Sujet: Re: Shining Dream [PV Liam] Terminé Sam 19 Oct 2013 - 1:41
Je ne vais pas dire que j’étais quelqu’un d’empathique. Je ne sais pas vraiment si c’est le cas. Je ne le pense pas, en fait. Mais quand j’entendis le rire peu convaincu que Vicky retentir, lorsque nous étions dans les écuries, je sentis que quelque chose n’allait pas. Je ne lui posai pas de question, me contentant de lui expliquer ce que signifiait « bouchonner un cheval ». Victory caressait la tête de Fierce, apparemment perdue dans ses pensées, ce qui me permit de l’observer. Elle avait un visage vraiment particulier. Tantôt souriant, tantôt empreint de tristesse. Quand elle souriait, la jeune femme était vraiment ravissante. Mais dès qu’elle semblait se plonger dans ses pensées, c’était comme si les Ténèbres envahissaient son être, et cela se voyait sur son visage. Elle me sortit de mon observation silencieuse en reprenant la parole.
« Je ne vais pas rester longtemps de toute manière. Il faut que je rentre à Wynwood et que j’appelle mes parents » me dit-elle.
« Si tu me laisses terminer de le brosser, je te raccompagne avec plaisir » lui dis-je donc en lui souriant et en m’activant un peu plus vite sur le pelage blanc de l’étalon.
« Je dois revenir sur la plage régulièrement pour te revoir ? Ou tu as un téléphone malgré tes passions pour le médiéval » me demanda alors la petite brune, ce qui me surprit agréablement.
Je lui souris – sans remarquer qu’elle rougissait – puis fis le tour du cheval pour le brosser de l’autre côté.
« Disons que tu as plus de chance de me joindre en prenant mon numéro qu’en m’attendant sur la plage. Je n’ai pas l’occasion de monter aussi souvent que je le voudrais… il ne vaut mieux pas trop parier là-dessus » lui dis-je. « Quant à mon téléphone, c’est un ancêtre et si tu te moques de lui, il sera vraiment vexé ».
Je sortis l’appareil en question de ma poche et le lui tendis, un sourire aux lèvres. Il s’agissait d’un vieux Nokia avec des touches, sûrement pas tactile.
« Tu n’as qu’à te faire un appel en absence avec mon téléphone. Tu auras mon numéro, comme ça » lui suggérai-je.
Je terminai de m’occuper de l’étalon tandis qu’elle s’exécutait, puis je repris mon épave de mobile et le remis dans ma poche. Je sortis du boxe, les bras chargés de la selle de Fierce. Suivi de Victory, j’allai la rangeai puis nous revînmes dans la cours de la Ferme. La petite brune tira son sac face à elle et en sortit une pochette plastique. Je remarquai le dessin sur la couverture et ne pus qu’apprécier son œuvre.
« Joli dessin » lui fis-je remarquer, tandis qu’elle s’emparait d’un morceau de papier dans la pochette en question.
Elle y nota son numéro et me tendit le papier. Sa voix chevrota lorsqu’elle me dit, en bafouillant, qu’il s’agissait de son numéro. Je pris le morceau de papier et sortis mon portefeuille pour le glisser à l’intérieur de celui-ci, histoire de ne pas le perdre.
« Merci Victory, je ne manquerai pas de t’appeler » lui dis-je.
Je lui fis un clin d’œil, et rangeai mon portefeuille dans ma poche. Ni elle, ni moi n’avions remarqué que j’avais déjà son numéro encodé dans mon téléphone, puisqu’elle s’était contactée avec. Bref.
« Ma voiture est juste là… je te raccompagne ? » lui proposai-je, ce qu’elle accepta.
Elle grimpa donc à l’avant de la Jeep – prêtée par un ami – et je la ramenai sur la plage – puisque c’est là qu’elle m’avait demandé que je la dépose –, tout en discutant de tout et de rien avec elle sur le trajet. Quand vint le moment de nous séparer, je lui souris et tapotai la poche de mon pantalon, dans laquelle se trouvait mon portefeuille.
« Compte sur-moi pour t’appeler si tu ne l’as pas fait avant ! Ça m’a fait plaisir que tu te jettes sous mon cheval, Victory » lui dis-je.
Un dernier salut, et nous nous séparâmes. J’avais passé un excellent moment avec la jeune femme, et j’étais content qu’elle m’ait proposé de la revoir. Je ne savais pas à quoi cela me mènerait… mais j’étais curieux de le découvrir.
A suivre...
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Sujet: Re: Shining Dream [PV Liam] Terminé Mer 16 Oct 2013 - 23:26
Shining dream
Liam & Vicky
Ne pas bafouiller devant un inconnu allait être hors de ma portée. J’étais encore mal à l’aise, peut habituer à ce qu’on soit aussi gentil avec moi. Si on écarte Zack et Seb évidemment. J’aurai aimé pouvoir m’enfoncer dans une coquille pour me faire oublier, mais il n’insiste pas, reste doux avec moi. Je me sens un peu plus à l’aise, assez à l’aise pour descendre de ce cheval et lui faire face. Encore une fois, je parle sans réfléchir, et le qualifie de chevalier. Je dis encore ce que je pense et je me souviens des mises en garde de Maman à ce sujet. Une lady, blablabla. La lady avait disparue dans ce bunker six ans plus tôt. J’apprends qu’il fait de l’escrime médiévale. Mon sourire s’élargit car l’imaginer en armure et épée à la main, n’était pas difficile à faire. Il me propose une invitation et mon cœur manque un battement. Je sens mes joues me bruler, devenir cramoisie, un sourire plaqué sur le visage sans pouvoir le réprimer. J’hoche la tête pour accepter. Ma voix intérieure me donne un coup de pied pour me forcer à parler.
-J’adorerai ! A Sacramento, il n’y a rien de tel.
J’évitais de dire que j’évitais de sortir en ville là-bas. Je n’aimais pas qu’on me regarde ou me reconnaisse. Depuis que j’étais à Miami, je n’avais jamais autant sourit de toute ma vie. La vie en Californie me paraissait gris, triste, bourré de souvenirs plus horrible les uns des autres. Ici, ici j’étais enfin presque normal. Les yeux pétillants, je ne me détachai pas de son regard bleu, jusqu’à ce que la voix d’une femme me sorte de ma transe idiote.
« Bonne balade, Liam ? Bonjour, mademoiselle »
Je me tourne vers elle en remettant une mèche derrière mon oreille, les coudes contre mes côtes. Je lançai un bonjour timide et un sourire poli. J’entends Liam, il était à l’aise visiblement, dans son élément. Je ne serais dire pourquoi, mais ça me fascinait. J’avais l’impression d’apprendre une partie de sa personnalité, aussi infime soit-elle. La musique de Desire, Under Your Spell, passe en boucle dans ma tête, je me frapperais pour être aussi mielleuse parfois. Mais d’un autre côté, c’est comme s’endormir après une lourde journée, fatigante et démoralisante. Le repos tant mérité. Pensée à des choses futiles, normales, de mon âge, adoucissait les cicatrices de mon cœur.
Je suivais Liam et Fierce. L’endroit était terreux, voir boueux. Les images familières du sol du bunker me reviennent en mémoire, et je me force à garder un air saint devant Liam. Ma gorge se serre, car une furieuse envie de fuir en courant me prend, alors que je n’ai absolument pas envie de le laisser. Du moins, pas maintenant. Je rentre mes ongles dans ma paume droite, me faisant violence, le regardant s’occuper de la selle avec une certaine habitude. Mon être était en train de se diviser entre l’instant présent et le passé, une fois encore. Seb était bon pour repérer ces moments, et s’occupait de moi de la meilleure manière. Sans doute, étais-je tombé amoureuse de lui à cause de cette tendresse et de cette attention… La voix et les gestes de Liam ramènent ma conscience dans le moment présent, mais le pied coincé dans le passé. J’esquisse un sourire forcé, que j’essaye de rendre naturelle.
-Bouchonner ? Je penche la tête curieuse, puis la secoue négativement. Non du tout, je ne sais même pas ce que ça veut dire. Finis-je par un rire terne.
Je passai ma main sur le museau de Fierce, caressant son pelage. Il secoue la tête, il m’effraye moins. C’est déjà un bon début. Je me sens plus vraiment bien, et ce n’est pas la faute de mon nouvel ami.
-Je ne vais pas rester longtemps de toute manière. Il faut que je rentre à Wynwood et que j’appelle mes parents. J’avale ma salive difficilement tellement ce mensonge sonne faux.
L’envie de fuir l’humiliation était bel et bien là. Mais je tenais à le revoir.
-Je dois revenir sur la plage régulièrement pour te revoir ? Ou tu as un téléphone malgré tes passions pour le médiévale. Mon sourire se fit plus franc sous ma remarque. Je rougissais même de mon audace et déviait mon regard quand le sien me fixa.
Difficile de ne pas se sentir fière après ça, quand on avait le courage d’un lapin sur le point d’être attrapé. Je tirais ma sacoche devant moi, l’ouvrait et j’en sortais une pochette plastique. La couverture était l’un de mes dessins. Une femme ange, dont les ailes noires perdaient toutes ses plumes. L’image était assez morose, mais j’étais fière du rendu si on considérait que c’était le premier dessin que j’avais réalisé sans aucun modèle. Des flashes de souvenir se mêlait à ma vue et à mes gestes. Des cris imaginaires d’enfants, m’inondent les oreilles, rester calme devient de plus en plus calme. Il n’a fallu que de la boue comme élément déclencheur, mes sourcils se froncent en une grimace perdue. Ma voix chevrota sur mes prochaines paroles, alors que j’écrivais sur un bout de papier, le tendant ensuite à Liam.
« Oh juste des poses simples. Il s’agit pour moi de capter la courbe de ton corps dans différentes positions, plus les détails sont réalistes, plus le dessin a un meilleur rendu. Car dessiner un angle droit c’est facile, mais ce sont les plis que prennent aléatoirement nos vêtements qui sont parfois difficiles à retranscrire » expliqua-t-elle.
Heureusement qu’elle précisa, pour les vêtements, parce qu’à un moment, vu la formulation… j’aurais pu me dire qu’elle voulait que je pose à poil. Est-ce que ça m’aurait dérangé… ? Pas forcément, non. Tout dépendait pour qui, en fin de compte. Pour un mec, la question ne se posait pas : jamais de la vie. Mais pour une jolie fille comme Victory, ou pour Ginger par exemple, les choses étaient différentes. Bon, inutile d’y penser de toute façon, ce n’était pas dans ses plans.
« Tu aimes donc lire ? Quel genre de lecture ? »
« On va dire que ça dépend… j’aime lire, mais il faut que je sois dans un bon état d’esprit pour le faire. Si je suis trop énervé je n’ai qu’une envie, c’est de me défouler. Sinon, quand je suis dans de bonnes dispositions, j’adore les livres historiques. Ça m’a toujours fasciné… d’ailleurs, je commence des études d’Histoire à la rentrée, à l’Université de Miami » lui répondis-je.
Je lui indiquai ensuite que nous arrivions à destination, le toit de la ferme se dessinait en contrebas de la route, un peu en pente. J’ajoutai que je serais ravi de poser pour elle, à condition qu’elle accepte de revenir faire une balade un de ces 4 avec moi. Sa réaction me fit rire.
« Je serais ravie de revoir Fierce ».
« Bon, ça en fait au moins un de nous deux qui a de la chance » répondis-je, en riant donc.
Je n’étais pas du genre à me vexer, et je n’avais donc pas pris mal sa phrase.
« …Enfin, toi aussi, oui bien sûr ! J’ai envie de te revoir… enfin non, si, non. Enfin… t’as compris ».
Je rigolai à nouveau, la trouvant adorable. Je préférai cependant le garder pour moi, pour ne pas la mettre plus mal à l’aise que ce qu’elle ne l’était déjà. Une fois dans la cours de la ferme, Fierce stoppa sa progression et je lâchai les rênes, le temps de descendre. Pas besoin des étriers, je me laissai simplement glisser sur le côté après avoir passé ma jambe gauche du côté droit. Je repris les brides et tendis la main à Victory, pour l’aider à en faire de même. Je lui souris, et comme elle semblait hésiter, lui expliquai comment descendre.
« Enlève ton pied de l’étrier gauche, penche-toi en avant et passe ta jambe par-dessus sa croupe. Tu verras, ça va tout seul. Et puis je suis là pour t’aider ».
Elle s’exécuta, je l’aidai en attrapant sa taille d’une main et la petite brune se retrouva finalement au sol. Cramoisie. Nous échangeâmes un sourire et je lâchai sa main.
« Un vrai chevalier… » me dit-elle, en gloussant légèrement.
Je laissai échapper un rire à mon tour et me mis en route vers les écuries, suivi de Victory.
« Tu ne crois pas si bien dire ! Je fais de l’escrime médiévale, en plus de l’équitation. C’est un sport qui se pratique en armure, avec un casque, des grosses épées en fer… Et parfois, on fait de la joute. Si tu veux, la prochaine exhibition, je t’envoie une invitation ? »
Tout le monde n’aimait pas ça… mais j’avais l’intuition que cela plairait sans doute à la petite Victory.
« Bonne balade, Liam ? Bonjour, mademoiselle » nous lança la propriétaire de la Ferme, en sortant sur son perron lorsqu’elle nous vit arriver.
Je lui souris et lui fis un signe de la main.
« Excellente, madame Turner ! »
Nous arrivâmes ensuite aux écuries, et j’expliquai brièvement à la petite brune qui m’accompagnait qui était madame Turner. Je ramenai Fierce dans son boxe et commençai à défaire les sangles de sa selle.
« Tu as déjà bouchonné un cheval ? » demandai-je ensuite, tout en retirant la selle, que je posai momentanément sur la demi-porte de son boxe, devant laquelle se trouvait Victory.
Le rire chantant de Liam ne m’échappa pas, et sur le coup, je me demandais s’il se moquait de moi ou non. Je voulais le revoir, mais je voulais que ce moment de gêne intense se finisse au plus vite. Mais non, il ne se moque pas, il rajoute même un mot qui fait bondir mon cœur et me fait sourire débilement. Dieu merci, il ne me voit pas. Je me gratte le coin de la lèvre par reflexe et je meurs d’envie de crier et de sauter partout comme une folle. Non Vicky, retiens-toi, il te prend surement déjà pour une excentrique. Cette façon qu’il a de dire mon nom en entier me déroute toujours autant. J’ai l’impression d’être privilégié alors que c’est idiot de le penser.
« Je serais ravi de te rendre ce service… et de te revoir, Victory, mais explique-moi un peu de quoi il s’agit. Tu veux que je fasse quoi, exactement ?» « Oh juste des poses simples. Il s’agit pour moi de capter la courbe de ton corps dans différentes positions, plus les détails son réaliste, plus le dessin a un meilleur rendu. Car dessiner un angle droit c’est facile, mais ce sont les plis que prends aléatoirement nos vêtements qui sont parfois difficile à retranscrire. »
Ca y est je ramène ma science, imaginez quand je parle de musique, là on ne m’arrête plus. Enfin on peut, en me mettant un piano sous les doigts et un carnet de note sous la main. Pour son cheval, j’acquiesce, il avait raison. En fait, le cheval, ce n’était pas si important au final, tout ça n’était qu’un prétexte non ? Le cheval avance serein, et je m’étais adapter au balancement calme de ses pas, m’étant même pas rendu compte que j’avais trouvé instinctivement mon équilibre entre les étriers et le corps de Liam. Quand je m’en rends compte, je redresse mon dos pour ne pas m’appuyer plus contre lui.
« Rester immobile, ce n’est pas ce que je préfère… mais si tu me mets un livre entre les mains, ça doit pouvoir se faire. Disons que j’accepte avec plaisir, si tu acceptes de revenir faire un tour avec moi un de ces quatre ? On arrive déjà »
Je tourne la tête, tout sourire, dans la direction qu’il m’indique. J’aperçois un toit, et bientôt une ferme. Mais l’image que j’avais devant les yeux ne suffisait pas à effacer cette proposition. Oh mon dieu on arrive et l’heure de descendre de cheval aussi, j’essaye de reprendre mon calme, mais lui aussi voudrais donc réellement me revoir, et pas seulement pour le dessin. L’envie de me taper la tête contre mon carnet de note me prend mais encore une fois, sa présence m’en empêche, je boue de joie intérieurement. J’essaye de penser à autre chose…
« Tu aimes donc lire ? Quel genre de lecture ? »
Je priais pour que vu son style et sa carrure, il soit plus du genre histoire fantastique, pure fiction en tout genre et non les biographies des plus grands serials killer des états unies. Je n’ai pas envie qu’un jour il se ramène devant moi et se rende compte que l’un de ces bouquins, écrit par des inconnus qui ne vous connaissent que par des informations indirecte, débarque sur le tapis. Ce journaliste n’à jamais cesser de me faire souffrir, dans sa façon de retranscrire la parole de mes parents, dans sa façon de les retourner contre l’opinion publique. Moi-même, je n’ai plus jamais regardé ma mère de la même façon, je l’aime et la méprise à la fois. Même sur ma survie, il a émis un doute horrible, sur comment j’ai pu tenir une semaine sans nourriture, avec en tout et pour tout, deux cadavres comme compagnie. C’est à cause de lui que les rumeurs ont commencé, tout ça pour vendre de l’esbroufe sur mon calvaire. Cet enchaînement incontrôlé de pensée m’a étonnamment refroidi, me permettant d’avoir un teint plus claire, plus pâle, faisant fuir les rougeurs que j’avais peur de dévoiler face à lui. Je tousse pour m’éclaircir la gorge. Et je me fais violence pour parler de manière audible, chassant ces horribles souvenirs de ma tête.
-Je serais ravie de revoir Fierce.
Je me mords la lèvre, ayant parfaitement conscience d’avoir utilisé le cheval pour ne pas avouer mon intérêt à le revoir. Alors qu’il me l’avait dit, cinq minutes plus tôt, ça m’était sorti plus vite des lèvres que je ne l’aurais cru, je me reprends.
-…Enfin, toi aussi, oui bien sur ! J’ai envie de te revoir… enfin non, si, non. Enfin… t’a compris.
La ferme se dessine maintenant très clairement et l’odeur d’iode se remplace par celle du foin fraichement découpé de sa botte pour nourrir les bêtes. Une odeur plus rustique aussi vient chatouiller mes narines, mais il s’agissait là d’une ferme, ça n’allait pas sentir la rose. Mes rougeurs avaient repris place, c’était raté pour les planquer celles-là ! Le cheval s’arrête et je sens le corps de Liam bouger. Je m’accroche fermement au pommeau, oubliant de lui rendre ses étriers, sombre égoïste que j’étais. Je revois enfin son visage et ses yeux incroyablement bleus. Si je pensais être rouge pendant notre balade, à la chaleur de mes joues, je me sais surement, cramoisie. Il me tend la main dans un sourire chevaleresque et mes lèvres se serrent dans une moue perplexe et timide. J’attrape sa main et me penche vers l’avant. Il me retient d’une main par la taille et je touche le sol en sautillant pour ne pas tomber. Je ne suis pas une fille petite de base. C’est à peine si Sebastien et Zack me dépasse, surtout quand je porte des talons. Mais lui me dépasse d’une bonne tête et ça m’en couple le souffle. C’est encore mieux que dans mes films. Je lui souris timidement et pousse un gloussement mal à l’aise.
« …Un vrai chevalier… »HEIN QUOI… Dite-moi que je n’ai pas penser à voix haute….
Victory jouait doucement avec ses cheveux, d’une main distraite, et comme j’étais juste derrière elle cela ne m’échappa pas. Je me demandais s’il s’agissait d’un simple tic nerveux ou de ce que certains livres de psychologies de comptoir appelleraient « un signe ». Je n’avais jamais bien compris le délire des gens qui voyaient des signes partout, mais un article sur le sujet m’avait interpellé. Sachant que beaucoup de filles se tripotaient les cheveux… à présent je ne pouvais pas m’empêcher de me poser la question. Même si, soyons réalistes, la plupart du temps elles remettaient juste une mèche en place et point barre, à la ligne. Elle commença à dire quelque chose, hésitante, et s’arrêta quasiment immédiatement. Elle reprit sa respiration, ce qui me fit sourire. J’étais si stressant que cela ? Okay, avoir un mec comme moi dans son dos, ne pas pouvoir vérifier que je ne sortais pas une hache ou un arc-à-flèches devait être inquiétant mais… à ce point ?
« Si tu as du temps, tu voudrais bien qu’on… » reprit-elle, sans beaucoup plus de succès.
« Qu’on… ? » l’encourageai-je d’une voix douce.
« Ça te dit de poser pour un grand dessin ? On peut faire ça en plusieurs fois si tu n’as pas beaucoup de temps à m’accorder ? » me dit-elle alors, ce qui ne manqua pas de me surprendre.
Moi, poser ? Pour un dessin ? J’étais surpris, c’était la première fois qu’on me proposait une chose pareille. Je ne savais pas trop si c’était flatteur ou pas. Je supposai que mon originalité lui plaisait et qu’elle voulait… bah, je n’en sais trop rien en fait. C’est quoi, le but du jeu, quand on dessine ? Je n’y connaissais rien. Garder un souvenir de quelque chose ? Peut-être, peut-être pas.
« Euh… c’est que… je n’ai jamais fait ça ».
Je la vis porter les mains à son visage, elle semblait réellement morte de honte.
« Enfin non, pardon, enfin je comprendrais que tu ne puisses pas hein ! C’est sûr que poser et rester plus ou moins immobile ça doit être gênant et puis en pensant que la plupart des modèles se font payer et que je te demande ça à titre de service, c’est pas juste… Donc… Non non, t’embêtes pas, j’ai déjà ma photo mentale en tête » dit-elle en ponctuant sa phrase d’un tapotement sur le haut de sa tête.
Un léger rire m’échappa, j’avais envie de lui tapoter la tête moi aussi, elle était adorable dans son genre.
« Je n’ai pas dit non, il me semble » la taquinai-je un peu. « Je serais ravi de te rendre ce service… et de te revoir, Victory, mais explique-moi un peu de quoi il s’agit. Tu veux que je fasse quoi, exactement ? »
Et, comme elle avait parlé de Fierce et moi un peu plus tôt, je réclamai une nouvelle précision.
« Tenir un cheval immobile pendant des heures, par contre, ça risque d’être compliqué… est-ce qu’il devrait être là aussi ? »
Nous arrivions près de la ferme, lentement mais sûrement : Fierce venait de s’engager sur les chemins de randonnée qui y menaient. Ici, tout semblait désert, un Oasis pas si loin que ça de la ville, c’est ce que j’aimais. Mais bientôt la ferme et ses écuries apparaitraient à notre vue, ce qui permettrait à la petite brune de voir que je ne l’emmenais pas dans le fond d’un bois pour lui faire dieu sait quoi.
« Rester immobile, ce n’est pas ce que je préfère… mais si tu me mets un livre entre les mains, ça doit pouvoir se faire. Disons que j’accepte avec plaisir, si tu acceptes de revenir faire un tour avec moi un de ces quatre ? On arrive déjà » lui dis-je tranquillement en lui désignant du doigt le toit de la ferme qu’on voyait en contrebas, un peu plus loin.
J’étais fascinée par la passion que Liam mettait dans sa voix quand il me parla du cheval et le lien qui s’était tissé entre eux sans même avoir eu besoin d’être son propriétaire. Personnellement, j’ai toujours regardé les animaux de loin, les chevaux m’impressionnaient beaucoup trop, les chiens, mes parents n’en voulaient pas, quant aux chats, ils me fuyaient comme des fous à chaque fois qu’ils me croisaient. Sans les détester, je n’ai jamais vraiment eu la chance d’en côtoyer pendant longtemps et de domestiquer un animal plus intelligent que le poisson rouge qu’on gagne à la pêche au canard et qui finit dans la cuvette des toilettes un mois plus tard. J’étais très mal à l’aise, je sortais de ma zone de confort en sautant sur ce cheval en compagnie d’un homme qui avait l’air d’un viking. Pas très courageuse, je ne saurais expliquer ce qui s’est passé dans ma tête quand je l’ai vu. Son sourire m’a mise en confiance mais malgré tout, j’avais du mal à me sentir sereine, mon estomac me torturait en m’hurlant à coup de crampe, que je risquais ma vie à dire bonjour à n’importe qui, ma poitrine l’écoutait et se serrer, me créant un inconfort physique des plus horrible. Pourtant, j’étais plus qu’heureuse d’être là, heureuse d’avoir eu un regain de courage, heureuse qu’il me parle et s’intéresse un peu à moi en m’invitant à faire cette balade.
Dans ma bulle et mon duel intérieur, je m’étais laissé aller à parler de mes propres passion, le dessin surtout. Mais j’avouerai que cette rencontre avait mise dans ma tête un enchaînement de note que j’avais hâte de poser sur le papier et tester sur l’une des guitares de la confrérie. Peut-être trouverais-je parmi mes confrères, quelqu’un pour me jouer mes compo au piano. Je ne suis pas très agile de mes doigts, j’ai un sens du rythme, mais la souplesse de mes doigts est comparable à celle d’un paresseux en mouvement. Le son est passable, mais il ne m’emporte pas comme je le voudrais et je finis par chantonner l’air que je voulais créer, bien plus satisfaite de ma voix.
« A te souvenir des visages des gens ? »
Je me mords la lèvre et j’en souris qu’à moitié. C’était un peu embarrassant de lui dire que je voulais vraiment me rappeler de son visage, mais maintenant qu’on avait cette petite activité, même sans son nom, je n’allais pas oublier à quoi il ressemblait d’ici un bon bout de temps. Le pire c’est que maintenant je savais qu’elles étaient la douceur de ses mains, la teinte de son parfum et de son odeur personnelle, l’intonation de sa voix. Tellement de détail qui pour moi sont tout autant important qu’un simple visage. Que ce soit en bon ou en mauvais d’ailleurs. J’avais enchaîné innocemment que son style était particulier et original. Ce n’était pas méchant, dans ma tête, ça sonnait même comme un compliment.
« C’est la première fois qu’on me le fait remarquer aussi… aussi franchement. D’habitude, les gens ont peur de me dire que je sors de l’ordinaire, ou alors ils le font d’une manière tout à fait inappropriée»
Un sourire fend mes lèvres et la rougeur de mes joues ne me quittent plus. J’ai passé mes dernières années, mise à l’écart par les gens « normaux » en marge avec la société et la mode qui l’accompagnent. Les originaux du genre de Liam, sont par expérience, plus ouvert d’esprit, plus enclin à supporter mes humeurs et mon caractère à la limite du chat sauvage. Il rajoute qu’il est flatter et je m’affaisse en jouant avec une mèche de cheveux, car c’est moi qui suis touchée et flattée de son attitude envers moi. Je fais la moue, je réfléchis, je me mords la lèvre, hésitante, je ne sais pas si je me lance, j’en ai le cœur qui bat tant j’ai peur de me prendre un NON, catégorique en pleine figure. Je rejoue avec mes cheveux machinalement, sa main qui tient les rênes frôlait mon coude et je sentais la chaleur de sa peau inonder tout mon bras. Je tourne légèrement ma tête vers lui, plus pour tendre l’oreille que le voir.
« Je…enfin… tu… » J’inspire profondément, maintenant que je me suis lancé, je dois continuer, mes oreilles me brulent et j’ai envie de me planquer maintenant. « Si tu as du temps, tu voudrais bien qu’on… » Raaaaah l’horreur, pourquoi suis-je autant timide pour une si simple demande. Ma tête n’en sait absolument rien, tandis que ma conscience me souffle que c’est l’envie de le revoir qui me pousse à rester sur mes réserves, de peur d’essuyer une déception sans doute en vue. Nouvelle inspiration, on y va ! « Ça te dit de poser pour un grand dessin ? On peut faire ça en plusieurs fois si tu n’as pas beaucoup de temps à m’accorder ? »
Horreur, je réalise que je cherche déjà à contrer son probable refus en lançant des alternatives que moi seule arrangeraient. Je lâche le pommeau et mets mes mains sur mon visage, consciente qu’il ne me voit pas, mais j’ai honte là, d’un coup. Oh merde ! Je redresse le visage en balayant mes cheveux derrière les oreilles. « Enfin non, pardon, enfin je comprendrais que tu ne puisses pas hein ! C’est sur que poser en rester plus ou moins immobile ça doit être gênant et puis en pensant que la plupart de modèle se font payer et que je te demandes ça à titre de service, c’est pas juste… Donc… Non non, t’embête pas, j’ai déjà ma photo mentale en tête. » Terminais-je en tapant ma caboche du doigt pour imager ma dernière phrase.
Après l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, je vous présente Liam qui murmurait à l’oreille des jeunes filles. Dit comme ça, ça fait un peu pervers, et bien entendu je ne le suis pas… sauf quand la fille me défie de l’être, évidemment. Et encore, il y a des limites à tout. Victory, en l’occurrence, n’était pas le genre de femme avec qui une attitude déplacée était envisageable. Je la connaissais depuis quelques minutes à peine, et j’avais déjà compris que pour qu’elle se sente en confiance, il fallait être doux avec elle. Je n’étais pas une brute épaisse, ça tombait bien. Enfin… pas quand je n’avais aucune raison pour cela, mais il ne fallait pas non plus me chercher. Sous l’apparence calme et zen que je dégageais se cachait un véritable volcan. Bref, la jolie brune me dit qu’elle y arrivait, après avoir glissé ses pieds dans les étriers. Bon, nous pouvions donc nous mettre en route. Je donnai un léger coup de talon dans le flanc de Fierce et secouai les rênes, ce qui le fit démarrer tranquillement.
« Le cheval… il est à toi Liam ? Il t’obéit à la lettre ».
« Non, j’aimerais bien… un jour, peut-être, j’en aurai un, quand j’aurai terminé mes études. Celui-ci, c’est un cheval de la ferme où je monte. C’est en dehors de la ville, et comme je monte toujours le même, on commence à se connaître » répondis-je.
J’aurais adoré pouvoir lui répondre par l’affirmative, c’est le rêve de tout cavalier d’avoir son propre cheval. Seulement, tant que maintenant, cela coûtait trop cher, même avec plusieurs petits boulots. L’argent que j’épargnais actuellement, je m’en servirais sans doute pour acheter mon propre cheval. Mais je retournerais vivre au Texas pour ça. Là-bas, c’est le Paradis. C’est là que mes parents étaient restés. Ils travaillent tous les deux dans un Ranch à quelques kilomètres de notre maison. J’imagine que c’est ce qui me manquait le plus, entre ici et là-bas. J’attrapai les rênes dans ma main gauche et posai tranquillement celle-ci sur mon genou, confiant. Les serrer comme un forcené ne m’aurait servi à rien, Fierce était calme. Nous remontions le petit sentier, pour ensuite longer pendant une dizaine de minutes une grand-route, puis les routes redevenaient plus terreuses parce qu’on sortait carrément de la ville.
« Je suis désolée d’avoir fait peur à ton cheval et toi » me dit-elle ensuite, alors que nous longions tranquillement la route.
« Il n’y a pas de mal, puis… tu ne m’as pas fait peur, disons surtout que tu m’as surpris » répondis-je, en souriant – ce qu’elle ne vit bien sûr pas.
Ma virilité en avait-elle pris un coup ? Peut-être bien, j’aimais passer pour l’homme fort, rassurant et protecteur. Peu de choses me faisaient peur, réellement peur. Je n’avais pas de phobie particulière. La seule chose… c’est que – comme tout le monde, je suppose – j’avais peur de perdre mes proches.
« En temps normal, je vous aurais dessinés » poursuivit-elle, « vous formiez un très beau tableau ensemble, tu as l’air de sortir tout droit du passé… Puis je n’avais pas mon papier, ni mon fusain, il fallait au moins que je sache ton nom pour garder l’image en tête… Ce genre de détail m’aide étrangement ».
« A te souvenir des visages des gens ? » lui demandai-je, curieux.
Moi… j’avais de la mémoire pour ce que je voulais bien, on va dire. Les noms des gens qui m’intéressaient restaient gravés dans mon esprit – pour un peu que je les apprenne en étant sobre, évidemment, et quand on travaille dans un bar ce n’est pas toujours le cas – de même que leurs visages. Les autres, je les oubliais, ils ne m’encombraient pas. Ça avait toujours été pareil à l’école : les matières que j’aimais, je les retenais avec une facilité déconcertante, et j’avais des points de merde partout ailleurs. Victory… je savais d’ores et déjà que son nom et son visage resteraient dans ma mémoire, elle m’avait fait une première bonne impression.
« C’est la première fois qu’on me le fait remarquer aussi… aussi franchement. D’habitude, les gens ont peur de me dire que je sors de l’ordinaire, ou alors ils le font d’une manière tout à fait inappropriée ».
Et Dieu seul sait combien de fois j’avais pu entendre que mon look était minable. J’en passe, et des meilleures.
« En tout cas, je suis flatté de t’inspirer quelque chose d’aussi positif » enchainai-je en souriant.
J’aimais l’art. Je ne faisais pas partie de ces rustres qui ne savent s’émerveiller devant rien d’autre qu’une bière et le corps d’une femme. Je combinais l’option mec bourru ET l’option mec cultivé. Sur ce coup-là, je n’étais pas peu fier… mais une fois de plus, tout dépendait de l’art en question, et généralement du sujet traité.
Bêtement, je me sens flatté par sa requête. Il complimente mon prénom et je me mets à m’imaginer des bêtises. J’imagine sa voix murmurer mon véritable prénom à l’oreille et j’en rougis à cet idée. Je devrais peut-être calmé mon imagination tant que je suis en sa compagnie. Il ne comprendrait surement pas, et irait croire que je me fais des films à son sujet. Enfin oui c’est le cas, mais c’est le genre de film dont je sais qu’il est pertinemment irréalisable. Une fois planté sur le cheval, Liam prend en main les rênes et calme la bête. Son « tout doux » sonne dans mes oreilles. Je suis contente qu’il ne me voie pas à l’heure qu’il est. Je me sentais aussi nerveuse qu’un animal sauvage piégé dans une cage. Alors oui, je lui ai posée cette question idiote, celle de savoir s’il n’était pas du genre taré.
« Rassure-toi, je n’ai pas de grotte." Je fronce les sourcils en tournant d’un petit quart ma tête en tendant l’oreille. « Ni quoi que ce soit dans le même genre ».
Je fais la moue mais même s’il se moque, ça me rassure et c’est absurde de ma part. Mais il continue de me parler, il parle de manière lente, basse, non violente. Le grave de sa voix est adouci pour le léger ton suave qu’elle prend. Ça me permet de me calmer un peu et de m’accoutumer à la chaleur de sa poitrine contre mon dos. Il me demande si je suis déjà montée à cheval, ce à quoi je secoue la tête vivement en couinant. Ces animaux étaient superbes, mais leur taille, leurs caractères, ne m’ont jamais mis en confiance, je préférais de loin, le tendre une pomme, protéger par la clôture et caresser leurs museaux attendrissant.
Il me parle, me rassure et j’en apprends même le prénom de son cheval. Je suis focalisé sur sa voix, j’ai les joues brulantes et j’essaye de me détendre. Toujours accroché au pommeau de la selle. J’entends le cliquetis des étriers, penchant la tête pour voir ou je dois mettre les pieds, je lui obéis. Je presse mes cuisses. Je souris bêtement, car je me sens mieux, j’ai plus d’équilibre et Fierce semble ne plus vouloir bouger autant qu’avant.
« Là, ça va mieux ? »
Je pousse un gloussement de fierté et j’acquiesce de la tête tout en lui répondant.
-Oui… J’y arrive…
Il fait aller les rênes et le cheval avance d’un pas lent. Mon corps balance de droite à gauche, mais le torse de Liam et les étriers m’empêchent de perdre l’équilibre. Je me raidis uniquement pour ne pas tomber et non parce que j’ai encore peur. Même si j’étais loin de vouloir aller au galop !
-Le cheval… il est à toi Liam ? Il t’obéit à la lettre.
J’essaye d’évacuer cette idée de sa présence aussi près de moi. Son visage est juste au-dessus de mon épaule, il est grand, plus grand que moi, qui pourtant ne suit pas si petite. Je n’ai jamais été aussi proche physiquement de quelqu’un, c’est assez perturbant, surtout quand vous vous mettez à le réaliser qu’une fois trop tard pour vous mettre à courir.
« Je suis désolée d’avoir fait peur à ton cheval et toi. » Je me mords la lèvre inférieur, je lui dis pourquoi ou pas ? Il me trouvera folle ? De toute manière je n’allais surement plus le revoir après cette balade. Puis il ne voit pas mon visage, ça m’aide à parler plus franchement. « En temps normal, je vous aurez dessiné, vous formiez un très beaux tableau ensemble, tu as l’air de sortir tout droit du passé… Puis je n’avais pas mon papier, ni mon fusain, il fallait au moins que je sache ton nom pour garder l’image en tête… Ce genre de détail m’aide étrangement ».
Bon ok, j’ai évité de lui raconter que dans ma tête c’est Bagdad, qu’il avait la parfaite image du héros, et que j’allais surement utilise son visage pour me sauver plus d’une fois dans mes aventures. Mais je ne suis pas totalement débile, je n’allais pas me faire passer pour une espèce de barge, pas à Miami en tout cas.
Elle ne répondit pas à ma première question, se contentant de sourire d’un air timide, le rose aux jours. Je lui proposai alors de monter, tout en lui tendant la main, et elle eut un mouvement de recul apeuré. Je fronçai un sourcil, étonné. Elle ne devait pourtant pas être si timide que cela, pour se jeter ainsi devant mon cheval et me demander comment je m’appelais. Peut-être avait-elle simplement… en fait non, je ne sais pas du tout, ses réactions étaient contradictoires et je ne me les expliquais pas. Je gardai ma main tendue, et lui souris, espérant ainsi la rassurer. Je ne faisais pas si peur que cela, quand même. Si ? Elle répondit à mon sourire, semblant s’excuser de s’être reculée ainsi. Je lui avais peut-être fait peur, tout simplement. En tout cas, c’était intriguant. Elle tendit la main, la reprit quand je lui demandai son prénom.
« Victory… Je m’appelle Victory, mais on m’appelle Vicky en temps normal ».
Je souris. Moi qui était féru d’Histoire, Victory sonnait beaucoup plus joli et intéressant à mes oreilles que Vicky. Son prénom, le vrai, pas son surnom, avait une intensité, un sens profond, limite jouissif. Il me faisait penser aux batailles de 875 et 879, durant lesquelles les Danois avaient fait mainmise sur York, en Angleterre. Ces passages de l’Histoire étaient mes préférés, puisque je m’étais tout particulièrement intéressé aux Vikings dans mes lectures.
« Si tu le permets, je préfère t'appeler Victory, c’est un magnifique prénom » lui dis-je.
Elle posa finalement sa main, minuscule, dans la mienne. Sa peau était douce, ce qui n’était pas le cas de la mienne. J’avais des mains de travailleur, contrairement à la plupart des gamins de mon âge. La jeune femme glissa son pied dans l’étrier libéré de ma présence et essaya de grimper, difficilement. Je compris que c’était la première fois pour elle et me permis de l’attraper par la taille pour l’aider à s’installer correctement devant moi. Une fois son dos – qui me sembla fragile, surtout en comparaison de mon torse large – collé à moi, je la lâchai et attrapai les rênes. J’avais remis mon pied dans l’étrier. Le cheval piaffa d’impatience et je tirai un coup sec pour le calmer, ponctuant mon geste d’un « tout doux » apaisant, à l’attention de la bête. Mais en réalité, j’aurais tout aussi bien pu l’adresser à Victory. Je la sentais crispée.
« Dis… dis…moi » me dit-elle d’une voix étonnamment « raide », à l’image de son corps agrippé au pommeau de la selle et à tout ce qu’il trouvait pour s’accrocher.
« Oui ? » répondis-je d’une voix sereine, attendant la suite.
« Tu n’es pas un psychopathe qui séquestre les jeunes filles dans sa grotte ? » me demanda-t-elle, très sérieusement.
Je ne pus m’empêcher de sourire, mais comme elle était devant moi, elle ne me vit pas. J’aurais sans doute pu éclater de rire, comme je l’aurais fait si elle ne m’avait pas paru aussi sérieuse. J’avais la désagréable impression qu’elle me posait la question pour de vrai, mais c’était une supposition… étrange. Qui enfermerait des jeunes femmes dans une grotte ?
« Rassure-toi, je n’ai pas de grotte » lui dis-je, en essayant de mêler sérieux et humour dans ma voix – résultat non-garanti. « Ni quoi que ce soit dans le même genre ».
Je ne voulais pas qu’elle pense que je me moquais d’elle, parce que ce n’était pas le cas. Je la sentais stressée, ce n’était pas pour en rajouter une couche. Je décidai de changer de sujet. Prenant ma voix la plus douce possible, j’essayai de la calmer et de la mettre à l’aise.
« Tu n’es jamais montée à cheval, n’est-ce pas ? » lui demandai-je tout d’abord.
Une fois sa réponse obtenue, j’enchainai : « Essaye de te détendre, Fierce est un cheval adorable et tu ne risques rien avec moi, je suis bon cavalier. Seulement, le cheval peut sentir ton stress. C’est un animal très sensible aux émotions humaines. Plus tu te détendras, et plus il se détendra lui aussi. Relâche la pression de tes cuisses autour de ses flancs, mets tes pieds dans les étriers pour avoir un meilleur appui ».
Joignant le geste à la parole, j’enlevai mes pieds des étriers et attendis qu’elle prenne ma place. Je n’en avais pas vraiment besoin, surtout si nous rentrions au pas – et nous le ferions. Ils seraient plus utiles à la jeune femme pour se sentir à l’aise.
« Là, ça va mieux ? » lui demandai-je, sans me départir de cette voix douce que je n’avais pas pour habitude de prendre.
Je voulais qu’elle se sente le plus à l’aise possible avant que l’on ne commence la balade. Cela serait plus agréable pour tout le monde.
J’aurais été un poisson en cet instant, je ressemblerais à celui qui fait la ventouse sur les rebords des aquariums et qu’on trouve tous absolument bizarre. J’avais les yeux grands ouverts sur cet homme. Je ne sais pas comment décrire ce sentiment. Avez-vous déjà imaginé une histoire, des personnages ? Non ? Peut-être que les écrivains me comprendront alors. Mais cet homme est l’exacte image d’un héros. Bon ok, le cheval y est pour beaucoup, mais son allure aussi ! Je crois que c’est la combinaison des deux qui a fait tilt dans ma tête. Je suis persuadé d’avoir retiré les écouteurs de mes oreilles, pourtant un son mélodieux de guitare envahit ma tête. Ma mélodie, peut-être devrais-je courir jusqu’à ma chambre pour poser ces notes aux clair, ne pas les oublier et les jouer pour les rendre vivantes. Mais je suis fixé dans le sable, je veux entendre sa réponse d’abord.
Ce qui est moins normal, et peut-être encore plus original, c’est que l’animal en face de moi m’impressionne et je me surprends à sursauter quand l’animal se secoue ou lève la tête en soupirant. J’ai l’impression de me faire chasser. Puis l’homme barbu, me répond, j’entends son prénom Liam. Liam. Liam, je me le répète dans ma tête en mémorisant l’intonation calme de sa voix. Oh punaise, même sa voix est classe. Je souris bêtement. La musique dans ma tête s’emporte. J’ai enfin un visage et un nom sur lequel je peux « fantasmer » mes fabuleuses aventures.
« C’est la première qu’on ne jette sous les sabots de mon cheval. Une raison particulière… ? »
Je devis mon regard, je sais que j’ai été imprévisible, mon cerveau à commander à mon corps avant que je ne puisse réfléchir aux conséquences. J’ai un sourire timide puis il me propose de faire un tour. Ma poitrine me fait mal, car cette proposition me fait à la fois envie et peur. Et je suis la seule à avoir provoqué une telle réaction. Je sens mes joues chauffés sous mes rougeurs que j’ai de plus en plus de mal à cacher. Je me pince les lèvres, il tend la main vers moi, j’ai un réflexe de recule ! Foutu réflexe ! J’ai encore du mal avec les gestes brusque mais je lui souris en lui demandant pardon du regard. En cet instant je me bats avec moi-même pour saisir cette main et envoyer pètre toutes mes habitudes. La dernière fois que j’ai suivi un inconnue, ça s’est très mal fini pour moi. J’ai encore plus mal à la poitrine maintenant que j’y repense. Je regarde à droite, à gauche. Je tends la main vers la suite pour le suivre.
« Si c’est le cas, tu as de la chance, je suis bon Prince et je t’emmène, mademoiselle… ? »
Je reprends ma main dans un mouvement de recul. Je sais que c’est inconscient de ma part, que n’importe qui vous direz que mon passé, n’a semble-t-il pas servit de leçon.
-Victory… Je m’appelle Victory, mais on m’appelle Vicky en temps normal.
Je pose finalement ma main dans la sienne. Elle est n’est pas vraiment douce, elle est large, chaude, rêche et de la corne se fait sentir sous sa paume, elle enveloppe entièrement la mienne, bien plus menue. Ce contact me mets mal à l’aise. J’ai besoin de me hisser avec son aide, ne serait-ce que pour passer mon pied dans l’étrier, j’ai l’air d’une imbécile. Je n’ai aucune grâce pour ses choses-là. Le cheval bouge et je glisse sur le côté, me rattrapant à ce que je peux, la peur n’aidant pas. J’ai les fesses d’un côté, la tête de l’autre. Putain mais ça bouge beaucoup ces choses. C’est la première fois que je monte à cheval. Liam pose ses mains sur moi, surement pour m’aider à me redresser et m’asseoir correctement. Je me mords la lèvre pour m’empêcher de crier « ARRETE DE ME TOUCHER », mais je le pense très fort.
Au bout de plusieurs gesticulation qu’il y a de moins élégant, je me retrouve dans la bonne position, devant Liam, son torse collé dans mon dos, les fesses sur la selle, accroché à ce gros truc marron qui dépasse devant moi, que je tiens d’ailleurs fermement. Le cheval bouge, je me crispe encore plus, je regrette déjà d’avoir accepté. Je ferme les yeux très forts en priant. J’aurais peut-être du envoyer un message à Hope ou Savannah, même si cette dernière ne peut pas me voir en peinture, elle n’a pas l’air du genre à ignorer les gens dans la merde.
« Dis… dis…moi » Je ne suis décidément pas à l’aise sur ce cheval qui semble s’amuser à bouger pour me faire peur. Je ne me suis jamais autant raidie. « Tu n’es pas un psychopathe qui séquestre les jeunes filles dans sa grotte ? »
D’un point de vue extérieur, ça aurait l’air amusant, débile, voir comique. Je suis sûre qu’il l’a pris ainsi. Mais je le pensais vraiment, même si j’en espérais pas vraiment une réponse satisfaisante. Qui l’avouerait ouvertement ? Mon ravisseur me l’aurait-il dit six ans plus tôt, si je le lui avais demandé comme maintenant ?
Le rythme endiablé des sabots de Fierce résonnait dans ma tête, incessant. Les mains serrées autour des rênes, j’avais lancé le magnifique étalon à pleine vitesse, sur la plage. Mon corps ne faisait qu’un avec celui du cheval, je me sentais plus libre que jamais. Le vent s’engouffrait dans ma barbe, mes cheveux noués dans ma nuque battaient la cadence eux aussi. Vêtu comme à mon habitude de vêtements hors du temps, je profitais de ce petit moment de répit. J’avais peu l’occasion de monter, surtout ces temps-ci où je cumulais plein de petits boulots, cela me faisait donc le plus grand bien. Fierce et moi arrivions à vive allure vers une plage touristique et plus fréquentée, je tirai donc sur les rênes pour le faire ralentir, afin de ne blesser personne. Passant du galop au trot, puis du trot au pas, je posai ma main sur son encolure blanche comme neige afin de le féliciter d’avoir si bien couru. Le cheval, majestueux, remua la tête de bas en haut à de nombreuses reprises. Je souris, ce qui laissa apparaître quelques rides d’expression au coin de mes yeux bleus comme l’océan. Le sentier pour quitter la plage n’était pas loin, d’un geste autoritaire je dirigeai mon destrier pour le faire remonter vers celui-ci. Nous pourrions ainsi quitter la plage et rejoindre calmement la ferme où je montais, un peu en dehors de la ville. La propriétaire m’était sympathique, et visiblement c’était réciproque. Elle me disait souvent que je lui faisais penser à son fils, Chase, décédé presque deux ans plus tôt, et dont les yeux étaient aussi bleus que les miens, et les cheveux aussi blonds. D’après elle, il émanait de nous la même bonté. Cela aurait pu en gêner plus d’un, mais pas moi. Si je pouvais lui rappeler les bons souvenirs qu’elle avait avec son fils, alors j’en étais heureux. Quand elle me voyait, un sourire ne manquait jamais d’éclairer son visage, et c’était le principal.
J’étais un peu perdu dans mes pensées lorsque je vis du coin de l’œil quelqu’un se lever de sa serviette de plage et se jeter presque sous les sabots de Fierce. J’eus le réflexe de tirer les rênes pour le faire se stopper, fort heureusement. Le cheval s’arrêta dans un hennissement mécontent, et je posai les yeux sur l’origine de mon arrêt. Une jeune femme, brune, pâle et aux grands yeux chocolat, toute vêtue de carreaux. Elle porta sa main à son front, sans doute pour se protéger du soleil.
« Tu… tu t’appelles comment ? » me demanda-t-elle, ce qui m’étonna assez, je dois bien l’avouer.
Je répondis à sa question et la vis rougir, puis retirer ses écouteurs, qu’elle avait laissés dans ses oreilles. Je souris, amusé.
« Pardon… excuses moi, tu disais ? »
Fierce piaffa d’impatience et je le calmai d’une nouvelle caresse, sans quitter des yeux la jolie petite brune.
« Je m’appelle Liam » lui fis-je.
Je me demandais pourquoi elle m’avait arrêté aussi vivement, sa réaction était… inhabituelle.
« C’est la première qu’on ne jette sous les sabots de mon cheval. Une raison particulière… ? » la taquinai-je un peu sans cesser de sourire. « Tu veux peut-être aller faire un tour ? ».
Je lui tendis la main et ôtai le pied qui se trouvait de son côté de l’étrier dans lequel il se trouvait.
« Si c’est le cas, tu as de la chance, je suis bon Prince et je t’emmène, mademoiselle… ? », ajoutai-je, marquant une hésitation à la fin de ma phrase, comme pour lui signifier que je ne connaissais pas son prénom et qu’il m’aurait été agréable de le savoir, si elle décidait de m’accompagner.
Je suis allongée sur la plage, habillé d’un bermuda à carreau pour cacher mes cuisses, un débardeur qui remonte quand je lève les bras assortis, je ferme les yeux pour plonger dans mon univers rien qu’à moi. Sur mon ventre, mon ipod relié aux écouteurs vissés dans mes oreilles. Je n’entends pas le moindre bruit extérieur, la musique envahis ma tête entièrement et je décolle pour un monde meilleur. La chaleur du soleil me rappelle cependant où je suis, le manque d’air frais et l’odeur d’iode m’avertis que je suis toujours à Miami et non en Californie, je suis bien loin de ce petit quartier en périphérie de Sacramento. Je suis bien loin de ces souvenirs atroces, et l’ambiance de ma musique soulève mon corps. Je me mets soudain à voler, des images défiles dans ma tête, la voix angélique de l’homme qui chante dans mes oreilles m’amènent à voir au-dessus des nuages. Je flotte comme une morte, comme une rescapée sauvée d’un champ de bataille. Puis enfin, je me mets à voler, à voir les paysages défiler à travers les amas de moutons volant. Je souris à travers mon rêve éveillé, j’aime tellement ce monde, celui de ma tête, celui ou rien ne peux m’arriver, celui ou je suis plus forte que n’importe qui, celui ou même les blessures me rendent plus forte. Je vole alors encore plus vite. Je vole si vite et en arrière que je retourne dans le passé, je retourne devant un moi d’une dizaine d’année. J’enfonce la trapper d’acier, et d’un bras secourant, je tire les deux petites filles qui accompagnait une version miniature de moi. Soudain, deux bras musclés attrapes ma jeune version par la taille et l’empêche de me prendre le bras. Le rêve m’échappe, mais je ne me rends pas compte que je m’endors, mon rêve éveillé devint un cauchemar des plus classique. Le ravisseur passe sa tête par le trou et c’est un visage horrible que je vois, ce n’est pas un homme mais un monstre, il hurle, il crie, si fort, on dirait ceux des harpies dans la mythologie. Mon sang se glace et j’hurle mon propre prénom. Je veux me sauver. Mais le monstre attrape mon poignet et je tombe dans le bunker. Lorsque je touche le sol, je me réveille en hurlant, me redressant soudainement en ouvrant les yeux devant un soleil éblouissant. Mon rythme cardiaque est rapide, des regards se tournent vers moi et je rougis de gêne, pas encore remise de mon angoisse.
Je retire mes écouteurs qui jouent alors une musique que j’ai beaucoup trop entendue. Je les jette sur mon sac à côté de moi et je rapproche mes genoux contre ma poitrine pour prendre une position plus réconfortante. Je regarde la mer et je sens ma colère remonter, celle qui m’agite à chaque fois que je repense à cette époque de ma vie. Je repense à ce livre écrit sur les enlèvements et je maudis chaque jour cette personne qui a résumé 11 mois de captivité en 594 pages. Ils ne pourront jamais retranscrire l’horreur de ces mois passé en sa compagnie. Je suis en colère, je veux écouter de la musique qui ira avec mon humeur. Je reprends mon ipod entre les doigts et je pianote rapidement dessus pour en venir à l’album qui m’intéresse. Mon choix s’arrête à The Pretty Reckless. Make me Wanna Die.Etrangement, les paroles de cet chanson s’apparente bien aux émotions que mes souvenirs de LUI m’apportent.
C’est une profonde émotion qui m’envahit et je persiste à fixer l’horizon avec le soleil couchant. Je regarde si longtemps la lumière que mes globes oculaires me font mal. Mais du coin de l’œil, un mouvement de bas en haut attire ma curiosité. Je me rends compte alors que c’est un cheval, magnifique, agitant la tête en marchant. Sur lui, un cavalier des plus atypiques pour Miami. Un chevalier, un homme sorti des temps médiévaux, une coiffure et un style plus qu’anormal. Il n’est ni en tenue classique, ni en tenue d’équitation, mes yeux le suivent comme s’il débarquait d’une autre planète. Si j’avais été dans un cartoon, mes yeux auraient brillé de mille étoiles en cet instant. J’ai la bouche ouverte, parce qu’il ressemble aux héros de mes histoires imaginaires. Je coupe la musique qui hurle à présent dans mes oreilles, car j’ai complétement oublié pourquoi j’étais en colère. Je fais défiler la musique en random pour trouver un air approprié. Mes doigts s’arrêtent sur Teardrop de Newton Faulkner. J’ai toujours largement préféré sa reprise à l’orignal de Massive Attack. Je ne sais pas si c’est mon imagination qui créer cette impression, mais je le vois passer au ralenti, le pire c’est qu’il s’approche de moi, je crois qu’il vient vers moi, mais je me rends compte que c’est un sentier tracé à l’usure qui passe à côté de moi et qu’il va l’emprunter. Il cache le soleil derrière lui et le décor qui l’entoure est parfait. Je me mets à le fixer outrageusement sans faire attention.
Je ne tiens plus, c’est la première fois que je vois un type pareille, je me tortille sur ma serviette pour me lever et quand il passe à côté de moi, je l’interpelle. « Hey toi ! » C’est la première fois que je fais ça, c’est la première fois que je vais à la rencontre de quelqu’un. J’ai beaucoup moins peur parce qu’à Miami, personne ne connait mon histoire, personne ne m’évite en accélérant le pas ici au moins. Le cheval s’arrête et je suis obligé de me dévissé le coup pour le regarder et mettre la main sur le front, éblouie par le soleil. « Tu… » Et la tout d’un coup je me rends compte que je viens d’interpeller un inconnu sortie de nulle part, si ce n’est de mon imagination. Et si je rêvais encore ? Tant pis. « Tu t’appelles comment ? » Il fallait que je le sache, il fallait que je mette un nom à son visage. Car je savais au fond de moi, que même si je ne le reverrais jamais de ma vie, j’allais encore pensé à son visage, j’allais l’imaginer dans mes rêveries, car c’est exactement le genre de type que j’ai toujours pensée rassurant… Peut-être parce qu’ils n’ont rien à voir avec mon père, ni mère avec mon ravisseur. Je réalise que j’ai toujours la musique dans les oreilles quand je le vois ouvrir la bouche et ne pas entendre un traitre mot. Je les retire en les emmêlant dans mes doigts, rougissant de ma bêtise. « Pardon… excuses moi, tu disais ? »
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