Wynwood University
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 Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}

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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyMer 16 Juil 2014 - 16:01



Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité – Ki


Ce fut au moment où Ki parla de nos parents que je commençai à paniquer. Il voulait prévenir les siens, et discuter avec les miens. Chose que je ne désirais absolument pas. Il était hors de question que mes parents, particulièrement mon père, apprennent ma grossesse. Depuis plusieurs mois, il semblait en pleine chute, ne s’arrêtant jamais, tombant toujours plus bas. Je le connaissais, je savais qu’il n’était pas violent, il ne m’avait jamais frappée, il s’était toujours contrôlé. Mais je sentais, oui, j’avais ce pressentiment, que ma grossesse était la goutte d’eau qui ferait déborder le vase. Si jamais il savait que j’étais enceinte, je savais que ça allait très mal se passer. Et pour Ki ? Que lui ferait-il ? J’avais peur qu’il ne se maîtrise pas, y parvenant de moins en moins depuis que nous étions à Miami. Je ne pouvais qu’imaginer ce qu’il ferait, mais j’avais ce mauvais sentiment, comme si tout se passerait mal. Je me mis donc à bredouiller qu’ils ne devaient pas être mis au courant, ne sachant pas m’expliquer clairement. Ki, lui, semblait s’être disputé avec son père et ne savait pas trop comment il allait le prendre. Il s’attendait à se faire engueuler, et il pensait que son père voudrait parler à mes parents. Mais je ne voulais pas, ça ne changeait rien. A la fois, je lui demandai même de ne pas les mettre au courant, sur un ton suppliant et apeuré. Et s’il me prenait mon bébé ? Il était trop tard pour me faire avorter, aucun pays au monde n’allait accepter à ce stade de la grossesse si ma vie n’était pas en danger. S’il attendait patiemment que j’accouche pour me l’enlever ? Je le connaissais sans le reconnaître, et j’avais terriblement peur qu’il en soit capable. Sans oublier ce qu’il ferait à Ki pour ce qu’il m’avait « fait ». Je voyais sur son visage qu’il ne comprenait pas sa réaction, mais j’étais incapable de lui expliquer. Dans les faits, mes parents ne m’avaient jamais fait de mal, ils ne m’avaient jamais frappée. Au contraire, étant petite, j’étais un peu capricieuse et je contredisais souvent ce que disait mon père. Ça le faisait doucement sourire, mais ça n’allait pas plus loin. J’étais petite. Mais en grandissant, j’avais appris à me ranger de plus en plus à son avis, comme à celui de tout le monde, en fait. J’avais trop peur qu’on s’en prenne à moi de nouveau pour contredire mon entourage. Depuis que nous avions quitté la Corée, j’obéissais sagement au moindre de ses ordres, petite fille modèle. Mais arrivée à Miami … j’avais commencé à exister par moi-même. Je fus soulagée quand Ki conclut le sujet, m’indiquant qu’il ne pouvait pas les joindre si je ne lui disais rien. Il n’allait donc pas le faire de force, ou chercher leur adresse. J’étais heureuse qu’il respecte mon désir de garder cette grossesse secrète aux yeux de ma famille.

Sentant le malaise qui planait au-dessus de moi, il changea de conversation, évoquant la place dans la chambre. Fallait-il aller vivre ailleurs pour laisser une place à ce bébé ? A mes yeux, nous n’avions pas besoin de partir. Peut-être qu’Adam n’allait pas accepter la présence d’un nourrisson dans sa confrérie, je n’en savais rien. Mais je me sentais bien à la confrérie, et je voulais y rester autant que possible. Le père de mon enfant accepta qu’on reste ici, donnant une chambre au bébé et l’autre pour nous. Le silence s’installa sur nous et je me levai, avec une idée en tête. Je lui dis doucement que je revenais et allai chercher quelque chose dans ma chambre. Je revins rapidement avec une boîte en main. A l’intérieur, mes échographies et quelques documents liés à ma grossesse. Je commençai à lui faire part de mon trésor, soulagée qu’il me laisse faire, délivrée d’une partie de mon fardeau. En plein discours, je fus arrêtée par un mouvement douloureux du bébé. Je grimaçai, lâchant à demi ce que j’avais en main de repris comme si de rien n’était. Ça arrivait, de temps en temps. Quand il bougeait, cet enfant, il n’avait pas conscience que ça pouvait me faire mal. Après lui avoir montré les deux échographies que j’avais passées, j’en vins à la petite enveloppe que j’avais déjà ouverte. Il s’agissait là de son sexe. On ne m’avait pas dit si c’était un garçon ou une fille lors de la deuxième écho, puisque je ne savais pas si je voulais le savoir. Alors on l’avait écrit sur un papier, l’enfermant dans cette enveloppe. Depuis, j’avais été regarder, incapable de me retenir. Je voulais savoir si j’attendais une petite fille ou un petit garçon. Même si au final, l’information ne changeait rien au fait. Je lui indiquai ce qui se cachait dans l’enveloppe, mais n’osai pas lui demander s’il voulait regarder. Je ne savais pas ce qu’il voulait ou non concernant cet enfant. Mais moi je savais ce que je voulais. Et je savais que je voulais acheter encore quelques petites choses pour être prête à l’accueillir. J’avais déjà demandé à Ayase de m’accompagner, mais j’aurais bien voulu que Ki soit là aussi. Il était le père, celui que j’aimais toujours et pour qui je portais la vie. Il accepta, ce qui me fit énormément de bien. Au passage, il m’apprit qu’Ayase était fâchée contre lui, ce que je ne savais pas. Surprise, je lui en demandai les raisons.

- Je suis pas très sûr, je crois que ... c'est parce que ... je n'ai pas ... été très présent ces derniers temps et que je ne t'ai pas bien soutenue .... je suppose.

Ki me souriait timidement, reportant alors son attention sur la table. Il était mal à l’aise par la raison qu’Ayase avait de lui faire la tête. Et je compris lorsqu’il me la donna. C’était clairement à cause de cette grossesse, ou du moins, sa réaction par rapport à la grossesse. Elle lui reprochait de ne pas être assez présent à mes côtés. Oui, sa distance me rendait triste, je ne pouvais pas dire le contraire. Mais malgré tout, je comprenais sa réaction. Il avait besoin de temps ! J’étais partie, je l’avais abandonné, le laissant seul ici, le trahissant. Puis je revenais comme ça, enceinte. Il avait raison de rester distant. Son comportement était justifié. J’étais déjà très heureuse de ce que j’avais, et du fait que je puisse encore dormir avec lui, par exemple. Je ne refusais pas plus, mais je ne lui demandais pas plus. Il avait besoin de recul par rapport à ce bébé et je le savais. Ayase n’avait pas à être en colère pour ça. Lorsque j’allais la voir, je n’allais pas lui remarquer qu’elle n’avait pas à être fâchée, mais j’allais quand même lui dire que moi, je n’en voulais pas à Ki, et qu’elle pouvait arrêter de lui en vouloir, elle. C’était tout de même touchant de savoir qu’elle me « défendait » et qu’elle lui reprochait de ne pas s’occuper de moi. Peut-être qu’elle s’inquiétait pour moi ? Je tentai de le rassurer.

- Elle ne devrait pas être fâchée pour ça, ce n’est rien. Tu … fais ce que tu peux.

Je n’ajoutai rien, et il changea de sujet. Il revint à cette enveloppe, toujours dans ma main fébrile. J’avais attendu qu’il fasse un deuxième pas vers moi, après avoir fait le premier. Ce qu’il fit. Il me demanda d’abord si je l’avais ouverte, et je lui fis signe que oui. Il demanda à prendre l’objet et je le laissai faire en silence. Je l’observais, lui observait le papier entre ses doigts. Il maniait l’enveloppe délicatement. J’avais l’étrange sentiment qu’il avait peur de ce qu’il pouvait découvrir. Enfin, il l’ouvrit, retirant le papier à l’intérieur. Puis il brisa le silence en me demandant confirmation de ce qu’il avait lu. Oui, c’était bien un garçon que j’attendais. J’allais avoir un fils. Je posai une main sur le ventre qui l’abritait en souriant et lui confirmai l’information. Il hocha la tête et je continuai de le regarder. Ça semblait dur à encaisser. Depuis le début de la conversation, tout semblait dur. En même temps, moi j’avais eu tout le temps de me faire à l’idée, j’avais tout appris au fur et à mesure, je m’habituais à mesure que la vie grandissait dans mon ventre. Lui, il se prenait tout en pleine figure comme ça. Il me demanda ce que j’aurais préféré, alors que je ne savais pas quoi dire de plus. Je secouai la tête, la réponse était facile et difficile à la fois. Alors je lui répondis que je ne savais, que ça m’importait peu. Ce que j’aurais préféré ne change rien. C’était un garçon, je ne l’avais pas choisi, et c’était comme ça. Je ne l’aimais pas moins pour autant. Au début de ma grossesse, tout au début, quand j’avais peur, quand je doutais, quand je ne savais pas quoi faire et finalement, quand j’avais mis un pied devant l’autre en me disant « tu l’aimeras et tu l’élèveras bien », je ne connaissais pas son sexe. Et ça n’avait fait aucune différence, au final. J’étais enceinte de Ki tout pareil, je l’aimais, j’aimais déjà l’enfant, je le sentais bouger, et je lui permettais de vivre. Mes paroles semblèrent l’étonner, puisqu’il répété après moi.

- Tu l'aimes quand même ?

Je me contenter de hocher la tête en lâchant un bruit de confirmation. Comment une mère peut-elle ne pas aimer son enfant ? Comment peut-elle ne rien ressentir, elle qu’elle l’a porté pendant neuf mois, le sentant bouger ? Comment pouvait-on ne pas sentir de lien entre ce petit être et nous alors que nous avions partagé notre corps avec lui ? Moi je n’avais pas choisi d’avoir un enfant maintenant, peut-être que c’était pour ça que ça l’étonnait. Mais il était là quand même, et au fond, cette petite décision non prise, cette obligation d’être enceinte s’effaçait face à tout le reste. La première fois que je l’avais senti bougé, j’en avais eu les larmes aux yeux. A l’époque, j’avais encore du mal à réaliser les choses. Mais quand je l’avais senti, là, dans mon ventre, pour la toute première fois … C’était notre première communication, la première parmi de nombreuses autres, que ce soit pendant la grossesse ou après. Comment pouvait-on ne rien ressentir dans ce cas-là ? Ki réalisa bien vite que sa question n’était pas la plus intelligente, et qu’il le dise à voix haute me fit légèrement rire. Lui aussi rit, mais certainement parce qu’il se sentait idiot. Je ne le trouvais pas idiot. C’était logique qu’il se demande si vraiment j’aimais ce bébé, puisqu’il m’avait été imposé comme il lui était imposé. Mais la réponse était là. C’était mon fils, son fils, notre fils. Je l’aimais, c’était comme ça, et je l’aimerai toute ma vie. Le père de ce petit garçon me demanda s’il pouvait prévenir sa grand-mère et je lui répondis que oui.

J’écoutai attentivement la conversation, extrêmement gênée par une partie des paroles de sa grand-mère. Elle prit la nouvelle avec humour et bonne humeur, le grondant un peu au passage. Oui, nous étions des irresponsables, nous le savions. Nous aurions dû nous protéger, lui comme moi avions dû le penser des dizaines, des centaines de fois en silence. Mais nous ne l’avions pas fait, c’était comme ça. C’était trop tard pour nous lamenter sur notre sort. A présent, nous allions être responsables, hein Ki ? Il m’aimait assez pour rester avec moi malgré l’épreuve que nous allions traverser. Nous allions résister. Il raccrocha après quelques minutes, soulagé par la réaction plutôt positive de sa grand-mère. Il tenait beaucoup à elle, ça se voyait, et savoir qu’elle le soutenait lui faisait du bien. C’était peu, mais c’était ça pour le rassurer. Ki me remercia pour les échographies. Après tout, il m’avait demandé, et si je lui avais laissé entendre que je pouvais refuser de les lui montrer, je n’avais pas l’intention de le faire. Il en profita pour rebondir sur la place qu’il allait prendre, plus précisément la chambre qu’il allait occuper. Je voyais qu’il était prêt à déplacer le lit maintenant, ce que je ne voulais pas. J’avais peur qu’il se fasse mal, c’était quand même lourd. Je posai ma main sur son bras pour le dissuader de le faire maintenant, et lui répondis que je voulais bien venir avec lui, laissant ma chambre au petit. Ça ne changeait pas grand-chose de toute façon. Il m’indiqua que ça lui allait, me demandant si l’on allait demander de l’aide à Adam. Je hochai la tête silencieusement.
Après ça, j’eus envie de l’enlacer. Il était là, tout près de moi, et il me manquait. Je voulais le sentir contre moi, me sentir protégée, en sécurité dans ses bras. C’était peut-être égoïste de ma part, parce que je savais qu’il avait peur d’avoir cet enfant et je l’approchais de lui, le forçant au contact. Mais j’avais besoin de lui, je voulais passer ma main dans ses cheveux et oublier un instant ce qui nous attendait. Une de mes mains était posée sur son torse et je pouvais sentir son cœur battre rapidement. Je relevai la tête vers lui, lui souriant. Puis je le rassurant doucement, lui affirmant que tout irait bien, même s’il avait peur. J’avais peur aussi, même si ma peur s’était estompée avec le temps. Mais nous étions forts, nous étions capables de le faire, tous les deux, ensemble. Nos yeux s’accrochèrent, puis je me hissai sur la pointe des pieds pour l’embrasser tendrement. Ça faisait très longtemps que je ne l’avais pas embrassé, et le contact de ses lèvres me fit quelque chose, réveillant tous mes sens. Il m’avait manqué, tellement manqué. Malgré ça, je me contentai d’un simple baisé, juste mes lèvres sur les siennes, rien de plus. En me séparant de lui, je lui répétai que tout allait bien se passer, et j’étais convaincue qu’il ferait un bon père. De son côté, il n’en savait rien, il espérait. Il doutait énormément, et je me sentais mal pour lui. Moi aussi je doutais, mais je faisais tout pour éloigner le doute de moi. J’allais être mère, je devais être sûre de tout ce que je faisais. Je me concentrai alors sur mes sensations. Depuis quelques minutes déjà, le bébé remuait. Il m’avait fait mal tout à l’heure, mais maintenant ça n’était plus douloureux du tout. C’était toujours aussi étrange, même à six mois de grossesse bien tassés. J’aimais le sentir bouger, j’adorais ça. Je ris légèrement, pour détendre un peu l’atmosphère. Puis je lui soufflai doucement.

- Je crois … Je crois qu’il veut faire connaissance avec toi, il n’arrête pas de bouger depuis tout à l’heure.

Il baissa la tête sur mon ventre, surpris. J’approchai fébrilement mes mains des siennes pour attraper ses poignets. Je procédais avec douceur, pour ne pas lui faire peur, mais j’étais ferme malgré tout. Il se laissa faire, je sentais qu’il était nerveux. Il savait ce que j’allais faire. Je lui murmurai un « regarde » tout en continuant d’approcher ses mains de mon ventre. Il desserra les poings. Enfin, ses mains touchèrent délicatement mon ventre, alors que je finissais de le guider. C’était étrange de sentir ses mains brûlantes, même à travers le tissu de mon vêtement. La première fois qu’il touchait ce ventre depuis que nous nous étions revus. Il m’avait déjà enlacée mais prenait toujours soin d’éviter cette zone de mon corps. C’était donc le premier contact qu’il avait avec son enfant. D’ailleurs, le bébé s’arrêta de bouger un instant, comme si le temps était suspendu. Puis il reprit ses mouvements, sous la paume de Ki. Il avait toujours la tête baissée sur mon ventre tandis que je l’observais en souriant. J’étais largement émue, j’en avais les larmes aux yeux. Je repris la parole pour lui confier que le bébé lui disait bonjour. Il était réceptif au toucher, en particulier quand ce n’était pas moi. J’avais déjà pu le remarquer avec Ayase et avec Jun. Idem quand on lui parlait. Je ne savais pas trop bien ce qu’il sentait ou entendait, mais j’avais l’impression qu’il avait une certaine conscience de ce qui l’entourait.

- Oui, on dirait bien. Il est réceptif aux voix.

Après quelques secondes les mains posées sur moi, Ki finit par les retirer, brisant ce contact entre lui et son fils. Je le remerciai d’avoir accepté de m’offrir de moment, et enchaînai sur autre chose, plutôt gênée. Il me restait une dernière échographie à faire avant la fin de ma grossesse, et j’aurais voulu qu’il soit présent. Je ne savais toutefois pas s’il allait vouloir, c’était peut-être encore un peu trop tôt pour ça. Mais bon, elle n’allait pas avoir lieu tout de suite, il allait avoir un peu de temps pour changer d’avis. Avant de parler, je replaçai une mèche de cheveux, tic que j’avais depuis de nombreuses années, et triturai mes doigts nerveusement. Ki s’aperçut de mon malaise et m’encouragea. Après quelques secondes, je lâchai ce que je voulais lui dire, lui avouant que ça me ferait plaisir qu’il vienne à ma troisième échographie.

- Tu veux que je t'accompagne ... ? mais ... enfin ... je ... ça te dérange pas de te montrer nue devant moi ?

Je lui souris timidement. Ce bébé n’était pas là par l’opération du saint esprit … J’étais pudique, j’avais peur de me montrer nue, en particulier à cause de ma cicatrice, que je voulais cacher. Mais je savais que Ki l’avait sentie, ses doigts s’étaient posés dessus. Je me sentais moins mal à l’aise devant lui, même si ma grossesse me gênait. Le temps ferait le reste. Il m’avait tellement manqué pendant tout ce temps, et puis c’était le père du bébé, alors au fond, j’étais capable de mettre ma pudeur de côté. Je secouai la tête en signe négatif au moment où il me dit qu’il m’accompagnerait. Un sourire s’étala sur mon visage, j’étais contente qu’il accepte, j’avais vraiment peur qu’il refuse parce qu’il n’était pas prêt. J’abordai alors un dernier sujet fâcheux, faisant doucement pour ne pas le brusquer. Quel prénom, ou du moins quel genre, voulait-il donner à son fils ? J’y avais assez peu réfléchi, je voulais en discuter avec lui avant. Bien sûr, je m’étais un peu posé la question, surtout suite à la discussion avec Jun. Mais je ne savais pas trop quand même. Il me répondit qu’il voulait un prénom Coréen, ce qui ne m’étonna pas du tout. C’était ses origines et sa culture, à ce bébé. Je hochai la tête, d’accord avec lui. Puis il me dit que si j’avais une idée ou une envie, je pouvais lui dire. Mais pour l’instant, je n’avais rien. Il rajouta que nous allions voir ça pendant les prochains jours, et je lui souris.

- On a encore le temps, de toute façon, mais je voulais juste t’en parler … pour savoir si tu voulais choisir aussi.

Ki souriant légèrement lui aussi. Il reporta son attention sur les bols de nourriture tandis que je posai mes mains sur mon ventre une dernière fois, sentant le bébé bouger. Il me demanda si j’avais encore faim, je lui fis signe que non. J’aurais dû manger un peu plus, pour le bébé, mais mon appétit était parti. Si vraiment il revenait, je pouvais toujours finir plus tard, ou grignoter. Il ramassa les échographies, les replaçant dans la boîte avant de me la tendre. Je la saisis à deux mains, lui souriant quand il me parla. Il lava la table et je le laissai faire, observant chacun de ses gestes. Il me proposa de faire nos achats samedi dans l’après-midi, puisqu’il était libre. En ce moment, il avait un emploi du temps assez chargé, et ne pouvait pas se libérer à n’importe quel moment. J’étais contente qu’il accepte de venir et qu’il puisse m’accorder trois heures. J’allais demander à Ayase si elle était libre elle aussi. Elle avait beau être fâché, ça serait justement l’occasion pour reparler à Ki. Il me demanda quand est-ce que j’avais rendez-vous pour l’échographie, et je lui répondis en souriant légèrement. Il faisait la vaisselle, comme à son habitude, m’évitant toute tâche ne serait-ce qu’un petit peu physique.

- L’écho n’est pas pour maintenant alors je n’ai pas encore pris le rendez-vous. Dis-moi quand tu peux … et je prendrais le rendez-vous quand tu seras libre.

Il me répondit et je restai là un instant, à le regarder laver la vaisselle. Je finis par me décider à aller me reposer, tout ça m’avait grandement fatiguée.

- Je vais aller me reposer un peu, je vais dans ma chambre. Ki … merci pour cette discussion. Ça m’a fait du bien.

Je retournai dans ma chambre, reposant la boîte sur mon bureau, soigneusement. Je récupérai mon téléphone dans ma poche pour envoyer un message à ma meilleure amie, lui demandant si elle était libre elle aussi samedi dans l’après-midi. Si elle ne l’était pas, tant pis, j’irais avec elle un autre jour. Me décidant, je retirai mes chaussures et m’allongeai sur le lit. Ki me répétait souvent de me reposer quand je faisais quelque chose, même si j’étais assise à ne pas vraiment bouger. Mais je le faisais assez rarement, je n’étais pas tant fatiguée que ça, et quand c’était le cas j’y allais. Peut-être qu’avec les semaines je l’écouterais plus. Je posai mes mains sur mon ventre, le bébé encore en léger mouvement et me mis à fredonner doucement.

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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyMar 10 Juin 2014 - 12:54


Shin & Ki



" .



Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyVen 30 Mai 2014 - 17:04



Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité – Ki


Le temps des aveux était enfin venu. Pendant deux semaines, deux longues semaines, ni Ki ni moi n’avions eu le courage de faire un pas vers l’autre pour parler de ce bébé. Pourtant, ce n’était pas comme évoquer un événement passé dont nous n’avions qu’un souvenir. Non, ma grossesse, elle était sous notre nez en permanence. Toute ma vie avait été recalculée en fonction de ce nouveau corps qui ne cessait de changer. Et quand Ki posait les yeux sur moi, je le savais, je le sentais, il ne passait jamais à côté de ce ventre arrondi. Oui, ce bébé était désormais omniprésent mais pendant deux semaines, nous avons fermé les yeux, mettant un voile devant lui pour l’ignorer. J’en souffrais. J’assumais plutôt bien ma grossesse, même si c’était difficile. J’étais fière de pouvoir me dire que j’allais avoir un enfant de Ki. Même si j’avais peur, même si j’allais vers l’inconnu pieds et poings liés, même si … J’avais appris à considérer cette vie et je me préparais à l’accueillir avec amour. Et Ki ? Ki, lui, était distant par rapport à cet enfant. C’était bien ça qui me faisait mal. Je savais pertinemment qu’il n’était pas prêt et que je devais lui laisser du temps, ce que j’avais bien sûr fait. Mais ça me faisait mal quand même. S’il rejetait ce bébé, il me rejetait moi, parce que pour l’instant, lui et moi n’étions qu’un seul être. Peut-être que j’aurais dû regarder les choses autrement, mais je n’y arrivais pas. Pourtant, malgré cette peine et cette tristesse, j’aimais toujours Ki, je l’aimais bien plus que je ne l’aurais cru possible.
Les réactions de Ki me blessaient et pourtant, j’avais envie d’avancer avec lui, encore et toujours. J’en étais arrivée au point où je voulais tout faire pour le comprendre et pour saisir ce qui l’animait. Je voulais être en phase avec lui, pas pour me régler volontairement sur sa longueur d’onde, non, mais simplement pour accorder les deux nôtres, propres à chacun. Je le voulais à mes côtés pour des années, et je voulais qu’il soit heureux de l’être. Pouvait-il l’être avec un enfant maintenant ? C’était trop tôt, nous n’avions aucun diplôme, aucune compétence entre les mains, rien. Nous étions jeunes, nous n’étions pas prêts. Et pourtant, il nous restait trois mois avant l’impact. J’avais commencé à me préparer, bien sûr, dès l’instant où j’avais pris ma décision. Plus de retour en arrière, tu prends tes responsabilités ma petite Shin. Lui n’avait pas eu ce loisir. Dans son discours, Ki évoqua une erreur. Alors, cette enfant était une erreur ? Pour moi, ce n’était pas le bon terme. La conception de cette enfant était peut-être une erreur, oui. Mais la suite n’en était pas une, jamais. Dès l’instant qu’un être humain, consciemment, choisit d’amener une vie à prendre naissance, ça ne s’appelle plus une erreur. Il évoqua également le fait que je puisse refuser de lui parler de cet enfant, mais que tout compte fait, je n’avais pas vraiment le choix, il en était le père. Même si je ne voulais pas l’admettre, il avait raison, et c’était bien pour ça que j’étais revenue. Il était le père, le seul et l’unique, celui qui avait donné la moitié de cet enfant pour l’unir à la mienne. Je gardai le silence tout le long, le laissant parler comme il le désirait. Si on voulait arriver à quelque chose, on devait s’écouter attentivement. Autrement, je ne pouvais pas deviner ses besoins.
Enfin, il parla de son père, et du fait qu’il devait le prévenir. Automatiquement, je me sentis moins bien. Prévenir … nos parents. Non non, je ne pouvais pas faire ça. Mes parents ne savaient même pas ce que j’étais devenue, ils croyaient certainement toujours que j’avais disparu. Qu’en était-il des recherches ? S’en foutaient-ils royalement ou continuaient-ils d’avoir l’espoir de me revoir ? Je ne savais rien de ce qu’il se passait pour ma famille, mais je savais très bien ce qu’il se passerait si je revenais comme une fleur, enceinte jusqu’au cou en criant « Salut c’est moi, c’était rien qu’une petite blague, vous y avez cru hein ?! Et pendant que j’y suis, je suis enceinte, mais ça, vous avez pu le voir. Félicitations aux futurs grands-parents ! ». Je bafouillai quelque chose à Ki, lui disant que ma famille ne devait pas le savoir. Ma grossesse était la goutte de trop pour mon père, je ne voulais pas que le vase déborde. J’avais peur, j’imaginais la réaction qu’il pouvait avoir. Avais-je trop d’imagination ou connaissais-je assez mon père pour savoir que depuis l’année dernière, je lui avais fait atteindre sa limite ? Je n’avais pas vraiment envie de tester pour le découvrir. Non, j’étais partie aussi pour ça. Ma famille ne devait pas savoir, absolument pas, pour rien au monde. Je demandai également si sa famille désirerait rencontrer la mienne, mais je connaissais déjà la réponse. Quelle famille normalement constituée ne voudrait pas de ce genre de rencontre ?

- Je ne sais pas, on s'est disputé et je ne l'ai pas recontacté depuis. Je suppose qu'il va me passer un savon monumental. Probablement que quand il aura digéré la nouvelle, mon père cherchera à contacter tes parents. Je dois les rencontrer pour m'excuser Shin et les rassurer. Je ne m'attends pas à être bien reçu, alors ne t'inquiète pas pour ça. Mais ils doivent bien être mis au courant.

La réponse fusa, identique à ce que j’avais dit juste avant.

- Non ! Je … Ils ne le sauront jamais. Je déglutis, puis inspirai, c’était difficile. Je ne peux pas … Ki, ils ne doivent pas savoir que je suis ici et que nous allons avoir un enfant. Jamais ! S’il te … plaît.

Je savais, en revenant, que je courrais ce risque. En me cachant et en vivant ma vie de mon côté, tout allait pour le mieux, j’avais peu de chances pour que ma famille me trouve. Mais ici, à Wynwood … Ici, des gens me connaissaient, même si ces gens ne connaissaient pas mes parents. Heureusement que je n’avais jamais parlé d’eux, jamais donné d’adresse, rien. Ils ne devaient pas me trouver et me voir comme ça. Elever un bébé à mon âge ? C’était n’importe quoi à leurs yeux. En un an, j’avais vu mon père évoluer, j’avais vu sa folie s’installer, son désespoir. Par ma faute. En refusant de me plier, j’avais causé sa chute. Maintenant qu’il était aux portes des enfers, lui annoncer ma grossesse, c’était le pousser, lui donner la dernière impulsion dont il avait besoin pour rejoindre le royaume d’Hadès. Tout était de ma faute … Mais malgré tout, je continuais à penser que je n’avais pas fait que des mauvais choix. Ce bébé, j’allais l’avoir. J’en avais décidé ainsi et je ne me trompais pas. De toute façon, tant que je refusais en bloc de donner une adresse, ils allaient devoir faire des recherches pour trouver mes parents. Et s’ils voulaient faire des recherches, alors je ferais tout pour qu’ils arrêtent. Mes parents ne devaient pas savoir. Ou alors dans quelques années, peut-être, quand tout se sera calmé. Je décidai de répondre à ce qu’il m’avait dit avant de parler de son père, pour changer de sujet et me calmer un peu. Je n’avais pas envie de m’étendre sur le sujet.
Je lui avouai que je voulais rester ici. Je me sentais bien à la confrérie, protégée. J’aimais cette chambre qu’on partageait depuis un an, même si au final nous n’y avions pas vécu tant que ça à deux. Il était parti pendant les vacances, et moi après. Mais j’aimais cette chambre, je trouvais inutile de partir ailleurs. Ayase était juste à côté et il y avait le reste de tous les Alpha Psi. Et je ne voulais pas que Ki paye un appartement seul alors que moi je n’avais pas d’argent.

- Oui, euh... on peut loger ensemble et donner l'autre chambre au bébé. Restons ici pour le moment, ça sera plus simple.

Je fus soulagée qu’il accepte qu’on reste ici. Et puis si ça ne fonctionnait pas, si jamais nous ne vivions pas agréablement comme ça, alors nous irions vivre ailleurs. Mais pour le moment, je pensais que c’était possible. Il nous manquait encore pas mal de choses pour l’accueillir mais il nous restait trois petits mois pour ça. Je ne savais plus quoi faire ni quoi dire. Je n’avais pas encore réagi physiquement au fait que je devais lui parler de ce bébé. Je ne savais pas comment réaborder le sujet. Je gardai le silence puis reculai ma chaise de la table. Au final, je lui indiquai que je revenais et je m’éclipsai dans ma chambre. J’y récupérai une petite boîte que j’avais déjà sortie devant quelqu’un. Une boîte dans laquelle j’avais rangé ce qui se rapportait à ce bébé, les documents qui attestaient de son existence. En particulier les deux écographies que j’avais passées et l’enveloppe qui renfermait le secret de son sexe. Je savais que ça allait être très maladroit de ma part. Il y a quelques minutes, je lui disais que je ne voulais pas lui parler du bébé s’il s’y intéressait par obligation –ce qui semblait être le cas-. Pourtant, je n’avais ni l’envie ni la force de lui refuser ça. Alors … Alors j’allais tenter le tout pour le tout. S’il faisait connaissance avec cet enfant, peut-être … peut-être qu’il l’aimerait tout comme moi je l’aimais. Il avait besoin de temps et d’informations. Je reviens auprès de Ki et fis le tour de la table pour me positionner à côté de lui, debout. Je la déposai sur la table et l’ouvris. J’y cherchai ma première échographie et la sortis sous les yeux du père de cet enfant. Ki était silencieux, il ne disait rien. Alors je lui expliquai ce que c’était et quand je l’avais faite. Sur le papier, certaines informations étaient notées. Ki restait silencieux, définitivement privé de toute parole. Mais je comprenais. C’était la première fois qu’il voyait ce bébé, il avait une nouvelle preuve de son existence. Alors je continuai, tout en souriant. Je cherchai la seconde échographie lorsque je sentis un coup de pied assez fort et qui me fit mal. Je lâchai la feuille que je tenais d’une main pour la poser sur mon ventre en grimaçant. Ce n’était pas agréable, mais j’aimais sentir qu’il était bien en vie et énergique. Je fis donc comme si rien ne s’était passé et repris où j’en étais. Je lui laissai le loisir de la regarder, la posant à côté de la boîte. Puis je sortis une chose très précieuse, que j’avais ouverte il y a très peu de temps. Ça faisait mois d’un mois que je savais si j’allais avoir un garçon ou une fille. Bon nombre de parents aimaient avoir la surprise du sexe au moins pour le premier enfant. Moi, j’avais regardé, et je ne regrettais pas. Au fond, qu’est-ce que ça changeait ? Garçon ou fille, je portais cet enfant, c’était celui de Ki et je l’aimais. J’attrapai l’enveloppe à deux mains –tremblantes- et la soulevai tout près de mon visage. Je murmurai qu’elle contenait le sexe du bébé. Mon cœur battait encore fort rien qu’à l’idée de ce qu’il y avait dedans. Je me sentais incroyablement bien malgré tout ce qu’il venait de se passer. Ki ne disait rien mais il m’écoutait attentivement, je le sentais. Je lui parlais de son bébé, je le lui présentais et il me prêtait attention. Que ressentait-il ? Avait-il encore plus peur ou commençait-il à être émerveillé ? C’était peut-être trop tôt pour le second cas. Je tenais toujours l’enveloppe dans les mains et il ne parlait toujours pas. Il avait la possibilité de faire ce qu’il voulait. Gênée, j’enchaînai sur autre chose.

- J’ai commencé à acheter quelques vêtements. Mais il me manque encore beaucoup de choses. Je … Je vais peut-être aller faire quelques achats avec Aya. Ki, est-ce que tu … Enfin. Est-ce que tu veux m’aider à choisir ?

Je n’étais pas certaine de ce que je lui demandais. Ki serait-il capable de venir dans un magasin pour enfant avec moi ? Serait-il possible qu’il m’aime assez pour ça ? J’étais très mal à l’aise, j’avais peur qu’il refuse d’en faire plus pour ce bébé. Il venait déjà de subir les échographies alors qu’il y a un mois, il ne savait rien de son existence. Etait-il prêt ? Je replaçai mes cheveux en arrière comme j’avais l’habitude de le faire quand je ne me sentais pas très bien. D’ailleurs, il baissa le regard sur la table, refusant de me regarder dans les yeux. Il allait refuser, me dire qu’il n’avait pas la force pour ça. Enfin, j’entendis sa voix alors que j’étais dans le doute le plus total.

- Je viendrais t'aider à choisir avec Aya. L'argent ne devrait pas être un problème mais je vais devoir en discuter avec mon père avant car c'est une grosse dépense quand même. Tu sais qu'Aya me fait la tête, c'est une bonne amie qui veille très bien sur toi.

Soulagée, ce fut le premier mot qui me vint en tête. Juste avant se dernière phrase, Ki avait relevai ses yeux vers moi et m’avait souri. Bien sûr, ce n’était pas le sourire dont j’avais l’habitude et que j’aimais tant. Celui-là, je n’allais plus jamais le revoir, il avait disparu à jamais. Parce que j’étais tombée enceinte et partie sans le lui dire. Je fus étonnée par ce qu’il me dit. Et gênée, aussi. Sa famille allait payer et pas la mienne. Je n’avais que l’argent de la bourse pour subvenir à mes besoins et à ceux du bébé. Il allait payer bien plus que moi. Mais c’était comme ça. Quant à Ayase … Je ne savais pas qu’elle faisait la tête à Ki. Mais pourquoi, d’ailleurs ?

- Aya … est fâchée contre toi ? Lui dis-je d’une petite voix. Je ne savais même pas. Mais … pourquoi ?

Dans ma tête, elle n’avait aucune raison pour faire ça. Elle semblait être heureuse pour nous, elle n’en voulait donc pas à Ki de m’avoir mise enceinte –bien que pour moi ce n’était pas l’expression à employer-. Quel était le rapport entre ça et le fait qu’elle veille sur moi ? Ki n’avait rien fait. Il avait juste besoin de temps pour accepter ma grossesse. C’était douloureux pour moi mais je ne lui en voulais pas. C’était normal. Il m’avait fallu du temps à moi aussi. Peut-être même plus qu’à lui. Parce que lui, dès le début, il avait vu mon ventre. Moi, je ne pouvais que me dire que là, sous ma peau, il y avait quelques cellules en train de se multiplier pour finir par former un petit être humain. Je ne le voyais pas au début, ce n’était qu’une idée abstraite pour moi. Il m’avait fallu du temps pour assimiler ça, déjà. Puis après, il m’avait fallu dépasser l’horreur de la situation. Prendre une décision. Partir. Réfléchir. Revenir en arrière et avancer en même temps. Comment pouvais-je en vouloir à Ki pour avoir besoin de temps lui aussi ? Je fus tirée de mes pensées par Ki qui me demanda si j’avais déjà ouvert l’enveloppe. J’hochai la tête en souriant, les yeux brillant. Oui, je savais ce qu’il y avait d’écrit à l’intérieur. Je savais si nous allions avoir une fille ou un garçon. Il recula sa chaise à son tour et se leva. Je levai la tête pour le regarder dans les yeux puisqu’il me surplombait de nouveau. Je ne bougeai pas d’un centimètre, ne reculant absolument pas face à lui. J’avais envie … j’avais envie de le prendre dans mes bras. Mais je ne pouvais pas faire ça, j’avais peur qu’il me rejette. Celui que j’aimais déposa ses doigts sur l’enveloppe en me demandant s’il pouvait la prendre et je le laissai faire sans un mot. J’attendis qu’il l’ouvre après un moment d’hésitation. Je comprenais que c’était difficile pour lui. Je le regardais toujours, observant les mouvements de ses yeux. Finalement, il se reporta sur mon regard.

- C'est un garçon ?

Je lui souris timidement, posant une main sur mon ventre à l’évocation de ce fils que nous allions avoir.

- Oui, un petit garçon.

J’observais toujours son visage, lui laissant tout le temps qu’il voulait. Il s’efforçait de respirer calmement, visiblement secoué par la nouvelle. Après un moment, il finit par me demander ce que j’aurais préféré entre fille et garçon. Je ne m’étais pas posé la question plus que ça, ou du moins je n’avais pas poussé ma réflexion. On ne décidait pas du sexe de nos enfants, c’était comme ça. Et peu m’importait, au final. Depuis ce jour, depuis ce moment-là, celui où j’avais compris que j’aimais cet enfant, je me fichais de son sexe. Ça ne changeait rien au fait qu’il était bien là, et que j’allais donner de moi-même pour lui donner la vie. Je secouai la tête de gauche à droite puis la baissai.

- Je ne sais pas. Je crois … que ça n’a pas vraiment d’importance, si ? Je l’aime quand même.

C’était la première fois que je le disais devant lui. Je regardais mon ventre. Je le sentais bouger, mais Ki ne savait pas que depuis tout à l’heure, son fils ne cessait de remuer. Je souris avant de relever la tête. Je n’osais pas rajouter la pensée que je venais d’avoir. « Et puis, j’espère qu’il ne sera pas mon seul enfant, j’aurai une fille plus tard. » Je ne voulais pas lui faire peur. Je ne voulais pas avoir un deuxième enfant tout de suite, non, je voulais attendre quelques années. Mais ce n’était pas parce que nous avions fait une bêtise jeunes que nous ne devions pas continuer de construire une famille. Je n’avais même pas accouché que je pensais déjà à faire le reste de ma vie avec lui, et à avoir d’autres enfants de lui. Mais ça, je n’allais pas lui dire au risque de le faire fuir. Je n’osai pas non plus lui retourner la question. J’avais trop peur qu’il me réponde qu’il préférait aucun enfant du tout. Il n’aurait pas eu tort, nous n’aurions jamais dû prendre le risque. Mais maintenant que c’était fait, on ne pouvait pas revenir en arrière, et ce n’était pas de sa faute, à ce bébé. Je ne savais plus quoi dire ni quoi faire. J’avais peur d’effrayer Ki avec chaque nouvelle information sur notre enfant, ou en lui demandant quelque chose. J’attendais lâchement qu’il fasse un pas vers moi. Il me demanda s’il pouvait appeler sa grand-mère.

- Bien sûr, lui répondis-je d’une petite voix.

Je le regardai sortir son téléphone de sa poche pour composer un numéro. Il m’informa qu’il allait être rapide et mit le haut-parleur quand sa grand-mère répondit. Elle entama directement la conversation en lui disant qu’elle s’était inquiétée de ne pas avoir eu de nouvelles de lui depuis janvier. Ça en faisait un moment. Pourquoi n’avait-il pas appelé ? Ki n’était pas démonstratif, mais je savais qu’il n’était pas du genre à ne donner aucune nouvelle, surtout à sa grand-mère. Il ne s’attarda pas à se justifier, disant simplement qu’il était occupé. C’était possible, je n’étais pas là, je n’en savais rien. Sa grand-mère reprit immédiatement en lui demandant s’il mangeait bien. Ça me fit sourire. A croire qu’elle était obsédé par les repas qu’il pouvait prendre, s’inquiétant sans cesse qu’il ne mange pas à sa faim. Encore une fois, il la rassura, et lui demanda de l’écouter. C’était le moment de vérité. Mais sa première nouvelle ne fut pas celle que j’attendais. Il lui parla de son audition, celle qu’il avait passée à Halloween. Ki était loin de moi quand Trent avait pris les autres en otage. Ce jour-là, j’avais oublié mon portable et fait une belle frayeur à mes amis. Cet événement m’avait convaincue de fuir, me ramenant mes vieux démons. Je ne savais pas qu’il l’avait réussie. J’étais heureuse pour lui. C’était son rêve et toute sa vie. Je le féliciterai quand il raccrochera. Ki ne désirait pas s’attarder sur le sujet, il s’engagea donc sur le second. Il inspira puis lui révéla la vérité d’une traite. Mais sa grand-mère comprit mal ce qu’il lui dit, ne réalisant pas qu’il parlait d’un futur imminent et dont il n’avait pas le contrôle. Il se reprit, lui indiquant que j’étais enceinte. Cette petite phrase de rien du tout, exposant simplement la vérité, me fit rougir. J’étais enceinte de lui. Je baissai la tête en écoutant sa grand-mère le réprimander comme un enfant pris en faute. Ça ne lui prit pas longtemps, car elle s’intéressa tout de suite à ma grossesse, lui demandant depuis combien de temps j’étais enceinte. Et la réponse allait encore plus la fâcher, puisque ça faisait un moment. J’avais déjà parcouru les deux tiers. Il était désormais trop tard pour prendre la moindre décision. Sauf … Sauf de faire adopter l’enfant. Ce qui n’était pas envisageable, je me battrai pour que ça n’arrive pas. Elle s’insurgea de ne pas avoir été mise au courant et Ki se défendit, ce qui était normal. Il y a deux semaines, il ne savait rien de ce bébé. Il savait simplement que j’avais fui, mais il ne savait pas pourquoi, il ne savait rien. Et encore aujourd’hui, il ne savait pas tout, j’étais incapable de lui dire certaines choses. Comme à son habitude, sa grand-mère se montra bavarde, évoquant la réaction de son père puis le conseillant sur l’attitude à adopter avec moi. J’étais plus que gênée par la discussion. Bien qu’elle n’avait pas tort, c’était très étrange de l’entendre donner des recommandations à son petit-fils. Mais c’était aussi agréable, elle le prenait plutôt avec bonne humeur. Elle s’informa de son sexe, riant même du fait que dans la famille il n’y avait que des fils. D’ailleurs, un détail me fit sortir de ma torpeur. Elle dit que son père avait eu deux fils. Je n’étais pas au courant de ça. Je ne savais pas que Ki avait un frère, il ne m’en avait jamais parlé. Etait-ce un sujet secret, comme il en avait de nombreux ? J’étais très intriguée par cette information, mais j’avais peur de lui en parler. S’il ne me l’avait pas dit, il avait une raison. Etait-il fâché avec lui ? Ki resta silencieux, la laissant continuer sur sa lancée. Elle lui affirma que notre fils allait être adorable vu la mère que j’allais être, et encore plus s’il ressemblait à son père. Ça me fit relever la tête vers Ki. Il était gêné lui aussi. Sa grand-mère lui demanda si je n’étais pas trop fatiguée, ce qui était le cas. J’avais parfois du mal à dormir, réveillé parce que le bébé bougeait ou parce que mon ventre me gênait. Ou alors je me perdais dans mes pensées, me demandant si j’avais fait les bons choix, me convaincant que oui. Elle se perdit alors dans un souvenir, lui disant qu’il devait se montrer affectueux avec moi, lui qui ne l’était pas tellement. Elle se remémora de quelque chose qui s’était passé lorsqu’il était petit, évoquant son frère et le fait que Ki gardait tout pour lui. Elle lui répéta encore de me soutenir et Ki lui dit qu’il allait essayer. La suite me surprit, je ne m’y attendais pas du tout. Elle rit, évoquant le fait que je pouvais en avoir fait exprès pour le garder, puisqu’il était le plus beau garçon de Corée. C’était de l’humour, ou du moins j’espérais. Ki était gêné, il rougit même en s’indignant. C’était mignon à voir. Finalement, il conclut la conversation, lui disant au passage qu’elle lui manquait. Ki aimait beaucoup sa grand-mère, ça se voyait. Elle avait dû souvent s’occuper de lui quand il était enfant. Il raccrocha puis se remit face à moi, replaçant une mèche de cheveux.

- Voilà une bonne chose de faite.

Je le regardai s’asseoir en murmurant un « Oui » tout juste audible. Je n’allais pas faire de même. Il avait affronté sa grand-mère et il allait recommencer avec son père, mais il était hors de question que je fasse pareil. Mes parents ne sauront jamais. Il baissa la tête, me remerciant d’avoir partagé mes échographies avec lui. Il me l’avait demandé, et même si au départ je ne voulais pas vraiment, je ne pouvais faire autrement que les lui montrer. C’était son enfant. Il releva encore la tête vers moi, je le fixais en souriant timidement. A ce rythme, le silence allait retomber entre nous deux. Mais il ne le laissa pas s’installer, se levant à nouveau.

- Je peux déplacer un des lits si tu veux dans l'autre chambre. Tu préférais quoi ?

Je levai la tête vers lui. Je lui souris cette fois tendrement, puis posai ma main gauche sur son bras.

- On demandera à quelqu’un de t’aider plus tard, tu vas te faire mal si tu le fais tout seul. Mais … euh … Je veux bien venir avec toi et laisser ma chambre au bébé. Enfin, si tu veux bien …

Il était tout prêt de moi, encore, et je le sentais toujours autant nerveux. Je voulais faire quelque chose pour le rassurer, mais je ne savais pas quoi. Puisque c’était bien moi, ou du moins ce que j’avais en moi, le nœud du problème. Néanmoins, je décidai de me lancer, franchissant le peu de distance qui nous séparait encore. La main qui se trouvait sur son bras glissa dans son dos, l’autre se positionnant sur son torse. Je me calai contre lui du mieux possible, me tournant un peu sur le côté à cause de mon ventre. Je levai la tête vers lui, souriant de la différence de taille entre nous deux.

- Tu verras Ki, ça va aller. Même si tu as peur, ça va aller …

Sa peur, je pouvais la sentir depuis ce jour où nous nous étions rencontrés, forcés par le destin. Depuis qu’il s’était laissé tomber au sol, comprenant qu’il était le père de cet enfant. Moi aussi j’avais peur, très peur, mais je la refoulais au plus profond de moi. Parce que je devais tenir le coup, je ne pouvais pas me permettre de tomber. Ce bébé comptait sur moi, je devais me battre pour deux. Ma peur, je la cachais, je l’enfermais, l’ignorant presque totalement. Mais dans le fond, elle était toujours là. A deux, nous allions être plus forts, je l’espérais. Sa grand-mère lui avait dit d’être là pour moi, mais je devais aussi être là pour lui. Il n’avait eu que deux semaines jusque-là pour se faire à l’idée, moi, un peu plus de cinq mois. C’était plus facile pour moi que pour lui. Je me hissai sur la pointe des pieds pour poser mes lèvres sur les siennes, l’embrassant timidement. J’avais peur qu’il me repousse.

- Ca va aller, lui répétai-je. Nous serons de bons parents, tous les deux. Je suis sûre que tu te débrouilleras très bien avec notre fils.

Je tournai la tête vers la table pour regarder les papiers que nous avions laissés. J’avais passé deux échographies, mais il m’en restait encore une, celle du huitième mois. Ça allait arriver vite, et j’aurais voulu, s’il en avait la force, que Ki soit présent. Comment faire pour l’encourager ? J’étais autant maladroite que lui parce que je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas ce qu’il était capable de supporter aujourd’hui. Un nouveau coup de pied du bébé me fit grimacer une demi-seconde. Ça me fit penser à une approche, mais je n’étais pas très sûre de moi. Je me décollai de Ki, un tout petit peu, en souriant. Puis je ris légèrement en le sentant continuer à gigoter.

- Je crois … Je crois qu’il veut faire connaissance avec toi, il n’arrête pas de bouger depuis tout à l’heure.

J’avançais mes mains vers les siennes, hésitantes. Lui faisant face, je le regardai droit dans les yeux. Finalement, je refermai mes doigts sur chacun de ses poignets. Puis je les approchai de mon ventre.

- Regarde … Lui dis-je tout doucement.

J’avais presque l’impression que ses mains se mirent à trembler quand il comprit ce que j’allais faire. Je culpabilisais déjà, j’avais l’impression que je le forçais. Il avait peur, ça se voyait, il ne savait pas quoi faire. Mais je me disais que si vraiment il ne voulait pas, s’il ne pouvait pas que je fasse ça, il allait me repousser, ou simplement retirer ses mains. Avant, je n’aurais pas eu le cran de faire ça. J’aimais ces petits gestes qui représentaient ordinairement la tendresse, mais lui n’était pas expressif. Depuis que nous nous connaissions, j’avais plusieurs fois fait un pas vers lui pour l’encourager ou pour me montrer moins timide avec lui. Nos mains étaient suspendues dans le vide, mais plus pour très longtemps puisque je tirai les siennes encore plus près de moi. Je frissonnai quand les paumes de ses mains entrèrent en contact avec mon ventre, bien qu’il y avait du tissu entre nos peaux. Automatiquement, les mouvements cessèrent quelques secondes. Puis ils reprirent, comme s’il sentait qu’il y avait là une présence qu’il ne connaissait pas. La plupart du temps, ça n’était pas douloureux, sauf quand il donnait de grands coups. Ça arrivait plutôt rarement, sauf depuis tout à l’heure, ça faisait déjà deux fois. Je me mis à sourire encore plus, émue. Je tenais toujours les poignets de Ki, tremblant.

- Tu vois, il te dit bonjour. Lui dis-je avec les larmes aux yeux.

Délicatement, je décidai de lâcher ses mains, ne voulant pas le forcer trop longtemps. Je m’attendais à ce qu’il retire ses mains immédiatement, mais il attendit quelques secondes avant de le faire. J’étais toujours impressionnées de le sentir bouger. Parfois, j’avais encore du mal à me faire à l’idée qu’il y avait là un être vivant en train de finir de se former. Je ne réalisais pas toujours qu’il prenait vie grâce à moi –et à Ki-, et que j’allais être sa mère. Timidement, je lui murmurai un « Merci ». Puis gênée, je replaçai encore une fois mes cheveux derrière mon oreille, même s’ils étaient toujours à cette place. Puis je baissai le regard en tripotant mes doigts.

- Euh … J’ai … J’aurai une autre échographie à faire et … en fait … ça me ferait plaisir que tu viennes avec moi.

Je relevais encore la tête vers lui en souriant timidement. Décidément, nous étions aussi maladroits l’un que l’autre. Il y avait encore un grand nombre de sujets à aborder. Et le suivant à me venir en tête, c’était le prénom qu’on allait lui donner. Au hasard de mes rencontres, j’avais pu roser la route d’un autre Coréen, natif de la même ville que Ki et moi. Il m’avait demandé quel prénom je voulais donner à mon enfant et à l’époque je n’y avais absolument pas réfléchi. Mais sa question m’avait fait me penser dessus. Un nom, c’était pour toute une vie. C’était compliqué de faire le bon choix. Dans dix, nous en voudrait-il pour son prénom ou nous remercierait-il ? Tout dépendrait de l’endroit où nous allions vivre, non ? Si nous choisissions un prénom américain et que nous retournions en Corée, ça allait faire bizarre. Et le contraire tout autant. Mais j’avais pensé à ce que nous pouvions faire. Et j’avais envie … j’avais envie qu’il arbore fièrement ses origines. Je ne voulais pas lui donner un prénom « dans le vent » à Miami, pour qu’il se fonde dans la masse. Je voulais qu’il porte une trace de ce qu’il était. Et même s’il naissait à Miami, même s’il y grandissait, il serait aussi Coréen. Voilà d’où il venait. Je voulais qu’il apprenne à parler coréen, tout comme il parlerait anglais. Il avait la chance de pouvoir avoir deux cultures, je voulais en profiter. J’ouvris la bouche sans oser évoquer le sujet du prénom. J’inspirai une fois, expirai, inspirai, puis me lançai.

- Je voulais aussi … qu’on discute tous les deux d’un prénom. Plus tard peut-être, on a le temps. Mais je voulais savoir … je voulais savoir si tu voulais choisir avec moi.

Je lui lançai un petit sourire gêné.

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Dernière édition par Shin Bae le Mar 15 Juil 2014 - 16:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptySam 19 Avr 2014 - 8:55


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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyMer 9 Avr 2014 - 23:15



Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité – Ki
Ki avait préparé le repas, comme à son habitude. C’était une chose qui n’avait pas changé avec mon départ, il faisait souvent à manger pour nous deux. Et en plus de ça, il cuisinait la plupart du temps des plats coréens. Je trouvais cette attention très touchante, il me permettait de reprendre le contact rompu douloureusement avec mon pays. A force de patience et d’efforts, Ki m’avait permis de renouer avec la Corée. En partie du moins, je ne pouvais pas oublier ce que j’avais vécu, pas comme ça. Là-bas, mon monde s’était écroulé à plusieurs reprises malgré les efforts de mon père pour tout reconstruire. J’avais perdu une vie pour en trouver une autre. Qu’est-ce que je préférais, au juste ? Etais-je mieux maintenant ou est-ce que la Shin d’avant était plus heureuse ? Je ne savais pas répondre à cette question.
Donc après avoir fini de préparer à manger, Ki m’avait conviée à le joindre à table, ce que j’avais fait. Puis le repas s’était déroulé comme d’habitude, du moins au début. Il avait précisé qu’il nous avait fait un plat qu’on mangeait pour la nouvelle année, me faisant remarquer au passage que cette année il n’avait pas pu le faire à cause de mon absence. Ou comment ma rappeler à quel point j’avais dû faire une erreur en le laissant seul ici. Si ça pouvait le rassurer, j’avais été aussi seule que lui, même si techniquement, je ne l’étais pas. En effet, ça faisait six mois qu’où que j’aille, quoi que je fasse, je n’étais pas seule. Ce bébé dégageait déjà une présence pour moi, mais était-ce suffisant ? Nan, bien sûr que non.

Ki brisa le silence une seconde fois. Mais au lieu de reprendre sur une conversation banale, comme nous en avions tout le temps, il aborda LE sujet qui nous tourmentait depuis deux semaines déjà. Le bébé. Il osait enfin briser cette bulle qui nous entourait depuis le début. Je ne l’avais pas fait depuis mon arrivée ici de peur de briser plus que cette bulle en question. Mais enfin il en venait à là à son tour. Il était temps d’avoir cette conversation une bonne fois pour toute, c’était le mieux que nous avions à faire. Il était enfin prêt à en parler, et moi, est-ce que je l’étais toujours ? C’était pas le moment de flancher, hors de question. Pourquoi, je n’aimai pas ses paroles ? J’avais la nette impression qu’il ne voulait toujours pas de cet enfant, qu’il s’obligeait à l’accepter, ce que je refusais. Je lui fis à mon tour part de mes sentiments. J’étais revenue parce qu’il me manquait et que je l’aimais, mais je ne voulais pas qu’il revienne vers moi et le bébé par obligation. Malgré tout, il était libre de son choix. J’avais décidé de garder l’enfant sans lui demander son avis, je n’avais pas le droit de lui imposer maintenant quelque chose. S’il ne voulait pas s’en occuper, soit, j’acceptais, j’étais prête à assumer toute seule. J’avais envie de partager quelque chose avec lui, oui, mais pas s’il se forçait. C’était égoïste de ma part, mais je n’étais pas certaine d’avoir la force de vivre avec lui s’il n’aimait pas cet enfant. Ce bébé, c’était à moitié lui à moitié moi. S’il m’aimait, il allait forcément l’aimer, non ?

Une fois que j’eus fini mon discours, je me servis un verre d’eau. J’avais gardé cette habitude. Quand je finissais de parler, que j’étais gênée, il fallait que je fasse quelque chose. Fermer mon manteau, rattacher mes cheveux, écrire sur ma feuille en cours ou encore là me servir à boire. C’était ma manière pour concentrer le temps d’une seconde mon esprit sur quelque chose d’autre que ce que je venais de dire. Un silence me répondit, puis je reposai le regard sur Ki. Il ouvrit sa bouche sans qu’aucun son n’en sorte et la referma. Il réfléchissait à ce qu’il allait me dire. Je pensai immédiatement que la suite de la conversation allait faire mal, mais n’était-ce pas ce dont nous avions besoin ? Crever l’abcès une bonne fois pour toute, comme je le pensais souvent. Ça faisait mal, ça faisait peur, mais une fois que c’était fait, si on soignait bien, ça guérissait et tout revenait à la normale. Voire ça nous rendait encore plus fort, nous avions su faire face. C’était ça qui nous attendait, avec Ki ? Un moment difficile, éprouvant, douloureux, mais libérateur et renforçateur ?

- Shin je ... Quand je dis que je prends mes responsabilités ça signifie que j'accepte cet enfant ... alors oui accepter et s'intéresser sont 2 choses bien différentes ... je sais même pas moi-même si je m'en intéresse ou pas. Je sais juste que je ne veux pas te laisser prendre cette responsabilité seule, c'est aussi mon … mon enfant. Je tiens à toi et je ne veux pas te laisse tomber, il y a longtemps qu'on a dépassé le stade de "si je veux cet enfant ou non". Je n'ai pas l'apanage du choix à l'heure actuelle, cet enfant verra le jour et je ne suis pas prêt à être père c'est clair. Je ne dis pas que tu as fait le mauvais choix, et que j'aurais refusé que tu le gardes ... Shin je ne te dis pas ça. La seule chose pour laquelle j'ai le choix c'est de savoir si oui ou non je prendrais mes responsabilités. Je les prendrai c'est tout même si je suis mort de peur, je ne peux rien ajouter de plus. Tu prends mes propos comme une obligation mais cet enfant est une obligation. Les parents ont des obligations envers leurs enfants. Le terme est peut-être pas le plus doux et le mieux adapté mais ce n'est pas nous qui avons choisi. Alors oui pour moi c'est devenu une obligation parce que j'ai fait une erreur, c'est de ma responsabilité de l'accepter. Je fonctionne ainsi.

Je regardais fixement Ki tout au long de son discours. Il commença par regarder son bol, puis posta ses mains jointes devant sa bouche, tourna la tête, se gratta l’oreille. J’observai le moindre de ses mouvements. Comme moi, il n’était pas à l’aise, je le sentais. Il déglutit au moment de dire « mon enfant ». Oui, son enfant. Enfin, notre enfant. La conséquence des risques que nous avions pris. Et si j’avais été plus précautionneuse ? Je savais que je pouvais tomber enceinte. Sans connaître le sujet sur le bout des doigts, j’avais subi assez de prévention à l’école pour savoir que j’étais dans la bonne période, que nous avions presque provoqué notre malchance. Si j’avais plus anticipé les choses au lieu de fermer les yeux en me disant que ça n’arrivait qu’aux autres ? J’aurais été prendre une pilule du lendemain, par exemple. J’aurais été passer un test avant d’avoir les signes pour me montrer que oui, notre bêtise avait eu un impact. Et j’aurais fait quoi ? J’aurais gagné combien de temps, au juste ? Une, deux, trois semaines ? Ça n’aurait rien changé au problème. Non, j’avais appris la grossesse assez tôt pour décider de ce que je voulais faire. Là où j’avais merdé, c’était par rapport à Ki. J’avais fait le choix de ne pas lui en parler. Comment je pouvais lui dire que j’étais enceinte de lui ? Ça m’avait paru être un effort impossible. Si je n’avais pas fui ce jour-là, nous ne serions pas dans cette situation, à souffrir tous les deux parce que nous défendions des points de vue différents.
D’ailleurs, je comprenais ce qu’il me disait. Juste que … Il ne prenait pas le problème comme moi. Pour ça, nous n’avions pas la même vision des choses. Mais soit, j’écoutais ce qu’il me disait et j’essayais de le comprendre au mieux. Ç’aurait été déplacé de ma part de ne pas l’écouter et de ne pas essayer un minimum. C’était moi qui étais partie, c’était moi qui avais caché ma grossesse, c’était moi qui étais revenue et c’était moi qui imposais mes choix pour le moment. Je lui avais laissé une plus petite manœuvre en me taisant. Dans ses paroles, si je ne devais dégager qu’une idée, c’était qu’il voulait être à mes côtés pour moi. Ça me touchait, évidemment que oui. Il disait avoir peur, il m’aimait suffisamment pour rester avec moi malgré cette peur ? Moi je l’aimais assez pour être revenue malgré tout ce que je lui avais fait subir, malgré les remords qui me rongeaient quand je le regardais, malgré la honte que je ressentais malgré moi quand je croisais les élèves que je connaissais simplement de vue. Je l’aimais assez pour supporter tout ça. Parce que finalement, toutes ces choses à côté de son visage, de son sourire –bien que disparu en ce moment-, de son odeur et de sa voix, ça n’avait pas d’importance. Sa présence à elle seule comptait bien plus que tout ce que je pouvais subir de désagréable à côté, c’était clair.
Je continuai d’observer Ki, le voyant baisser la tête, triturer nerveusement ses doigts. Il avait l’air de faire un effort titanesque pour me dire ce qu’il avait sur le cœur. Pour ma part, j’étais immobile. J’avais posé ma main droite sur la table, la gauche étant retombée sur ma cuisse. Seul mon cœur semblait être en mouvement, tambourinant dans ma poitrine, tentant de s’en échapper par tous les moyens. Il replongea son regard dans le mien, automatiquement mon sourire s’éteignit légèrement. Puis il soupira. Et continua. Je ne voulais pas l’interrompre, ce n’était pas le bon moment. Non, nous devions nous écouter mutuellement, parler l’un après l’autre, réagir et réfléchir à ce que l’autre disait. Je lui laissais le temps de parole qu’il désirait, je voulais le comprendre, savoir ce que je devais faire. J’étais prête à tout pour lui. Si je devais partir, je partirais. Si je devais rester, je resterais. S’il voulait encore de moi, s’il y avait encore une chance pour qu’il me pardonne, alors je me jetterais à corps perdu dans l’issue qui se présentait pour retrouver cette vie avec lui que je chérissais. Je devais juste l’écouter, comprendre. Ki reprit plus durement.

- Donc si je m'en intéresse pas, il se passe quoi Shin ? Tu ne me diras rien ? On reste au point départ ? Je pense que tu n'as pas le choix car je suis son père. Par contre tu peux ne pas accepter de former un couple avec moi parce que tu me reproches mon manque d’intérêt envers cet enfant ... je ne peux pas m’opposer à ce choix de ta part. Je le comprendrais.

Ses paroles s’infiltrèrent en moi avec violence. Il avait raison. Je ne pouvais pas refuser de le tenir au courant sur cet enfant même s’il ne s’y intéressait que par obligation –selon mon point de vue-. Ce n’était pas pour ça aussi que j’étais revenue ? Parce que je ne pouvais pas, je n’avais pas le droit de le priver de cet enfant, combien même il n’était pas prêt à l’avoir. Je baissai la tête au moment où il releva la sienne vers moi. Une larme roula au coin de mon œil, puis une seconde, mais pas de troisième. Je n’allais pas refuser de lui parler du bébé si c’était ce qu’il voulait, même si j’avais laissé entendre le contraire. Je n’avais pas cette force-là. Je souffrais juste à l’idée qu’il puisse, lui le père, ne pas l’aimer comme je l’aimais. Ce bébé avait besoin de l’amour de ses deux parents, il n’avait rien demandé à personne. Oui, il avait raison, nous avions des obligations envers lui, même maintenant, et nous allions en avoir toute notre vie. Pour moi, le chérir en était une. Nous l’avions fait, bon sang ! Nous avions créé sa vie, sans nous il n’existerait pas. Et de ce fait, nous devions lui apporter le meilleur environnement possible. L’amour en faisait partie, c’était comme ça. Il ne pouvait pas être heureux si ses deux parents ne l’aimaient pas, je ne pouvais pas être heureuse s’il ne l’était pas. J’aimais Ki, follement, mais je n’étais pas assez forte pour supporter de le voir revenir pour moi et uniquement pour moi. C’était tellement difficile d’avoir les pensées justes, alors les mots justes l’étaient encore plus. Je ne pouvais tout simplement pas lui expliquer ça.
Et s’il avait juste besoin de temps ? Ou d’informations ? Moi, j’aimais ce bébé parce que je le sentais bouger en moi, je le sentais vivre. Je mangeais pour lui, respirais pour lui, il vivait grâce à moi. Plus j’apprenais à le connaître, plus je l’aimais. Comme avec Ki. Et si c’était de ça dont Ki avait besoin ? S’il avait besoin de faire connaissance avec son enfant pour s’y intéresser réellement, pour commencer à ressentir quelque chose pour lui ? J’allais devoir continuer à être patiente, comme je l’avais été, lui montrer à quel point cette petite vie avait besoin de nous et combien nous avions, nous aussi, besoin d’elle. Je gardai encore le silence, réfléchissant à mes mots. La situation était délicate, très délicate. Finalement, le père de mon enfant –j’aimais penser à lui ainsi, ça exposait un lien si fort entre nous- reprit la parole avant que je n’aie pu choisir les bons mots.

- Tu me manquais aussi Shin, vraiment. Tu ne m'imposes pas ta présence, tu as bien fait de revenir alors ne repars plus jamais qu'importe tes raisons, je ne t'oblige pas à me les dire mais s'il te plaît ne disparais plus comme ça. Pense aux gens qui t'aiment.

Sa première phrase me fit relever la tête, les yeux encore brillants et la suite me gonfla le cœur. Il ne voulait pas que je reparte. Bien sûr, il n’avait jamais voulu que je parte. Moi non plus ce n’était pas ce que je voulais. Je n’avais … Enfin si, j’avais eu le choix. Mais celui-là était le meilleur à ma portée à ce moment. Comment ma famille aurait-elle pris ce bébé ? Et si j’avais fait des choix différents, si j’avais été jusqu’au bout de certaines choses et au contraire pas au bout d’autres ? Si j’avais tous fait différemment, quelle vie serais-je en train de mener ? Les derniers mois n’avaient été qu’une succession de choix, le premier étant de savoir si oui ou non je voulais coucher avec Ki sans préservatif. A partir de là, tout un enchaînement avait suivi. Est-ce que je dois aller prendre une pilule du lendemain ? Bon, je ne m’étais pas posé cette question, pas une fois, mais j’aurais pu. Est-ce que je fais un test maintenant ou est-ce que j’attends ? Est-ce que je lui en parle ? Est-ce que je vais au bout de ma grossesse ? Est-ce que je nous mets tous les trois en danger en restant et en provoquant la colère de mon père ? Est-ce que j’abandonne ce bébé à la naissance ? Est-ce que je ne ferais pas mieux de revenir ? Est-ce que … Oui, tous ces choix que j’avais fait sans forcément m’en rendre compte, ils nous avaient amenés ici et finalement, Ki n’avait rien pu faire, lui.
Je le dévisageai, revenant encore une fois à ses yeux. A chaque fois, ce que j’y voyais me troublait. Là, j’avais l’impression d’y percevoir de l’amour. Mais toujours, derrière, il y avait autre chose. Depuis mon retour, il y avait cette peur qui faisait briller ses yeux. Cette peur pour le bébé ? Etait-ce simplement ça ou est-ce que c’était moi toute entière qui lui faisais peur ? Il disait qu’il m’aimait, qu’il voulait être avec moi et m’accompagner dans cette épreuve, mais j’avais peur de le répugner quand même. Après tout, mon corps avait changé. Et nous allions devenir parents par ma faute. C’était moi qui étais tombée enceinte. C’était mon corps qui avait tout fait et qui faisait encore tout, c’était de ma faute. Au-delà de ses yeux, le visage de Ki était tiré, il était fatigué. Nous étions deux. Mais lui, il était fatigué physiquement comme moralement, je le sentais. J’aurais tellement aimé faire quelque chose pour lui. Mais s’il était dans cet état, c’était bien à cause de moi. Faire quelque chose pourrait être encore pire. Alors j’attendais un signe de plus.

- Je voulais savoir s'il y a la place ici pour un enfant ou s'il vaut mieux déménager et puis ... il faut bien acheter des choses non ? Ensemble ... Ici il n'y a rien pour accueillir ce bébé. On devrait peut-être en discuter, non ? Je subviendrai à vos besoins à tous les 2 s'il faut même si tu ne veux pas de moi comme petit ami. Tout du moins, j'essayerais.

Il ne me laissa encore une fois pas le temps de répondre et marmonna quelque chose à voix basse.

- Je dois aussi appeler mon père, pour lui annoncer la nouvelle mais ça fait plusieurs mois que je ne l'ai pas appelé. Qu'est-ce qu'il va dire ?

Je me glaçai, pensant automatiquement à ma famille à moi. Ils ne devaient pas savoir. Jamais ! Si un jour mon père apprenait que j’avais eu un enfant comme ça, par accident, il allait me faire la peau. J’avais enfin ouvert les yeux sur lui. Je l’avais admiré pendant les dix-sept premières années de ma vie, mais c’était fini. Je n’acceptais plus de partageais la même vie qu’un homme qui voulait contrôler le moindre de mes faits et gestes. Mes fiançailles avec Jared m’avaient bien aidée. Mon père avait toujours décidé pour moi et moi j’avais toujours dit oui. Mais j’étais grande maintenant, j’avais le droit de faire mes propres choix, de me tromper et de vivre ! Oui, j’avais fait une connerie et les six derniers mois en attestaient, et alors ? C’était ma vie. Et je sentais, non, je savais … je savais que s’il apprenait ça, il n’allait pas l’accepter. Il était hors de question qu’il fasse du mal à Ki ou à mon bébé. Et si la famille de Ki voulait rencontrer la mienne ? S’ils refusaient eux aussi cette « progéniture indigne » comme aurait dit mon père ? J’avais peur de ce qu’il pouvait se passer.
Prenant mon courage à deux mains, je rompis enfin le silence de nouveau installé entre nous, réagissant d’abord sur ce qu’il venait de dire.

- Prévenir ton père ? Je … Ki ... ? Co … comment il va réagir ? Tu sais … Moi je … Ma famille ne doit pas savoir. Tes parents, ils … ils voudront rencontrer les miens ?

Je respirai, sentant la panique arriver. J’avais eu le cran de tenir tête plusieurs fois à mon père en début d’année dernière. Et à chaque fois, sa colère avait monté de plus en plus haut. Il avait eu vent des rumeurs qui courraient sur moi à l’école. Il n’avait pas levé la main sur moi, non, mais failli. Et je savais, je le connaissais assez pour savoir qu’un jour, il ne se maîtriserait plus comme il s’était maîtrisé toute sa vie. J’avais même discuté de ça avec mon frère, qui avait les mêmes craintes que moi. Mon frère … J’aurais voulu le revoir. Je ne pardonnais ni à mon père ni à ma mère, mais à mon frère, si. Est-ce que je pouvais prendre le risque de renouer contact avec lui ? Est-ce que j’avais assez confiance en lui pour lui révéler que j’étais en vie et enceinte et non pas disparue quelque part ? Mon frère garderait-il le silence ? Je ne savais pas, et je n’étais pas prête à le vérifier. Je m’appliquai à respirer et à réfléchir à ce que Ki m’avait dit avant de parler de son père. Le bébé … Ce dont nous avions besoin pour l’accueillir. J’embrayai donc sur ce sujet pour contenir la nouvelle vague de panique qui voulait m’assaillir.

- Pour le bébé … Je … Tu … Enfin. Je pense qu’on peut rester ici … Si … Ki, je veux … Je veux qu’on l’élève tous les deux, ce bébé. En fait … c’est avec toi que je veux faire ma vie … Le rouge me monta aux joues, j’étais gênée de lui faire une telle déclaration, mais j’avais besoin de lui dire et de lui faire comprendre à quel point ce que je ressentais pour lui était fort. Ici … On prendra une des deux « chambres » et le bébé l’autre ? C’est que … J’ai pas beaucoup d’argent et je veux pas que tu payes tout. On peut s’en sortir comme ça, non ? Je suis bien … ici.

Je fis une pause un instant. Je me rendis compte que mon corps entier était tendu et que le bébé commençait à bouger, sentant très certainement mon stress. Non bébé, calme-toi, tout va bien, repose-toi. C’est pas le meilleur moment pour te manifester. J’étais toujours heureuse et émerveillée de le sentir bouger, mais là, ce n’était juste pas le bon moment. Je n’allais profiter de rien ni avec l’un ni avec l’autre, mon esprit étant divisé en deux. Je déglutis, puis poussai mon bol en train de refroidir et reculai enfin ma chaise. Je restai là, éloignée de la table, toujours en regardant Ki. Je ne savais pas quoi dire sur ses premières paroles. Je les comprenais, j’acceptais son point de vue et sa décision. Mais comment y répondre ? J’optai finalement pour des gestes plutôt que des paroles. C’était peut-être tout autant maladroit, mais c’était le mieux dont j’étais capable. Je me levai de ma chaise, me retenant pour ne pas poser une seule main sur mon ventre comme j’en avais l’habitude. Je murmurai un « je reviens » à Ki avant de disparaître dans ma chambre.
Une fois à l’intérieur, je me dirigeai immédiatement vers ce qui m’intéressait. J’avais toujours cette boîte en rapport avec mon bébé. A l’intérieur, les deux échographies que j’avais passées ainsi que l’enveloppe dans laquelle j’avais remis soigneusement le papier sur lequel était écrit le sexe de notre bébé. Si je lui parlais de ce bébé, si je lui disais tout ce que je savais à son sujet, Ki allait-il comprendre qu’ainsi je comprenais ses agissements ? J’avais dit et pensé des choses, mais avec ce qu’il venait de me dire, je voyais les choses autrement. J’espérais … J’espérais que ma démarche déclencherait quelque chose chez lui. Je récupérai donc la boîte et revint vers lui. Je contournai la table, me postant juste à côté de Ki, debout. Puis j’ouvris la boîte sous ses yeux, sélectionnant la première échographie.

- Ca c’était à trois mois de grossesse. La première échographie. Je l’ai faite un peu tard mais bon.

Je lui montrai l’une des photos, l’indiquant de mes doigts fins. On y distinguait le profil du bébé. A force de regarder le cliché, je pouvais presque voir distinctement son nez, sa bouche, ses yeux et même son oreille, alors qu’on les devinait simplement. Je ne savais même pas si c’était ce qu’attendait Ki, mais c’était ce que j’avais envie de partager avec lui. Tu veux que je te parle de ton enfant ? Alors commençons par le commencement. Ça, c’est ma première rencontre avec lui. La première fois que je l’ai vu sur un écran. J’ai pu me dire « il est là ». J’ai entendu son cœur battre. Je ne précisai pas que c’était lors de cette échographie qu’on m’avait précisé une date pour la conception du bébé, je la connaissais déjà. Le risque, nous l’avions pris une seule et unique fois. Et ça avait suffi. Je souris en cherchant la seconde écographie. Alors que j’étais sur le point de la sortir de la boîte, un mouvement plus ample de bébé me fit me pencher en avant et je lâchai la feuille d’une de mes mains pour la poser sur mon ventre. De plus en plus souvent, je trouvais ses mouvements plus grands et plus douloureux. Est-ce que bébé commençait à se sentir à l’étroit ici ? Je grimaçai une seconde puis repris là où j’en étais. Pas besoin d’alarmer Ki, même si c’était certainement ce que j’avais fait. Je récupérai mon sourire.

- Et là, c’est la deuxième. Je l’ai faite peu de temps avant … avant de te rencontrer. Regarde, il suce déjà son pouce.
J’affichai un sourire attendri, oubliant complètement la conversation difficile dans laquelle nous nous trouvions. Je parlais de ce bébé, je lui donnais enfin une existence devant son père et ça me faisait un bien fou. Voilà Ki, ton enfant a un visage maintenant. Tu sais qu’il bouge, tu sais qu’il grandit et qu’il vit en moi, il suce même son pouce. Bien sûr que tu le savais déjà tout ça. Mais maintenant, tu l’as sous les yeux. Si tu tournes un peu la tête, si tu fais cet effort, tu verras mon ventre. Si tu poses ta main … si tu poses ta main, tu sentiras ses mouvements sous ma peau.
Je reposai la seconde échographie sur la première, avançant mes mains tremblantes vers l’enveloppe. J’avais encore l’impression de voir les lettres capitales gravés dans mon œil, celles me disant si j’allais avoir une fille ou un garçon. Je m’étais gâché la surprise, mais j’en étais heureuse. Je saisis l’enveloppe à deux mains et la portai plus près de mon visage.

- Et là … Il y a son sexe.

Je souris et baissai le regard sur Ki. Pouvait-il voir à quel point mes yeux brillaient de fierté pour cet enfant ? Cet enfant de lui. Pouvait-il aussi voir cet espoir que j’avais qu’il ressente quelque chose, là, pour ce bébé ? J’étais près de lui, et je n’avais qu’une envie, c’était qu’il m’enlace. Je voulais le sentir contre moi et lui transmettre tout l’amour que j’avais pour lui. Ki, oublions les choses stupides que je viens de dire. Je t’aime, tu sais même pas à quel point, je ferai tout ce que tu voudras. Je repris sur un ton un peu plus léger pour me faire pardonner mes paroles en début de conversation.

- J’ai commencé à acheter quelques vêtements. Mais il me manque encore beaucoup de choses. Je … Je vais peut-être aller faire quelques achats avec Aya. Ki, est-ce que tu … Enfin. Est-ce que tu veux m’aider à choisir ?

Tais-toi Shin, ta demande est bien trop prématurée. Ki n’est pas Ayase. Si elle elle prend très bien la nouvelle de ta grossesse, pas lui. Il l’accepte, oui, mais c’est encore trop tôt pour crier victoire. Il parle de subvenir à vos besoins, c’est bien, mais est-ce qu’il t’aime assez pour garder sa main dans la tienne et rentrer dans un magasin spécialisé ? Est-ce qu’il est prêt pour ça ? Est-ce que tu crois vraiment que Ki fera cet effort pour tes beaux yeux ? Regarde-toi Shin, regarde-le. Il a ce quelque chose dans le regard, tu le vois ? Il t’aime, mais il n’aime que toi. Ce bébé, il ne l’aime pas, il n’en veut pas même s’il ne veut pas te laisser t’en occuper seule. Il ne le fera pas, il ne viendra pas avec toi. Au mieux, tu repartiras juste avec sa carte de crédit.
Je tenais toujours cette enveloppe, je savais ce qu’il y avait à l’intérieur mais pas lui. Est-ce que ça allait attiser sa curiosité ? Je ramenai mes cheveux en arrière pour m’empêcher de toucher Ki. J’avais envie de passer la paume de ma main sur sa joue, de caresser son visage, de me pencher pour effleurer ses lèvres … Maintenant qu’il m’avait fait comprendre qu’il m’aimait, j’avais envie de retrouver la vie que nous avions avant. Sa peau me manquait, sa chaleur diffuse, sa douceur et ses doigts tremblants quand il me touchait. Jamais quelqu’un ne m’avait manqué comme il m’avait manqué durant ces quelques mois. Même lorsqu’il était reparti en Corée, ça n’avait pas été pareil. Peut-être parce que je n’avais pas réalisé mes sentiments pour lui. Mais là, mon amour grandissait chaque jour à l’image de ce bébé et j’avais plus que besoin de lui. Même si j’avais peur, même si je savais que je n’allais pas être assez forte pour tout affronter, être là, debout à côté de lui me rassurait. Ki était là. Ki avait fait un premier pas vers notre nouvelle vie. C’était fou comme en quelques minutes j’étais passée par tous les états ! Etait-ce sa présence qui agissait ainsi sur moi, le bébé ou un mélange des deux ?

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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyLun 7 Avr 2014 - 17:31


Shin & Ki





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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyVen 4 Avr 2014 - 20:00



Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité – Ki
La vie avait repris son cours, tranquille. Et moi, j’avais replongée dedans, mais j’avais l’impression de vivre désormais dans un monde étrange. C’était moi ou tout avait changé ? Ce qui avait changé, c’était le regard que je portais autour de moi. Je restais toujours réservée par rapport aux gens qui m’entouraient. J’étais revenue mais quelque chose en moi avait changé, et pour cause, d’ici trois mois, j’aurai donné la vie. Il était donc normal que je reste change aussi, non ? J’avais repris tranquillement les cours après quelques jours pour arranger mon retour. Et j’avais aussi réintégré les Alpha Psi. Mieux, j’avais réintégré ma chambre avec Ki. Ou pire, c’était selon. Lorsqu’on m’avait donné le numéro de ma nouvelle chambre, je m’étais statufiée. Comment allait-il réagir ? Le savait-il déjà ? Avait-il eu un poids sur cette décision ? Ki était toujours l’adjoint de la confrérie, mais je ne savais pas trop quelles décisions il prenait ou non. Alors, qui m’avait placée avec lui ? Etait-ce volontaire de leur part ? Je n’avais pas précisé que je voulais retourner avec lui, même si c’était ce qu’une grande partie de moi espérait. Je n’avais même pas dit qui était le père de mon bébé alors que c’était la question qui brûlait les lèvres de tous ceux faisant partie de l’administration. Mes amis les plus proches le savaient –en gros, Ki, Ayase et Adam-. Ça suffisait à mes yeux.
J’avais donc réaménagé avec la peur au ventre. Mais Ki n’avait pas mal réagit. Il m’avait même aidée à emmener mes affaires les plus lourdes. J’aurais voulu lui montrer que je n’étais pas aussi fragile que ça et qu’il n’avait pas besoin de se forcer à me porter secours, mais je ne le fis pas. Ki l’aurait fait même si je n’avais pas été enceinte. Depuis que nous nous connaissions, il m’aidait à tout faire, j’étais la misérable petite Shin qui ne pouvait pas faire les choses toutes seules. Décrocher un dessin au mur, faire à manger, débarrasser de grosses choses. Je ne pouvais pas dire que ça m’agaçait, au contraire, je trouvais ça plutôt plaisant qu’on s’occupe de moi. Mais je n’avais pas envie qu’il se sente obligé à quelque chose. Encore plus le jour de mon retour, j’avais été gênée qu’il vienne ainsi m’aider parce que j’étais enceinte.

Depuis, Ki avait repris ses habitudes d’avant, ou presque. Il faisait à manger, il faisait le ménage, il s’occupait de moi comme d’une enfant, comme il le faisait déjà avant. Sauf que c’était pire. Je trouvais ça très touchant mais ça me faisait quand même mal de le voir s’agiter comme ça pour moi. Si on ne regardait que ça, on aurait pu le voir comme un futur papa faisant tout pour soulager sa compagne en attendant l’arrivée du bébé. Mais il n’en était rien. Un voile nous séparait, Ki et moi. Et ce voile, c’était ce bébé. Il faisait attention à moi, à ma santé plutôt. Mais à côté, rien … Rien de rien. Je ne m’attendais pas à ce qu’on retrouve la même vie qu’avant, c’était tout bonnement impossible. Mais … il n’y avait rien. Nous n’avions pas évoqué une seule fois ma grossesse. Elle restait comme ça en suspens, en attendant que l’un de nous ose. Mais moi, je n’y arrivais pas. J’avais l’impression de lui imposer ma présence et de décider de sa vie à sa place. En gardant ce bébé, déjà, j’avais pris une décision à sa place et scellé le reste de nos vies. Alors j’attendais bêtement qu’il fasse un pas vers moi à ce sujet, je ne pouvais pas aller plus près de lui de mon côté. Je ne pouvais pas passer mon temps à le poursuivre s’il reculait. Pour que ça marche, nous devions aller l’un vers l’autre. Tous les deux. Ki voulait-il avancer vers moi ? Voulait-il retisser ce lien entre nous ou le laisser se désintégrer avec le temps ?
Les deux dernières semaines avec lui avaient été très étranges pour moi. J’avais eu des réponses à ses questions, mais je ne savais même pas si c’était les bonnes réponses. Ki s’occupait de moi, je l’avais déjà dit. Encouragée par son comportement, j’avais tenté de me rapprocher de lui. J’avais même dormi avec lui quelques lui. Nous nous enlacions et nous dormions comme ça, comme avant. Je pensais que ça allait l’aider, le décider à faire un pas lui aussi vers moi. Mais non, rien. Il n’avait jamais été plus loin que moi. Pourtant … Pourtant, j’avais déjà pu sentir qu’il le voulait. Enfin, son corps le voulait. Son corps me voulait. Mais à croire que lui non, puisqu’il n’avait rien tenté. Il disait que je ne le dégoûtais pas, mais il ne pouvait pas le cacher. A par me serrer contre lui, il ne faisait rien, comme si j’étais simplement une amie, présence rassurante. J’avais mal d’être dans cette situation, même si je m’y étais préparée. Dès le début, j’avais mis les points sur les « i » dans ma tête. Jamais nous ne pourrions vivre comme nous avions vécu. J’aurais dû lui dire que j’étais enceinte au lieu de m’enfuir. Là, nous aurions eu une chance. Mais j’étais partie. Et maintenant que j’étais revenue, mon cœur espérait encore qu’on pourrait reprendre là où le temps s’était suspendu. Je l’aimais, je voulais passer le reste de ma vie avec lui. J’avais anéanti toute chance que ça se produise. Une unique fois, j’avais eu un espoir pour que ça arrive, nous nous étions embrassés. Mais … Ki s’était arrêté, n’allant pas plus loin avec moi. J’y voyais un rejet.

Ce jour-là était exactement comme tous les autres. J’étais là sans être là. Heureuse d’avoir la présence de Ki à mes côté, malheureuse que la situation soit toujours la même. Je m’étais levée avant lui et étais passée à la douche en première. Puis je m’étais installée dans le salon avec mon bloc-notes pour travailler sur l’un de mes projets. Je m’étais une fois de plus habillée d’un simple pantalon et d’un t-shirt trop large pour une jeune femme comme j’étais normalement. Mais ce t-shirt, il commençait à ne plus être si grand que ça. Il allait faire l’affaire jusqu’à mon accouchement, mais le tissu commençait à se tendre lentement sans être étiré anormalement. Quand je me voyais comme ça, je me trouvais parfois immonde. Je n’étais pas ultra-féminine de base, exposer mes formes n’était pas mon fort. Mais là, c’était pire que tout. Pas étonnant que Ki me repousse comme il le faisait. Je n’aurais même pas fait envie au plus désespéré des hommes habillée comme ça. Rares étaient les fois où je pensais comme ça, mais ça m’arrivait. Ce bébé était un cadeau, mais il y avait des moments où ça devenait pesant. Je réalisais de plus en plus que je n’allais plus jamais avoir la même vie qu’avant, que je ne pourrais plus faire comme les autres de mon âge. Mais c’était mon choix.
J’étais en train de dessiner lorsque Ki sortit de la salle de bain et me dit qu’il allait faire à manger. Je le remerciai de préparer le repas et le laissai faire. J’avais presque envie d’aller l’aider, même si j’étais plutôt maladroite, surtout en cuisine. Mais le connaissant, je savais qu’il n’allait jamais me laisser faire. Il me disait déjà suffisamment de me reposer quand je ne faisais que dessiner ou quelque chose dans le genre, alors cuisiner, c’était même pas la peine d’y penser. Ki gardait un œil sur mes activités et m’interdisait presque toutes celles qui n’incluaient pas que je sois assise. Interdire était un bien grand mot, mais je sentais que s’il avait pu, il l’aurait fait. Ce comportement me perdait complètement. Il se fatiguait à veiller sur moi mais j’avais l’impression que nous étions presque devenus des étrangers l’un pour l’autre.
Une heure après avoir commencé, il m’indiqua qu’il avait terminé de faire à manger. Je me levai donc en prenant mon temps et laissai mes affaires sur le canapé. Une fois installée il me servit en me prévenant que c’était chaud. Je lui souris timidement, comme bien des fois et le remerciai à nouveau pour ce repas. Enfin, nous commençâmes à manger et à discuter tous les deux. Sa présence me troublait, il arrivait même encore à m’intimider. La situation faisait que je me retrouvais mal à l’aise avec lui, à cause de tout ce que nous ne disions pas. Ce bébé était là, de plus en plus vivant à mesure que les jours passaient, et nous nous comportions comme s’il n’était pas là quand nous discutions. Pourtant, il était bien présent. Je le sentais bouger régulièrement, il lui arrivait même de me faire mal avec un coup plus puissant que les autres. Et nous, nous étions en train de parler de tout, sauf de ça. Des silences récurrents s’installaient dans nos discussions. C’était de plus en plus lourd à porter. J’avais peur de le perdre si je le brusquais alors qu’il n’était pas prêt, mais si je ne faisais rien, j’allais le perdre quand même.

- C'est pas trop chaud ça va ? Ma grand-mère me préparait souvent ça pour le nouvel an, c'est un peu une coutume ça garantit une bonne santé pour l'année à venir, je sais pas si tu le savais ? Bon la nouvelle année est passée mais il vaut mieux tard que jamais et comme j'étais seul, j'ai pas pu en manger cette année alors je me rattrape. Ça n'aura surement pas le même gout que celui de ma grand-mère.

Ou comment me ramener à la dure réalité en me rappelant que je n’avais pas été à ses côtés à la nouvelle année. Je l’avais passée seule, je n’avais même pas fait quelque chose de spécial. Ce que j’avais pu manger pour le moment était très bon, Ki étant un très bon cuisinier. Et pas trop chaud pour moi, ça allait. Je relevai la tête vers lui.

- C’est bon, ne t’inquiète pas. Non, je ne savais pas, mais maintenant je le sais, dis-je en souriant. Je trouve ça très bon, je ne me souviens pas en avoir déjà mangé en tous cas.

Je ne savais que répondre à ses questions, en général. Comme la Shin que j’étais avant de partir. Des fois, j’avais même envie de pleurer et de me détester d’être comme ça incapable de renouer un dialogue avec lui. J’étais enceinte de lui bon sang, ça prouvait à quel point il était important à mes yeux. Si ça n’avait pas été lui, je n’aurai pas gardé le bébé. Si ça n’avait pas été lui, je ne serais même pas tombée enceinte. Parce que je n’aurais pas pris ce risque. Même avec Ethan, je ne l’aurais pas fait. Mais avec Ki … Il était bien différent. Encore un silence entre nous. Mais aujourd’hui était un jour différent. Peut-être qu’il était enfin prêt. Il brisa enfin le silence pour aborder le sujet que je craignais et attendait depuis deux semaines.

- Shin écoute ... je ... j'ai beaucoup réfléchi mais la réponse est claire. Je ne t'abandonnerai pas, je prendrai mes responsabilisés. Je veux que les choses soient claires. Il est temps de parler de ... cet enfant toi et moi. Je sais même pas par où commencer mais j'ai le sentiment que si je continus à laisser ce silence s'installer entre nous ... plus jamais nous n'arriverons à le percer.

Je ne répondis rien, encaissant, me préparant mentalement à la discussion. Je vis Ki baisser la tête pendant qu’il parlait, avait-il peur d’affronter mon regard ? Moi aussi j’avais peur d’affronter le sien. J’avais peur de ce que je pouvais y voir, depuis le début. Parce que ses paroles, il pouvait les façonner autant qu’il voulait et me dire que je ne le dégoûtais pas. Mais ses yeux … Dans ses yeux, il ne pouvait pas transformer la vérité. Etait-ce pour ça qu’il fuyait les miens ? Avant que je ne m’interroge plus, il se tut quelques secondes et releva enfin son visage vers le mien. Je lui fis face sans ciller, je devais moi aussi rester courageuse. J’avais toujours aimé ses traits fins et la forme de ses yeux. J’aimais ses pommettes et son sourire enfantin. Mais là, je ne retrouvais pas ce que je connaissais avant. Depuis mon départ, il n’était plus le même. J’avais retrouvé un autre homme.

- Si tu as des choses à me demander, ... je te répondrais sincèrement et si tu as des choses à me dire ... alors je t'écouterais attentivement. Dis-moi quelque chose s'il te plaît.

J’arrêtai de manger. Je le regardais toujours dans les yeux, lui souriant tristement. C’était à moi de parler mais je ne savais pas quoi dire moi non plus. Je déglutis puis commençai d’une voix faible et douce.

- Te dire quelque chose ? Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Je passai une main rapide dans mes cheveux libres et poussai un court soupire. Mon ton resta doux malgré mes paroles.

- J’ai pas envie de te forcer à quoi que ce soit. T’as pas à te sentir obligé de « prendre tes responsabilités ». Tu sais … Je suis pas revenue pour ça.

Comment lui dire tout ce que j’avais sur le cœur ? Je ne savais absolument pas comment m’y prendre, j’avais toujours été maladroite dans mes relations avec les autres. C’était surtout un manque d’habitude, j’avais fui les gens pendant longtemps. Et depuis un an que je renouais avec l’humanité, je n’étais pas beaucoup plus douée qu’au début.

- Ecoute Ki. Je sais bien que je t’impose ma présence et encore plus ce bébé. J’ai compris que tu ne voulais pas d’un enfant. Je … je m’en veux de pas t’avoir mis au courant, mais je pouvais … pas … Si je suis revenue, c’est pas pour te prendre au piège et te forcer à t’en occuper. Je … J’avais … Tu me manquais.

Les larmes me montaient déjà aux yeux, mais je me retenais. Je n’avais pas envie de pleurer comme ça, juste pour ça. Nous avions besoin de cette discussion, et si je pleurais, il risquait d’arrêter là.

- Je pouvais pas repartir après t’avoir revu. Je … Je t’aime toujours autant. Mais je veux que tu sois libre de ton choix, Ki … Alors je peux te dire tout ce que tu voudras sur ce bébé, tout ce que tu demanderas. Mais seulement si tu ne t’y intéresses pas par obligation.

Je me tus enfin. J’aurais voulu dire bien plus que ce que j’avais dit, mais c’était déjà pas mal. Je me servis un verre d’eau pour combler le « vide » et bus, attendant sa réponse. J’appréhendais sa réponse. Pourquoi voulait-il prendre ses responsabilités ? Etait-ce par default parce qu’il s’y sentait contraint ou parce qu’il avait envie d’élever cet enfant avec moi ? Quoi qu’il arrive, moi, j’allais m’occuper de ce bébé, j’allais l’aimer et lui donner la meilleure vie possible. Et je n’allais jamais blâmer son père s’il ne se sentait pas capable de le faire à mes côtés. C’était de ma faute ni nous étions dans cette situation. J’avalai à nouveau ma salive. Ki avait désormais les cartes en main.

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MessageSujet: Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin}   Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. {Shin} EmptyMar 1 Avr 2014 - 14:32


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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:48, édité 1 fois
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