quelques uns, et dans un sens c’est pas plus mal. » Moi je voyais ça comme un avantage finalement, un peu comme toutes ces personnes qui utilisent des codes entre eux, pour pouvoir se parler et exclure les gens. Et bien l’art c’était pareil, à une échelle plus importante certes. Seul ceux qui connaissaient sa vraie valeur étaient en mesure de comprendre ce que l’art avait à leur apporter, et ce n’était pas donné à tout le monde. Fort heureusement, Maira et moi parlions ce langage, bien que pratiquant dans deux domaines différents. Elle le dessin, et moi la musique, sujet qui m’intéresse particulièrement ainsi que ses goûts. Je m’empresse de lui demander son style, et elle me répond, comme je l’attendais étrangement. Ce genre de fille ne pouvait décemment pas écouter du Rap, mais bel et bien ce que je qualifie vraiment de musique. Nous avons plus ou moins les mêmes goûts, encore une fois nous sommes sur la même longueur d’onde. Je souris tel un imbécile d’être tombé sur une personne qui regroupe à elles seules autant de traits de ma personnalité. Comme quoi, ce genre de choses n’arrivent qu’une fois dans toute une vie, et j’avais trouvé mon « alter ego » en quelque sorte. « Heureux de constater que même en musique on se comprend. Evidemment, pour ma part je rajouterais de l’électro, mais globalement j’écoute la même chose que toi, sans parler que Coldplay est un des groupes que j’écoute le plus souvent en ce moment. Leur musique est spéciale, mais à la fois apaisante. Je comprends que tu sois inspirée, ils ont un univers bien à eux, je me demande ce que ça peut donner un dessin tirée de Paradise, tiens. » Dis-je penseur. En même temps, tout ce qui me vient en tête, c’est un groupe d’éléphants sauteurs qui font de la musique, mais certainement Maira avait une vision de la chose tout à fait différente, et c’était ça qui était intéressant. Parce que le ressenti donnait des œuvres différentes. Donnez un sujet, et voyez comment les gens peuvent vous fournir des réponses diversifiées. L’art est subjectif. Et heureusement.

Notre conversation s’étalait, divergeait, et en venait même à faire remonter de mauvais souvenirs à la surface, comme le fait que l’art, même en étant merveilleux, n’était pas toujours ce qui était le plus accepté par les parents. Ils doutaient constamment de ce domaine où trouver sa place était difficile. La seule chose qu’ils oubliaient, c’est que le simple principe de volonté et de combat pouvait tout changer. Radicalement. C’était bien beau de dire qu’on voulait faire telle ou telle chose, il fallait s’en donner les moyens. Et j’avais toujours fonctionné ainsi, et ça avait fini par payer, sauf que ça n’avait jamais atteint mon père, qui de toute façon refusait que je fasse quoique ce soit d’autre que du management. Pour lui, je devais être à la tête d’une entreprise, et rien d’autre, alors j’aurais pu avoir n’importe quel rêve, il n’aurait pas compté. Le seul rêve qu’il voulait que j’accomplisse c’était le sien, et ça a été très dur pour moi de subir un père qui ne croyait même pas en moi, et qui ne souhaitait pas mon bonheur. Lui, il voyait en moi le moyen de refourguer son entreprise à quelqu’un, rien de plus. Seul problème, j’avais eu ma mère dans mon enfance pour m’apprendre toutes ces choses, et développer des goûts différents, et commencer à savoir ce que je voulais faire. Elle, n’avait jamais vécu dans une famille comme on en a par milliers en Corée. L’argent est le maitre mot, et les classes sociales sont bien plus qu’un terme social, mais un enjeu important. Les riches dominent, les autres ne sont que pourriture. C’était comme ça. Et n’ayant jamais prôné cette façon de penser, il était impossible pour moi de mettre les pieds dans ce milieu déplaisant. Les critiques, je les avais essuyé, et avait fini par me convaincre que je n’avais jamais eu de père. Et voilà où ça m’avait mené : à Wynwood, à finalement pouvoir réaliser ce pourquoi je me battais chaque jour. Mais alors que je me replongeais dans ces douloureux souvenirs, je me rendais compte qu’encore une fois Maira était là, me comprenant comme personne. Nous étions deux pauvres artistes, en quête d’un but que même notre propre famille ne comprenait pas. Nous étions deux êtres perdus, qui s’étaient trouvés par hasard, mais se comprenaient comme s’ils étaient liés. C’est flippant dis comme ça, mais elle et moi nous ressemblions tellement, en tout point que je commençais à me demander si notre rencontre était vraiment du au hasard, ou à une chose totalement autre. Alors, n’allez pas croire que je crois au destin, je trouve que c’est une pure connerie, mais parfois je ne peux m’empêcher de douter, comme à l’instant présent. « Je ne connais pas les détails de ce qu’il a put se passer dans ta vie, avant, et je ne te le demanderais pas, ça ne me regarde absolument pas, d’ailleurs. Mais j’espère néanmoins qu’un jour ça s’arrangera. Après, ce sont des choses qui influencent, toujours, ça laisse des marques, et ça c’est quelque chose que même avec des mots je ne pourrais jamais changer, et je ne suis certainement même pas le mieux placé pour parler de ça avec toi, cependant, je trouve déjà courageux malgré tout que tu aies continué. Après concernant, ta sœur, je ne la connais pas, mais même si vous êtes liées par le sang, vous avez chacune votre caractère propre, et il ne faut pas prendre ses points forts comme tes faiblesses. Vous êtes différentes, c’est normal, et c’est même mieux je dirais. La confiance en soi, ça s’acquiert, on ne nait pas avec. Après, tu peux toujours puiser de cette assurance qu’elle dégage. Je ne connais pas vos relations, mais malgré les tensions, la famille est ce qui reste de plus important. » Dixit le mec qui venait de dire à l’instant que son père n’existait plus pour lui… Enfin, ça peut paraître totalement barbare, dis comme ça, bien que je sache qu’au fond ça restera mon père, et je ne peux m’empêcher de l’aimer, en tant que parent, et c’est normal. J’ai toujours nourri l’espoir qu’un jour on ferait quelque chose rien que tous les deux. Même un ciné m’aurait suffit. Mais rien de tout ça n’a jamais été possible. Nos seuls rendez-vous en tête à tête étaient pour parler de mes résultats scolaires et le fait que la musique c’était bon pour les cons, sous-entendant que de toute façon j’en étais un pour pouvoir m’intéresser à ça. Mais malgré tout, si je suis là c’est grâce à lui, et même s’il a un caractère exécrable, il a toujours fait en sorte que j’ai le meilleur, que j’ai de quoi vivre convenablement, et ce même s’il dit m’avoir rayé de son livret de famille. Je sais qu’il s’inquiète, ma mère me le dit, mais il ne l’admettra jamais. Trop orgueilleux, comme moi d’ailleurs. Mais j’étais son fils, c’était indéniable, et même si j’essayais de m’éloigner de lui, de ne pas lui ressembler, certaines choses étaient inévitables.

« Folle ? Non pourquoi ? Pour le moment, tes dessins c’est surtout un moyen de te défouler, d’exprimer ce que tu ne veux dire au fond de toi. Je ne saurais quoi, mais ça se ressent dans le portrait de ton père. Mais c’est normal, après il ne faut pas avoir peur de ça, et tu finiras bien par trouver un moyen de canaliser, et de limiter les messages que tu fais passer dans tes dessins, tout est une question de dosage, et tu en es capable, c’est juste que tu es encore à vouloir te débarrasser de mauvais souvenirs. Ca viendra, et je dis pas ça pour t’enfoncer, ou je ne sais trop quoi, je suis passé par là, et donc je dis ça par expérience. Je pensais qu’au début la musique, c’était juste un moyen artistique de s’exprimer, et je me défoulais clairement, ce qui n’est pas toujours la meilleure solution, je l’admets, et j’ai fini par savoir peser le pour et le contre. Et jamais tu ne pourras dépendre, et vivre que par tes dessins, tu ne dois surtout pas avoir peur, d’un don, qui devrait au contraire te procurer du bonheur. » Je ne savais pas trop dans quel genre de discours que je venais d’engager, mais j’étais clairement persuadé de mes dires. Sur le coup je me trouvais complètement cinglé aussi. Enfin toujours est-il que ça n’avait pas un effet totalement négatif. Mes monologues semblaient lui parler, la rassurer, ce qui m’étonnait, puisque j’avais l’impression de débiter de la merde depuis plus d’une heure, alors que je tentais juste au mieux de lui faire comprendre, et surtout lui donner confiance en elle, rien qu’en lui assurant qu’elle en était capable, et qu’elle était bien plus qu’elle ne pensait être. Ceci dit, elle s’intéressa davantage à moi, et fier comme un coq, je lui assurais de lui apprendre quelques pas de danse. J’aimais partager ma passion, qui était universelle. Et cela sembla la gêner. J’allais lui demander ce que j’avais dis de mal, quand elle me proposa des cours elle aussi. Mignonne. C’était le seul mot qui me venait à l’esprit. Comment ne pas penser ça, elle était toute timide, et on avait l’impression que ma proposition lui avait fait l’effet d’une déclaration. J’exagérais peut-être, mais je trouvais ça touchant au fond, et ça me faisait plaisir, parce qu’intérieurement je savais que je lui avais redonné le sourire. « Et bien va pour des cours de dessin, alors. Mais promis, tu ne te moqueras pas, j’ai pas dépassé l’étape des bonhommes en bâtons. » Dis-je. En fait, je ne savais pas dessiner tout court, mais j’admirais les gens qui avaient ce talent, et qu’elle veuille bien m’inculquer des bases me rendait tout heureux. La conversation d’ailleurs, en général, me rendait heureux. « Oh, d’accord, j’étais persuadé que vous parliez surtout espagnol là-haut. Ce n’était qu’une idée reçue, comme quoi, les apparences sont trompeuses. En tout cas, tu finiras bien par t’habitude, l’être humain finit toujours par s’adapter, d’une façon ou d’une autre. » Expliquais-je tandis qu’elle me balbutia quelque chose en espagnol que je ne comprenais absolument pas. Je ne notais pas cependant. « Et bien, c’est d’accord, alors, nous voilà binômes désormais. » M’exclamais-je alors. Binôme était un peu le terme pour moi qui signifiait, deux potes toujours ensemble, l’un pour l’autre, pour s’épauler. Unis comme les doigts de la main, quoi. « C’est le lieu où tu as grandi, rien ne pourra le remplacer, et c’est normal. » Fus tout ce que je trouva à répliquer, alors que je me revoyais, sillonnant les rues de Seoul, ville de richesse. Gratte-ciels en tout genre. En même temps, je vivais dans le quartier de Gangnam, le plus huppé de la capitale, que pouvais-je bien voir d’autre que du fric étalé à chaque coin de rue. Pas grand chose, et je ne pourrais certainement jamais la comprendre sur ce point. Nous n’avions pas grandi dans le même milieu, mais nos valeurs restaient les mêmes, comme quoi, la richesse c’était bel et bien quelque chose de matériel.

Assis là, à se regarder dans le blanc des yeux, je me demandais ce qui allait se passer, jusqu’à ce que ses yeux s’illuminent. Sourire rayonnant, elle me demanda de poser pour elle, afin de me dessiner. Des choses, il s’en était passé dans ma tête à ce moment là. Incompréhension, joie, gêne, et je n’avais su quoi dire sur l’instant, laissant apparaître deux yeux globuleux. La surprise. Pourtant, je ne voyais pas en quoi c’était dérangeant, et j’avais fini par accepter, curieux de la voir à l’œuvre. « Euh, non vas-y je t’en prie, fais comme tu le sens, c’est toi l’artiste après tout. » Répondis-je alors qu’elle vint vers moi, et commença à me placer à sa convenance. Je découvrais alors une nouvelle Maira, une Maira qui semblait avoir franchi toutes les barrières du monde, une Maira confiante, celle qui souriait, et qui était sure de son coup. La Maira artiste. Elle m’attrapa l’épaule, la main, et j’ébouriffais vaguement mes cheveux, avant qu’elle ne prenne place en face de moi. « D’habitude, je ne suis pas quelqu’un qui tient en place, mais promis je vais faire un effort. » Dis-je, la gratifiant d’un sourire.

Bien face à elle, j’avais tout le loisir de l’observer, alors qu’elle était plongée dans sa bulle. Elle était en pleine action, et je la voyais me scruter, me détailler. Sourcils froncés, elle se concentrait, et je l’observais. C’était tout ce que je pouvais faire après tout. Mais j’étais captivé, étrangement. Par ce silence, qui régnait, mais également cette ambiance, malgré l’absence totale de bruit, il se passait quelque chose. Finalement, elle se lança, et bien que je fus tenté de baisser les yeux, ce qu’elle m’avait dit me revint en tête. Je ne devais pas bouger, et surtout je ne devais pas être un modèle pourri pour qu’elle regrette de m’avoir un jour demander de poser pour elle. Du coup, droit comme un i, je restais immobile, imperturbable. Seul mon torse se contractait à intervalles réguliers. Mes paupières clignaient, mais mon regard était tourné vers elle. Son poignée faisait des mouvements rapides, mais gracieux, et j’entendais la mine sur le papier. Comme une griffe. Je ne savais pas exactement quoi penser, ni d’ailleurs quoi dire, alors que j’étais censé devenir une statue pour une durée indéterminée. Ca ne m’était en même temps jamais arrivé, de rester dans une même position, mais j’étais si curieux de voir le résultat, que je me concentrais moi-même. Ses longs cheveux ondulaient, avaient été mis en arrière, pour ne créer aucune gêne, et son visage fin semblait fermé. Malgré tout on sentait une lueur briller dans ses yeux, celle qui prouvait qu’elle faisait ce qu’elle aimait, et qu’elle y mettait tout son cœur. Lèvres pincées, doigts crispés autour du crayon, elle est là, parfaite, dans sa bulle. Rien ne semble la déranger, et moi je suis là, à presque la contempler.

L’heure passe, les minutes s’égrènent, et le tic tac incessant de l’horloge envahit la pièce, comblant le silence que même nos souffles respectifs ne peuvent atteindre. J’ignore depuis combien de temps je suis dans cette position, mais je commence à ressentir quelques douleurs, j’ai besoin de bouger. Des crampes, des fourmis dans les jambes, j’ai mal, mais je tiens, jusqu’à ce que j’entende son crayon se poser sur la table, et sa voix qui me tire de ma rêverie. Tel une marionnette à qui on a coupé les fils, je m’avachis à son signal, poussant un cri de soulagement. Je revis. « J’ignorais que c’était aussi éreintant de rester dans la même position aussi longtemps. » Dis-je avant d’ajouter : « J’étais comment ? » En espérant que cela ne ce soit pas ressenti, et qu’elle ait pu convenablement réussir son dessin. Cette dernière me le tend, et j’en reste bouche bée. C’est effrayant de voir à quel point ce dessin me ressemble, comme si c’était une photo. C’était merveilleux, et à la fois tellement représentatif de ma personne, comme si le bout de papier pouvait parler, et dire qui était Shin en quelques lignes tracées. Je ne sais quoi dire, m’éternise, puis finis par parler. « Ouah ». Un ouah d’admiration. Elle me dit qu’elle me l’offre, je plante mon regard dans le sien. « T’es… T’es sérieuse ? Je peux vraiment le garder ? » C’est un cadeau inespéré. « Merci, vraiment merci, il est magnifique. T’as un don pour faire vivre tes dessins. » Je le contemple, encore et encore. Je n’ose l’abimer, et le tiens entre mes deux doigts. Je pourrais encore rester là des heures, mais une idée me vient. Elle venait de me faire entrer dans son univers, à mon tour. « Viens, suis-moi, j’ai une idée » Dis-je sans plus de précision, l’attrapant par la main. Au passage, je dépose soigneusement le dessin sur le bureau de ma chambre, et l’entraine vers la sortie de Wynwood. Je sais où je voulais l’emmener, et quand j’avais une idée, je ne l’avais pas ailleurs.

Ma mémoire me faisait parfois fausse route, mais à avoir trainer toute la journée, j’avais fini par tomber sur un tract accroché au milieu de nulle part dans un couloir, signalant qu’un battle de danse aurait lieu le soir même, à la plage de Miami. J’allais lui montrer dès à présent, comment moi je vivais ma passion. J’avais un peu peur qu’elle n’apprécie pas, puisqu’elle était plutôt renfermée, mais j’avais envie de lui montrer, lui faire découvrir le monde. Les gens au battle peuvent paraître impressionnants, voire effrayants, mais sont les plus adorables. Ils vivent pour leur passion, sans rechercher la célébrité, ils font ce qu’ils aiment, et acceptent tout le monde, sans exception, et c’était aussi ça que je voulais lui montrer. Arrivés sur le parking, je lui désigne ma moto, et l’invite à monter dessus. « Fais-moi confiance. » Lui dis-je simplement en l’aidant à enfiler son casque, avant de filer direction Miami Beach.

Le vent sifflait dans nos oreilles, et le soleil commençait à se coucher. Moins de monde trainait dans les rues de Miami, mais l’ambiance festive était toujours au rendez-vous. Je me garais sur la plage, et on entendait déjà la musique au loin. Je l’attirais vers moi, lui demandant de ne pas avoir peur, et de surtout me faire confiance. Nous marchions sur le sable, jusqu’à arriver au lieu de rendez-vous. Décor toujours époustouflant, grande piste de danse, et des volontaires motivés. Le DJ est là, derrière ses platines, installation improvisée, avec le matériel du bord. Il est à fond, et passe des tubes connus de tous. Il y a de tout, des filles, des gars, des enfants et mêmes des adultes. « Bonsoir à tous, et bienvenue au grand battle de Miami. C’est bientôt les vacances et ça se fête. » S’exclame alors le DJ à son micro. « Je n’ai plus qu’une chose à dire, que le meilleur gagne. » S’en suit alors des démonstrations en tout genre, impressionnantes en tout point. J’applaudis au rythme de la musique, et incite Maira à faire de même, qui ne comprend pas bien pourquoi on est là. Je me tourne vers elle. « Ca, c’est ma passion, le street art. Ces gens viennent de partout, et sont tous différents, mais ont une passion commune, la danse. Tu ne peux pas trouver mieux qu’ici. Tolérance, est le mot d’ordre. Personne ne juge, ici c’est de l’art à l’état pur. » Je continue cependant à regarder les danseurs. « C’est ce que j’aime, partager, et m’amuser. Tu veux essayer ? » La réponse, je ne la connaissais pas, ou presque, en tout cas, j’avais envie qu’elle se défoule, et nous étions au cœur même de la fête. L’endroit où elle pouvait se lâcher, et n’avoir peur de rien, parce que même les débutants avaient leur place, et si ce n’était pas moi qui l’attirais sur la piste, un autre le ferait certainement à ma place. C’était comme ça que ça marchait ici, personne n’est mis à l’écart, tout le monde s’amuse. Tout ce qu’on gagne, c’est de s’amuser.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyMar 29 Juil 2014 - 1:41



The Art That Binds Us-Shiiiiin ♥
 


Je suis timide, affreusement timide, c'est un de mes principaux traits de caractères, et ça m'a posé de nombreux problème tout au long de ma jeunesse, et le principal problème qui en a découlé c'est que je n'ai jamais réussi à m'imposer auprès de ma famille, j'étais la petite dernière, celle qu'on protège et qu'on écoute pas vraiment, celle dont on prend soin mais dont l'avis importe peu, est ce que ma mère a cherché à savoir quel impact ses départs successifs auraient sur moi et ma sœur et sur mon père, est ce que Soraya a pensé à sa petite sœur quand brusquement elle a décidé de partir, est ce qu'une seule fois elle m'a demandé mon avis ? Peut-être ils ont oubliés que je suis quelqu'un de fragile et de sensible dont le mental ne tient qu'à un fil depuis l'âge de quatre ans, oui peut-être que tout simplement ils ont oubliés que ce n'est pas pour me rebeller que je m'enferme dans ma chambre pour dessiner c'est juste que parfois il m'est impossible de communiquer que parfois je ne vais pas bien et qu'il faut que je m'isole mais je pense que ça personne ne l'a jamais bien compris, pour certains ce n'est qu'une lubie de ma part, parce que je suis pas sociable, mais c'est avoir tout faux sur moi. Tout le monde ne peut pas avoir un fort caractère, tout le monde ne peut pas paraître aussi fort qu'un roc, certaines personnes sont plus sensible et un rien peut les faire basculer, non pas dans la folie, mais dans quelque chose de plus intérieur et personnel, oui j'intériorise beaucoup, et parfois ça me mine de garder tout pour moi, avant je racontais tout à Soraya, maintenant c'est comme si mes feuilles de papier étaient mon seul moyen de communiquer, ça ne me dérange pas de passer pas mal de temps toute seule, comme ont dit mieux vaut seule que mal accompagnée, mais j'avoue que quelqu'un avec qui parler, de choses sérieuses me manque parfois, quelqu'un en qui je pourrais avoir totalement confiance. Il y avais bien mon père, mais ma relation à mon padre est assez complexe, oui je lui fais totalement confiance à plus que quiconque cela dit nous n'avons jamais réussi a vraiment communiquer lui et moi, peut être parce que nous sommes trop semblables et que lui comme moi, la communication est difficile avec les autres, une incapacité viscérale à s'ouvrir aux autres. J'enviais à ma sœur son aisance, de réussir à être si extravertie, cela me semblait si hors de portée.

Mais là ou j'étais paradoxale c'est que plus tard je voulais vivre de mon art et ça impliquait de montrer mes dessins ce qui était impensable pour moi, enfin pour le moment. Comme je le disais je pense qu'il faudrait que je trouve quelqu'un en qui j'ai confiance et qui ai confiance en moi pour que je puisse commencer à m'ouvrir aux autres, c'est un peu bizarre comme raisonnement je vous l'accorde, mais étant incapable de me faire confiance je pense que ce serait le seul moyen. Je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort, il y a pire comme destin que de se retrouver dans un des lycées les plus côtés du pays dans une confrérie qui m'accepte comme je suis, ma situation présente je la vis très bien ou du moins c'est ce que je montre aux autres, à ma sœur, à ma chère mère, à tout le monde. Mon passé en revanche, il me hante et ne me laisse pas tranquille, je pense que mon équilibre psychologique est le résultat d'un événement particulier de ma vie, il y a comme çà des choses qu'on ne comprend pas tout de suite mais qui vous marque, qui vous trouble et le jour où vous êtes assez grande pour le comprendre, ça vous prend et ça ne vous lâche plus, ça vous prend aux tripes tellement l'injustice est énorme, tellement le coup du sort est terrible que vous ne pouvez plus avancer, tellement que vous ne pouvez pas en parler, même avec les plus proches de vous. Si il y a un sujet tabou dans notre famille c'était bien ce sujet, LE sujet dont Soraya et moi ne parlions jamais, pas par ce qu'on s'en fichait non, c'était un des moments les plus durs de notre vie mais parce que c'était impossible pour nous de l'évoquer sans craquer, vous voyez comment je tourne autour sans vraiment dire ce qui s'est vraiment passé, c'est que si je me laisse envahir par ces souvenirs j'allais craquer et m'effondrer, là devant ce garçon, ce serait très égoïste de ma part de lui faire subir ça je devais me contrôler, mais parfois c'est difficile, c'est pour çà que généralement je reste cloîtrée et toute seule, parfois il suffisait que je dessine parfois ça ne suffisait, non je ne pouvais pas imposer çà à se garçon, je ne pouvais pas me murer dans un silence qui allait devenir gênant si il s'éternisait. Je fermais néanmoins les yeux quelques secondes histoire de contrôler ma respiration et ne pas montrer au garçon mon bref instant de panique. Pourquoi avait-il fallu que cette voiture déboule dans cette rue à ce moment là ? Pourquoi mon grand frère se trouvait là à ce moment là ? Soraya et moi avions étés dérobées d'une partie de notre vie, comme çà en quelques secondes alors que nous étions trop jeunes pour comprendre ce qui se passait mais c'était sur que nos vies ne seraient plus les même à partir de ce moment là. Soraya et moi nous sommes rapprochées plus que jamais après l'accident, j'avais besoin de ça, c'est à partir de cette période que psychologiquement je suis devenue fragile, balançant toujours autour d'une tristesse qui ne me quittait jamais, un besoin de me confier doublé d'une timidité maladive qui existe toujours aujourd'hui. Quand Soraya s'est détournée un peu de moi pour le sport je me suis retrouvée un peu seule avec moi même, notre mère commençait à rêver du Continent et mon père n'est pas un homme qui communique beaucoup comme je vous le disais. Mon grand père, lui qui a donné l'idée des points d'ancrage à Soraya, m'a offert peut être le plus beau cadeau de ma vie, des crayons et des feuilles, ça paraît banal comme çà mais moi ça m'a sauvé, le dessin m'a sauvé, je dois tellement à ces crayons et à ses feuilles.

Je lève la tête et je remarque que le silence a duré plus longtemps que je ne l'escomptais, mon crayon tourne rapidement entre mes doigts, signe de tension chez moi, je me ressaisis et me tourne vers mon interlocuteur en souriant, il venait de me dire que je ne lui devait rien mais qu'il fallait que je mette mon dessin en lieu sûr. Il était clair que je ne referai pas deux fois la même erreur, il n'allait plus quitter ma pochette à dessin qui était soigneusement rangée dans mon appartement, seul chose de rangée d'ailleurs chez moi quand on voit toutes les feuilles et les crayons qui jonchent le sol. Je hochais la tête toujours souriante : « Ben si quand même, sans toi je pense que je n'aurai jamais revu mon dessin et oui c'est sûr que je vais en prendre beaucoup plus soin maintenant. » C'est vrai que si il n'avait pas récupéré le dessin, il aurait été perdu ou même jeté ou détruit pas un élève ou un professeur peu consciencieux. J'aurai peut être du un un peu me méfier, un inconnu qui avoue m'avoir cherché et être venu dans ce lieu plusieurs fois pour me trouver, ça pourrait faire peur, mais je savais que ses intentions étaient tout à fait honorables et que je n'avais rien à craindre de lui, au contraire, il y avait en moi une envie qui grandissait de le connaître, de savoir qui il était, ce qui le passionnait et aussi de savoir ce qui lui a plu dans mon dessin, pour une fois je voulais l'avis de quelqu'un et plus précisément c'était le sien que je voulais.

Et je dois avouer que son avis me surprend au plus haut point, personne ne m'a fait de remarque sur mes dessins comme lui en a fait, déjà parce qu'on a jamais dit du bien de mes dessins comme çà, pas même ma famille, mais surtout c'est qu'il ne se contentait pas de dire « c'est bien » ou « c'est nul », non il analysait vraiment ce que je faisais, ça se voyait qu'il avait prit le temps de regarder le dessin, de l'observer dans les moindres détails pour le comprendre, pour en saisir son essence. Ça m'intimidait un peu puis ce que ce dessin est très personnel mais le fait qu'il a tout à fait comprit ce qu'il représentait me rassurait, qu'il ne me pose pas trop de questions dessus m'aide aussi, ce dessin contient mon histoire, une histoire que je ne suis pas encore prête à livrer. « C'est totalement vrai et pourtant c'est primordial si on veut essayer de comprendre un tant soit peu les gens qui nous entoure, à croire que les gens ne s'intéressent qu'à leur nombril c'est désespérant je trouve ». Oui c'est la fille qui s'enferme dans sa chambre pour dessiner qui parle, ceci dit mes dessins ne me viennent pas comme çà comme des messages divins, tout mes dessins me viennent de longues heures de d'observation, des paysages, des personnes, parfois de longues conversations aussi, alors certes pendant la phase créative à proprement parlé je suis refermée sur moi-même, mais ma matière première me vient d'une ouverture sur le monde et le plus possible à sa compréhension, ou plutôt à l'interprétation que je me faisais de cette observation. Les préjugés très peu pour moi, je laisse la facilité aux autres. « Je suis tout à fait d'accord avec toi, on dirait que les gens ne jugent que par les apparences et ne font pas attention à ce que son vraiment les choses ou les personnes et ils te mettent dans des cases qui ne correspondent absolument pas à ce que tu es, pour eux ils ont raison, si seulement ils savaient... Nan plus beaucoup de gens prennent le temps de réfléchir avant de parler de nos jours. Le truc c'est que ne m'ouvrant pas aux autres je ne sais pas vraiment ce qu'on pense de moi et je sais que j'ai peur de ce qu'on va dire de moi c'est en partie pour çà que je n'ose pas montrer mes dessins, ça doit te paraître un peu débile. Je sais qu'il faudrait que je sois plus confiante mais disons que j'ai vécu des choses qui ne m'aident pas aller dans ce sens. » Je me tournais franchement vers lui quand il me proposa de m'aider à m'affirmer, un petit sourire vint se plaquer sur mon visage. « Je euh, m'aider à avoir confiance en moi, quelque chose comme çà ? Enfin... C'est super sympa étant donné qu'on ne se connaît que depuis que depuis quelques minutes. J'accepte, enfin si ça te dérange pas. »

C'était tout moi, je pouvais sortir une réponse parfaitement sortir une réponse réfléchie et cohérente sur les préjugés et sur mon interprétation sur plein de choses et deux secondes après je peux sortir une réponse qui n'a ni queue ni tête, toute timide et buter sur tout les mots. Lui avait l'air si confiant de lui, très assuré et à l'aise, assez pour chercher une fille pendant trois jours pour lui rendre un dessin, assez pour lui proposer son aide, jamais je n'aurai osé, je suis bien trop réservée. Seulement je ne saurai pas comment l'expliquer mais il y a quelque chose qui se dégage, une aura spéciale, une assurance à toute épreuve, une aura qui me disait que je pouvais lui faire confiance, que cette personne ne me trahirait pas. C'était un artiste comme moi et les artistes n'ont pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre, l'art c'est d'abord une histoire de ressenti et d'émotions et les émotions sont le moyen de communication des artistes, lui et moi ne pratiquions pas le même art certes mais nous parlions le même langage, cela suffisait largement à ce qu'on soit sur la même longueur d'onde, autrement je pense qu'une discussion comme la notre n'aurait jamais pu être possible. « Je sais que tu as raison et que je ne peux être que gagnante à montrer mes dessins et que les critiques ne peuvent que faire évoluer mais je crois qu'avant il faut que je prenne un peu de recul par rapport à ce que je dessine ça serait déjà un premier pas. Déjà ta critique me donne plus confiance en ce que je fais même si je me doute que tout le monde n'aura pas ta finesse d'analyse et ta compréhension. » Il enchaînait sur le fait que ce serait dommage que je cache « ce don » que j'aurai pour le dessin. « Et bien je ferai en sortes de montrer mes dessins aux autres mais avant il y a quelques petites choses que je dois régler histoire d'être parfaitement prête à faire ce travail sur moi. » Ces quelques petites choses c'était surtout régler mon petit différend avec ma sœur et puis surtout enfin confronter ma mère, en tête à tête et lui dire ce que je pensais de son comportement, après, seulement après je serai sûrement assez sereine et en paix, assez confiante pour montrer tout mes dessins, ma vie au grand monde.

N'importe qui aurait envoyé ce mec bouler, personne n'aime qu'on s'incruste comme çà et qu'on commence à vous donner des leçons comme si il était un grand psychologue de renommée internationale mais ça ne me dérangeait pas du tout, parce que je sais que ce n'était pas dans ses intentions de me juger ni de faire mon portrait psychologique pour chercher si j'ai quelconque problème. C'était juste des conseils, il ne me les imposait pas c'était juste pour m'aider, encore une fois j'étais extrêmement reconnaissante envers lui pour çà, lui il ne se cachait pas derrière un masque il était lui et pas quelqu'un de faux, c'était une qualité que j'appréciais beaucoup, de toute façon selon moi on ne peut pas être artiste sans y mettre une grande part de soit, on ne peut pas tricher dans l'art. « C'est ça qui est magique avec l'art que ce soit le dessin comme la peinture, comme la musique on se créer un univers bien à nous qui nous permet de nous échapper et de faire s'évader avec nous les personnes qui nous comprennent. » Ma référence à la musique semble piquer son intérêt, je ne peux que sourire à son regain d'enthousiasme soudain. « Tout dépend dans quel état d'esprit je me trouve on va dire, ça peut très bien être de la musique classique mais aussi du folk, de la pop, du rock, mon groupe de prédilection en ce moment c'est Coldplay, à croire que leurs chansons me parlent tout particulièrement, j'arrive presque à mettre un dessin sur toutes leurs chansons. » Oui Coldplay avait cet effet là sur moi de réveiller chez moi une batterie d'émotions qui m'inspiraient énormément. Je ne sais pas si on aimaient les même types de musique mais encore une fois peu importait puis ce que l'on se comprenait parfaitement et que sur certains points nos histoires se ressemblaient.

« Oui les critiques c'est jamais facile et je peux comprendre que venant de la famille ça doit être presque insurmontable et assez minant. Pour ma part je n'ai jamais eu de critiques de la part de ma famille, pas beaucoup de réactions, on a jamais vraiment sut communiquer entre nous et depuis quelques années ça ne va pas en s'arrangeant. Mais tu as raison il faut tout le temps aller de l'avant, et surtout dans notre domaine si on se laisse abattre par tout ce qu'on dit sur nous c'est fichu il n'y a plus rien à faire, alors oui il faut qu'on soient fort. Je sais pas si je n'ai pas une grande confiance en moi c'est juste que je n'ai jamais vraiment réussie à m'affirmer, ça a toujours été Soraya, ma sœur la fille confiante dans la famille, moi je suis plus... effacée on va dire. Même si je ne me laisse pas abattre par ce qu'on dit de moi, je n'ai pas la capacité qu'elle a faire front de toute chose. »

L'image de mon frère revint quelques secondes à mon esprit, je me souviens qu'il souriait beaucoup, toujours. Ce grand-frère que je n'avais connu que l'espace de deux dans et qui m'avait été enlevé d'un coup, oui c'était en partie à cause de çà que j'avais du mal à communiquer avec les autres, parce que mon monde s'était déjà écroulé une fois et je n'avais que quatre ans. Ce garçon avait le tact de ne pas me poser de question sur le sujet et je lui en était reconnaissante. Pourquoi avais-je peur ? Bonne question. Peur parce que je ne me fais pas confiance, peur parce que j'ai peur qu'on ne me comprenne pas, peur qu'on m'abandonne une nouvelle fois, peur parce que mes dessins prenaient une place énorme dans ma vie, peur qu'on m'enlève ça et peur qu'ils prennent trop de place et me submergent. « J'ai peur parce que parfois je trouve que je met trop de moi dans mes dessins, parce qu'au fond il me ressemble trop et que du coup, j'ai peur qu'en les montrant on me découvre trop et aussi qu'ils prennent tellement d'importance que je finisse par vivre que par eux, et ça me fait un peur... Tu dois me prendre pour une folle... » Oui il devait penser que j'étais complètement folle à lier, je venais de lui avouer que j'étais clairement quelqu'un qui vivait en reclus à dessiner. Mais non il ne dit pas que je suis folle, il embraya sur ses compétences en danse et en musique et soudain mes yeux s'illuminèrent. Je lui dis qu'il n'avais pas le choix, qu'il devait me faire écouter son travail, il répondit qu'il était d'accord et qu'il pourrait m'apprendre quelques trucs. Je sentis mes joues rosir à cette proposition, mes yeux se reposèrent sur le crayonné de la baie de San Juan. « Je... euh oui si tu veux, c'est gentil de me proposer çà... je... je pourrais te montrer deux trois trucs en dessin si tu veux. » J'avais peur qu'il refuse, après tout je n'avais pas vraiment l'allure d'une prof de dessin, ni d'une prof tout court, pas assez assurée pour çà.

« Et oui deux nouveaux arrivants à Miami, se plongeant dans une grande aventure, c'est pas merveilleux çà ? Pour l'adaptation je suis moins optimiste que toi je suis toujours assez lente à m'adapter, Miami, Wynwood c'est tellement différent de San Juan, ici tout est démesuré et riche alors qu'à Puerto Rico, tout est petit et pauvre, mais ça me convenait parfaitement, il va falloir que je me fasse une raison que plus rien ne sera comme avant mais qu'il faut que j'aille de l'avant. Pour l'anglais je n'ai pas vraiment de mérite, plus beaucoup de personne ne parle espagnol, l'anglais devient la langue majoritaire là-bas » Sa proposition de m'aider si j'ai un problème me fait atteindre des degrés de rouges que je n'avaient jamais atteints. « Ah euh ¡Claro caro moi ! (Bien sûr mon cher/mon chéri) » dis-je avant de me rendre compte de ma bourde et espérant qu'il ne comprenne pas l'espagnol. « Je veux dire bien sûr et tu peux compter sur moi, même si je ne vois pas en quoi je peux être d'une grande aide. »

Nous nous concentrons sur mon nouveau dessin, il me demande ce que c'est je lui répond que c'est le port de San Juan ma ville natale, il me demande si ça me manque. « Oui... ça ne fait qu'un mois que je suis parti et Puerto Rico me manque énormément, même si au fond de moi je sais que je n'aurai pas pu grandir là-bas, Puerto Rico reste ma patrie de cœur. » J'espérai ne pas trop verser dans le sentimentalisme mais après tout je ne faisais que répondre à sa question. Sans lui laisser le temps d'ajouter quelque chose je tirai une nouvelle feuille de papier et lui demanda alors si je pouvais le dessiner, lui un parfait inconnu un quart d'heure plus tôt, oui je voulais dessiner Shin ce mystérieux artiste, ce garçon qui je savais occuperai une partie importante de ma vie, je ne savais pas encore laquelle. Parfois je me surprenais à faire des actes téméraires coupant avec ma nature habituelle, cette demande en était une. Et à ma grande surprise il ne prit pas ses jambes à son cou. Il prit son temps pour réfléchir, je peux vous dire que ma demande avait réussit à l'ébranler un peu, mais il fini par accepter, ce qui me fis sourire, j'étais heureuse qu'il accepte, je commençais déjà à le regarder imaginant déjà les coups de crayon. « ¡Perfecto ! Euh je crois que j'ai une idée par contre ça te dérange si je te place moi-même ? Et ne t'inquiètes pas tu sera parfait, c'est moi qui ai plus à craindre tu es la seulement la deuxième personne à qui je demande de poser pour moi, l'autre personne et bien elle est sur le portrait que tu m'a ramené. » Je lui pris la main, toute timidité oubliée, je vins la placer sous son menton, puis je posais son coude sur le bureau, il avait l'air comme çà d'un élève en cour, qui s'ennuyait, juste ce qu'il me fallait. J'allais ébouriffer un peu plus ses cheveux mouillés mais comprenant mon intention il secoua ses cheveux lui-même je reculais vivement ma main en souriant. « Parfait... par contre je te demanderai de bouger et euh... j'espère que tu ne crains pas les longs silences, je parle rarement en dessinant pour ainsi dire jamais, et ça euh... peut durer longtemps... » le prévins je avant de prendre un crayon et de laisser court à mon imaginaire.

Je ne commençais pas à dessiner tout de suite, non il faut prendre son temps pour réussir quelque chose de bien, mon crayon commença à tournoyer entre mes doigts alors que mes yeux se posèrent sur le visage de Shin. Je reconnaissais totalement qu'il était très beau, qu'il avait le visage fin et un regard à couper le souffle, mais je passais totalement outre ces considérations, je ne devais pas laisser ces détails me troubler pendant que je dessinais. Dans ma tête je listais toutes les choses que pouvaient m'évoquer Shin, hormis l'art, il y avait sur ce visage une volonté féroce de se battre de ne jamais se laisser faire et d'aller de l'avant coûte que coûte, oui on voyait cette détermination dans l'iris de ses yeux. Et avec cette féroce volonté on voyait un désir de liberté, d'émancipation, ça serait çà mon angle d'attaque, la liberté, quel meilleur sujet pour de l'art de toute façon. Il fallait commencer par le paysage, alors sans le quitter des yeux, je fis crisser le crayon sur le papier, seul son qui brisait le silence, bientôt rejoint par le tapotement en rythme sur des doigts de mon autre main sur la table. Je baissais les yeux sur ce que je faisais, des traits, des petits coups de gris qui ne formaient pas encore quelque chose de concret. Je n'ai jamais fait d'abstrait, pas que ça ne m'intéresse pas, il y a des choses absolument magnifiques en abstrait, mais mentalement je tenais déjà à un fil rien qu'en faisant du concret alors de l'abstrait, je pense que je serai capable de m'égarer dans des contrées dont je ne reviendrai pas forcément.

Les traits commençaient à prendre forme, de l'herbe, haute et sauvage, on peut apercevoir dans le loin, l'eau paisible d'un grand lac, la ligne d'horizon n'est pas droite, ni plaine, c'est un trait de crayon, en plusieurs coups un peu torturée pour le ciel, je voulais un ciel de nuit pas un ciel uniforme et bleu d'un beau jour d'été. Je commençais à délimiter les endroits où se trouveraient les étoiles, puis grattant avec mon ongle je fis tomber une fine poussière de mine sur le papier, humectant mon pouce sur mes lèvres et je l'appliquais sur le tas de poussière et je le fis glisser sur le papier, laissant une trace désunie et délavée de crayon, comme un soir d'orage. J'arrachais un morceau d'une feuille vierge et le le passais sur le ciel pour estomper certaines zones créant des nuages assez flous.

Je devais passer au plus difficile maintenant, le sujet même de mon dessin, Shin. Je jetais un regard à la pendule, une demie-heure déjà que je le dessinais. Il restait la patient, je souris et me remis à l'observer, essayant de garder ses traits dans ma mémoire. Inconsciemment je me mis à fredonner une mélodie, marmonnant les paroles tout en dessinant (Cette chanson *-*), tout venait naturellement, je le plaçais en premier plan de mon paysage, le bureau tout d'abord, la simple table de formica se transformait soudain en un bureau à l'ancienne, le genre avec l'encrier. Doucement je dessinais sa main droite posée sur le bureau, ses doigts fins, des doigts de pianistes, puis ses jambes nonchalamment étendues sous la table. Je remontais dessinant son torse, décidant de ne pas changer le code vestimentaire qu'il avait là, je faisais ensuite son bras, coude posé sur la table, la main déployée. Seulement là je relevais les yeux pour remettre dans ma tête les traits de son fin visage, je commençais lentement à dessiner le contour du visage, puis les oreilles, ses yeux, puis son nez et sa bouche pour finir par ses cheveux, légèrement relevés comme si pris dans le vent. J'ajoutais des détails, des ombres, puis dans le coin droit, au bout d'une bonne heure, j'inscrivais « Por Shin, de Maira Santana Muños » avant de le placer sur le bureau. « C'est fini tu peux arrêter la pose Shin, j'espère que ce n'était pas trop long, et j'espère que ça te plaira, et inutile de te préciser que tu es la première personne a qui j'offre un dessin » dis-je, la timidité de retour maintenant le dessin fini, j'étais une nouvelle fois pendu à ses lèvres.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyJeu 17 Juil 2014 - 0:29



The Art That Binds Us ▬ Maira & Shin


On m’a toujours dit : quand tu veux vraiment quelque chose, tu peux l’avoir. Et bien que pendant longtemps, cela m’ait paru être rien qu’une phrase utopique optimiste pour aider les gars comme moi à ne jamais baisser les bras, j’avais fini par y adhérer totalement, m’imprégnant de ce proverbe pour en faire mon idéologie de vie. Toujours me battre pour obtenir ce dont je désire, et jusqu’à présent ça avait plutôt l’air de me réussir. Fin, je veux dire, globalement ça me réussit. Même si ça m’a poussé à quitter le cocon familial, je fais enfin ce que je veux, entouré de gens qui ont les mêmes passions et intérêts, je peux chanter sans avoir à me cacher du regard extérieur, et je vais ainsi pouvoir réaliser un de mes plus grands rêves, ce qui n’est pas rien. Et tout ça, c’est à force de persévérance, de sacrifices. Et ça j’en ai fais, parce que le pire qui puisse arriver c’est être contre les convictions de sa propre famille. On a toujours un mal fou à les défier, à vouloir leur tenir tête, et pourtant j’ai fini par le faire, et le résultat est tel que mon père me renie totalement. J’en ai certes beaucoup souffert sur le coup, mais si tel était le prix pour vivre heureux et ne pas être enfermé dans ses rêves et désirs, je n’ai aucun regret, et vois la vie comme un long chemin, certes semés d’embûches, mais on a le pouvoir de choisir où on se dirige. Et il était clair que j’avais choisi la bonne voie.

Mais ça, je le dois surtout à ma mère, ma bonne étoile, celle qui a toujours été là pour me rappeler qu’il faut croire en ses rêves, et ne jamais les perdre de vue. Tout ça, parce que son mariage lui a causé bien des regrets. Ceux de ne jamais avoir vraiment pu poursuivre son rêve, mais il faut croire que m’avoir eu avait su effacer tous ses remords, bien que j’en doute. Avant de partir, je l’avais supplié de vivre pour elle, refusant qu’elle les traine jusqu’à sa mort. Tout ça à cause d’un père comme le mien. Alors peut-être que ça va vous choquer tant de haine envers mon paternel, mais je ne l’ai presque jamais vu, et il ne m’a ainsi dire jamais élevé, ce pourquoi il n’a toujours été qu’un homme de passage dans ma vie, et ne mérite pas une femme de cœur comme ma mère qui lui obéit au doigt et à l’œil. Au fond, je sais que ce n’est pas un homme détestable, ni même sans cœur, juste qu’il dédie tout son amour à sa société, seul héritage de son père décédé. Une entreprise qu’il dirige d’une main de fer, et je sais qu’il en bave, mais toujours est-il que je ne saurais jamais lui pardonner. Jamais.

J’enterre ma rancœur, ce n’est pas le plus important, ni même le sujet actuel, mais tout ça pour en revenir que l’abandon est un acte de lâcheté dont je ne saurais parler, puisque j’ai très vite exclus de mon vocabulaire ce mot. La persévérance a pris sa place, et même si ça paraît nul, anodin, complètement fou, j’avais refusé un seul instant abandonner la perspective de retrouver l’auteur de ce dessin. Ca devait faire depuis que je m’étais levé ce matin que j’y pensais encore et encore. Faut-il croire que tout se réalise si on ne cesse d’y croire, et même si ce n’était pas un but en soi, l’avoir devant moi était comme une fierté, celle de pouvoir coller sur un visage un sourire. Un peu une philosophie de vie : distribuer du bonheur à mon entourage. Quelque chose que mon père n’a probablement jamais saisi, et le premier motif de mon ambition si exacerbée pour la musique.

Très longtemps, je n’osais en jouer en public, et ne partageais ce moment privilégié qu’avec ma prof et ma mère, puisque mon père avait une sainte horreur de savoir que je pouvais avoir une telle passion. Puis quand il est passé à l’acte, et que j’ai du lui promettre de couper tout lien avec la chanson, et que j’ai commencé à m’exercer dans la rue, j’ai très vite découvert plus qu’une passion, un mode de vie. Je n’exerçais pas que pour moi, mais pour les gens qui m’entouraient. Bien qu’il y ait eu de nombreux couacs, j’ai appris à transmettre l’émotion, et ma musique a fini par rendre heureux bien des gens, et c’était ça qui me mettait le plus en joie. Transmettre quelque chose, et illuminer ne serait-ce qu’un instant de la vie des personnes qui m’écoutent. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais je m’en contente très bien. De l’argent, j’en ai que trop faire, j’en ai assez pour toute une vie, et très sincèrement même si je devais faire ça bénévolement, je le ferais. Mon objectif est d’abord de faire rêver, et non de profiter. Ca peut paraître rare dans notre société où l’argent prime, et où l’égoïsme est au centre de l’idéologie sociale, mais à force d’avoir subi ça de la part de mon père, j’ai fini par connaître la valeur du bonheur, des sentiments et de l’amour. J’ai de la joie à revendre, et bien que ce ne soit qu’un petit rêve de rien du tout, une ambition d’ado en quête de soi-même, j’ai toujours voulu faire ces concerts humanitaires. Vous savez, ces voyages à travers le monde, pour aller transmettre un peu de joie aux personnes qui ne sourient pas tous les jours, qui n’ont pas nos moyens, et ne les auront jamais. Et même si ce n’est pas la musique qui va les tirer de là, au moins les faire positiver, et leur montrer qu’il y a bien des choses sur cette Terre qui suffisent amplement à rendre la vie plus belle.

Alors oui, je pointe du doigt tous ces capricieux qui attendent qu’on leur serve tout sur un plateau argenté, qui ne pensent à rien d’autre qu’à leur cul, et n’ont aucune idée de la misère qui engendre sur le monde, et l’actualité pitoyable, trop souvent mise de côté pour des conneries monstres, comme les People, ou le Mondial. J’aime le foot, mais tout l’engouement à son sujet m’étouffe, et me rend fou, alors qu’autour de nous rien ne va. Il faut le dire. Les crises naissent de partout, des morts sont déclarés tous les jours. Et rien que des innocents qui n’ont rien demandé. Et eux n’y pensent pas. Alors oui, certes je m’égare totalement, mais le genre humain, ou plutôt l’image globale me répugne, et étrangement à travers ce dessin, j’ai pu très vite oublier ce cliché déplaisant de l’Homme, puisqu’on sentait une sensibilité si profonde, que j’étais persuadé qu’il y avait encore des gens bien sur cette planète.

Ce n’est qu’une déduction basée sur un dessin, mais une déduction qui s’est avérée vrai au moment où j’ai découvert son visage, alors que je venais de lui poser cette feuille de papier devant elle. Il s’était illuminé, clairement. Et ça avait refait ma journée.

Alors que mes cheveux dégoulinaient encore un peu, je l’écoutais me remercier. Ce dessin semblait tellement compter pour elle, que je remerciais le ciel que ça soit tombé sur moi et non sur un demeuré qui aurait probablement déchiré ce dessin trouvant ça totalement débile.

Non, non tu ne me dois rien du tout, ça m’a fait plaisir, vraiment. Juste, la prochaine fois mets-le dans un endroit sur, lui conseillais-je.

Certes, le conseil ne serait pas utile puisque j’imaginais qu’elle ne reproduirait pas l’erreur, mais si jamais ça devait se reproduire, je doutais fort que le dessin tombe à nouveau entre mes mains. Je ne serais pas toujours là dans ces moments, et je ne pourrais pas empêcher qu’il arrive un malheur.

Néanmoins je lui fais comprendre mon admiration face à ce portrait très bien réussi de son père. Réaliste, on dirait une photo. De plus, j’ai eu le temps de l’étudier sous toutes les coutures. J’y connais rien en dessin habituellement, mais à le fixer trois jours durant, j’ai eu le temps d’épier le moindre détail et remarquer l’application dans le dessin, le sentiment qui en dégageait, et je devais m’avouer fier, puisque je sentais comme un courant qui passait, comme si nous nous comprenions d’une façon inédite. Mais me direz-vous l’art est un moyen d’expression tellement vaste, qu’on peut tout faire, et je suis le premier à le savoir. Sans doute la raison pour laquelle, je sais qu’un véritable artiste fait toujours passer un message, consciemment ou non.

C’est marrant parce qu’à la voir, elle n’a pas l’air habitué aux compliments, puisque les miens la met vite mal à l’aise, le regard qui fuit, les joues qui rosissent. C’est mignon, cependant je ne cherche pas à relever et continue l’air de rien pour ne pas l’embarrasser davantage, bien qu’on ne puisse pas vraiment dire que ce mot soit approprié.

Elle m’explique qu’elle est surprise en bien de mon sens de l’observation, et me remercie de la comprendre, je souris, et attend qu’elle ait fini de parler. Ca fait du bien, je dois l’avouer, de tomber face à une personne avec qui on peut discuter de tout et rien, tout en restant en parfaite symbiose, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, et que seuls quelques signaux suffisaient à la compréhension mutuelle, et là c’était le langage de l’art qui était mis en avant. La voir sourire, et être heureuse que j’ai pu faire de telles remarques à l’égard de son dessin me conforte dans le fait que j’ai eu raison de l’examiner en détail, je ne pense pas qu’on ait pu avoir une telle conversation si j’avais laissé simplement le dessin dans son coin sans y porter la moindre attention. Mais ca avait été trop dur de détacher mon regard de ce portrait, si bien réussi.

Je pense que peu de gens de nos jours prennent le temps de vraiment observer ce qu’il se passe autour d’eux, dis-je en allant dans son sens.

Alors qu’elle disait ne pas me viser en parlant des gens qui avaient vite des préjugés et des réactions négatives de premier abord, avec des jugements hâtifs, je ne pus qu’acquiescer.

Tu sais, la mentalité de nos jours est loin d’être la même qu’il y a bien des années, et même rien qu’ici et en Corée je vois bien que rien n’est pareil dans les us et coutumes. Cependant, c’est pareil partout, et bien que ça soit certainement plus facile à dire qu’à faire, il faut savoir rester soi-même. Et fichtre ce que les autres pensent, on s’en fout, ce qu’il faut c’est vivre pour soi, et tant pis si ça plait pas aux autres. C’est ce que j’ai fini par me dire, et je ne m’en porte pas plus mal, lui expliquais-je. Mais s’il te faut un peu d’aide pour te lancer, tu es tombé sur la bonne personne, ajoutais-je tout sourire.

Monsieur défi, monsieur sourire et monsieur connerie, c’est un peu les surnoms qui m’ont valu une réputation de petit farfadet surexcité dans mes classes précédentes. De une à cause de ma bonne humeur constante, et parce que je ne tiens absolument pas en place. De deux, à cause de ma langue bien pendue, et de trois à cause de mon sens du défi. J’ai horreur de me laisser défier, et je le relève peu importe sa nature. Après le remporter ou échouer, peu importe, ce qu’il faut qu’on sache c’est que je n’en loupe pas une. De plus, je n’ai peur de rien, si ce n’est peut-être de moi-même, et je n’hésite pas une seule seconde à me lancer si la situation l’exige. Du coup, on pouvait dire qu’elle était tombée sur la personne idéale, sans me vanter, pour s’améliorer et apprendre à s’ouvrir davantage. Etre extraverti, c’est dans ma nature, ou plutôt c’est devenu ma nature.

Cependant, j’appréciais qu’elle arrive à déjà me trouver différent malgré nos deux secondes de conversation, enfin deux secondes, tout est relatif. Mais ça me faisait plaisir, parce qu’au moins ça prouvait qu’elle comme moi, on arrivait à se déchiffrer. Prenez moi pour un fou, mais parfois la communication passe par autre chose que le langage, et peut aider davantage à se comprendre mutuellement. Comme quoi, j’avais fini par l’apprendre grâce à elle, d’une façon inédite.

Je comprends, je comprends. Il est vrai que tu as un style très personnel, mais après peu de personne sont assez futées pour réussir à lire en tes dessins, cependant avoir un regard autre que le tien ne peut que t’être bénéfique pour améliorer ta technique et ta vision. Je ne dis pas que c’est nul ce que tu fais au contraire, mais la reconnaissance d’autrui est parfois plus importante que la pratique quotidienne, et je dis ça par expérience personnelle. Je danse, je chante, mais je ne m’améliore que grâce aux critiques, à ce qu’on pense, même si je m’entraine énormément à côté.

Et certainement que je n’en serais pas arrivé là sans eux, sans ce public, sans tous ces gens qui me soutenaient à Seoul, et ceux qui continuent via les commentaires sur les vidéos Youtube.

Après la confiance en soi, ça s’acquiert avec le temps, et je t’assure qu’avec ton talent, tu n’as aucune raison de te cacher, ou de planquer ce don que tu as, dis-je, c’est même dommage, mais après je trouve tes raisons tout à fait légitimes, et prend le temps qu’il faut.

C’était sur, j’avais pas envie de la brusquer, déjà que j’avais l’impression de m’être carrément incrusté, en me la jouant semi-psy, se croyant capable de donner des leçons de morales. Surtout, ce qui était dingue c’est que je devais probablement donner l’impression d’être ce type capable de changer quelqu’un en claquant des doigts, alors que mon but n’était certainement pas de changer qui elle était. Parce qu’après tout ce qu’on est fait parti de notre charme, et changer pour les autres c’est se dénaturaliser totalement et faire valser ce charme naturel. Mais bon, dites ça aux populaires. Eux, ils jugent plus important de plaire aux autres, et doivent avoir très certainement oublié qui ils étaient à la base. Mais passons.

C’est exactement ça, un monde, c’est le mot, mais à l’entente du mot musique, ma curiosité s’éveilla : quel genre de musique ? ne pus-je m’empêcher de demander. Et oui c’était mon domaine de prédilection, je ne pouvais certainement pas passer à côté de ça, quitte à partager encore plus de points communs. Et puis même si ce n’était que le début, j’avais l’impression qu’elle me ressemblait énormément, et qui se ressemble s’assemble, c’est bien ça le proverbe ? Et puis, en plus de partager une passion commune, elle semblait partager les mêmes souvenirs, avec un parent pas forcément très encourageant, et qui nous aurait laissé de côté. Du moins, même si ça devait être certainement une histoire bien différente, ça s’y rapprochait un minimum.

Je dirais qu’en règle générale, les critiques sont dures à accepter, c’est sur, mais on arrive toujours à les surmonter, à les prendre comme un plus, et à se construire grâce à ça. Ce qui en revanche relève de l’impossible, c’est quand ça vient de la famille, ceux en qui tu fondes tous tes espoirs, et ceux qui normalement sont censés te soutenir, et te pousser à croire en tes rêves. Mais après, il faut se dire que même si ça fait mal, il vaut mieux ne pas en prendre compte, et prouver aux autres, et ça c’est déjà un grand avancement dans l’affirmation de soi. Ne pas se laisser faire, et s’affirmer, et même si tu dis que tu n’as pas une grande confiance en toi, je ne pense pas que ça soit totalement vrai.

Je n’en rajoutais pas plus, et laissais mon dialogue sur un ton quelque peu pensif. A dire vrai, même si parfois on se dit totalement perdu, incapable d’oser, la plupart du temps c’est plus un déni total. J’étais persuadé qu’elle était capable, mais certainement qu’il avait du se passer quelque chose qui avait déclenché tout ça, cependant je préférais me taire sur le sujet, et abandonner avant de m’aventurer dans quelque chose de trop personnel et peut-être quelque chose qui mettrait un blanc embarrassant entre nous. Surtout que pour le moment, tout allait pour le mieux, et la discussion suivait un fil naturel.

Pourquoi peur ? Qu’est-ce qui t’effraies ? Demandais-je étonné. Suite à quoi j’évoquais mon talent en danse et chant, ce à quoi elle répondit que je devais un jour lui faire écouter mes compos. Avec plaisir, je pourrais t’apprendre quelques trucs si tu veux, lui dis-je.

J’étais quelqu’un d’apparemment très généreux, et pas seulement dans ma bonté, mais aussi dans mon sens du partage sans limite. Je n’avais pas peur de dépenser mon temps pour les autres, et surtout pour ceux qui étaient vraiment intéressés par ce que je faisais. C’était une passion, mais aussi quelque chose qui se transmet et se partage.

Et bien, nous voilà deux étrangers à Miami, quelle étrange coïncidence, dis-je amusé. Et pour le temps d’adaptation, je ne pense pas que ça soit si difficile, le système éducatif est quand même relativement simple, après c’est sur le mode de vie, et la langue, c’est une autre histoire, je le conçois, mais tu as l’air de bien te débrouiller en anglais, tu devrais gérer comme une chef, c’est sur, et puis dis-toi qu’à partir de maintenant si jamais quelque chose ne va pas tu peux faire appel à moi. C’est sur ça paraît fou venant d’un type que tu viens de rencontrer, mais je suis pas du genre méchant, je mords pas, et j’ai horreur de laisser les gens dans leur merde, alors si ça va pas, crie mon nom et je viendrais à ton secours, dis-je en imitant Superman, ce qui devait me rendre ridicule à souhait.

Et puis bon, qui s’en soucie, le ridicule n’a jamais tué, et ce n’est certainement pas avec un cas comme moi que ça commencera. Notre petite discussion déboucha à nouveau sur le dessin, et en l’occurrence celui qui était en cours, et qui représentait le port de sa ville natale.

Et bien, c’est un très joli port, j’imagine que ça doit beaucoup te manquer, je me trompe ?

Je la laissais me répondre, tout en observant son dessin, la finesse des traits, le paysage qui semblait prendre vie sur la page, puis d’un coup elle attrapa une feuille blanche et un crayon. Sur le coup, je ne compris pas trop, puis elle me fit part d’une demande des plus inattendues. Elle voulait me dessiner, et sur mon visage devait certainement s’afficher un air de surprise, puis il se radoucit, laissant place à de la gêne ce qui était d’un rare chez moi. Je ne savais plus où me mettre. C’était la première fois qu’on me demandait une telle chose, et je ne savais pas si je devais être flatté ou quoique ce soit d’autre. Je ne savais plus quoi dire sur le coup.

C’est bien la première fois qu’on me demande une telle chose, dis-je, passant une main dans mes cheveux. Mais j’accepte volontiers, je suis curieux de voir le résultat.

Et je savais qu’il serait certainement excellent, après ça ne veut pas dire que je me trouve aussi beau qu’un Dieu, mais il devrait me ressembler, c’était certain.

Euh par contre, qu’est-ce que je dois faire ? Je dois juste rester comme ça ? Prendre la pose ? Dis-je imitant le penseur de Rodin. Ou autre ?

J’avais l’air complètement ridicule, je n’étais vraiment pas à l’aise sur le coup, et je ne voulais pas être un boulet.

Pardon, mais j’ai jamais servi de modèle à personne, et je voudrais pas être un mauvais modèle, dis-je suivi d’un petit rire.

C’était marrant. Il y a à peine une demie heure j’étais sur le chemin de la salle, à siffloter tout en frottant mes cheveux dans ma serviette, et me voilà en présence d’une jeune fille tout à fait sympathique qui voulait me dessiner. Situation tout à fait improbable, je vous l’accorde, mais pas désagréable du tout. Comme quoi Miami avait encore bien des surprises à me faire, et ce n’était que le début.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyMer 18 Juin 2014 - 19:13



The Art That Binds Us-Shin ♥
 


"I'll Top The Bill, I'll OverKill, I'll Have To Find The Will To Cary On, With The Show"
Freddy Mercury-Queen ♪♫

Constantes et variables, je crois que c'est une citation tirée d'un jeu vidéo, n'allez pas penser que je passe mon temps devant les jeux-vidéos, si je m'intéresse à ces derniers c'est juste pour l'aspect graphique car on ne peut nier que certains sont de vraies œuvres d'art à part entières, mais ce n'est pas vraiment le sujet de la discussion pour le moment. Constantes et variables disais-je. Comment un tout petit événement peut influencer tout ce qui va se passer plus tard, certains appellent çà, l'effet papillon, belle expression imagée pour expliquer parfois de grands bouleversement. Je ne crois pas aux histoires de destin, de personnes qui sont sensées se rencontré et que des forces surnaturelles ont fini par rapprocher, c'est un raisonnement que je n'arriverai jamais à intégrer, les gens se rencontrent parce qu'ils se rencontrent un point c'est tout, pas parce qu'une entité supérieure a soudain décidé de comme par miracle réunir deux personnes dont le destin « était de se rencontrer. » Par contre je sais que si je n'avais pas laissé tomber le portrait de mon père ce soir là dans cette classe beaucoup de choses ne seraient pas arrivées, je n'aurai jamais rencontré Shin, pas dans ces circonstances du moins, il ne serait pas devenu un de mes meilleurs ami et il ne serait pas aujourd'hui mon colocataire qui m'invite au Bal de Promo, mais je précipite un peu l'histoire, il s'est passé pas mal de choses entre le premier soir ou j'ai égaré mon dessin et la soirée du Bal de Promo du lycée.

En venant à Miami, je ne savais pas à quoi m'attendre, je me plongeais totalement dans l'inconnu et çà me faisait un peu peur. J'allais retrouver Soraya ça je le savais, j'étais même presque sûr de comment nos retrouvailles allaient se passer : houleuses et mouvementées, la lettre que je lui avait envoyée témoignait bien de la volonté que j'avais de dire ses quatre vérités à ma grande sœur. Mais au delà, ce qui allait m'arriver restait très flou. Pour moi, je pensais que ça allait être très dur de me faire des amis, tout le monde était différent qu'au pays ici, tout le monde semble pressé par quelque chose comme si on leur avait greffé un chrono, un chrono qui régule leur vie seconde par seconde, les gens ne prennent plus le temps de faire les choses, de faire connaissance ou du moins pas en vrai, merci les réseaux sociaux, et surtout ils ne prennent plus le temps de parler, c'est triste mais c'est la vérité. A San Juan ce n'était pas comme ça du tout, cette ville a beau être la capitale de Puerto-Rico, tout y est beaucoup plus calme et les gens communiquent entre-eux, c'est tellement plus agréable que la folie ambiante de Miami. Mais je savais bien que mon père avait raison et que Soraya aussi, même dans la capitale de Puerto-Rico nous n'avions aucun avenir et que c'était mieux de partir pour le Continent même si c'était très dur à me l'avouer, c'est pour çà que je suis certaine que je pardonnerai à Soraya pour son départ parce qu'au fond je sais qu'elle a eu raison. Mais par contre, notre mère, pourra attendre longtemps avant que je la pardonne elle. Elle elle était parti alors que notre père était dans le besoin et sans emploi, oh bien sur elle revenait de temps en temps pour vérifier que nous allions bien, jusqu'au jour où elle ne revint plus, je garde une rancoeur assez tenace pour ma mère, si je voulais bien finir par pardonner Soraya, il allait falloir que notre mère se montre très convaincante pour que je puisse ne serais-ce que considérer le fait de la pardonner.

Mon père, il a été ma seule famille pendant tout une année, mon seul lien avec la réalité aussi. Même si à la fin il n'y avait plus tellement de communication entre nous deux, à part les formalités d'usages, mais sinon la maison des Muños a été plutôt silencieuse pendant ces derniers mois. La plus longue discussion que nous avions eu en un an c'est celle où il m'a dit qu'il fallait qu'à mon tour je prenne mon départ pour les Etats-Unis, que je parte rejoindre ma sœur et ma mère et que je me construise une vraie vie tant que j'en avais encore l'occasion. Ses mots résonnent encore dans ma tête, et je ne préfère même pas m'en souvenir, son ton était si dur, cassant et sans appel, je devais partir, je n'avais pas vraiment le choix, il avait prit sa décision et je devais m'y conformer, tout ce que je pourrais faire ou dire pour le convaincre du contraire serait vain, on a le même caractère, lui moi, Soraya, notre mère, le caractère Muños, en acier trempé. Alors je m'étais résignée à l'écouter et j'avais fait mes bagages n'emportant avec moi comme souvenir de lui et de Puerto-Rico, qu'un portrait au fusain et au crayon de bois d'un homme âgé et fatigué qui s'est résigné à voir petit à petit sa famille partir loin de lui. Ce dessin quelque part me fendait le cœur, mais le chérissait comme le plus précieux des trèsors, si je devais un jour le confier à quelqu'un se serait quelqu'un en qui je sais que je peux avoir une confiance totalement aveugle. Mais hélas, je ne pense pas qu'une telle personne puisse vraiment exister. Quand une fois rentré dans la chambre que je louais pour le moment et que je m'étais aperçue que le dessin avait disparu une grande panique s'était emparée de moi, ce dessin qui est pratiquement tout pour moi avait disparu et je ne le retrouverai peut-être jamais, je pourrai bien sûr essayer de le reproduire de mémoire mais ce ne serai pas la même chose, pas la même charge émotionnelle. Je me suis aussi maudite de ne pas être assez consciencieuse avec mes affaires, le dessin aurait du rester dans ma chambre, dans un classeur en sûreté. Mais non je n'en avais fait qu'à ma tête et je l'avais égaré. Autant vous dire que cette nuit-là, je n'ai pas fermé l'oeuil, j'ai même hésité à appeler Soraya pour lui parler mais je me doutais que ma sœur n'apprécierait tellement que je lui téléphone en pleine nuit. Je m'étais donc roulée en boule sur mon lit essayant de de fixer dans ma tête l'image de mon père, mais celle-ci semblait vaciller comme la flamme d'une bougie.

Les trois jours suivants furent les jours les plus longs de mon existence, ne pas savoir être constamment plongée dans le doute, à me demander si quelqu'un ne l'a pas jeté ou même pire déchiré, c'est bête à dire mais si c'était le cas c'est comme si on avait déchiré une partie de moi et pas des moindres. Il fallait que je le retrouve, que je sache ce qu'il est devenu, en trois jours c'est devenu comme une obsession pour moi. Parce que je fais peut être figure de quelqu'un de volontaire comme çà, une tête brûlée qui va toujours au devant des choses, mais en vérité il faut peu de chose pour que je craque et que je bascule, il suffit qu'on touche à quelque chose d'important pour moi ou de trop personnel et incidemment mon moral vacille, alors imaginez comment je me suis senti à la découverte de la disparition de ce dessin. Mais j'ai décidé de ne pas me laisser abattre et de retourner dans la salle de classe le soir, trois jours après, dans l'espoir que la personne qui a trouvé le dessin se manifesterait et me rendrait mon bien le plus précieux.

Jour J

Trois jours, trois jours sans vraiment dormir, trois jours plein de doutes, vous l'aurez deviné, aujourd'hui, je suis sur les nerfs. Déjà peu bavarde en général j'ai pris le soin pendant toute la journée à éviter le contact avec les gens, même avec le peu de personnes que je connais, c'est à dire peu de monde. Toutes mes pensées étaient tournées vers ce moment où je retournerai de nouveau dans cette salle de classe, pour savoir si mon dessin allait m'y attendre. Mais une fois sur place personne n'était là, mon cœur se serra alors que je sentais le désespoir m'envahir, je commençais à me résigner, à me dire que je ne verrai plus jamais ce dessin. Mais je n'étais pas venue pour repartir illico, aussi décidais-je de rester un peu dans la salle pour dessiner, il y avait un dessin sur lequel je travaillais depuis quelques jours maintenant, et que je voulais absolument finir. Le temps passait et rien ne vint me perturber, comme d'habitude le crayon dans ma main semblait bouger de lui-même, traçant des lignes de lui-même, comme si je ne contrôlais rien, c'est comme si j'étais témoin de son œuvre à lui, c'est un sentiment que j'ai souvent et puis tout d'un coup je me sens basculer dans l'univers qui commençait à prendre forme sur le papier, il faut dire que ce n'est pas très difficile, ce paysage je le connais par cœur, le port de San Juan, c'est toute mon enfance : en fermant mes yeux je peux m'imaginer le reflet du Soleil sur l'eau d'huile et transparente, et puis cette légère brise venant du large, emmenant dans son passage l'odeur salée des embruns et des pains au chocolat qui sortent juste des fourneaux de la boulangerie au petit matin et le cri des mouettes aussi, ce n'est pas à Miami qui j'entendrai souvent le cri de mouettes. Et puis il y a les pas dans le couloir. Attendez, les pas dans le couloir ? Instantanément j'ouvre les yeux et fixe mon dessin. Pourquoi avais-je cru entendre des pas dans le couloir et c'est alors que la vérité me frappa. Il y avait vraiment eu des pas dans le couloir, quelqu'un venait d'arriver. Sans lever les yeux de ma feuille je l'invitais à se présenter avant de reprendre minutieusement mon travail. Il vint s'asseoir prêt de moi et garda le silence. Il m'observait, il observait mon dessin, à ce moment j'étais heureuse que mes longs cheveux retombaient un eu sur le côté de mon visage la légère expression de gêne que s'était installée. Je ne suis pas habituée à ce qu'on regarde mon travail, je suis très timide de ce côté là.
Alors que je levais le crayon, une feuille de papier fut glissée devant moi, j'allais reposer mon crayon quand je reconnu cette feuille. Le portrait d'un vieil homme, fatigué par les années et dans les yeux une tristesse qu'il essaye de camoufler par une certaine froideur, ce vieil homme c'est mon père, et ce dessin est le miens. C'est le dessin que j'avais perdu et qui venait de m'être restitué et en bonne état qui plus est. Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine devant le trop plein d'émotions qui m'envahissait alors. Doucement je relevais la tête et me tournais vers l'inconnu qui m'avait ramené mon bien. Mon regard s’attardât un peu sur lui, sur son visage avant que je ne le gratifie d'un petit sourire, mais un sourire sincère, exprimant une gratitude que ni les mots, ni un dessin ne pouvait exprimer. Je le remerciais en lui précisant que ce dessin avait une grande valeur pour moi. Sa réponse me fit sourire de plus belle, pas seulement parce qu'il m'avait dit que mon dessin était de qualité mais surtout parce qu'il avait vu qu'il y avait de l'émotion dans ce dessin, une émotion forte, tout d'un coup je me suis sentie comprise et ça faisait un bien fou, vous ne pouvez pas savoir. « Merci. Et oui en effet comme tu l'as remarqué c'est un dessin assez chargé émotionnellement, si il avait été jeté ou détruit je ne sais pas comment j'aurai réagis. En tout cas encore énormément merci de me l'avoir ramené je t'en dois une ! » Et je le pensais vraiment, me rapporter ce dessin c'est quelque chose d'énorme pour moi, alors si il avait besoin d'aide ou quoi que ce soit je lui renverrai l’ascenseur à coup sûr.

Il me complimente et je rougis. C'est tout bête, mais n'étant pas du tout habituée aux compliments de qui que ce soit et en étant plutôt timide, qu'on me dise que je suis quelqu'un de doué çà me fait quelque, d'ailleurs je sens mon cœur battre de nouveau à tout rompre dans ma poitrine alors que je souris de nouveau. Ses compliments me faisaient d'autant plus plaisir que l'on voyait qu'il avait prit le temps de regarder le dessin, de l'analyser, de comprendre ce qu'il voulait dire et la preuve en était car il avait deviné le mode d'éclairage à la bougie, toute autre personne aurait juste dit que j'avais fait des zones d'ombres pour me faciliter la tâche, mais lui avait vu la vrai essence de mon travail. J'aurai du me sentir encore plus gênée et même un peu exposée, mais non étrangement, je me sentais heureuse de pouvoir partager çà avec quelqu'un, qu'il soit un parfait inconnu importait peu, puis ce que ce qui comptait réellement c'était qu'il comprenait ce que je faisais, que demander de plus ? Il me demande de ne pas être timide, ça c'était plus facile à dire qu'à faire, d'ailleurs j'aimerai bien me dire que ça fonctionne comme çà, juste dire « Je ne veux plus être timide » et que par enchantement je ne sois plus timide. Comme j'aimerai pouvoir dire « J'aimerai que mon frère soit encore parmi nous » et qu'effectivement il soit encore là. A cette pensée mes traits se durcissent pour devenir un masque triste, ma main resserre sa prise sur mon crayon, je mis à fixer le vide pendant quelques secondes, avant de me ressaisir, je ne devais pas me laisser aller ici et maintenant, ce n'était juste pas possible. Je secouais légèrement la tête et mes traits s'adoucirent, comme si chassais cette pensée pour le moment, parce que je sais qu'elle viendrait me hanter à nouveau, régulièrement. Doucement je desserrai la prise sur mon crayon et je tournais de nouveau ma tête vers le jeune homme, un petit sourire au visage.

« Et bien ça me touche beaucoup ce que tu dis. Ça fait du bien de voir quelqu'un qui me comprend tu ne peux pas savoir, en tout cas et bah merci de trouver ça magnifique, surtout ce dessin, qu'on me dise qu'il est réussi c'est quelque chose d'important. Et tu es très observateur, je ne connais pas beaucoup de personnes qui auraient pu deviner que c'est avec une bougie que j'ai éclairée la scène quand j'ai dessiné. » J'ai replacé une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de reprendre. « Et pour ne pas être timide, j'y travaille tout les jours mais disons que les gens ne m'y aide pas beaucoup. Je dis pas çà pour toi, tu as l'air différent des autres ici » dis-je avant de détourner les yeux, j'arrivais à être embarrassante pour moi-même. Mais c'était strictement la vérité. Certes je ne le connaissais pas mais je pouvais dire qu'il était différent, un artiste sans aucun doute, il ne pouvait être qu'un artiste, peut-être pas un dessinateur mais l'art semblait important pour lui aussi.

Il avait l'air surpris d'être la première personne à me dire que je dessine bien. A vrai dire il doit être une des premières personnes à vraiment voir mes dessins. J'ai toujours tellement peur de trop m'exposer dans ce que je dessine que je ne montre jamais mes productions, c'est bête je sais mais je suis comme çà, même si je comptais bien remédier à çà et faire un peu plus confiance aux gens pour ce qui est de mes dessins. Je décidais pour commencer d'être franche avec lui. « Et bien disons que je ne montre pratiquement jamais mes travaux aux autres, parce que j'ai peur qu'on me juge et surtout comme mes dessins sont très personnels j'ai peur que les gens en apprennent trop sur moi et se fassent des idées sur moi. Je sais c'est probablement stupide et que même si je n'en ai pas l'air j'ai beaucoup de mal à me faire confiance à moi-même. »

C'était dit, il pouvait en faire ce qu'il voulait, mais je doutais qu'il n'était pas du genre à m'envoyer bouler en me disant que je suis complètement stupide de raisonner comme çà, non il avait plutôt l'air d'être du genre à comprendre les gens plutôt que de les juger, les gens comme çà se font hélas rares de nos jours. Les seules personnes à qui j'avais vraiment montré mes dessins étaient mon père et Soraya, mais cette dernière était trop prise par le sport qu'elle n'avait jamais eu le temps de se pencher sur ce que je faisais ou même porter un jugement qu'il soit négatif ou positif, bien que nous avons été assez fusionnelles elle et moi il y a toujours eu une césure entre nous, nos passions ont fini par nous éloigner l'une de l'autre, le sport a commencé à prendre un part importante de sa vie et moi le dessin a commencé à devenir mon unique refuge, je pouvais parfois passer une journée entière dans ma chambre à dessiner, ne sortant que pour prendre les repas. Mon père n'a jamais vraiment rien dit sur ce que je faisais, je n'ai jamais su si il aimait ou pas, il avait d'autres préoccupations que les sautes d'humeur et « les oeuvres » de sa fille, mais au moins lui il était là. En fait la seule fois ou le sujet a été abordé c'est quand avant de partir je lui ai demandé si je pouvais le dessiner, juste une fois. « S'évader... Tu ne crois pas si bien dire, le dessin, la musique pour moi ça me permet de me créer de nouveaux monde et d'oublier un peu ce qui me cause des soucis, tu vois là je viens parce que j'aime bien le silence de temps en temps mais en fait c'est rare que je dessine sans un peu de musique pour m'inspirer. » Car oui, si les feuilles s'empilaient un peu partout, j'avais aussi une étagère remplie de CD de tout types de musique.

Alors que je lui demandais pourquoi il s'intéressait à mes dessins, il semblait se replonger dans ses pensées, je décidais de ne pas le déranger, je sais que personnellement je ne supporte qu'on parle à tort et à travers, j'attendis donc qu'il ai finit de réfléchir, en attendant je me remis à griffonner sur mon paysage en prenant bien soin de remettre le portrait à l'abri dans mon classeur. Alors que je dessinais les détails d'un bateau, le garçon reprit la parole, je posais donc une nouvelle fois mon crayon et je tournais la tête vers lui pour l'écouter. Je ne pouvais que comprendre ce qu'il me disait, ce n'est pas facile de se faire entendre dire que ta passion, ce que tu veux faire dans ta vie, ce qui te motive dans la vie n'est que vain et sans espoir, alors en plus si ça vient de quelqu'un dans la famille ça devait être dur à encaisser, très dur même et ça aussi je le comprenais, ma mère n'est pas ce que j'appellerai un modèle avec ses allers et retours puis son aller simple. Je pris bien soin de peser mes mots avant de répondre.

« Oui tu as parfaitement raison, il ne faut pas écouter ce genre de remarque, même si parfois c'est plus difficile, parce qu'on a beau dire que ça ne nous touche pas au fond ça a toujours un certain écho, j'ai encore un peu de mal à me détacher de ce qu'on peut me dire négatif, je réagis souvent au quart de tour. Et pour ton père... je comprends, moi je n'ai jamais vraiment eu de présence maternelle alors je sais un peu ce que c'est. Mais oui c'est sûr qu'il ne faut se laisser abattre et continuer, The Show Must Go On comme on dit. »

Qui aurait cru qu'un simple dessin nous aurait amener à avoir une telle discussion ? Mais après tout quand on a une personne intéressante en face de soit les mots venaient tout seuls la discussion allait facilement. Et les silences n'étaient pas gênants, au contraire, ils étaient le symbole du fait que l'on réfléchissait avant de parler. Ce qu'il met dit me trouble oui ça me trouble parce qu'il me dit que grâce à mon dessin et ce qu'il dégageait il avait tout de suite sût que c'était moi qui l'avait dessiné. Je devrai me sentir flattée et même heureuse que mes dessins dégagent autant et puisse faire ressentir ce genre de chose. Mais en même temps c'est ce dont j'avais peur, que par mes dessins on en devine trop sur moi. Et puis le fait qu'il me dise que lui aussi est un artiste, musicien et danseur m'adoucit. Si c'était un artiste il ne jugerait pas, si il était un artiste il me comprendrait, lui aussi il venait d'un autre pays et devait tout autant perdu que moi. Mon sourire s'élargit un peu plus alors que je l'écoutais. « Je ne savais pas que mes dessins dégageaient autant de choses, même si çà me fait un peu peur je suis contente d'arriver à un résultat comme çà. Tu es donc musicien et danseur et bien je crois que tu n'as plus trop d'autre choix que de faire écouter ton travail un de ces jours. » dis-je, sincère, voulant découvrir à mon tour ce dont le jeune-homme était capable et je me doutais qu'il devait-être assez doué. « Moi j'arrive depuis peu de San Juan à Puerto Rico et je suis complètement paumée ici et je suis du genre lente à m'adapter » dis-je laissant échapper un petit rire « Mais oui il faut se serrer les coudes entre nouveaux. » Il me serra la main et me fit un petit clin d'oeuil ce qui eut le don de me faire sourire d'une façon un peu béate. Il me demanda alors ce que j'étais entrain de dessiner, et si il pouvait voir. Etrangement, pour la première fois je n'étais pas réticente à montrer mon travail, doucement je glissais mon dessin vers lui.

« C'est le port de ma ville natale San Juan, une scène assez banale d'une matinée dans mon pays. Ça parait tout simple mais çà me fais du bien parfois de dessiner ce genre de paysages, sans vraiment chercher de sens à ce que je fais. » dis-je en souriant. Je me surpris à le dévisager nouveau, à passer mon regard sur chaque détail de son visage, lentement je repris mon crayon et une page blanche. Une idée m'était venue là comme çà, à l'instant. Il allait peut-être me prendre pour une folle et décamper à toutes jambes, mais tant pis je me devais de lui demander. « Je euh, dis comme çà, çà pourrait paraître assez bizarre mais je trouve que tu ferai un super modèle pour un dessin, alors je voulais te demander si c'était possible que je te dessine, juste comme çà ? » Ça y est il devait penser que j'étais totalement timbrée, on se connaissait à peine et voilà que je lui proposais de le dessiner, n'importe qui aurait refusé et serait parti, mais j'étais prête à prendre le risque.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptySam 31 Mai 2014 - 17:12



The Art That Binds Us ▬ Maira & Shin


PREMIERS JOURS

Quand on me connaît, on sait que c’est pas de mon ressort, de me trainer comme une âme en peine au même endroit, sans savoir si l’espoir est vain ou pas. Certes, pour quelqu’un qui aime avoir à bouger dans tous les sens, je ne tenais pas en place, et ces allers retours incessants avaient presque réussis à m’anéantir, moi la boule d’énergie que je suis habituellement. Mais comme je disais, ils avaient presque réussis. Bien que je m’étais répété à nombreuses reprises « cette fois c’est la dernière fois que je viens » j’avais fini par revenir encore et encore, brisant à chaque fois la promesse que je m’étais faite.

Cependant, la tentation était à chaque fois trop forte, et ma curiosité semblait avoir plus d’influence sur moi que tout le reste. Parce qu’il était clair que je ne jetterais jamais ce dessin, pour rien au monde je l’aurais roulé en boule et jeter dans une corbeille, mais du coup je l’aurais gardé, posé délicatement sur le bureau de ma chambre, passant devant tous les jours, faisant des allers et retours incessants devant, avec cette curiosité qui me ronge. Franchement, c’était peut-être mieux que je me bouge, quitte à user le sol, et retrouver l’auteur de ce dessin, plutôt que de m’en vouloir et gigoter dans mon lit tout seul déchiré entre l’envie d’y aller et celui d’abandonner parce que de toute façon je ne retrouverais jamais son auteur. Et ça, non merci.

Cet événement, me rappelle mon enfance, quand j’étais encore tout petit, insouciant, que les paroles de mon père étaient pour moi des ordres et que je l’écoutais alors encore, et que je faisais vaillamment tout ce qu’il me demandait. La curiosité a toujours été un trait visible chez les membres de notre famille, à croire que nous sommes des fouines de nature. Enfin, fouine est un peu fort, parce que me mêler des affaires des autres, n’est pas non plus mon but, et ne l’a jamais été. Cependant, à cette époque je n’étais pas conscient de tout cela, et pour moi la curiosité n’était pas à définir en deux parties distinctes, comme la curiosité insouciante, et la curiosité malveillante. Du coup, j’étais souvent en proie à espionner quiconque m’interpellait, avait un comportement étrange, ou tout simplement plaisant qui me donnait envie de le suivre, comme je le voyais dans les séries, ou dessins animés, quand ils enfilaient de grand coat noir, redressé jusqu’au cou avec un chapeau noir et des lunettes. Je ne m’habillais certes pas comme ça, mais je prenais exemple sur ces personnages, et ne voyais pas le mal que je faisais en farfouillant de ci et là. Et vis-à-vis d'eux, je n’étais qu’un gosse intrépide, qui s’ennuyait et n’avait rien d’autre à faire.

Seulement, un jour tout ça a très mal fini, parce que ma curiosité a pris le dessus sur tout, les ordres de mon père, la logique, tout. Il m’avait pourtant dit que je n’avais pas le droit, et j’avais fini par faire n’importe quoi en déboulant tel un boulet de canon dans son bureau, alors qu’il était en réunion la pièce juste à côté. En ce temps, il se baladait toujours avec de grands classeurs, dont la couverture était dorée, comme les lingots d’or, et j’avais beau lui demander ce qu’ils contenaient, il me répondait que je n’avais pas l’âge, et voilà comment j’ai fini, sans l’écouter, à farfouiller ces classeurs, comprenant des tas de choses incompréhensibles, qui en fait était des années de travail pour l’entreprise, et j’ai fais comme tout enfant ferait, je me suis amusé. Je vous laisse imaginer ce que j’ai bien pu faire avec toute cette paperasse, mais j’avais jamais vu mon père autant en colère que ce jour, et depuis ma propre curiosité me fait peur, comme un vilain virus qui m’oblige à faire certaines choses que je ne devrais pas. Bien sur, avec le temps, j’ai su gérer, mais là encore une fois, j’y étais exposé.

Et c’est ce qui en somme, m’a fait oublier tout le reste pendant trois jours, n’arrivant plus à me concentrer sur autre chose d’autre que ce dessin, et m’imaginer son propriétaire.

JOUR J

Du coup, ce jour, quand je me suis rendu à cette salle, c’était un peu le désordre dans ma tête. Soit, je repartais bredouille, et je commençais un peu à en avoir marre en réalité, soit je trouvais enfin l’auteur du dessin. Enfin, dans la première solution, je cherche encore ce que j’aurais bien pu faire. Laisser le bout de papier ici ? Trop risqué, si quelqu’un de malintentionné tombait dessus, ce serait la mort du dessin, et un objet d’art, surtout qui devait avoir une valeur personnelle, est bien trop important pour être réduit en miette, et pour moi l’art avait déjà une certaine valeur, même si je n’étais pas un dessinateur digne de ce nom. Le laisser à un surveillant ? Pas bonne idée non plus, ils sont trop fainéants et irrespectueux. Ils le laisseraient trainer dans un coin, et ne s’en soucieront plus au bout de deux jours…

C’était certainement cette seule perspective qui m’avait donné le courage de revenir encore une fois sur les lieux où j’avais trouvé ce dessin auparavant.

J’avais déambulé dans les couloirs, hésitant à revenir sur mes pas, puis au final, j’étais arrivé jusqu’à la fameuse salle où une jeune fille était installée. Assise, elle ne faisait pas un bruit, et était on ne peut plus concentrée sur son dessin. Sur le coup, j’avais peur de briser ce silence, gâcher sa concentration, mais j’étais là, dessin en main, serviette dans l’autre à encore m’ébouriffer ma crinière humide, à la regarder fixement, pendant deux-trois minutes supplémentaires, jusqu’à ce qu’une douce voix mélodieuse parvienne à mes oreilles, et me fasse presque sursauter, m’invitant à sortir de l’ombre et me présenter à elle.

Je réponds à ses premières paroles, puis m’avance et m’installe juste à côté d’elle, alors que son regard n’a pas quitté sa feuille posée sur la table. Elle devait certainement s’attendre à ce que je parte, comme j’étais venu, c’est-à-dire sans bruit, mais maintenant que j’avais enfin quelqu’un à qui poser la question, et maintenant que j’étais sur de pouvoir la poser cette question, je n’allais pas simplement rebrousser chemin et partir. Non, je ne devais plus reculer, quitte à lui rendre et partir ensuite, mais je devais en avoir le cœur net.

J’attends qu’elle relève son crayon, et glisse soigneusement le portrait entre elle et la table. A travers les mèches de cheveux qui tombent en cascade sur ses épaules, je distingue à présent un large sourire, qui serait presque contagieux, puisque j’étais moi-même en train de le faire, heureux d’avoir pu accomplir, ne serait-ce qu’une bonne action dans cette journée, bien qu’elle ne soit pas d’envergure impressionnante. Ce n’était certes, aux yeux des autres qu’un petit dessin insignifiant, mais vu son sourire rayonnant et éclatant, c’était bien plus. Un bien précieux, qui avait certainement du lui manquer depuis ces trois jours qui ont précédé ma trouvaille. J’ose imaginer qu’elle avait du partir à sa recherche, mais que nous n’avions fait que nous croiser, sans jamais nous trouver, jusqu’à aujourd’hui.

Je ne suis pas un pro en matière de dessin, mais vu la qualité, et l’émotion qui transparait à travers ce portrait, ça se voit, dis-je doucement. Par contre si ça avait été quelqu’un d’autre que moi qui serais tombé dessus, le retrouver aurait été moins probable, mais bon, ça n’est pas le cas.

Encore heureux, pensais-je. Nous étions certes une minorité d’artistes à Wynwood, mais ceux qui n’avaient pas une once de goût, ou de jugeote s’en serait servi pour faire des origamis, ou le jeter simplement, ou s’en attribuer le mérite, ou je ne sais trop quoi d’ailleurs. Certains ont de nos jours des idées si tordues, qu’on peut s’attendre à tout. Mais là n’était pas la question, son dessin venait de lui être restitué en bon état. J’en profite, voyant que ma présence ne lui pose plus problème, son ton est déjà plus doux, moins sur la défensive, pour la complimenter sur son talent. Celle-ci rougit, et je souris, c’est très mignon, et elle baisse le regard.

Ah oui, vraiment, je suis sincère. Le dessin n’est pas une chose aisée, mais reproduire quelqu’un encore moins, et on dirait vraiment une photo, tu as su faire transparaitre l’ambiance de la pièce, la bougie qui éclaire ce visage, les traits, c’est vraiment magnifique, surtout qu’en plus je ne savais pratiquement pas dessiner, je trouvais ça impressionnant. Faut pas être timide comme ça, je vais pas te manger, et surtout quand tu possèdes un don comme ça, faut pas avoir peur de le cacher, je t’assure, ajoutais-je.

Mais bon, ça ça venait du type qui avait plus confiance en lui qu’il ne le faudrait, et qui n’a jamais eu peur, ni honte de faire ce qu’il aimait. La musique, j’ai débuté, et j’ai eu des hauts et des bas, mais j’ai jamais baissé les bras, et le dessin, je suppose que ça doit être la même chose, et vu son niveau, elle devait avoir une bonne paire d’années d’entrainements derrière elle, et pas beaucoup sont capables de ce genre de choses, elle ne devait certainement pas en avoir conscience.

La première ? Vraiment ? Comment est-ce possible ? M’étonnais-je.

En fait, il y avait deux solutions : soit elle les montrait pas, soit les autres avaient de la merde dans les yeux, et ne savaient pas reconnaître ce qui était vraiment beau, mais là des cons, y en a pas non plus toute une colonie, ce pourquoi je penchais pour la première option, mais préférais attendre sa réponse, son explication avant d’en tirer une conclusion qui pouvait très bien être toute autre.

Ah oui, ça fait donc pas mal de temps. En même temps je trouve que l’art, sous toutes ses formes, est merveilleux, il permet de s’évader, tout en continuant à s’exprimer, à se laisser aller, et à oublier les tracas du quotidien.

Je pense pouvoir le comprendre, et vivre mes paroles plus que quiconque, parce que c’est ce qui me sauvait de l’ennui mortel dont je souffrais jour après jour chez moi, toujours seul, de temps en temps avec ma gouvernante, ou ma mère qui rentrait. D’autant plus que je suis en proie à l’hyperactivité, j’avais jamais trouvé de quoi réellement me défouler et me suffire, jusqu’à ce que je découvre l’art, la musique, et la danse, et depuis, j’arrive à contrôler, à gérer, à oublier que j’ai un père ingrat qui m’a certainement rayé du registre familial, qui ne veut plus entendre parler de moi, d’une mère que je reverrais certainement pas avant une paire d’années…

Ecoute, ces gens-là, il faut même pas les écouter, c’est avaler du poison, dis-je. Bon c’est peut-être un peu exagéré, mais ce genre de phrases à deux balles, j’en ai bouffé toute mon enfance, et elles venaient de mon propre père, et pourtant, même si c’était ma figure paternelle, j’y ai jamais cru une seule seconde, parce que du moment ou que tu crois en ce que tu fais, que tu aimes ça, tu es capable de surmonter tout ça et de faire ce dont tu rêves. Donc si tu en as vraiment envie, tu pourras. Faut pas se laisser embrouiller par ces idées reçues, surtout pas.

Et je parlais en connaissance de cause, parce que mon père a toujours été contre que je fasse de la musique, il jugeait ça inutile, pour les bons à rien. Bref, toutes sortes de qualificatifs, ne cherchant même pas à comprendre ce que je ressentais, ne prenant pas en compte mes propres rêves.

Et pour répondre à ta question, ton dessin m’a interpelé de par la sensibilité qu’il dégageait, et quand je l’ai trouvé, j’ai essayé de retrouver son propriétaire, et quand je t’ai vu, j’ai tout de suite su que ça ne pouvait être que toi. Alors oui, ça fait bizarre, dis comme ça, je le conçois, mais chacun à sa propre vision de l’art, c’est quelque chose qui est unique et propre à chaque personne, et donc on arrive, comme si on lisait un livre, à découvrir quelqu’un à travers ce qu’il exprime, art, chant, musique etc, expliquais-je. Mais je fais aussi partie du monde de l’art, donc je ne suis pas insensible, je suis musicien et danseur, précisais-je, avant de répondre à ses autres questions : Oui je suis tout nouveau, je suis arrivée de Seoul le week-end dernier, je suis encore un peu perdu, mais je m’habitue vite à ce qu’il paraît, et mon nom à moi c’est Shin, enchanté. Content de voir que nous sommes deux nouveaux, on va pouvoir se serrer les coudes dès à présent, rajoutais-je en faisant un clin d’œil, et en lui serrant la main qu'elle me tendait.

Solidarité oblige. Les anciens ne sont pas très délicats avec les nouveaux, généralement ils donnent lieu à des bizutages tordus ou des initiations un peu étranges pour accepter des membres parmi eux. J’ai jamais trop compris, d’où ça leur venait, mais face à cette jungle qu’est Miami, avoir des amis, des gens sur qui compter, c’était pas trop de refus, surtout qu’ici je pouvais me refaire en totalité, personne ne me connaissait et personne n’avait d’apriori, on me prendrait enfin comme je suis.

Qu’est-ce que tu étais en train de dessiner ? Je peux voir ? Finis-je par demander, jugeant qu’elle serait déjà plus encline à me laisser voir.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyMar 6 Mai 2014 - 19:42



The Art That Binds Us-Shin ♥
 


Puerto-Rico, My Heart's Devotion Let's It Sink Back in the Ocean ♪♫
West Side Story

Je pense que je pourrais à peu prêt tout dessiner, tout types de paysages, de personnages, ne croyez pas que je me vante, je parle de possibilité c'est tout, si on me demandait de dessiner un île déserte je le pourrais, si on me demandait un paysage industriel aussi, pareil pour un portrait, un buste je le ferai, je vous l'ai déjà dit, je veux vivre de mon art, quitte à en vivre dans la rue et à galérer, hors de question que je fasse autre chose que du dessin ou du graphisme, c'est en quelques sortes une vocation pour moi. Il y a une personne que je me refuse à dessiner, une personne qui me ramène à un événement triste de ma vie, de notre vie à Soraya et moi. Jamais, je ne serai capable de dessiner notre frère, je ne pourrais jamais le dessiner sans exploser en sanglots, notre grand-frère que l'on a si peu connu. J'avais seulement quatre ans quand il est mort sur une route à Porto-Rico, nous avions étés traumatisées, Soraya et moi, c'est à partir de là que nous nous sommes rapprochées l'une de l'autre, devenant comme confidentes l'une de l'autre. On en a jamais parlé ensuite, le sujet était comme tabou, on se parlait de tout nos problèmes, d'absolument tout ce qui pouvait nous arriver, mais le sujet de notre frère restait toujours en silence, il est clair que la mort de notre frère a affecté ma structure mentale, c'est peut-être depuis ce jour que je veux me plonger à corps perdu dans ce que je fais, et d'en oublier parfois ce qui m'entoure.

Tout le monde me voit comme une jeune fille très souriante, qui s'entend bien avec tout le monde, rigole pour un oui et pour un non. En vérité, je suis quelqu'un de très fragile et timide. Vous croyez que les gens sont du genre à cacher leurs véritables émotions derrière un masque, qu'ils ne sont pas tels qu'on les voit tout les jours, que leur personnalité est toute autre que ce que l'on peut imaginer ? Certaines personnes pensent que la vie est une pièce de théâtre et que chacun joue un personnage, je suis partisane de cette théorie, le seul inconvénient de jouer des personnages, c'est de savoir qui on est, quel personnage est le bon en définitive, oui le risque de jouer des personnages c'est de ne plus retrouver l'original, celui qu'on est vraiment. Alors pour éviter ce risque, je souris, je souris pour que l'on évite de m'embêter, je souris pour avoir l'air sympathique, je souris pour ne pas montrer qu'à l'intérieur je suis sur le point de craquer. Et quand je ne tiens plus, quand même sourire ne fonctionne plus et que je suis au bord des larmes, alors seuls les crayons peuvent me sauver, dans ces moments il faut que je me coupe de tout contact humain, que je ne croise personne, que je reste cloîtrée, ce genre de moment arrive surtout quand je repense à mon frère, à ma famille, à la maison à San-Juan, je suis comme çà, mais çà personne ne le sait. Je suis celle qui sourit tout le temps vous le savez.

Premiers Jours à Wynwood

L'installation a été difficile, pas juste à cause du décalage horaire, un jour de sommeil et c'est réglé, mais changer de pays c'est surtout changer de biorythme, changer d'habitudes et de relations. Miami ça a été comme un coup de porte en pleine figure, et à tout les niveaux, imaginez vous un peu, je viens d'un pays pauvre, très pauvre, plusieurs fois dévasté par des tornades et des intempéries, où chaque mois, mon père et moi nous avions à peine de quoi manger et payer le loyer, pour les études ma bourse couvrait les frais. Alors une fois débarqué à Miami, ville de richesse, de faste et de luxe m'a fait comme un choc, je ne comprend pas comment on peut prendre tant de plaisir à montrer à quel point on est riche, comment on peut à ce point montrer qu'on est supérieur aux autres parce que l'on porte des vêtements chics, de beaux bijoux, que l'on sort avec le garçon ou la fille la plus populaire du lycée. Ça me dépasse totalement, pourquoi quand on porte une robe et des chaussures qui ne dépassent pas les 500 dollars on est tout de suite considérée comme quelqu'un qui n'a pas de moyens, une pauvre à éviter à tout prix, qu'ils pensent ce qu'ils veulent, moi je continue à leur sourire, pour leur montrer que leurs remarques ne m'atteignent pas.

Et puis il y a cet égoïsme, égoïsme présent partout, comme flottant dans l'air, tout le monde ne pense qu'à soit, comme un récit écrit à la première personne, il n'y a que le « je » qui compte ici, dans cette ville tout le monde marche sur les pieds des autres, sans aucune conscience, mais quelque chose me disait que ce n'était pas que le cas de cette ville, que c'est un état d'esprit qui s'étend à tout le pays. A Puerto-Rico au moins on est tous solidaires, on s'entraide, on a pas le choix, c'est le seul moyen de survie là-bas et de surcroît c'est un pays magnifique malgré les problèmes météorologiques. Miami, ce n'est que des tours à perte de vue, des routes, cette odeur de béton chauffé par le soleil et les relents de pots d'échappement. Mais il fallait se rendre à l'évidence, vivre à Porto-Rico, y vieillir dans de conditions décentes c'était du domaine de l'impossible, alors même si la maison me manque énormément je sais que j'ai fait le bon choix en venant ici, que ça allait m'être bénéfique, même si il allait falloir un peu de temps pour que je le réalise.

Mes premiers jours donc ont étés plutôt chaotiques, à essayer à m'adapter. Je suis arrivée à Miami, deux jours avant que je reprenne les cours et en plus de devoir m'adapter j'ai du tout faire pour me cacher de Soraya. Je ne voulais pas qu'elle sache que je sois arrivée, je veux qu'elle l'apprenne qu'à la dernière minute, histoire que la surprise soit totale. Et pour être totale, la surprise a été totale, je crois qu'elle n'a pas prit ma lettre au sérieux, que certes mes mots l'ont touchée, mais au fond je pense qu'elle ne s'attendait vraiment pas à ce que je débarque comme çà, du jour au lendemain, ce qui a donné une belle dispute entre sœurs en plein milieu du gymnase à huit-heures du matin. Les jours suivants furent comme les premiers, difficile adaptation et me cacher pour éviter ma sœur. Au moins dans la salle de dessin j'étais sûre qu'elle ne viendrai pas me chercher, si il y a bien quelque chose que nous ne partagions pas elle et moi c'est bien ma passion pour les arts graphiques.

Wynwood, D-Day

J'étais tellement sur les nerfs, je n'ai pas dormi depuis trois jours, cette histoire de portrait m'occupe totalement l'esprit, je refuse d'abandonner comme çà, juste parce que personne ne daigne me rendre le portrait de mon père, je le retrouverai, dussé-je faire des recherches dans toutes les classes du lycée, j'ai même envisagé forcer tout les casiers une fois les cours finis, mais cela ne semblait pas une idée bien brillante, et risquer ma bourse d'étude, à peine une semaine après mon arrivée à Wynwood. Et puis il y a cette personne qui a faillit me surprendre l'autre soir, m'a fait développé comme une sorte de paranoïa, j'avais constamment l'impression que quelqu'un me suivait dans les couloirs du lycée, la personne qui avait récupéré mon dessin et ça ne me rassurai pas du tout, je me faisais sûrement des idées, comme toujours, c'est pour çà que je suis retournée ce soir là dans la salle de dessin.

Je dessinais depuis quelques minutes quand des pas se firent entendre, à l'entrée de la salle. Je me fige, une sensation de panique m'envahit pendant quelques instants, sensation qui partit aussitôt alors que je lui demande si il va resté planté là toute la soirée ou si il allait cafeter. C'est une voix douce et sans colère, une voix de jeune homme qui me répondit, sans colère, sans reproche qui me répond qu'il n'allait pas cafeter que ce serait se trahir lui-même. C'est bien beau tout çà mais çà ne me dis pas ce qu'il vient faire ici à m'observer pendant que je dessine, sans rien dire dans l'embrasure de la porte, ma paranoïa qui revient à la charge. Il ne reste pas à l'entrée de la salle, il entre ses pas se rapprochent de moi, j'essaye de ne pas y prêter attention, je continue de dessiner, sans me soucier du jeune homme.

Alors qu'il approche une odeur de shampoing et de parfum monte jusqu'à mes narines, j'en déduisis que la personne qui venait d'arriver, venait de prendre sa douche, ce qui ne laissais qu'une solution le concernant, c'était un sportif, eux seuls restent si tard dans le lycée pour s'entraîner, eux et moi. Il s'assoit à côté de moi et je ne relève pas les yeux de ma feuille, j'étais sur le point de lui dire de partir et de me laisser tranquille, quand il glissa une feuille devant mes yeux, le portrait de mon père, la moue d'agacement qui barrait mon visage laissa place à un large sourire. Je relevais les yeux pour découvrir un jeune homme, les cheveux courts, un peu humides, un visage fin et des yeux bruns en amandes. « Oui il est à moi, merci de l'avoir gardé et surtout de ne pas l'avoir jeté, j'y tiens énormément à ce portrait. » Ce devait-être la première personne de vraiment intéressante que je rencontrait dans ce lycée, n'importe qui aurait jeté le dessin, ne se souciant pas de qui l'a fait ou de combien de temps cette personne a mit à le faire. Non lui l'a gardé précieusement et me l'a rendu, je lui en était extrêmement reconnaissant. Puis il me dit que mon dessin est sublime et me demande si ça fait longtemps que je dessine. Le rouge me monte aux joues et je tourne la tête vers la table, je ne suis pas habituée à de tels compliments, surtout pas pour mes dessins, je dois même dire que personne ne m'a jamais dit que je dessine bien, peut-être aussi parce que je ne montre jamais mes dessins, ils sont trop personnels pour moi, j'ai trop peur que si on découvre leur vrai sens on me prenne pour une folle à lier. Sans quitter ma feuille du regard je lui répond : « Tu trouves vraiment que c'est bien ? Tu es la première personne à me le dire, merci... » Non je n'allais pas me mettre à bégayer maintenant, moi la jeune fille si sûre d'elle, inconsciemment ma main trouve mon crayon que je me met à faire tourner nerveusement entre mes doigts. « Je... je dessine depuis que je suis toute petite oui, ça m'aide à me sortir un peu de la réalité et de penser à autres choses que les ennuis du quotidien. »

Bon d'accord cette réponse était un petit peu édulcorée par rapport à la vérité, mais je ne me voyais pas dire à quelqu'un de totalement inconnu que je dessine depuis l'âge de quatre ans, depuis la mort de mon frère, que le dessin est depuis cette époque le seul moyen de maintenir ma structure mentale à peu près en ordre et de sombrer dans la dépression. Lentement je relève les yeux vers lui, un petit sourire sur les lèvres. Il avait l'air plutôt sympathique, et il semblait s'intéresser à ce que je fais, une première, et étrangement, bien que je ne le connaisse pas je voulais en savoir plus sur lui, déjà savoir pourquoi il s'intéressait à mes dessins. « Dis moi ? En quoi mes dessins t’intéresse au fait ? D'habitude, on me dit que je ne pourrais rien en faire, qu'artiste c'est une carrière maudite et qui ne mène à rien, tu dessine toi aussi ? Ou tu fais quelque chose d'artistique ? » Puis une idée me vint le concernant « Tu es nouveau non, il ne me semble pas t'avoir vu dans les couloirs pendant ces dernières semaines » Je lui ai tendue la main en souriant. « Au fait moi c'est Maira, je débarque aussi et autant dire que je suis totalement paumée. » dis-je en espérant ne pas me prendre un vent monumental.

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MessageSujet: Re: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyLun 5 Mai 2014 - 15:08



The Art That Binds Us ▬ Maira & Shin

Wynwood- First Day.


Miami, cette ville me dépayse totalement, c’est incroyable. Une semaine que je suis ici, à regarder la mer par ma fenêtre tous les matins, et j’ai à chaque fois une pensée pour Seoul. De là où je vivais avant de débarquer ici, je ne voyais que la capitale, une forêt de gratte ciels, visibles de jour comme de nuit, le bruit de la circulation, une ville par définition. La mer, même si je la savais à plusieurs kilomètres, je ne pouvais jamais l’apercevoir, masquée par tous ces bâtiments qui s’étendent vers le ciel. A Seoul, j’ai clairement été habitué à un paysage industriel, qui grouille de touristes, de gens. On y trouve de tout pourtant, mais jamais un paysage aussi paradisiaque qu’ici à Miami. Bien sur, cela ne veut pas dire que je préfère cette ville côtière à celle d’où je viens, mais ça me change, tout en me laissant nostalgique. Seoul me manque.

Pourtant, je regarde la mer, sans entièrement regretter ma venue ici, dans une ville, qui au final, m’apprendra à évoluer, à voir le monde sous un autre angle, et à m’habituer à des us et coutumes différentes, parce que contrairement à chez moi en Corée, ici c’est beaucoup plus libre, et j’ai encore bien du mal à m’habituer, puisque dans mon pays, la tradition prime beaucoup. Mais ici, ça semble bien oublié, et chacun évolue à son rythme, dans un microcosme qui lui est propre, et ça j’ai encore bien du mal à m’y faire.

Cette plage, que j’observe au loin, je n’ai pas eu encore l’occasion d’y aller, pourtant on ne peut pas dire que ça soit bien loin d’ici, mais avec tous les papiers administratifs, les premiers cours et un essai d’adaptation à une culture qui n’est pas la mienne, je la vois plus comme cette récompense, quand j’aurais réussi à me mettre dans le bain, ce qui n’est pas gagné, parce que pour couronner le tout, je subis encore le décalage horaire. Faut dire que Corée et Amérique, c’est genre aux antipodes d’une carte du globe, alors les fuseaux horaires sont nettement différents, tandis qu’ici je me lève, mes compatriotes partent se coucher, alors pour joindre ma mère c’est toujours délicat, j’ose pas par peur de la réveiller, et elle de même, ce qui nous pose un sacré dilemme, parce que je ne voudrais pas perdre contact avec la seule qui a toujours été là pour me soutenir dans tout ce que je choisissais d’entreprendre, au contraire de mon père qui juge l’entreprise familiale bien plus importante que le bonheur de son propre fils. Enfin, ça peut paraître choquant et révoltant quand on entend mon histoire, mais sincèrement dans le milieu social des Chaebols, ces personnes riches, pleines de pouvoir, à la tête de grandes entreprises, c’est tellement courant que ça en devient normal.

Mais à la différence de ma famille, même les mères seraient prêtes à renier leur enfant sous prétexte qu’il pourrait ruiner l’image de la société, tandis que la mienne étant européenne, a des avis différents et je l’en remercie. Parce que bon, c’est pas l’ambiance bonne famille, j’ai été habitué à des repas qui ont été programmés à l’avance en présence de personnes coincés du cul, qui ne savent pas sourire et semblent conçus pour ne parler que boulot, alors à force, je commençais un peu à m’emmerder dans ce milieu, et au final ici, je suis libéré, mais ma mère est encore prisonnière de ce domaine qui n’est pas le sien, et j’ignore comment m’y prendre. Si je choisis de la faire venir ici, ça va être le désastre, je sais bien comment est mon père, il pense pouvoir tout régler avec son argent, alors du coup il finirait par bloquer son nom aux aéroports pour plus jamais qu’elle ne quitte le pays. Du coup, je suis ici seul, rongé par les regrets, mais animé par ma passion qu’est la musique, que je peux enfin exercer en toute sérénité.

Par ailleurs, j’avais réussi, grâce au directeur à reprendre les rennes du Music Club, ce qui pour est un nouveau est super gratifiant. Il était à l’abandon, et sincèrement pour quelqu’un comme moi, je voulais absolument lui sortir la tête de l’eau, parce que j’étais persuadé, sans pour autant connaître les élèves, que ça en intéresserait plus d’un. J’étais quelqu’un de motivé, très motivé, et surtout plein d’idée et d’ambition, alors pour moi c’était l’occasion parfaite pour commencer à réellement exercer la musique, passion que j’ai du cacher des années durant en faisant des shows dans la rue entièrement masqué. Pas très gratifiant, quand on veut un minimum être reconnu, parce qu’au fond tout ce que j’avais souhaité, c’est qu’on sache qui j’étais réellement, mais je n’en ai jamais eu l’occasion, et là on me tendait une perche que je ne pouvais laisser passer.

J’allais prendre une douche, et m’habiller, enfilant un jean noir, des converses et un t-shirt à grandes rayures rouges, avant de me coiffer et descendre à la cafète manger un bout. Je m’étais, certes par habitué à la nourriture ragoutante du restaurant scolaire, mais c’était l’endroit le plus près de ma chambre, et je ne pouvais pas m’éloigner de Wynwood pour la journée, j’avais encore quelques trucs importants à régler concernant la gestion du club de musique. J’avais choisi d’élargir les horizons, et j’avais pas mal de papiers à remplir pour mettre tout ça en place, parce qu’après niveau matériel, salles, etc c’était tout un bordel administratif, et je pipais pas un mot, du coup j’avais besoin de l’aide de quelques membres pour formaliser le tout.

Après être sorti de la cantine, je me dirigeais vers les couloirs des salles de cours, et à pas de loup j’atterrissais dans la salle de musique, ou je vérifiais en premier lieu l’état des instruments. Je ne connaissais véritablement que le piano, mais j’étais assez calé musique pour savoir ce qui allait ou pas, et vu que ça faisait un bout de temps qu’on n’avait pas mis les pieds ici, il allait falloir nettoyer tout ça. Entre les guitares désaccordées et les instruments à cordes qui reposaient dans leur étui, sur lesquels la poussière s’était accommodée un endroit, on aurait cru un cimetière à instruments, avec en son centre un magnifique piano Stainway, qui lui était en parfait état, et accordé, ce qui en disait long, les étudiants étaient plus pianistes qu’autre chose, et ce lieu était leur refuge. C’est ce que j’en déduisais néanmoins.

En faisant le tour, je remarquais derrière un grand rideau rouge de velours, une scène, plutôt grande, et qu’au final la pièce, si réaménagée pouvait offrir un espace suffisant. Je notais sur un bout de papiers mes idées, et commençais, accroupis à même le sol à faire des petits schémas, pour essayer de libérer de l’espace, et noter mes projets d’agrandissement de la salle, en combinant le placard d’à côté, qui au final n’était jamais utilisé, et même s cinq mètres carrés pour vous, ça signifie rien, pour moi c’est de la place en plus.

Pour les cours, je voulais que ce soit le plus fluide possible, et surtout qu’avec des danseurs, c’était pas entouré d’instruments qu’ils allaient pouvoir s’entrainer. A part embarquer dans la volée les batteries, ou fils qui trainent, ils ne feront rien d’autre, et je voulais éviter des massacres.

Au final, j’avais passé l’après-midi dans cette salle, à gigoter et gesticuler dans tous les sens, changeant d’idée à peu près tous les cinq minutes, jamais vraiment satisfait, avec toujours la tentation des percussions que je frappais frénétiquement de temps à autre, le piano qui m’appelait, et le beau temps dehors. Ce n’était jamais facile de tenir en place, quand vous êtes quelqu’un comme moi qui a horreur de ça. J’avais, en grande partie, fait du rangement, triant les partitions, et nettoyé la salle en plus d’avoir griffonné mes morceaux de papiers. Mais j’en repartais satisfait, avec de quoi exposer aux membres du conseil.

Je n’avais qu’une envie, c’était aller me défouler ce jour-là, ce pourquoi je fermais délicatement la porte de la salle de musique et me dirigeais vers la sortie jusqu’à ce que je vois une porte ouverte à ma droite. Entrouverte, plutôt. Elle donnait sur une salle de cours, où le tableau avait été à moitié effacé, et où trônait par terre une feuille volante. Je m’aventurais dans la salle.

▬ Y a quelqu'un?

Demandais-je d’une voix claire, qui résonna dans toute la pièce. Mais pas de réponse. Je m’avançais et saisis la feuille de papier qui en réalité était un dessin, magnifique. Un portrait d’un homme, fait de nuances de gris. Je ne m’y connaissais pas spécialement en dessin, mais il était splendide, et je pouvais lire à travers les coups de crayon un certain sentiment de nostalgie. Mais quelqu’un qui tiendrait à ce dessin ne l’aurait certainement pas laissé tomber ici.

Je réfléchissais deux minutes, puis me retrouvais à courir dans les couloirs alentours à la recherche de l’auteur de cette oeuvre, sans succès. Je fis marche arrière, retournant dans la salle et y resta vingt bonnes minutes, faisant des allers et retour de long en large, espérant voir apparaître cette fameuse personne, mais personne n’arriva. Je finis donc par partir, déçu, gardant précieusement le dessin avec moi et finis par sortir danser.

Wynwood- Second Day.


Cela faisait des jours que j’avais ce dessin en ma possession, trois pour être précis, et honnêtement je voulais absolument savoir qui était le détenteur ou la détentrice d’un pareil talent, parce que décidément ce dessin était excellent.

Allongé sur mon lit, avec un bras tendu vers le ciel le dessin en main, je le contemple et essaie de le déchiffrer, de le regarder en profondeur, puis le repose, et le reprend, et le repose. Trois jours que je fais la même chose inconsciemment. Puis trois jours aussi, que je retourne sans cesse dans cette salle, à la même heure pour essayer de mettre la main sur l’inconnu, mais rien du tout, rien de fructueux, et je commence à perdre patience. Seulement, je n’ai pas beaucoup d’alternatives à mon problème. Aller le brandir dans la cour et attendre que quelqu’un se désigne ne serait pas la meilleure des idées, et des gens pourraient se l’approprier. Et même si je ne connais absolument pas la personne qui l’a fait, je saurais probablement la reconnaître au premier coup d’œil. Sensible, douce, et passionnée. Bah oui, ça se voit, on fait pas un tel portrait si on a pas un minimum de sensibilité et de passion, parce que ça prend du temps.

C’est pourquoi, j’allais pas franchement m’amuser à tourner dans tous les couloirs en demandant à qui il appartient à toutes les personnes, parce qu’il était clair que personne ne saurait me répondre, mais comment m’y prendre pour retrouver la dite personne… J’y réfléchissais encore, bien qu’en attendant je continuais à venir vérifier dans la salle, qui en journée grouillait de bien trop d’élèves pour que je puisse trouver ce que je cherche. Et c’était encore le cas ce matin. Après mes propres cours, je passais devant la salle en question, mais il y avait tellement de gens, que je préférais mettre fin à mes recherches pour le moment, de peur de me faire massacrer et emporter par un terrible bain de foule, parce qu’à cette heure-ci les gens courent comme des animaux dans un troupeau vers la cour pour la pause de dix heures. Entre ceux qui partent fumer et ceux qui en ont tout simplement marre, j’étais bien petit contre tout ce monde.

Finalement, je continuais à y penser le midi même, sans réussir à parvenir à trouver la personne en question. Tous se ressemblaient, et semblaient si dénués d’intérêt. Je les observais, les analysais et finis par en déduire que les américains étaient bien bizarres. Encore une fois, je regrettais Seoul.

L’après-midi cependant, je me devais d’être concentré, et j’avais soigneusement déposé le dessin dans une des étagères de mon bureau, histoire qu’il soit en sécurité, sait-on jamais qu’un curieux, ou qu’un imbécile vienne foutre le souk dans les chambres en gage de bienvenue. Parce qu’il paraissait que le bizutage était très répandu par ici, et j’avais pas encore eu l’occasion de me renseigner sur ce qu’ils étaient capable de faire aux nouveaux, et j’avouais les craindre pour ça. Et puis tant qu’à faire, qu’ils ne touchent pas à ce bien précieux, seul moyen de retrouver le propriétaire de ce dessin.

A mon arrivée, j’avais choisi deux options relativement faciles pour quelqu’un comme moi, qui suis adepte de la musique et du sport, mais j’avais préféré ne pas choisir des options qui risquaient de m’handicaper, et qui m’aideraient à obtenir au moins une moyenne correcte, parce qu’en dehors de ça j’étais pas très assidu, je détestais mémoriser autre chose que des chansons, et devoir gribouiller des lettres au milieu des chiffres, ce qui n’avait strictement aucun sens à mes yeux, du coup je comptais sur ces deux choix facultatifs pour m’aider à me tirer du fond, parce que niveau note, j’étais au fond du fond du gouffre, et j’avais pas la moindre motivation pour me tirer de ce mauvais pas, même si les profs me le rabâchait sans relâche.

Les seuls qui pouvaient me booster, même s’ils n’en avaient pas besoin, c’était la prof de musique et celui de sport, option pour laquelle je me rends d’ailleurs. Sac sur l’épaule, je me dirige vers le stade ou nous commençons les épreuves d’athlétisme en vu d’une future rencontre. Je suis content, j’aime bien les compétitions, et je suis un battant, d’autant plus que j’ai l’habitude de l’athlétisme, en en ayant pratiqué fréquemment dans mon lycée en Corée. Par contre ce que je redoute, c’est les épreuves qu’on va m’attribuer. Non pas que je sois nul en course de haies, en saut en longueur, mais je préfère toujours le saut en hauteur et à la perche qui sont mes deux spécialités pour lesquels je me suis bien défoncé pour arriver à un niveau correct, et pour savoir me défendre face aux grosses chaussures coréennes. Au final, on a finit par faire de l’endurance, à faire des tours autour du stade, et quelques exercices typiques, rien de bien impressionnant, ce qui change de mes cours en Corée ou on allait directement au vif du sujet.

Je sortais des vestiaires, douché et parfumé, et tout en me séchant les cheveux avec ma serviette je me rendais vers les couloirs. C’était l’heure, peut-être enfin allais-je découvrir le visage de ce mystérieux ou mystérieuse inconnue. Je dois trop vous bassiner avec ce dessin pas vrai ? Mais c’est comme si vous entendiez une voix, douce, pleine, merveilleuse au détour d’un couloir, et que pouf la personne n’est pas là et que vous restez sur votre fin, vous aurez toujours cette arrière gout de déception, ne pas avoir pu découvrir à qui appartenait une si jolie voix, et bien là c’est pareil. Et j’avais beau tourner en rond dans ce fichu lycée, je ne voyais que cette salle de cours comme lieu de recherche potentiel.

D’un pas décidé, en m’affirmant que la chance était de mon côté, j’arrivais dans le fameux couloir et m’avançais vers la salle, ou la porte était à nouveau entrouverte. Mon cœur fit un raté, ça y est cette fois c’était la bonne. D’un pas discret, je poussais la porte du bout des doigts, priant pour qu’elle ne fasse pas un vieux grincement désagréable et découvrit la jeune demoiselle, parce que c’était une fille, installée à une des tables en train de dessiner. Cette fois j’en était sur, c’était elle.

Elle était dos à moi, ses cheveux lui tombant en cascade dans le dos, vouté sur sa table, en train de dessiner, je contemplais la scène qui s’offrait à moi sans pour autant me manifester, ne sachant pas trop comment m’y prendre. Je me voyais mal lui dire « je t’ai cherché partout, ce dessin est à toi non » ça faisait un peu pot de colle, et je suis pas ce genre de mec qui court après une fille indéfiniment, puisqu’au fond la relation pour le moment je m’en contre carre. Ici pourtant son talent m’a attiré au point de m’avoir fait cherché comme un démon pendant trois longs jours dans cette même salle, espérant la voir débouler de nulle part. Ce qui n’était pas arrivé, bien entendu.

Un bruit se fait entendre, elle pose son crayon sur la table, je me fige. Elle parle, elle me demande ce que je fais ici, et moi comme un con je sais pas quoi dire, je la laisse finir, et attends deux bonnes minutes avant de réaliser, et me repasser sa phrase en boucle. Non je n’avais pas rêvé elle m’avait entendu venir.

▬ Sincèrement j’ai pas que ça a faire aller cafter de ci et là les conneries que font les autres, puis au fond je suis dans les couloirs comme toi, alors que je suis pas censé y être, ce serait me vendre, et c’est un peu bête. Mais cependant, je ne compte pas rester debout figé comme une statue.

Je m’avançais donc vers elle, mes pas retentissaient et résonnaient dans la salle vide. Les cheveux encore humides, je devais ressembler à rien, mais l’apparence ne comptait pas. Je tirais une chaise vers moi, et m’installais à côté, posant délicatement le dessin que j’avais récupéré au préalable dans ma chambre, juste sous son nez, sur la table.

▬ Il est à toi, n’est-ce pas ?

Bien sur qu’il était à elle, ça se voyait non. Enfin, je préférais toujours demander, ça faisait déjà moins rustre, et je n’avais pas été élevé pour jouer aux impolis de première, je restais quelqu’un d’étonnamment respectueux malgré moi.

▬ Tu as du le faire tomber, je l’ai trouvé y a trois jours, et j’ai préféré le garder de peur que quelqu’un le jette, j’espère que ça ne te dérange pas.

Je marquais une pause. Je ne savais pas à quoi m’attendre, soit une horrible réaction, pleins de reproches, ou alors un simple merci, après tout c’est surtout ce que je voulais, un merci. Après pas besoin de grands débats, si elle ne voulait pas me voir, j’avais plus qu’à partir, mais au moins j’aurais accompli ma mission, et je l’aurais vu en prime.

▬ En tout cas, je me permets de te le dire, mais il est vraiment sublime ton dessin, ça fait longtemps que tu dessines ?

Là c’était quitte ou double, soit je me faisais remballer sec, soit j’avais une réaction un peu plus amicale, ce que j’espérais au fond, parce que son talent me fascinait. Une bonne flopée de gens auraient dit qu’elle me plaisait et que j’avais carrément craqué, mais je restais artistique dans ma façon de penser et là non ce n’tait pas la fille qui m’intriguait, mais son coup de crayon, parce qu’elle aurait pu être un mec que j’aurais été impressionné et intrigué, bon peut-être moins expressif, et moins démonstratif, mais tout de même.

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MessageSujet: The Art that Binds Us- Shin ♥   The Art that Binds Us- Shin ♥ EmptyJeu 1 Mai 2014 - 18:09



The Art That Binds Us-Shin♥
 

San-Juan, Puerto-Rico, 2012-2013 :

Le jour vient à peine se lever sur la maison des Muños et pourtant, tout le monde est bien réveillé ce matin-là, les deux filles, Soraya et Maira sont dans leurs chambres, dans la cuisine se joue un drame, digne de toute telenovela qui se respecte, la mère des deux sœur qui inonde de reproches son mari, sur leur situation, sur le fait qu'il n'ait pas retrouvé de boulot, sur le fait qu'elle ne peut pas rester vivre ici à San-Juan, qu'elle devait partir, partir pour le Continent. De cette scène, Maira et Soraya n'en perdirent pas une miette. Pour elles se fut le commencement d'une nouvelle ère, Soraya choisit le sport comme moyen de pallier à ce manque soudain, Maira elle se renferma totalement sur elle-même, car le départ de leur mère fut aussi synonyme de l'effritement de la grande complicité qui existait entre-elles. Le dessin fut le moyen pour Maira de ne pas sombrer dans une dépression totale, le papier et le crayon remplaçait pour elle remplaça la psychanalyse, avec l'avantage que le papier ne lui répondait pas, ne la jugeait pas. Ses dessins eux-aussi ont évolués, ils n'avaient plus rien des griffonnages d'enfant, des dessins naïfs d'arbres et de fleurs, non ses dessins sont devenus comme elle, en demi-teinte, des nuances de gris sur du papier blanc. La plupart de ses dessins n'ont de signification que pour elle, ils sont ses sentiments, les cris qu'elle ne pousse pas, les larmes qui ne coulent pas, pendant toute cette période, ses dessins sont devenus son unique moyen de communiquer, elle ne sortait quasiment pas de sa chambre, juste pour manger, sinon elle dessinait, encore et toujours. La seule personne à qui elle adressait la parole c'était Soraya, celle à qui elle disait tout, celle qui la réconfortait.

Et puis Soraya est partie, ce départ, la jeune Maira l'a vécu comme une profonde trahison, plus encore que le départ de leur mère, Soraya était la seule personne sur qui elle pouvait s'appuyer, et son départ tout s'est écroulé pour la jeune fille, pourtant Soraya partant, Maira ne s'est pas plus refermée sur elle-même, elle n'a pas choisi la voie de la dépression, elle a décidé de faire face, de se battre pour que de telles choses ne se reproduisent plus, que plus jamais quelqu'un n'abuse de sa confiance. Le dessin a laissé une place au sport, devenant pour elle, un nouvel exutoire, comme sa sœur elle se mit à pratiquer l'escrime, pour perdre ses quelques kilos en trop, pour se défouler aussi. L'Art ne la quitta pas pour autant, là plupart de son temps était encore consacré à dessiner et même à peindre, son père ne semblait pas comprendre la passion de sa fille pour le dessin, mais ce qu'il ne comprenait pas surtout c'était le sens de ces dessins, il ne comprenait pas à quel point les œuvres de sa fille représentait ce qu'elle ressentait, c'est sûrement pourquoi il ne comprenait pas pourquoi les dessins de Maira étaient tous tristes.

Après la longue discussion qu'elle eu avec son père avant de partir de Porto Rico, la longue discussion au cours de laquelle son père a achevé de la convaincre de partir rejoindre Soraya, Maira demanda une chose à son père, qu'il pose pour elle, un dessin, un unique croquis pour qu'elle se souvienne de lui, une image de lui faite par elle. Cet instant, elle s'en souvient comme si c'était hier, elle avait éteint les lumières dans la pièce de vie de la maison, juste quelques bougies allumés, projetant de faibles lueurs chaleureuses sur le visage de son père, accentuant les ombres. Pendant deux heures d'affilées, son crayon avait volé sur le papier, pendant ces deux heures personne n'avait parlé, seul le grattement de la mine sur le grain de papier. Ceci dit ils n'avaient pas besoin de parler, ils s'étaient tout dis, juste avant, non, en cet instant seule Maira s'exprimait, elle et son crayon, son père n'a pas bronché, il est resté de marbre, comprenant enfin à quel point les dessins et l'art étaient important pour elle, il comprenait aussi que ce dessin en particulier était important pour Maira. Une fois le croquis terminé elle l'avait glissé dans une pochette soigneusement, pochette qu'elle a rangé dans la valise qui l'attendait prêt de la porte. A cet instant, ils luttaient tout deux contre les larmes, elle est revenue vers lui, déposé un baiser sur son front et l'a serré dans ses bras. « Adiós papá, te amo desde los deepnes de mi corazón Les prometo que voy a volver al menos una vez al año »(Au revoir papa, je t'aime du plus profond de mon cœur, je te promet de revenir au moins une fois par an). Telles furent ses derniers mots, avant de sortir de la pièce, de la maison et de quitter Porto-Rico, comme une promesse et un défi lancé à sa sœur.
Miami, 2014 : Classe de Dessin de Wynwood HighSchool, Jour I :

Je suis à Miami depuis quelques jours maintenant et j'essaye de m'intégrer le mieux possible dans cet univers qui ne semble pas le miens, dure transition que de passer de ma vie toute simple à San Juan, à la vie à Wynwood, lycée qui respirait l'opulence et la richesse, choses que je n'avais pas connue pendant les seize dernières années. Et comme vous pouvez l'imaginer, il y a eu les retrouvailles avec Soraya, dès mon premier jour. Comme prévu, ce fut tout sauf une joyeuse réunion de famille, ça a eu lieu dans le gymnase de Wynwood, aux yeux de tout le monde. Nous avons parler elle et moi, et finalement j'étais ressorti de cette entrevue avec un goût amer dans la bouche, les excuses que j'étais venu chercher auprès de ma sœur, je ne les ai avait bien entendu obtenu, mais bien au contraire, pour elle c'était normal d'être partie comme çà, puis de ne plus donner de nouvelles, elle avait presque réussi à me faire porter les torts, parce que moi aussi j'étais partie. Je ne pouvais définitivement pas me fier aux autres, même pas à ma propre famille. Cette discussion m'a au moins montré que je ne pouvais faire confiance qu'à moi, et à mes dessins, eux ils ne me jugent pas, je les créés et ils restent immobiles et ne parlent pas. La classe de dessin, hors des heures de cour est devenue un refuge pour moi, plutôt que de rentrer chez moi toute seule, je m'y installe et je reste généralement quelques heures à crayonner, sans vraiment me demander si quelqu'un pourrait me surprendre, je suis bien ici.

Ce jour-là, ma journée n'avait pas été des plus brillantes, je n'arrivai définitivement pas à m'intégrer ici, à devenir une habitante de Miami, une élève de Wynwood, tout était trop différent et trop soudain, ma bourse scolaire me donnait même une vie supérieure à celle que j'avais au pays, ce n'est pas une mauvaise chose en somme, c'est juste un manque d'habitude de ma part. Je me demandais comment Soraya avait fait pour s'adapter à cette vie si facilement, je doutais sincèrement réussir aussi bien qu'elle, un an ne serait sûrement pas suffisant pour que je m'habitue à Miami, si je m'y habitue un jour. Et puis, depuis que je suis arrivée je passe mon temps à éviter ma grande sœur par tout les moyens, je fais tout pour éviter son regard pleins de reproches, qui au final semblait me dire « Pourquoi tu es venu finalement ? » et ça ne devrai pas se passer comme çà non, c'est moi qui devrai poser les questions, lui demander pourquoi elle est partie, pourquoi elle n'a pas donnée de nouvelle et pourquoi elle arrive à me faire sentir coupable ? Pourquoi après notre discussion je suis repartie du gymnase, la boule au ventre en me disant si je n'avais pas fait une erreur en laissant notre père seul à San Juan. J'allai finir par regretter d'être venue, ce qui à la base n'était vraiment le but de la manœuvre.

C'est donc dans un état d'esprit relativement maussade que je suis arrivée en fin d'après-midi, dans la salle de dessin et que je me suis installée à un table, griffonnant sans réfléchir, un paysage qui ne ressemblait à aucun autre, quelque chose qui n'avait de sens que pour moi. Dix-sept heures, je devrais partir, quelqu'un pourrait me surprendre et je ne tiens pas à passer une heure en colle juste parce que j'utilise une salle en dehors des heures de cours, mais mon dessin occupait tout mon esprit, j'étais comme aspirée par le paysage sur le papier, San Juan sous la pluie, chose rare si vous avez déjà vécu là-bas, Puerto-Rico est un vrai micro-climat, soit il fait beau, soit ce sont les déferlantes de vents puissants. J'étais tellement absorbé que je n'entendis qu'au dernier moment les bruits de pas qui s'approchaient de la salle. Alarmée, je rangeais vite fait les dessins dans ma pochette ne me rendant pas compte que dans ma précipitation je laissais tomber le portrait de mon père sur le sol de la salle, alors que je sortais par une des portes de la classe.







Miami 2014, Trois Jours Plus Tard:

Trois jours, trois jours que le portrait de mon père a disparu et que je n'arrive pas à remettre la main dessus, je l'avais sûrement laissé dans la salle de dessin et quelqu'un l'avait récupéré, et bien entendu cette personne n'avait pas jugé bon de le redonner à l'accueil du lycée pour qu'on me le transmette, non ça ne fonctionne pas comme çà à Miami, ici il ne faut rien laisser traîner sous peine de ne pas retrouver ce qu'on a perdu. J'ai même envisagé de demander aux élèves dans les couloirs si ils n'avaient pas retrouver le portrait, mais quelque chose me disait qu'on ne prendrait pas au sérieux une jeune sophomore, tout juste débarquée de Porto-Rico qui demande haut et fort dans les couloirs du lycée, si quelqu'un n'aurait pas par hasard retrouvé le portrait de son père. Non c'était une technique à bannir. Alors de mémoire, j'ai essayé de reproduire le portrait, mais aucune de mes tentatives n'arrivait à la cheville de l'original.

Alors trois jours après avoir perdu mon dessin, je me rendait à nouveau dans la salle de dessin, salle dans laquelle je ne suis pas retourné depuis, de peur de me faire repérer, comme cela avait été presque le cas la dernière fois. Il fallait que je me tienne à mes résolutions, j'avais dit que je ne me laisserai pas marcher sur les pieds, ni impressionner ce n'est pas quelques pas dans un couloir à dix-sept heures qui allaient me faire peur. Je posais donc mes affaires une nouvelle fois sur une table dans la classe et je commençais à dessiner de nouveau, un portrait, d'un jeune-homme, au hasard comme çà, personne que je ne connaissais. Au bout d'une demi-heure, les pas revinrent dans le couloir mais cette fois-ci je ne m'en souciais pas, les pas s'arrêtèrent au niveau de la porte de la salle qui se trouvait dans mon dos, je continuais de griffonner, comme si de rien n'était. Voyant que la personne n'intervenait pas je me décidais donc à prendre la parole, posant doucement mon crayon sur la table. « Sinon, tu vas rester longtemps à m'observer comme çà ? Ou tu vas aller dire au surveillant que je reste dans les salles de classe après les cours ? » Ceci-dit, je repris mon crayon et me remis à dessiner, sans me retourner.

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