I crashed a part of your life (ft. Nono, Neilou, Nath)

Quelle heure était-il, il était quelle heure ? Cette situation était irritante, je commençais à perdre patience. Pourquoi avais-je l'impression que chaque seconde qui passait était l'équivalent d'une heure ? Plus on désirait que le temps passe plus rapidement, plus il passait le plus lentement possible. Cela était injuste. J'étais fatigué, ma tête tournait légèrement et ma mâchoire me faisait mal à force de la crisper. J'avais énormément chaud et il n'y avait pas d'air frais pour me consoler. La nuit s'achevait lentement et un silence de mort régnait dans la place. Comme si le temps s'était arrêté à ce moment précis. Les ombres des arbres avaient une allure effrayante dans le noir. Mes jambes étaient tellement endolories que j'avais l'impression que le sol allait s'écrouler d'une minute à l'autre. Tout ce grabuge m'écrasait et j'étais étonné d'être encore debout. J'en avais marre. Quand est-ce que le cauchemar allait se terminer ?

Tout le monde semblait calme de l'extérieur mais je savais que c'était tout le contraire à l'intérieur. L'état de choc de Nina avait grandement diminué de lorsque j'étais venu à sa rencontre jusqu'à maintenant. Cela faisait combien de temps, cinq, dix, quinze minutes ? L'adolescente allait maintenant vivre avec la mort de quelqu'un sur la conscience. Allait-elle supporter ce supplice ? Ce n'était pas rien. Et si la police arrivait et qu'elle lui mettait les menottes aux poignets ? L'Eta Iota irait-elle derrière les barreaux pour avoir conduit en étant dans un mauvais état et en plus d'avoir tué un homme ? Non, les agents ne pouvaient tout de même pas lui faire subir cela. Si c'était le cas, c'était moi, qui ne supporterait pas l'idée.

Quant au garçon dont je ne me rappelais déjà plus du nom, il était toujours choqué. Lorsqu'il était arrivé, le jeune homme avait commencé à gueuler mais voilà qu'il me semblait plus...calme ? Cela m'étonnerait. Comme j'avais cru comprendre, il venait de perdre une personne importante. Dommage. Vraiment. C'était sarcastique. « Excuse moi Nina...Je suis juste.... J'ai la trouille c'est tout. Je pense pas ce que j'ai dis, j'ai pas réfléchis, je suis désolé. » Oh, monsieur était désolé ? Monsieur était capable de s'excuser ? Voyez donc ça. Je ris. « C'est facile de s'excuser alors que le mal est déjà fait. Trop facile. » Je l'avais provoqué sans pitié et cela m'étonnerait si je ne recevais pas son poing dans la gueule. Nina avait pourtant bien essayé de m'arrêter sur ma lancée en posant sa main sur ma bouche mais je l'avais dégagé en un mouvement las. L'adolescent était... Gay et je n'allais pas rester là sans rien faire.

« Pardon?! » « Fais pas le sourd, t'as bien entendu. » Le vieux se dirigea vers moi, furieux. À 3 je m'attendais à une bonne claque. Un... Deux... Trois... Rien. Je ne sentis rien. Soit il n'était vraiment pas fort, soit il n'avait rien fait. Non, le jeune homme me prit par le collet et me souleva de terre. J'étais léger ou c'était lui qui était musclé ? Il me regarda intensément dans les yeux, je grimaçai. « Écoute-moi bien espèce d'abruti d'homophobe. Je t'entends dire encore un seul truc de ce genre et c'est toi qui aura besoin d'aller à l'hosto c'est clair? Maintenant tu te la fermes et tu t'occupes d'elle ! Je pourrais très bien m'occuper de toi, là maintenant, mais l'ambulance prendrais probablement toi en priorité, et je veux que Neil soit sorti d'affaire ! » Je fronçai les sourcils. Non, je n'avais pas peur de lui, le trouvant presque ridicule. C'était quoi cette menace de merde ? Il espérait que je prenne la fuite après cela ? Dans ses rêves, oui. Une sonnerie d'alarme retentit dans ma tête. Ce gars était trop prêt de moi. Sans scrupule, je lui crachai au visage. Il me relâcha. Je m'époussetai, comme si le gars avait laissé plein de bactéries sur moi. Ce qui était peut-être le cas. « Dégoutant. Tu me touches une autre fois et tu payeras très cher, espèce de pédé. »

Nina s'énerva contre nous. Ce qu'elle disait était peut-être la vérité mais son raisonnement m'importait peu. « Le tact, Nath! tu connais pas? » Non, je ne connais pas, avais-je envie de répondre. J'avais l'impression de me faire gronder par ma mère. « Je lui ai simplement dit ma façon de penser. » C'était vrai.  Il y avait quoi de mal à dire la vérité ? Si elle ne te plaisait pas, bah tant pis pour toi.

Les secours arrivèrent. Je lâchai un grand soupir de soulagement. C'était fini maintenant. Je pouvais enfin partir tranquille. La sonnerie des camions et les lumières clignotantes étaient étrangement réconfortantes. Un homme accourut vers moi, me posant des questions et vérifia que j'allais bien. « Je n'ai rien. Vous devriez plutôt allez voir la fille là-bas », avais-je conseillé en pointant Nina. Il alla la voir, lui disant quelques mots. Avec tout ce bruit, je n'entendais rien. Des gens se dirigèrent vers l'adolescent gisant sur le sol. Ils lui mirent un masque au visage puis l'embarquèrent rapidement. Nina vint vers moi et je la serrai contre moi. Je déposai un bref baiser dans ses cheveux. « Nath on y va? Ca sert à rien qu'on reste là, ça va t'énerver encore plus et moi aussi, en plus je crois qu'on a besoin de sommeil. » J'étais tout à fait en accord avec elle. Les secours étaient arrivés, tout était réglé. Le garçon qu'il soit mort ou vif, je m'en foutais. La jeune fille me tira par le bras, loin de tout problème. J'avais bien hâte de quitter les lieux.  Je serrai la main de l'adolescente dans la mienne. Elle se retourna vers moi pour m'enlacer puis déposa un doux baiser sur ma joue. « Merci d'être venu. » Je lui souris. Depuis le début, Nina avait été la petite amie, de l'un de mes connaissances, que je voulais avoir. Je la draguais toujours, essayant de l'avoir. Mais ce soir, j'avais accompli des choses dont je n'aurai jamais penser réaliser. Quelque chose me disait que cette nuit allait changer le cours des choses. Peut-être même me changer pour de bon.

La nuit. Elle était froide, sinistre et redoutable. Tout le contraire de moi. Je fuyais l'obscurité, cherchant toujours à me retrouver dans la lumière. Je n'avais jamais eu peur du noir, comparé aux autres jeunes enfants. C'était vrai que l'on ne pouvait pas apercevoir ce qui s'y cachait, mais je me disais que les choses cachées l'étaient pour une raison, non ? Bref, cette nuit-ci, je cherchais désespérément la lumière, sachant tristement que je ne pourrais pas la trouver. Dehors, seul avec une Nina paniquée au milieu de la nuit, à côté d'un gars qui luttait pour sa vie, tout cela était trop pour moi. Autour de moi, toute chose était sinistre. Je n'aimais pas ça. Vivement que le soleil se lève. Je n'étais pas fait pour rester dans la noirceur.

L'odeur du sang était lourdement présente dans l'air, j'en avais envie de vomir. Mon téléphone était mort et j'espérais que celui de Nina fonctionnait. Et si ce n'était pas le cas, qu'allions-nous faire ? Hors de questions que je me promène avec un cadavre dans ma belle voiture. Il semblait être toujours en vie, mais cela m'entonnerait qu'il survive. Cela m'étonnait que Nina ne soit pas trop amochée,  physiquement en tout cas. Une nouvelle rafale de vent me fit frissonner. Qu'on en finisse au plus vite.  Pourquoi tout avait l'air ultra plus simple dans les films ? Je m'étais retourné pour regarder la brunette. Si elle avait été drogué, cela était vraiment dommage. Elle aura maintenant l'envie de se procurer cette substance. J'avais peut-être l'allure d'un bad-boy, je m'éloignais des cigarettes et de la drogue. Ils ne faisaient que gâcher notre vie, alors que je ne désirais pas gâcher la mienne. « Cha' savait que j'ai une réelle phobie pour les drogues et compagnie. Elle m'avait dit qu'elle avait fait un plateau avec des cupcakes natures, pour moi. Tu crois qu'elle l'aurait juste dit, sans le faire? Elle m'avait dit de prendre ceux du plateau argenté, si jamais j'en voulais... » Quelles naïves. Le bal était une soirée avec diverses genres de personnes. C'était certain que la drogue allait circuler. Plusieurs venaient dans les soirées justement pour cette raison. J'avais participé à plusieurs fêtes, je savais de quoi je parlais. Ce n'était jamais cent pour cent clean. Quelqu'un en avait surement mis dans la nourriture. Stupide. Je m'approchai de Nina puis l'enlaça une nouvelle fois. « Ne t'inquiète pas, ce n'est pas de sa faute. Ni la tienne. » Je n'arrêtais pas de lui dire que ce n'était pas de sa faute, mais si c'était vraiment le cas ?

L'adolescente me tendit son téléphone. Il n'était plus vraiment tactile. J'essayai de l'éteindre mais tout semblait bloqué. Comme nous. Je me retiens pour ne pas jeter le téléphone. Je devais garder mon sang-froid, c'était le plus important. Deux appareils non fonctionnels, un mort sous le bras, qu'allions-nous faire? Je lâchai un soupir de frustration. Puis, des lumières nous éblouissent. Était-ce... Une autre voiture ? Il y avait encore de l'espoir. Quelqu'un descendit de véhicule pour venir nous rejoindre. « Merde Nina! Qu'est-ce qu'il s'est passé?! Tu n'as rien? » Ah ? Il la connaissait ? Nina l'avait prévenu, lui aussi ? Le gars d'environ notre âge la prit dans ses bras, je grimaçai. C'était qui ce mec ? Puis je me disais que n'importe qui aurait fait ce geste. L'adolescente me lança un regard, je lui répondis avec un sourire d'encouragement. Elle en avait bien besoin. Elle chancela en voulant se lever. Je m'apprêtai à aller l'aider mais elle se stabilisa. Le nouveau venu rejoignit l'autre voiture pour constater les dégâts. « Vous le connai.... » Je m'attendais à une suite mais plus rien ne sortit de sa bouche. Il était... Sous le choc ? « Tu le connais ? » À mon grand étonnement, le jeune homme brisa la fenêtre de la voiture puis sortit le corps mort pour le déposer sur le sol. Je l'observai avec les yeux ronds. « Putain nan! Bordel qu'est-ce qu'il s'est passé?! » J'aurai voulu rire mais je n'en fis rien. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est ce que tout le monde voudrait savoir mais personne n'était au courant de la réponse. Je regardai la victime. C'était à ça que ressemblait un mort ? Assez traumatisant. Je m'attendais à en faire des cauchemars. Le gars appela les secours, le visage en larmes. Bon, j'en conclus qu'il le connaissait. Les secours allaient enfin arriver et tout serait terminer. Je déposai mes deux mains sur le bout de ma tête. Je pouvais enfin me calmer. L'adolescent commença à engueuler Nina. Euh, pardon ? Qu'est-ce que t'es en train de foutre là ? Pourquoi tu lui cries dessus, sale connard ? Tu te prends pour qui ? Nina s'écroula, fondant en larmes. Une colère m'envahit. Je serrai les poings  pour m'empêcher de le frapper. Il venait de nul part et se permettait de crier sur elle, comme si de rien n'était ? Je me dirigeai vers lui, le poussant durement contre la voiture. Non mais ça va pas ? De quel droit tu te permets de lui crier dessus ? Tu vois pas qu'elle se sent déjà très mal ? Je sais pas ce qui me retient de te foutre mon poing dans ta gueule. »  Je me retournai puis m'agenouillai auprès de Nina. La voir dans cet état me faisait étrangement mal. « Ne l'écoute pas,  c'est un fou. »