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 Une bouteille à la mer [PV Gautier]

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MessageSujet: Re: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyMar 5 Nov 2013 - 22:26




Une bouteille à la mer.



Octobre. Un mois de merde. En tout point, octobre était le mois que je détestais le plus dans l’année. C’est simple, octobre rimait avec automne, donc pluie, mauvais temps, froid, grisailles. Que de mots déplaisants. Entre coups de tonnerres et éclairs qui se renvoyaient l’ascenseur, c’était le seul spectacle plaisant qui vaille la peine d’être vus. Sauf en classe. Ces benêts ne pourraient s’empêcher de s’intéresser plus au ciel qu’au cours. Trop peu pour moi.

Puis octobre signifiait aussi Halloween, qui approchait à grands pas. Fête dénuée de sens. Accompagnée de son amie la joie, je ne pouvais sentir cette tradition trop peu exagérée à mon goût. Encore qu’on parle de ces petits bambins surexcités qui viennent sonner à votre porte et qui revêtent des costumes souvent trop grands pour eux, ça passe, mais ces jeunes qui de nos jours se dévergondent totalement pour une telle occasion me dépasse totalement.

Quoique cela ne m’étonne pas particulièrement venant de la gente féminine, prête à toutes occasions pour se faire remarquer. C’est ça, laissez vous aller, et faites vous violer misérablement au détour d’une rue à cause d’un accoutrement vulgaire et bien trop tentant pour ces dérangés sexuels ! Non mais c’est vrai quoi. Depuis quand une diablesse est sexy, ou un zombie, non mais imaginez quand même jusqu’ou on pousse le vice, ce pêché capital, cette luxure. Dépravation du monde. Génération mal foutue. Tout doit être attrait au sexe, et sous entendre une relation purement basée là dessus. Désolant, pitoyable, à vomir.

Quand je repense tendrement à ma jeunesse, qu’on pourrait qualifier d’has been, kitch, je préfère encore passer pour l’un d’entre eux, une génération de coincés. Les relations étaient vrais, les personnes se prenaient au sérieux, et n’avaient pas cette honte qu’ont les gens de nos jours. Parce que ne vous y méprenez pas, il n’y a pas que ces adolescents, influençables comme tout, qui sont à bannir dans cette histoire, mais des gens de mon âge, voire plus se laisse aller à la dérive et suivent bêtement la société minable actuelle.

Quoiqu’on puisse en dire, ce n’est qu’accumulation d’esprits simples, sans intérêts et sans aucune capacité de réflexion propre. Mis à part se créer un personnage pour se faire bien voir me répugne au plus haut point. Rejet de sa personne, acceptation d’une mode sans intérêt… Que de comportements stupides ! Vous ne voulez pas leur ressembler, c’est à vos risques et périls. Si vous n’agissez pas tel un mouton, vous êtes des exclus de la société, des pauvres personnes sans intérêt certain. De la vermine qu’il faut à tout prix éliminer.

Mettez un fût Calvin Klein, devenez aussi faux qu’eux et le tour est joué vous entrez dans la famille. Mais quelle famille ? Si ce n’est des êtres tous aussi hypocrites les uns que les autres, où tout le monde parle dans le dos des autres. Vous appelez ça des amis, qu’elle est belle l’amitié. Ce mot n’a plus de sens depuis bien des années.

C’est en route vers le parc que mes pensées s’entremêlent, me brouillent le cerveau et me rendent davantage haineux envers ce monde et son fonctionnement à deux balles. Je n’aime pas les gens, je les renie, ils m’ont rendu la vie difficile, ils sont tous pareils, n’ont que de mauvaises intentions, mais vous lance ce sourire qui veut toujours tout dire. Derrière se cache le diable en personne.

Et je suis devenu prof de maths, quel masochiste je fais.
Dans ce parc, il n’y a presque personne, si ce n’est les arbres, et cette mare, cette toute petite mare dans laquelle flotte une bouteille. Bouteille perdue, abandonnée, oubliée, et à l’intérieur un mot y est caché. Curiosité, je l’attrape sans tarder, et continue mon bout de chemin. Premier événement curieux de la journée, quelque chose d’intriguant, peu banal, intéressant.

C’est pourquoi, j’ai attendu d’être sagement assis dans mon salon pour dérouler cette lettre, ô combien intéressante, et pleine de mystères.
Qui de nos jours penserait à un tel procédé, une communication oubliée, ce mythe de la bouteille rejetée à la mer. Histoire que l’on veut oublier, ou partager. Cette mise en scène plaisante aura réussi à égayer cette journée, grise comme le béton qui envahit nos villes.

A la lecture du premier paragraphe, un léger sourire apparaît sur mon visage. De la franchise, de l’honnêteté, tout ce que je recherche dans ce monde de fous. Un jeu, un échange. Je prends le pari. L’anormalité d’un tel geste m’attire. Tout ce qui ne relève pas de la routine, m’attire en fait. Tant que ce n’est pas normal. Parce que la normalité m’effraie, me rebute, je la fuis comme la peste. Mon destinataire est inconnu, mais fichtre, rien n’arrive jamais dans cette vie, alors autant saisir ce qu’il y a de meilleur dans ce bas monde pour au moins avoir ne serait-ce qu’une raison valable de vivre. Soit, je suis prêt à m’y tenir, jusqu’au bout.

La suite est d’autant plus intrigante, le doute plane sur son identité, son sexe, ce qui rend d’autant plus la lecture agréable, avec une touche de curiosité qui me ronge dès lors. J’ai beau ne pas connaître mon interlocuteur, mais j’ai l’impression de me voir dans ses écrits, ses impressions, son ressenti, tout cela à la fois me soulage et me rassure sur un point, il existe encore des gens biens sur cette terre. Des gens mal dans leur peau, qui souffrent. Et au fond, je m’identifie en lisant ces quelques lignes, qui ne sont que le départ d’un échange. Confessions, aveux, aucune gêne, voilà qui me plait, me rend confiant, me fait plaisir. Me fait sourire tout court en fait.

« Résident de l’université. » Je ne pourrais certainement pas compter sur un collègue pour établir un tel plan, de suite je pensais à un élève. Généralement, je n’entretiens aucune relation de tout genre avec mes élèves, mais là cela s’avère tellement différent, que je suis prêt à me jeter corps et âme dans l’écriture de ma future réponse. Cet élève m’intéresse, son style d’écriture me rend admiratif, et je me rends compte qu’il ne fait pas parti de tous ces écervelés avec qui je perds parfois mon temps à tenter de leur enseigner mon savoir.

Généralement, on ne fait pas tout de suite la différence entre celui qui va être sérieux et celui qui ne le sera pas. L’habit ne fait pas le moine, et cela ne fait que se confirmer, toujours, toujours, et toujours. On a qu’à voir ces petites fripouilles, ces enfants à la gueule d’ange, qui s’avèrent cacher le démon en eux. Sadiques et sans scrupules qu’ils sont. Ne jamais s’attarder sur une simple apparence, ce ne serait qu’un acte regrettable, impardonnable, et dont on ne pourra sans doute jamais changer.


Au fur et à mesure que je lis, je suis plus impatient encore de découvrir la suite, d’être déjà à la ligne suivante, au paragraphe suivant, à la lettre suivante. Sans pudeur, le stylo a touché cette feuille, et l’auteur y a laissé le crayon courir, jouer avec les lettres pour former cette succession de mots, qui forment sa vie, sa passion, ses problèmes. J’admire ce mystérieux inconnu, qui sans crainte expose sa vie au travers d’une lettre, un morceau de papier. Anodin pour les uns, extraordinaires pour les autres.

Le seul indice qu’il m’a laissé c’est ce A, cette lettre paraphée en fin de lettre, qui laisse un vaste choix parmi les innombrables prénoms existants sur cette terre. La recherche serait trop rude et trop longue, mais soit un A me va, me satisfait, et me suffit. Le contenu est l’essentiel, donne tout son sens. Repliant soigneusement le bout de papier, ce morceau de joie qui aura su rendre ma journée plus palpitante, je la pose soigneusement sur mon bureau, en évidence. Le reste, il ne me reste plus qu’à l’écrire, rédiger, et à mon tour laisser l’encre se répandre sur un morceau de papier.

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MessageSujet: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyMar 5 Nov 2013 - 2:03

Une bouteille à la mer. Comment et pourquoi cette idée m'est elle venue ? Je ne sais pas, je n'ai pas vraiment envie de réfléchir. Nous verrons bien. Je me sens seul. Irrémédiablement, absolument, totalement seul. Alors c'est un appel en l'air, un appel de naufragé. Une bouteille à la mer. Je porte la bouteille de bière à mes lèvres. Elle est vide depuis environ une demi heure, et je l'ai retournée, pour que le liquide qui restait à l’intérieur s'en écoule et qu'elle sèche. C'est mon bateau, mon esquif de fortune. Je suis jambe croisées sur un banc à la peinture écaillée, mon sac à dos reposant sur mon ventre, une feuille de papier blanc épinglée sur un quelconquonque cahier de cours, et je souffle dans la bouteille. Par ou commencer ? Je ne veux pas laisser mon prénom ni mon adresse. Ce n'est pas le but. Je me dit que je n'écrirais rien, puis je me dit qu'au pire, il suffira de ne pas déposer ce mot et je le balancer dans la première poubelle. Oui, voilà. Je pose le stylo sur la page. J'écrit à peu près droit. Les lettres se forment, petites, nerveuses, et ca court sur le papier. Je suis lancé, même si la fusée va lentement pour l'instant. Je m'invente un univers au creux de ma page. Je suis Noé, et si je devais sauver quelques mots, ce serait ceux là. Alors je réfléchis. Je mâchonne mon stylo. Je joue encore à souffler dans la bouteille pour produire le son grave de résonance. Et je reprend la rédaction. La nuque roide, je n'écoute plus ce qui m'entoure, j'oublie un peu ce qui m'entoure.

"Il fait frais, une légère brise passe entre les feuilles. J'espère qu'il ne pleuvra pas. Je n'aime pas vraiment quand le ciel est gris. Si tu lis ces lignes, c'est que tu es curieux. Si c'est le cas, tant mieux, j'avais à dire. Ceci est un jeu que je lance : une lettre contre une autre, et ainsi de suite. Si tu ne veux pas répondre, repose ce papier là ou tu l'as pris. Si ca t’intéresse, parce que comme moi, tu t'ennuies, alors rédige soigneusement ta réponse et glisse la derrière le panneau d'affichage dans le grand hall. Il y a un espace entre le mur et le panneau en question. Réponds sous trois jours.

J'écris pour passer le temps, parce que le principe me semble drôle. J'écris aussi parce que je me sens terriblement seul. Je ne suis pas d'ici, et quelquefois cela me pèse terriblement. Je n'ai jamais eu énormément d'ami, puisque j'ai un caractère solitaire, de par les engagements que j'ai pris. Mais je suis un être humain, et les discussions se font rares. Oh, j'oubliais. Adepte du Rap, des livres à l'eau de rose et du rose tout court, repose tout de suite ce papier, brûle-le, mange-le, étouffe toi avec et MEURS. J'ai un avis assez tranché sur ce genre de goûts douteux.

Une petite présentation pour commencer ? Je suis comme toi, résident de cette université. Et bien... Je souhaite garder l'anonymat -sans blague- et tiens à préciser que je ne m'amuserais pas à mentir en écrivant. Ce serait facile, bien sur et tu n'en saurais rien. Mais il faut établir une règle dès la base : la confiance. Je prendrais pour argent content ce que tu marqueras, et fais en de même pour moi. Je ne préciserait pas si je suis un homme ou une femme, parce que se serait nature à préjugés, dans un cas comme dans l'autre. Après, libre à toi d'élaborer tes hypothèses.

La longue dame brune a étendu sa longue chevelure piquetée d'étoiles il y a peu. Elle fait cela à chaque tombée du jour. Elle s'étend sur le monde et nous recouvre comme une mante religieuse. Il y a peu cependant, je suis tombé de haut. Ce n'est pas une métaphore. J'étais sur un immeuble. J'ai glissé du parapet, je suis tombé. Je me suis raccroché comme j'ai pu. J'ai frôlé de peu la catastrophe. Je pratique l'escalade, et depuis j'ai peur de grimper, même si ce n'est pas en pratiquant ce sport que j'ai failli mourir. Je dors mal la nuit. Mais depuis ce soir là, je ne dors plus du tout. La fatigue me rattrape insidieusement. Je suis cantonné a cet établissement, puisque je ne connais personne. Peut être devrais-je me tourner vers l'administration ? Seulement, je n'ai personne de suffisamment proche pour parler de mes penchants d'acrobate. Le médecin scolaire est ce qui se rapproche sans doute le plus d'un psy, mais impossible d'en parler à Porter. Je ne porte pas ce type dans mon coeur, et lui non plus. Ceci n'est pas un indice. Porter déteste plus facilement qu'il n'apprécie, ce n'est pas bien dur à deviner.

La fête d'Halloween approche. J'ai hâte dans une certaine mesure : les décorations sont toujours superbes. Je ne sais pas exactement qui se charge de ça, mais c'est un enchantement pendant quelques jours. Il commence à faire vraiment froid ici. Je glisse donc ce mot dans la bouteille. Et je fais une petite prière, silencieuse. C'est une bouteille à la mer. Je suis un naufragé. Bien à toi, Inconnu. A."


J'appose mon initiale. Le A est une lettre très répandue, cela ne porte pas à conséquence. Signer A.T serait déjà plus problématique, encore que, vu la taille de l'université... Inutile de jouer de parano. Je roule la lettre et la glisse dans la bouteille. Je revisse maladroitement la capsule, et dépose mon esquif à espoir dans la mare qui me fait face. C'est tout simple. Elle flotte et part à la dérive. Je la regarde une seconde, puis je tourne les talons avant de changer d'avis. C'est fait.

Un tour du parc, les mains dans les poches de mon jean. Mon chandail laisse passer le froid. Je retourne près de la mare. J'ai changé d'avis. Que voulez vous, je suis versatile. J'observe sans rien dire. Mais il n'y a plus de bouteille. Je fais comme si mon coeur ne venait pas de faire un saut périlleux, et des questions plein la tête, je tourne les talons pour quitter les lieux, mon sac sur l'épaule. Le coeur peut être un tout petit peu plus léger.
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