Isn't a love story | Rubi & Henri

L’endurance ? D’accord, j’en ai… mais elle est loin d’être éternelle ! Henri et moi courrions cotes à cotes pour échapper au garde et heureusement pour nous, il abandonna vite l’idée de nous poursuivre. Du moins c’est ce que nous pensions en nous arrêtant. Le jeune homme se rhabilla tandis que nous discutions en riant de cette course folle… lorsqu’une voiturette s’approcha de nous. Au volant, le gros garde.

« Restez où vous êtes ! » hurlait-il dans notre direction.

Nos regards se croisèrent, une étincelle de malice brillant dans nos yeux… et nous nous remîmes à courir, après qu’il m’ait attrapé la main pour m’entrainer dans son sillage. J’étais un peu fatiguée, certes, mais cette journée était vraiment plus amusante que ce à quoi je m’étais attendue en quittant mes draps ce matin. La chaleur de sa paume tout contre la mienne me brulait presque, tant elle me perturbait. Je n’avais pas l’habitude de ce genre de contact, à vrai dire. La dernière fois que j’avais donné la main à quelqu’un – et encore, si on peut appeler ca comme ca – c’était à travers le tissus d’un tee-shirt portant l’inscription « I love Rubi ». Le souvenir de cette soirée me revint en tête. Je repensai à la très légère étreinte de Ki lorsque je lui avais rendu son tee-shirt, ma main dans la sienne, et j’eus l’envie stupide de pleurer. Il fallait que je le fasse sortir de ma tête, je n’en dormais plus la nuit, c’était un véritable enfer.

Henri et moi quittâmes le parc au pas de course et nous fîmes ensuite plusieurs pâtés de maison avant de nous arrêter dans un autre parc, beaucoup plus petit, le genre de parc où les gens viennent courir ou promener leur chien. Il ne viendrait plus nous chercher jusqu’ici. Mon cœur battait la chamade, et quand le brun se tourna vers moi, je plongeai mes yeux dans les siens et eus l’impression que c’était lui qui me mettait dans cet état. Ma main était toujours dans la sienne. Je fis un pas vers lui et levai une main vers son visage, sans le quitter des yeux. Mes doigts effleurèrent sa joue, doucement. Mue par une impulsion sortie d’on ne sait où, je me redressai sur la pointe des pieds et posai mes lèvres sur les siennes. Il n’était que le troisième garçon que j’embrassais. Je n’eus même pas le temps de me demander si c’était agréable ou non : je me reculai presque immédiatement, rouge de honte, et lâchai sa main.

« Je… excuse-moi, je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris » bafouillai-je en portant ma main à ma bouche, comme pour vérifier que mes lèvres n’allaient pas se désintégrer.

« Bien vu, je suis Français et j'ai aussi des origines Britanniques. Ça s'entend vraiment ? »
« Un petit peu… mais c’est surtout la façon dont tu as prononcé ton prénom qui m’a mis la puce à l’oreille »

Je souris, ça me fait rire. J'aimerai tellement croiser Amaranthe là, où un autre français à Miami, histoire de parler dans ma langue natale. Parce que là, mis à part "Voulez vous coucher avec moi" prononcé dans un accent pitoyable, je n'ai pas entendu un seul mot de français. A l'école, il y a une option français et je pense la prendre, pour faire monter mes notes justement. Tant qu'à faire hein.

« Et toi, tu es d'ici ? »
« De San Francisco, en fait. Je suis venue à Miami pour m’inscrire dans la même école que mes cousins. Et toi, qu’est-ce qui t’amène, si ce n’est pas indiscret ? »
« L'envie d'ailleurs. C'est assez long en fait, on va résumer ça comme ça »

Je lui souris tendrement, tandis que mon esprit s'évapore dans le monde de mes pensées. Je revois maman, je revois ma détresse, je revois papa, je revois ma haine, tous ces sentiments que je n'ai jamais plus ressenti depuis ce triste jour. Ensuite mon départ pour la famille de maman, où j'ai rejoind mon cousin Solal avec qui j'ai réappris à vivre, réappris qui j'étais et qui je voulais être. J'avais hoché la tête lorsque j'avais entendu San Fransisco, l'autre côté du Pays quoi. Pour le moment, je n'avais pas quitté Miami, mais je n'attendais que ça, surtout pendant les vacances mais avec la confrérie qui me prenait tout mon temps, avec Smile, la fête et l'assoc' je n'avais pas le temps de partir loin et de laisser tout ça en plan.

« Ca te prend souvent de sauter dans les fontaines avec des inconnues, comme ca ? »
« Sauter dans une fontaine oui, avec des inconnues, pas vraiment »

Je ne pu retenir mon rire alors que je remarquais un bruit étrange qui eu le don de faire retourner Rubi également. On du voir la même chose, un homme assez gras qui courrait vers nous, sûrement pour nous faire sortir de là, eh merde. On quitta donc la fontaine en direction de mes affaires, tenues en boule contre moi, on repartit dans le sens inverse pour prendre la sortie du parc. On laissait derrière nous des traînées d'eau et personnallement, j'avais un peu mal aux pieds à courir pieds nus. J'optais donc pour les étendues vertes. Je ne me tournais pas pour voir s'il nous courrait toujours après, je voyais Rubi à mes côtés, qui commençait à fatiguer et je fini par me tourner, le gars n'était déjà plus là. Quel minable. Je mis alors mes chaussures et mon short commençant à parler de ce qu'il venait de se passer avec Rubi, lorsqu'une voiture de golfe transformée en voiture de patrouille arriva près de nous, nous ordonnant de rester où nous nous trouvions. Je regardais Rubi, croisant son regard, échangeant un sourire et on se remit à courir, après que je lui ai pris la main pour l'entraîner avec moi.

Le jeune homme s’assit dans l’eau. Quant à moi, je m’installai face à lui, sur le rebord de la fontaine, les pieds dans l’eau. Mes chaussures allaient en prendre un coup, mais là aussi, j’en avais tellement qu’il était impossible de m’inquiéter pour ca.

« Bien vu, je suis Français et j'ai aussi des origines Britanniques. Ça s'entend vraiment ? » me dit-il en souriant.

Il avait vraiment un beau sourire, et une voix douce. D’emblée, je pourrais dire si on me demandait ce qui se remarquait en premier chez ce garçon que c’étaient ces deux éléments. Il était charmant, pour un blanc. Ce n’était pas mon style, mais j’avais récemment appris à mes dépends que le style ne fait pas tout.

« Un petit peu… mais c’est surtout la façon dont tu as prononcé ton prénom qui m’a mis la puce à l’oreille » lui répondis-je en souriant à mon tour.

Il passa sa main dans ses cheveux, ce qui me fit penser que cela devait être agréable. Nouveau sourire. Je fondais littéralement devant celui-ci.

« Et toi, tu es d'ici ? » me demanda-t-il à son tour.

« De San Francisco, en fait. Je suis venue à Miami pour m’inscrire dans la même école que mes cousins. Et toi, qu’est-ce qui t’amène, si ce n’est pas indiscret ? ».

Mes cousins ! Si j’avais su… avant, nous étions très proches tous les trois, mais Dwayne était retourné à San Francisco et Dwight se concentrait littéralement sur toutes les Eta Iota qu’il pouvait… sauf moi, bien entendu. Forcément, moi il ne pouvait pas me sauter. Tea, Nina et les autres, c’était une autre histoire. Et fatalement, c’était beaucoup plus intéressant. Je lui en voulais un peu de me délaisser, mais j’imagine que c’est la vie. Il fallait que je pense à autre chose.

« Ca te prend souvent de sauter dans les fontaines avec des inconnues, comme ca ? » lui demandai-je en souriant.

Quand tout à coup… un grand cri nous parvint, et nous pûmes voir un gardien arriver en courant dans notre direction. Il faisait de grands signes de ses bras grassouillets, sans doute avait-il été prévenu que deux jeunes gens squattaient la fontaine.

« Oups, il est temps de filer je crois » dis-je à Henri, en amorçant un mouvement pour sortir de là.

D’autant plus qu’on ne pouvait pas abandonner les affaires du jeune homme, qui trainaient toujours dans l’herbe un peu plus loin. Heureusement pour nous, le parc était grand et ce type courrait encore moins vite que moi, parce qu’il devait avoir au moins 20 kilos de graisse sur le ventre. Et en plus il était chauve. Berk.

Je l'entendais rire aux éclats, m'annonçant alors que tout allait bien, que je ne lui avais pas fait mal en tombant lourdement. Fallait vraiment être idiot pour se casser la gueule aussi lamentablement, mais sur le coup de feu, avec cette fille dans les bras et toutes les excuses du monde, c'était normal, non? Je jouais comme un enfant avec les jets d'eau, elle était froide, ce qui faisait réellement du bien mais juste un temps. Ensuite, on ressentait vraiment la fraîcheur de l'eau et ce n'était plus aussi agréable qu'au début. Mais ça ne m'empêcherai pas de jouer et de profiter de cet instant. Pour moi, dans la vie, depuis la mort de maman, c'était ça. Juste ça. Savoir profiter des instants tout cons, tout simples. On n'a pas besoin de dépenser des milles et des cents pour toucher le bonheur du bout des doigts. Une rencontre, une complicité, un lieu unique, un état d'esprit et puis voilà, on adopte un nouveau regard sur les choses. Une nouvelle façon de vivre. Depuis que je suis partie vivre à Londres, dans la famille de maman, j'ai cessé de m'énerver, j'ai cessé de me sentir en colère. Je n'ai pas envie de me prendre la tête et de croiser des gens qui sont dans cet état d'esprit en réalité, ça m'ennuie plus qu'autre chose et ça me fait partir. Je n'aime pas les gens qui s'énervent pour rien, qui ne profitent de rien, qui s'agacent de tout et qui se plaignent beaucoup trop. Ca, je l'ai connu et ça ne m'a jamais rendu heureux. Je vis pour être heureux, sans barrière, sans limites, sans frontières.

Je suis debout face à un jet d'eau lorsque la jeune femme répond à ma question, déclinant alors son identité. Elle s'appelle Rubi. Ca me fait sourire parce que je pense au chien de mon oncle, en France, qui avait appelé sa chienne comme ça. Je garderai bien entendu ce détail pour moi, n'allons pas la vexer quand même. Je fini par m'asseoir dans l'eau. Le niveau me monte aux épaules et l'eau du jet me tombe dans le dos. Je suis vraiment trop bien installé et là, Rubi me demande si je suis d'ici, en fait non, elle a comprit que je ne venais pas d'ici et me demande si elle se trompe. Je la regarde en souriant et fini par lui répondre :

« Bien vu, je suis Français et j'ai aussi des origines Britanniques. Ça s'entend vraiment? »

J'attends un peu, lui souris et passe ma main humide dans mes cheveux dégoulinants d'eau. Je passe alors mes mains sur mon visage et fini par lui demander à mon tour :

« Et toi, tu es d'ici? »

Je courrais lorsque je sentis des bras me soulever de terre, je me retrouvai donc jetée sur l’épaule de mon camarade. De mon nouveau point de vue, je ne pus que remarquer qu’il était en caleçon et torse nu. Carrément ! C’est vrai que je n’avais pas pensé à me déshabiller. Tant pis, de toute façon j’avais tellement de vêtements qu’en abimer l’un ou l’autre ne changerait rien à ma vie. Il ne courut pas très longtemps, la fontaine n’était pas loin. Je fus secouée lorsque le jeune homme sauta par-dessus le rebord… et se prit le pied dessus ! Lui et son chargement – à savoir moi – furent projetés dans l’eau de la fontaine, un peu froide. La surprise me coupa la respiration, je bus un peu la tasse et émergeai de l’eau en rejetant mes cheveux en arrière. Un grand éclat de rire monta dans ma gorge, et je le laissai se déployer avec joie. Le rire du jeune homme se joignit au mien, ce fut un moment vraiment agréable. Je l’attendais depuis longtemps !

« Ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ? » me demanda-t-il, étant donné la façon dont j’avais atterri dans l’eau de la fontaine – sous le regard outré de certains parents.

« Non pas du tout ! Ça va super bien » lui répondis-je, un grand sourire aux lèvres.

Je passai mes mains sous mes yeux, mon mascara avait dû couler. Tant pis ! Je ne croiserais certainement personne que je connaissais dans ce parc, de toute façon. Je me redressai et accompagnai le beau brun dans sa folle danse autour du jet d’eau, en riant aux éclats. Mes vêtements me collaient à la peau, mais vu la chaleur, ça me faisait un bien fou. Il s’arrêta et se mit sous le jet d’eau, tête en arrière.

« Au fait, je m'appelle Henri et toi ? ».

Était-ce si important ? Mais après tout, pourquoi pas.

« Rubi ».

Je mis ma main sous le jet de la fontaine, un sourire un peu mélancolique sur le visage. J’imaginais… une certaine personne, ici, avec moi. Mais non, il ne fallait pas. Et de toute façon, la présence d’Henri était très agréable. Comme il avait prononcé son prénom étrangement – en tout cas pas à l’américaine – je décidai de me montrer curieuse.

« Tu ne viens pas d’ici, je me trompe ? » lui demandai-je en observant son visage aux traits harmonieux.

Une peine de coeur. Ca nous arrive à tous, plusieurs fois dans une vie pour certains. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable mais personnellement, je n'avais jamais été trop dépressif après une rupture. J'avais tendance à regarder la relation droit dans les yeux, à voir ce qui avait cloché, à apprendre des choses de tout ça et à en ressortir plus armé pour la prochaine histoire. Voilà ce que je faisais après une rupture, je n'étais pas triste. Un peu lorsque c'était du sérieux, mais pour une histoire de quelques mois, ça ne vallait pas le coup de se rendre triste et d'en oublier les bonnes choses de la vie.
La jeune femme regardait en face d'elle et soudain, elle leva son menton pour désigner la fontaine en face de nous. Elle m'expliquait alors qu'elle voulait se changer les idées. Je souris. J'aimais cette attitude. J'aimais cette façon de vivre sous la pulsion, l'impulsion et de suivre les envies du moment. Elle se leva alors et commença à courir vers la fontaine, me traquant alors au passage. Je me mis à rire et à peine fut-elle partie que je me levais à mon tour, laissant mon carnet, mon stylo et mon tee-shirt derrière moi. Je courais tout en déboutonnant mon short et une fois en caleçon, j'arrivais à la même hauteur de la jolie blonde. Je la pris alors dans mes bras, la soulevant comme un sac à patate. Elle n'était pas spécialement maigre, mais j'arrivais néanmoins à courir, un peu moins vite certes, mais bon. Enjambant alors le rebord de la fontaine, sous les rires amusants des enfants et sous le regard des passant, mes jambes furent directement plongées dans l'eau fraiche. Une eau juste à une température idyllique. Je me mis à rire mais mon pied buta sur l'un des robinets sous l'eau, je trébuchais alors, faisant tomber la jeune femme à son tour dans l'eau. Je me retrouvais moi aussi sous l'eau, entièrement. Remontant à la surface en balançant mes cheveux je me mis à rire et à demander à la jeune fille :

« Ca va? Tu ne t'es pas fait mal? »

Attendant sa réponse, je me mis alors à courir autour du jet d'eau, dans l'eau de la fontaine. Des enfants voulaient nous rejoindre, retenus par leurs parents inquiêts. Nous n'avions pas le droit de faire ça, mais ça n'était pas une raison pour moi d'arrêter, loin de là. Je profitais de l'eau fraîche, écartant mes bras au maximum pour pencher ma tête en arrière, j'avançais alors sous le jet d'eau. C'était tellement agréable...

« Au fait, je m'appelle Henri et toi? » Demandais-je au passage à l'adolescente.

Il avait 18 ans. Déjà ? Si j’avais du deviner, j’aurais parié moins. Il me dit de ne pas le vouvoyer, ce que je fais donc. C’est vrai qu’on a qu’un an d’écart. Je pose mes yeux à peine maquillés sur lui et il me répond que la chaleur humaine est une création de l’homme.

« Peu importe l'endroit, faut faire un pas vers les autres et ils te le rendront. Enfin... je pense » ajoute-t-il de sa voix agréable.

Il pourrait me parler pendant des heures que je l’écouterais avec plaisir. Ces temps-ci, je ne dors pas très bien. Et si je l’engageais comme berceur officiel ? Non, c’est idiot bien entendu, mais j’ai l’habitude de payer les gens pour qu’ils me rendent de genre de service. Par exemple, Maddox, un Sigma Mu super basé et impressionnant, m’accompagne à chaque soirée où je vais. Il me sert de garde du corps et en échange il peut faire la fête sur mon compte, parmi les gens les plus jet-set du moment et dans les plus beaux endroits. Sauf que j’ai compris récemment que ce genre de relation n’est basée que sur du vent.

Faire un pas vers les autres ? Voilà ce que j’aurais du faire, avec Ki, au lieu de lui cracher ma rancœur à la figure. Mais de toute façon, qu’est-ce que cela aurait changé ? Il me déteste sans aucun doute. Il est temps que j’essaye de passer à autre chose, et tant pis si qui ne tente rien n’a rien. Ki n’est pas quelqu’un pour moi. Nous deux, ca serait encore plus ridicule que… que moi et ce type, tiens.

« Tu as l'air triste ».

C’est vrai. Je l’étais. Et j’en avais vraiment assez de l’être. Ce n’était pas dans mes cordes de me laisser abattre, il fallait que je me secoue enfin ! Je me forçai à lui sourire, mais je sentais que ce n’était pas crédible pour un sou.

« Ce n’est rien… juste une petite peine de cœur » répondis-je en essayant de garder un ton enjoué.

Saletés de larmes que je sentais poindre au coin de mes yeux à la moindre occasion ! Je me détournai un peu et regardai droit devant moi. Il y avait une fontaine, dans le parc, non loin de nous. L’eau claire était projetée dans les airs et retombait ensuite dans un large bassin sous les yeux ébahis de quelques enfants rieurs. Une idée germa dans mon esprit. Je me tournai vers mon nouveau camarade, dont je ne connaissais même pas le prénom, et lui désignai la fontaine du menton.

« Je crois que j’ai envie de me changer les idées » lui fis-je.

Je me redressai et fis quelques pas vers le bassin, avant de me tourner vers lui pour voir s’il me suivait.

« Tu as peur de te mouiller ? » lançai-je, comme il n’avait toujours pas bougé.

Je lui souris, le défiant du regard, puis fis volte face pour partir en courant vers le bassin. S’il en avait envie, il n’aurait aucun mal à me rattraper, parce que je ne courais pas très vite.

Elle me remercia, avant de s'asseoir en repliant ses genoux vers elle. Elle avait ce côté un peu.. fascinant. Je trouvais que les gens qui avait de la personnalité, était toujours agréable à contempler tant extérieurement qu'intérieurement. Soit ils avaient tous un problème profond, un mal aise, un honte, une forme de jalousie vis à vis des autres, soit... ils étaient simplement, une vraie mine d'or de l'espèce humaine. Je lui soulignais que nous avions de la chance dans un tel endroit et jamais, je ne me serai attendu à une telle réponse. Je levais les yeux vers elle, souriant alors malicieusement, lorsqu'elle me vouvoya.

« Hey ! Je n'ai que 18 ans, ne me vouvoies pas ! » Rigolais-je alors.

Mais oui, je voyais ce qu'elle voulait dire. Parfaitement même. Dans ma famille, en France, on ne peut pas dire que j'eus été baigné de tendresse, d'amour et de "chaleur humaine" justement. Par contre, dans la famille de maman, en Angleterre, je n'en n'ai jamais manqué. Cette famille était modeste alors que la famille de papa pleine aux as. Une coïncidence? J'en sais rien, je ne pense pas. Lorsqu'on voyageait avec la famille de maman, on a été dans des pays pauvres, on a aidé des gens à construire des infrastructures, on a vécu chez eux, on a mangé leur nourriture et on a vu que là-bas, c'était sans nul doute bien plus beau que nul par ailleurs. Parce que oui, il y avait cette chaleur humaine.

« C'est l'Homme qui la créer, la chaleur humaine.

Peu importe l'endroit, faut faire un pas vers les autres et ils te le rendront. Enfin... je pense. »

J'pensais à mes voyages, mes rencontres, ces enfants avec qui j'avais joué au foot. Je pensais à mes aventures par centaines. Je pensais à tout ça et je souris, le regard un peu lointain. J'avais tellement envie de repartir à l'aventure. J'en mourrai d'envie en fait. Mon regard finit par se tourner vers cette inconnue. Je n'avais pas besoin de connaître son prénom pour le moment, nous n'avions pas besoin de ces banalités. Je repris donc d'une voix calme et pas vraiment forte :

« Tu as l'air triste »

C'était vrai. Elle avait le regard fuyant, elle souriait timidement, mais on voyait que quelque chose la retenait, quelque part. Peut-être aurait-elle envie de parler à un inconnu? Sous un arbre, juste pour quelques heures?

Le jeune homme se décala un peu, apparemment surpris de se faire aborder comme ca dans un parc où les gens semblaient s’éviter les uns les autres. Mon pauvre garçon, c’est pas de chance mais aujourd’hui c’est tombé sur toi, bonne résolution oblige.

« Oh beh oui, pas de soucis, y'a assez de place pour deux ! » me dit-il de sa voix étrangement douce.

Je ne regrettais pas de l’avoir choisi lui. Enfin, lui… surtout l’ombre sous laquelle il s’était abrité : je mourais de chaud, et je n’aimais pas ca quand aucune piscine n’était à proximité. Je m’installai donc par terre, assise, avec les jambes pliées face à moi et les bras passés autour de celles-ci.

« Merci » lui dis-je, un léger sourire aux lèvres.

J’étais un peu désabusée, en ce moment. La maladie d’amour ? Il paraît qu’elle court. Je préférais me dire que je me sentais seule, tout simplement. Pour le reste, je voulais tout oublier, et surtout ce qui ressemblait de près ou de loin à un asiatique. Tiens, justement… ce jeune homme était blanc certes, mais il avait de beaux yeux, des cheveux en pétard dans lesquels n’importe quelle fille aurait aimé passer sa main, un corps finement musclé. Il me faisait un peu penser à ce crétin de Zack. Tant que ce n’était pas à celui-dont-je-ne-dois-pas-prononcer-le-nom, tout allait bien. Je soupirai discrètement.

« On a de la chance » me dit-il. Je me tournai vers lui et l’interrogeai du regard, ce qui lui fit ajouter : « de vivre dans un endroit pareil ».

J’aimais sa voix, vraiment. Et son accent britannique avait quelque chose de trente mille fois plus sexy que l’accent coréen. Je répondis à son sourire. Ces temps-ci, je ne savais pas trop ce qu’il me prenait. J’avais perdu ma joie de vivre, et avec elle le plaisir de martyriser les mecs de bonne famille comme lui. La Rubi que tout le monde connaissait ne lui aurait pas demandé pour partager son ombre, elle l’aurait chassé pour en profiter seule, pleinement, avec la satisfaction d’avoir insulté un pauvre type innocent. Misère.

« Je pense que je préfèrerais vivre dans un endroit un peu moins beau, mais avec un peu plus de… chaleur humaine » lui avouai-je sans trop savoir pourquoi, en haussant un peu les épaules.

Je baissai les yeux sur mes ongles parfaitement manucurés. Voilà au moins quelque chose qui ne changeait pas, je faisais toujours du Nail Art pour passer le temps ! Actuellement, mes ongles ressemblaient à des kiwis miniatures.

« Enfin… vous, euh, tu vois ? ».

Qu’est-ce que tu peux être cruche, Rubi , songeai-je intérieurement.

Je commençais juste à écrire quand une femme s'approcha de moi. Elle était plutôt grande, avec des formes, de longs cheveux blonds, bouclés, un look normal et une tronche normale. Elle me demanda gentiment si elle pouvait venir près de moi pour profiter de l'ombre, ma tourne pivota alors vers elle, plissant un oeil. Je l'observais en lui souriant pensant que toute l'ombre serait prise par sa touffe sur le crâne et je fini par lui répondre, me décalant en même temps plus loin :

« Oh beh oui, pas de soucis, y'a assez de place pour deux ! »

Je la laissais donc s'installer, poussant alors mon tee-shirt avec moi, à mon nouvel emplacement. Il faisait chaud, mais à l'ombre, on se sentait réellement bien. Pas trop de vent, juste ce qu'il fallait pour ne pas clapser et puis sinon, un endroit simplement magnifique. Y'avait pas trop de monde, je pense que beaucoup devait travailler ou être sur la plage à bronzer. Ca ne devait pas être le cas de la demoiselle à côté de moi, vu son teint de peau. Mais justement, sa couleur de cheveux n'allait pas avec sa couleur de peau, enfin... ça ne faisait pas naturel quoi, mais elle était jolie, c'est certain. Pas trop mon style mais elle avait l'air gentille.

« On a de la chance...

de vivre dans un endroit pareil. »

Je tournais à nouveau ma tête vers elle pour l'observer et lui sourire poliment. Le climat et l'environnement me changeait du Sud de la France ou encore de Londres. Surtout plus de la capitale britannique en fait. Pour la France, ici, c'était la même mais en pire. C'était parfois un peu chiant, le temps aussi lourd, mais ça allait en fait, je m'habituais de plus en plus. Je ne savais pas si la jeune femme allait remarquer mon accent ou non. J'avais vécu un an à Londres mais justement, l'accent britannique se ressent apparemment et puis, j'avais encore l'accent chantant français.

Début juillet. Je n’avais pas été mise au courant du départ de Ki, bien évidemment – pourquoi me l’aurait-il dit ? – si bien que je faisais tout pour éviter l’internat, ces temps-ci. Ma mère m’avait bien proposé de venir avec elle en Italie pour un grand meeting beauté, mais j’avais poliment décliné l’invitation. Au fond de moi, j’espérais croiser le coréen purement par hasard… sans oser me l’avouer. J’étais par conséquent toujours aux aguets, où que j’aille. En vain, puisqu’il était reparti pour la Corée, donc. Je finirais bien par l’apprendre un jour, en attendant j’étais sur les nerfs.

Mes cheveux étaient blonds depuis plus d’un mois, ce qui était une sorte d’exploit pour moi. Jamais je ne les avais gardés de la même couleur aussi longtemps. Mon coiffeur personnel pensait que je faisais une dépression. C’était peut-être bien le cas. Je me sentais horriblement seule. Tant en amour qu’en amitié. D’apparence, j’étais une fille populaire et adulée, mais en réalité, je ne trainais avec les gens que par intérêt. Ils ne me connaissaient pas, je ne les connaissais pas non plus. Seuls Nathan et Dwight pouvaient prétendre à cela, mais ils étaient trop concentrés chacun de leur coté pour penser à moi. Quant à Ash’, elle avait perdu la mémoire. Super.

Je consacrais mes vacances en solitaire à visiter la ville. Au début, shopping. A présent, cela ne m’amusait même plus. Si bien qu’en ce 9 juillet, je décidai d’aller faire un tour au parc naturel de Miami. Un endroit ravissant, à ce qu’il paraît. Je me promis, en chemin, de parler à au moins une personne en essayant d’être sympathique. Bonne résolution ? Peut-être bien…

Bref, j’arrivai là-bas dans l’après-midi, et c’est vrai que c’était joli… à condition d’aimer la nature, quoi. Ce n’était pas mon cas, j’avais des allergies à cause du pollen, si bien que j’éternuais souvent. Je me promenai dans les allées du parc environs une demi-heure, mais j’en eus rapidement plein les ovaires. J’arrivais dans un parc. De l’herbe. Pas de fleurs. Un peu d’ombre sous un arbre. Un mec torse nu. Hm. Je poussai un soupir et m’avançai vers lui. Il était en train d’écrire sur un carnet. Vêtue d’un short en jeans et d’un simple débardeur – échancré, cela va de soi – rose néon, ainsi que de sandales à petits talons compensés, je l’abordai.

« Salut ? Excuse-moi, ca te dérange si je profite de l’ombre de ton arbre ? » lui demandai-je de ma voix la plus agréable en stock.

Techniquement, il dirait oui. Je ressemblais à une putain de fille normale, un rien fashion mais pas trop. Mes cheveux ondulaient simplement sur mes épaules et je ne portais qu’un peu de BB crème pour unifier mon teint, et du mascara pour agrandir mon regard. J’avais donc l’air d’une fille 100% naturelle.

Il était quinze heures, on était dimanche et l'été s'abattait sur la Floride comme un nuage pesant et étouffant. C'était difficile pour moi de m'habituer à un tel climat tropical, même si je venais du sud de la France, c'était carrément différent ! Ici c'était vraiment presque invivable en fait. Mahi et moi nous étions réveillé en même temps et ma meilleure amie avait décidé d'aller faire du surf. Je l'avais d'ailleurs accompagné jusqu'à la plage et j'étais resté dans l'eau à l'observer. L'océan était tellement agréable ici, il faisait chaud. Je profitais de l'eau et de ce moment génial avant d'abandonner ma meilleure amie, lui proposant qu'on se retrouve plus tard. J'allais faire un tour en ville, mais avant, je repassais à la maison. Prenant une douche, enfilant un short beige et un tee-shirt gris, je sortis de la confrérie avec une bouteille d'eau sous le bras et un carnet. Une fois dans ma voiture, qui était un véritable four, je mis le contact et roula en direction de la ville, sans trop savoir où j'allais aller. Quand je vis le panneau "Parc Naturel" je fus immédiatement attiré par cet endroit, me garant alors je pris mes affaires et entra dans ce parc. On était à l'ombre, au frais et les odeurs étaient simplement magnifiques. Je me sentais revivre, complètement. Je marchais alors quelques minutes, profitant de cet endroit merveilleux avant de tomber sur un petit lac, avec des arbres, des étendues verdoyantes. Des gens étaient installés là, bronzant au soleil, profitant du beau temps et de la tranquillité des lieux. Je retirai mon tee-shirt et m'installais à l'ombre d'un arbre. Regardant le paysage devant moi, les gens autour de moi, je commençais à me sentir inspirer pour mon groupe. Prenant mon carnet et mon stylo, je commençais à écrire quelques trucs, à les rayer, à réécrire. Je me sentais bien, j'étais à Miami depuis plus d'un mois maintenant et j'adorais ma vie ici. C'était le paradis. Je tâchais d'en profiter à fond !