Coup au coeur, mal de vivre. [Nina]

Attentive, Nina m'écoute lui raconter ma vie dans les grandes lignes, intervenant quand il le faut. Quand j'ai fini mon histoire, elle s'exclame, surprise d'apprendre que j'ai une petite sœur - je n'ai jamais parlé d'elle à personne, donc cela ne m'étonne pas... En fait, je n'ai jamais parlé de ma famille, à part à Lena, ici à Miami.

- Ta petite soeur ! Je ne savais pas, comment s'appelle-t-elle ?!

Je lui souris tendrement : Nina est tout à fait le genre de fille à adorer les enfants ! Bon, ma sœur n'est plus vraiment une enfant, là... Elle a à présent 15 ans. Déjà une grande fille, hein ? Et je n'ai pas été présent pour son anniversaire... Ni à Noël, le nouvel an, et toutes ces occasions où elle avait besoin de moi. Penser à elle me noie sous les remords. Je l'ai laissée seule là-bas, avec pour seule compagnie un père en rage perpétuelle contre ce "fils" imposé qui le priva de son bonheur en famille en... Non, mieux vaut ne pas y penser ! Un jour, je retournerai en Finlande et je délivrerai ma sœur de son calvaire ! Mais en attendant, je dois avoir mon diplôme et un travail pour pouvoir l'accueillir près de moi.

- Ma sœur s'appelle Ilo... Cela veut dire "allégresse", en finnois... Elle a 15 ans.

Je sentis sa main se crisper légèrement dans la mienne et levai alors les yeux pour la regarder, mais je n'aperçus qu'un sourire de sa part. Je voulu lui demander si elle se sentait bien, mais n'en eut pas le temps, elle poursuivi sur sa lancée, détournant la conversation et revenant à un sujet qui la passionnait apparemment beaucoup plus : moi.

- Tu n'es pas obligé Pollo, de me dire ce que tu as fait, si tu n'en as pas envie, mais sache que je suis ton amie, et que quelque soit ton geste je ne te jugerai pas. Et sûrement que ça t'éviterait tous ces remords, d'avoir l'avis d'une personne extérieure pourrait délivrer ton esprit qui me parait bien torturé.

Je sentais la curiosité poindre dans sa voix, cependant je lui en avait déjà trop dit... Je ne pouvais pas lui révéler mon passé dans son entièreté sans courir... un certain risque. Toujours est-il qu'il me semblait qu'elle parlait de mon geste un peu trop précisément, comme si elle se doutait de ce que je qualifiais moi-même d'horrible... J'eus soudain peur, peur qu'elle ne raconte ce qu'il se passait entre nous à cet instant à quelqu'un. Je préférai m'assurer du fait qu'elle ne dirait rien.

- Merci, Nina... Je ne peux pas te dire ce que j'ai fait, je suis... trop... Non, je ne peux pas. Mais promets-moi de ne jamais parler de cette conversation à personne, s'il te plait ? Je ne veux pas que les gens sachent tout ça. Je ne veux pas qu'ils sachent pour ma sœur, pour mon ancienne vie. Qu'ils se contentent du Pollo actuel... C'est bien assez pour le commun des mortels.

J'eus un petit rire, mais il était empli de tristesse. Je serrai un peu plus fort sa main, et me rapprochai d'elle pour passer mon bras sur ses épaules et la serrer contre moi. Je l'embrassai sur le front et fermai un instant les yeux, m'adossant au mur...

Nina me poussa un peu pour pouvoir me regarder dans les yeux et me pris alors la main. Je me redressai, assis sur le lit à côté d'elle, penaud. Je m'en voulais de l'avoir tirée du lit à une heure pareille pour me tenir "bêtement" compagnie. Je ramenai mon genou droit contre ma poitrine, tandis que Nina me proposait un marché.

- Écoute si tu veux tu me racontes ta vie je te raconte la mienne, elles sont aussi sombres l'une que l'autre, on devrait pouvoir y arriver à deux non ?

Aussi sombres l'une que l'autre ? Je ne voyais pas comment ça aurait pu être possible ! Rares étaient les gens qui avaient un passé aussi horrible que le mien. Oh, bien sûr, il n'en avait pas toujours été ainsi ! Le côté vraiment horrible réside en une journée, mais... une journée, c'est assez pour changer toute une vie à jamais. Enfin, lui raconter ma vie avant cette journée ne me coûterait rien... Juste... Une amie, encore plus proche qu'avant ? Qui saurait ce que la plupart des gens ignorent à mon sujet, pour ne pas dire tous ? Je m'adossai au mur et posai nos mains enlacées sur la cuisse de Nina.

- Bon... Si tu insistes ! Je suis né en Finlande, un matin de juin. J'y ai vécu jusqu'à l'âge de 18 ans, puis j'ai débarqué à Miami pour fuir mon pays. Là-bas, j'étais heureux, c'était mon chez-moi... Quand j'étais petit, je me pensais malheureux, parce que les enfants se moquaient sans cesse de moi et de ma bête tête. Puis j'ai préféré accentuer ma différence, et je suis devenu comme...

J'hésitai légèrement. Comme quoi ? Un monstre de foire ? On me l'avait souvent dit. Finalement, je me pointai du doigt moi-même et dis :

- Comme ça ! Après, ça a été mieux un temps, mais mon père est devenu de plus en plus à cran. Il avait honte de moi. Un jour, il m'a avoué que je n'étais pas son fils et qu'il me détestait. Ma mère l'avait trompé, et tous les jours que Dieu faisait, je lui rappelais ce "fils de pute", comme il disait. Je n'ai jamais su qui était mon vrai père, et je m'en fout un peu. Toute façon, il ne voudrait pas d'un fils comme moi. Ce jour-là, j'ai pété un plomb d'apprendre ça... J'ai fait... Une chose horrible, ce qui m'a obligé à quitter mon pays.

Je marquai une courte pause et plongeai mes yeux dans ceux de Nina pour appréhender sa réaction. Je ne voulais pas lui dire ce qu'il s'était passé. Enfin, en tout cas, pas avant d'avoir vu sa réaction. Je changeai de sujet pour détourner son attention vers quelque chose de plus joyeux.

- Ah, et tu sais ce qui me manque le plus ? Ma petite sœur ! On correspond encore sur internet, mais elle me manque vraiment plus que tout... Enfin, soit ! A toi, maintenant ! A moins que tu n'aies... des questions ?

Dans la quasi obscurité qui règne dans cette pièce paisible, mes peurs reviennent. Pour un peu, je me précipiterais dans la pièce à côté pour goûter à la présence réconfortante d'une vie humaine. Le hic, c'est que je suis tétanisé, sur ce lit qui n'est pas le mien. Je me concentre tant bien que mal sur le tic tac régulier et reposant de ma montre Swatch qui ne quitte jamais mon poignet, tentant de ne penser à rien d'autre, égrenant les secondes une à une, ensuite les minutes. 1 minutes. 2 minutes. 3 minutes. 4 minutes. L'image de ma mère ensanglantée me repasse, furtive, dans la mémoire. Je croise les doigts plus forts, répétant le prénom de mon amie inlassablement dans ma tête, tel un mantra destiné à la faire arriver. 5 minutes. 6 minutes. 7 minutes. 8 minutes. Toujours rien, je commence à douter. Une larme solitaire dévale la pente de ma joue anguleuse. 9 minutes. Je suis toujours incapable de remuer un orteil. 10 minutes. Un bruit se fait entendre de l'autre côté de la porte. L'étau qui me serrait le cœur relâche un peu de sa pression. 10 minutes 26 secondes. La porte s'ouvre. 10 minutes 28 secondes. Le crissement de la semelle des chaussures de Nina se fait entendre. 10 minutes 35 secondes. Je ne suis plus seul.

Nina dépose un baiser sur mon front, et je ne peux empêcher une nouvelle larme de s'échapper de la prison de mes yeux. Je me sens faible, idiot. Un grand garçon comme moi ne devrait pas pleurer, aurait dit mon père. La présence réconfortante de la jeune fille réchauffe la pièce toute entière, et déjà je me détend. Ses mains se posent sur mon visage et se font caresse, tandis qu'elle s'installe à mes côtés. Elle me sourit, et ses yeux s'allument d'une lueur si particulière qu'elle m'ôte à présent toute crainte. Je ne suis plus seul.

- Je suis là, maintenant. Tu as envie de parler ?

Parler, oui... Mais pour lui dire quoi ? Je ne peux pas lui avouer mes cauchemars. Ils sont trop révélateurs de ma vraie nature. Risquer de la perdre comme je l'ai fait avec Lena ? Pas question. Les amis sont si rares, ils sont des biens précieux que l'on compte sur les doigts d'une seule main ! Et à ceux qui me diront que l'honnêteté est la preuve la plus probante d'amitié pure, je leur répondrai simplement qu'être honnête quand on est une bonne personne, c'est simple. Mais pas quand on est... un monstre. Nina me contemple tendrement, maternelle, presque, et j'en profite pour passer au peigne fin sa tenue. Enfilée à la hâte. Sa coiffure ? Faites à la va-vite. Encore une preuve de plus de sa loyauté. Elle n'a pas hésité une seule seconde et a sauté dans ses baskets pour venir m'aider. Devant tant de gentillesse de sa part, je ne peux m'empêcher de sangloter timidement. Je me redresse sur un coude, avant de poser ma tête sur ses genoux. J'entoure sa taille de mes bras et murmure...

- Merci, Nina. Merci d'être là... Je... J'avais peur, mon passé m'a rattrapé et... J'étais... perdu.

Certes, ses paroles sont incompréhensibles... Mais j'espère qu'elle comprendra, à travers ces mots hachés, toute la confiance que j'ai envers elle. Je suis à deux doigts de lui avouer mes erreurs passées, de me confesser. Je sais qu'elle me pardonnerait. Mais je ne peux pas. Elle n'est pas ma mère, il est trop tard pour moi. Pour elle. Pour nous. Suis-je donc à nouveau seul ?

Je suis plongée dans mon sommeil qui n'est jamais très profond mais du moins il reste parfois reposant

Depuis les évènements enfin..bref passons je ne dors jamais paisiblement, les ténèbres hante mes songes et je me réveille tout à coup en sursaut ....
Droite sur mon lit, cela me rappel cette soirée ou tout à basculer dans ma vie, je suis toujours en stress quand mon téléphone vibre sur ma table de nuit en plein milieu de la nuit, décontenancée, des gouttes de sueurs commence a se formé sur mon front.

Que se passe t'il? Qui peut bien m'appeler a cette heure si???.

Le coeur battant je regarde "1 messages" me dit mon téléphone et l'heure s'affiche
4h24...je fini par ouvrir le texto il aparait devant mes yeux, comme un cris dans l’obscurité, un appel au secours, l' émetteur "Pollo"

OK

Paniqué, les cheveux totalement ébouriffés, les yeux encore endormie je tatône autour de moi aveuglé , j'attrape mon jeans Diesel de la veille, enfile un vieux tee shirt qui traîne , ma paire de Converse , je noue mes cheveux au cas ou je croiserai quelqu'un dans les couloir et ni une ni deux je fonce retrouvée mon ami.

Je descend les étages quatre à quatre je suis affolé ce n'est pas vraiment son genre , son message ne me dit rien qui vaille..

Je traverse ce long hall en courant et j'arrive après 10 minutes de courses éreintée devant l'infirmerie...

L'infirmiere me toise et comprend tout desuite ce qui a guiddé mes pas jusque là à 4 et demi du matin
elle me fait signe du doigt comme pour l'indiquer la direction , et là ouahh je trouve Pollo totalement recroquevillé sur lui même tel en position qu'on pourrai qualifié de foetus.....

je m'approche de lui doucement, je ne dit pas mot dépose un baiser sur son front et m’assoie a ses cotés, laissant mes mains sur son visage et le regarde tendrement lui fait un sourire, me penche vers son oreille et lui susurre doucement

Je suis là maintenant tout vas bien..Tu as envie de me parlé?

Le regarde tendrement[i]

Un cri résonne dans la nuit noire. Je panique, je ne sais que faire pour que cette agonie cesse. J'aimerais pourtant pouvoir faire quelque chose ! Et puis, je comprend. C'est ma voix qu'on entend dans cette chambre, c'est un cauchemar qui m'a réveillé. Sacha grommelle dans son sommeil, quelque chose du genre "Pollo... Abruti..." des plus charmants. Je suis trempé de sueur, j'ai froid, j'ai peur. Je n'ai jamais rêvé de façon aussi réelle qu'à cet instant. Ce que j'ai vu...? Ma mère, Paige, le corps en sang. Si... réelle. Comme ce fameux jour où elle... où je... Non, il ne faut pas que j'y repense, pas maintenant ! Tout va bien dans ma vie, j'ai des amis, une amoureuse parfaite, une nouvelle vie ! Je ne peux pas me laisser submerger une nouvelle fois, je ne peux pas sombrer à nouveau dans cette folie qui me guette. Je tremble à présent, mes yeux se brouillent. Il fait nuit noire autour de moi, et j'ai l'impression de voir surgir les fantômes de mon passé tout autour de moi. Et moi, grand gaillard de 19 ans que je suis, je tremble de peur, ou peut-être est-ce de froid ? Je me lève, ai le réflexe de prendre mon téléphone portable sur ma table de nuit et m'enfuis hors de cette chambre effrayante.

Les couloirs sont obscurs, eux aussi. L'obscurité est en réalité partout, elle me suit, m'enveloppe et tente de me trainer avec elle vers les bouches de l'enfer. Y penser me terrorise, et j'accélère le pas. Je suis pieds nus, torse nu, décoiffé, pas maquillé et ne porte pour seul vêtement qu'un short-pyjama noir. Quiconque me croiserait dans les couloirs aurait la peur de sa vie, je dois être au moins aussi effrayant que les pensées qui m'assaillent. Soudain, j'aperçois une lumière qui luit au bout du couloir. Sauvé ! Je me met à courir, pour finalement débouler, éreinté, dans l'infirmerie. Elle est ouverte nuit et jour, et l'infirmière de garde me regarde débarquer hagard, étonnée. Elle me demande si ça va - quelle question ! - et je lui explique que j'ai du mal à dormir, tout en lui demandant si je peux aller m'allonger dans la pièce à côté. Elle prend ma température, bien consciencieuse, et me laisse ensuite aller m'isoler dans la pièce jouxtant la salle de garde. Là-bas, il y a plusieurs lits et des canapés. Je m'écroule sur un des lits, pour me rendre compte la seconde qui suit que je ne veux pas rester seul. Je sort mon GSM de ma poche et regarde l'heure : 4h24... Il faut que j'appelle quelqu'un à la rescousse, mais qui ?! Lena ? Curieusement, je n'ai pas envie qu'elle me voit dans cet état. J'ai envie d'être fort, pour nous deux, ce n'est pas à elle de supporter mes moments de faiblesse. Un ami, vite ! Je déroule ma liste de contacts les uns après les autres, quand je tombe sur "Nina". Nina ! Évidemment ! La jeune fille ne m'a jamais laissé tomber, et je sais que je pourrais compter sur elle en toute situation, si diamétralement opposés soient nos caractères. Je lui envoies un texto, toujours tremblant. Mes doigts dérapent sur les touches, mais finalement le message part : " Help, I need you. Infirmerie. " Elle comprendra. Je me recroqueville sur moi-même en attendant, anxieux, qu'elle arrive. Et, comme un enfant, je croise les doigts contre ma poitrine en priant pour que mon SMS la réveille...