Montres-moi comment tu cuisines [Dany] Terminé

L

a voix de la raison, je ne l’écoutais déjà plus depuis un moment. Je l’avais mise en sourdine sur un dernier avertissement concernant Dany. Oui, ma raison m’avait crié qu’il fallait que je prenne garde, que mon amie se rapprochait trop de moi. Je n’avais pas compris, sur le coup. Puis j’avais plongé dans cette spirale infernale. Elle m’avait embrassé. Et j’y avais pris goût. Dans le fond, je n’attendais que ça moi aussi. Inconsciemment, mon corps s’était attendu à ce baiser depuis qu’elle était entrée dans la pièce. Le tablier, l’inquiétude pour elle, tout était une excuse pour me rapprocher d’elle autant physiquement que moralement. Involontairement, certes, mais quand même.

J’étais donc en train d’embrasser la magnifique asiatique quand son téléphone sonna. Au fond de moi, j’avais envie de grogner mon mécontentement. Qui pouvait bien nous déranger à un moment aussi intense ? Si nous n’avions pas été dans la cuisine, je lui aurais certainement sauté dessus plus que ça. Et il fallait forcément que quelqu’un qu’elle connaisse ait choisi ce moment exact pour la contacter. Néanmoins, elle décrocha, jugeant que c’était assez important pour nous couper. C’était aussi quelque chose que j’aimais chez elle. Toujours prête à aider en cas de besoin. Quand je l’entendis accepter d’aller aider une amie, je retins un soupir de justesse. Je n’avais pas envie qu’elle s’en aille. Je voulais la garder rien que pour moi. Je voulais l’avoir, la posséder avant de la quitter. Rien qu’aujourd’hui, elle pour moi seul.

Alors qu’elle tenait ma main et que je sentais qu’elle allait se séparer de moi, je tentai de la persuader de rester avec moi. Je lui trouvai donc une excuse pour arriver dans un bon moment auprès de son amie. C’était certainement égoïste de ma mère, peut-être qu’elle avait plus besoin de Dany que moi. Mais je n’avais vraiment pas envie de la laisser filer comme ça. Elle avait commencé à m’embrasser, à être désirable, je ne pouvais pas voir partir en si bon chemin. Dany baissa les yeux en m’opposant qu’elle ne pouvait pas dire ça. C’était le fait de mentir qui la gênait ou ne voulait-elle pas passer encore un peu de –bon- temps avec moi ? Et s’il était arrivé quelque chose de grave à son amie ? J’étais définitivement égoïste, puisque je m’en fichais pas mal. Tout ce que je voulais, c’était elle, et rien qu’elle. Je ne voulais pas la partager.
Je me pressai encore plus contre elle, toujours plus, en l’embrassant de toutes mes forces.
Dans une tentative désespérée, je lui avouai avoir envie d’elle. Ce qui était plus que vrai. Mon corps réagissait à son toucher, ma peau réclamait la sienne, j’en frissonnais presque. Oui, je la désirais plus que tout à ce moment-là. Je savais que je ne devais. Je savais que si nous faisions ça, nous allions changer quelque chose à notre amitié. Peut-être que les conséquences n’allaient pas être dramatiques ? Mais peut-être que si. Je tenais particulièrement à son amitié. Si je devais la perdre, j’étais sûr de redevenir ce mec fermé aux autres que j’étais il y a quelques années. J’avais mis un temps fou avant de m’ouvrir, et c’était avec elle que j’avais fait le plus bel effort. J’étais souvent ouvert à la discussion, mais souvent, elle n’était qu’à un seul sens. J’apprenais des choses sur les autres, mais il n’apprenait pas grand-chose de moi –seulement ce que je ne pouvais pas cacher à cause de mes gestes et de mon comportement. Et puis, peu à peu, je m’ouvrais, même si c’était difficilement. Daenerys avait su faire voler mes barrières en éclats avec seulement un sourire et une parole.

- Moi aussi ...

Elle récupéra mes lèvres et je l’embrassai avec avidité, toujours plus pressé de la posséder. Elle faisait monter l’envie à une telle vitesse et un tel degré. Encore un peu comme ça et je n’en pourrai plus … Je soupirai quand elle se sépara légèrement de moi.

- T'as l'infirmerie là-dedans ... ?

Je suivis son regard pour voir mes clefs posées non loin de là. Ce trousseau m’avait été délivré lorsque j’avais repris le club. Si je désirais laisser les cuisines ouvertes pour tous les membres, nous étions encore en vacances d’été, et tout était fermé. Et bien sûr, sur ce trousseau, il n’y avait pas qu’une seule clef, mais plutôt une bonne dizaine. Je ne savais pas à quoi servait les autres, mais certainement aux locaux du lycée. Donc, c’était possible que l’infirmerie se trouve dans le lot. Dany avait ce petit sourire amusé aux lèvres. Je devais avoir le même air au visage. Elle était un génie !

- Je ne sais pas, mais on va aller vérifier ça …

J’attrapai sa main et la tirai vers moi pour la décoller du plan de travail. Laissant tout dans l’état, je nous dis sortir des cuisines après avoir récupéré les clefs. Je savais où se trouvait l’infirmerie, il ne nous fallut donc pas tant de temps que ça pour y parvenir. Une fois devant la porte, j’en profitai pour embrasser encore Dany, très rapidement. Je récupérai donc les clefs pour les essayer une à une, sachant qu’elles ne portaient que des numéros et aucun nom. Je ne savais donc pas à quoi correspondant l’infirmerie. Après trois essais infructueux, le quatrième fut le bon. Je m’empressai de retirer la clef de la serrure et d’avancer dans la pièce en entraînant Dany avec moi.

- Maintenant, tu es à moi … Lui murmurai-je.

Je fermai la porte et la plaquai contre celle-ci avant de récupérer ses lèvres. Nous avions tout ce dont nous avions besoin. Il y avait quelque lits dans la pièce communicante et des préservatifs dans un placard –prévention pour les jeunes oblige. Je posai mes mains sur ses hanches, faisant remonter son t-shirt par la même occasion. Son amie allait pouvoir l’attendre. Tant pis.

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J

’avais enfin pu découvrir ce qui tracassait tant Dany. Elle venait de se découvrir un frère. Et avec ce frère, une famille. C’était étrange, elle ne parlait que de sa mère, et jamais de son père. Peut-être n’avaient-ils pas le même père, tous les deux ? Si ça se trouvait, Dany elle-même ne le savait pas. Je lui souris tendrement. J’étais désolé de l’avoir blessé en la forçant presque à tout m’avouer. J’étais triste qu’elle n’ait jamais connu ce frère et cette mère avant. Je la comprenais un peu, j’étais dans un cas similaire au sien. Mais je m’étais fait une raison, et j’aimais ceux qui m’avaient élevé autant que ma mère. Je lui demandai alors si son frère était rentré dans leur pays d’origine.

- Ouais, il est reparti en Corée ... J'irai sûrement le voir là-bas dans quelques temps, et peut être même rencontrer ma mère ...  Je veux dire, ma mère biologique.

Je ne lui répondis rien, mais elle savait que je la soutenais et que je ne savais pas trop quoi dire de plus. Après quoi, je lui proposai de changer de sujet si elle ne voulait pas parler de ça. Elle m’assura que ça allait. Je me décalai d’un pas minuscule, mais assez grand pour me rapprocher d’elle. Je la touchais presque. J’avais envie de la toucher. J’avais envie de la prendre dans mes bras, de passer mes doigts dans ses cheveux, de poser mes lèvres sur son front et de lui dire que j’étais désolé. J’avais envie d’être encore plus proche d’elle, tout simplement. Je brimai cette envie comme je pus. Je ne devais pas. Nous étions amis, et si elle interprétait mal mes gestes, nous pouvions briser ça. Je ne savais pas ce que je pouvais faire ou non. Je ne savais pas non plus pourquoi j’avais tant besoin d’un contact avec sa peau. Dans le fond, je me voilais la face. Je me disais que c’était juste parce que je m’inquiétais et que je l’appréciais. Parce qu’elle était, comme toujours, magnifique, et que je la voyais avec mes yeux d’adolescents. Je ne voulais pas voir qu’il y avait plus que ça. Que j’avais besoin de sa présence et de plus venant d’elle parce que des sentiments grandissaient en moi. Je ne voulais pas le voir.
Alors que je faisais tout pour rester calme alors qu’à l’intérieur de moi c’était l’agitation, Dany fit la dernière chose qu’il fallait faire. Elle passa ses mains sur moi, dans ma nuque, et s’approcha de moi pour m’embrasser. Déjà que ma volonté était plutôt faible … Cette fois, je ne parvins pas à me contrôler. Je répondis à son baiser, jusqu’à ce qu’elle l’interrompe pour s’excuser. Mais elle avait déjà ouvert la porte, impossible de la refermer. Je lui affirmai que je n’étais absolument pas désolé et l’embrassai à mon tour. C’était ce que j’attendais depuis qu’elle était entrée dans la pièce, il me semblait. Cette envie était cachée là, sous ma peau, et il avait suffi qu’elle l’effleure pour la libérer pleinement. Je n’avais pas envie de la laisser s’éloigner de moi. Je lâchai ses lèvres une première fois pour lui dire que nous ne devions pas faire ça. Mais qu’importait. C’était trop tard. J’étais déjà parti. Je l’embrassai encore, profitant de ses lèvres douces, profitant de sa langue joueuse. Dany en profita pour faufiler l’une de ses mains sur mon torse. Elle était en train de me faire perdre la tête. Une seconde de plus, un centimètre de plus, et elle déclencha un brasier en moi.

Je pressai son corps contre moi, comme pour fusionner avec elle. J’en voulais plus. J’avais envie d’elle. J’avais envie de sa peau nue de toute chose, j’avais envie que nos deux corps n’en forment qu’un. Ecore une fois, ça n’avait rien à voir avec mes sentiments. Du moins, c’était ce que je pensais. Notre moment magique fut brisé par son téléphone. Dany se sépara de moi, s’éloignant pendant que je protestai. Elle ne pouvait pas me faire ça. Pas maintenant, alors que je brûlais pour elle. Elle attrapa ma main et décrocha. Je ne me dégageai pas, mais j’avais franchement envie de prendre son téléphone et de raccrocher. Je n’étais pas en colère. Je reconnaissais bien là Dany, qui répondait à une amie ayant besoin de son aide. Quand elle raccrocha, je savais très bien ce qu’elle allait me dire. Je me collai encore à elle, pesant légèrement de mon poids sur elle pour l’emprisonner contre le plan de travail, en veillant toutefois à ne pas lui faire mal.

- Reste. N’y va pas. Dis-lui que ta voiture est en panne et que tu attends qu’on te la répare.

Ma voix était douce, et j’y ajoutai une touche de sensualité. Pour appuyer mes paroles, je l’embrassai de nouveau. Je voulais lui faire comprendre l’effet qu’elle me faisait. A ce moment-là, l’heure ne comptait plus. Je n’avais plus faim, j’en avais oublié le repas que nous devions préparer. J’étais obnubilé par ce corps devant moi, que je voulais faire mien. Je n’étais pas un obsédé, je n’enchaînais pas les conquêtes, je ne couchais pas avec une fille différente chaque soir. Mais je devais avouer que ça faisait un petit moment que je n’avais touché à personne, et Dany était tellement désirable … Je l’embrassai, encore une fois, dérivant vers son cou. J’espérais lui provoquer les mêmes frissons que moi. J’espérais qu’elle comprendrait.

- Dany … Lui soufflai-je enfin. J’ai envie de toi …

Je lui dis ça à voix très très basse. J’avais peur de passer pour l’obsédé de service, ce que je n’étais pas. Tant pis. D’un côté, elle était attendue par quelqu’un qui avait besoin d’aide. Et moi, égoïstement, je voulais la garder pour moi seul. Je voulais qu’elle m’appartienne encore un peu, juste pour aujourd’hui. Elle se serra encore un peu contre moi, et elle dut largement comprendre ce que je disais, mon érection réagissant immédiatement à son contact. Je ne rougis pas, je n’étais pas gêné. Mais elle était toujours toute rouge depuis tout à l’heure, ce que je trouvais bien amusant. Ainsi enlacés, nous n’étions plus qu’une seule et unique forme. Je repris ses lèvres pour un baiser enflammé, tentant de la convaincre par tous les moyens de m’accorder un temps supplémentaire.

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D

any aura très bien pu ne pas me répondre, me dire qu’elle n’avait rien, que ce n’était pas grave, qu’elle ne voulait pas m’embêter avec ça. Sauf qu’elle ne le fit pas. Au lieu de ça, elle me raconta. Elle m’expliqua qu’elle venait de découvrir l’existence de son frère. Frère qui avait grandi avec sa mère, ce qui n’était pas son cas à elle. Je pouvais comprendre ce que ça faisait. Gabriel n’avait jamais connu ses parents, ayant été adopté juste après sa naissance. Il n’avait aucune information sur eux, ne savait rien de son histoire. Il ne semblait pas manifester un grand désir à vouloir les retrouver, mais je savais que parfois, dans notre enfance, il aurait bien voulu tout savoir sur ses origines. D’une certaine manière, j’étais à moitié dans ce cas. Je n’avais connu que ma mère, n’avais jamais entendu parler d’un père. Tout ce que je savais, je l’avais appris dans une lettre qu’elle lui avait adressée sans jamais la lui donner. Je savais qu’il avait une famille de son côté, qu’il était Américain, et qu’il vivait à Miami quand il l’avait rencontrée. Je savais qu’ils s’étaient aimés passionnément, et que ma mère avait choisi de vivre en tant que maîtresse et uniquement maîtresse pour ne pas briser son mariage.

Je regardai Dany, en souriant avec affection. Mon amie me dit de ne pas me « tracasser » pour elle, ce dont j’étais incapable. Si j’avais fini par lui demander si vraiment elle allait bien, c’était que je sentais qu’il y avait quelque chose et que je m’inquiétais. Je m’éloignai donc légèrement d’elle pour lui sortir le discours le plus sentimental que j’avais jamais prononcé depuis des années. Je lui avouai qu’elle comptait à mes yeux et que c’était normal que je me fasse du souci. J’étais son ami, et c’était ce que faisaient les amis. Ils s’inquiétaient. Bien que sincère, j’étais un peu gêné de m’être aventuré dans des déclarations de ce genre. Si je ne mesurais pas à quel point ça pouvait avoir un impact sur notre relation, je savais que ça allait en avoir un. J’enchaînai donc sur le sujet « frère ».

- Et … euh … ton frère. Tu l’as déjà rencontré ?
- Euh oui ... En juillet en fait ... Je crois qu'il est aussi perdu que moi. Il est à Wynwood, ou en tout cas était, je crois qu'il reviendra plus, il est reparti.

Je sentais la déception dans sa voix. J’en déduis qu’elle aurait voulu le connaître, et à travers lui, connaître sa famille. C’était normal. Après tout, n’étais-je pas venu à Miami pour savoir à quoi ressemblait mon père ? N’avais-je pas espoir d’apercevoir mes frères et sœurs, si j’en avais, juste le temps de quelques secondes ? Bien sûr, ils n’allaient jamais remplacer ma vraie famille : ma mère, ma tante, mon oncle, et Gaby. C’était avec eux que j’avais grandi et évolué. C’était à eux que je devais tout. Mais j’étais curieux, et si j’en avais le courage, j’aurais aimé lui parler pour en apprendre un peu plus.

- Ici, à Wynwood ? C’est bien que tu aies pu le rencontrer … Il est … il est rentré dans votre pays natal ?

Pays que je ne connaissais pas, d’ailleurs. Dany n’avait pas un nom asiatique, peut-être qu’elle était née ici, aux Etats-Unis ? Peut-être que j’allais trop vite en conclusions et qu’elle avait juste des origines. Pour éviter que la conversation ne lui pèse, je lui indiquai qu’on pouvait changer de sujet si elle le souhaitait. Même si, dans le fond, j’étais curieux d’en savoir plus. Je n’avais pas envie de me montrer trop indiscret.

- Mais non ça va, t'en fais pas ...

Elle avait beau me dire ça, justement, si, je me faisais du souci. Je ne pouvais pas m’en empêcher. En provoquant la discussion, je venais certainement de lui miner le moral. Je lui souris timidement et rassurant. Je l’entendis murmurer quelque chose juste après que je me sois rapproché de nouveau vers elle, mais je ne compris pas ce qu’elle dit. Enfin, mon cerveau refusa de comprendre. Il m’envoyait déjà des signaux « DANGER » alors qu’elle approchait ses mains et son visage de moi. Elle passa ses mains sur ma nuque et en profita pour coller ses lèvres aux miennes. Instinctivement, je me courbais légèrement pour que ce soit plus facile pour elle. J’étais bien plus grand qu’elle, même si elle n’était pas petite non plus. Je répondis à son baiser sans réfléchir. Mon cerveau avait complètement disjoncté sur un dernier avertissement. Ce lâche m’abandonnait au moment où j’aurais eu besoin de lui pour me dire que je ne devais pas faire ça. Au moment où le baiser allait devenir plus intense, Dany se sépara de moi. Elle ne retira pas ses mains pour autant, son contact me donnait des frissons. Elle était toujours sur la pointe des pieds, et ce détail me dit sourire sans que je ne comprenne pourquoi. Elle me regardait droit dans les yeux, maintenant.

- Je ... Je suis désolée ...

J’arquai un sourcil interrogateur. Si elle l’avait fait, c’était qu’elle en avait envie. Je lui souriais béatement, et mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Dany était terriblement attirante, et sa bouche me faisait envie. Oui, je savais qu’on ne devait pas faire ça, mais je mourais d’envie de recommencer. Nous étions amis, bon sang ! Serions-nous capables de faire comme si rien ne s’était passé si nous dépassions les limites ? Etait-il encore possible de faire demi-tour ? Elle avait les joues rouges, toujours, mais moi pas.

- Pas moi … Lui soufflai-je en souriant.

Et je me baissai à mon tour pour l’embrasser. Je passais mes mains de chaque côté de son visage, mêlant à moitié mes doigts à ses cheveux, en douceur. Je posai délicatement mes lèvres sur les siennes et l’embrassait tendrement. Je lui laissai le temps de réagir, de refuser si elle ne voulait pas. Mais elle ne le fit pas. Au contraire, elle m’encouragea à aller plus loin. Je me décollai d’elle une seconde pour respirer et pour souffler, à voix très basse :

- On ne devrait pas …

Je ne lui laissai pas le loisir de répondre, m’accrochant à nouveau à ses lèvres avec tendresse. Sans m’en rendre compte, je l’emprisonnais entre le plan de travail et moi. J’embrassai Dany, découvrant les sensations qu’elle pouvait m’offrir. Pas une seule seconde je ne me posai de question sur mes sentiments envers elle. Je n’étais pas capable de ça. Je ne voyais rien d’autre que le contact avec elle, que nos deux langues qui commençaient timidement à jouer ensemble. Je sentais ses joues sous mes paumes, ses oreilles, ses doigts dans ma nuque.
Je dépassais les limites, j’étais trop con pour ne pas m’en rendre compte. Je nous menais à notre propre perte. Mais je n’avais pas envie de la repousser, loin de là. C’était peut-être bien ça, le plus gros problème que j’avais à ce moment-là. J’étais incapable de m’arrêter, et, bêtement, je faisais la dernière chose à faire pour préserver notre lien si particulier.

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J

’étais devenu idiot à l’instant même où Dany était entrée dans la pièce. En fait, je l’étais dans un était semi-permanent depuis que je l’avais rencontrée. L’aura qu’elle dégageait me rendait idiot. D’une certaine manière, j’étais fasciné par elle. Tout en elle attisait ma curiosité ou me plaisait. J’aimais sa personnalité. Elle était tellement différente de moi ! Dans le fond, j’aurais aimé vivre comme elle, avec énergie, bonne humeur et sans jamais me prendre la tête. J’en étais malheureusement incapable. Il fallait toujours que je réfléchisse, que j’analyse. Ce qui je n’arrivais pas à faire en sa présence, d’ailleurs. J’aimais la forme de ses yeux, qui la rendait adorable. Le seul détail que je pouvais lui reprocher, c’était qu’elle avait tendance à être parfois prétentieuse. Mais bon, ça n’arrivait pas en ma présence, directement par rapport à moi.

J’avais commencé à la taquiner en lui proposant de tout lui apprendre en cuisine. De tout reprendre à zéro. C’était ma touche d’humour, qui était, certes, très maladroite. Je l’avais donc parée d’un tablier, à mon image. Et nous avions commencé à couper la viande, moi lui expliquant comme à une débutante.
C’est là que je me rendis compte qu’elle avait les joues rouges. Pas un instant je me dis que ça pouvait être de ma faute. Non, ça, ça ne me vint pas à l’esprit. Dans ma tête, nous étions amis, et je ne pouvais pas provoquer une réaction comme celle-là. Je ne pensai donc même pas à cette éventualité. Je lui demandai donc si ça allait, avec une certaine inquiétude dans la voix que je ne pouvais pas masquer.

- C’est juste que …

J’avais donc raison. il y avait bien quelque chose. Je n’aimais pas savoir qu’elle était préoccupée. Je n’aimais pas quand mes amis étaient mal, et elle faisait désormais partie de ce cercle très restreint. Je lui offris un sourire doux et chaleureux pour la réconforter et l’inciter à continuer.

- J'ai appris y'a peu de temps que j'avais un frère, ça fait plutôt bizarre. C'est dur à digérer sachant que lui a grandi avec ma mère et qu'on a pas une grande différence d'âge. Ça me perturbe un peu cette histoire mais ça va ! Te tracasse pas pour moi !

Je lui souris de plus belle, plantant mes yeux dans les siens, sérieux. C’était vrai que c’était un coup dur pour elle. Savoir que son frère avait eu une mère et pas elle … Enfin, je ne savais pas dans quelles conditions elle avait grandi, aussi. Je pris une voix douce pour lui répondre.

- Justement, si, je m’inquiète. Je n’aime pas voir ceux qui me sont proches tristes ou inquiets. Daenerys … Je tiens à toi, alors c’est normal de me faire du souci, non ? On s’inquiète toujours pour les gens qui comptent à nos yeux …

Je m’approchai à nouveau d’elle, sans la toucher. J’avais envie de prendre son visage dans le mien pour qu’elle mesure à quel point j’étais sérieux et sincère. Je ne me rendais absolument pas compte que ça ressemblait de loin à une déclaration. Que si on lisait entre les lignes, il y avait plus qu’une simple amitié. J’étais certainement en train d’aller trop loin. Mais dans ma tête, ça n’avait rien d’anormal ou de dangereux. Dans ma tête, je voulais rassurer une amie et lui dire à quel point elle comptait pour moi.

- Et … euh … ton frère. Tu l’as déjà rencontré ?

Je me raclai la gorge, prenant une pause un moment. Et si jamais elle ne voulait pas en parler ? Si jamais c’était un sujet qu’elle ne voulait pas évoquer avec moi ? J’avais déjà l’impression de l’avoir forcée à me dire ce qui n’allait pas. J’avais peur qu’elle se braque. C’était peut-être quelque chose d’assez personnel et moi je n’étais pas assez important. Je soupirai intérieurement. Voilà que je commençais à me prendre la tête pour rien. Pour une fois que mon cerveau s’était mis en pause, le voilà qui recommençait à faire des siennes.

- On peut changer de sujet si tu veux … J’ai envie de te voir sourire, pas de te voir triste.

Je lui fis un léger sourire agrémenté d’une pointe de timidité. J’espérais ne pas l’avoir rendu encore plus triste, même si c’était ce que j’avais sans doute fait. Tant pis. J’allais pouvoir essayer de la consoler si elle n’allait pas bien. Je venais, inconsciemment, de déclencher une nouvelle bombe à retardement. Sans le vouloir, je me rapprochais encore d’elle, il suffisait de quelques centimètres pour sentir sa peau sous mes doigts. Je me pris à avoir cette envie : la toucher, la rassurer. Il fallait que je chasse cette idée de ma tête, mais elle s’accrochait à mon cerveau comme si c’était l’unique issue de notre discussion.
Dany et moi étions en train de franchir une frontière sans retour possible.

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’étais devenu idiot à l’instant même où Dany était entrée dans la pièce. En fait, je l’étais dans un était semi-permanent depuis que je l’avais rencontrée. L’aura qu’elle dégageait me rendait idiot. D’une certaine manière, j’étais fasciné par elle. Tout en elle attisait ma curiosité ou me plaisait. J’aimais sa personnalité. Elle était tellement différente de moi ! Dans le fond, j’aurais aimé vivre comme elle, avec énergie, bonne humeur et sans jamais me prendre la tête. J’en étais malheureusement incapable. Il fallait toujours que je réfléchisse, que j’analyse. Ce qui je n’arrivais pas à faire en sa présence, d’ailleurs. J’aimais la forme de ses yeux, qui la rendait adorable. Le seul détail que je pouvais lui reprocher, c’était qu’elle avait tendance à être parfois prétentieuse. Mais bon, ça n’arrivait pas en ma présence, directement par rapport à moi.

J’avais commencé à la taquiner en lui proposant de tout lui apprendre en cuisine. De tout reprendre à zéro. C’était ma touche d’humour, qui était, certes, très maladroite. Je l’avais donc parée d’un tablier, à mon image. Et nous avions commencé à couper la viande, moi lui expliquant comme à une débutante.
C’est là que je me rendis compte qu’elle avait les joues rouges. Pas un instant je me dis que ça pouvait être de ma faute. Non, ça, ça ne me vint pas à l’esprit. Dans ma tête, nous étions amis, et je ne pouvais pas provoquer une réaction comme celle-là. Je ne pensai donc même pas à cette éventualité. Je lui demandai donc si ça allait, avec une certaine inquiétude dans la voix que je ne pouvais pas masquer.

- C’est juste que …

J’avais donc raison. il y avait bien quelque chose. Je n’aimais pas savoir qu’elle était préoccupée. Je n’aimais pas quand mes amis étaient mal, et elle faisait désormais partie de ce cercle très restreint. Je lui offris un sourire doux et chaleureux pour la réconforter et l’inciter à continuer.

- J'ai appris y'a peu de temps que j'avais un frère, ça fait plutôt bizarre. C'est dur à digérer sachant que lui a grandi avec ma mère et qu'on a pas une grande différence d'âge. Ça me perturbe un peu cette histoire mais ça va ! Te tracasse pas pour moi !

Je lui souris de plus belle, plantant mes yeux dans les siens, sérieux. C’était vrai que c’était un coup dur pour elle. Savoir que son frère avait eu une mère et pas elle … Enfin, je ne savais pas dans quelles conditions elle avait grandi, aussi. Je pris une voix douce pour lui répondre.

- Justement, si, je m’inquiète. Je n’aime pas voir ceux qui me sont proches tristes ou inquiets. Daenerys … Je tiens à toi, alors c’est normal de me faire du souci, non ? On s’inquiète toujours pour les gens qui comptent à nos yeux …

Je m’approchai à nouveau d’elle, sans la toucher. J’avais envie de prendre son visage dans le mien pour qu’elle mesure à quel point j’étais sérieux et sincère. Je ne me rendais absolument pas compte que ça ressemblait de loin à une déclaration. Que si on lisait entre les lignes, il y avait plus qu’une simple amitié. J’étais certainement en train d’aller trop loin. Mais dans ma tête, ça n’avait rien d’anormal ou de dangereux. Dans ma tête, je voulais rassurer une amie et lui dire à quel point elle comptait pour moi.

- Et … euh … ton frère. Tu l’as déjà rencontré ?

Je me raclai la gorge, prenant une pause un moment. Et si jamais elle ne voulait pas en parler ? Si jamais c’était un sujet qu’elle ne voulait pas évoquer avec moi ? J’avais déjà l’impression de l’avoir forcée à me dire ce qui n’allait pas. J’avais peur qu’elle se braque. C’était peut-être quelque chose d’assez personnel et moi je n’étais pas assez important. Je soupirai intérieurement. Voilà que je commençais à me prendre la tête pour rien. Pour une fois que mon cerveau s’était mis en pause, le voilà qui recommençait à faire des siennes.

- On peut changer de sujet si tu veux … J’ai envie de te voir sourire, pas de te voir triste.

Je lui fis un léger sourire agrémenté d’une pointe de timidité. J’espérais ne pas l’avoir rendu encore plus triste, même si c’était ce que j’avais sans doute fait. Tant pis. J’allais pouvoir essayer de la consoler si elle n’allait pas bien. Je venais, inconsciemment, de déclencher une nouvelle bombe à retardement. Sans le vouloir, je me rapprochais encore d’elle, il suffisait de quelques centimètres pour sentir sa peau sous mes doigts. Je me pris à avoir cette envie : la toucher, la rassurer. Il fallait que je chasse cette idée de ma tête, mais elle s’accrochait à mon cerveau comme si c’était l’unique issue de notre discussion.
Dany et moi étions en train de franchir une frontière sans retour possible.

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V

oir Dany était vraiment quelque chose d’agréable. Depuis que je l’avais rencontrée, j’avais l’impression que je pouvais enfin m’ouvrir un peu aux gens. J’étais d’un naturel souriant et je discutais bien, mais mes conversations n’étaient que surface. Je parlais pour ne rien dire de moins, je préférais écouter. J’avais l’air froid aux premiers abords pour que les gens ne me prennent pas pour un naïf. Dans le fond, je souffrais un peu de cette solitude. Mais je souffrais encore plus de l’hypocrisie qui m’avait déjà touché. Les mensonges, hein ? Je détestais ça. Je détestais tous ceux qui disaient aimer alors que ce n’était aps vrai. Je détestais tous ceux qui faisaient des promesses pour ne jamais les tenir. Oui, je détestais les gens qui mentaient. Et j’en faisais partie.
Je ne le savais pas, mais Dany aussi. Dès le jour de notre rencontre, elle m’avait menti. Je connaissais peu de choses d’elle, et ce que je savais n’était qu’à moitié vrai. Ma connaissance consistait en son prénom et son âge. Le reste … Le reste, ce n’était qu’une illusion fabriquée par ses soins … Si j’avais su, ce jour-là, je n’aurais pas été aussi loin. Si j’avais su, je ne serais pas en train de la regarder avec un sourire en me demandant si elle allait manger avec moi ou non. Je ne lui aurais pas non plus proposé de lui faire un peu visiter le lycée, histoire de passer encore un peu de temps avec elle, et rien qu’avec elle. Si j’avais su …

Sauf que voilà, je ne savais pas qu’elle m’avait menti et qu’elle continuait de me mentir à chaque fois qu’elle m’adressait la parole –ou presque. C’est pour ça que je lui passai le tablier autour du coup, pour enfin l’attacher dans son dos. Je trouvais ça marrant de tout faire pour elle, comme j’allais tout lui apprendre. Alors qu’elle devait en savoir plus que moi en matière de cuisine. Mais tant pis ! C’était le jeu aussi ! J’avais décidé de bien rigoler avec elle, et ça passait aussi par là. Un peu de détente et de connerie. Et oui, le grand Raphaël, faire de l’humour et jouer l’idiot. C’était possible. Seul Gabriel et Hope, jusqu’à présent, me connaissaient sous cet angle. Dany allait bientôt faire partie de ce groupe très restreint à qui je vouais une confiance aveugle. Trop emporté par ma bêtise, je ne me rendis pas compte que Dany rougissait. J’avais déjà les yeux braqués sur la viande qui attendait bien sagement qu’on s’occupe de finir de la couper. Et puis, un peu plus loin, il y avait les légumes à laver, éplucher et couper. Je lui demandai ce qu’elle préférait faire.

- Peu importe ! Les deux même si tu veux !

Tournée vers moi, elle avait un sourire sublime. Un sourire comme celui qu’elle m’avait fait le jour où nous nous étions rencontrés, juste avant de repartir chez elle après une après-midi en ma compagnie. Un sourire que je ne pouvais pas oublier. Ce sourire, je ne l’attribuais non plus à Dany, mais à Daenerys, la magnifique jeune femme qu’elle était, avec son prénom magnifique qu’elle préférait troquer contre un surnom d’homme. J’avais bien compris que je ne devais pas utiliser son prénom en entier, mais je le trouvais vraiment beau et original. J’avais espoir de pouvoir la faire plier, d’être le seul à avoir le droit de l’appeler ainsi. Je ne me rendais pas encore compte de ce que cette envie signifiait. Si ça avait été le cas, j’aurai certainement fui en courant. Si je m’étais déjà rendu compte que j’étais amoureux d’elle –ou presque-,  je n’aurais pas fait ce que je fis cette après-midi.

- T'avais prévu de faire quoi  ?

Bonne question. En fait, là, je séchais. Je n’avais rien prévu de spécial. J’avais simplement pris ce qui était proche de ne plus être bon pour en faire un mélange. Bon, il fallait que je m’arrange pour que le mix soit bon, mais voilà. Je n’avais pas de recette, pas de plan, rien. Je passai une main dans mes cheveux en la fixant, un demi-sourire aux lèvres.

- Et bien … Une poêlée de légumes avec ce qui est là-bas … Et faire cuire la viande. Juste … Rien de spécial, en fait.

C’était vrai qu’elle me posait une colle. La viande, c’était de l’escalope de dinde, ça passait donc comme ça. Je l’avais coupée parce que je trouvais ça plus pratique à mettre dans une boîte par la suite, puisqu’il y en avait pour plus d’une personne. Et parce que j’aimais ben couper de la viande crue. C’était idiot, mais j’aimais préparer deux trois trucs avant de faire cuire, même si c’était complètement inutile ou idiot. Je n’avais pas la prétention d’être un bon cuisinier, je n’empoisonnais juste pas ceux pour qui je faisais à manger.

- Je te propose de laver les légumes pendant que je finis de couper la viande … On verra après si tu as une idée ou on fait au feeling … Qu’est-ce que tu en dis ?

Je lui souris, passant à côté d’elle pour m’avancer vers mon plan de travail laissé juste avant.

- A moins que tu ne préfères que je te montre comment on fait, comme si tu ne savais pas le faire ?

C’était maladroit de ma part, mais je sentais qu’on pouvait bien rigoler comme ça. A voir ce que ça allait donner. Oui, j’étais joueur, sans me rendre compte que j’étais en train de me brûler les doigts. Pour l’instant, je ne voyais que la flamme briller. La flamme qui brillait dans mes yeux. La flamme qui brillait dans ses yeux. La flamme qui n’aurait jamais dû exister entre une prof et son futur élève.

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J

’avais gardé mon tablier, mais je m’étais arrêté un instant pour discuter avec Dany. J’étais en train de me laver les mains, je ne pouvais donc pas voir ce qui la préoccupait tant. Je captais pourtant dans sa voix un certain stress, malgré ses efforts pour le camoufler. Peut-être qu’elle ne voulait pas m’en parler ? Si c’était le cas, je n’allais pas lui poser de questions. Je n’allais pas la forcer à me confier ce qui n’allait pas si elle ne voulait pas le faire. Et si elle voulait m’en parler … elle le ferait durant notre discussion. Je gardai toujours mon sourire, puisque j’étais content de la voir.

- Et toi, ça va ? Tu fais quoi par ici, alors que les cours reprennent dans longtemps ?
- Euh ... Ben j'étais venue prendre certaines fiche, formulaire, tout ça, à la base ... Et je ... faisais des repères dans le lycée ...

Je restai dos à elle, lavant rapidement le couteau que j’étais en train d’utiliser. J’allais m’en servir à nouveau, puisque je n’avais pas fini, mais puisqu’il était dans ma main … Dany semblait hésitante quand elle parlait. J’avais l’impression que quelque chose n’allait vraiment pas, et je n’aimais pas tellement la voir dans cet état.

- Les papiers … On a eu de la chance avec Gaby, on est arrivés quelques jours avant la fermeture du secrétariat et du coup, tout est réglé. Il te reste un peu de temps avant la rentrée, ça devrait aller ! Tu avais déjà repéré un peu ou pas du tout ? Si tu veux, j’ai visité le lycée, je peux te faire visiter à mon tour.

Je finis de nettoyer ce que j’avais en main et me retournai tout en lui demandant si elle avait déjà mangé. Si ce n’était pas le cas, j’allais lui proposer de rester manger avec moi. Il y avait bien assez de nourriture pour deux. Et puis comme ça, j’allais pouvoir passer un bon moment avec elle. Pas sûr que j’arrive à avancer dans ce que j’avais à faire dans les cuisines.

- Nan, et j'ai une faim de loup ! T'as besoin d'aide ?

Dany rit légèrement quand elle me répondit. Elle était adorable. D’un coup, elle avait l’air d’aller un peu mieux. J’espérais que ce qui la tracassait n’était pas trop grave. Mon amie adopta la même position que moi contre le plan de travail, me fixant droit dans les yeux. Accrochant mon regard au sien, j’en profitai pour scruter son visage. Elle y avait chassé le souci qu’elle semblait se faire. Soit c’était passager et ça avait disparu, soit elle ne voulait pas que je sois au courant. Dans les deux cas, j’avais quand même remarqué quelque chose, et mon sourire avait cette pointe d’inquiétude que je ne masquais pas, contrairement à elle.

- Volontiers ! Et puis, pour avoir le droit de manger, t’es obligée de cuisiner …

Je me décollai de ma chaise improvisée et brisai le contact visuel avec elle. J’attrapai un tablier un peu plus loin et me retournai vers elle avec un sourire malicieux aux lèvres.

- Aujourd’hui, je suis le prof et toi l’élève, ça te va ? Même si tu cuisines certainement mieux que moi … On échangera les rôles la prochaine fois !

Sans me rendre compte de ce que je disais et de ce qu’elle pouvait comprendre, je m’approchai d’elle avec l’idée de la taquiner en tête. Arrivé à son niveau, j’essayai tant bien que mal de lui passer le tablier autour de cou. Ensuite, je lui attachai dans le dos, passant de chaque côté de sa taille. J’étais bien décidé à m’amuser un peu et à passer un bon moment avec elle. Avec la rentrée et nos cours respectifs, j’avais peur de ne plus avoir beaucoup d’occasions de la voir, alors que je voulais la découvrir encore plus. Je voulais apprendre à la connaître, moi qui n’avais jamais voulu connaître personne par peur d’être déçu.

- Viande ou légume ?

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I

l me restait encore pas mal de choses à faire pour remettre les cuisines et le Cooking Club en ordre. A vrai dire, j’avais un peu pris mon temps. Tant pis s’il fallait me déplacer pour une deuxième journée de ménage et de rangement. Mon but n’était pas de tout finir dans la journée en ayant bâclé mon travail. J’avais donc décidé de m’octroyer une petite pause pour manger. J’allais pouvoir faire d’une pierre deux coups : manger, et utiliser la nourriture qui aurait été jetée sans ça.
J’étais en train de couper de la viande pour la faire revenir avec des légumes quand quelqu’un arriva dans mon dos. Je me retournai vers la nouvelle arrivante pour reconnaître une amie. Dany. Mon coup de cœur musical. Ma relation avec elle était indescriptible. Nous étions ce qui se rapprochait d’amis, mais c’était encore différent. Dès la première heure, je lui faisais confiance. Dès le début, je suis tombé sous le charme de sa manière de jouer. J’ai tout de suite aimé sa bonne humeur, son sourire, son énergie. Dany était vraiment quelqu’un d’à part pour moi. Nous étions complices. Et pourtant, il y avait bien des choses que je ne savais pas à son sujet. Qu’importait ! Je l’appréciais, et je voulais que rien ne se mette en travers de nous.

- Hey ... !

Je l’observai. Comme à son habitude, elle était ravissante. Dany était une jeune femme magnifique, qui savait se mettre en valeur sans passer pour une fille de joie. Ce qui était appréciable chez elle. Peut-être un peu trop sexy parfois, mais bon, je n’avais pas mon mot à dire sur ses tenues. Je n’avais pas à la juger. Elle était grande, elle faisait ce qu’elle voulait. Enfin, c’était moi ou là, elle semblait légèrement timide ? Elle qui ne l’était pas du tout ordinairement. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. C’était un signe de gêne, en général. Quelque chose n’allait pas ? Pourtant, il ne s’était rien passé entre nous qui justifiait un tel comportement.
Je fronçai les sourcils en la regardant faire. Peut-être que je me faisais des idées. Peut-être que j’étais trop attentif, et que je m’inventais quelque chose. Peut-être que tout allait bien. Peut-être. J’allais néanmoins ouvrir la bouche pour la saluer et lui demander si elle allait bien quand elle reprit la parole.

- Hum ... Ca va ? Je penserais pas que ... Que tu serais là !

Je posai mon couteau, resté dans ma main sans bouger depuis son arrivée. Je me retournai juste une minute pour me laver les mains.

- Je suis en train de préparer la rentrée ! Lui répondis-je dos à elle. Et toi, ça va ? Tu fais quoi par ici, alors que les cours reprennent dans longtemps ?

Une fois que j’eus fini de me laver les mains, je lui fis de nouveau face, m’essuyant les mains au passage. Je me calai contre le rebord du plan de travail, toujours mon tablier me protégeant.

- J’étais en train de cuisiner, t’as déjà mangé ?

Ma question sous-entendait que je l’invitais à faire à manger et à manger avec moi si elle ne l’avait pas déjà fait, puisqu’elle voyait bien que j’étais en train de préparer un repas. Les légumes m’attendaient, j’avais prévu de faire revenir la viande avec. En fait, j’avais surtout prévu d’improviser avec ce qu’il y avait. Je lui souris, plantant mon regard droit dans le sien. Si quelque chose n’allait pas, je n’allais pas tarder à le savoir.

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L

e réveil sonna, et il ne me fallut qu’une demi-seconde pour l’éteindre. J’étais déjà réveillé, de toute façon. Je m’étais couché assez tôt la veille, et je n’avais pas eu de mal à m’endormir, puisque j’étais crevé. Je profitais de mes vacances pour m’activer un peu, visiter la ville et ses alentours. Je faisais pas mal de choses, seul, avec Gaby et Hope ou avec des connaissances d’ici. Je découvrais l’environnement qui m’entourait, et il me plaisait. A Miami, on pouvait faire plein de choses. La ville était un lieu de découverte, mais aussi de détente et de rencontres. Je n’aimais pas particulièrement le contact avec les gens, puisque j’avais souvent l’impression que leurs sentiments étaient faux, mais je devais avouer que j’avais trouvé quelques personnes auxquelles je m’étais attaché. Plus que je ne l’aurais dû, même.

C’est donc de bonne humeur que je me préparai. J’avais prévu de passer une bonne partie de ma journée dans les cuisines du Cooking Club, puisque j’y avais quelques petites choses à faire. Je devais commander certains produits, ranger, nettoyer, finaliser des inscriptions. J’avais donc du travail qui m’attendait. Je commençai par prendre une douche, histoire de me réveiller encore plus. Une fois sorti de là, je m’habillai d’un simple t-shirt gris et d’un pantalon noir. Je chaussai des tennis –pour une fois- et j’étais prêt. J’allai déjeuner, puisque mes colocataires semblaient eux aussi debout. Je mangeai donc un petit bout à leurs côtés et repassai par la salle de bain. Quelques minutes plus tard et mes cheveux correctement coiffés, j’embarquai mes affaires et mon ordinateur.

Je pris ma moto pour me rendre au lycée. Une fois arrivé, je la garai sur une place réservée pour les deux roues puis pénétrai dans le bâtiment. Si les cours n’y avaient pas lieu pendant les vacances, il était accessible à tous, car nous étions pas mal d’étrangers à rester là. Et il y avait les clubs à remettre en route, aussi. Je ne m’attardai pas dans les couloirs, signalant juste ma présence auprès de l’administration.
Une fois dans les cuisines, je fis un point sur ce que je devais faire et par quoi je devais commencer. Déjà, les stocks. Jeter ce qui n’était plus bons, ranger tout de manière cohérente, mettre de côté ce qui était prêt de la date de péremption. Ça arrivait qu’on ne se serve pas de certains aliments. Ensuite, laver le local. Et quand je disais local, je parlais de tout. Les plans de travail, les ustensiles, les frigos. Tout. Peut-être même que je n’allais pas avoir fini dans la journée, mais peu important. J’allais revenir le lendemain, si besoin. Ensuite, je devais faire une liste de ce dont nous avions besoin pour la rentrée, et de ce dont pouvaient avoir besoin les membres désirant venir ici pour le plaisir. J’avais pour politique de garder les cuisines ouvertes à ceux qui voulaient s’en servir.

Je posai mes affaires dans un coin afin de commencer mon travail. Il me fallut un bon moment pour faire le tri, d’une part, et pour nettoyer, d’autre part. J’avais mis de côté de quoi me faire à manger pour le midi. Et c’est donc fatigué, à près de deux heures de l’après-midi, que je commençai à cuisiner. Je me dis un instant qu’il fallait aussi que je réfléchisse à un petit atelier pour que tout le monde apprenne à se connaître. J’allais en toucher deux mots aux membres de la confrérie, et particulièrement à Nawel.

J’enfilai donc un tablier et j’étais en train de couper ma viande en petits morceaux quand quelqu’un arriva dans les cuisines. Je me retournai pour voir qui c’était. Un visage que je connaissais était apparu. Dany.

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