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 Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».

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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyMer 31 Juil 2013 - 22:32

On pouvait vraiment dire que cette visite était la visite de la dernière chance –ou presque. C’était vrai, quoi ! Je me rappelai des deux personnes que nous avions reçues ce matin. Horribles. Entre la bimbo qui tentait sa chance pour vendre son corps dans le mannequinat, faute de cervelle, et le dealeur qui souhaitait simplement un repère pour entreposer, nous étions mal tombés. Vraiment. Si certains en auraient été heureux, puisqu’ils avaient tous deux l’air hauts en couleur, ce n’était pas notre cas. Les gens disaient de moi que j’étais froid et coincé, ça n’avait donc rien d’étonnant que je refuse un drogué dans ma maison. Bon, ces gens se trompaient, j’étais juste méfiant et prudent. Gabriel était là pour contrebalancer. Nos caractères s’associaient pour former un ensemble, un tout, un duo parfait. Mais ce n’était pas pour cette raison que personne ne pouvait se lier à nous. Visiblement, c’était ce qui préoccupait le plus Hope. Cette jeune fille avait ce quelque chose que nous espérions sans oser y croire. Le fait qu’elle se pose la question de son intégration entre nous deux était une qualité, à mes yeux.

C’était vrai, nous étions proches, et souvent, c’était notre force. Ce qui faisait de nous un « couple » inébranlables. Mais nous savions faire de la place aux autres quand ils la méritaient. Gab comme moi avions déjà eu des copines, et notre proximité de frère n’avait –presque- jamais posé de problème. Alors, cette fois encore, j’étais sûre que ça irait. Nous allions nous adapter, elle comme mon frère et moi. Nous en étions capables. Après tout, n’étions-nous pas de jeunes adultes, du moins dans notre tête ? Gaby et moi étions très mûrs dans notre tête, et nul doute que la demoiselle assise en face de moi l’état également. Elle semblait réfléchie et tout à fait raisonnable. Peut-être que c’était ça qui allait la faire refuser une colocation avec nous ? Nous pouvions être intimidants, parfois. Nous étions tous les deux grands –j’étais le plus petit, avec un mètre quatre-vingt-sept. J’étais imposant grâce à ma musculature, sans être un monstre de muscles, et nous étions un duo. Elle, elle avait l’air fragile, même si déterminée, ce qui ajoutait une pointe de solidité. Mais après tout, si elle venait habiter avec nous, nous serions là pour la protéger, n’est-ce pas ? C’était le rôle des gens qui vivaient ensembles et s’appréciaient. Se protéger les uns les autres. Parce que l’être humain n’était pas fait pour vivre seul.

Je la rassurai donc sur la place que nous étions prêts à lui laisser. C’était vrai que nous étions tous les deux unis, mais nous savions écouter les autres, quand ils avaient quelque chose à dire. Et Hope était le genre de fille à parler pour dire quelque chose, plutôt que babiller sans arrêt pour nous servir des choses sans intérêt. Du moins, je le ressentais comme ça. Bien sûr, il m’arrivait de parler pour ne rien dire. Des fois. Mais à croire que certains, sans cervelle, ne savait rien faire d’autre. Toujours raconter des choses sans intérêt, dont tout le monde s’en fiche, ou faire du mal aux autres. C’était bien le genre de la première demoiselle qui avait visité l’appartement. En fait, nos deux premières visites étaient des grosses caricatures. Le propriétaire, avant de nous les proposer, avait-il regardé leur profil ? Etait-ce fait exprès pour nous tester ? C’était le genre de chose que j’étais capable de faire, alors pourquoi pas … ?
Gabriel semblait être tout à fait d’accord avec moi. Hope était la colocataire qu’il nous fallait. C’était elle, et personne d’autre. J’avais ce sentiment que nous allions vivre quelque chose de fort. J’allais peut-être enfin pouvoir faire pleinement confiance à quelqu’un d’autre que mon frère ? Pour la première fois de ma vie, sans connaître une personne, je l’appréciais déjà. Et puis, je sentais que ma méfiance habituelle n’avait pas la même force. Elle dégageait ce quelque chose qui nous poussait à lui faire confiance les yeux fermés sans se poser de questions. Peut-être était-ce un piège ? Peut-être était-ce fait exprès pour mieux nous pourrir la vie une fois installée ? Jusque-là, je ne m’étais pas posé la question. Mais peut-être qu’elle, elle essaiyait de nous vendre quelque chose de faux. Mais après tout, il fallait bien se lancer, non ? Nous n’étions pas parfaits non plus. Nous avions nos défauts. Elle avait les siens.

Nous avions fini nos limonades, et la conversation semblait toucher à sa fin. C’était bien, dans un sens, que nous soyons arrivés jusqu’au bout. Ce matin, avec les deux énergumènes, nous n’avions pas posé toutes les questions que nous voulions, de toute façon, nous savions que c’était non d’office. Comme pour conclure tout ça, Gabriel lui donna le temps de prendre sa décision. Chose que j’aurais également faite.

- Ta réponse doit être réfléchie, on ne l’attend pas dans la seconde. Bien que si tu décides maintenant, ça ne nous dérange pas. Tu connais maintenant notre point de vue. Si tu as besoin de poser des questions, ne te gêne pas. On te donnera toutes les informations que tu veux.

J’acquiesçai. Il avait raison. Elle ne davait pas prendre sa décision tout de suite. Et si jamais elle avait besoin du moindre renseignement, nous étions là. Elle lui répondit, toujours aussi agréable et polie.

- Je pense que le mieux c’est que j’y réfléchisse au calme chez moi. Vous n’avez qu’à me donner les détails de loyer, du bail, de l’appartement et tout … Et je vous recontacterai dans la semaine pour confirmer. Ça vous va ?
- C’est parfais !

Elle sortit son téléphone de sa poche, tandis que je récupérai un stylo et un bout de papier sur la table basse du salon. Je lui donnai mon numéro de téléphone, Gabriel en fit de même.

- Euh… Je vais vous donner mon numéro de téléphone pour qu’on puisse rester en contact. Dit-elle au même moment.

Une fois qu’elle nous donna le reste de ses coordonnées dont nous avions besoin, elle se leva et finit par se diriger vers la sortie. Je la remerciai pour sa visite, et mon frère en fit de même. Quand la porte se referma derrière elle, je fus soulagé. Pourvu qu’elle accepte. Je me retournai vers Gaby.

- On a plus qu’à croiser les doigts et espérer très fort, Gab ! Elle est parfaite ! Enfin, elle a l’air vraiment bien.

Je retournai m’asseoir dans le canapé et récupérai le papier sur lequel elle avait écrit. Je pris mon ordinateur, et commençai à me mettre au travail, pour lui envoyer les documents dont elle avait besoin.
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyLun 29 Juil 2013 - 19:42


Les colocataires.
Ft. Gabriel, Raphaël and Hope

Si je dois faire le bilan de cette visite en la résumant en un mot ce serait : inattendu. Je n’avais pas imaginé un seul instant que cette fin de journée prendrait cette tournure. Je n’aurais pas pensé que je serais actuellement en train d’hésiter à faire une colocation avec deux garçons. Cet appartement est magnifique. Il me met à l’aise et je sais que je pourrais me sentir chez moi ici. Cette maison pourrait être mon foyer… L’agencement est vraiment pas mal et ergonomique. Il y a beaucoup de lumière et d’espace. Assez pour que trois personnes vivent sans se marcher sur les pieds. Et le plus incroyable dans tout ça, c’est que j’ai l’impression de déjà m’entendre à merveille avec Gabriel et Raphaël. La suite de la conversation m’aide à replacer les prénoms sur le bon visage. Ils ne se ressemblent pas comme deux gouttes d’eau alors ça devrait aller. Je vais finir par m’y habituer. Raphaël est le jeune homme sérieux qui m’a accueilli. Il a eu l’air surpris d’apprendre que je chantais car c’est aussi son cas. J’ai immédiatement imaginé les soirées dans le salon, la guitare à la main et des chansons sortant à tue-tête de nos gorges. Ce genre de moment partagé est incroyable et inestimable… Je me souviens de mon retour à Miami il y a deux ans après mon opération. J’avais avoué la vérité à Warren au cours d’une soirée sur la plage du lycée. Nous étions rentrés main dans la main à la chambre que nous partagions à l’internat. J’avais sorti ma guitare et j’avais commencé à chanter une chanson que je lui avais préparée. Et sans dire un mot, il était allé chercher la sienne et m’a accompagnée. Aucun mot, juste nos regards et les notes de la mélodie. C’est le genre de soirée que j’aimerai revivre à l’infini. Je me souviens du sentiment de bien-être qui s’était emparé de mon corps. C’était simple… C’était parfait.

Raphaël m’assure qu’ils sont proches mais pas toujours d’accord. Ça me fait légèrement sourire. Je sais ce que c’est. Je connais cette complémentarité. Avec Warren, oui toujours lui, nous étions sur la même longueur d’onde mais nous n’avions pas toujours les mêmes opinions. Cependant nous étions toujours là pour veiller l’un sur l’autre et protéger l’autre en cas d’attaque. Je n’ai pas de frère, ni de sœur… Je n’ai pas de famille mais je suppose que c’est ce qu’il se passe. On se tire les cheveux parfois mais on s’aime quand même et on n’ira jamais trop loin. On ne fera jamais trop de mal à l’autre en allant contre sa volonté, parce qu’au fond on l’aime plus que tout.
Mais d’un côté ça me rassure. Je le sens honnête quand il me dit tout ça et quand il ajoute qu’ils ne veulent pas de moi pour faire uniquement figuration.
«… Mais je suis franc. » Je retiens particulièrement ce détail. Il a raison, tout le monde peut balancer n’importe quelle ânerie dans l’espoir d’attirer quelqu’un dans les filets. Mais un regard trahit ce genre de mensonges… Je peux sentir dans celui de Raphaël qu’il n’a pas de mauvaises intentions. Je sais également qu’il tiendra sa promesse, si on peut appeler cela ainsi, et qu’ils seront vraiment là si besoin il y a. Quelqu’un pour discuter… Je me rends compte que c’est ce qu’il m’a manqué le plus l’année dernière. J’avais des moments mieux que d’autres. C’était un peu les montagnes russes… Peut-être qu’avec quelqu’un en permanence à mes côtés… Quelqu’un me suivant vraiment depuis le début. Car la réalité est là : plus personne sur cette planète ne m’a connu enfant. Je n’ai aucune photo de moi car elles pourraient me trahir. Mes parents sont décédés. J’ai une tombe au cimetière de Miami pour l’une de mes couvertures. J’ai été rayée de la surface de la Terre. Et je n’ai personne à qui confier tout cela… Mon mal-être, mes tourments, mes peines. Warren était le seul à savoir mais… Mais je n’arrive plus à le regarder droit dans les yeux sans sentir les larmes monter en moi. J’ai besoin de repères. Tout le monde en a besoin… Je les envie tous les deux. Raphaël et Gabriel sont là l’un pour l’autre… Ils savent vers qui se tourner en cas de détresse. Je n’ai même pas de numéro à appeler en cas d’urgence. Je n’ai personne sur qui comptait. Personne que j’oserai déranger.

Ils se vendent bien tous les deux. Ils me disent que je serais la princesse… C’est sûr qu’avec une chambre comme celle qu’il me propose, on ne peut pas s’imaginer autrement que princesse.
Gabriel reprend la parole alors que je vide mon verre de limonade : « Je vais te dire un truc. J’aimerai beaucoup que tu viennes ici, parce que tu sembles être quelqu’un de très bien. Tu corresponds à nos critères et je crois que Raphy est du même avis. Je vais pas te mentir, nos visites de ce matin ont été chaotique. À côté d’eux, tu sembles parfaite. Alors je sais qu’on se connait pas et que c’est qu’une première impression, mais je voulais quand même te le dire. » Si Raphaël, ou Raphy pour les intimes apparemment, est quelqu’un de franc ; Gabriel est quant à lui très spontané. Il a l’air de s’être fait une idée très précise de moi. J’ai dû mal à me dire que de la part d’un étranger, d’un inconnu que je ne connais que depuis quelques minutes, je puisse être parfaite. Plus personne ne m’a dit ça depuis très longtemps. J’ai dû mal à le croire. J’aimerai lui dire que ce n’est pas le cas, que je suis loin d’être la colocataire idéale et que je ne serais pas marante tous les jours mais je me retiens. Ne me suis-je pas promis d’être un peu égoïste et de profiter au maximum ? J’ai dit que je devais arrêter de pleurer sur mon sort. Il faut que j’avance sans regarder derrière moi. Alors j’accepte la vision qu’il se fait de moi. Peut-être qu’un jour, ils le regretteront. Ils verront la face cachée… Et peut-être pas. En attendant, j’ai la possibilité d’avoir un appartement immense pour pas cher. Je pourrais vivre avec deux jeunes hommes qui ont l’air sérieux et qui me ressemblent sur certains points. Je ne les connais pas… Voilà le seul et unique problème. Je ne connais rien d’eux. Je peux me faire avoir tout comme ils se font avoir avec moi. Quelle est l’arnaque ? Quelle est l’ombre sur ce parfait tableau ?

« Ta réponse doit être réfléchie, on ne l’attend pas dans la seconde. Bien que si tu décides maintenant, ça ne nous dérange pas. Tu connais maintenant notre point de vue. Si tu as besoin de poser des questions, ne te gêne pas. On te donnera toutes les informations que tu veux. » J’hoche la tête. C’est le plus bel appartement que j’ai visité jusqu’à présent. Je ne vois pas pourquoi je dirais non. Je ne les connais pas, c’est sûr. Mais quel est le plus gros risque ? J’ai un ami à la police qui me sert de garant… Je crois que je suis à l’abri. Et puis, je pourrais toujours partir si ça se passe vraiment mal. J’ai envie de profiter de cette nouvelle vie que je m’offre. Je suis sûre que la cohabitation se passera à merveille. Je le sens au fond de mon être. C’est comme une voix qui me murmure de leur faire confiance et que je n’ai rien à craindre. Je représente bizarrement cette voix par celle de ma mère. Ou tout du moins, celle qui je lui donne malgré mes souvenirs de plus en plus flou. Elle me donne un coup de pouce. Elle est là avec papa sur le balcon. Ils me sourient et hoche la tête pour me faire dire oui. Ils veillent sur moi et continuent de me protéger… Ils seront toujours à mes côtés. « Je pense que le mieux c’est que j’y réfléchisse au calme chez moi. Vous n’avez qu’à me donner les détails de loyer, du bail, de l’appartement et tout… Et je vous recontacterai dans la semaine pour confirmer. Ça vous va ? » Je pense que c’est le bon compromis. J’essayerai de faire mes petites recherches entre temps pour ne pas me faire arnaquer…
« Euh… Je vais vous donner mon numéro de téléphone pour qu’on puisse rester en contact ! » Dis-je en sortant la poche de mon short en jean. Je souris en me souvenant que je trouvais au début ma tenue loin d’être adaptée à cette visite. Et pourtant Gabriel m’a affirmé que les derniers candidats étaient loin derrière moi si un classement devait être fait. Du coup, je n’ose vraiment pas imaginer le genre de personne sur qui ils sont tombés.

J’attends un moment pour pouvoir prendre leurs numéros et leur donner tout le nécessaire pour m’envoyer les informations administratives. Je garde cela secret mais je pense sincèrement accepter l’offre. Je ne vais pas le dire tout de suite au risque de me révéler trop enjouée mais je finirais par signer. Je le sais… Malgré ma méfiance, malgré tout ce qu’ils peuvent me cacher… Je veux prendre le risque, je veux tenter une nouvelle aventure. Même si tout ne se passe pas comme prévu, au moins j’aurais agi. J’aurais tenté…

© Belzébuth
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyDim 28 Juil 2013 - 20:58




Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler »

© Crédit image
Elle allait dans une école d’art. C’était donc une artiste. Danse et chant. L’image de la jeune fille bougeant et donnant de la voix dans le grand salon me fit sourire en s’imposant à mon esprit. J’avais l’habitude, mon frère faisait pareil, même si lui ne faisait que chanter. Au moins, ça donnait un peu plus de vie dans une maison, et j’aimais savoir qu’il y avait quelqu’un d’assez heureux dans l’habitation pour s’exprimer ainsi. Un sourire ne quittait pas son visage et je devais dire que ça devait être la même chose chez moi. Raphaël lui fit remarquer que lui aussi chantait. Déjà, ça leur faisait un point commun, c’était un point positif en plus.
Je lui posai alors ma question un peu bizarre. Celle de sa place ici. Avant de lui préciser ce que j’avais oublié au sujet de la cave. Elle me dit que ce n’était pas grave et nous complimenta sur la limonade. Elle ne répondit qu’ensuite à ma demande. D’après ce que je comprenais, ce qui la dérangeait le plus était notre proximité de frères. Je la comprenais, si elle se trouvait toujours à part et nous, tous les deux, ça ne servait pas à grand-chose de vouloir quelqu’un pour partager l’appartement. Raph était du même avis. Elle ajouta qu’elle pouvait être la touche féminine, et j’étais d’accord avec elle. Nous en avions besoin. Les femmes étaient douce, joyeuses, et vivre avec l’une d’entre elle ne pouvait qu’être quelque chose de bien. Bien sûr, chacun avait ses défauts et ses secrets, nous les premiers. Mais si on savait où ils étaient, ce qu’ils étaient, on pouvait plus facilement les atténuer et vivre avec. Comme nous, elle n’avait pas une vie de débauche, encore un bon point. J’allai répondre quand Raph le fit. Oui, nous étions frères et très proches, mais non, nous n’étions pas toujours du même côté. Nous en avions discuté et nous étions prêts à faire des concessions, à laisser sa place à notre colocataire. Nous voulions partager quelque chose parce que rester isolé, ce n’était pas ce qu’il nous fallait. Je n’avais rien à ajouter à ce qu’avait dit mon frère, j’étais d’accord avec lui. Je me contentai d’hocher la tête à ses dires.

- Si ça peut te rassurer, nous non plus on ne ramène pas une conquête chaque soir. On est plutôt du genre … discrets. Je ne fume pas, je ne bois pas, et je suis calme. Gab aussi. Et n’oublies pas que je cuisine, tu n’auras qu’à rentrer et te mettre les pieds sur la table !

J’avais envie d’appuyer ce qu’il disait. En fait, je crois qu’on avait réellement envie qu’elle reste, qu’elle se sente comme chez elle ici. Parce que nous l’imaginions déjà se balader de pièce en pièce, aussi à l’aise que nous.

- Tu seras la princesse ici. Evidemment, tu devras prendre ta part dans la maison, faire quelques tâches ménagères. Mais on sait mettre la main à la pâte.

Malgré tout, j’avais peur qu’elle ne sente étouffée avec nous. L’appartement semblait lui plaire, nous ne la dérangions pas. D’un côté, c’était positif. Mais de l’autre, elle avait des arguments négatifs et je craignais qu’ils soient plus lourds dans la balance de son choix. J’avais envie réellement qu’elle décide de s’installer, même si elle ne nous connaissait pas. Mais je ne voulais pas la forcer, la brusquer. Je décidai d’être honnête, comme souvent. Parfois, je pouvais être maladroit et je savais que Raphaël faisait plus attention, parce que rien ne devait être laissé au hasard. Sauf que moi, je préférais le naturel et la sincérité. Je finis le verre que je m’étais servi et je la regardai avec une note d’espoir dans les yeux.

- Je vais te dire un truc. J’aimerais beaucoup que tu viennes ici, parce que tu sembles être quelqu’un de très bien. Tu corresponds à nos critères et je crois que Raphy est du même avis. Je vais pas te mentir, nos visites de ce matin ont été chaotiques. A côté d’eux, tu sembles parfaite. Alors je sais qu’on se connait pas et que c’est qu’une première impression, mais je voulais quand même le dire.

Allait-elle me prendre pour un fou ? Je n’en savais rien. C’était probable. Mais j’avais dit la vérité. Elle correspondait à ce que nous recherchions. Avec le désastre de ce matin, j’avais peur que nous n’arrivions pas à retrouver quelqu’un comme elle. Il nous restait deux rendez-vous, demain. Seulement deux. Malheureusement, il était difficile de faire aussi bonne impression qu’Hope. Pas impossible, mais difficile. Je me demandais quels étaient ses défauts. Tout le monde en avait, moi le premier. Je pouvais m’emporter facilement, si je n’avais personne pour m’arrêter. J’étais naïf et je voulais croire que l’être humain pouvait être bon. Je pouvais dire les choses trop directement, au risque de faire fuir. Raphaël paraissait froid quand on ne le connaissait pas. Il était très réfléchi, parfois trop. Il y avait sans doute des choses que je ne savais pas. Nous étions tous deux bornés, obstinés. Persévérants si nous voulions en faire une qualité. Quel cadavre cachait la demoiselle ? Tant que ça ne nous regardait pas, ça m’était égal. Mais si ça touchait directement la vie à l’appartement, c’était bon de le savoir.
Je voulus tempérer les choses. Après quoi, je n’avais pas vraiment grand-chose à ajouter. Pour ce qui en était de Raphaël, je ne savais pas, mais s’il avait quelque chose à dire, il le ferait.

- Ta réponse doit être réfléchie, on ne l’attend pas dans la seconde. Bien que si tu décidais maintenant, ça ne nous dérangerait pas. Tu connais maintenant notre point de vue. Si tu as besoin de poser des questions, ne te gêne pas. On te donnera toutes les informations que tu veux.

Ou presque. Parce que bon, il fallait aussi laisser la découverte. Apprendre à se dompter les uns les autres, petit à petit, pour installer une relation de confiance, forte, comme une famille ou des amis de longue date. J’étais prêt à répondre à ses demandes, comme elle l’avait fait pour les nôtres. Même si au départ, elle avait légèrement détourné la chose. Auto-défense, comme elle avait dit. Si elle avait besoin de se défendre ainsi, c’était qu’elle avait connu des choses qui l’y ont poussé. Avec le temps, on le découvrirait. Peut-être …

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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyVen 26 Juil 2013 - 19:19

La visite en elle-même touchait à sa fin. Nous avions montré toutes les pièces de l’appartement à Hope, excepté la cave, qu’elle ne verrait pas de sitôt. L’appartement était grand, et je pouvais voir à son regard qu’il lui plaisait. En particulier sa chambre et son dressing. Ce détail avait fait son effet. En fait, nous trouvions plus logique de laisser le dressing à la troisièle personne de l’appartement, car ni Gabriel ni moi n’en avions une utilité capitale. Et parce qu’il se trouvait dans la chambre légèrement à l’écart. Gab et moi avions volontairement choisi les chambres proches pour laisser la troisième au calme. Dans un sens, c’était bien, mais dans un autre, notre colocataire pouvait avoir l’impression d’être vraiment mise à l’écart, ce qui n’était pas non plus notre but.
J’espérais qu’elle dirait oui. Elle me plaisait bien, cette fille. Pour une colocation, bien sûr. Il ne fallait certes pas se fier à une première impression, mais la sienne était tellement bonne que je ne pouvais faire autrement. Elle avait l’air simple, gentille, responsable, agréable. Elle avait tout un tas de qualités qu’on remarquait au premier coup d’œil, et pourtant, elle semblait modeste.

Gaby nous entraîna dans le salon pour nous faire installer dans les canapés. J’étais le côté solennel, il était le côté décontracté. Aux premiers abords, j’avais l’air plus coincé que lui, ce qui n’était pas le cas. Disons qu’étant beaucoup plus méfiant que lui, et ce, en permanence, je paraissais souvent froid et distant. Lui mettait les gens à l’aise, je les testais. S’il savait tout ce que je faisais sans qu’il ne le sache. En fait, je le calmais sans arrêt quand il s’emportait face aux gens, alors que je m’énervais facilement quand il s’agissait de lui –du moins, quand on l’insultait, lui ou ses parents. Enfin, pas devant lui. Il manipulait rarement les gens, je le faisais souvent. S’il avait su, il n’aurait pas apprécié que je fasse tout ça pour lui. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Et du coup, j’étais celui qui était calme, parce que je camouflais tout extérieurement, et lui était le chaleureux. Mais si jamais Hope venait à s’installer ici, et si nous nous entendions bien, alors, je ne serais plus aussi distant.

Nous avions fait de la limonade pour l’occasion. Enfin, surtout Gaby. Moi, je n’avais pas eu envie de faire un effort si c’était pour rencontrer quelqu’un comme les deux énergumènes de ce matin. Je regrettais un peu d’avoir réagis comme ça, mais bon, maintenant, c’était trop tard. Je ferais des efforts à l’avenir. Amicalement, il lui annonça qu’elle pouvait très bien refuser de répondre à nos questions si elles se faisaient indiscrètes. Mais de toute façon, nous n’étions pas du genre indiscrets. Enfin, pas inutilement. Elle nous sourit pour toute réponse, et je trouvai ça adorable. Je l’aimais déjà bien, c’était un signe. En fait, dès qu’elle était entrée, j’avais décidé qu’elle serait notre colocataire. Peut-être était-ce à cause de la déception de ce matin ? Enfin, j’étais sûr qu’elle correspondait à nos attentes, il suffisait juste de le vérifier et de partir pour cette aventures !

- Alors, dis-nous, tu fais tes études à Miami ? Quel genre d’études ? À moins que tu ne travailles déjà.

Nous voulions juste savoir, en gros, à quoi elle allait occuper ses journées. Et aussi le revenu qu’elle avait. Si elle faisait des études, ce n’était pas un problème pour nous. Au moins, nous étions au courant et nous pouvions régler un problème financier si elle en avait un.

- J’ai eu mon diplôme de fin d’étude. C’est fini le lycée pour moi … L’année prochaine je vais dans une école d’art de la scène. Plusieurs types de cours sont proposés : théâtre, chant, musique, danse, tout ce qui est lié aux décors et à la mise en scène et j’en passe… Je me spécialise en danse et aussi en chant.
- Toi aussi tu chantes ? Intervins-je. Moi aussi je chante, mais je ne fais pas d’études dans ce domaine. C’est cool. Il faudra que tu nous montres l’étendue de tes talents un jour …

Elle marquait un point de plus. Elle faisait quelque chose de bien, même si le monde artistique n’était pas toujours sûr de lui donner du travail. Elle avait fait des études, avait été au lycée et allait dans une école. Elle avait de l’ambition, et en général, dans ce milieu, il fallait travailler. Ensuite, mon frère en vint à une question importante à nos yeux. Sa place ici. Comment la voyait-elle ? En fait, c’était demandé un peu maladroitement, mais nous voulions juste savoir comment elle voyait son « activité » ici. Avant qu’elle ne réponde, il lui indiqua que la cave n’était pas disponible, ce qui ne sembla pas la déranger outre mesure. Elle en profita pour nous complimenter sur la limonade. Je la remerciai rapidement en souriant.

- Et pour répondre à ta question de tout à l’heure je crois que je n’ai qu’une chose à dire… Quelle place me laisseriez-vous ? Il est clair que vous êtes très proches tous les deux et je ne suis pas quelqu’un qui va chercher à s’imposer, à taper des pieds ou à crier pour se faire entendre. Je suppose que vous serez sans doute du même côté, du même avis… Serez-vous prêt à me laisser un droit de parole ? Dit-elle avait de faire une pause et de reprendre. Désolée, j’ai pris la mauvaise habitude de répondre à des questions par d’autres questions… Réflexe d’auto-défense. Mais je pense que je pourrais être la touche féminine. Je ne fume pas, ne fais pas des tas de soirée, ne ramène pas un homme différent chaque soir. J’ai besoin d’un foyer, d’un endroit où je peux me sentir bien quand je rentre le soir… Un endroit où j’ai des repères…

Je répondis presque immédiatement. En fait, c’était bien qu’elle ait pensé à ce détail. C’était vrai que nous étions deux frères très proches, et qu’elle était en droit de se poser ce genre de questions.

- Tu n’as pas à t’excuser, tu as raison. C’est vrai que Gaby et moi sommes proches. Mais rassure-toi, nous n’avons pas toujours le même avis ! Et puis, à quoi ça servirait d’avoir une colocataire si c’est juste pour qu’elle paye et qu’elle dorme ici sans pouvoir y « vivre » comme elle le voudrait ?

Je fis une pause pour me servir de la limonade et en boire une gorgée. J’avais les yeux fixés sur son visage, mais j’essayais de ne pas la mettre trop mal à l’aise en même temps.

- C’est vrai que tout le monde pourrait dire ça, même si ce n’est pas la vérité. Mais je suis franc. Une troisième personne est là pour apporter quelque chose. Et puis, tu sais, la déco, on ne l’a pas encore faite, on a pas eu le temps … Nous te ferons une place avec nous deux, tu sais. Et si un jour tu as besoin d’aide, de quelqu’un pour discuter, ou quoi que ce soit, nous sommes deux.

Je bus une nouvelle gorgée, puis une autre. Je n’aimais pas trop les discours de promesses et tout, mais j’étais sincère. Si elle avait besoin d’une personne pour être avec elle, nous étions là. Je l’appréciais déjà, sans rien connaître d’elle, hormis son nom et ses études. Etait-ce suffisant ? Je ne demandais qu’à la connaître plus.

- Si ça peut te rassurer, nous non plus on ne ramène pas une conquête chaque soir. On est plutôt du genre … discrets. Je ne fume pas, je ne bois pas, et je suis calme. Gab aussi. Et n’oublies pas que je cuisine, tu n’auras qu’à rentrer et te mettre les pieds sur la table !

Je ris légèrement à ma blague. J’espérais qu’elle n’allait pas la comprendre comme une insinuation sur ce qu’elle allait faire ou non ici. Elle aurait pu penser, à cette remarque, que je l’accusais déjà de ne rien faire, ce qui n’était pas le cas. Mais après tout, il fallait bien vendre notre produit, non ?
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyMar 16 Juil 2013 - 19:04


Les colocataires.
Ft. Gabriel, Raphaël and Hope

Parler. Voilà ce qu’il nous reste à faire. Le dialogue est la base de toutes les bonnes relations. Je ne saurais jamais comment se passera cette expérience si je n’ai pas un aperçu de ce qu’ils sont et vice versa. Je ne sais pas si je pourrais leur plaire. À vrai dire, je ne sais pas si je peux plaire à qui que ce soit. Je sais que je ne suis pas comme toutes les adolescentes de mon âge. Mon histoire n’est pas commune. Mon passé m’a forgé un caractère très renfermé. Je remets tout en question. Je suis instable. Je peux aller bien un jour puis mal le lendemain. Il me suffit de repenser à mes parents pour me mettre à pleurer. Un mot, une odeur, un son, une toute petite chose peut me mettre dans un état second. Je passe beaucoup de temps à aligner des mots dans mes journaux intimes ou bien à parler à Jeff par écrans interposés. Parallèlement, une bête petite blague peut me faire rire aux éclats. Je passe une grande partie de mon temps à fredonner des mélodies, à regarder le ciel, à rêver.

Nous allons nous asseoir dans les canapés qui m’attiraient quelques secondes auparavant. Je dois bien remercier le plus grand des deux garçons. Je vous avoue que je ne sais déjà plus son prénom. C’est déjà embrouillé dans mon esprit. Mais c’est normal, pas vrai ? Qui peut me faire croire qu’il se souvient immédiatement des prénoms de toutes les personnes qu’il rencontre ? C’est comme pour les dates d’anniversaire, il faut bien avouer que facebook est un allié de choix !
Je tapote sur les coussins tandis que le garçon tatoué apporte de la limonade. En attendant qu’il nous serve, j’observe la pièce. Je me demande s’il serait possible de changer légèrement l’arrangement des meubles. En fait, j’essaye de regarder un peu partout autour de moi, histoire de ne pas rester figer comme une idiote. Pourrais-je mettre ma touche personnelle dans cette pièce ? Je n’ai pratiquement pas d’affaires personnelles. Je n’ai pas vraiment de passé. Comment pourrais-je avoir quoi que ce soit à apporter ?

« Déjà, si nos questions sont trop indiscrètes, tu nous arrêtes. On ne veut pas non plus te mettre mal à l’aise. »
Je souris, bois un peu de limonade et hoche de la tête. Je sais ce qui me mettrait mal à l’aise. Je connais mes points faibles. En fait, c’est même l’une des raisons pour lesquelles j’ai dû mal à trouver un endroit pour me loger. Je n’ai pas de parents pour se porter garants. Ils ne sont pas présents pour signer un bout de papier et assurer que je payerai tous mes loyers. Ils sont morts. Ils m’ont laissé leurs économies. La seule personne qui a fini par accepter est M. Stewart. C’est l’agent de police qui s’est occupé de moi à mon arrivée à Miami. Il était là pour me protéger. Ça fait maintenant 3 ans que nous nous connaissons. J’ai continué à prendre des nouvelles de lui et sa famille et il me soutenait secrètement quand ça aller mal. Lui et sa moustache, ils ont bien voulu. Ce n’est pas quelqu’un de bavard, il m’a juste fait un clin d’œil et ma dit de ne pas m’inquiéter. Il a fait la même chose quand je lui parlais avec inquiétude du prix de l’école cumuler à un logement en ville. Et je suis là aujourd’hui… J’irais à l’école. J’aurais peut-être un appartement… Je vais commencer à croire que c’est un magicien !

« Alors, dis-nous, tu fais tes études à Miami ? Quel genre d’études ? À moins que tu ne travailles déjà. »
Je souris. Je repense à Wynwood, ses trois années passées dans l’établissement. Je me souviens de ma première chambre, des dégâts causés par les tempêtes et surtout l’ouragan. Je revois le bâtiment des Alpha Psi et ma chambre devenu un véritable cocon impénétrable. Je repense à mes professeurs, mes heures passées sur les chaises des salles de classe, mon examen réussi de justesse.
Un nouvel horizon m’attend. Une toute nouvelle histoire… La plupart des étudiants américains choisissent d’aller à l’université. C’est inscrit dans leurs mentalités. Moi, je suis une anglaise malgré tout. Malgré ce qui est écrit sur ma carte d’identité. Je veux réaliser le rêve de ma mère. Je veux être ce que je souhaitais enfant car c’est l’unique chose qui me raccroche à ce que j’étais avant. Avant tout ça… « J’ai eu mon diplôme de fin d’étude. C’est fini le lycée pour moi… L’année prochaine je vais dans une école d’art de la scène. Plusieurs types de cours sont proposés : théâtre, chant, musique, danse, tout ce qui est lié aux décors et à la mise en scène et j’en passe… Je me spécialise en danse et aussi en chant. » Je souris à nouveau. Ils doivent se douter que je leur retournerai les questions à la fin de ce pseudo interrogatoire.
« Selon-toi, quelle place pourrais-tu avoir dans cet appartement ? » C’est une bonne question. En fait, j’étais prête à leur en poser une du même genre mais avant de pouvoir répondre, le jeune homme se souvient d’un détail. Il me prévient qu’il y a une cave associée à notre appartement mais que nous ne pouvons y avoir accès. J’hausse les épaules. Je n’ai rien à y entreposer de toute manière. Une cave ou non, pour moi il n’y a pas grande différence.

« Tant pis pour la cave. De toute façon, je ne pense pas qu’elle m’aurait été d’une grande utilité. »
Je souris à nouveau, bois un peu de limonade. « Au fait, elle est délicieuse. » C’est vrai. Je crois que je n’en ai jamais bu. Pas des comme ça en tout cas… J’avais déjà vu dans pas mal de films, des enfants américains vendant des verres de limonades pour quelques dollars. Mais je ne me souviens pas en avoir bu. Pour moi, la limonade c’est la boisson que l’on peut acheter dans la commerce et rien de plus.
« Et pour répondre à ta question de tout à l’heure je crois que je n’ai qu’une chose à dire… Quelle place me laisseriez-vous ? Il est clair que vous êtes très proches tous les deux et je ne suis pas quelqu’un qui va chercher à s’imposer, à taper des pieds ou à crier pour se faire entendre. Je suppose que vous serez sans doute du même côté, du même avis… Serez-vous prêt à me laisser un droit de parole ? » C’était peut-être le détail qui me perturbait le plus depuis le début de la visite. Je secoue la tête et rajoute. « Désolée, j’ai pris la mauvaise habitude de répondre à des questions par d’autres questions… Réflexe d’auto-défense. Mais je pense que je pourrais être la touche féminine. Je ne fume pas, ne fais pas des tas de soirée, ne ramène pas un homme différent chaque soir. J’ai besoin d’un foyer, d’un endroit où je peux me sentir bien quand je rentre le soir… Un endroit où j’ai des repères…» Je les regarde l’un après l’autre. Je m’imagine vivant avec eux et les considérants comme mes piliers. À chaque fois que je me suis reposée sur quelqu’un, ça a fini par mal tourner. Est-ce que ça peut encore arriver ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je n’ai pas envie d’y penser. Je me suis promis d’être plus égoïste, d’arrêter de me prendre la tête avec ces histoires. Je dois penser à moi avant tout, à mon bonheur…

Mais imaginez un instant que je m’immisce dans leurs vies et que ça se passe mal… Et si j’étais la pièce de trop dans leur si beau tableau ? Je pourrais tout gâcher. Je pourrais tout ruiner. Ils ont l’air bien. Ils sont différents et pourtant ils ont l’air de se comprendre en un clin d’œil. Je les envie. J’aimerai avoir un frère avec qui je partagerai ce genre de moment. J’aimerai avoir une famille. J’aimerai connaître quelqu’un qui pourrait être là à tout moment pour moi, quelqu’un prêt à me donner un organe s’il le faut. Quelqu’un partageant mon sang, mon air, mes rires et mes larmes.
Une famille. Voilà ce qui me manque le plus. Je veux juste une famille. Pas seulement un père et une mère. Pas l’image traditionnelle de la famille. Je veux des personnes à aimer inconditionnellement. Je sais que j’en suis capable. Pourquoi n’ai-je pas une chance ? Rien qu’une fois ?
Je sais qu’il y a Warren. Que notre couple formait plus qu’un simple duo fonctionnant bien. Mais quelque chose en moi s’est brisé lorsqu’il s’est fait passer pour mort.

Je finis mon verre de limonade. Je me demande ce qu’ils auront à répondre à tout ça. Qu’en pensent-ils ? En ai-je dit trop ? Ou peut-être pas assez… Si nous étions dans un film ou même une pièce de théâtre, ce serait à cet instant que des roulements de tambours se feraient entendre. Sauf que nous sommes bien dans la vie réelle. Tout ce qui résonne à mes oreilles est le silence créé par l’attente. Le suspens…

© Belzébuth
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyDim 14 Juil 2013 - 21:02




Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler »

© Crédit image
Le balcon semblait beaucoup plaire à la demoiselle. Je la comprenais. Je comptais passer quelques temps ici à observer la ville, en hauteur, et sans doute la dessiner aussi. Elle nous suivit dans le reste de la maison et je fis une petite pause dans la cuisine. Nous n’allions tout de même pas l’assommer tout de suite, avec toutes les pièces ! Il lui fallait aussi le temps de tout regarder, le moindre détail, pour aussi remarquer ce qui ne lui plaisait pas. Parce qu’il fallait aussi qu’elle se sente bien ici, que l’appartement lui convienne. Et nous avec. Je lui parlais ensuite de mes talents culinaires.

- J’étais dans un internat du coup niveau cuisine... Je n'ai jamais vraiment pratiqué… J’apprends vite, je pourrais me faire autre chose que des pâtes à l’eau ! Et puis c'est mieux d'avoir un régime assez varié. Je ne peux pas me permettre de ne manger que des pizzas commandées à la pizzeria juste au coin de la rue... Oui je l'ai remarquée en venant, c'est un peu un péché mignon. Ça et les glaces... Ça reste entre nous ?

Raphaël rit et un sourire se dessina sur mes lèvres. Je n’avais pas remarqué la pizzeria, mais je devais avouer que les glaces … Elles étaient tout simplement des tentatrices. Très mauvaises pour la ligne, si réconfortantes pour le moral quand il était en berne.

- Je suis meilleur cuisinier que mon frère, sans être chef étoilé. Si tu veux, je pourrais t’apprendre un peu.

Je savais même qu’il comptait s’inscrire au cooking club. Nous en avions entendu parler. Pour ma part, je ne savais pas si ça m’intéressait. Du moment que je mangeais correctement, je ne courais pas après les plats les plus divins. La jolie blonde semblait réfléchir, prendre conscience de quelque chose. Je l’observais quelques secondes, la laissant faire. Elle avait bien droit à un temps de réflexion, accepter une colocation, ça ne se fait pas comme ça. Au bout d’un moment, pourtant, je lui demandai son avis. Sur ce qu’elle avait vu, si elle avait des questions. Encore une fois, elle laissa quelques instants de silence. Nous attendions sagement, ne voulant pas la brusquer. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais quand même un peu peur qu’elle sorte quelque chose de négatif. J’avais eu l’espoir qu’elle pouvait se plaire ici et je savais que je serais déçu si elle ne voulait pas de cet appartement. Pas de nous. Pourquoi ? Et bien, je ne savais pas trop. Je ne la connaissais pas après tout. Mais après les deux autres gigolos de ce matin, elle semblait parfaite. Douce, gentille, intelligente, normale -très important- enfin voilà. Si elle n’était pas intéressée, nous allions devoir continuer nos recherches. Et qui savait combien de détraqués cherchaient un toit à Miami ?

- C’est… C’est super grand. Je n’étais pas vraiment venu pour ça. Je… L’agent m’a dit que c’était exactement ce que je cherchais et c’est le cas. L’appartement est parfait. Mais j’ai peur de ne jamais avoir les moyens de payer un tel endroit…

Elle semblait nerveuse. Elle évitait de nous regarder. Quelque chose la gênait, et elle commençait à nous l’expliquer. Elle semblait aimer l’endroit, mais elle avoua que ça ne devait pas entrer dans son budget. Pourtant, on pouvait sentir qu’il y avait autre chose. Qu’elle ne tarda à nous dévoiler.

- C’est une colocation ? C’est ça ? Je suis venue visiter un appartement pour moi seule… Je n’étais vraiment pas prête pour tout ça… Y a combien de chambre ?

Alors c’était ça son problème ? Elle pensait vivre seule. Le propriétaire ne lui avait pas dit que nous étions déjà là ? Qu’il y avait déjà deux type d’installés ? Je comprenais mieux son hésitation devant nous, devant l’appartement et sa grandeur, devant le prix qu’elle ne connaissait pas encore mais qu’elle devinait sans doute plus ou moins.

- Oui, c’est une colocation. Il ne te l’avait pas dit ? Gab et moi venons d’arriver  à Miami. Et nous pensions trouver une troisième personne pour partager le loyer, puisqu’il y a la place …

Raphaël était plus détendu et je pouvais voir à son visage et à son attitude qu’il appréciait Hope. Nous n’avions pas besoin de se parler pour le savoir, comme souvent entre nous.

- Enfin… On peut continuer la visite parce que dans le fond… Pourquoi pas ?

Raph me fit comprendre qu’il continuait. Il restait le plus important. Nous avions laissé exprès cette dernière partie pour la fin. Petit retour en arrière pour nous diriger vers le reste de l’appartement. Il lui montra nos chambres respectives, avec notre salle de bain commune. Ça ne nous dérangeait pas, puisque que nous étions proches. Sauf que ce n’était pas ce qu’il y avait de plus intéressant pour elle. Nous lui réservions le meilleur pour la fin. Sa chambre. Enfin, sa chambre, il n’y avait pas que ça. Dressing et salle de bain en prime. Tout ce dont elle avait besoin pour ses affaires. Il y avait de l’espace, accès au balcon. Tout. Mon frère lui demanda alors ce qu’elle en pensait.

- Ça semble parfait. Il y a de la place… Je n’aurais pas pu espérer mieux. Je suppose qu’il faut désormais savoir si nous parviendrons à nous entendre tous les trois…

Elle nous regardait. Oui, l’entente, c’était quelque chose de primordial. Parce que sinon, nous n’allions jamais supporter l’année tous ensemble. Et c’était bien pour ça que nous voulions des rendez-vous, pour être -quasiment- sûrs qu’il n’y aurait pas de problème à ce niveau-là.  Après, nous n’étions pas non plus très difficiles, nous avions quelques exigences, mais rien d’extraordinaire.
La jeune fille nous demanda ensuite si nous avions des questions. Oui, nous en avions quelques-unes. Je décidai donc de retourner dans le salon, là où nous pourrions être plus à l’aise. Je ne voulais pas non plus la faire fuir et les fauteuils étaient confortables. Nous avions même préparé de la limonade, rangée au frais. Je la laissais donc s’installer où elle le souhaitait, dans le canapé même, le temps d’aller chercher des verres et le pichet rempli. J’installai le tout sur la table basse et nous servis. J’espérais qu’elle allait apprécier. Je me tournai alors vers elle, un demi-sourire sur le visage.

- Déjà, si nos questions sont trop indiscrètes, tu nous arrêtes. On ne veut pas non plus te mettre mal à l’aise.

Mais il fallait quand même apprendre quelques petits détails plus personnels. Parce que quitte à partager l’appartement avec elle, autant que ce ne soit pas en inconnus les uns pour les autres. Nous nous étions mis plus ou moins d’accord avec Raphaël sur ce que nous voulions savoir.

- Alors, dis-nous, tu fais tes études à Miami ? Quel genre d’études ? A moins que tu ne travailles déjà.

Sur ce point, je ne pensais pas. Elle était bien jeune pour avoir un emploi et si elle en avait déjà un, elle aurait plus de revenus pour se payer un logement. Enfin, ce n’était que mon avis ça. J’avais également une question « difficile » pour elle. Il n’y avait pas vraiment de bonne réponse, tout dépendait de ce qu’elle allait nous dire.

- Selon-toi, quelle place pourrais-tu avoir dans cet appartement ?

J’aurais pu tout autant lui demander quel genre de colocataire elle était, mais je ne l’avais pas fait. En fait, je voulais savoir si elle était prête à se faire une petite place à côté de nous, si elle n’allait pas s’effacer complètement. Nous voulions partager la vie quotidienne, pas seulement le loyer. Un détail me revint en tête à ce moment-là. Je ne pouvais pas continuer sans l’évoquer.

- Ah ! Attends, avant de répondre, j’ai oublié un truc ! Je ne sais pas si ça va être important pour toi, mais logiquement, on a une cave à disposition. Sauf que le propriétaire nous a dit qu’on ne pouvait plus l’ouvrir. Donc en fait, on n’a pas de cave !

Ce n’était pas tout à fait exact,  et je n’aimais pas mentir, mais c’était comme ça. Passons. Nous attendions sagement qu’elle réponde à ce que je lui demandais, avant de continuer. C’était important pour nous de l’écouter. Surtout que pour le moment, elle correspondait parfaitement au colocataire que nous cherchions. J’espérais -et ce devait être pareil pour mon frère- que l’entretien se passerait aussi bien. Vraiment, j’avais l’impression que c’était la bonne. Il suffisait juste d’espérer.

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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyJeu 11 Juil 2013 - 18:27


Les colocataires.
Ft. Gabriel, Raphaël and Hope

J’essaye de tout retenir. Je m’imagine si facilement dans cet appartement. J’ai l’impression de déjà y vivre. Il est si chaleureux et agréable. Je crois que je n’ai jamais fait une visite aussi satisfaisante. Bon, il va bien y avoir quelque chose qui va me déranger. Et pourtant, pour l’instant il n’y a aucune ombre au tableau. Tout est parfait. Même les colocataires… Je ne me suis jamais posée la question si j’étais pour ou contre la colocation. Je n’ai même pas imaginé un instant partagé un appartement. Mais finalement ce n’est pas une si mauvaise chose. Il y a tellement d’espace ! Le loyer est partagé par trois personnes alors on peut facilement se permettre une plus grande surface. On pourra respirer ici. On ne sera pas les uns sur les autres. Je ne serais pas seule l’année prochaine… Je ne passerai pas d’un internat, de la vie collective à une vie solitaire d’un coup. Ce sera mon petit passage de transition.
En plus, les garçons cuisinent ! Des mecs qui cuisinent ! J’ai l’impression que les rôles sont inversés. Et si c’était moi la mauvaise colocataire qui ne faisait rien ?

Je me fais alors la promesse de ne pas être comme ça. Je suis quelqu’un d’assez ordonné. Je ne m’étale pas et je ne supporte pas vivre dans le désordre. Je ne pense pas que je serais une mauvaise colocataire. J’espère… Raphaël, le blond, prend la suite de la visite. Il s’est légèrement transformé. Il n’est plus aussi froid. Il long un mur et me montre deux pièces collées l’une à l’autre. Ils se sont tous les deux installés ici. Ils sont une certaine proximité. Ils sont proches. Je sens qu’ils forment un binôme très complet. Est-ce que ça va être un problème ? Lorsque nous devrons prendre une décision, ils seront sans doute tous les deux du même côté. Ils auront la majorité. Ce détail peut vraiment poser problème. Si je ne suis qu’une figurante, à quoi bon ? Je n’ai pas simplement envie d’être un pot de fleur. Je ne veux pas être simplement là pour payer le loyer tandis qu’ils font leurs petites affaires de leur côté. Je veux pouvoir choisir moi aussi quoi regarder à la télé. Je n’ai pas envie de me sentir obligée de m’enfermée dans ma chambre pour ne pas voir leur duo. Sinon à quoi bon me lancer dans une colocation ?

Il me montre ensuite la salle de bain qu’ils partagent tous les deux. J’aperçois une cabine de douche, un lavabo, un toilette et certaines de leurs affaires. Il y a donc leurs chambres, puis leur salle de bain… Nous continuons d’avancer. Juste en face se dresse une dernière porte. Je suppose qu’il s’agit de la chambre qu’ils me réservent. Il a dit plus tôt qu’elle est un peu à l’écart, tranquille. Je ne comprenais pas ce qu’il sous-entendait jusqu’à ce qu’il ouvre la porte. Nous pénétrons dans une chambre un peu plus grande que les deux précédentes. Un lit deux places est disposé en son centre. Il y a la possibilité de rejoindre la terrasse. Je reste un instant émerveillée par la pièce m’étant réservée mais la visite ne semble pas finie.
« Tu auras le droit à cette chambre avec accès complet au dressing pour toi seule. Et ta salle de bain personnelle est juste à côté de la nôtre. » Je m’avance dans le dressing puis ose un regard dans la salle de bain. Elle n’a pas une cabine de douche mais bel et bien une baignoire et tous les équipements nécessaires. Récapitulons. J’ai une chambre. Un accès à la terrasse. Un dressing. Une salle de bain dans laquelle je peux passer autant de temps que je veux et y laisser toutes mes petites affaires de filles… J’ai aussi deux colocataires qui n’ont pas l’air terrifiant. Même si je me sens obligée de rester enfermée dans cette chambre, ça me suffira niveau espace ! À moi seule, je n’aurais été capable d’avoir un appartement faisant cette taille. Peut-être même pas la taille du salon et de ma chambre… Je suis comblée. Tout semble parfait. Peut-être un peu trop même.

J’ai appris que la méfiance était parfois un sentiment roi. Je sais que le monde n’est pas parfait et que les choses appétissantes sont les plus dangereuses. Les champignons vénéneux vous attirent par leurs couleurs. Les gâteaux à la crème ne vous préviennent pas des conséquences sur vos poignées d’amour. Le mec le plus mignon ne vous prévient pas qu’il a déjà une copine. Il y a toujours quelque chose…

Nous retournons ensemble dans la pièce principale. Je m’appuie sur l’une des chaises placées autour de la table à manger. « Alors, qu’en dis-tu ? » me demande le jeune homme. J’ai déjà oublié si c’était Gabriel ou Raphaël. Les prénoms et moi… Ce n’est pas une grande histoire d’amour. Surtout que la visite de l’appartement m’a quelque peu retournée. « Ça semble parfait. Il y a de la place… Je n’aurais pas pu espérer mieux. Je suppose qu’il faut désormais savoir si nous parviendrons à nous entendre tous les trois… » Je les regarde chacun à leur tour. Deux hommes grands et forts dans un appartement, ça rassure… Je ne suis pas petite non plus du haut de mon mètre soixante-treize mais bon je ne suis pas à même de me défendre contre un intrus.
« Vous avez des questions à me poser peut-être ? » Je meurs d’envie d’aller m’asseoir sur l’un des canapés pour que tout cela soit moins formel. Si j’aurais su ce que j’allais vivre durant cette visite, j’aurais apporté quelque chose à boire ou peut-être des confiseries… Je les aurais attendris avec une petite attention. Je ne serais jamais venue les mains dans les poches.
Je préfère qu’ils commencent avec leurs questions. Moi, je ne sais pas quoi leur demander…

© Belzébuth
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyMer 10 Juil 2013 - 23:43

L’heure de la troisième et dernière visite de la journée était arrivée. La jeune fille que Gab et moi attendions frappa à la porte pile à l’heure. Déjà quelque chose de bien pour elle. Je la saluai et elle me sala en retour. Je la détaillai rapidement sans qu’elle ne s’en aperçoive. Elle portait un petit pull rose clair avec un short et des converses blanches. Très joli et pas provocateur. Pas comme la première fille que nous avions vu, qui portait une robe tellement courte qu’on se demandait si ce n’était pas un pull un peu long et si elle n’avait pas oublié de mettre un bas … Enfin, toujours était-il que celle-ci était beaucoup agréable à regarder, car sa tenue était tout en discrétion.
Je commençai par la vouvoyer. Petit truc de ma spécialité. Allait-elle être déstabilisée ? Peu de gens accordaient de l’importance à ce genre de détails, mais moi si. Sa réaction était une indication parmi d’autres qui pouvaient m’aider à cerner le personnage. Pareil pour la visite immédiate. Je voulais savoir si elle on pouvait la prendre au dépourvu sans qu’elle ne s’y attende. En général, quand on faisait visiter un appartement, on discutait un peu avant. Mais non. Je ne faisais pas tout comme les autres. Toujours était-il qu’elle se laissa guider assez rapidement, et que mon frère avait décidé d’être un peu moins brut que moi. Il nous présenta en employant un ton très décontracté. Je le reconnaissais bien là. S’il pouvait intimider à cause de sa taille et ses tatouages, il avait tendance à être très gentil, parfois même trop, avec tout le monde.

Nous nous dirigeâmes alors tous les trois vers le salon, et plus particulièrement le balcon. La vue était très belle, et je savais que Gaby l’appréciait particulièrement car elle était inspirante pour ses pauses dessins. En fait, depuis deux jours que nous étions là, nous nous sentions déjà chez nous. Plus proche de mon but –de notre but-, nous nous étions habitués à une vitesse affolante. Miami. Une ville à cent à l’heure dans laquelle nous pouvions faire tout ce que nous voulions. Je fixai discrètement notre candidate, légèrement en retrait, laissant Gab présenter les lieux. Elle semblait émerveillée par ce balcon. Elle nous fit même part de ce qu’elle en pensait.

- C’est magnifique. Ne put-elle s’empêcher de dire d’une voix basse.

Ensuite, il présenta la cuisine. Nous savions cuisiner tous les deux, même si ce n’était pas quelque chose d’exceptionnel. Il le lui indiqua, du moins pour lui. Moi, je cuisinais plus rarement que lui, même si j’aimais plus ça que lui. J’avais entendu dire qu’il y avait un club de cuisine au lycée, peut-être que j’allais y faire un tour pour jeter un œil. C’était un moyen comme un autre de faire connaissance avec les autres et de passer le temps. La jeune fille nous donna son impression.

- J’étais dans un internat du coup niveau cuisine ... Je n'ai jamais vraiment pratiqué … J’apprends vite, je pourrais me faire autre chose que des pâtes à l’eau ! Et puis c'est mieux d'avoir un régime assez varié. Je ne peux pas me permettre de ne manger que des pizzas commandées à la pizzeria juste au coin de la rue ... Oui je l'ai remarquée en venant, c'est un peu un péché mignon. Ça et les glaces ... Ça reste entre nous ?

Je ris légèrement à sa remarque. Je me décidai à sortir de mon silence et de mon observation. Elle avait l’air bien sympathique, cette demoiselle. Pas prise de tête et naturelle.

- Je suis meilleur cuisinier que mon frère, sans être chef étoilé. Si tu veux, je pourrais t’apprendre un peu.

Bon, j’étais repassé au tutoiement, mais ce n’était pas bien grave. Après tout, je crois que je l’appréciais déjà. Ce qui était rare chez moi, je préférais me méfier de la première impression, car elle pouvait s’avérer trompeuse. Ça allait se confirmer quand on lui aurait posé quelques questions.

- Alors, tes impressions pour le moment ? Tu as des questions ?

Petit instant de silence. Puis une réponse de sa part.

- C’est … C’est super grand. Je n’étais pas vraiment venue pour ça. Je … L’agent m’a dit que c’était exactement ce que je cherchais et c’est le cas. L’appartement est parfait. Mais j’ai peur de ne jamais avoir les moyens de payer un tel endroit … C’est une colocation ? C’est ça ? Je suis venue visiter un appartement pour moi seule… Je n’étais vraiment pas prête pour tout ça… Y a combien de chambre ?
- Oui, c’est une colocation. Il ne te l’avait pas dit ? Gab et moi venons d’arriver  à Miami. Et nous pensions trouver une troisième personne pour partager le loyer, puisqu’il y a la place …

Je lui souris. Je la regardai avec gentillesse. Mon attitude distante et formelle s’était muée. Je devais avouer qu’elle me plaisait bien cette jeune fille. Petite blondinette au sourire.

- Enfin … On peut continuer la visite parce que dans le fond … Pourquoi pas ?

Je jetai un regard entendu à Gaby : j’allais prendre la suite de la visite. Il restait les salles de bain et les chambres. Nous passâmes à côté du hall pour aller vers les cambres. A côté de la cuisine, il y avait deux chambres côte à côte. Je les désignai de la main.

- Nous nous sommes installés là, parce que la troisième chambre est un peu plus à l’écart et tranquille, tu verras. Alors, là, tu as la salle de bain que nous partageons tous les deux.

J’avançai, m’assurant qu’elle soit au même niveau que moi. Le clou du spectacle, le petit coin qui lui était réservé. La demoiselle avait le droit à une chambre spacieuse, comprenant un dressing. Elle avait aussi une salle de bain à elle toute seule. J’entrai dans la chambre, suivi de mon frère et d’Hope.

- Tu auras le droit à cette chambre avec accès complet au dressing pour toi seule, dis-je en montrant ledit dressing du bras. Et ta salle de bain personnelle est juste à côté de la nôtre.

En fait, si jamais elle devenait notre colocataire, elle aurait une place de princesse dans cet appartement. Mais à condition qu’elle veuille, et que nos quelques questions nous mènent à vouloir d’elle comme colocataire. Nous retournâmes donc tous les trois dans le hall, près de la grande table pour manger.

- Alors, qu’en dis-tu ?
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyDim 7 Juil 2013 - 19:17


Les colocataires.
Ft. Gabriel, Raphaël and Hope

Je frappe à la porte doucement. Trois petits coups. Secs. Rapides mais pas forts. Je respire. Il faut que je paraisse détendue. Je m’immobilise face à la porte et souris. Juste avant que la porte s’ouvre, je tire nerveusement sur mon jean. Je m’attends à tout ce à ce qu’il va se produire. Pour moi, un jeune agent immobilier va m’ouvrir. Il a une trentaine d’années, des grosses lunettes noires à la mode et des cheveux bruns coiffés en brosse. Si ce n’est pas lui, ce sera sans doute un de ces collègues. Il va me faire visiter l’appartement en ne faisant ressortir que les qualités. L’endroit ne sera pas trop grand, pas trop cher, pas trop luxueux…. Voilà ce à quoi je m’attends. Mais pas du tout à ce que je vais voir.

La poignée s’abaisse et un jeune homme souriant m’ouvre la porte. Il est habillé aussi simplement que moi. Il a l’air vraiment jeune. Ce n’est pas un agent immobilier… Le propriétaire ? Aucune chance d’être propriétaire d’un appartement aussi jeune !
Mes yeux s’écarquillent mais je me reprends rapidement. Je réponds à son sourire et tente de paraître la plus détendue possible. Je rentre dans une école d’Art. L’année prochaine j’aurais des cours de théâtre. Il vaut mieux que je sois déjà capable de faire semblant de ne pas être surprise dès maintenant.
«Bonjour. Vous êtes mademoiselle Blackwood, c’est ça ? Entrez …» « Bonjour !» Il me dit cela de manière très formel, ce qui ne me rassure un peu. J’entre dans l’appartement en saluant les deux jeunes hommes. Le deuxième renforce mes doutes sur leur présence.

« On commence par visiter et on discute après ? » « Très bien, je vous suis ! » «Au fait, lui c’est mon frère, Raphaël et moi c’est Gabriel.» me lance l’autre. Je me présente à mon tour. Nous sommes dans un hall plutôt spacieux. Raphaël et Gabriel… Des noms d’ange. C’est plutôt drôle comme situation. Deux anges et l’espoir… Voilà ce que disent nos prénoms quand ils sont inscrits sur une carte. Je trouve ça plutôt drôle. Mais je suis un peu perplexe par l’appartement. Il est vraiment immense ! Il y a un grand salon, un balcon.
Nous nous y arrêtons un instant. Gabriel me dit qu’il y a une superbe vue d’ici. Je souris légèrement. C’est magnifique. Prendre de la hauteur… C’est si beau de voir les humains avec un peu de hauteur. Observer nos comportements… Nous sommes si nombreux et pourtant nous ne nous focalisons que sur nous. Nous pensons qu’à nous. Nous sommes tous égoïstes. Nous vivons tous les uns à côté des autres et pourtant nous ne nous voyons pas. Quelqu’un était-il là quand j’étais sur le point de mettre fin à mes jours ? Ai-je simplement pensé à ce que vivait Evangeline avant que tout soit fini pour elle ? Je pleurais sur mon sort sans voir qu’il y avait pire à côté de moi. J’ai hurlé, je me suis renfermée, j’ai oublié que nous vivions dans une communauté. Nous sommes tous ensemble dans le même bateau. Ce balcon sera un peu mon repère. Je le sens. Je me sens si bien ici. Le vent fouette mon visage. Mes cheveux ondulés s’envolent au gré du vent. « C’est magnifique…» me dis-je plus à moi-même qu’aux garçons.

Nous rentrons alors à l’intérieur pour nous diriger vers la cuisine. J’en profite pour observer un peu plus les garçons qui me fons cette visite. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Je ne comprends vraiment pas. Je me sens un peu petite à côté d’eux. Ils sont vraiment grands. J’ai beau faire un mètre soixante-quinze, ils font tous les deux au moins dix centimètres de plus. J’aurais pu rivaliser avec des talons hauts… Mais ne compter pas sur moi pour en mettre en dehors d’une soirée ou pour de la danse. Ce n’est pas mon délire de me promener sur des échasses. Je ne suis bien qu’avec des chaussures de danseuses de salon ou bien des compensés. Et puis mes genoux souffrent déjà assez avec la danse pour que je leur fasse endurer d’autres souffrances.
Ils sont très différents. Pourtant ils m’ont dit être frères… Qu’est-ce que deux jeunes frères font dans un appartement ? À part me faire visiter… C’est vraiment louche.

La cuisine est bien équipée. Le brun tatoué m’annonce alors : « Je cuisine un peu, mais je suis pas non plus un chef. » Je souris. Au moins il est clair et direct. Peut-être me dit-il ça pour me mettre à l’aise. Ils sont peut-être stagiaire en fait… « J’étais dans un internat du coup niveau cuisine... J n'ai jamais vraiment pratiqué… J’apprends vite, je pourrais me faire autre chose que des pâtes à l’eau ! Et puis c'est mieux d'avoir un régime assez varié. Je ne peux pas me permettre de ne manger que des pizzas commandées à la pizzeria juste au coin de la rue... Oui je l'ai remarquée en venant, c'est un peu un péché mignon. Ça et les glaces... Ça reste entre nous ? » Les pâtes, le riz, les conserves… Tout le monde peut faire ça. Un coq au vin, ça doit sans doute être plus compliqué. Ou même la dinde pour Thanksgiving ! Ça doit se trouver sur internet… Et puis à qui je ferais ça de toute manière ?
Mais en y réfléchissant, c’est pas possible… Pourquoi mon agent m’aurait-il envoyée dans un appartement aussi grand ? Je sais pertinemment que je n’ai pas l’argent pour le payer tous les mois. Les pièces sont toutes grandes, ce n’est pas une petite boite carré sans espace pour respirer. La seule solution pour que cet appartement soit dans mes moyens… La seule solution c’est la colocation.

J’y avais jamais réfléchis. Une colocation. Avec qui ? Eux deux ? J’examine un instant les jeunes hommes. Le blond semble plus distant que le brun. Ce dernier à un regard que je n’ai pu ignorer dès le début. Même si ces tatouages auraient pu en effrayer plus d’un, ce n’est pas mon cas. En fait, son regard m’a tend captée que j’ai ignoré le reste.

« Alors, tes impressions pour le moment ? Tu as des questions ?» Je reste un instant muette. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Colocation… Je vois tout de suite les problèmes. Les colocataires qui ne font ni le ménage, ni la cuisine. Des personnes avec qui on est en tension. Des personnes renfermées avec qui le contact ne passe pas ou alors des personnes qui ne font que de faire des fêtes dans l’appartement avec des personnes peu fréquentables. Je me sentirais mal. Et si cette expérience se passait mal et que je retombais dans ma déprime ? Je ne veux plus être dans cet état… Je m’en souviens comme le pire moment de ma vie. J’ai vraiment besoin de vivre à nouveau et de penser à moi avant tout. Et si en colocation, je pense plus à ce que pensent mes colocataires plutôt que moi ? Et si je m’empêchais de vivre ? Je ne pourrais peut-être pas faire mes exercices de danse dans le salon parce que ça les dérange. Je ne pourrais pas faire de yoga.
En plus ce sont deux garçons… Avant je n’aurais pas voulu me lancer dans cette aventure parce que j’étais persuadée d’être un porte malheur. En même temps, tous les gars qui sont entrés dans ma vie ont fini par disparaître…

Au risque de passer pour une fille stupide je dis : « C’est… C’est super grand. Je n’étais pas vraiment venu pour ça. Je… L’agent m’a dit que c’était exactement ce que je cherchais et c’est le cas. L’appartement est parfait. Mais j’ai peur de ne jamais avoir les moyens de payer un tel endroit… » J’évite à tout prix les regards des garçons. Je me retourne vers le plan de cuisine. Mes doigts parcourent le meuble. Je pivote vers eux. Je me mordille nerveusement la lèvre inférieure. « C’est une colocation ? C’est ça ? Je suis venue visiter un appartement pour moi seule… Je n’étais vraiment pas prête pour tout ça… Y a combien de chambre ? » Je suis partagée entre tester l’aventure ou partir en courant.
Mais je pense qu’eux aussi doivent être dans une situation inattendue. On fait quoi maintenant ? « Enfin… On peut continuer la visite parce que dans le fond… Pourquoi pas ? » dis-je en haussant les épaules. Pourquoi pas… Pourquoi ai-je dit ça ? J’étais censée partir en courant pas continuer la visite. La colocation ce n’est que des ennuis… Mais plus je regarde cet appartement, plus je m’y attache. Je me sens si bien entre ces murs. J’ai l’impression d’être déjà chez moi. Et puis, il y a ce balcon ! Où est-ce que j’en retrouverai des comme ça ? Et puis ils n’ont pas l’air méchant… La colocation ça peut aussi rimer avec bons moments. Ils réussiront peut-être à me faire rire quand je me sentirais mal. Ils seront un lien en dehors des gens que je fréquente à l’école. Ils sont jeunes, ils n’ont pas beaucoup d’années de différence avec moi. Nous pouvons bien nous entendre ! Et puis quand je vais débarquer à mon école, je ne connaîtrais personne. Est-ce que je suis prête à affronter un mois de solitude dans un appartement et dans une école ? Un mois avant que je commence à fréquenter des personnes…

Alors pourquoi pas…

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Dernière édition par Hope Blackwood le Ven 12 Juil 2013 - 19:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyDim 7 Juil 2013 - 12:41




Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler »

© Crédit image
Miami. Les Etats-Unis. L’Amérique. Quel beau rêve ! Pour presque n’importe lequel des adolescents d’aujourd’hui, ça serait une destination idéale. Parce qu’il y avait le rêve américain, les stars, les paillettes, le soleil parfois, les grandes villes. Depuis déjà bien longtemps, les médias nous montraient une image parfaite du pays, et la plupart des gens y croyaient. Mais ce n’était pas aussi facile que ce que l’on pouvait miroiter. Pourquoi étais-je là dans ces cas-là ? Et bien, pas vraiment pour moi. Ni pour réussir quelque chose de spécial. J’étais là pour mon frère, Raphaël. Enfin, il n’était pas vraiment mon frère, mais je le considérais comme tel. Lui, ce qu’il cherchait ici, c’était son père, qu’il ne connaissait pas. Il ne savait que son nom, et la ville. Miami. Moi, je ne l’aurais pas laissé partir seul, j’étais donc venu dans ses bagages. Il fallait cependant que je réussisse mon année scolaire, parce que mes parents adoptifs ne seraient pas d’accord pour que je reste. Mais sur ça, je ne m’en faisais pas trop.
Toujours était-il que nous avions un appartement tous les deux, très spacieux. Nous avions les moyens, mais nous n’étions tout de même pas riches au point d’avoir une villa. Et comme nous nous sentions un peu seuls, nous avions décidé de partager l’endroit, qui avait trois chambres. Donc assez pour accueillir une jeune fille ou un jeune homme. Peut-être même un élève de Wynwood, comme nous. Dans ce cadre, nous avions organisé des rencontres, avec des questions, la visite, pour voir si les candidats nous convenaient. Le propriétaire était d’accord, il nous avait aidés à fixer les rendez-vous. Nous en avions trois aujourd’hui. Les deux premiers étaient passés. Il aurait fallu les voir pour comprendre. Entre une idiote-feignasse botoxée et un espèce de vieux dealer raté, nous avions été servis. Mais ce n’était pas pour autant que nous allions abandonner.
Justement, la dernière visite, nous l’attendions après manger, plutôt même en fin d’après-midi. Franchement, j’espérais qu’elle serait mieux que les deux premières. Parce que là, nous n’étions pas sortis d’affaire. Mais bon, j’avais bon espoir, je ne voyais pas trop comment le prochain candidat pouvait faire pire. Enfin, la prochaine candidate.

En attendant, nous nous occupions. Raphy installa le réseau, qui nous manquait jusqu’à maintenant, et en profita pour donner des nouvelles aux parents. Moi, je m’installai sur la grande table de la salle pour dessiner. J’avais commencé un dessin, depuis mon arrivée, d’une jeune fille que j’avais rencontrée au parc. Mais là, j’optai pour autre chose. Un paysage de Suisse, que j’avais déjà vu et qui m’avait beaucoup plu. La cascade de Giessbach. Elle était loin d’être finie, mais je ne me pressais pas.
A l’heure de la visite, je laissai mon calepin sur la table et me levai pour accueillir la demoiselle. Des coups furent portés sur le battant de bois, elle était là. Raphaël se déplaça pour ouvrir, un grand sourire sur le visage. Il n’était pas très expressif en temps normal mais il fallait bien être accueillant, pour ne pas faire fuir notre peut-être future colocataire.

- Bonjour. Vous êtes mademoiselle Blackwood, c’est ça ? Entrez …

Nous ne connaissions que son nom, rien d’autre. Je la saluai, et la détaillai légèrement. Elle entra dans le hall. Elle était plutôt grande pour une fille, mais plus petite que nous. Bon, en même temps, je mesurais presque 1m 90 donc c’était normal. Et mon frère faisait environ la même taille, peut-être légèrement moins. Elle était blonde, mince, très jolie. Peut-être un peu plus vieille que nous. Et surtout, elle avait l’air d’être normale. Ni pétasse siliconée, ni droguée, ni tueuse en série, enfin normale quoi. Je savais que l’apparence pouvait cacher bien des choses, j’étais bien placé pour le savoir, mais quand même. Elle avait un sourire légèrement timide, peut-être un peu nerveux aussi, mais elle inspirait confiance. J’espérais que l’image que je renvoyais ne lui ferait pas peur, parce que j’étais loin d’être méchant.
Raphaël, une fois que la demoiselle fut entrée, lui proposa tout de suite la visite. Après, évidemment, nous aurions quelques questions à lui poser. Le propriétaire de l’appartement n’était pas là, il n’y avait que nous. Là où elle était entrée, il y avait le grand hall, avec une table tout au fond, à la limite du salon. Celle où je m’étais installé pour dessiner. Il y avait bien assez de place pour accueillir du monde, si l’un de nous le souhaitait. Avant de commencer, je tenais quand même à nous présenter.

- Au fait, lui c’est mon frère, Raphaël -je montrai Raph de la main- et moi c’est Gabriel.

Je lui souris gentiment. Il y avait quand même des questions à se poser, parce qu’on ne se ressemblait pas du tout. J’étais plutôt mince, brun, avec des yeux bleus qui passaient difficilement inaperçus. Il était plus musclé, blond foncé, les yeux bleu-vert. Mais bon, c’était normal, j’étais adopté, et il n’était légalement que mon cousin. Ça n’était cependant pas important pour nous.
Après accord de la jeune fille, je l’incitai à nous suivre dans le salon. Celui-ci était très spacieux, de quoi mettre tout un tas de fauteuils, une grande télévision, enfin tout ce que nous voulions. Nous n’avions pas encore mis tous les meubles, puisque que la décoration ne dépendrait pas que de nous. Il fallait bien aussi que notre colocataire ait son mot à dire ! De la pièce, nous pouvions sortir sur le balcon. J’ouvris la porte et laissai la jolie blonde ainsi que Raphy sortir et prendre l’air.

- D’ici, on a une super vue sur la ville. Surtout le soir, avec toutes les lumières.

Ça me plaisait bien de pouvoir tout observer, il fallait bien l’avouer. Et puis, avec un peu de hauteur, ça donnait un ensemble encore plus beau. Ajoutez à ça un ciel dégagé au moment du coucher du soleil. Bon, ce n’était pas aussi joli que ça pouvait l’être sur la plage, mais je trouvais ça très bien. Je décidai ensuite de passer voir la cuisine. Pour cela, il fallait revenir au hall, et aller de l’autre côté de l’appartement. La cuisine aussi était grande, et il y avait tout ce qu’il fallait. Même des WC à côté.

- Je cuisine un peu, mais je suis pas non plus un chef.

Déjà, on ne cherchait pas un colocataire pour ça. Ce que nous savions faire nous suffisait. Je me retournais vers Hope -le propriétaire qui avait arrangé les rendez-vous ne nous avait dit que les noms et prénoms des candidats- pour essayer de déchiffrer une réaction sur son visage. C’était clair que si ce qu’elle avait vu ne lui plaisait pas, ou si nous, ne lui plaisions pas, ce n’était pas la peine de continuer.

- Alors, tes impressions pour le moment ? Tu as des questions ?

Si mon frère lui avait fait un accueil plutôt « formel », je préférais être un peu plus « familier ». Je n’aimais pas être pompeux et ça n’allait pas aider la demoiselle à se sentir bien ou à nous apprécier. Je savais que Raphaël était comme moi, c’était juste qu’il avait voulu faire une bonne première impression, et qu’il montrait moins ses sentiments que moi. En plus de tester sans doute la jeune fille. Déjà, elle ne nous avait pas réclamé la cave, et j’espérais qu’elle n’allait pas nous prendre pour des femmes de ménages.

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MessageSujet: Re: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptySam 6 Juil 2013 - 11:51

Ça faisait deux jours que nous nous étions installés. Enfin, deux petits jours. L’appartement était grand, et surtout confortable. Mais bien sûr, le loyer était aussi élevé. Ainsi, Gaby et moi avions décidé d’avoir un ou une colocataire. C’était une façon comme une autre de faire connaissance avec une personne d’ici. Enfin, nous l’espérions. Nous en avions parlé au propriétaire à qui on louait l’appartement, et notre idée lui avait paru judicieuse. Gaby et moi avions des critères particuliers, et nous avions donc décidé de recruter notre colocataire grâce à une sorte de questionnaire. Un entretien du genre speed-dating, mais en plus long et pas pour trouver l’amour. Nous voulions être sûrs que nous ne serions pas du tout embêtés par cette troisième personne, car nous tenions à notre confort.

Ce matin, c’était la troisième personne que nous rencontrions. Effectivement, nous avions déjà essuyé deux visites sans succès. Et quelles visites !

Le première à s’être présentée était une jolie fille, mais bien trop refaite. Elle avait une vingtaine d’année, et avait déjà les lèvres pleines de collagène et la poitrine pleine de silicone. Une vraie bimbo. Pas du tout notre genre, à Gab et à moi. Et puis, sans cervelle en plus. Brune, les cheveux longs, elle passait son temps à toucher ses rajouts. Sans oublier la mini-jupe et le décolleté qu’elle avait mis pour nous amadouer. Elle devait savoir que nous étions deux mecs dans l’appartement, et elle avait voulu mettre toutes les chances de son côté. Désolé pour elle. Nous n’étions pas du genre. Si parfois je ne refusais pas une aventure sans lendemain, prendre pour colocataire une bombasse qui a cru que nous ne voulions que voir son corps était contraire à mes règles. Qu’elle aille se faire voir ailleurs, elle et ses talons aiguilles.
Bon, nous lui avons donné sa chance quand même. Je lui ai ouvert la porte –mais je me suis retenu de la lui fermer au nez. Nous lui avons fait visiter, puis nous lui avons posé des questions. Elle voulait être en colocation parce qu’elle ne savait pas faire le ménage ni la cuisine, et qu’elle avait besoin de quelqu’un pour le faire à sa place. Elle ne l’avait pas dit exactement comme ça, mais ça revenait au même. Elle cherchait un majordome, en gros. Ce que ni Gaby ni moi n’étions, bien entendu. Bon, déjà, ça partait mal. La suite de l’entretien se finit avec bien pire que ça. Pas besoin de raconter.

La deuxième visite était un garçon. Enfin, un garçon … Un homme d’une quarantaine d’années bien tassées. Il avait l’air d’un junkie. Bon, j’ai rien contre eux, en temps ordinaire. Mais là, il avait l’air vraiment louche. Et puis, quand il a réclamé la cave pour ses petites affaires personnelles, ça nous a tout de suite paru bizarre. Quelles affaires personnelles ? Il n’a jamais voulu nous répondre. Il nous a quand même rassurés sur ses activités : l’appartement serait surtout un lieu de passage pour lui et ses potes, et il n’y serait pas très souvent. Bien. Lui, j’ai rayé son nom dans ma tête avant d’avoir dépassé les dix minutes d’entretien. Mais les gens étaient tous fous à Miami ou nous étions simplement tombés sur les mauvais ? Sans oublier son sourire et ses yeux pervers. Bref, lui, il ne nous avait pas du tout convaincus. Encore moins que la future mannequin artificielle.

Gab et moi avions mangé en discutant de ces deux premières candidatures. La suivante n’était que dans la soirée, et nous avions donc le temps de faire autre chose en attendant. Comme préparer d’autres questions, vu ce que nous ont répondu els deux premiers … C’était quand même à celui qui allait le mieux se vendre. Je croisais les doigts pour que le prochaine ou la prochaine soit une personne normale, saine d’esprit et avec des neurones. Non parce que les idiots qui pensaient que nous allions tout faire pour eux ou les laisser faire du trafic de choses illégales sans rien dire, nous n’en voulions pas.
Mon frère et moi avions changé de sujet assez rapidement, las de parler de ces deux personnes étranges et à côté de la plaque. Peut-être étions-nous trop exigeants ? Et si la troisième personne était aussi décalée que les premières ? Nous savions que c’était une jeune fille, mais nous n’en savions pas plus. Après tout, on disait bien « Jamais deux sans trois ». J’appréhendais donc maintenant la dernière visite de la journée. Bon, seulement trois, c’était pas beaucoup pour les conditions que nous posions. Mais quand même. Tomber sur une pétasse et un toxico …

J’en profitai pour installer la ligne internet, puisque nous ne l’avions toujours pas fait. Je passai rapidement sur les sites habituels, sans rien remarquer de nouveau. Mon ordinateur était très important. J’y faisais de nombreuses recherches, pour mes cours ou pour mon usage personnel. Je possédais plusieurs disques durs, tous pleins sauf le dernier acheté. J’y stockais tellement d’informations qu’il m’arrivait parfois de ne pas retrouver ce dont j’avais besoin quand j’en avais besoin. Je vérifiai également mes mails. Déjà un de mon oncle et de ma tante. Ils nous demandaient si notre installation s’était bien passée. Je leur répondis en demandant ses impressions à Gaby. Puis je vérifiai que tout était en ordre dans l’appartement. L’après-midi passa rapidement.

Enfin, l’heure de notre dernière visite arriva. Quelqu’un frappa à la porte pile à l’heure. Aaah, déjà, c’était quelqu’un de ponctuel. J’aimais les gens qui respectaient les heures données. Un bon point pour la demoiselle qui se trouvait derrière la porte. J’allai lui ouvrir avec un grand sourire –toujours mettre en confiance.

- Bonjour. Vous êtes mademoiselle Blackwood, c’est ça ? Entrez …

Je me décalai pour la laisser entrer tandis que Gab se levait pour nous rejoindre. Il la salua également.

- On commence par visiter et on discute après ? Lançai-je amicalement.


Dernière édition par Raphaël Brahier le Mer 10 Juil 2013 - 21:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».   Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ». EmptyJeu 4 Juil 2013 - 23:10


Les colocataires.
Ft. Gabriel, Raphaël and Hope

J’ai été prise. J’ai dû mal à y croire et pourtant c’est vrai. J’ai réussi le concours. J’ai été prise dans l’école de mes rêves. L’année prochaine je dois quitter Wynwood pour aller dans une école particulière. Un endroit différent. Fini le lycée. Je passe dans la cours des grands. Je me sens bien. Je me sens heureuse. Je ne me suis pas sentie comme ça depuis si longtemps ! Lorsque j’ai lu la lettre d’admission, j’ai cru sentir des ailes pousser dans mon dos. Je suis heureuse malgré tout ce qui s’est passé et se passe encore dans ma vie. Malgré les malheurs, les peines, les moments de détresse… Malgré tout ça, je suis contente. Je suis fière de moi et rien ne pourra détruire mon moral. Pour la première fois depuis des années, je pense à moi avant de penser aux autres. Pour la plupart des gens, cet état d’esprit est plutôt négatif. Mais moi c’est le contraire. C’est un progrès. J’ai passé ma vie à me demander ce que mes parents auraient voulu pour moi. J’ai passé des jours et des jours à me lamenter sur le sort des personnes chères à mon cœur. Oui, parce qu’en fait j’ai eu cette fâcheuse tendance à voir tous ceux que j’aime disparaître du jour au lendemain. Des morts, du coma, de la peur, des fuites, des disparitions… Je n’ai pas cessé de les voir me filer entre les doigts. C’était toujours au pire moment. Au moment où, enfin, je retrouvais un peu de force. Et alors je rechutais dans ce sombre trou noir sans fin. On m’en a tendu des mains ! J’en ai vu de toutes les couleurs. J’ai tellement pleuré que j’ai dû influencer le cours des Kleenex à Wall Street.

Mais c’est fini tout ça. J’arrête de me poser des questions. J’arrête de trop réfléchir. Aujourd’hui, je me laisse vivre. Aujourd’hui, je me contente de profiter de ma vie et de mon bonheur. Je vais pouvoir croquer à pleines dents. Sans même me demander si ça ne serait pas mieux de partager un peu avec mon voisin. Je dois vivre. Je dois vivre malgré les douleurs qui m’ont traversée. Je sais qu’elles ne disparaîtront pas. Je ne dois pas me focaliser sur elles mais plutôt vivre avec elle. Elles ne me définissent pas. C’est à moi de définir la place qu’elles prendront dans ma vie. Je suis plus forte. Je suis maître de mes émotions.

J’inspire un grand coup et change de position. Je ferme à nouveau mes yeux et me concentre sur ma respiration.  Je crois que je reviendrais toutes les semaines à ces cours de yoga. Ils me permettent de me vider l’esprit et surtout de faire le point. C’est un peu un moment de tranquillité et de bilan. Parfois le matin en me réveillant, je fais quelques étirements en face de ma fenêtre. La salutation au soleil est passée dans mes habitudes. Elle m’aide à me réveiller du bon pied et à commencer la journée de la meilleure façon.
J’inspire à nouveau et change de position. C’est fini… Ma période de déprime mais également le lycée et l’internat. Ce n’est pas que ça me rend particulièrement triste… Mais c’est une page qui se tourne. Je ne sais pas si je suis prête à en écrire une nouvelle. C’est toujours si simple de rester sur des acquis. L’avenir fait peur et l’inconnu encore plus. Et si ça ne se passait pas comme je l’avais prévu ? Et si je ne suis pas assez douée pour cette école ? Et si je me retrouve seule ? Et si je commence à fréquenter les mauvaises personnes ?

Stop. Il faut vraiment que j’arrête de me poser des questions. Je réfléchissais trop. Mais ça c’est le passé. La nouvelle Hope n’a pas peur. Elle doit être fière de tourner cette page. Elle doit faire fièrement ses cartons. Je me souviens quand j’ai dû emménager dans le bâtiment des Alpha Psi après l’ouragan… Je me sentais détruite. Je quittais pour la première fois la chambre que j’avais occupée dès mon arrivée en Sophomore. Je me souviens du premier jour où j’ai mis mon pied dans cette pièce. Ma première colocataire s’appelait Cameron, elle était chez les Eta Iota. C’était une jolie brune vraiment gentille. Puis il y a eu d’autres personnes et finalement Warren est venu dans ma chambre. Cette chambre c’est celle où j’ai joué de la guitare avec  Dag mais aussi avec Ulrich. Dans cette chambre j’ai collé les deux lits pour dormir contre Warren. Dans cette j’ai existé sous l’apparence de Paige McCarthy puis d’Hope Blackwood. C’était dur de la quitter… Mais finalement chez les Alpha c’était aussi bien. J’étais seule avec toutes les affaires de Warren. À cette époque, il avait été déclaré mort. Je n’étais pas de sa famille mais j’étais la seule personne vivante proche de lui. J’ai tout récupéré. Je vivais dans mes souvenirs et mes larmes. J’ai vécu avec Edgard puis Ella récemment. C’est toujours difficile de quitter un lieu qui nous a abrités pendant de longues journées. Voilà trois ans que je suis à Miami. Trois ans que je vis dans cet internat. Je n’ai jamais été aussi longtemps dans un endroit depuis mes treize ans. J’ai tellement couru partout en Angleterre pour fuir les menaces que ça m’a paru étrange de m’installer définitivement. En changeant d’apparence, j’ai scellé un pacte avec cette ville. J’ai signé la fin de la course. Je suis devenue une autre fille, plus libre. A partir de ce jour-là, j’ai pu dormir sur mes deux oreilles sans avoir peur.

Je ne quitte pas Miami. Je quitte juste Wynwood. Je quitte l’établissement. Pourtant je veux me faire la promesse de continuer d’y passer. Je sais que je n’ai pas des centaines d’amis. Je ne suis plus vraiment la fille souriante et super populaire. J’ai même fini par être cataloguée comme la dépressive du coin. Mais c’est fini tout ça…

Je me relève et respire une dernière fois. Voilà… Je me sens mieux, moins stressée. Je range tous mes cadres, toutes mes photos dans un carton. J’y place également mes journaux intimes, mon appareil photo et mes chaussons de danse. En fait, je mets les choses que je veux voir en premier dans ma nouvelle chambre.
Je jette un coup d’œil à mon portable. Il est 17h30. Je ferais mieux de partir. Dans une demi-heure j’ai rendez-vous pour la visite d’un appartement. J’ai dit clairement à l’agent immobilier ce que je voulais. Une chambre, une cuisine séparée de salon pour les odeurs et si possible un balcon. Je lui ai dit ce que j’étais prête à payer et également la zone qui me conviendrait. Je ne veux pas être trop loin de l’école mais pas non trop loin de Wynwood où de la plage. Je veux avoir un cadre plutôt agréable et ne pas être obligée de prendre la voiture tous les matins. Il m’avait dit qu’il avait ce dont je rêvais. Ça collait parfaitement. Et voilà ! J’allais avoir mon appartement à moi ! Ce qui serait parfait c’est qu’il y est assez d’espace pour que je m’installe une barre et un grand miroir. Je pourrais ainsi m’entrainer un peu à la maison.
Je me suis habillée plutôt sobrement. Alors que je démarre la voiture, je réalise que mon short et mon pull seront peut-être mal vu. Je ne sais même pas comment on est sensé s’habiller lors d’une visite d’appartement… Peut-être ont-il des préjugés sur l’apparence. Je me regarde dans le rétroviseur. J’inspire profondément et place tous mes cheveux blonds sur le côté.

J’arrive pile à l’heure en bas de l’immeuble. L’agent m’a dit de monter directement et que l’on m’attendrait. Très bien… C’est parti ! Je monte les escaliers deux par deux. Oui, j’aurais pu prendre l’ascenseur. Et croyez-moi, ce n’est pas parce que j’ai peur des petits endroits que je n’ai pas opté pour cette solution. Si je prends les escaliers c’est pour pouvoir galber mes jambes et mon fessier. Eh oui ! Si vous voulez des fesses plus fermes, oubliez la facilité et bouger vous dans l’escalier !
Je m’arrête devant la porte. Je ferme les yeux et récapitule une dernière fois le speech que j’ai préparé. C’est bon… Je vais y arriver. La nouvelle Hope n’a pas peur d’un futur appartement. Au contraire, elle doit être excitée par cette nouvelle aventure qui commence. C’est parti ! Il faut juste que je frappe sur cette porte.

Toc toc toc…

© Belzébuth


Dernière édition par Hope Blackwood le Ven 12 Juil 2013 - 19:41, édité 1 fois
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Imagine que Martin Luther King ait dit : « J’ai fait un rêve... mais j’ai pas envie d’en parler ».
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