Where is she ? [PV Connor]

Après réflexion, ce que j’avais dit était faux. Je savais très bien que l’environnement que j’offrais à Nina était loin d’être sain. Ce que je lui apportais était un peu de stabilité dans sa vie d’adolescente frivole. Mais bien sûr, je ne l’aurais pas reconnu face à Swensson. Je savais très bien qu’un jour un garçon de son âge offrera un avenir stable et joyeux à ma jeune élève. Je n’avais pas d’avenir avec Nina même si j’aurais aimé en avoir un.
Si je n’avais pas fait mouche avec mes mots –Et j’étais sûr que c’était le cas-, j’avais fait mouche avec mes poings. Je vis Swensson tester sa mâchoire. Je savais que je ne l’avais pas cassé, je n’avais plus la rage aussi puissante et virulante que dans ma jeunesse. A une époque, j’aurais frappé jusqu’à sentir le craquement sinistre des os brisés que ce soit ceux de mon adversaire ou les miens. Sur le coup, je pensai que ça l’arrêterait mais ça n’avait qu’attisé son agressivité. Exit la retenue de l’homme poli et bonjour la violence et la bestialité de l’homme primitif qui se tapissait au fond de chaque personne. Il m’attrapa à la gorge. C’en était fini de moi. Il avait l’avantage maintenant. Je suffoquai. J’étais comme un poisson hors de l’eau qui cherchait à respirer. Je fus bientôt poussé en arrière, je tombais. Heureusement, il avait lâché ma gorge. Désormais j’étais trop occupé à remplir mes poumons d’air pour répliquer. Il fut bientôt sur moi et s’apprêta à me frapper. Je le regardai sans ciller. Je n’avais pas peur. J’avais vécu pire.
 
A ma plus grande surprise, Swensson se calma et ne me frappa pas. Il se recula et instaura une distance de sécurité. Il commença à “s’excuser”. Il se releva et continua en me rappelant que l’amour que je portais à Nina était un amour interdit. Il n’avait pas tort. Je m’étais appuyé au mur le plus proche. Je fermai les yeux de dépit. Il m’imposait de faire un choix que j’étais incapable de faire. Pourtant, je savais quel choix je devais faire pour le bien de Nina. Swensson avait beaucoup trop raison à mon goût. Au moins, il était raisonné, je ne pouvais pas le nier. J’étais encore jeune et je faisais encore des conneries sauf que mes conneries actuelles impliquaient trop de personnes.
 
-Vous… Vous avez raison. Mon amour pour Nina m’a aveuglé mais une partie de mon esprit n’a jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme. Je savais que ça mettrait Nina dans l’embaras… Enfin, la première fois, j’ai cru que ce n’était qu’une fois innocente et que je n’arriverais même pas aller au bout et qu’au final, j’aurais juste demandé à Nina de rester dormir avec moi. Euh… J’ai peut-être parlé trop vite… Enfin, si vous avez envie de me frapper, je vous laisse faire. Je suis tombé amoureux de Nina sans le vouloir. Elle avait réveillé quelque chose en moi. Nina est tellement charmante… Ce qui m’a séduit la première fois que je l’ai vu, c’est sa détermination. Je n’y peux pas grand chose… La seule chose que j’aurais pu faire c’est de ne pas c… Enfin, je sais ce que je dois faire pour le bien de Nina : mettre fin à tout ça… Et si je n’arrive pas à le faire, Nina saura très bien le faire. Concernant les hommes et les relations sentimentales, Nina n’est plus une enfant, c’est une femme., dis-je d’une voix plus calme.
 
Je ne savais pas si Swensson était au courant des frasques de Nina. Je savais que j’avais fait une gaffe en parlant de la première fois où j’avais couché avec Nina. Ca devait le mettre hors de lui de savoir que sa fille n’était plus une petite fille, qu’elle couchait avec des hommes alors que lui, il n’avait rien vu la transformation de sa fille. Je m’en voulais de briser l’image qu’il avait de Nina. Je m’en voulais d’avoir osé toucher à Nina la première fois. J’aurais dû m’arrêter en m’apercevant que la jeune danseuse n’était autre qu’une de mes élèves. Pourquoi avais-je été attiré par elle? Pourquoi n’avais-je pas su résister?
 

-Je suis sincèrement désolé d’avoir touché à votre fille. J’imagine ce que vous devez ressentir en ce moment. Je veux juste que vous sachiez que je n’ai jamais obligé Nina à faire quoi que ce soit. Je n’ai jamais voulu la blesser même si c’est ce que je fais en restant avec elle. Je suis navré si Nina vous en veut encore. J’ai été bête de lui parler de ça., murmurai-je, penaud, en baissant les yeux.

Ok… L’homme que j’avais en face de moi était loin d’être sain d’esprit. Il ouvrit la porte en grand et entra directement dans mon appartement. Il me dit qu’il ne me devait absolument rien. Non, il ne me devait rien mais il devait quelque chose à Nina et je comptais bien veiller à ce qu’elle ai ce qu’elle méritait : de l’honnêteté, du respect, de l’amour de la part de sa famille, un environnement de vie sain. Sans que ne m’y attende, pourtant j’avais vu son bras et son poing se lever, je me pris un coup de poing en plein dans la pommette gauche. Sous la violence du choc et la surprise, je reculai et manquai de m’affaler par terre. Je m’étais appuyé contre le mur. J’entendis la porte claquer derrière lui. J’avais posé ma main sur ma pommette meurtrie tandis qu’il ouvrit à nouveau la bouche. J’eu un haussement de sourcils. Je trouvais ça drôle qu’il me dise qu’il me tolérait. Ce que je voyais été loin d’être de la tolérance. En revanche, je savais très que, s’il l’avait voulu, Swensson aurait pu appuyer parler de l’affaire au proviseur du lycée et j’aurais déjà été viré.

-C’est vrai que je vous dois un minimum de respect. Après tout, vous êtes le “parrain” de Nina. Mais vous aussi vous me devez un minimum de respect car contrairement à vous ou à la mère de Nina, j’offre à Nina un environnement beaucoup plus sain que celui que vous lui avez offert et que vous lui offrez encore aujourd’hui. Vous croyez sincèrement que ça va aider Nina de voir que vous avez frappé l’un des rares hommes qui la respecte? Non, ça ne l’aidera pas, ça n’a jamais aidé qui que ce soit de voir souffrir ceux qu’il aime., avais-je dis en remarquant que la distance entre lui et moi se réduisait.

N’ayant pas tellement envie de me laisser frapper sans rien faire, je lui donnais un grand coup de coude dans le ventre. En réalité, au moment où le poing de Swensson s’était écrasé sur mon visage, j’avais senti cette colère, enfouie depuis longtemps, se libérer. Cette bestialité, ancrée en tout homme, que j’avais enchaînée pendant ma cure de désintox’. Sans lui laisser le temps de répliquer, je lui décochais un crochet du droit en pleine mâchoire. En fait, mes actes n’avaient aucun lien logique avec ce que j’avais dit plus tôt. Si j’avais vraiment appliqué mes paroles à mes actes, je n’aurais pas répliqué mais j’étais ainsi. J’avais cette violence et cette colère en moi. Swensson avait réussi à réveiller tous mes instincts primaires. Je me demandais une seule chose : est-ce que mes démons arriveraient à se rendormir ou restaient-ils éveillés? J’avais peur qu’ils restent réveillés et qu’ils ne me lâchent plus. J’avais peur de sombrer une nouvelle fois dans une période aussi noire que l’avait été mon adolescence.

• Quand la porte s’était ouverte, l’odeur du tabac inonde mon nez. Inconsciemment je me suis demandé si Nina s’était mise à fumer aussi ? Ce serait un tel gâchis. J’aurais aimé repartir aussitôt que j’avais compris qu’elle n’était pas là. Après tout il aurait pu me dire non, même me demander s’il était inquiet, ce qui n’allait pas, en tout cas pour elle. Mais non, c’est un couplet plein de mépris, et d’une infinie condescendance, qu’il me sert. Un gloussement s’échappe de ma gorge, juste un, avant d’avoir un sourire jaune sur le visage.  Je regarde à droite, je regarde à gauche.  Personne sur leur palier de porte à observer ce qu’il se passe. Je tape du plat de la main dans la main, pour qu’elle s’ouvre en grand et j’avance d’un pas. C’est plus fort que moi, je ne manque pas de noté à quel point je peux être grand à côté de certaines personnes.
  
  -Je ne vous dois absolument rien Mr Richards !
  
  Et certainement pas une explication. Il n’a pas choisi la bonne élève, et certainement pas celle avec les plus sains des parents. Je serre un peu plus le poing en penchant la tête et mon bras se lève sans mon autorisation. Ce sentiment au fond de mes tripes, celui qui me hurle de lui sauter dessus, a pris largement le dessus l’espace d’une seconde. J’enfonce mes phalanges dans sa pommette, et la violence du coup le fait reculer presque perdre son équilibre. J’entre délibérément chez lui et j’en conviens, j’ai totalement dépassé les bornes. Je claque la porte derrière mon passage, pour éviter de me donner en spectacle aux voisins.
  
  -La seule raison pour laquelle je vous tolère encore, c’est uniquement pour Nina… La seule raison pour laquelle vous êtes encore professeur à l’heure qu’il est, c’est aussi uniquement pour Nina. Donc … J’avance encore un peu plus vers lui, ayez l’obligeance de croire que vous me devez encore un tant soit peu de respect à mon égard Mr Richards.
  
  Je ne me suis rarement battu quand j’étais ado. J’étais un Khi Omikron, donc forcément, sujet aux moqueries des plus populaires. Mais quand l’adolescence m’a permis de prendre trente centimètres et la masse musculaire qui allait avec. Il était rare qu’on s’en prenne à moi en particulier. Je crois aussi que c’était pour ça, que notre lien, à Anna et moi, étions tolérés par les autres. J’avais plus l’air d’un Pi Sigma que d’un premier de la classe. Puis il faut dire que j’ai été élevé de manière à ne faire aucune vague. Fils d’ambassadeur, les politiques aimaient rarement que leur fils se donne en spectacle. Plus jeune, j’ai toujours recherché sa fierté et son approbation pour tout ce que je faisais. Il était clair que je n’avais rien d’un rebelle en soit.
  

J’aimais le dimanche. C’était bien comme jour. Il n’y avait personne dans les rues. On pouvait faire de belles photos de paysages. On ne travaillait pas. On pouvait faire ce qu’on voulait. Néanmoins, je garde ce dimanche-là en horreur. J’avais encore baissé dans l’estime du parrain de Nina pour la simple et bonne raison que, maintenant, il avait la preuve que j’entretenais une relation intime avec sa filleule. En plus, j’avais, sans le vouloir, monté Nina contre lui. J’avoue, en fait, je me fichais profondément que Nina ne lui parle plus mais j’arrivais à concevoir que lui en souffre comme jamais. Surtout qu’il est probablement son père. Je n’avais pas d’enfants mais je m’imaginais très bien qu’un parent qui n’a plus de nouvelles de son enfant doit sincèrement souffrir.

C’était ce à quoi je songeais ce matin. En m’habillant après avoir pris ma douche, j’eu l’étrange impression d’avoir entendu quelque chose que je n’aurais pas dû entendre : une moto qui se garait devant chez moi. Je n’y avais pas prêté attention, préférant me dire que j’avais dû rêver et j’allumais une cigarette. Quelques minutes plus tard, j’entendis quelqu’un frapper à la porte. Immédiatement, je me dis que les flics viennent m’arrêter pour détournement de mineur ou, pire encore, que le parrain/père de Nina soit venu pour me tabasser comme il en a certainement envie depuis la première fois où il m’a vu, après avoir trouvé le portrait de Nina. En fait, c’était la pire des options que j’avais envisagé qui se trouvait derrière la porte. Sans traîner, j’allais ouvrir. Je ne pouvais pas dire que j’avais un grand sourire sur le visage surtout que je présentais que ma cigarette allait rester longtemps à se consumer toute seule dans le cendrier, sur la table basse du salon. Lui non plus n’avait pas l’air très heureux de me voir. Il fallait dire qu’il me détestait. En fait, je le comprenais. Si j’avais une fille, j’aurais certainement envie de tabasser le premier gars (un peu trop vieux) qui lui ferait la cour et entretiendrait une relation intime avec elle.

-Non, Nina n’est pas là et je devrais dire que c’est pas plus mal. Si elle avait été là, elle vous aurait refermé la porte au nez. En fait, c’est ce que je devrais faire mais comme j’ai pitié de votre situation, je vais vous laisser le temps d’expliquer ce que vous foutez à ma porte. Ensuite, vous pourrez partir., lui dis-je d’une voix sèche.

Il faut dire que le voir à la porte de mon appartement ne me plaisait pas du tout. D’une part, il n’avait pas mon adresse donc je me demandais comment il l’avait obtenu. En plus, je n’appréciais pas du tout qu’il pense que je me sers de ma “position de supériorté” pour coucher avec une élève. Je n’y pouvais rien si Nina avait décidé de passer la nuit avec moi le soir où on s’était croisé dans cette boîte de nuit. D’autre part, à chaque fois que je le voyais, une part de mon être était replongée dans le passé, à l’époque où je passais mon temps avec des skinheads et des punks, l’époque où je me battais et me défonçais à longueur de journée. J’étais sur la défensive et je me doutais que le colosse blond n’attendait qu’une chose : la première de mes erreurs pour déclencher une bonne grosse baston. Je l’attendais. En tout cas, je ne me laisserais pas faire, ça c’était sûr.

Nina ne me réponds plus au téléphone, elle m’évite et sèche même mes propres court. Quand je la croise, elle change de direction et j’ai du mal à l’intercepter sans faire de scène au beau milieu de l’établissement. Nous devions parler, mais elle avait un caractère assez impulsif, apprendre une telle nouvelle, par un homme comme Connor, je n’imagine même pas ce qu’elle a dû ressentir. J’ai toujours voulu être celui qui lui apprendrait, ou bien même que ce soit sa propre mère. Au lieu de ça, un homme qui la manipule, prend profit de cette situation. Il aura beau dire ce qu’il voudra, même si ses sentiments sont réels pour elle, il ne fait que prendre avantage de la situation. Nina est une enfant, qui perdue, se retourne vers un être qui lui semble stable. Autant dire que je ne partageais pas du tout cette idée.

On était dimanche, et j’ai l’impression d’avoir passé ma journée à la chercher. J’ai fait les moindres recoins de wynwood, je suis même allé dans le bâtiment des Eta devant des yeux ébahis. Je crois même qu’à cause d’un journal d’étudiant, ses camarades me soupçonnent d’entretenir une relation intime avec elle. Ça ne m’a pas du tout plus quand je l’ai appris, ce genre de rumeur peut tuer une carrière. L’incident à vite été clos lorsque la direction a su que je n’étais que son parrain. Connor a également été cité, je me demande comment il a pu gérer la nouvelle. Un ramassis de rumeur n’a jamais était une preuve, et je ne voulais pas que Nina s’amène des ennuis à cause de ce genre d’histoire.

J’ai dû débarquer dans les emplacements administratifs du personnel pour aller jusqu’à soupçonner que Nina se trouvait chez Connor. Là ou pas là, je devais attraper Nina, lui parler, et si besoin lui faire réaliser à quel point sa relation n’est pas correct. Après avoir noté l’adresse, je rentre chez moi pour nourrir ma chienne. Elle n’est pas sortie de la journée, je ne peux pas me permettre de l’oublier, surtout avec une telle chaleur. Je passe alors dix minutes à la laisser courir sur la plage, se baigner et me revenir comme une fleur. Je ferme la porte de ma maison et je décide de prendre la moto. J’irais plus vite, malgré la chaleur, j’enfile jean, bottes, blouson de cuir et gants. J’arrive devant l’allée de son bâtiment et je gare sur le côté du trottoir mon Harley. Je retire mes gants, ça me donnait un air look de tueur à gage, mon père n’aurait pas apprécié que je montre cette image.

Après quelques étages, quelques marches et des aller et venus pour trouver le bon appartement, je toque à la porte d’une manière vive, pressé mais clair. Je tousse d’appréhension, j’ai peur que Nina m’ouvre la porte en tenue légère, ça me mettrait hors de moi, je n’arrive pas à accepter cette relation, et le parrain que je suis m’hurle qu’il n’a pas à s’en mêler, mais le doute d’être père me supplie de la protéger de cet homme. Finalement c’est le visage familier du prof d’art qui m’ouvre, et je sens déjà en moi, l’exaspération m’envahir. Ma mâchoire se serre, mon visage devient plus dure, je n’ai aucun contrôle sur mes émotions pour le moment. Je vais alors droit au but, je ne compte pas m’attarder chez lui.

-Nina est là ?

Pas bonjour, habituellement je suis très poli, mais je suis aussi quelqu’un de très franc, et je ne lui souhaite vraiment pas une bonne journée.