Il suffit d'un pas pour commencer ...

Les paroles de Taylor, qui s'était, c'est vrai, légèrement embrouillée elle-même dans ses excuses, n'avait pas l'air de passionner la jeune fille en face car elle s'était mise à fouiller dans son sac - très beau sac d'ailleurs. Bon, il fallait dire que la New-Yorkaise n'avait pas l'air forcément très sincère, mais elle était un peu à bout. Et puis son mal de tête était revenu comme il s'en était allé, et elle ressentait puissamment le besoin de prendre un aspirine, elle qui d'habitude rechignait à ingurgiter n'importe quel médicament. Elle avait pris pour habitude de se dire que son corps savait se soigner tout seul, et que ces trucs chimiques au goût immonde ne l'aiderait pas le moins du monde. Mais elle avait du reconnaître plusieurs fois qu'elle avait tort, et que c'était parfois utile pour calmer les maux. Revenons-en à nos moutons. Au lieu de recevoir tout de suite une réponse de la demoiselle propriétaire des valises, cette dernière lui tendit une gaze accompagnée d'un spray. Vous savez, ce genre du truc qui fait pschiit et dont votre mère vous dit toujours que ça va pas piquer mais en fait si, ça pique drôlement, alors vous serrez les dents pour montrer que vous êtes fort, mais ça fait mal, quand même. Bon, vous voyez de quoi je parle. Ben, maintenant, Taylor se retrouvait avec ça dans les mains, délicate attention de la part de la jeune fille, même si on pouvait douter de la sincérité de l'action. Cet internat n'était-il pas réputé pour accueillir des gens outrageusement riche ? Et n'est-il pas connu que les gens riches sont faux ? Si, d'ailleurs Taylor en était une parfaite incarnation, alors ce geste la surprenait d'autant plus. Elle n'avait pas l'habitude qu'on s'occupe d'elle, à vrai dire, elle qui avait toujours pris soin d'elle-même sans l'aide de personne.


" Tiens, voilà de quoi soigner tes blessures. Je ne veux pas de ton argent. Et apparemment mes valises ont l'air intact. Donc, on oublie ce malheureux passage de cette journée, ok ? "

Surprise un premier temps, Taylor abandonna son air agacé et sourit, aussi gentiment qu'elle pouvait le faire. Elle s'était plutôt attendu à une réponse du genre : « Bon, ben ça fera cent cinquante dollars, ou alors juste cent, parce que t'as l'air vraiment idiote comme ça, alors je suis sympa. Allez, ciao. » Surtout que, au premier abord, cette étudiante n'avait pas semblé très réjouie du traitement infligé à ses bagages et semblait plutôt inquiète de leur état. N'importe qui aurait tiré profit de ce carambolage. Si elle n'avait pas été la fautive, Taylor aussi aurait profité de la situation. Elle l'avait toujours fait d'ailleurs. C'est surprenant parfois, les gens riches. Peut-être était-ce parce qu'ils n'étaient pas tous riches, au départ.
Elle savait que son père, étant jeune, vivait dans une famille plutôt aisée à Chicago, mais rien d'exceptionnel. Il faisait partie du haut de la classe moyenne où se trouvaient la majorité des américains, mais sans être vraiment "riche pour autant". pourtant, il avait réussi, grâce à son charme sans doute, à se marier à une jeune femme d'une famille plus riche que la sienne, et son travail lui avait permis d'augmenter considérablement la somme sur son compte en banque. Ceci eut pour cause de faire naître Taylor dans un milieu où elle avait côtoyé des gens riches, voire fortunés toute sa jeunesse, sans lui inculquer la vraie valeur de l'argent. De plus, vu qu'elle vivait seule depuis plusieurs années dans New-York, son père lui laissait toujours une somme d'argent bien trop élevée pour ses dépenses de lycéenne, sans doute pour compenser son absence. Elle avait parfois eu l'impression que son père achetait son rôle paternel, mais une fois les billets dans le porte-monnaie, c'était tout de suite beaucoup plus facile à accepter. Enfin bref. Là n'était pas la véritable question. Elle ne pouvait pas laisser cette fille en plan.

« Oh, et bien...merci beaucoup. » dit-elle tout en nettoyant ses blessures aux mains. « Bon, tu veux pas que je te paye, ok, mais laisse moi au moins t'aider à monter un de ces monstres à ta chambre. » proposa-t-elle en désignant les valises.