Sujet: Re: Minuit l'heure du crime [Vicky] Mar 15 Avr 2014 - 7:23
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Arthur & Vicky
∞ Minuit l’heure du crime
Instinct de survie, ces mots ne m'étaient pas inconnus malheureusement. La première fois que j'avais entendue cette expression, c'était le jour où je suis sortie de terre. Je sais qu'il ne le pensais pas, mais il m'avait blessait rien qu'en le disant à haute voix. S'il savait aussi. Mon instinct de survie, c'est aussi comme ça, que j'aurai pu baptiser le monstre qui sommeillait en moi. En voila un super nom ! J'avais beau essayé de me calmer, je me sentais pas dans mon environnement, coincé, les flashs de mes souvenirs me torturaient cruellement. Aussi cruellement que "lui". Ma specialité, me lamenté. Depuis que les rumeurs sur ma personne ont commencé à grandir, là où j'ai grandis, je tenais la terre entière comme coupable de ma vie. Je ne comprenais pas, je désespérais. Enfermée dans ce gymnase, ce n'était pourtant la faute de personne, hormis la mienne cette fois. ."Enfermé dans ma chambre. Enfermé dans les douches. Enfermé dans un casier… Je commence aussi à être un habitué." Je regardais le garçon avec des yeux ronds. Ses paroles me touchèrent car étrangement j'avais expérimenté presque tout ses mésaventures. Les conséquences en revanches, était désastreuse, je devenais dingue, hystérique, j'hurlais et je pleurais avant de finir prostrée. Je laissais un silence passé avant de m'enquérir s'il allait bien. Dans mon égoïsme et ma panique, j'avais totalement oublié pourquoi j'étais venue là dans un premier temps. C'est vrai que je m'étais inquiété, me savoir enfermée, m'avait complètement fait oublié pourquoi. Il m'affirmait qu'il allait bien, mais c'était étrange, il ne se souvenait pas . Je l'observais en silence, m'inquiétant à moitié, mais aussi, gardant mes fichus distances. Ce n'était pas sa faute, tentais-je de me rappeler sans cesse. Je me mordis la joue, en crispant mon visage dans ma réflexion. Vicky ! Bordel ! J'avançais d'un pas.
"Tu sais ça … ça m'étonne un peu que ce ne soit pas la première fois que tu te retrouves dans ce genre de situation. Tu n'as pas l'air d'avoir le profil."
Je le fixe et me stoppe net dans mon avancé. "Tu es plutôt jolie". Je le dévisage et je deviens écarlate. . "Enfin non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Tu n'es pas jolie."* Hééé !?*"Enfin ce n'est pas que tu n'es pas jolie. Non, tu es très jolie ! Enfin tu n'es surtout pas moche."
Je me mets à sourire, me rappelant subitement ma rencontre avec Liam. Je me souvins avoir eu cette même confusion. L'image menaçante que j'avais pu voir chez ce garçon, commençait tout doucement à disparaitre. J'avance d'un pas. "Tu n'es pas laide et du coup… Parce que tu n'es pas laide je trouve ça étrange que…"Puis de deux. "Je suis désolé. J'essaye de te déstressée mais apparemment tout ce que je suis capable de faire c'est rendre la situation encore plus inconfortable pour toi." Je rigole amusée, mettant ma main devant ma bouche comme une idiote. Je viens finalement le voir, lui faisant face. J'ai en fait très bien compris où il venait en venir. Et s'il me trouvait jolie, c'était parce qu'il ne savait rien de moi, rien de mes cicatrices et d'ailleurs, il avait pas vu mon pyjama ou quoi ? Sa dernière phrase effaça mon sourire. Quel con... Je baisse la tête, honte de mon comportement plus tôt. Triturant le pan de ma chemise de nuit. Mordant ma lèvre. "Avant d'arrivé ici, j'étais plus qu'une folle en pyjama s'introduisant dans un gymnase à la tombé de la nuit..." Tiens dans tes dents, ça t'apprendra à dire que je m'enferme toute seule. Je croise les bras devant moi, j'étais calmé mais toujours aussi nerveuse, et j'étais bourré de tic, comme celui de remettre toujours mes cheveux derrière les oreilles, ou gratter mon avant bras quand je ne savais pas quoi faire. "Tu devrais t'asseoir... promis, je ne t'attaquerais plus... J'ai visiblement, quelque problème de confiance sur lesquels travailler..." Je fais une moue tordue en essayant de sourire. "Je viens de Sacramento, et je n'étais pas très populaire d'où je viens" Je baisse les yeux et je me dirige vers des matelas en mousse, empilés, pour m'asseoir en tailleur dessus, affaissant les épaules, toujours aussi "heureuse" d'être là. Il avait du mal à y croire, mais quand on sait que le début de mon histoire à commencer dans un bunker, on ne se douterait pas que le reste à continuer dans une chambre fermé à clé par une mère trop névrotique, des nombreux casiers que des élèves ont presque aménagés pour moi, des ascenseurs qui tombaient en panne, grâce à des garces de 13 ou 14 ans... Les enfants étaient cruels, les adultes inutiles, songeais-je. "Je ne suis pas très douée pour me faire des amis. Et là-bas les autres, quand ils ne me chahutaient pas, me fuyaient comme la peste. J'étais la fille bizarre, la cannibale, le monstre de Gale's High !"
Je sens un regard interrogateur. Je pousse un soupire, comment parler d'une histoire qu'on voulait vraiment mettre derrière soit. Je sais que Scarlett avait été choqué d'entendre mon histoire, et que les Woods étaient très protecteurs avec moi, depuis. Mais pire encore, je revivais chaque instant comme si c'était hier, dès que je m'en souvenais. Impossible d'effacé le passé, après tant d'années de thérapie. "Et toi, pourquoi tu es là ? En fait je t'ai vu plus tôt au match de basket... C'est pour ça qu'ils t'ont fait ça ?"
Sujet: Re: Minuit l'heure du crime [Vicky] Dim 6 Avr 2014 - 2:13
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Vicky et Arthur
∞ minuit l'heure du crime
Les pupilles d'Arthur se décrochèrent des yeux aux paupières battantes de la jeune fille pour retomber sur le balai lorsqu'il sentit les poils rêches de la brosse quitter ses doigts en lui râpant la peau. Assuré qu'elle le dirigeait bien vers le sol et non vers sa face, il desserra les muscles qui figeait sa main sur la tête de l'arme dans une pose crispée. D'un geste lent et tremblant, la brune se rendait. Il souleva vers elle un regard voulu rassurant. Un regard qui soufflait des encouragements dans le noir intense de ses pupilles marquées par le sceau de la peur. Ses yeux accompagnèrent son mouvement en lui jurant que tout irait bien. Jusqu'à ce que le manche percute le sol. Au son du claquement qu'émit le bois, les épaules du Juif se relâchèrent en poussant un long soupir hors de sa cage thoracique. Le silence s'imposa. Un silence rythmé par la respiration des deux étudiants que l'angoisse avait rendue plus profonde. Arthur s'appuya sur ses genoux. Le corps basculé en avant, il tentait d'alimenter en oxygène à grand coup d'inspiration le cerveau en feu qui suffoquait et rôtissait dans son crâne. Il était épuisé. Sans qu'il n'en donne l'ordre ou même qu'il ne s'en rende vraiment compte, ses jambes se plièrent et il se retrouva assis par terre. Les pensées perdues dans une brume épaisse, il secoua la tête pour se sortir de cette sensation nébuleuse dont l'enlacement l'engourdissait. Il se hissa jusqu'au mur pour y appuyer son dos. Sa tête bascula vers la jeune fille. Il avait veillé à s'installer à une distance respectable d'elle. Histoire qu'elle ne se sente pas à nouveau menacée par sa présence. Et surtout histoire qu'elle ne tente pas de l'achever avec un seau d'eau. "Tu as …" commença-t-il "Un sacré instinct de survie." Pendant un instant il avait vraiment cru qu'elle allait le tuer. Et quelque chose lui disait qu'elle l'aurait fait si elle ne s'était pas tranquillisée. "Alors… on est vraiment coincés pour la nuit ?" dit-elle avec un petit pincement dans la voix qui trahissait cette inquiétude oppressante qui ne la quitterait sans doute pas de la soirée. Parce que effectivement, cette soirée, ils allaient la passer ensemble dans ce gymnase tout pourri. "J'en suis positivement certain, oui." affirma l'autre en coinçant ses lèvres entre ses dents. Il avait eut largement le temps de chercher une issue. Après avoir fébrilement traîné ses doigts sur toutes les portes, fenêtres, ouvertures et fissures de la salle, il en était venu à la conclusion que le symbole de la fameuse silhouette blanche figée dans sa course au dessus de l'issue de secours fermée était juste là pour le narguer. "T'aimerais bien pouvoir courir comme moi, hin mon connard ? Et bien non. Comme moi, tu ne bougeras pas." A côté de lui, la brune s'enfonçait dans son désespoir. "Pourquoi je finis toujours enfermée…" Elle avait allongé la dernière syllabe. Comme un enfant le fait lorsque le monde adulte se montre plus injuste que celui de ses rêves, ce qui fit sourire le petit Juif. "Enfermé dans ma chambre. Enfermé dans les douches. Enfermé dans un casier… Je commence aussi à être un habitué." Bien entendu, il n'exagérait rien. La porte bloquée était un grand classique dans le répertoire de blagues des prédateurs qui l'avaient pris en chasse. Mais il y avait tout de même une marque d'originalité dans le coup de ce soir: passer la nuit dans un autre endroit que sa chambre, c'était sa première fois. Surtout en la compagnie d'une fille. Il s'autorisa à l'observer du coin de l'œil en priant le bon Dieu pour qu'elle ne remarque pas son indiscrétion. Elle avait de long cheveux sombres ondulés qui tombaient en cascade autour de son visage. Ils étaient en désordre, sans forme véritablement définie, ce qui accentuait son air farouche. Et son charme sans doute aussi. Ses traits étaient délicats. Fins. Particulièrement sa bouche encore secouée de faibles tremblements. Ses grands yeux bruns bordés d'un long rideau de cils fixaient ses pieds comme si la réponse à leur problème était coincée entre ses orteils. Il n'osa pas la détailler davantage. Son corps je veux dire. La zone interdite. Mais Arthur était déjà arrivé à la conclusion qu'elle était jolie. "Est-ce que ça va ?" Le pivotement brusque de la tête brune le fit sursauter sur place. Son regard s'esquiva immédiatement vers le vide qu'il mit un point d'honneur à sonder. Il avait peur de la froisser. Et surtout il voulait éviter qu'elle n'agrafe définitivement l'étiquette de pervers qu'elle avait déjà, semblait-il, collée sur son front. "Tu ne t’es rien cassé j’espère ?" s'informa-t-elle. "Quoi ?" bredouilla le Juif. Il profita de la question qu'elle lui posait pour se permettre de lui faire à nouveau face. "Oh heu … Oui … Oui je vais très bien. Je…" Il frotta énergiquement sa main sur son front."Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'ai du bien tomber. Je…" Doucement, ses yeux se plissèrent dans un effort de concentration qui provoqua une douleur aiguë au crâne. "Je ne me souviens pas très bien. C'est assez flou-" Il s'arrêta. La confusion de son discours l'alarma. Le désordre de sa réflexion encore plus. Tout à coup, il se rendit compte que ses paupières étaient totalement closes. Il pinça l'arrête de son nez entre son pouce et son indexe et laissa ses deux doigts supporter le poids de sa tête qui se faisait de plus en plus lourde au fil des minutes. Le silence lui indiqua que la jeune fille n'avait pas remarqué ce qu'il diagnostiqua comme un léger malaise. Tant mieux. Il ne voulait pas l'angoisser d'avantage.
Tandis qu'il continuait sa conversation avec sa compagne de cellule, il tenta de se rappeler si il n'était pas tombé sur la tête.
"Tu sais ça … ça m'étonne un peu que ce ne soit pas la première fois que tu te retrouves dans ce genre de situation." dit-il en fixant à nouveau son regard dans le sien."Tu n'as pas l'air d'avoir le profil." Il haussa les épaules. "Tu es plutôt jolie alors…" Immédiatement, son visage fondit dans une expression d'horreur. Quel con. "Enfin non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Tu n'es pas jolie." Quel gros et irréparable petit con ! "Enfin ce n'est pas que tu n'es pas jolie. Non, tu es très jolie ! Enfin tu n'es surtout pas moche." Il se donna mentalement un coup de pied dans les burnes. Plus il s'expliquait, plus il s'embrouillait. Et plus il s'embrouillait, plus il s'enfonçait. Il avait déjà presque abandonné d'essayer de rattraper ce qui lui avait définitivement échappé des doigts lorsqu'il murmura en hésitant sur les mots : "Tu n'es pas laide et du coup… Parce que tu n'es pas laide je trouve ça étrange que…" Il rabattit son poing sur sa jambe en soupirant. Il venait de lâcher l'affaire. "Je suis désolé. J'essaye de te déstressée mais apparemment tout ce que je suis capable de faire c'est rendre la situation encore plus inconfortable pour toi." Parler n'était pas son fort. Avec une fille encore moins. Alors si en plus celle-ci ne ressemblait pas à la gamine du cercle… "Ce que je voulais dire" se reprit-il avec un ton plus maîtrisé "C'est que je ne vois pas pourquoi on voudrait t'enfermer." Il rigola doucement. "Tu es très bien capable de le faire toute seule." Il ravala son rire, soudainement effrayé de l'avoir vexée.
Sujet: Re: Minuit l'heure du crime [Vicky] Dim 15 Sep 2013 - 20:49
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Arthur & Vicky
∞ Minuit l’heure du crime
Si j’étais énervée et complétement illogique, je pouvais sentir, dans le regard de mon interlocuteur son agacement. Avec le temps j’étais devenue discrète et timide. Mais acculé un animal sauvage, et même la plus gentille des biches, devient agressive. Parfois, j’avais vraiment l’impression d’être redevenu sauvage. Il me fit fermer le bec en me balançant une réplique acide et totalement justifié. Sur le coup, je m’étais encore emballée, m’emparant d’un balais pour le mettre en garde, le garder loin de moi. Me demandant de reposer ce balai comme si c’était une arme à feu que je tenais. Mes nerfs parlaient pour moi et ma raison s’était enfermer dans un abri anti-nucléaire ! Alors la terre ? Je crois qu’on a perdu ma lucidité ! Je commence à balancer la théorie du complot, idiot, je le sais dès l’instant que les mots sortent de ma bouche. Mais j’explose sans pouvoir me retenir et c’est ce pauvre brundiné qui en paye les pots cassés. Est-ce que t'écoute seulement ce que je te dis ?!"
Perdu ! Parce que ça faisait longtemps que je ne le faisais plus. Mon cœur battait trop vite, trop fort, ma respiration saccader par mon débit de paroles absurdes. Puis le garçon hausse la voix et me coupe le sifflé, je hoquette surprise, laissant échapper un gémissement. Me figeant comme un suricate qui aperçoit le lion dans les fourrés. "Lorsqu'un corps entre en chute libre, sans vitesse initiale, il tombe verticalement sous l'action de la pesanteur. Sa vitesse au moment de l'impact sur le sol varie en fonction de la hauteur de la chute. Plus cette hauteur est importante, plus la vitesse est grande. 20 km/h et ce sont des contusions légères. 30 km/h et ce sont des blessures graves. 40 km/h et c'est l'invalidité. 55 km/h... Et c'est le cercueil !" Il parle beaucoup trop vite, je n’en saisi que la moitié et je ne comprends toujours pas à quoi bon me sortir ce baratin. Mes yeux sont grands ouverts, écarquillés mais curieux, le dévisageant sans vraiment m’en rendre compte.
"Je viens de faire une chute d'entre cinq et dix mètres. Cela veut dire que ma vitesse au moment de l'impacte était de plus de 40 km/h et approchait les 50 km/h ! Un calcul rapide et on peut très vite en conclure que si j'ai survécu avec un simple hématome sur la jambe c'est parce que je suis effroyablement chanceux ! Et toi... Tu penses que pour t'enfermer avec moi dans ce que tu as très justement qualifié de "gymnase tout pourri" je me suis jeté volontairement d'une hauteur d'une dizaine de mètres ?!" Mes lèvres se serrent en une moue piteuse et désolée. Ma conscience joue la taupe qui sort de son trou et tends un peu plus l’oreille à ce qu’il me dit. Je prends peu à peu conscience qu’il n’a pas tords et son intervention a le mérite de me divertir, de détourner mon attention sur ce qui me dérangeait le plus, mon enfermement. "Si je suis monté là haut c'est pour aller chercher mes baskets, si je suis tombé c'est parce que je suis maladroit, si tu es ici c'est parce que tu as voulu venir à mon secours, si tu es coincée ici c'est parce que tu n'as pas réfléchi avant d'agir et si tu crois que j'ai volontairement risqué ma vie pour titiller ton apparente claustrophobie c'est parce que tu es en plein délire alors fais-moi une faveur..." Je réalise plus que trop tard son rapprochement et mon corps se tends sans pour autant que mes pulsions violentes ne reprennent le dessus. J’essaye de reculer, mais le mur derrière moi m’en empêche.
Il attrape mon balai, mes yeux font trois allers et retours entre son visage et le bout de mon balai. "Pose ce balai, assieds toi par terre, respire un bon coup et relève toi lorsque tu seras tranquille." A ces mots, je descends mon balai, le faisant lâcher, le jetant même sur le côté avant de me faire glisser dos contre le mur, sur le sol. Je le regarde avec des yeux de merlan frit. Si il n’était pas là exprès, ça voulait dire qu’on était vraiment enfermé et pour de bon. Bizarrement, ce genre de pensée aurait eu le mérite de me faire repartir dans une crise de délires. Mais quand on se fait assommer par un tel discours scientifique, avec mon cerveau d’intelligence moyenne, je ne me sentais pas d’humeur. « Alors… on est vraiment coincés pour la nuit ? » Il faisait sombre, seul les lumières toujours en veilleuse des sorties de secours (bloquée au passage) nous éclairait. Je me recroqueville sur moi-même, posant mon menton sur le sommet de mes genoux. L’espace autour de moi était à la fois gigantesque mais ridiculement petit. Je commence à geindre, me résignant à mon horrible sort… « Pourquoi je finis toujours enferméééééééeeeee… » Quand ma mère et mon père m’ont récupérer à l’hôpital, ils ne pouvaient fermer aucune porte, je ne voulais pas prendre de douche enfermée dans la salle de bain, ni même les toilettes ! Avec le temps, je m’y suis faite, mais j’ai encore du mal à fermer le verrou cela dit. Ma chambre, j’ai passé des années à me battre à avec ma mère pour qu’on détruise ma porte, j’estimais, qu’elle entravait ma liberté. Maladroite comme elle est, elle m’a enfermée dedans pour que je me rende compte que j’étais en sécurité. J’ai complétement paniquée et j’ai sauté par la fenêtre. Je me suis cassé la cheville et les voisins m’ont vu faire. Les rumeurs ont repris bon train après ça. Puis une fois de me sentir le nombril du monde, je relève la tête, réalisant que maintenant, et oui, je l’ai dit que mon cerveau était lent dans ces conditions, qu’il était tombé de beaucoup plus haut que je ne l’aurais cru.
« Mais… Est-ce que ça va ? Tu ne t’es rien cassé j’espère ? » Non je ne suis pas lunatique, je suis simplement entière dans mes émotions… Quoi comment-ça aucune différence ?
Sujet: Re: Minuit l'heure du crime [Vicky] Jeu 5 Sep 2013 - 16:31
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Vicky et Arthur
∞ minuit l'heure du crime
Si la peur était à la recherche d'un visage, elle aurait volé celui de cette jeune fille. Sous ses sourcils arqués bien haut sur son front, ses yeux volaient nerveusement à la recherche d'une faille par où s'échapper. Ils étaient tellement écarquillés. Ils ressemblaient à deux feuilles blanches, percées d'un simple trou, que les mouvements brusques d'une tête aux traits d'hystérique faisaient trembler. La raideur de sa gorge fit descendre sa lèvre inférieure et son menton. De par cette bouche grande ouverte s'échappait le râle d'une bête piégée percevant les pas du chasseur se rapprochant. Son front était en sueur. On pouvait presque voir posé dessus le canon métallique qui allait lui distribuer la mort dans un éclat de poudre noire. Arthur s'était levé. Il était facile de décrypter ce que ce corps contracté hurlait dans sa propre langue. La fille n'avait pas peur. Elle était terrorisée. La brunette ne mis pas longtemps à remarquer qu'il s'avançait lentement vers elle. "PAS BOUGER !" s'écria-t-elle d'une voix qui grimpait dans les aigus. Le Juif se figea instantanément. Parce qu'elle l'avait surpris mais aussi parce qu'il ne voulait pas la traumatiser davantage. Il voulait l'aider. "D'accord. D'accord. Je ne bouge plus." la rassura-t-il d'un ton voulu calme. Lorsqu'il lui demanda si elle allait bien, elle jeta son visage en avant, les sourcils enfoncés dans le bord de ses yeux révulsés, pour cracher : "Est-ce que j’ai l’air d’aller bien ?!" L'Omicron hocha la tête. "Non...Il est plus qu'évident que non." Cette remarque, même corrompue par le fiel de la peur, avait froissé quelque chose dans le fil défilant à grande vitesse de ses pensées. Quelque chose qui réveilla une pointe d'exaspération dans la trame de ses réflexions. Il était vexé. Vexé parce que la fille claustrophobe qui s'était lancée dans un gymnase fermé insinuait qu'il était con. C'est sans doute à cause de cette tâche noire qui salissait les eaux clairs de ses pensés qu'il ne pu s'empêcher d'ajouter sur un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu : "Mais tu sais ... C'était plus par politesse que je te posais cette question sous cette forme là. Il fallait le prendre comme un "Qu'est ce qui ne va pas ?" ou encore "Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?" " Il haussa les épaules. Il l'observait, les bras croisés sur son torse, alors qu'elle balayait la salle d'un regard si révulsé qu'on aurait presque dit qu'il était entièrement blanc si on ne pouvait pas voir ces deux petites mouchettes brunes, extrêmement mobiles, qui virevoltaient dans tous les sens. C'est là qu'il conclu qu'elle avait sauté par la fenêtre. Et c'est là qu'il remarqua ses yeux marrons fixés sur lui tandis qu'il examinait son état à la hauteur de ses fesses. Il s'empressa de la rassurer sur ses intentions purement médicales mais sa langue qui emmêla ses mots dans sa bouche ne l'aida pas vraiment. Il voulait juste s'assurer qu'elle n'avait pas de traumatisme. C'était tout. Lorsqu'il reporta son attention sur la brunette et non plus sur la confusion qui régnait entre ses lèvres, elle avait happé un manche en bois. "Oh non. S'il-te-plait. Pas le balai." Elle le leva jusqu'à ce qu'il arrive à l'horizontal en face d'elle tandis que le Juif souleva une main aux doigts écartés devant lui. "Repose ce balais.""Ne t’approches pas plus !" s'écria-t-elle en agitant son arme à l'aide de petits mouvements frénétiques. "Mais je... Je n'ai pas bougé !" Quelque part sous la longue chevelure brune, un câble avait pété. "C’est toi ! Tu l’as fait exprès j’en suis sûr !""Mais de quoi est-ce que- ?" Soupire. Dans la tête d'Arthur, le flot sombre de ses pensées infectées par l'énervement s'élargissait. Son bras pointa le sommet des espaliers. "Je suis tombé de là haut quand même, tu crois vraiment que je l'ai fait exprès ?""C’est Nana je parie !""Je ne connais pas de Nana." "Lily..." "Non !" "Je suis sûre qu’elle n’est pas loin et qu’elle se marre !" "Est-ce que t'écoute seulement ce que je te dis ?!" "N’approche pas ou je t’assomme ! Et.... Et je suis très capable de le faire !" Lorsque l'Omicron desserra les dents, sa voix avait presque atteint la même puissance que celle de la jeune fille. "Maintenant tu vas m'écouter !"
La tâche noire venait d'exploser.
Il enchaîna sans lui laisser le temps de parler. "Lorsqu'un corps entre en chute libre, sans vitesse initiale, il tombe verticalement sous l'action de la pesanteur. Sa vitesse au moment de l'impact sur le sol varie en fonction de la hauteur de la chute. Plus cette hauteur est importante, plus la vitesse est grande. 20 km/h et ce sont des contusions légères. 30 km/h et ce sont des blessures graves. 40 km/h et c'est l'invalidité. 55 km/h... Et c'est le cercueil !" Il avait insisté sur le dernier mot pour qu'elle saisisse toute l'horreur qui se cachait derrière. "Je viens de faire une chute d'entre cinq et dix mètres. Cela veut dire que ma vitesse au moment de l'impacte était de plus de 40 km/h et approchait les 50 km/h ! Un calcul rapide et on peut très vite en conclure que si j'ai survécu avec un simple hématome sur la jambe c'est parce que je suis effroyablement chanceux ! Et toi..." Ses sourcils descendirent sur son front. "Tu penses que pour t'enfermer avec moi dans ce que tu as très justement qualifié de "gymnase tout pourri" je me suis jeté volontairement d'une hauteur d'une dizaine de mètres ?!" D'un pas ferme, il s'avança vers elle et enchaîna très rapidement: "Si je suis monté là haut c'est pour aller chercher mes baskets, si je suis tombé c'est parce que je suis maladroit, si tu es ici c'est parce que tu as voulu venir à mon secours, si tu es coincée ici c'est parce que tu n'as pas réfléchi avant d'agir et si tu crois que j'ai volontairement risqué ma vie pour titiller ton apparente claustrophobie c'est parce que tu es en plein délire alors fais moi une faveur..." Son talon claqua contre le sol alors qu'il s'arrêta juste en face elle, la main posée sur la brosse pointée vers lui. "Pose ce balai, assieds toi par terre, respire un bon coup et relève toi lorsque tu seras tranquille." Il avait terminé sur une note d'un calme contrôlé. Même s'il était énervé, son but restait le même: l'aider et non la traumatiser.
Comme un claustrophobe coincé dans un ascenseur, je sens les murs de cette pièce, pourtant immensément spacieuse se rapprocher sur moi. Mon cœur se serre douloureusement et je déteste l’idée d’être bloquée ici. Oubliant l’existence même du garçon sur le sol, le seul sujet qui occupa mon esprit en cet instant, était « comment sortir d’ici ? ». Mon regard s’affola, mes sourcils ne formaient plus qu’un accent circonflexe bradés par un dyslexique. Je faisais les cent pas, de la fenêtre à la porte, la porte à la fenêtre. Je me souvins seulement de l’existence de notre victime seulement pour savoir s’il y avait une autre issu. Question complétement inutile quand on sait pourquoi je suis venue et quel genre de conversation m’a poussé à venir ici. Je cogne mon front contre l’entrée pour me punir d’être aussi stupide. Je maugréais contre moi-même, m’en arrachant presque les cheveux, me parlant à moi-même comme si j’étais une folle. Le peur commence à prendre le dessus, je commence à perdre pied comme l’autre jour à la piscine. Si cette fois-là c’était justifier, me trouver enfermé dans un endroit clos avec un inconnu ne m’enchanter pas du tout. Je me retourne et je suis surprise de le voir debout. Il a beau être aussi grand que moi, je ne me sens pas, du tout, du tout rassuré, d’ailleurs ce maigrelet à même des épaules plus larges que les miennes. Il avance d’un pas, je me colle contre le mur, incapable de reculer plus du coup. « PAS BOUGER ! » Le son haut perché de ma voix me choque autant que lui est surpris de ma réaction. "Est-ce que... Est-ce que ça va aller ?" Mais il se fou de ma gueule ou bien ? Perte de patience, suffocation mentale, panique, totale, allez savoir, mais je finis par cracher, plus violemment que je ne le voudrais « Est-ce que j’ai l’air d’aller bien ! »
Je rajouterai bien un « bordel » pour ponctuer mon exaspération, mais ce n’est pas vraiment dans mon vocabulaire le plus courant, du coup, je n’y pense pas. Je regarde désespérément la fenêtre en lui tournant le dos. J’entends le grincement de sa chaussure, je me retourne comme un chat apeuré sur lui, les yeux grand ouverts et brillants, aux aguets. Je me souviens que mon psy m’expliquait que mes réactions étaient similaire à celles d’un animal sauvage et qu’il s’agissait pour moi, de ma seul défense pour assurer ma survie et que mon instinct avait, au fur à mesure de ces mois en captivité, pris le dessus sur ma raison. En y repensant, ce n’était pas si idiot que ça finalement. Je trouvais ma psy excentrique dans les conclusions et sa façon de me les exposer dans un vocabulaire que je peux comprendre… Mais j’eue finalement raison, je le savais ! Un homme est un homme, si peu grand, puisse-t-il être ! "Je regardais juste si tu ne présentais pas les symptômes d'un léger traumatisme ! Je...Je te jure..." « Ouai et bah t’approches pas ! » Hurlais-je en rasant le mur pour le garder à distance. Ce qui m’arrange, c’est qu’il se recule aussi.
Traumatisme… Pff s’il savait. Il se confond en explication et sa panique se communique jusque dans mes os. J’attrape le balai derrière moi, comme un réflexe, un besoin. Une arme de fortune, que je m’étonne moi-même d’avoir le courage de le brandir devant lui. "Je respecte l'intimité des filles. Je comprends qu'elles n'aiment pas quand les mecs font ça et je..." « Ne t’approches pas plus ! » J’agite la partie brosse du balais devant lui en gardant un air menaçant et apeuré sur le visage. Je ne suis pourtant pas paranoïaque, mais je me mets à divaguer et l’accuser de ce qui me traverse l’esprit. « C’est toi ! Tu l’as fait exprès j’en suis sûr ! C’est nana je parie ! Lily, je suis sûre qu’elle n’est pas loin et qu’elle se marre ! » En fait, j’avais sciemment évité cette fille car elle représentait l’exact genre de fille qui s’en était prise à moi durant ces cinq dernières années. L’ayant un peu repoussé, j’imaginais déjà la blondinette s’être vengée sur moi et utilisé le paria de service pour parvenir à ses fins. Il avance d’un pas, comme Ed à la piscine, les mains en l’air et le visage innocent. Mais là c’est différent, je suis enfermé, je ne peux pas courir m’échapper, je me mets à hurler et agiter mon balais de haut en bas de manière ahurie « N’approche pas ou je t’assomme ! Et.... Et je suis très capable de le faire !» Mes poumons se gonglent et se dégonflent machinalement, à toute allure, en grand, mue par l’adrénaline qui régit mes muscles et ma raison, essayant de donner un ton sur de soi, qui paru plus comme un gros mensonge hésitant.
C'était comme si Arthur était tombé dans le cœur d'une boîte remplie d'ouates. Une boîte qui s'était refermée dans un claquement assommant au dessus de son visage avant que les parois de coton ne se contractent comme un estomac le ferait lors d'une digestion difficile. C'est pourquoi le Juif ne perçu pas la puissance du choc. Du moins pas immédiatement. Il avait l'impression de s'être enfoncé dans le sol plutôt que de l'avoir heurté. Une douce sensation traduisant le moment où la chute l'avait sonné. Le moment où ses yeux cherchaient à s'accrocher à quelque chose pour le tiré hors du brouillard dans lequel il était en train de se noyer. Un moment qui lui sembla être une éternité mais qui ne dura en réalité pas plus de trois secondes. Trois petites secondes. C'est le temps qu'il fallut à la douleur pour relever ses paupières de flammes. Elle commença par crépiter sous sa chair comme un feu sur le point de naître avant d'incendier l'entièreté de son corps. Arthur écrasa une plainte entre ses dents serrées et roula sur lui même afin d'étouffer ces flammes sans couleur qui le léchaient de l'intérieure. C'est là qu'il l'entendit. Le bruit lourd d'un pas rapide se précipitant vers lui. Le rythme rassurant de la cavalerie qui arrive. L'air frais déplacé par un mouvement proche qui le frappa dans le dos lui indiqua que son sauveur venait de s'agenouiller derrière lui. "Mais dis quelque chose !!" s'inquiéta une voix claire. L'Omicron se laissa lentement tomber sur le côté. Sa tête pivota et il le vit: le regard marron bordé de long cils perché sur le visage d'une fille penchée sur lui. Automatiquement, sa fierté de mâle le secoua. Dis quelque chose Abramovic, dis quelque chose ! "Ca... ça fait assez mal." Ses yeux se réfugièrent immédiatement derrière ses paupières pour se cacher de l'embarras qui s'empara de lui, crispant un peu plus son visage déjà froissé par la souffrance. Avec un peu de chance, elle confondra sa communication maladroite avec la confusion qui suit un coup sur le crâne. "Attends je vais appeler les secours !" enchaîna la jeune fille avant de balayer ses cheveux foncés d'un mouvement sec de la tête pour envoyer ses yeux bruns à la recherche de son portable. Arthur s'autorisa à laisser échapper un soupire de soulagement. Son calvaire allait enfin prendre fin. Il allait pouvoir rentrer chez lui, prendre une douche, se coucher et ne jamais se relever. L'espoir de sortir d'ici qui détendit un instant ses muscles compressés par la douleur s'écrasa sous les petits "Non, non, non,..." répétitif de sa sauveuse. Étrangement paniquée, elle bondit sur ses pieds pour filler vers la porte d'entrée qu'elle secoua à grands coups. Les épaules de l'Omicron retombèrent. Apparemment pas de portable ni d'issue de secours. De l'héroïne, la brunette prenait le statut de compagnon de cellule. Et le Juif retourna dans son bon vieux rôle de victime de la vie. Ou de la malchance. Voir des deux. Puisqu'il était condamné à rester ici, l'instinct d'officier de santé qu'il avait adopté en passant ses soirées dans des livres de médecine l'attrapa par la main pour l’entraîner dans la valse des vérifications. Absence d'hémorragie, douleur localisée au niveau du fessier mais absence d'invalidité fonctionnelle, absence d'un œdème, absence d'un craquement indiquant le déplacement d'un os, absence d'un enfoncement,...
Arthur cligna des yeux. Il venait de survivre à une chute de plusieurs mètres avec seulement un solide hématome sur la cuisse et un corps légèrement endolori. Peut-être qu'il n'était pas si malchanceux que ça au final ? Ou alors la vie n'avait pas fini de jouer avec lui.
Il se poussa précautionneusement en avant afin de s’asseoir. A quelque pas de lui, la jeune fille volait d'un bout à l'autre de la salle. Elle ressemblait à une tempête brune se ruant sur les vitres d'une vieille maison. Le Juif jugea bon de la rassurer sur son état. "Je vais bien. Je vais..." L'autre le coupa en lui demandant si il n'y avait pas une autre issue. L'angoisse avait fait monter sa voix d'un cran. Elle sonnait à présent comme un verre de cristal fissuré. "Non." répondit l'Omicron avant de secouer faiblement la tête. "Non, non." Le désespoir se lisait sur les traits du visage de sa camarade d'infortune qui jeta sa main dans sa tignasse sombre."Me dites pas que j'ai fais ça..." commença-t-elle doucement avant que son ton ne se brise en même temps que son sang-froid. "Me dites pas que je suis bloquée dans un fichu gymnase pourri !!!" Arthur s'était déjà mis debout lorsqu'elle commença à paniquer. Une panique peu normale, même pour ce genre de situation. "Est-ce que... Est-ce que ça va aller ?" Comme elle lançait des coups d'œil répétitif à la fenêtre ouverte qui trônait sur le mur à quelques bons mètres au dessus d'elle, il en conclus qu'elle était entrée par ici -et que si elle espérait trouver un moyen pour sortir par là elle se trompait lourdement-. Ses réflexes de médecin prenant une nouvelle fois possession de sa personne, ses pupilles vagabondèrent sur les contours de la jeune fille à la recherche d'un éventuel traumatisme. Sa démarche, bien que raide, était vive et sans impotence. Son pas était brusque mais stable et ne montrait pas de signe de déséquilibre. Il était arrivé au niveau de ses fesses lorsqu'il remarqua que la fille le fixait. Il bondit en arrière en levant ses mains écartées. "Oh non ce n'est pas ce que tu crois !" Et merde. "Je regardait juste si tu ne présentais pas les symptômes d'un léger traumatisme ! Je...Je te jure..." Il insista sur ses mots en rabattant ses bras en avant. "Je ne suis pas un pervers." Il baissa la tête, trop gêné pour continuer à la regarder. "Je respecte l'intimité des filles. Je comprend qu'elles n'aiment pas quand les mecs font ça et je..." Il aurait pu continuer ses explications confuses pendant très longtemps si la brunette ne l'avait pas abattu en plein vol.
Un match se joue au gymnase. Ce n’est pas encore la rentrée, mais les activités extrascolaires prennent peu à peu vie dans l’enceinte de l’établissement. Je me suis même inscrite en cours de cuisine. Enfin dans le club où Ki va. Pour une fois je ne risquais pas de me faire appeler Cannibale, ou subir toute ces moqueries en rapport avec la nourriture. C’est à peine si j’ose manger de la viande devant les autres, j’ai toujours l’impression qu’on me dévisage, qu’on essaye d’imaginer le pire. Mon père croit même que je suis devenue végétarienne.
J’enfonce mes écouteurs dans les oreilles. Leurs formes me permettent d’isoler tous bruits extérieurs. Je mets play sur mon ipod et la musique vieillotte datant des années 90 se mets à jouer dans ma tête. « Keep myself Awake » est apaisant mais sans émotions. Ça me permet de ne pas trop rentrer dans la musique et chasser toute mauvaise distraction sonore. Assise sur ce banc dans le parc du lycée, je me mets à prendre un chien et sa maitresse pour modèle sous mon fusain. La jeune femme câline son colosse comme si c’était une peluche, et cette amour typique des amoureux des chiens m’inspire à dessiner un peu plus. Je détaille chaque courbe, chaque ondulation de sa chevelure. Je ne sais pas comment elle s’appeler, mais je l’ai déjà vu dans mon bâtiment c’est certain. Quand je relève la tête de mon calepin de papier cartonné, juste pour reprendre un visu de mon modèle, c’est une paire de jambes soigneusement épilée, habillé d’une jupe courte, orné d’un bracelet de cheville dorée et de chaussure Lauboutin, qui me font fasse. « Mais qu’est-ce que tu fais là Victory ? » Je retire mes écouteurs pour lui répondre et mieux l’entendre : « ahem… Vicky… et je dessine… » « Non mais viens avec nous… » Elle m’attrape le poignet et je me glaçe immédiatement à son contact, j’arrache mon poignet de ses mains et je la regarde enfin dans les yeux. Derrière elles, il y a ses amis, un grand blond au sourire séducteur, une petite grosse à lunette qui regarde en coin le grand blond et une brune qui a à peu près la même allure que moi. « Woaw pas la peine de réagir comme ça ! Mais viens avec nous tu vas louper tout le match ! » « Heu je ne sais pas… je suis nulle en basket de toute façon. » Elle pouffe de rire et son cortège derrière fait de même. J’arque les sourcils en accent circonflexe tant je me sens larguée. Je ne comprends pas ce qui est drôle. « T’es trop mignonne, allez viens avec nous … Ce n’est pas le basket qui nous intéresse ! » Elle reprend mon poignet et me tire avec elle. Le grand blonde me tend son bras et m’oblige presque à le lui tenir. « Tu verras ma chérie, les gars de l’équipe sont à croquer ! ». Je comprends alors qu’il est gay, mais alors pourquoi la nana à lunette le dévore ainsi du regard ?
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Trainé de force, je me retrouve dans ces gradins, et surtout dans un espace restreint, rempli de monde avec une odeur de plastique et de sueur qui envahis mes narines. Je tente bien de m’évadée grâce à mes pensées mais l’on m’interrompt toujours. « Hey Vicky regarde celui-là, on dirait qu’il t’a repéréééééé » Cancane le grand blond. Je regarde de quoi il me parle, et un joueur en défense me fixe, il est brun, les yeux clairs. J’avale ma salive, je n’aime pas ça, il me sourit et je tourne immédiatement la tête pour ne pas qu’il pense que je lui réponds. Je me penche vers Lily, la fille qui m’a forcé à venir ici. « Bon je vais partir, j’ai encore plein de chose à faire », je commence à me lever mais elle tire sur mon bras vers le bas pour me faire me rasseoir et s’exclame à nouveau « Attends regarde ! Le nerd va tirer ! » Je regarde alors, vaincu par tant d’entrain de sa part. Mes yeux les détails, je lis sa tension dans les yeux, je le vois tirer et je grimace. Je ne suis pas pro mais ce tir ne m’avait pas l’air assez puissant, mais il espère encore. Je retiens mon souffle, je me mets soudain à espérer qu’il y arrive. Si lui y arrive, s’il arrive à marquer un point, je pourrais peut-être m’affirmer et partir de là ?
Quelque secondes voir moins que ça de suspens et il rate lamentablement le panier. Je m’affaisse sur moi-même en soupirant et le grand blond me tapote du coude en se moquant. « Pfff comme si ce nul aurait réussi, il a fait perdre toute son équipe en se prenant pour un super héros… » Je fronce les sourcils et le regarde en travers. Ce mec est vraiment moqueur. Tout le monde a le droit d’échouer non ? C’en est trop et justement assez pour que je puisse me rebiffer. Je me lève d’un bout et traverse les gradins en emmerdant tout le monde pour me laisser passer. Lily m’interpelle « Mais où tu vas ? » « Je rentre… je me sens… malade ! » Piètre excuse, mais je n’ai pas envie de rester un instant de plus avec eux.
Je traverse la cour en remettant mes écouteurs à fond dans les oreilles. Je regarde mon calepin et mon croquis inachevé ! J’aurais vraiment du rester dans ce parc à finir ce dessins plutôt que suivre ces abrutis. C’est le même genre de personne qui me raillerait s’il savait tout à mon sujet…
Je cours, je cours et cours, mais au lieu de prendre de la vitesse, mes pas sont lent, extrêmement lent ! Je n’arrive pas à me dépêtrer de cette colle invisible alors qu’il est derrière, qu’il arrive, qu’il va me tuer, qu’il va à nouveau m’enfermer. Mon cœur s’accélère, et il se rapproche. J’hurle, j’appelle à l’aide, et il m’attrape, me secoue, me crie mon nom ! Il me secoue de droite à gauche en hurlant « VICKY ». Puis je me réveille et c’est Savannah qui me secoue fermement en hurlant mon prénom. Je la dévisage, je respire terriblement fort et j’observe autour de moi. Je suis dans ma chambre à Wynwood. Celui qui m’avait attrapé n’était personne d’autre que Savannah, que j’avais surement du réveillé avec mes cris. « Putain tu fais chier à réveiller tout le monde avec tes conneries ! » Elle est de mauvaise humeur et je ne peux pas l’en blâmer.
Je marche dehors, encore en pantalon de pyjama, un gros pull étouffant sur le dos. Ma tête dans la capuche, l’air n’est pas du tout frais et pourtant les forêts de Sacramento ne me manquent pas du tout. Je suis sortie pour éviter de m’attirer les foudres de ma colocataire, puis vu l’heure je n’allais pas dormir avant deux trois heures. Ça me bloque d’avoir quelqu’un dans la même chambre que moi, je ne peux pas faire ce que je veux. Une fois dehors, je me mets à courir, courir le plus vite possible ! Ça fait du bien de pouvoir le faire, ce rêve m’a complétement frustré, j’avais peur de ne plus savoir comment fuir. Je passe à côté de deux garçons en train de rire, ne marchant pas droit. Je baisse immédiatement la tête, j’évite tout contact visuel, j’enfonce mes mains dans mes poches et je prie le ciel pour qu’il ne remarque pas ma tenue et décide de s’occuper de moi juste pour rigoler. Dans notre croisement, j’intercepte un bout de leur conversation « Tu crois qu’il va dormir la dedans ? » « Ça lui fera les pieds ! De toute manière il nous a fait perdre ! Qu’ils y dorment dans ce gymnase de t… » Je n’en comprends pas plus. Je me mords la lèvre, je suis maintenant curieuse. Parlait-il vraiment de quelqu’un ? N’étant qu’à quelques pas du gymnase, pousser par ma curiosité et ma fâcheuse tendance à suivre les impulsions dangereuse, je décide de tracer ma route jusqu’à l’entrée. Je tourne la poignet et mon cœur s’arrête un tiers de seconde… Fermé ! Je grimace, je me sens idiote, je me suis encore fait des films pour rien. Je fais le tour du mur, il y a une fenêtre en hauteur, elle est ouverte… J’y vais ? J’y vais pas ? Je secoue la tête et je tour le dos au mur, je suis trop idiote, je ne vais pas faire ça ! « KABOUME » Le bruit me fait sursauter et je me retourne immédiatement en regardant la fenêtre. Il y a quelqu’un dedans ! Je remonte mes manches et j’escalade l’arbre qui lèche le mur extérieur. J’attrape l’encadrement de la fenêtre, elle n’est pas bien grande mais j’ai l’avantage de n’être pas très volumineuse non plus. Je dois passer en arrière, les jambes d’abord, puis le buste. Je fais passer le reste du corps à l’intérieur et je me laisse pendre au bout de mes bras. Je ne vois pas le sol, j’essaye de pencher la tête mais je risque de tomber. Je lâche en priant que le sol ne soit pas loin. Ma chute ne fait même pas une seconde quand je rencontre de mes talons le sol, puis atterrit sur les fesses en criant de surprise. J’ai mal aux fesses maintenant ! Je me retourne comme un animal aux aguets, m’attendant à trouver un mec enfermé, ligoté ou je ne sais quoi. Mais au lieu de ça, je trouve un garçon se roulant sur le sol en gesticulant. De loin, je ne le reconnais absolument pas, mais je me relève en vitesse et accourant dans sa direction.
« Hey ça va ? Tu t’es fait mal ? C’est grave ? » Je m’impatiente et finit mon trajet en m’accroupissant vers lui. « Mais dis quelque chose !!! ». Je vois enfin son visage et je reconnais ses traits entre mille. Je l’avais plein quand il avait raté ce panier plus tôt dans l’après-midi. Et j’avais détesté entendre les autres le dénigrer. Je m’étais identifié à lui à l’instant même ou on l’avait traité de nerd. Je n’osais pas le toucher, je n’osai pas l’ausculté. Il était conscient, c’était déjà ça. « Attends je vais appeler les secours ! » Je passe ma main sur ma fesse, espérant trouver la poche dans laquelle je fourres mon Iphone. Mais je réalise alors que je suis en pyjama et donc sans poche ! "Non non non non non non non" Je me lève et je cours vers l’entrée pour sortir, mais c’est bloqué… Mais oui, sinon les garçons n’auraient pas dit qu’il y passerait la nuit. Je sens comme une certaine panique m’envahir. La fenêtre ! Je lève la tête vers elle… Wow j’ai sauté de si haut ? Pas étonnant que j’ai encore mal à mon fessier. « Hey toi ! Dis-moi qu’il y a une autre issue !!! » Plus doucement mais tout autant perturbé je commences à me lamenté "Me dites pas que j'ai fais ça, me dites pas que je suis bloquée dans un fichu gymnase pourri !!!!" Commençais-je à m'énerver !
Le 6 Janvier 1988, sous les ovations frénétiques de la foule, Michael Jordan s'élance. Tandis que sa tête se poste à hauteur de l’arceau, son corps lévite. Le smash claque. Dans un même mouvement d'exaltation, le public et les commentateurs explosent. Les jugent lui accordent le 50 qui lui permettra de remporter la victoire du Slam Dunk Contest. Historique.
En cette année 2013, Arthur Abramovic espérait lui aussi entrer dans l'histoire du basket ball. Une faible impulsion et il prit son envol. Arrivé à hauteur satisfaisante, il exécuta un mouvement sec du poignet. La balle était lancée. Le brun la regarda filler vers le panier, ses pupilles rétrécies par la tension la suppliant de rentrer. Il fallait que ça marche ! Un petit : "Ca alors..." s'échappa de la bouche de l'un des joueurs. Sur le terrain, tout le monde avait les yeux levés vers ce ballon que rien ne semblait pouvoir arrêter. Ni la médiocrité de son lanceur. Ni la mollesse du son décollage. Ni la gravité et sa loi qui le tirait irrésistiblement vers le bas. Il volait jusqu'à son objectif en montrant un doigt d'honneur à toutes les formulent physiques qui voulaient le voir descendre. Ou du moins dans la tête envahie par l'espoir du petit Juif. Parce que dans la réalité, une balle n'a pas d'ambition. A au moins un bon mètre devant la cible, elle piqua du nez. Arthur se crispa. Elle rebondit sur le sol dans un léger claquement. "Il a encore raté son coup." termina l'autre. Le capitaine de l'équipe ayant eut le malheur de compter Kaboomovic dans ses rangs secoua lentement la tête. Il n'avait même plus la force de manifester son énervement. A l'autre bout de la salle, on siffla la fin du match. Les bras de l'Omicron retombèrent contre son flanc. C'est dans cette pose de vaincu qu'il se traina jusqu'aux vestiaires sous les acclamations de l'équipe adverse et la lourdeur du flot noir que les yeux de ses coéquipiers versèrent sur lui. Son regard vagabondait sur le sol lorsque deux pieds figés sous son nez lui firent relever la tête. Son capitaine croisa les bras. "Quel coup de main..." "Merci, merci ... J'ai essayé. Voilà. A quoi tu t'attendais de toute manière ?" Haussement d'épaules. "A rien." "C'était une question rhétorique. T'étais pas obligé de répondre." bredouilla l'Omicron en reprenant sa route. Une main se posa sur son épaule. "Ecoute Abramovic, tu l'as dis toi même: t'as essayé. Mais voilà. T'es toi." Arthur se tourna vers lui avec un air qui disait : "Merci, je me sens beaucoup mieux maintenant que cet échec a été résumé à mon être tout entier..." L'autre hocha la tête. "T'es nul en sport et ... Dans quelques autres domaines." Ca puait l'euphémisme. "T'y peux rien. Je peux le comprendre. Mais nous non plus on n'y peut rien mon vieux." Sa main le tapota plusieurs fois avant de s'éloigner de son épaule. "Alors la prochaine fois, évite la balle au lieu de l'attraper. On perdra moins de temps." Un faible sourire et il s'en alla, laissant Arthur seul dans son silence.
"Hum ... Les gars ? Si je peux entendre vos rires je suis positivement certain que vous pouvez m'entendre cogner à cette porte." De l'autre côté du mur, les ricanements s'éloignèrent peu à peu avant de s'estomper entièrement dans un long silence affolant. La tête d'Arthur s'inclina contre la porte métallique du gymnase. Le fer glacial lui mordit le front. C'était dans ces moments là où il regrettait d'avoir pris l'initiative de sortir de chez lui. Il se souvenait alors que les livres dont il s'était nourrit l'esprit pendant toutes ces années ne l'avaient pas préparé à tenir une conversation raisonnée et courtoise avec la cruauté, souveraine de ce campus. Le Juif se tourna vers le gymnase que l'angoisse transforma en prison. Ses yeux, partis à la recherche d'un échappatoire, furent attirés par deux petits êtres blancs pendus à l'un des néons qui éclairaient la salle. C'était des chaussures de sport suspendues par leurs lacets.
Des chaussures de sport qui ressemblaient étrangement aux siennes.
"C'est pas vrai" murmura-t-il avant de jeter son sac sur le sol. Il l'ouvrit en deux et fourra ses mains dans son ventre de tissus. Il retourna ses entrailles faites de t-shirts et de shorts encore suintants, fouilla les recoins les plus profonds de son gosier mais ses doigts ne trouvèrent aucune forme familière pour rassurer ses craintes. Ces deux chaussures de sports qui se baladaient dans la forêt de lampes qui revêtait le plafond étaient belle et bien ses chaussures "Génial." soupira-t-il. Il avança vers la porte avec la fragile ambition de la marteler de son poing jusqu'à ce que quelqu'un lui ouvre. On allait bien finir par l'entendre.
Lorsque la grande aguille de sa montre se décala pour indiquer qu'il était minuit, Arthur se déclara maudit. Cela faisait environ six heures qu'il était piégé dans cette cage. Après une heure, il avait déjà cru identifier la présence des effets déstructurant de l'incarcération. Dépossession spatio-temporel, anesthésie des besoins du corps, expression destructrice de l'ennui,... Un véritable régale pour un jeune homme délirant à la moindre anormalité se manifestant sur son corps ou dans son crâne. Quand la deuxième heure s'écoula, toute les lampes s'éteignirent dans un orchestre de cliquetis. La cinquième heure sonna et le Juif, plongé dans une obscurité vaguement éclairée par les faisceaux de lumière que lui envoyait la lune, replia ses jambes contre son torse, se préparant psychologiquement à passer la nuit ici en organisant un mini karaoké dans sa tête. Passé minuit, son esprit était en pleine interprétation approximative du refrain enflammé d'I Will Always Love You lorsqu'il se surpris à se mettre debout. Son menton redressa son visage tandis que son nez pointa les deux chaussures qui se balançait tranquillement à une petite dizaine de mètres au dessus de lui. Il fronça les sourcils. Ses geôliers avaient bien du escalader quelque chose pour atteindre cette lampe. Ses yeux s'arrêtèrent sur les espaliers qui montaient comme des plantes grimpantes jusqu'au plafond. Parfait. Sa première main se referma sur le barreau qui lui arrivait au dessus de tête avant d'être rejoint par la deuxième. Les rides qui plissaient légèrement son front traduisirent une légère hésitation qui se gomma instantanément lorsqu'il secoua énergiquement la tête de droite à gauche. Il se propulsa vers le haut. Ses bras le hissèrent jusqu'au sommet avec une vivacité digne du plus sportif des Rho Kappa mais également un vague esthétisme rappelant l'origine de sa confrérie. Arrivé à bonne hauteur, ses yeux se tournèrent vers son objectif. Ses chaussures étaient là, à trois bon mètres de lui. Le brun se pencha et étendit son bras devant lui. Il l'agita inutilement dans le vide avant de laisser retomber. Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, il balança le poids de son corps en avant, abandonnant l'un de ses pieds au vide. Dans son effort, il se mordit la lèvre inférieur sans s'en rendre compte. Il y était presque. Il pouvait presque caresser la surface lisse de la semelle. Les doigts enroulés autour du barreau s'ouvrirent un peu plus. Il était en train d'effleurer le talon de sa chaussure droite lorsque ses yeux s'élargirent soudainement. A l'autre bout, sa main venait de déraper avant de se refermer contre sa paume. Oh non. Son cœur essaya de sauter hors de sa poitrine lorsqu'il bascula dans le vide.
Le choc résonna dans toute la salle. Ses lunettes glissèrent sur le sol dans un crissement plaintif. Couché sur le côté, Arthur se recroquevilla sur lui-même. Sa bouche grimaçante de douleur était ouverte mais sa gorge était trop serrée pour qu'un son ne s'en échappe. Il roula lentement sur le dos en serrant les dents.