Wynwood University
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 Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy]

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MessageSujet: Re: Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy]   Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy] EmptySam 3 Aoû 2013 - 15:57

Elena redoutait quelque peu la réaction de son professeur, car le connaissant, elle savait pertinemment que la réponse serait à double tranchant. Elle espérait qu'il ne jouerait pas de son sadisme sur ce coup, la jeune fille n'ayant aucunement l'envie de se le mettre à dos, dans la mesure où elle aurait sûrement besoin de lui d'ici la fin de l'année pour rédiger ses lettres de recommandation.
Elena fut rassurée et même quelque peu surprise du ton calme et mesuré de son professeur.

« Oh, Elena ! Excusez-moi, je ne vous avez pas reconnue sur le moment, je devais être un peu perdu dans mes pensées ou sans doute trop pressé d'aller boire ce qui est maintenant sur votre robe. Plus très comestible, j'en ai peur... Je suppose que je vais devoir en prendre un autre, alors que j'ai déjà tant lutté pour en obtenir un, avec ce serveur feignant au possible... »

Elena fut rassurée de comprendre qu'il ne s'en était pas pris à elle volontairement. On ne savait jamais, avec ce genre de personnage. Sa réaction était loin de son sadisme habituel envers la plupart de ses misérables étudiants, et sa dernière remarque arracha à Elena un léger ricanement. En effet, ce fameux serveur, n'était pas si feignant que ça, lorsqu'il s'agissait de servir des jeunes filles. Elena n'avait jamais eu ce genre de problème, avec lui. Visiblement, il changeait ses méthodes de travail , et bien, à la tête du client. Elle ne pu s'empêcher d'en faire la remarque au professeur, pour l'agacer un peu plus. Car il fallait bien se l'avouer, il pouvait être un sacré numéro, lorsqu'il s'y mettait.

« Vous savez, si vous portiez une mini-jupe, je suis certaine que vous n'auriez pas besoin de lui faire peur pour avoir votre cocktail en temps et en heure. »

Evidemment, elle ne pu retenir un léger sourire en imaginant ce cher professeur de mathématiques, réduit à porter une mini-jupe pour se faire entendre d'un barman complètement à la masse.

Harold fit un simple signe dans la direction du serveur, qui s'empressa à la préparation du nouveau mojito. Visiblement, lui aussi, avait du subir la mauvaise humeur du professeur.

« Il va neiger par ici demain, cet idiot a saisi sans même un mot ma commande. C'est qu'ils sont entraînés au berceau maintenant, ces serveurs de choc ! Métier auquel vous ne serez jamais destinée, d'ailleurs, si j'en crois vos travaux en mathématiques ! »

Et bien, un compliment sur son travail scolaire ne pouvait que faire plaisir à Elena, même si cette remarque était plus que dénigrante pour ce pauvre barman. Mais l'idée était là, c'était l'essentiel, et puis Harold Mortgage était plutôt du genre cynique et sans tact. Il fallait simplement s'y habituer et faire le tri.

Il ajouta pourtant aussitôt :

« Et pour achever de vous répondre, j'ai eu une journée assez routinière finalement. Vous êtes bien placée pour savoir qu'enseigner à certains de vos camarades n'est pas de tout repos et que je fais un effort surhumain pour accepter de revoir leurs têtes de semi-dégénérés autour de moi après les cours... Enfin, ce n'est pas votre cas, évidemment ! »

Et bien, il avait le mérite de retenir le niveau de ses étudiants, à défaut de les reconnaître dans les bars, même si cela insultait profondément la plupart des autres étudiants. Faire le tri, pensa-t-elle en souriant.

« J'ai donc cru comprendre que vous aviez eu une journée difficile vous aussi ? Si ça vous dit, on peut toujours en discuter autour de ce verre, je suppose que ça nous occupera tous les deux. Et laissez moi vous inviter, ça soulagera un peu ma conscience pour ma réaction disproportionnée. Eh oui, j'ai une conscience parfois, aussi surprenant que ça puisse paraître! Bref, vous prendrez...? »

Elena fut d'abord surprise par la réaction de son professeur. En effet, peu de membres du corps enseignant prenaient le temps d'apprendre à connaître leurs élèves, et encore moins de leur offrir un verre. Mais ce Harold était un personnage si atypique qu'elle n'en tint pas compte. En revanche, ses amis, attablés de l'autre côté du bar, risqueraient fort d'en tirer des conclusions hâtives et ne se gêneraient pas pour lancer des rumeurs. Et oui, il en était ainsi, à Wynwood. Mais Elena était certaine d'apprécier un peu de compagnie auprès d'un professeur, qui ne pouvait qu'être que plus intéressante que celle de ses amis, qu'elle appréciait néanmoins énormément, plutôt occupés avec ces séries pour midinettes et autres incroyables inventions que la jeune fille rentrerait dans la catégorie "télé-poubelle".

Hésitante d'abord, Elena se rendit compte la formulation du professeur sonnait plus comme un ordre que pour une invitation, mais elle finit par répondre au bout de quelques secondes :

« Et bien oui, c'est avec plaisir que j'accepte votre invitation. »

Elena avait répondu avec sa politesse habituelle, qui semblait l'avoir quitté temporairement quelques minutes plutôt. La jeune fille jeta un œil dans la direction de la table de ses amis. Elle était cachée derrière le grand aquarium, situé en plein milieu du bar. Il n'y avait donc que peu de chance qu'ils l’aperçoive, et ils ne s'inquiéteraient sûrement pas du fait qu'elle ne revenait pas. Ils connaissaient bien Elena et savait pertinemment à quel point elle pouvait s'ennuyer parfois dans ce genre de discussions.

La jeune fille s'installa alors sur le tabouret libre à côté d'Harold et jeta un coup d’œil rapide à la carte. Il n'était évidemment pas question de prendre de l'alcool,car sa mère, bien trop stricte, risquerait de s'en apercevoir et lui ferait vivre un enfer bien pire que celui dans lequel elle vivait déjà.  Mais Elena, de toute manière, n'appréciait pas spécialement le goût de l'alcool, hormis un bon vin ou un bon champagne.
La jeune fille opta donc pour un simple cocktail non-alcoolisé.

Elle adressa son plus beau sourire au serveur qui lui amena son cocktail dans la minute.

« Cadeau de la maison » annonça-t-il en souriant.

Après tout, Elena était une habituée de ce bar. Elle se tourna alors vers son professeur.

« Et bien, visiblement, vous devrez trouver autre chose pour soulager votre conscience. »

Elle plaisantait, évidemment. Elena ne savait pas vraiment où se situait la limite dans la relation élève/professeur, dans la mesure où même si elle était habituée à discuter avec eux, elle ne s'était jamais retrouvée autour d'un verre en compagnie de l'un d'eux.

Un peu sur ses gardes et incertaine, elle but quelques gorgées de son cocktail, se demandant quel sujet de conversation pouvait convenir à une telle situation. Tel sujet relèverait-il de la vie privée du professeur ? Est-ce que ce dernier, après ces journées passer en classe, avait franchement envie de parler de ses cours ?

Elena opta pour expliquer sa colère quelques instants plus tôt.

« Vous savez, la vie d'une étudiante n'est pas de tout repos non plus, vous l'avez forcément été, il y a fort longtemps, certes. »

C'était effectivement une nouvelle tentative d'humour, car cet atypique professeur de mathématiques était loin d'avoir l'air vieux. Elle continua, se demandant si le professeur n'allait pas tout simplement s'en foutre. Quoiqu'il en soit, Elena devait bien expliquer la raison de son humeur si maussade.

« Les tracas familiaux du quotidien, les proches qui nous entoure qui ne semblent pas nous comprendre, bref, le parfait cliché de la gamine sans réel problème et qui s'en trouve pourtant, en réfléchissant un peu trop. »
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MessageSujet: Re: Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy]   Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy] EmptySam 3 Aoû 2013 - 2:59

Verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Harold A. Mortgage & Elena S. Kennedy

Have fun...



J'avais espéré tout au long de mon périple passer au travers des mailles de ce diabolique filet de mes élèves, et c'était désormais copieusement raté. Et double malchance, j'avais laissé échapper ma mauvaise humeur sur une étudiante digne d'intérêt qui ne méritait pas une telle réaction. Elle aussi, sans se démonter, ne tarda pas à répliquer froidement pour montrer son agacement.

« Oh, merci, professeur, j'accepte vos excuses. Mais où avais-je donc la tête, moi, la petite élève écervelée, à ne pas avoir remarqué votre humble présence, pourtant si charismatique. Vous m'en voyez confuse, j'espère ne pas vous avoir pourri votre soirée avec mon égoïsme à la con ! »


Sa réponse me laissa sans voix, et partagé entre l'envie de me défendre pour la faire taire une bonne fois pour toute et celle de faire profil bas quitte à rompre avec mes habitudes rhétoriques. Après tout, dans le fond, j'étais un peu en tort, et elle n'était pas mieux lotie avec sa robe trempée qui allait puer l'alcool à dix pas à la ronde pour le reste de la soirée. Manifestement, elle aussi se rendit rapidement compte de son agressivité verbale un peu excessive puisqu'elle radoucit quelques secondes plus tard devant mon air surpris.

« Visiblement, vous n'êtes pas le seul à avoir passé une mauvaise journée. »

Un tel constat, sans faire preuve d'un pouvoir de déduction à en faire pâlir Newton, sous-entendait qu'elle avait potentiellement envie de bavarder. Elle était seule, je l'étais également, après tout, pourquoi pas entamer une conversation avec cette élève qui avait l'air tout à fait convenable au demeurant ? Une fois encore, tout était question d'image : un prof qui boit un verre avec une élève, l'idée de l'année ? Pas certain. Et puis, peut-être qu'elle non plus n'aurait pas envie de s'afficher avec cet austère mathématicien moqueur que j'étais.

Je n'avais jamais cherché à faire réellement connaissance avec mon public étudiant : la majorité ne m'intéressait pas, et la minorité ne m'intéressait finalement que grâce à ses devoirs excellents et la satisfaction de ne pas perdre totalement mon temps pendant mes heures de travail. Sans m'ouvrir l'esprit outre-mesure et m'écarter de mes principes stricts, connaître un peu mieux une élève pourrait s'avérer utile, et avoir une alliée de poids ou une représentante parmi les étudiants était un atout non négligeable pour la suite.

En m'éclaircissant la voix, je tâchai de trouver une réponse calme et mesurée :

« Oh, Elena ! Excusez-moi, je ne vous avez pas reconnue sur le moment, je devais être un peu perdu dans mes pensées ou sans doute trop pressé d'aller boire ce qui est maintenant sur votre robe. Plus très comestible, j'en ai peur... Je suppose que je vais devoir en prendre un autre, alors que j'ai déjà tant lutté pour en obtenir un, avec ce serveur feignant au possible... »


Je fis un signe à l'énergumène qui repassait par là et qui comprit, ô miracle rapidement, qu'il fallait m'en resservir un aussi vite que sa fainéantise le lui permettait. Ne voulant pas la faire fuir tout de suite, je repris à voix un peu plus basse :

« Il va neiger par ici demain, cet idiot a saisi sans même un mot ma commande. C'est qu'ils sont entraînés au berceau maintenant, ces serveurs de choc ! Métier auquel vous ne serez jamais destinée, d'ailleurs, si j'en crois vos travaux en mathématiques ! »

Réalisant que cette dernière remarque pouvait avoir un côté méprisant, je m'empressai de revenir à sa remarque sur cette fameuse journée mouvementée.

« Et pour achever de vous répondre, j'ai eu une journée assez routinière finalement. Vous êtes bien placée pour savoir qu'enseigner à certains de vos camarades n'est pas de tout repos et que je fais un effort surhumain pour accepter de revoir leurs têtes de semi-dégénérés autour de moi après les cours... Enfin, ce n'est pas votre cas, évidemment ! J'ai donc cru comprendre que vous aviez eu une journée difficile vous aussi ? Si ça vous dit, on peut toujours en discuter autour de ce verre, je suppose que ça nous occupera tous les deux. Et laissez moi vous inviter, ça soulagera un peu ma conscience pour ma réaction disproportionnée. Eh oui, j'ai une conscience parfois, aussi surprenant que ça puisse paraître! Bref, vous prendrez...? »

J'avais achevé en présupposant qu'elle accepterait d'office la « chance incroyable » de pouvoir discuter avec son prof de maths en dehors des cours, mais je n'en avais aucune idée. Si elle refusait, au moins, cela aurait le mérite de ne pas trop me faire regretter de l'avoir enguirlandée quelques instants plus tôt.
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MessageSujet: Re: Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy]   Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy] EmptyVen 2 Aoû 2013 - 15:55

Une fois n'est pas coutume, Elena avait décidé de sortir, ce soir. Enfin, sortir restait un bien grand mot, dans la mesure où elle n'allait que boire un jus avec des amis de sa classe, dans un bar inutilement prisé par les jeunes, histoire de décompresser après tout ce "travail acharné". "Travail acharné", évidemment, une formulation bien ironique. En effet, Elena, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ne fréquentait pas que les intellectuels de Wynwood, elle pouvait également côtoyer d'autres personnes, n'ayant pas forcément les mêmes objectifs et les mêmes attentes des études. La diversité lui plaisait, même si avoir des points communs avec son interlocuteur peut rendre la discussion plus facilement agréable et prospère.

C'était une belle fin d'après-midi, ensoleillée à souhait. Pour Elena, qui venait de New-York, ce soleil était toujours appréciable, malgré ces 4 années déjà passées ici. Elle appréciait sa chaude caresse sur sa peau, il lui procurait une sérénité que la fraîcheur ne saurait lui apporter. Néanmoins, Elena n'était pas vraiment sereine ces jours-ci. Ses relations avec sa mère ne s'étant pas améliorées, elle essayait de rentrer chez elle le moins possible. A quoi bon rentrer, dans cette somptueuse villa, située en plein cœur des Coral Gables, pour retrouver cette femme, consumée par la douleur de la perte d'un être cher, détruite à vie, et qui se noyait dans de douces mais fausses illusions que sa richesse entretenait ?

Elena ne supportait plus cette vie, ce monde superficiel qui se voulait privilégié, influent, et hautement prisé, mais qui en réalité ne regorgeait que d'âmes desséchées et de faux-semblants. La crème des crèmes, l'élite de la société, les hommes politiquement influents, les PDG de grandes multinationales, les hommes riches à ne plus savoir quoi faire de cet argent. "Ceux qui façonnent ce monde", comme dirait sa mère. Et bien, quel monde ! Certainement pas le reflet de la réalité. Du moins, c'était une réalité pour Elena, qui devait subir la présence de ces beaux-pères éphémères. Evidemment, elle serait destinée à un avenir aussi respectable que possible : un mari au moins aussi riche qu'influent, une profession reconnue et admirée, une famille aussi unie en apparence que détruite en réalité.

Un véritable masochisme, pour Elena. "Paraître, et uniquement paraître, pour ne jamais être". La devise de la famille Kennedy, qui se berçait d'idées illusoires de bonheur consommé. Elena regretterait presque d'avoir l'intelligence de se rendre compte du monde dans lequel elle vit. Elle aurait préféré fermer les yeux et se laisser bercer, doucement, sans faire attention à sa triste réalité. Car même si elle avait en apparence tout pour elle, et que nombreux sont les individus qui enviaient une telle vie, la richesse, la beauté, et un avenir tout tracé, et bien Elena souffrait. Elle était malheureuse à en mourir, et dissimulait ce mal-être sous un sourire hypocrite de façade, digne héritage de sa mère.

Elle avait beau y réfléchir longuement, et envisager diverses situations, la jeune américano-suédoise était incapable de réagir. Elle ne faisait que subir, y réfléchir, mais ne tentait rien pour casser cette réalité qui l'a dérangeait tant.
Elena se contenterait de poursuivre ses études, faisant de son mieux, ne se servant de son intelligence que pour atteindre les objectifs qu'on lui avait destiné dès sa naissance, se marierait avec le gendre idéal pour sa mère, issu du même milieu, et dont elle se ficherait sûrement totalement, aurait une belle maison, une voiture de luxe, et jetterait de l'argent par les fenêtres, se rendant à quelques galas de charité pour se donner bonne conscience.

Elena se secoua la tête. Si elle avait décidé de lâcher ses cours, c'était bien pour décompresser, et non se déprimer encore un peu plus en ruminant sa situation. Car tout le problème était là : Elena n'avait pas besoin de travailler autant, car elle assimilait les notions du premier coup et avait une mémoire sans faille. Mais la jeune blonde se réfugiait, depuis cet été, dans le travail, essayant d'approfondir ses cours et de développer sa culture G déjà si étendue, afin d'échapper à sa réalité. Chacun a sa manière de s'évader, certains buvaient, d'autres s'amusaient, elle, elle préférait se consacrer aux équations complexes ou à l'histoire.

Ce soir, elle allait tenter de s'évader autrement. Elle s'était habillée comme à son habitude, la tenue de la parfaite jeune fille de bonne famille : une robe évasée blanche aux rubans rouges, un gilet rouge et un serre-tête assorti , un collant et une paire de ballerine blanches. Elle était attablée avec quelques amis, non loin du bar, car ceux-ci, plus ou moins bruyants, cherchaient à entretenir leur médiocrité en s'attribuant d'office une belle gueule de bois pour le lendemain matin, lendemain pour lequel il fallait rendre un sacré devoir de maths, à l'image de leur professeur : particulièrement difficile. Elena l'avait déjà terminé la veille, elle était donc tranquille, mais ses amis, eux, ne semblaient pas particulièrement pressés de le commencer.
"Ca va, c'est que des maths, ça va servir à qui ça, plus tard, dans la vie de tous les jours ? La racine carré de 234, ça va te sortir d'une galère ?". Elena ne répondait pas à ce genre de commentaires, sinon elle aurait envie de leur marteler le crâne à coup de bouquins de philo, pour leur faire comprendre qu'il était parfois plaisant de se creuser les méninges, histoire de faire travailler son cerveau une fois dans sa vie, plutôt que de s'abrutir devant je ne sais quelle télé-réalité.

Mais Elena n'en faisait rien, d'une part parce que c'était une cause perdue d'avance, et d'autre part parce qu'elle ne cherchait pas à rallier ses amis à son mode de vie. Elle les choisissait pour le bien-être qu'ils lui apportaient, et non pour rechercher un mode de pensée similaire. Après tout, ce qu'on pouvait s'ennuyer, en ne côtoyant que des personnes toujours d'accord avec ce que l'on dit, ou fait. Où serait le débat, le partage des idées, le cheminement jusqu'au résultat de deux façons de pensée strictement opposées ?

Mais bon, cet après-midi, s'en était trop pour Elena. Ils avaient décidé de se lâcher, et cela faisait presque deux heures et demie qu'ils en étaient en plein débat réellement instructif et civilisé, d'une séparation d'un couple issu d'une télé-réalité particulièrement subtile. Maintenant, le soleil n'allait pas tardé à décliner, laissant derrière lui un ciel teinté de rouge et de rose, et Elena se dit  que si ça continuait, elle ne risquait pas de tenir très longtemps.

Lasse, elle adressa un sourire à ses amis et prétexta un besoin d'aller aux toilettes. Elena comptait effectivement y aller, mais pour se passer un grand coup d'eau sur le visage, histoire de faire l'effort de tenir encore un peu. D'ordinaire, elle est plutôt sociable, mais sa mauvaise passe semblait s'éterniser, et elle ne souhaitait pas que cela se sache. Elle savait parfaitement dissimuler ses sentiments.

Elena se leva donc et prit la direction des toilettes lugubres du bar, passant devant le bar. Elle était plongée dans ses pensées, totalement ailleurs, le regard vide, et ne fit d'ailleurs pas attention à l'homme qui allait faire obstacle à son passage. Le drame arriva, et la quasi-totalité de la boisson se déversa sur sa robe, et ruinant son habit et l'imbibant d'une forte odeur d'alcool accessoirement. Cela lui vaudrait sûrement une dispute avec sa mère, lorsqu'elle sentira l'alcool sur sa robe, sachant qu'elle n'était pas censée être au bar mais à la bibliothèque.
Elle souffla, à la fois confuse et énervée, et n'eut même pas le temps d'identifier celui qu'elle avait percuté de plein fois qu'il lui adressa ces charmantes et plates excuses :

« Mais bon sang, vous êtes malade d'arriver derrière les gens comme ça ? Il faudrait peut-être vous rendre compte que vous n'êtes pas seule au monde par moments, ou alors c'est trop demander ? Ça commence vraiment à bien faire, tous ces égoïstes à la con qui me pourrissent ma soirée ! »

Sur le coup, la jeune fille ne savait pas comment réagir. Habituellement, elle se serait sûrement confondue en excuse et aurait peut-être même versé une petite larme dans les toilettes, l'émotion aurait été trop forte, mais en ce moment, toute la frustration qu'elle accumulait eut envie de se déverser sur lui.

Sauf qu'Elena, pour sa part, identifia alors l'homme qui s'en prenait à elle sèchement. Il s'agissait d'Harold Mortgage, son professeur de mathématiques. Un professeur adulé par les jeunes filles de Wynwood pour son physique d’Apollon, mais  peu apprécié par les mauvais élèves, puisqu'il s'appliquait à leur faire vivre un enfer. La jeune fille n'avait jamais spécialement eu de problèmes avec lui, puisqu'elle rendait ses devoirs en temps et en heure et s'en sortait avec une moyenne plus qu'honorable. Elle était douée, avec les chiffres.

Elena avait pourtant bien envie de lui rétorquer ses 4 vérités, comme son manque d'éducation, à s'en prendre à une de ses élèves aussi sèchement, alors qu'il était bien l'auteur de l'accident. L'éducation et les bonnes manières d'Elena primant sur ses sautes d'humeur, cela n'était pourtant pas suffisant pour qu'elle se confonde en excuse. Après tout, lui non plus n'avait pas regardé où il allait. Elle lui adressa donc son plus beau sourire, quoiqu'un peu crispé, et répondit avec ironie :

« Oh, merci, professeur, j'accepte vos excuses. Mais où avais-je donc la tête, moi, la petite élève écervelée, à ne pas avoir remarqué votre humble présence, pourtant si charismatique. Vous m'en voyez confuse, j'espère ne pas vous avoir « pourrie votre soirée » avec « mon égoïsme à la con » ».

Elle avait dit cela, pas tant sur un ton cinglant mais plutôt sur le ton de l'humour. Elena était tout de même gênée, ce n'était pas son genre de rétorquer avec autant d'assurance. C'était toute cette pression, ces derniers temps, et cette après-midi passée auprès de ses amis, qui l'avaient réellement mise en rogne. Elle se passa la main dans ses cheveux blonds et adressa un regard d'excuses à son professeur.

« Visiblement, vous n'êtes pas le seul à avoir passé une mauvaise journée »

Les deux individus semblaient plutôt embarrassés, et heureusement, les regards spectateurs des personnes présentes dans ce bar s'étaient détournés, sûrement retournés discuter de futilités.
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MessageSujet: Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy]   Verre à moitié vide ou à moitié plein ? [Elena S. Kennedy] EmptyVen 2 Aoû 2013 - 3:14

Verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Harold A. Mortgage & Elena S. Kennedy

Have fun...



Le bar de la plage, ma petite folie de la fin d'après-midi. Un soleil radieux, un soudain ras-le-bol de la routine de ces soirs trop scolaires où l'on se contente de penser à ce qu'on allait raconter le lendemain à ce troupeau de gnous lobotomisés si commun... il n'en fallait pas plus pour que je décide de m'aérer un peu l'esprit. Seulement, dans ce coin fort estudiantin, difficile de ne pas croiser ces charmantes ouailles qui égayaient déjà mes heures de travail. Ainsi, il fallait choisir entre la solitude d'une soirée gâchée, ou la compagnie lointaine de mes amis les trop nombreux écervelés.

J'essayai tant bien que mal de trouver une réelle motivation à opter pour la seconde alternative, et la perspective de les surveiller discrètement pour me moquer de leurs mœurs quasi-primitives me tira un léger rictus partagé entre un sadisme assumé et une satisfaction presque coupable d'en être une fois de plus réduit à ça pour passer le temps. Il ne restait plus qu'à faire abstraction des futurs regards étonnés ou moqueurs traduisant toujours ce même message désespérant : « Ah bon, le prof de maths il sort des fois ? Il arrête de faire des maths des fois ? Il sait ce que c'est la vie des fois ? Trop drôle eh ! ». Ouais, et il t'emmerde des fois aussi. Mais il le garde pour lui en bon gentleman.

Sans être trop motivé non plus, je finis par m'arrêter devant un sombre gourbi luminescent manifestement appelé « Bar de la plage ». C'est que ça donnait terriblement envie, comme endroit pour décompresser. On y entendait d'ailleurs d'ici la musique savamment composée de « boum boum boum » qui s'échinait à couvrir les inepties des braillards attablés çà et là. Un job à temps plein, à n'en pas douter. De là, j'aurai la vue sur la plage où je pouvais déjà reconnaître quelques élèves qui avaient l'air particulièrement absorbés par leurs exercices de mathématiques pour le lendemain, à moins que ça ne soit par le dernier numéro de cette revue stupide où des adulescents s'épanchent sans compter sur leur vie sexuelle défectueuse ou sur leurs méthodes miracles pour perdre du poids avant l'été. Pas besoin de sortir d'Harvard pour comprendre, malheureusement. Quelle idée, la scolarité si proche de tant de sources de distraction...

Sans conviction, je m'assis maladroitement à une table en cherchant des yeux des visages familiers. Il y avait facilement une demi-douzaine d'élèves sur les tables proches, mais fort heureusement, ils semblaient trop occupés à se raconter leurs dernières histoires de vestiaires pour se soucier de mon sort. Je jetai un œil sur la carte un peu crasseuse qui gisait sur la petite table. J'aurais bien pris un cocktail mais je m'imaginai déjà une réflexion du genre « oh le prof de maths il boit de l'alcool des fois c'est trop ouf ! » qui émergerait d'un coin de l'établissement. Ou sinon, un café. Sympathique à lancer sur un élève trop collant ou désagréable, en prime. Mais vraiment peu agréable par ce temps, et trop contre-indiqué à cette heure de la journée.

J'en venais à me torturer l'esprit pour une simple et stupide boisson, quelle tristesse. Après tout, au diable les avis des élèves, et si j'avais envie d'un cocktail, personne ne pouvait me l'interdire. Après un signe au serveur, je lui commandai un mojito et le réglai dans la foulée. Et j'attendis. Encore, et encore. Si je n'avais pas déjà payé ce stupide serveur, j'aurais déjà mis les voiles. Mais là, visiblement, il fallait donner de sa personne. Contrarié par l'idée de me faire remarquer mais déterminé à en découdre, je me dirigeai vers le bar où passait justement ce serveur négligeant qui me donnait de soudaines pulsions destructrices. De mon ton le plus agréable et chaleureux, je l'interpellai :

« Dites-donc vous, c'est bien beau de faire payer d'avance, mais il faudrait penser à servir de temps en temps, dans la mesure où il me semble que vous êtes grassement payé pour ça, vous ne pensez pas ? »

Sans même prendre la peine de masquer son mécontentement devant le client récalcitrant que j'étais, il me répondit que ça arrivait d'un ton bourru, et revint quelques instants plus tard avec ma boisson qu'il posa avec agacement devant moi. Décidément, même le service avait décidé de se liguer contre moi. Mais j'avais fait assez de scandale pour la soirée, et il était temps de savourer la récompense de tous ces efforts à ma place. Je pris fermement mon verre et me retourna rapidement. Mon bras croisa la trajectoire d'une jeune fille qui passait dangereusement près et la quasi-totalité du récipient qu'il portait s'en trouva renversée sur le sol du bar. Tout ça pour ça.

Dans un soudain accès de rage, mais sans trop élever la voix pour ne pas ameuter tous les occupants, je lui lançai sèchement :

« Mais bon sang, vous êtes malade d'arriver derrière les gens comme ça ? Il faudrait peut-être vous rendre compte que vous n'êtes pas seule au monde par moments, ou alors c'est trop demander ? Ça commence vraiment à bien faire, tous ces égoïstes à la con qui me pourrissent ma soirée ! »

Une fois ces mots sortis de ma bouche un peu contre ma volonté, je remarquai quelque chose de familier chez la jeune fille en question. Forcément. Il s'agissait d'Elena, une des rares brillantes élèves qui suivaient mes cours. Bordel, la boulette.
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