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 {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]

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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyVen 13 Sep 2013 - 14:54

Je n’avais même pas remarqué sa veste tomber. Tout ce que je voyais, c’était lui, c’était son visage si parfait, ses yeux qu’il fermait presque douloureusement. Tout ce que je sentais, c’étaient les frissons qui me parcouraient tout le corps, c’était la vague de désir qui me noyait tant elle était puissante, mais aussi la douceur de ses cheveux, et mon cœur qui s’acharnait contre ma cage thoracique, ainsi que la douce sensation de sa main contre mon sein. Ki rouvrit les yeux et se rapprocha encore de moi. Il leva une main vers mon visage et caressa ma joue du bout des doigts, provoquant un nouvel élan de désir dans mon corps déjà sur le point d’exploser. Lorsqu’il frôla mes lèvres, je dus retenir un gémissement pour ne pas me trahir. Ki approcha son visage du mien, lentement… très lentement, sans cesser de cajoler ma lèvre de la pulpe de son doigt. Je restais immobile, hypnotisée par lui, par ce qu’il me faisait ressentir au plus profond de moi. Jamais un tel désir ne m’avait étreinte auparavant. J’en arrivais à me demander si les séquelles de ma relation avec Adam étaient immuables ou si le coréen arriverait à briser mes chaines. Nos souffles qui se mêlaient m’emplissaient toute entière, le picotement provoqué par ses caresses sur ma bouche se répercutait au creux de mon ventre, envoyant vague sur vague de désir dans mon pauvre corps malmené par la tempête Ki Beom. Il soupira… je gémis faiblement, et ses lèvres se posèrent enfin sur les miennes.

Mes yeux se fermèrent, la tendresse de son baiser me prit de court. Ses lèvres étaient légères comme les ailes d’un papillon, c’était bien différent de la première fois, bien plus agréable… mais tout aussi court. Il embrassa ensuite doucement ma joue et posa sa tête sur mon épaule. Je soupirai de bien-être, ma main vint s’accrocher au bas de son tee-shirt, dans l’espoir que l’on reste ainsi éternellement – ou que son tee-shirt fonde sous mes doigts, qu’il se retrouve torse nu, colle son corps contre le mien, me pousse contre un mur, les yeux plein de désir et me… oups, je me laissais emporter –.

« Rubi, je... je suis désolé. Je sais pas ce qui m'a pris » chuchota-t-il à mon oreille.

J’allais lui répondre lorsqu’une voix nous interrompit, ce qui faillit m’envoyer aux urgences pour arrêt cardiaque.

« Bah vous foutez quoi ? »

Je sursautai et sentis Ki se détacher brutalement de moi. Le rouge me monta violement aux joues et je me tournai vers cet imbécile qui venait de gâcher un moment parfait.

« R… rien » balbutiai-je, le souffle court.

Ki en profita pour ramasser sa veste et il l’enfila, mais je n’osais pas le regarder. A la place, je fusillais du regard ce type dont j’avais déjà oublié le nom.

« Pardon vraiment, je... Content de t'avoir revu, j'y vais… Tes doigts seront saufs » me dit alors le coréen, accrochant mon regard une dernière fois.

« Ki ! » m’exclamai-je, pas assez fort cependant : il avait déjà filé.

Je ne savais pas à qui j’en voulais le plus. Une fois l’objet de mon désir disparut derrière la porte, je lançai un regard furieux au type.

« Imbécile » ne pus-je m’empêcher de marmonner.

« Qu’est-ce que j’ai fait ?! »

Soit il était con, soit il le faisait exprès. Je secouai la tête et retournai près de plan de travail, les jambes tremblantes. Il me fallut une dizaine de minutes pour me calmer, au bas mot. Quand Vicky revint, elle me trouva dans un état nerveux assez impressionnant, et nous terminâmes la tarte dans le silence le plus complet. Je rentrai ensuite chez les Eta Iota, sans savoir que faire. Je n’avais pas pu cesser de penser à lui, depuis qu’il était parti pour la Corée. Maintenant qu’il était revenu, que je lui avais avoué une partie de ce que je ressentais… cela me serait encore plus difficile, pour ne pas dire impossible. Je pris une longue douche glacée, espérant éteindre le feu qui me consumait le bas ventre. En vain. Je m’endormis ensuite très tard dans la nuit, après m’être tournée et retournée dans tous les sens, et avoir fait subir la même chose à mon esprit. Et bien entendu… je rêvai de lui.


Fin :snif1: 
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptySam 7 Sep 2013 - 11:37






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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyMer 4 Sep 2013 - 22:10

Lorsque ses doigts s’enroulèrent avec force autour de mon poignet, je sursautai en poussant un gémissement effrayé… du moins, c’est ainsi que je préférai l’entendre, mettant de côté toutes les sensations qui avaient explosé en moi à ce simple et banal contact. Mon cœur accéléra encore son rythme effréné, je ne doutais pas une seule seconde qu’il s’agissait de Ki – un autre que lui ne m’aurais pas embrasée à ce simple contact, lui seul avait ce pouvoir sur moi – mais n’arrivais pas à comprendre pourquoi il me retenait. Ma présence le gênait, sans doute avec autant de force que je redoutais la sienne, tout en la désirant. Alors… pourquoi ? N’aurait-il pas été plus simple pour lui comme moi, qu’il me laisse partir ? Les larmes qui roulaient sur mes joues, il était impossible de les rattraper. A défaut, je lâchai la poignée de la porte et passai une main fébrile sur mes joues. Je me retournai ensuite et plantai mes yeux dans les siens, cherchant à comprendre. Mais j’avais beau le regarder, je ne comprenais pas. Mon esprit était accaparé par la sensation de ses doigts autour de mon poignet. Il me serrait tellement fort que j’étais persuadée qu’il devait sentir le sang pulser sous ma peau à une vitesse excessivement effroyable. Sans parler de son regard. J’avais l’impression qu’il me dévorait toute entière. Étais-je folle, ou était-ce bien du désir que je lisais dans ses yeux qui me fixaient avec une intensité telle qu’une douce chaleur naissait dans mon bas-ventre ? Sa propagation allait crescendo avec les battements de mon cœur. Je la sentais se répandre en moi, dévastatrice, si puissante que j’en rougissais de honte.

« Attend, reste s’il te plait » articula-t-il de sa voix caressante, ce qui n’arrangea pas mon état.

Je captais le moindre de ses souffles, chaque vibration de sa voix s’échouait dans mon oreille, la conscience d’avoir sa main tout contre ma peau me rendait absolument folle. Mes rétines imprimaient son image dans mon cerveau, au fer rouge, et son odeur m’emplissait toute entière. J’étais tel un capteur. Tous mes sens étaient en alerte, concentrés sur Ki, et uniquement sur lui. Plus rien d’autre n’avait d’importance.

« Reste Rubi, je… » hésita-t-il, et mon prénom ne me sembla jamais aussi beau qu’en cet instant, prononcé par sa bouche, franchissant la barrière de ses lèvres.

Quand avait-il gagné tant d’emprise sur moi ? Je ne comprenais pas. Je subissais, c’était à la fois éprouvant et à la fois… absolument jouissif, au bas mot. Le feu qui me consumait était une preuve suffisante du désir que j’avais pour lui, j’aurais voulu le nier que cela m’aurait été impossible, absolument et tout bonnement impossible. Il rougit, une fois de plus. Mes dents écrasèrent mes lèvres et je retins un nouveau gémissement.

« J'avais pris une peluche qui était rose et en fait, c'était à la fête foraine, j'en ai gagné plusieurs et il y en a une, je sais pas pourquoi je l'ai appelé Rubi, j'ai pensé à toi et je voulais te la donner mais je me disais que ça t’intéressait pas. Alors elle est dans ma chambre et... euh » commença-t-il par dire à une vitesse telle que cela me fit rire, à travers mes larmes.

Un rire léger, comme les envies qui s’agrippaient à mon corps chaste. Mes désirs faisaient désordre… Ki reprit sa respiration, semblant se rendre compte du ridicule de la situation. Bien que, le fait qu’il dise avoir pensé à moi me faisait plaisir à un point qu’il ne devait pas imaginer. Le coréen reprit la parole, et se rendit soudain compte qu’il tenait toujours mon poignet fermement serré entre ses doigts.

« Pardon » annonça-t-il en me lâchant, ce qui me soulagea et me déçut par la même occasion.

« Ce… c’est rien » murmurai-je en ramenant mon poignet contre mon cœur, l’attrapant de ma main libre.

La trace de ses doigts y était restée imprimée, j’avais encore la sensation de sa peau sur la mienne.

« Rubi, ce que je voulais te dire c'est de rester. Si c'est moi le problème, je partirai. On aurait peut être pu essayer de travailler ensemble, je pense pas que ça soit si impossible, si ? »

Que dire… si, bien sûr que ça l’était ! Mais je ne me voyais pas lui expliquer en long, en large et en travers que je me consumais de désir pour lui, que sa présence faisait battre mon cœur si vite que l’arrêt cardiaque me guettait, et que j’étais bien incapable de me concentrer sur autre chose que sur lui, s’il se tenait si proche de moi. Imaginez : Non, Ki, c’est impossible, si tu restes si proche de moi, je vais me sectionner un doigt, me trancher une artère ou tomber dans les pommes parce que j’en oublierai de respirer. Alors, je ne dis rien.

« Je ne veux pas t'ennuyer, je suis désolé. Je... et je disparaîtrais, je te le jure, tu ne croiseras plus jamais ma route... je... veux pas que ma présence t'empêche de continuer de faire ce que tu voulais dans le club. J'en trouverai un autre. Enfin, je sais pas mais ma présence avait l'air de t'avoir irritée et je... laisse moi juste reprendre ma veste. D’accord ? »

L’idée de le voir disparaître de ma vie me replongea sans le même état que celui dans lequel l’annonce de son départ m’avait mise. Mes larmes redoublèrent d’intensité et ma main se crispa sur le tissu de mon top. J’avais mal à l’idée de le savoir loin de moi à nouveau. Pourquoi était-ce si compliqué ? Nous n’étions pourtant que deux êtres humains, nous ne nous supportions pas il y a de cela quelques mois… alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que mon cœur me faisait si mal à cette simple idée de ne plus le revoir. Il s’était éloigné vers sa veste, pour la récupérer. J’avais la gorge nouée, mais il fallait pourtant que je le retienne. Il fallait que je lui avoue ce que je ressentais au plus profond de moi. Je m’étais déjà livrée à lui par le passé, il fallait que je recommence. Quand il revint, la veste négligemment posée sur son épaule, son visage avait repris cette expression froide. Ki avait remis son masque, et cela me dérouta. Il l’ôtait et le remettait plus vite qu’une Eta Iota change de tenue, il était si lunatique !

Comme je ne bougeais pas, il m’attrapa la main et je me laissai entrainer à sa suite, serrant légèrement mes doigts autour des siens, comme lui l’avait fait auparavant dans la laverie, quand je lui avais rendu son tee-shirt. Si ce n’est que, cette fois, nos peaux se touchaient. Il me tenait la main. Cela ne m’aidait pas à me concentrer. Une fois devant la table, l’Alpha Psi me fit face à nouveau. Nos regards s’accrochèrent, et je n’arrivais pas à admettre que cela pourrait être la dernière fois. Il me tenait toujours la main… et son autre main s’avança alors vers mon visage. Je sentis le rouge me monter aux joues, mon cœur loupa plusieurs battements et je cessai un instant de respirer, paralysée. Sa main rencontra ma joue, je fus incapable de faire le moindre mouvement. Une vague de désir afflua depuis mon bassin, répandant son souffle brûlant sous chaque centimètre de ma peau. Je voulais qu’il tapisse ma peau de ses caresses, je me mordis la lèvre et baissai un peu les yeux vers sa bouche. Son doigt ôta une larme de ma joue, il soupira… et je me remis à respirer. Je devais avoir l’air… affamée. Je l’observais avec une attention telle que je vis une toute petite cicatrice sur sa lèvre, qui n’était pas là avant. L’inquiétude vint se joindre à l’envie, se glissant tant bien que mal dans mon cerveau déconnecté de la réalité.

« Ki, je… » commençai, mais ma propre voix me dissuada de continuer.

Je pouvais presque m’entendre lui demander de prendre mes lèvres, dans la seconde… je resserrai ma main dans la sienne, plongeant à nouveau mes yeux dans les siens.

« Je m'excuse si c'est à cause de moi, enfin de ma présence que tu verses des larmes, tu ne devrais pas. Garde-les pour quelqu'un qui mérite de les voir. S'il te plaît ne pleure plus, ton mascara va couler. Je... vais partir mais ne pleure plus ».

Il baissa les yeux, et je compris que si je ne réagissais pas tout de suite, il serait trop tard. Le cœur battant à tout rompre, la respiration saccadée, le souffle court… tels étaient les symptômes de sa présence. Sans parler du désir qui se répandait aussi bien en moi qu’en dehors de moi, ce qui me mettait d’ailleurs extrêmement mal à l’aise. Mais au point où j’en étais, je ne pouvais pas rougir plus, de toute façon.

« Ki, je… je ne veux pas que tu partes » murmurai-je d’une toute petite voix. « Je suis heureuse de te voir, je… je suis heureuse que tu sois revenu, et je… »

S’il n’arrivait pas, maintenant, à s’échapper de ma cage thoracique, alors mon cœur était coincé à jamais dans mon corps étriqué.

« Si je pleure, c’est simplement parce que je suis soulagée… mais, je ne… je ne peux pas cuisiner avec toi, Ki. J’ai peur de me couper un doigt, tu sais ? » lui avouai-je en souriant très doucement. « Ta présence… elle ne m’irrite pas, elle me perturbe. Mon cœur… j’ai l’impression qu’il va exploser, tu comprends ? ».

Je relevai nos mains toujours enlacées et posai la sienne, sans réfléchir, à hauteur de ma poitrine, afin qu’il juge par lui-même de l’effet qu’il me faisait, tout en gardant la mienne par-dessus. Ma main libre s’aventura timidement sur son épaule, puis dans sa nuque et j’enlaçai mes doigts à ses cheveux.

« Je… » hésitai-je, en baissant les yeux. « C’est idiot, je ne comprends pas comment c’est arrivé, mais depuis… depuis la laverie, je me… je me consume de désir pour toi, Ki ».

Ma voix était si faible qu’il avait sans doute dû tendre l’oreille pour entendre mes dernières paroles.

« Et je… je ne veux pas perdre un doigt, bon Dieu, c’est pour ça que je devrais… je devrais… » poursuivis-je, plus fort, comme pour détourner son attention sur autre chose que sur ce que je venais de lui dire.

Partir.

Oui, mais voilà… je n’en avais pas la moindre envie.
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyLun 2 Sep 2013 - 12:00






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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyMar 27 Aoû 2013 - 11:34

Je ne vis pas sa réaction, bien trop gênée pour oser poser les yeux sur lui. Je craignais… je ne sais pas ce dont j’avais peur, au juste. De lui ? Qu’il me repousse ? Qu’il me dise… qu’il me dise quoi ? Je n’en avais aucune idée, mais je tremblais de peur. De rage contre moi-même, je n’arrivais pas à croire que je venais de dire ça. Devant lui. Tout haut. Assez fort pour qu’il l’entende. Et bien sûr, espérer une surdité soudaine était vain.

« Je... je t'ai man... manqué ? » répéta-t-il, apparemment incrédule.

Je ne répondis rien, le visage caché par mes cheveux, lui tournant toujours à moitié le dos, la bouche écrasée par mes mains furieuses. Sa voix était douce, mais je me souvenais parfaitement du ton que je prenais avec les gens que je cherchais à rabaisser. Une voix douce, derrière laquelle pointaient des accents ironiques et cruels. Je n’avais entendu que la douceur de sa voix. Peut-être avais-je automatiquement censuré le reste ? Peut-être pas, et cela me rendait malade de ne pas savoir. J’aurais aimé avoir une télécommande, mettre le temps sur pause, me reprendre, faire un retour en arrière et réécouter sa réaction. Ou plutôt, non ! Faire un retour en arrière et ne jamais avoir dit ça. Ne jamais m’être pointée dans ce Club idiot. Ne jamais avoir fait sa connaissance… ? Je rabaissai mes mains et les posai devant moi. Mon visage était tourné de façon à ne pas voir celui de Ki, même en vision périphérique, grâce au rideau que formaient mes cheveux blonds. J’entendis qu’il posait son couteau, mais je n’osais pas affronter son regard. Je n’aurais pas été capable de supporter quoi que ce soit venant de lui. Que cela soit une parole gentille, méchante, un geste amical ou même une claque. Sa présence me mettait déjà à elle seule dans tous mes états. Le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, les mains moites et les membres tremblants, j’attendis la suite qui ne venait pas. Incapable de bouger, de dire quoi que ce soit. Et pourtant, Dieu seul sait à quel point je rêvais de me jeter vers la porte et de m’enfuir en courant.

« Je... pardon Rubi. Tu... tu m'as aussi manqué ».

Tu mens, tu mens, tu mens, TU MENS ! s’insurgea mon esprit, tandis que mon corps refusait toujours d’avoir une quelconque réaction autre que celles qui me faisaient actuellement me sentir faible et misérable, vulnérable.

« Comment tu as appris pour mon départ ? » me demanda-t-il, et ne pas le voir me permit de me rendre compte que sa voix était… terne.

Terne et sans conviction aucune. Comme si ce n’était pas réellement lui qui me parlait. Comment faisait-il. Mes doigts se crispèrent sur la table, y exerçant une pression inutile qui blanchit mes ongles, empêchant momentanément le sang de passer. Le léger froissement du couteau séparant une prune en deux attira mon attention. Il s’occupait les mains, et moi j’étais aussi immobile qu’une statue de sel. Méduse s’était réincarnée en lui, jetant sur moi ses nombreuses paires d’yeux et me figeant pour l’éternité dans cette position rigide et ridicule.

« Hm, je… par hasard » finis-je par lui répondre d’une voix blanche.

Mon Dieu, sortez moi de là.

« Je suis revenu parce que je n'avais pas d'autre choix, ma vie n'a pas pris la tournure que je souhaitais et puis, il y a des gens ici qui tiennent à moi... enfin je crois, je sais pas... alors je suis revenu pour moi et pour eux ».

Son ton était si froid… cela m’acheva. Je sentis ma gorge se nouer, mes yeux s’embuer et mon cœur se serrer. La voix de Ki était si tranchante qu’elle s’apparentait pour moi à la lame d’un couperet. Je perdis la tête. Cette cuisine était mon échafaud, et je n’avais même pas la dignité de feu Marie-Antoinette pour m’envelopper toute entière.

« Elle te va bien cette robe et cette coupe de cheveux ».

Je déglutis. Je n’en croyais pas un mot, il parlait pour combler le silence et n’avait en réalité qu’une envie : fuir. Voilà au moins une chose sur laquelle nous nous accordions. Je consentis enfin à me tourner vers lui et posai les yeux sur son visage rouge. De honte ? Je ne cherchais même plus à savoir. Je me retenais de pleurer, mes yeux me piquaient et me gorge me faisait mal. J’avais l’impression qu’elle était si serrée que bientôt l’air n’y passerait plus, comme si Ki avait enroulé ses doigts autour de mon cou et s’appliquait à serrer consciencieusement jusqu’à ce que je défaille. La sensation soudaine de sa peau sur la mienne me fit tressaillir. Il ne m’avait pas touchée, mais rien que d’imaginer ses doigts effleurer mon cou suffisait à me mettre dans tous mes états. Comme je ne disais rien, le coréen enchaina. Il était doué pour faire la conversation tout seul, visiblement.

« Sinon... hum Tu as passé de bonnes vacances ? Tu as fait quoi de beau ? »

Bien sûr, Ki, excellentes. J’ai passé mon temps à penser à toi tout en essayant de me convaincre de t’oublier, ce fut merveilleux. Je n’arrive plus à me souvenir des moments joyeux tant il y en a eu. Ah, et n’oublions pas de mentionner l’épave que je suis devenue, un vrai plaisir pour ma nouvelle colocataire qui a passé son été à me torturer. Sans oublier mon petit ami. Ce mec à la voix trop douce, ce mec qui, lorsqu’il me parle, me rend heureuse parce que ses intonations sont les mêmes que les tiennes dans tes bons moments. Excellentes vacances, vraiment. Les meilleures de ma vie.

« Tu passes en quelle classe cette année ? »

Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire. Le couteau qu’il tenait dans sa main s’abattit sur une moitié de prune, réduisant ainsi sa taille dans un claquement sec. Une larme silencieuse roula sur ma joue, je n’en pouvais plus de me retenir. Ki arrêta de couper les prunes et je le vis serrer les poings. Il soupira. Voilà où nous en étions. Nulle part. A nous agacer et perturber l’un l’autre. Je ne pouvais pas supporter ça. Tout l’été j’avais espéré le revoir, et maintenant je ne rêvais plus que d’une chose : partir loin de lui et mettre fin à mon supplice. Pourquoi restais-je, après tout ? Cette activité au Club n’était pas obligatoire… je n’étais pas obligée de rester là jusqu’à ce que la tarte soit terminée. Nous nous en sortions à deux avec Vicky, ils s’en sortiraient à deux sans moi.

« Je… je vais y aller » annonçai-je d’une voix tremblante, sans prendre la peine de répondre à ses questions qui n’avaient de toute façon aucun sens.

Je fixais sa main sans vraiment la voir, la vue brouillée par les larmes qui menaçaient de s’échapper d’un instant à l’autre.

« Je suis… contente de voir que tu vas bien » poursuivis-je, difficilement. « Mais c’est… c’est mieux si je m’en vais, toi et moi on n’a… on n’a rien à faire ensemble, je… »

Ma voix se brisa. Toi et moi. Il n’y avait jamais eu de toi et moi. Juste lui, et puis moi. Certainement pas de « nous » au programme, il me l’avait bien fait comprendre par le ton de sa voix, par sa façon de vouloir s’enfuir lorsqu’il m’avait vue.

« Je m’en vais ».

Je lui lançai un dernier regard, imprimant son image dans mon esprit, et tournai les talons. Mes jambes se mirent en marche, sans que je ne comprenne comment elles arrivaient encore à me porter. La porte n’était pas très loin, je pouvais la voir à travers les larmes que je ne prenais plus la peine de retenir, maintenant que je lui tournais le dos. Au bout d’un moment qui me sembla durer l’éternité, mes doigts s’enroulèrent autour de la poignée et actionnèrent celle-ci, tremblants. Encore deux pas, et je serais hors de sa vue, et hors de sa vie.
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyJeu 22 Aoû 2013 - 23:50






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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyDim 18 Aoû 2013 - 13:58


HRP : J'ai oublié de te mettre le lien de sa tenue : ici, ici et ici ! & les cheveux comme ça.

Cela serait mentir que de dire que je ne regrettai pas mes paroles aussitôt celles-ci échappées de la barrière de mes lèvres. Le voile de tristesse qui couvrit les prunelles de Ki ne m’échappa pas, ce qui me fit culpabiliser. J’avais envie de me précipiter vers lui pour le serrer dans mes bras et lui dire que ce n’était pas vrai, que j’avais besoin de lui et qu’il m’avait manqué… mais ma colère m’empêchait de le faire, elle ressentait une jubilation presque perverse, malsaine de le voir triste comme moi je l’avais été. Même après deux mois de séparation, rien n’avait réellement changé : je ne savais toujours pas avec certitude comment me comporter en sa présence. Ni que penser. Il ouvrit la bouche pour approuver, sans doute pour partir réellement, mes yeux s’écarquillèrent tandis que mon esprit indécis cherchait un moyen pour le retenir, lorsque Raphaël reprit la parole pour inviter l’asiatique à couper les prunes.  Soulagement et énervement sortirent les épées dans mon pauvre petit cœur torturé. Mes prunelles sombres se jetèrent sur les fruits, qui se trouvaient juste à côté de moi. Forcément, je devais m’en occuper après les pommes, les prunes étaient donc à quelques centimètres de ma main gauche. La panique s’empara de moi. Je savais que mon pouls allait s’accélérer dès l’instant où Ki ferait un pas vers moi.  Je savais également que ma concentration allait dévier. Tous mes sens, déjà en alerte à l’instant présent, se focaliseraient sur lui. Et si je me coupais un doigt, par sa faute ? Ne valait-il pas mieux prendre la fuite, comme il avait essayé de le faire ? Trop tard.

« Ah, euh d'accord je vais vous aider ».

Mon Dieu, pourquoi n’avait-il pas une voix de crapaud, cet imbécile ! Et le pire, c’est que le Président du Club nous laissa quasiment seuls en annonçant qu’il retournait dans son bureau, ou de moins ce qu’on lui avait présenté comme tel, mais ce n’était qu’un petit débarras minuscule où on lui avait installé une table et des chaises. Vicky avait fini de faire la pâte, elle devait à présent la laisser reposer. Elle avait donc quitté la pièce et ne reviendrait que dans une heure, quelque chose comme ça ? Je n’en savais trop rien, en réalité. Quant à l’autre type – Rob ? Todd ? Bob ? Un truc dans le genre – il passait plus de temps dans la pièce attenante qu’ici, puisqu’il avait décidé, en bon petit maniaque de service, de ranger tout dans un ordre plus logique à son esprit simplet. Seuls. Ou presque. Encore. C’était presque plus dérangeant de savoir que RobToddBob était à côté, dans la mesure où je ne pourrais pas hurler sur Ki et déverser ma colère sans passer pour une folle furieuse auprès d’un membre du Club où je commençais seulement à m’intégrer et à me sentir bien. Je me forçai à me détourner, à l’ignorer – haha. Si seulement j’en avais été capable ! – et attrapai une pomme pour l’éplucher. Mes gestes étaient secs, rapides et trahissaient de mon énervement. Énervement contre moi-même, contre Ki… contre le monde entier ? Non, pas à ce point-là. Une fois la pomme épluchée, je relevai la tête vers le coréen, qui n’avait toujours pas bougé et me regardait avec ses yeux de chien battu. Clac, je coupai la pomme en deux, en le fixant. Prends ça, Ki Beom Lee. Cela t’apprendra à me faire me sentir si mal.

Le message ne sembla pas le dissuader, puisqu’il s’approcha de moi. Mon rythme cardiaque connut une envolée légendaire, je sentis les joues me brûler, mes mains se mirent à trembler et je suis sûre que si j’avais parlé, ma voix aurait été chevrotante. Une vague de chaleur m’inonda le corps en partance de mon bas-ventre, me secouant d’un élan de désir que je ne voulais pas ressentir pour lui. Je me mordis l’intérieur de la joue, retenant un gémissement presque douloureux. Vas-t-en, vas-t-en ! Ki répondit à mes désirs – les raisonnables, les autres étant trop inavouables pour ne serait-ce qu’y songer – et s’éloigna de moi. Je posai ma main droite sur ma poitrine et sentis mon cœur affolé battre sous ma paume moite. Je n’en revenais pas de l’effet qu’il avait sur moi, sur mon corps… je ne contrôlais plus rien. J’avais cessé de contrôler ma vie dès l’instant où nos cœurs s’étaient un peu ouverts, dans la laverie. Depuis ce soir-là, j’avais l’impression que nos fils rouges s’étaient liés et que rien ne pourrait défaire cette attirance que je ressentais pour lui. Ki était mon aimant. Il m’attirait, et ce qu’il me restait de raison s’insurgeait de constater à quel point j’étais impuissante.

« Je sais pas ce qu'elles voulaient faire, moi je range 2-3 trucs, demande à Rubi. Elle grogne mais elle mord pas ! » entendis-je depuis l’autre bout de la pièce.

Je relevai les yeux, paniquée. Il allait revenir, les battements de mon cœur n’étaient toujours pas calmés, j’allais imploser s’il s’approchait de nouveau ! Je tendis la main vers une pomme et repris mon éplucheur. Me concentrer, ailleurs, pas sur lui. Voilà ce qu’il me fallait ! Mes doigts tremblaient. Du coin de l’œil, je vis Ki approcher, tandis que j’essayais tant bien que mal de faire comme si sa présence ne me perturbait pas le moins du monde. Vision périphérique, comme tu dis : grâce à cette saloperie, je pus le voir enlever sa veste et la poser sur le dossier d’une chaise. Enlève aussi ton pull, tant que tu y es. On est pas chez les Pi Sigma ici, rhabille-toi, merde. Enfin, quoi que… Non, non. Non. Définitivement, rhabille-toi. Oups, ma pomme, je l’avais oubliée et mes doigts s’étaient arrêtés en plein mouvement. Je repris l’épluchage, tournant le fruit consciencieusement entre mes doigts.

« Rubi ?? »

Sa voix, véritable uppercut, me souleva le cœur et balaya toute ma pseudo concentration. Je relevai les yeux et croisai son regard. Il ne me fallut que quelques secondes pour lui répondre, d’une voix beaucoup trop mièvre à mon goût.

« Oui, Ki ? »

Il détourna les yeux, à droite, à gauche… et finalement vint replonger ses prunelles dans les miennes. J’avais l’impression que des millions d’éclairs nous reliaient, lui et moi. Son visage angélique était assombri par je ne sais quelles pensées, il s’humidifia les lèvres de sa langue. Malgré moi, je fixai sa bouche avec insistance quand il fit cela. Je déglutis et sentis la sueur noyer mes paumes, des frissons me chatouiller la nuque. Quand je me rendis compte que je l’observais avec indécence – je devais avoir l’air d’avoir envie de le violer sur place, concrètement – je relevai les yeux vers les siens et essayai de ne plus regarder ailleurs. Mon cœur battait fort, si fort que je m’étonnais qu’il ne l’entende pas.

« Je dois couper comment les prunes ? » me demanda-t-il.

« En quatre » répondis-je.

« Et, hum... où sont les couteaux ? »

Mon Dieu, mais que faisaient les scénaristes ?! On ne s’était plus vus depuis deux mois et demi, j’hallucinais d’entendre cette conversation ridicule dans nos bouches. Je me raclai la gorge, sans répondre. Il était si proche, j’aurais pu le toucher en tendant la main. Ki me désigna le couteau de Vicky, sur ma droite.

« C'est bon ça ? ».

« Hm, prends plutôt un propre ».

Je m’étais calmée, mais une question me brûlait les lèvres. Je me l’étais posée si souvent, en réalité, que je m’étonnais de ne pas encore la lui avoir jetée au visage sitôt son entrée dans la pièce. Tout en me reculant, je l’observai du coin de l’œil. Ma main attrapa le tiroir sous mon plan de travail et je l’ouvris, pris un couteau et le tendis au jeune homme, en essayant de contrôler mes tremblements. Je le tenais par le bout du manche, pour qu’il puisse s’emparer de l’autre bout sans risquer de nous blesser. Intérieurement, je priais pour qu’il fasse attention et évite de me toucher, auquel cas je ne répondais plus de rien.

Allez, lance-toi. Demande-lui.

« Tiens… » murmurai-je d’une toute petite voix.

Je fronçai un sourcil. Pourquoi est-ce que cette question ne franchissait pas la barrière de mes lèvres ? Je me l’étais si souvent posée, je connaissais les moindres intonations de cette foutue phrase par cœur ! Alors pourquoi, alors que j’avais enfin la possibilité de la lui poser, n’y arrivais-je pas ? Mes lèvres se pincèrent. Je dansai d’un pied sur l’autre, frottai le sol du bout de ma chaussure… Je m’énervais. Il m’énervait. Tout m’énervait.

« Pourquoi es-tu revenu ? » réussis-je finalement à articuler, cette fois un peu plus froidement.

Ce n’était pas ce que je voulais lui demander. Je me mordis la lèvre et détournai les yeux pour les fixer sur un immense frigo, plus loin dans la pièce.

« On m’a dit que tu ne reviendrais pas… alors pourquoi… Pourquoi tu es revenu ?! Je croyais que je ne te reverrais jamais ! »

Le ton de ma voix était monté, pas assez cependant pour que RobToddBob nous entende, il était dans la pièce d’à côté et avait fermé la porte.

« Tu m’as manqué, imbécile » m’énervai-je ensuite en frappant la table du plat de ma main, à nouveau en colère.

Lorsque je me rendis compte de ce que je venais de dire, j’ouvris de grands yeux horrifiés et plaquai mes mains sur ma bouche, comme pour ravaler mes paroles. Mes joues se teintèrent, mon cœur s’accéléra un peu plus, et je baissai la tête pour cacher mon visage d’un rideau de cheveux, tout en me détournant du jeune homme.

Merde. Merde, merde, merde, MERDE !
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyVen 16 Aoû 2013 - 19:09






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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi]   {terminé} L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue [Rubi] EmptyLun 12 Aoû 2013 - 13:22


La voix de Raphaël s’éleva dans la cuisine du Cooking Club, où j’étais en train de m’activer avec Vicky – une Alpha Psi qui m’avait l’air plutôt agréable, de prime abord – à la réalisation d’une farce pour la tarte que nous préparions. J’avais pour mission de laver et couper les pommes et les prunes, tandis qu’elle s’occupait de faire la pâte. J’étais en train d’éplucher une pomme – avec un éplucheur, c’est une chance – lorsque le Président du Club annonça un nouvel arrivant.

« Voilà c'est Ki, un nouveau membre.  Faites lui un accueil chaleureux ».

Ki. A l’entente de ce prénom, je sursautai presque et fis un faux mouvement, ce qui m’érafla la peau. Je retins un juron et lâchai l’éplucheur, qui tomba sur le plan de travail en produisant un son bien peu discret. Mon cœur s’était affolé, je sentais le sang battre à mes tempes. Combien y avait-il de Ki dans cette école ? Y avait-il la moindre petite chance pour qu’il s’agisse de… Ki Beom Lee ? L’envie de me retourner pour vérifier de qui il s’agissait se battait en duel contre la peur de le voir. Finalement, je n’y tins plus. J’essuyai rapidement mes mains sur un torchon et replaçai une mèche de cheveux, avant de me tourner vers eux.

Ki Beom Lee se trouvait sur le pas de la porte, plus beau que jamais, plus vivant que dans les pauvres rêves qui avaient hanté moult de mes nuits depuis cet épisode dans la laverie, un soir de juin. Deux mois et demi. Deux mois et demi que je ne l’avais plus vu, à peu de choses près. Il avait changé de coiffure, je trouvais que le blond lui allait bien. Sa peau était toujours aussi pâle et contrastait joyeusement avec la noirceur de ses manches. Par-dessus son pull, une veste en jeans cloutée, qui lui donnait un petit air rebelle que je ne lui avais jamais vu auparavant. Il semblait moins… parfait ? Son pantalon vraiment original complétait le look. J’avais envie de m’arracher les yeux à cette idée, mais je le trouvais beau. Et était-ce une impression, ou avait-il encore grandi ? Moi qui aujourd’hui ne portais pas de talons hauts, je me sentais ridiculement petite à ses côtés.
L’expression de son visage lorsque nos regards se croisèrent me fit l’effet d’une claque magistrale. Je posai la main sur le plan de travail à côté de moi, luttant pour ne pas hurler, luttant pour contrôler le rythme affolé des battements de mon cœur et le tremblement de mes membres. J’étais à la fois heureuse de le revoir, et animée d’une colère imprévisible en songeant à l’été que j’avais passé, rythmé par les nombreuses conséquences de cette soirée où il s’était appliqué à réduire en miettes tout ce qui jusqu’alors me permettait de me protéger des autres. Il recula d’un pas. Il essayait de prendre la fuite, où je rêvais ? J’eus envie de me jeter à son cou, pour le serrer dans mes bras et l’étrangler tout à la fois.

« Bah alors présente toi ! » suggéra Raphaël, qui ne s’était visiblement rendu compte de rien.

Pourtant, j’avais l’impression que l’atmosphère avait changé depuis qu’il avait pénétré dans la pièce. Je dardai mes pupilles sombres sur lui et attendis, comme les autres, qu’il prenne la parole. Il détourna les yeux, je le sentais mal à l’aise. Les autres l’avaient-ils remarqué, eux aussi ?

« Bon... Bonjour je me prénomme Ki Beom mais tout le monde m'appelle Ki. Je suis coréen en première année de fac de langues.  J'ai 18 ans enfin dans quelques jours.  Je sais pratiquement tout cuisiner mais en particulier des plats coréens ou très épicés. Merci de votre accueil, j'espère apprendre à vos côtés ».

Sa voix. Sa voix me caressait à elle seule, réveillant en moi des sensations troublantes et volcaniques. Je sentis des frissons me parcourir l’échine, les poils se dresser sous l’effet des souvenirs qui affluaient dans mon esprit, aussi puissants qu’un tsunami, presque aussi destructeurs. Je n’avais pas réussi à oublier cette voix, en deux mois, et pourtant ses accents me semblèrent inédits, plus chauds et plus beaux qu’avant. Elle était magnifique, beaucoup trop douce à mon goût. Presque dangereuse, il aurait pu me faire faire n’importe quoi grâce à cette arme inégale. Il ne me regarda pas une seule fois durant sa courte présentation et moi, je ne pus le quitter des yeux. Quand il annonça ensuite qu’il devait s’en aller, mon cœur loupa un battement. Heureusement – ou malheureusement, ou peut-être les deux à la fois tant les sentiments causés par sa présence rivalisaient en moi – un autre élève du Club le retint, l’encourageant à rester.

Ki sourit et mon cœur s’embrasa. Je me forçai à cesser de le fixer et à me détourner de lui. Mes cheveux, que j’avais à présent lisses et plus courts qu’auparavant, virevoltèrent autour de mes épaules lorsque je fis volte-face pour me remettre face à mon plan de travail. Je passai une main tremblante sur mon front. Il fallait que je me reprenne, Ki n’avait pas sa place dans ma vie. Et pourtant, son influence était bien présente. Je me souvenais parfaitement de ce qu’il m’avait dit, dans la laverie. Je me souvenais précisément de la moindre de ses paroles. Ainsi, suite à cette soirée, j’avais peu à peu commencé à me maquiller beaucoup moins. Le matin, lorsque je m’asseyais devant ma coiffeuse, je regardais ma collection de maquillage et la voix de Ki résonnait dans ma tête, je l’entendais me dire qu’il préférait cette Rubi plus naturelle qu’il avait devant lui. Au début, je faisais tout mon possible pour ne pas y prendre garde. Et puis, petit à petit, j’avais réduit les doses. Comme une fumeuse qui tente d’arrêter la cigarette, j’avais diminué ma consommation. Jusqu’à arriver à un résultat beaucoup plus naturel, comme aujourd’hui : une BB crème pour unifier, un peu de mascara pour ouvrir mon regard et du baume à lèvres légèrement teinté. Bien entendu, cela n’avait pas échappé à Salma, ma nouvelle colocataire – ou le Diable en personne réincarné dans le corps d’une salope de la pire espèce. Elle ne s’était pas gênée pour me le faire remarquer de la façon la plus virulente qui soit, tout en mettant les ¾ de la Confrérie sur mon dos. J’avais perdu de ma superbe, c’est vrai. Les masques étaient tombés, et j’avais été incapable de les remettre. Comme si l’ancienne Rubi avait disparu, évaporée en même temps que lui. Lui… je lui en voulais tellement d’être parti sans me dire au revoir, et pourtant, il ne me devait rien. En quittant la laverie, ses dernières paroles sonnaient comme des adieux, je n’avais juste pas été capable d’y répondre. C’était sans doute de ma faute. Et à présent qu’il était revenu, je ne savais plus quoi penser. Je ne savais plus quoi faire.

Ma main quitta mon front et vint effleurer ma jupe rouge bordeaux. Lorsque je m’étais préparée ce matin, pas une seule seconde je ne m’étais dit que j’allais le voir. J’avais donc enfilé des vêtements normaux. Si j’avais su, je pense que j’aurais tout fait pour contredire cette image qu’il m’avait avoué vouloir conserver de moi. Si j’avais su qu’aujourd’hui nos chemins se croiseraient, j’aurais opté pour un rouge à lèvres violet, j’aurais fait des mèches roses dans mes cheveux blonds et aurais enfilé les talons les plus hauts que je possédais. J’aurais choisi la tenue la plus indécente, la plus vulgaire, juste pour qu’il pense que cette soirée n’avait rien changé. Si j’avais su, j’aurais pu trouver la force de remettre ce masque. Mais ce n’était pas le cas, la surprise avait été totale et je portais donc une jupe bordeaux tout ce qu’il y a de plus simple,  qui m’arrivait à mi-cuisses, par-dessus celle-ci, un petit top en coton noir. Aux pieds, des ballerines plates, désespérément plates et un peu rock, noires. J’avais même eu le malheur de choisir des bijoux argentés simples, une chaine avec un pendentif en forme de tête de cerf et quelques bracelets fins et discrets.

Perdue dans mes pensées, je ne l’entendis pas s’approcher.

« Salut Rubi, ça faisait longtemps ».

Ma mâchoire se crispa et je fronçai les sourcils, tout en me tournant vers lui. Longtemps ! La faute à qui ?! Je n’arrivais pas à faire la part des choses, j’étais à la fois furieuse et ravie, c’était exaspérant. Je le fusillai du regard et il se détourna.

« Alors en quoi puis-je être utile dans le rangement ? »

Le rangement… je ne sais même pas pourquoi l’autre idiot avait parlé de ça, nous nous en étions occupé avec Ayase. J’aurais aimé qu’elle soit là, elle était douce et gentille et sa présence avait quelque chose d’apaisant. Pile ce qu’il me fallait, là tout de suite. Ki ne m’avait pas posé la question à moi directement, mais je décidai d’y répondre. Mon cœur menaçait d’exploser dans ma poitrine, mais qu’importe.

« Le rangement est terminé, en fait tu peux repartir, on a pas besoin de toi. Inutile de dire au revoir, mais j’imagine que tu ne comptais pas le faire, pas vrai ? ».

Oups. Le ton était monté un peu rapidement, je m’étais laissée emporter et j’avais fini ma phrase en parlant un peu trop fort, un peu trop méchamment. J’étais persuadée qu’ils verraient tous la rancœur que j’éprouvais pour Ki, même ce gars dont je n’avais pas retenu le prénom. Raphaël, qui avait assisté à la scène, forcément, me lança un regard étonné et sourit ensuite à Ki.

« Non, non, ne pars pas, je suis sûr que tu peux les aider. Tiens, si tu t’occupais de couper les prunes ? » proposa-t-il.

Je soufflai, en essayant de reprendre mes esprits. Tremblante, j’attrapai l’éplucheur, une pomme et sans plus un regard pour Ki, commençai à ôter sa peau en la tournant entre mes doigts. Rapidement, peut-être un peu trop, mes gestes étaient saccadés et imprécis. Je mourrais d’envie de la lui jeter à la figure, cette fichue pomme, tout en priant pour qu’il ne s’approche pas trop.

Mais d’un autre côté…

J’aurais aimé qu’il le fasse, qu’il me serre dans ses bras et me rassure, qu’il me promette de ne plus partir comme ça, qu’il s’excuse de sa voix trop douce. Sa voix…

Et soudain, le flash.

Henri ! Ce qui m’avait plu chez lui, c’était sa voix douce. Le rapprochement que je venais de faire ne me plaisait pas du tout. Est-ce que je sortais avec lui… parce qu’il me faisait penser à Ki ? Cette idée me fit mal. Pauvre Henri, il n’avait jamais du avoir une copine aussi peu investie dans une relation, je le plaignais presque. Je lâchai l’éplucheur et attrapai un couteau. Je le tins quelques secondes dans ma main, hésitante. Pourquoi est-ce que je venais de le prendre, déjà ? Pour mettre fin à cette situation ridicule ? Ah, non, couper la pomme. Je relevai les yeux vers Ki et le fusillai à nouveau du regard, tout en coupant d’un geste sec la pomme en deux. Je devais avoir l’air de dire « Regarde Ki, cette pomme, c’est ta tête, et c’est le sort que je te réserve ».


Dernière édition par Rubi V. Young le Dim 18 Aoû 2013 - 15:34, édité 1 fois
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Dernière édition par Ki beom Lee le Lun 22 Déc 2014 - 12:28, édité 2 fois
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