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 Une bouteille à la mer [PV Gautier]

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MessageSujet: Re: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyJeu 7 Nov 2013 - 2:58




Une bouteille à la mer.



Nouveau jour, nouvelle semaine. Et pourtant, tout était vieux, rien n’était neuf. Il y avait toujours cette contrainte perpétuelle me poussant à user de mes deux longues et fines jambes pour me lever et m’en servir pour aller faire cours. Et encore, j’aurais très bien pu ne pas avoir la force de bouger. Les jours se faisaient moroses, du moins jusqu’à ce que je tombe sur cette fameuse bouteille.

Réponse rédigée, bouteille déposée, seule l’impatience me rongeait et me donnait cette ultime motivation pour déguerpir à pas de courses de cette maison au cœur de Miami. Seule l’impatience me donnait cette force, et suivie d’une curiosité nouvelle, je m’efforçais de passer encore et encore à plusieurs reprises devant ce fameux rayon d’écrits fictifs. La patience est une vertu, dira-t-on, et bien que cela ait pu faire parti de mes principes un jour, il m’avait suffi d’un bouleversement dans ma vie, pour faire partir cette patience à toutes jambes, m’offrant en échange cette fameuse impatience. Trait de caractère instable, jouant avec nos nerfs, nous poussant à agir de façon bête et irréfléchie. C’était une sensation nouvelle, et celle-ci me dévorait l’esprit.
La bibliothécaire, qui me voyait passer pour la deuxième fois de la matinée, de ce premier jour qui suivait ma réponse, me regardait avec cet air perplexe. Vous-voulez ma photo ? Avais-je envie de lui hurler au visage. Fais ton boulot plutôt et range les livres à leur place, cela t’évitera de dévisager les pauvres gens qui vont et viennent dans ton refuge.

En parlant d’elle, cette femme rabougrie, aux traits durs et au chignon serré, je la plaignais sincèrement. Vie médiocre, sale tête, regard provocateur. Quel métier passionnant que de garder tel un chien enragé des piles innombrables de bouquin, et parfois laisser entendre un sifflement perçant, lorsqu’il y avait trop de bruit. Mais c’est elle qui en faisait le plus, de bruit. Froisser les feuilles, tourner les pages, se lever, se rassoir, essayer de marcher convenablement dans ses petits talons, et tamponner machinalement chaque formulaire. L’envie irrépressible de lui siffler dans l’oreille pour l’agacer davantage me démangeait, mais en tant qu’homme civilisé je me devais de me tenir à carreau. Parfois, il m’arrivait de vouloir me retrouver à la place des ces nombreux adolescents, insolents et qui parfois trouvaient des moyens infaillibles pour jouer avec les nerfs des adultes. Mais du haut de mes trente-cinq ans, agir ainsi, me rendrait bien moins crédible auprès de mes élèves.
Parcourant les rangées de livres, j’espérais y trouver déjà ce fameux bout de papier, cette fameuse réponse. Encore une fois, l’espoir fut vain, et je repartais aussi sec dans mes locaux, entourés d’autres professeurs à parler inlassablement du cas de certains élèves récidivistes. Ennuyeux à souhait, je ne participais que rarement, et ne donnait mon avis que quand je le jugeais nécessaire.

Assis sur une chaise, donc, un café en main, je regardais le ciel dehors. Pour une fois, le ciel était d’un bleu azur, dépourvu de tous nuages, ces mauvais présages et annonciateurs de pluie. Agréable était le temps, et pourtant, malgré le soleil qui rayonnait et chauffait les carreaux à en créer un sauna, mon esprit était bien loin.
Qui l’eut cru ? On ne pouvait connaître plus désintéressé que moi par la relation humaine, et pourtant je ne pensais plus qu’à ça. Cela me hantait, occupait toutes mes pensées, et me donnait une raison infaillible pour sortir du lit le matin. Bien que le réveil soit particulièrement doué dans ce domaine, ce matin je m’étais réveillé avant lui, n’ayant presque pas fermé l’œil de la nuit.
Pas un poil fatigué, j’étais plus surexcité qu’autre chose à l’idée de trouver, coincée derrière deux trois bouquins cette fameuse bouteille, objet de ma curiosité, et intérêt premier. Comme un enfant qui attendait patiemment que le père Noël passe. Attitude désinvolte, immature, peut-être. En même temps, il fallait dire que rien ne m’intéressait, et que je ne m’étais jamais accroché à quelque chose, si bien qu’en voyant cette petite bouteille flotter, j’avais senti comme un baume au cœur, un signe, une main tendue. Si peu de choses ont un sens dans cette vie, trop de banalité, de choses simples sans intérêt. Pourquoi s’attarder sur du superficiel, quand on trouve à sa portée un objet incongru dans un paysage de carte postale ?

Le parc, oui, était un paysage de carte postale. L’hiver s’amenait, vicieusement, et dénudait un à un chacun des arbres présents dans cet espace public, et pourtant en attendant que la saison achève sa mission, les couleurs des feuilles prédominait et était le principal atout d’une photo réussie en ce temps automnale. Ressortez le contraste entre le ciel sombre et menaçant, et les couleurs chaudes et joyeuses, et le tour est joué. Cliché du siècle, fierté nationale. Quelle barbe. Si j’en avais le courage, et surtout l’envie, je me munirais d’un appareil et ferait pareil, sans pour autant afficher au monde un paysage imprimé sur un papier glacé.

Fin de la journée, nuit déjà tombée. Aucune nouvelle de l’inconnu, déception supplémentaire. La lune, qui se faisait pleine au-dessus de nos têtes donnait une certaine clarté, et ne nous plongeait pas dans le noir complet. Eclairé davantage par les lampadaires, géants de fer, je me dirigeais vers ma porte d’entrée. Posant ma veste et mon sac au pied du porte manteau, je montais me coucher, sans manger. Impatience d’un jour nouveau.

Deuxième jour entamé, le sourire réapparaissait peu à peu sur mon visage. J’en avais fini avec les cours, j’étais libre, libre comme l’air, libre comme l’oiseau hors de sa cage, libre de voler de mes propres ailes. Pas la moindre once de redbull dans mon organisme pourtant. Une motivation féroce sommeillait en moi, et la découverte de la bouteille me rendait tout drôle.
Après être entré en trombe dans la bibliothèque, sous le regard hagard de la vieille femme aux ultra-sons, je me faufilais, sans bruit, à tâtons, comme pour me moquer davantage de cette pauvre bibliothécaire apparemment outrée qu’un professeur fasse une entrée aussi fracassante, dans son antre du silence. Et pourtant.

Comme pour me faire plus mal encore, je ralentissais la cadence à quelques mètres du fameux rayon, et n’osais même pas regarder, peur d’être déçu, peut-être. Et pourtant, arrivé face à cette succession de livres, je la vois, logée ici, cachée soigneusement, cette bouteille, ce cadeau du ciel, cet objet de convoitise. Raison d’un comportement irraisonné.

O joie, ô bonheur, je cache cette dernière dans ma sacoche, et repart claquant derrière moi la porte de la bibliothèque, entendant un rugissement provenir de derrière. Tant pis.
La bouteille, enfin en ma possession, je pars m’exiler loin du monde, loin des gens, loin de cet endroit répugnant, seul chez moi, dans ce havre de paix, où aucun regard suspicieux ne sera posé sur moi, et où je pourrais aisément lire le contenu de cette bouteille.

Posé, ou plutôt affalé dans mon sofa, je saisis la bouteille, et y remarqua une attention particulière en extirpant la feuille de son contenu, ce navire, ce coffre à trésor. Deux aubépines, noués délicatement autour de ce papier machine blanc roulé.
Minutieusement, je dénoue les fleurs et les pose délicatement sur la table basse, et ni une ni deux, déroule la réponse, relativement longue, mais qu’importe. Je n’attendais que ça.
Le sourire n’était pas de rigueur chez moi, et pourtant celui-ci se fit incontrôlable dès les premières lignes. Cet échange promettait d’être le meilleur qui puisse. Puisque notre dévouement à ce lien épistolaire était le même, et que nous ressentions à présent un besoin certain de découvrir la réponse de l’autre.

Ce qui me plaisait, chez cet inconnu, c’était sa façon aisée de parler, non sans soucis, de ses goûts, de détailler, de donner son opinion du monde, ce qu’elle aimait. Cela pouvait paraître anodin, pour quiconque lirait ce papier, mais pour moi, ce n’était que révélations. A travers les mots, la façon d’écrire, de transposer sur papiers les sentiments, on pouvait apprendre plein de choses sur l’interlocuteur. Lire entre les lignes, dénicher une signification, chercher un sens propre. Elle m’intéresse. Chaque ligne, chaque mot me fait frémir davantage, chaque détail me donne un peu plus de précisions sur sa personne.
L’évocation du langage des fleurs, me fait sourire, me fait penser, me fait réfléchir, et mes yeux se posent instantanément sur les deux petites tiges qui trônent sur la table basse. Serait-ce un message caché supplémentaire ? Tout cela m’intrigue, m’est inconnu, et me donne envie de m’instruire. La soif d’en savoir davantage me rend d’autant plus impatient. La lettre finie, une déception se lit sur mon visage. Trop tôt. Pourtant, je la relis encore et encore, tout en réfléchissant à ma future lettre.

La nuit passe, et le sommeil n’est pas d’actualité, la mystérieuse inconnue m’intrigue, me travaille, la curiosité me ronge, et je finis par dormir, Morphée m’ayant kidnappé, saligaud, pernicieux.
Il ne me restera plus qu’à rédiger, et attendre encore et encore.

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MessageSujet: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyMer 6 Nov 2013 - 19:23

J'ai attendu deux jours, et il m'en a coûté. J'ai tout d'abord pensé à répondre sur le champs. Puis, ayant réfléchis, je me suis dit que la bouteille avait toutes les chances d'être découverte par quelqu'un d'autre que mon correspondant, si je la plaçais trop tôt. Et il m'étais insupportable d'écrire quelque chose d'aussi personnel et de garder ce papier sur moi deux jours durant. Je ne confie les aléas de mon existence à personne, et les rares fois ou je me suis amusé à m'épancher sur une feuille, je me suis ensuite régalé à réduire celle-ci en confettis. J'écris compulsivement, d'une traite, sans me relire. C'est ainsi. Autrement, je n'écris pas. Mon écriture rapide ressemble à celle d'un matheux, même si cette matière n'a pas ma prédilection. Pas que j'y sois mauvais. Je m'en tire bien. Seulement, ce que j'aime, ce sont les lettres. Rien n'est plus beau que la langue anglaise. J'aime ma langue natale, et un texte savamment écrit m'émeut plus facilement que le calcul de tête d'une racine carrée quelconque. C'est donc le matin du troisième jour, à l'heure de la récréation, que j'entre pour la première fois depuis mon arrivée dans la bibliothèque. Ce n'est pas que je n'aime pas les livres, bien au contraire. Seulement, je ne suis pas un grand lecteur. C'est tout au plus si je lis un livre par semaine, et j'en ai tant sous le coude que venir ici n'est pas d'actualité pour l'instant.

Malgré tout, je m’arrête et prend le temps d'observer, de m'imprégner des lieux. Ce genre d'endroit me parle. Il y a une odeur de vieux papier et d'encre vieillie. J'observe le parquet laqué, qui supporte de lourdes étagères d'un bois sombre et usé, gravé de motifs baroques. Les alcolves destinées aux lecteurs elles sont cependant d'actualité. Les sièges aux courbes rondes ont l'air confortables, et des lampes d'architectes s'accrochent au bord des tables. Je m'avance et furète dans les rayons, par précaution. D'abord, repérer l'endroit. Je feins de m'intéresser à toutes les étagères et ne tarde pas à découvrir celle qui m'intéresse vraiment. Je continue ma route, me décide pour un livre traitant de l'anatomie, et vais m'installer à une table. J'ouvre l'ouvrage, admire les dessins, et finalement, extrait une feuille blanche de mon sac. Je plisse les yeux. La première phrase est toujours la plus difficile à trouver. La suite vient toute seule. Une fois que j'ai terminé, Je roule le tout bien serré, et je glisse le tube de papier dans mon sac, directement dans la boîte au trésor. Je m'étire, mon dos craque. Je décide d'aller reposer le livre emprunté à sa place, et retourne au rayon science fiction. Il frôle celui des polars. Le rayon est vide. Je place rapidement la bouteille tout au fond, derrière, puis ressort comme je suis venu. Les mains dans les poches.

« Te dire que j'attendais ta lettre n'est pas exact, et celle-ci a été une surprise et un soulagement. Je ne l'attendais pas, mais je la désirais. Bien que certaines de mes entreprises soient loufoques, j'ai un esprit somme toute cartésien, et je pensais que mon "esquif" avait terminé à la poubelle. Il faut dire aussi que je ne suis pas patient, et que ces trois jours d'attente m'ont paru insupportables. Je n'ose imaginer les trois qui m'attendent, maintenant que je sais que je recevrais une réponse. Je ne sais pas quoi penser de la curiosité. Je n'estime pas les gens curieux. Ils sont souvent fouineurs, indélicats, indiscrets. En même temps, je sais que ce trait de caractère me caractérise en partie. J'aime bousculer ma vie trop sage, pour justement me sentir exister. La curiosité qui t'a poussé à me répondre en tout cas me ravit.

Certains moments me plaisent tout particulièrement pour leur aspect répétitif. J'aime voir le soleil se lever. Il se lève toujours en partant du même endroit, les couleurs sont les mêmes à quelques nuances près, il s'étire et monte avec une régularité consternante. Et je pleure chaque fois que j'assiste à la naissance du jour. Je m’émerveille aussi des gouttes de rosée dans les arbres, sur les plantes, qui a ce moment si particulier, scintillent comme une mer de perles. J'aime savoir que je soleil se lève chaque jour et qu'il se lèvera toujours, et certaines autres choses, bien banales. Cependant je comprends ton sentiment. Je déteste être enfermé dans des habitudes que je ne me suis pas choisi. Le rythme des repas, le rythme de travail, le temps de sommeil. Je bouscule souvent les heures, c'est un jeu que j'affectionne particulièrement.

Il pleut tant que j'ai hésité a sortir avec des palmes. J'aurais dû. L'eau a traversé mes chaussures. Si je ne tombe pas malade, cela tiendra du miracle. Je jure de déposer un cierge si cela peut m'éviter une entrevue auprès de Porter. Deux lettres, et j'en parle encore. C'est que je ne l'aime vraiment pas.

J'aime les couleurs de l'automne. J'aime moins le temps qui va avec. Mais les orangés, l'ocre, le feu dans les arbres, les feuilles mortes, tout cela m'amuse vraiment. Je crains plus le seuil de l'hiver, ce moment ou l'automne est fini et ou il n'a pas encore neigé. C'est si triste ! Le jour est assombri sans arrêt, et j'ai l'impression que la nuit s'étend à l'infini.

G. Une étrange initiale. J'y colle tout une armada de prénoms, que je retire quasi aussitôt. Je ne veux pas savoir et la curiosité me dévore tout à la fois. J'ai ce genre de caractère instable qui rend le dialogue compliqué. Je suis solitaire de fait. Les contacts humains ne me dérangent pas, mais je n'en ressent pas le manque. Je ne les recherche pas. Je suis solitaire par choix. Parfois, cette solitude me pèse cependant. Je suppose que je n'ai pas encore croisé la personne avec qui ceux ci me paraîtraient indispensables. Bien que je sois cynique par habitude, je suis romantique. Entre la rosée et l'amour idéal, je pense que ça se devine sans peine. Je dois tenir cela de ma mère.

Etranger de cette ville, et de ces murs. Pas de ce pays. Je vient de New York, et je n'étais jamais sorti au delà des murs de la grande pomme jusqu'ici. Casanier jusqu'au bout des ongles. Sociopathe ? J'ai répété ce mot à voix haute pour l'apprivoiser. J'ai été chercher dans un dictionnaire. Il a l'air barbare, ce mot. Vu l'exquise délicatesse avec laquelle tu m'as répondu au travers de cette bouteille, je ne saurais te taxer de ce genre d'adjectif.

Je crois aux héros comme je crois aux ordures. Seulement, les uns se font discrets, et les autres, exubérants. D'ailleurs, on ne parle pas de la plupart des héros, puisqu'ils sont morts. Je ne me ferais jamais à la vision d'un monde absolument obscur. C'est comme ça, j'ai bien trop peur du noir. Il me terrifie tout à fait, pour être franc. Je conçois une telle vision, puisque je ne suis pas loin de penser de la même manière. Mais je lutte pour m'en écarter.

J'ai lu et relu la lettre que tu m'as adressé. J'en ai usé le papier, a force de plier et déplier celui-ci. Un tel cadeau se passe de mots, seulement, je n'ai que ceux-ci pour m'adresser à toi. Ou presque. Connais-tu le langage des fleurs ?

Mes nuits sont toujours courtes. Je grapille quelques heures en journée comme je peux. Je suis passé maître dans l'art de m'endormir en des endroits parfaitement saugrenus. Les heures que j'arrache à Morphée sont chères. Elles ont un goût de chute. Ce fameux rêve que tout le monde parait-il, fait, celui-là me hante. J'ai repris l'escalade, à petit pas. Je n'ai pas peur de grimper, et c'est un soulagement en soi. Mais chaque nuit est une épreuve.

Ta réponse n'était pas attendue, je le redis. Elle était désirée. Et comme un enfant à Noël, j'ai déballé mon cadeau avec envie. Cette conversation se poursuivra, ou l'arret ne sera pas de mon fait. J'attendrais ta réponse sous trois jours. La bouteille devra se nicher dans le placard à balais de la salle principale du Gymnase, cachée derrière les différents détergents et autres produits d'entretien. Bien, à toi, A. »


Enlacées aux feuillets, deux Aubépines.
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