Terminé | Cuisine entre amie [Rubi]

HRP:

Quel sentiment peut bien être le pire, entre la certitude que nos envies se heurteront à un mur, et l’espoir que ce mur s’effondre avant qu’on ne se le prenne en pleine figure ? Pour l’instant, je me situais dans la première catégorie… et oui, j’en souffrais, plus que ce que je ne voulais bien l’avouer. Sauf que les paroles d’Ayase me donnèrent envie de basculer vers la seconde. Vers l’espoir. Moi douloureux, au présent… mais s’il se révélait vain, la chute n’en serait que plus dure.

« Il a peut-être simplement peur de venir te voir pour te le dire, Ki-kun est plutôt pudique sur ce qu'il ressent ».

Je hochai simplement la tête, en réfléchissant à ce que mon amie me disait. Je voulais y croire, vraiment. Mais Ki… avec lui, tout était si compliqué ! Il m’embrassait, prenait la fuite, ne venait plus au Cooking Club… un coup, c’était blanc, un autre noir. Je ne savais pas comment agir avec lui, et je ne me doutais pas qu’il pensait la même chose de moi. Ce garçon était un mystère, et je me surpris à jalouser Aya d’avoir l’air de le connaître si bien.

« Tu as sans doute raison… » lui dis-je, avant de changer tout à fait de sujet.

Nous parlâmes de son ami Nobu, que je ne connaissais que de nom. Elle semblait être très embêtée par le fait qu’il avait appris quelque chose sur elle, et cela me donnait des remords. Je n’étais certes pas responsable de cela, mais j’avais participé à cette… organisation, qu’était le concept de la Voice. Je le regrettais, et surtout quand je voyais la peine que cela infligeait à la jolie nippone. J’aurais très bien pu la considérer comme une amie, après tout. Sauf que je ne m’en sentais pas vraiment… le droit ? Encore quelque chose de compliqué, qui se rajoutait au reste. Je soupirai discrètement, pouvait-on tout effacer et reprendre à zéro ? Pas en restant dans cette ville, en tout cas.

« Je sais que Nobu-kun ne fera rien pour me nuire, mais l'idée qu'il soit au courant m'effraie... je crois... » avoua la japonaise, d’une petite voix pensive.

Je passai une main sur mon tablier, en baissant les yeux.

« Je comprends… c’est normal, après tout ».

Moi aussi, il y avait des choses que je cachais. Des choses dont je n’étais pas fière, à commencer par mon rôle de « Voice », que j’avais tenu durant une bonne partie de l’année. Mais pas que, il y avait autre chose. Une chose qui… m’empêcherait de vivre quoi que ce soit avec Ki. Mieux valait, par conséquent, ne pas espérer. Rester dans l’idée du mur, puisque de toute façon c’était ce qu’il finirait par arriver, un jour ou l’autre. Une pensée haineuse m’assaillit, avec violence, et je serrai les doigts tout contre le tissu du tablier, sur mon ventre. Adam. Adam, un prénom qui sonnait si mal à mes oreilles. Je le haïssais d’autant plus, maintenant que j’avais compris que les sentiments s’en étaient pris à moi. Cupidon, sa stupide flèche… je n’avais pas été épargnée, en fin de compte. Bref, je sortis brusquement de mes pensées, et demandai finalement à Aya si elle avait un petit ami. Ma question ne sembla pas la gêner le moins du monde, elle secoua doucement la tête et me sourit.

« Non, je n'ai personne dans ma vie et je vis très bien mon célibat ».

Cela sonnait vrai. Aussi vrai que cela aurait sonné dans ma bouche, avant que je ne comprenne ce que je ressentais pour Ki.

« Je suppose que c’est parce que tu n’as pas encore trouvé la personne rien que pour toi » lui dis-je, en me radoucissant – mentalement parlant –.

Je ne pensais pas l’avoir trouvée, moi non plus. Une vieille peur tapie au fond de moi me soufflait qu’il n’y avait personne pour moi – et j’en étais persuadée –. Mais je savais que Ki était celui que je considérais comme tel, comme celui s’en approchant le plus, c’était bien suffisant. Il me suffirait de l’oublier, tout rentrerait dans l’ordre. Voilà tout. Lui parti, ou moi… nous deux séparés, tout finirait par se remettre en place. Il ne pouvait pas en être autrement.

« Tu vas couper un peu de poisson toi aussi. Maintenant que je t'ai montré, tu vas faire la même chose, mais ne t'en fais pas, je reste à côté pour t'aider » me dit-elle, souriante.

Je lui souris à mon tour. Je me sentais légère. J’avais l’impression qu’il… suffisait de. Cet état ne durerait peut-être pas, mais j’étais contente de mettre le sujet Ki de côté pour le moment, juste pour profiter de cet instant en tête à tête avec Ayase. Je pris le couteau, et l’Alpha Psi me dit de faire attention à ne pas me couper. Ce que je fis. J’arrivai à couper le poisson comme elle me l’avait montré, et nous terminâmes de cuisiner les sushis tranquillement, en parlant de tout et de rien – mais toujours des sujets plus légers –. J’appréciais de plus en plus sa compagnie. Arriva le moment de la dégustation, après presque trois quart d’heure à cuisiner.

« Hm… je vais prendre un comme ça pour commencer » dis-je en souriant, en attrapant un sushi avec des baguettes, agilement. « Bon appétit, Aya ! Encore merci de m’avoir appris ».

Je goûtai, et c’était délicieux, avec un peu de sauce soja et de wasabi. Nous mangeâmes un moment en silence, pour savourer notre travail comme il se devait. Je relevai ensuite les yeux vers elle, un léger sourire se dessinant sur les lèvres.

« Si un jour on m’avait dit que je me retrouvais dans une cuisine avec une asiatique, à cuisiner et à apprécier ce moment, je ne l’aurais jamais cru » ne pus-je m’empêcher de lui dire. « Je suis contente d’avoir assez changé pour ça, j’aurais été triste de ne pas apprendre à te connaître ».

Je souris encore, détournant les yeux, un peu gênée par cet aveu soudain et un peu bizarre.

« Merci pour tout, Aya… tu es vraiment une perle ».

Je ne savais pas du tout si Ayase s’y connaissait un peu mieux que moi en matière de relations hommes/femmes. En tout cas, tous les conseils étaient bons à prendre… et même si j’étais très mal à l’aise de parler de ce sujet vraiment délicat, je me rendais compte que ça me faisait vraiment du bien. Comme si en parler ôtait un poids de mes épaules. Je suppose que si la personne en face de moi n’avait pas été la nippone, l’effet n’aurait pas été le même. Je savais qu’Aya était une personne de confiance, qui ne me jugerait sans doute pas. Avec une Eta Iota « de base », j’aurais sans doute été encore plus mal après en avoir parlé, de peur qu’elle le répète ou que sais-je encore.

« Je pense que Ki-kun a été surpris que tu ressentes ce genre de chose pour lui, mais je suis persuadée qu'il ne t'en veut pas. Après je comprends que ce genre de situation soit très gênante, mais tu devrais peut-être aller le voir pour en parler avec lui, peut-être qu'une fois la surprise passée il s'est rendu compte que c'était réciproque » me dit-elle de sa voix douce.

Je me mordillai la lèvre en réfléchissant aux paroles de la jeune femme. Jamais je n’oserais aller trouver Ki, comme ça, juste pour parler de… de nous. Et puis, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que si vraiment, cela avait été réciproque, il ne serait pas parti. Ou alors, il serait au moins venu me voir, lui. Ce qu’il n’avait pas fait. Je soupirai et relevai les yeux vers Ayase.

« Je ne sais pas… Surpris, il l’était, c’est vrai. Peut-être qu’il l’est toujours, parce qu’il n’est pas venu me voir » fis-je dans un demi-sourire, en essayant de plaisanter. « Tu ne crois pas que c’est ce qu’il aurait fait, s’il s’était rendu compte que… que je… enfin, que je lui plais aussi ? »

Je rougis à nouveau à cette idée. Je préférai changer de sujet en lui demandant pourquoi elle aussi fuyait quelqu’un. Je ne savais même pas qui, mais soit. Avec un peu de chance, elle me l’expliquerait. Elle me sourit tristement, et je ne pus m’empêcher de compatir.

« Je fuis Nobu, un très bon ami à moi. En fait, il sait quelque chose dont j'ai honte et dont je pensais garder le secret toute ma vie... » m’expliqua-t-elle.

Je ne connaissais que de nom ce fameux Nobu, puisqu’il s’était déjà retrouvé dans les chroniques de la Voice. Je compris donc qu’il devait avoir reçu un quelconque indice sur la vie d’Ayase, sur son secret. Je m’en voulais d’avoir participé à tout cela, par le passé. Parce que oui… j’avais été la Voix, comme pas mal d’Eta Iota avant moi. Je soupirai discrètement.

« Je suis désolée… de l’apprendre » lui dis-je en me mordillant la lèvre.

A ce tarif-là, j’allais complètement me détruire la bouche et je devrais encore me tartiner de crème et gommer mes lèvres avec cette saloperie de chez Lush… bref, il fallait que je me contrôle, je me forçai à arrêter de me manger les lèvres et plantai mes yeux dans ceux de ma nouvelle amie.

« Tu sais, je ne suis pas une pro en matière d’amitié… mais je ne pense pas que qui que ce soit te connaissant un minimum aille envie de se servir d’informations déplacées pour te faire du mal » lui dis-je en souriant, « Si c’est vraiment ton ami, cette chose qu’il sait, il n’en fera rien pour te nuire ».

Je soupirai, puis lui demandai ce que je devais faire ensuite, histoire de revenir à un sujet un peu plus léger. Ayase me tendit une passoire et je me chargeai d’égoutter le riz qui était à présent cuit. Quant à elle, elle se chargea de prendre le poisson, ainsi qu’un couteau.

« Tu veux t'occuper de couper le poisson ou je m'en charge ? » me demanda-t-elle.

« Hm… je préfère regarder comment on fait, je risquerais de complètement le massacrer, le pauvre » lui répondis-je en souriant.

La jeune femme me montra donc comment faire, et je restai concentrée pour ne pas louper les étapes. Appuyée sur le plan de travail, mes yeux ne quittaient pas le fameux poisson qui se faisait peu à peu dépouiller par la jolie asiatique. Je relevai ensuite les yeux vers elle, profitant que c’était terminé pour l’observer. Elle avait un visage vraiment doux, son sourire était toujours agréable et c’était presque comme si elle transpirait la gentillesse. Elle m’inspirait plein de bons sentiments, c’était idiot. Alors que quand je voyais Salma, par exemple, limite si je ne me chopais pas des boutons devant sa beauté froide et cruelle.

« Tu as un copain, toi, Aya ? » lui demandai-je, curieuse de voir si son charme discret avait déjà fait son effet sur un quelconque jeune homme.

Ayase déposa une petite main douce et rassurante sur mon bras, quand elle me vit rougir comme ce n’était pas permis, à propos de sa question sur Ki. Ce geste amical m’encouragea à me confier à elle, mais je ne pus pas m’empêcher de lui demander avant si ce que je comptais lui révéler resterait entre nous. Je n’avais jamais eu d’amie fille véritable, pour moi les relations entre femmes se résumaient à de la cruauté et des coups bas.

« Je ne dirai rien. Ne t'en fais pas Rubi-san. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Je lui fis un petit sourire timide, les joues rosies par la gêne, et lui avouai que depuis le premier atelier du Cooking Club, j’évitais le coréen. Je n’en dis pas plus, trop honteuse pour en parler si ouvertement, à une amie de Ki, qui plus est. Pourtant, ce n’était pas par manque de confiance. J’avais beau connaître Ayase depuis peu de temps, je savais que je pouvais la croire lorsqu’elle me disait qu’elle ne dirait rien.

« Que s'est-il passé pour que tu évites Ki-kun ? » me demanda-t-elle, ce qui me fit rougir un peu plus à ce souvenir.

Je me mordillai les lèvres et enroulai une mèche de cheveux autour de mon doigt, songeuse. Comment tourner ma phrase pour aider Aya à comprendre, sans pour autant lui dire la vérité… de but en blanc ? C’était vraiment extrêmement gênant. Je la vis attraper le riz et le jeter dans l’eau, tandis que je réfléchissais à une façon de lui expliquer.

« Hé bien… euh… en fait… » bafouillai-je, cherchant mes mots comme l’idiote que j’étais – surtout quand il s’agissait de Ki, comme si le simple fait de parler de lui faisait fondre ¾ de mes connexions neuronales.

« Tu sais Rubi-san, je ne vais pas te juger... je dois avouer que je fuis quelqu'un aussi en ce moment » me dit alors la jolie nippone, ce qui me fit relever les yeux vers elle, étonnée.

« Vr… vraiment ? » lui demandai-je d’une petite voix, en cessant de torturer mes cheveux.

« Est-ce que… est-ce que tu as embrassé cette personne, après lui avoir plus ou moins avoué que tu avais des sentiments pour lui… ce qui l’a fait fuir ? » ajoutai-je en baissant les yeux sur mes ongles peints en corail. « Et c’est pour ça que je l’évite, c’est… vraiment gênant… enfin, que tu l’évites… ? »

Je me détournai un peu, sentant que cette discussion devenait vraiment… gênante, et que je perdais déjà le contrôle de ce que je disais.

« Enfin, haha, sans doute pas » ajoutai-je en riant légèrement, nerveuse. « Pourquoi tu évites… euh… je ne sais pas qui, en fait… ? » m’empressai-je d’ajouter, pour essayer de détourner la discussion de moi.

Je passai ensuite mes mains sur mes joues en me retournant vers la nippone.

« Je suis désolée Aya, j’agis très… bizarrement. Je suis navrée, tu ne veux pas me dire ce que je dois faire ensuite, histoire que j’arrête de penser à ce moment très gênant de mon existence… ? »

Je lui offris un piètre sourire, attendant ses instructions pour ce qui était de la suite des évènements.

Lorsque je passai devant le miroir, ce matin-là, je ne pus pas m’empêcher de m’arrêter. La jeune femme qui me faisait face, je ne la reconnaissais pas. En arrivant à Miami, elle était extravagante, sûre d’elle et son cœur était entouré d’un cocon protecteur aussi dur que de la pierre. Elle avait commencé par faire régner la Rubi’s Law, en bon tyran qu’elle pouvait être. Pas vraiment d’amis à l’horizon, si ce n’est d’autres personnes aussi superficielles qu’elle… qui la comprenaient dans sa quête de pouvoir et de popularité, mais ne la connaissaient pas vraiment. Dwayne et Dwight, ses cousins, pouvaient se vanter de savoir qui elle était vraiment. Mais peut-être que, depuis le temps, ils avaient fini par l’oublier. Devenue l’exact reflet des désirs de sa mère, la jeune femme que je voyais avant dans le miroir avait aujourd’hui disparu pour faire place à… moi. Rubi Vanity Young. Le jeune homme qui avait gangréné ma carapace pour finalement la faire voler en éclats, je le fuyais comme la peste parce qu’il me faisait ressentir des sentiments qui me faisaient peur, vraiment peur. Néanmoins, le résultat était là : Ki Beom Lee m’avait libérée des idéaux de ma mère pour me permettre d’exister telle que j’étais vraiment. Je découvrais le monde sous un nouveau jour. Je me découvrais sous un autre jour ! Et quelle n’était pas ma surprise de constater, chaque fois avec un peu plus de joie, qu’avoir des personnes avec qui passer du temps sans devoir se préparer des heures pour cela, qui nous acceptaient comme on était au naturel, cela faisait vraiment un bien fou. Un sourire étira mes lèvres, en repensant au message d’Ayase. La japonaise m’avait proposé de la retrouver aujourd’hui pour apprendre à cuisiner des sushis, ce que je m’étais empressée d’accepter. J’étais heureuse de remettre ça avec elle, en cuisine, j’espérais même que nous le ferions plus souvent. Ça, ou d’autres choses, peu importait. Je me sentais bien en sa présence, je savais que je pouvais lui faire confiance… ce qui ne m’était arrivé que très rarement par le passé. Une seule fois, en fait, depuis que j’étais à Miami.

C’est simplement vêtue d’un jeans – acheté très récemment, le seul et l’unique que je possédais – et d’un pull en cachemire rose pâle, loose aux épaules, ainsi que d’une paire de bottines beiges à talons hauts que je me rendis au lieu du rendez-vous : les cuisines du Cooking Club. J’avais laissé pendre mes cheveux, parce que c’est ainsi que je les préférais. Ils étaient toujours blonds, toujours coupés en carré long. J’aimais beaucoup cette coupe, simple et facile d’entretien. Lorsque j’aperçus Aya dans les cuisines, je lui lançai un grand sourire. J’étais réellement ravie de la voir. Qui l’eut cru ?! Un jour, lorsque j’avais 12 ans, il m’avait pris la lubie de déclarer que je détestais les asiatiques. Tout cela parce qu’un gamin de ma rue – un chinois, il me semble – avait lancé une pierre sur la voiture de ma mère. Voiture dans laquelle je me trouvais. J’imagine que je m’étais personnellement sentie agressée, et cela m’avait amenée à tous les détester. Bien entendu, j’avais changé d’avis depuis un moment. Ou plutôt… j’avais compris que ce gamin idiot ne devait pas influencer mon choix sur toute une catégorie de personnes, parce que tout le monde est différent, peu importe sa classe sociale, son âge ou sa Confrérie.

« Bonjour Rubi-san. Comment vas-tu ? »

« Très bien, et toi, Aya ? » lui répondis-je en lui rendant son sourire. « Je suis contente que tu m’aies proposé de venir te rejoindre ».

J’allai déposer mon sac et enfiler un tablier puis revins près de la nippone, qui se trouvait déjà devant le plan de travail. Elle avait préparé tous les ingrédients, il n’y avait plus qu’à se mettre aux fourneaux.

« Voilà, je suis prête ! Par quoi on commence ? » lui demandai-je en observant ce qui se trouvait face à moi.

L’Alpha Psi me tendit un paquet de riz spécial pour sushis. J’apprenais déjà quelque chose, je ne savais pas qu’il en fallait un en particulier.

« Déjà, il faut faire cuire le riz, je te laisse mettre l'eau à chauffer » me dit-elle.

« D’accord, je fais ça ».

J’attrapai une casserole et la remplis tranquillement d’eau, concentrée, attaquant la recette sous le regard attentif d’Ayase. Je posai ensuite celle-ci sur une plaque et appuyai sur le bouton pour l’allumer, puis poussai la température au maximum.

« Ki-kun est revenu, tu as eu l'occasion de le voir depuis son retour ? » me demanda tout d’un coup l’asiatique, ce qui faillit me faire sursauter et renverser le contenu de la casserole sur les plaques vitrocéramiques.

Je sentis mes joues chauffer, et comme je ne portais aujourd’hui que du mascara et de l’anticerne… cela devait se voir.

« Euuuh, et bien, c’est à dire que… » bafouillai-je comme une idiote, surprise qu’elle aborde aussi rapidement le sujet Ki. « Je ne l’ai plus revu depuis l’atelier du Cooking Club, je… je l’ai un peu… hm, comment dire… »

Ouf, je devais être ridicule, j’avais envie de m’enterrer six pieds sous terre. Je pris une grande inspiration et me tournai vers Ayase. Je savais que je devais en parler avec quelqu’un. Parce que cela me rongeait, parce que moi et mon cerveau, on avait fait le tour de la question sans trouver de solution au problème. Parce qu’un point de vue extérieur serait sans doute le bienvenue, voilà tout.

« Est-ce que je peux te confier quelque chose ? » lui demandai-je alors sans oser la regarder dans les yeux. « Quelque chose qui… qui resterait entre nous ? »

J’avais une petite voix gênée, ce qui ne me ressemblait pas beaucoup… mais je savais que ce n’était pas Ayase qui se moquerait de moi pour ça.

« Je… depuis l’atelier, et peut-être même un peu avant, je… j’évite Ki… alors je ne l’ai plus vraiment revu et je… euh… je n’ose pas vraiment… tu sais… aller le voir, pour lui parler ou… euh… »

Le sommet du ridicule, félicitations Rubi. Les joues rosies par l’émotion, je relevai les yeux vers Ayase, attendant une réaction quelconque de sa part, et espérant au fond de moi qu’elle comprenne et ne m’oblige pas à dire tout haut ce qui était aussi évident que le nez au milieu de la figure.