Wynwood University
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 Sors de ma tête. Ki.

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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyVen 9 Aoû 2013 - 23:14

Jamais auparavant je n’avais été si consciente de mon corps qu’à cet instant. Chaque parcelle de ma peau appelait ses caresses, je brulais intérieurement d’un feu nouveau et inconnu, et la proximité entre lui et moi n’arrangeait rien à mon calvaire. Je prononçai son prénom dans un souffle, je ne savais que faire mais une chose était sûre, je ne pouvais pas simplement en rester à son « non rien » d’un peu plus tôt. Je voulais savoir, je voulais qu’il m’avoue le fond de ses pensées, quitte à en souffrir, car j’avais à présent l’espoir d’y découvrir une chose fort semblable à ce qui se tramait dans ma tête. La main que j’avais posée sur la machine, je luttais contre moi-même pour ne pas la déplacer et la glisser le long de son bras, remonter jusqu’à son épaule et la glisser dans ses cheveux. J’imaginais sa peau sous mes doigts et mon cœur accélérait la chamade, si tant est que cela lui soit encore possible. Mes yeux rivés sur lui dénudaient son corps couvert du tee-shirt criant son amour pour moi. Pourquoi le portait-il ? Je n’avais de cesse de me poser cette question, parmi d’autres qui circulaient à une vitesse effroyable dans mon esprit. J’avais trop de questions, entrecoupées d’image effroyables où Ki m’empoignait pour faire siens ma bouche, mon âme, mon corps… tout ce qu’il pourrait voler, je le lui laissais, pour peu qu’il le désire.

Il ferma les yeux et expira longuement, tandis que je retenais mon souffle. Ses lèvres entrouvertes me rappelaient les sensations que j’avais ressenties lorsqu’il les avait posées sur les miennes. Sa douceur, la pression de sa bouche rosée, sa chaleur, jusqu'à son odeur… cela provoqua en moins un nouveau frisson qui m’étreignit tout le corps, partant de la pointe de mes orteils jusqu’à la racine de mes cheveux. La tension était intense, peut-être arriverais-je à la sentir en tendant la main dans l’air, celui-ci semblait parcouru de milliers d’étincelles provoquées par nos deux corps bien trop proches l’un de l’autre. Il se tourna enfin vers moi, comme au ralentit, j’analysai le moindre de ses gestes et relevai les yeux pour croiser son regard et pour éviter qu’il ne me voit fixer ses lèvres avec une envie probablement évidente. Étais-je la seule à ressentir ce besoin charnel, dans cette foutue laverie ? N’était-ce que dans mon imagination que cette scène avait un caractère érotique plus qu’évident ? Je ne pouvais pas le croire, les rougeurs de ses joues ne devaient pas pouvoir signifier autre chose. Je ne voulais pas qu’elles signifient autre chose.

Il me foudroya.

Ses yeux poignardèrent mes dernières défenses. Ils étaient si froids que je crus avoir une autre personne en face de moi. J’eus l’impression, à travers son regard, de lire toute la haine qu’il me portait à l’instant présent. Nouveau frisson, mes poils se dressèrent dans ma nuque et je retins difficilement un gémissement de douleur. Je m’étais fourvoyée, et pourtant même son regard assassin ne me calmait pas. Il aurait fallut qu’il me tue réellement pour mettre fin à la chamade affolée de mon rythme cardiaque. Ma bouche était sèche, j’avais arrêté de respirer et quand l’air pénétra à nouveau dans mes poumons, il me piqua douloureusement.

Le voyant de sa machine s’alluma.

Je le lui signalai et le vis déglutir. Sa pomme d’Adam voyagea dans son cou, presque imperceptiblement, et ce mouvement me fit rougir un peu plus encore. Les secondes s’égrenèrent lentement, beaucoup trop lentement. Tétanisée, je le regardai se baisser et vider son linge. Qui avait ralenti la bande ! Quand mon calvaire prendrait-il fin ? Et pourtant, masochiste, je ne pouvais détourner mon regard de lui, fascinée par les battements de son cœur qui faisait palpiter une veine saillante dans son cou, éblouie par la blancheur de sa peau, admirative devant la courbe de son corps. Tout en lui m’émerveillait, mes yeux me brulaient. J’essayai de les faire cligner, difficilement. Et si, en le quittant des yeux, il disparaissait ? Et si tout ceci n’était que le pur produit de mon imagination défectueuse ? Non, c’était trop réel pour que cela soit le cas. Il était trop réel.

Ki se releva, lentement. Je détournai enfin la tête. Je ne voulais plus voir ses yeux de glace. Ils m’avaient blessée. Il inspira, je me mordis l’intérieur de la bouche pour ne pas me jeter sur lui. Je consentis enfin à lâcher la machine sur laquelle ma main reposait et vins placer cette dernière sur mon-avant bras gauche. Ma peau était brûlante ! Je m’enflammais pour lui, je me consumais littéralement. Je n’arrivais pas à croire que sa simple présence à mes côtés provoquait ces réactions épidermiques sur l’entièreté absolue de mon pauvre corps. Je n’osais imaginer ma réaction s’il me touchait à nouveau.

« Rubi ? »

Sa voix m’électrisa. Je ne voulais plus le regarder, je ne pus pourtant pas faire autrement que de me tourner vers lui. Il ne se rendait sans doute pas compte de l’emprise qu’il avait sur moi, à cet instant. Ses yeux avaient retrouvé leur saveur habituelle, pourtant le souvenir des pupilles glacées qu’il avait posées sur moi me hantait toujours.

« Je vais rentrer... Je... je ne regrette pas de t'avoir croisée ce soir. J'espère que tu trouveras ton bonheur et quelqu'un qui t'accepte sans te juger. Je me souviendrais de toi sous cette forme plutôt qu'une autre si ça ne te dérange pas et de cette claque monumentale aussi. En tout cas, courage ! »

M’eut-il tiré dessus que l’effet aurait été le même. Je me sentis défaillir et dus m’accrocher à nouveau à la machine à laver à ma droite. Ma gorge se serra et je sentis mes yeux me piquer. Reste, je t’en prie, reste ! Ne pars pas ! Pas maintenant ! Aucun son ne sortit de ma gorge, et je l’entendis s’éloigner d’un pas pressé. Pressé de me fuir, pressé de mettre de la distance entre nous. Les sens en alerte, je l’écoutai s’éloigner jusqu’à être enveloppée par le silence le plus complet, seulement rythmé par le bruit du tambour encore en rotation.

Cela ressemblait à des adieux.

Cela ressemblait à des adieux, et moi, je n’avais pas été capable de le retenir. Me retenir moi-même avait été un effort trop grand, trop important. J’avais… je l’avais laissé partir, simplement. Et mon corps brûlant de désir pour lui relâcha soudainement la pression imposée par sa présence. Je me laissai tomber sur le sol, à l’endroit exact où Ki m’avait laissée, et sentis la rage et le désespoir m’envahir. Lui parti, je me sentais seule, si désespérément seule que je laissai les larmes couler sur mes joues, intarissables. Je ne sais pas combien de temps je restai là, je ne sais plus... toujours est-il que le bruit de ma machine finit par me sortir de ma léthargie.
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyMer 7 Aoû 2013 - 19:59






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Dernière édition par Ki beom Lee le Mar 16 Déc 2014 - 18:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyLun 5 Aoû 2013 - 15:40

Était-ce ses doigts se resserrant légèrement autour des miens qui m’avaient bouleversée au point que je lui raconte ma vie, ou simplement le besoin d’en parler à quelqu’un ? Toujours est-il que je venais d’avouer à Ki des choses à mon sujet qu’il était à présent le seul à connaître. Je ne le regrettais pas vraiment. D’un côté, j’avais peur qu’il s’en serve contre moi, mais d’un autre côté… j’avais assez confiance en lui pour le lui avoir dit. Comme si au fond de moi, j’avais l’intuition qu’il n’était pas aussi méchant qu’il le prétendait. Ki m’avait écoutée en silence, presque religieusement. Son expression indéchiffrable me frustrait autant qu’elle me soulageait. J’aurais aimé savoir à quoi il pensait, mais… s’il me jugeait ? Et ça, je préférais ne pas le savoir. C’était étrange. Je n’arrivais pas à me décider sur mes sentiments, sur mes envies, sur la bonne manière d’agir et de penser. Foutu coréen. Il me rendait chèvre !

Une fois mon récit terminé, je plantai mes yeux en lui, cherchant je ne sais qu’elle approbation dans son regard insondable. Il se passa la main dans la nuque, l’air terriblement mal à l’aise. Il fuyait mon regard, n’osant sans doute pas me regarder en face pour me descendre. Je ramenai un peu plus mes jambes sous moi, j’avais une furieuse envie de disparaître, de me fondre avec le mur sur lequel j’étais adossée et de disparaître à tout jamais de sa mémoire. Je n’étais encore sûre de rien quant à sa réaction. Je ne voulais pas savoir !

« Rubi… »

Mon prénom, prononcé du bout des lèvres... de ses lèvres, me fit frissonner. J’avais envie de lui hurler de se taire, de ne rien ajouter de plus et de ne pas gâcher ce très bref moment de bonne entente entre nous. Mais aucun son ne sortit de ma bouche, j’attendis simplement qu’il poursuive, pendue à ses lèvres. Attendant la sentence suprême.

« Je… Je ne peux clairement pas m'ouvrir comme tu l'as fait et avec tant de sincérité mais je peux te dire une chose toi et moi nous ne sommes pas si différents que ça… »

Le soulagement s’empara de mon être tout entier, mais paradoxalement je n’étais pas encore rassurée à 100%. Son visage hésitant me faisait douter. Sa façon de se mordre la lèvre comme il était en train de le faire, quant à elle, achevait de me jeter dans le trouble le plus complet. Il ne fallait pas qu’il s’approche de moi, où je ne répondais plus de mes gestes ! Et la vague irrépressible de désir qui me submergea un trop bref instant promettait quelque chose de beaucoup plus violent que la petite gifle qu’il avait reçue lors de mon arrivée.

« J'ai toujours joué l'enfant parfait pour attirer l'attention de ma mère, afin qu'elle s'intéresse à moi. J'ai moi-même revêtu un masque pour me protéger. Quant à l'amour, je préfère ne pas y penser ».

C’était à présent moi qui l’écoutais silencieusement, religieusement. Il soupira. Pourquoi ? Poser la question ne me vint pas à l’esprit. Je savais, du moins j’avais fini par le comprendre quand il m’avait fait cette révélation à son sujet, un peu plus tôt, que nous étions plus proches qu’il n’y paraissait. Mais jamais je ne me serais doutée que c’était également le cas lorsque nous étions enfants. Je me sentais… comprise. C’était une sensation nouvelle pour moi. Il comprenait. Il le formula même, et je sentais les larmes remonter. Quelle plaie. Sentimentalité. Je me sentais si faible de pleurer sans arrêt, et je me haïssais d’en être soulagée.

« C'est troublant... je ne sais jamais comment agir avec toi ».

Un léger sourire étira doucement le coin de mes lèvres. Comment en étions-nous arrivés là, tous les deux ?

« Il devrait être interdit à des femmes sans-cœur d'enfanter ! Je la hais tant ! J'aurais préféré ne jamais voir le jour ! » siffla-t-il entre ses dents, ce qui fit accélérer les battements de mon cœur.

« Non, Ki, ne… »

Ne dis pas ça, je suis heureuse que tu sois là, ce soir, avec moi. Je suis heureuse de te connaître, je suis heureuse que tu existes, que nos chemins se soient croisés.

Évidemment, je ne dis rien de tout cela. Je me contentai de le penser en me mordant l’intérieur de la joue, gênée d’avoir protesté tout haut, même si je n’avais pas terminé ma phrase et livré entièrement le fond de mes pensées. Il se redressa et fit un pas dans ma direction. Approche. Reste où tu es. Viens plus près. Éloigne-toi de moi. Combat interne de la raison contre la passion, ou simple manifestation de l’incertitude que Ki provoquait lorsqu’il était question d’agir, de penser ?

Il me demanda pardon. Je ne comprenais pas, c’était à moi de m’excuser après tout, pourquoi le faisait-il ?

« P… pourquoi ? » réussis-je à articuler.

« Je t'ai mal jugée même si je pense que la faute ne me revient pas à 100%. Ta sincérité m'a touché ».

Je sentais mes joues me brûler, je devais être rouge comme une tomate. Ou rouge comme un coréen, au choix… au vu de sa peau habituellement pâle mais à présent adorablement rougissante.

« Oh, tu… tu n’as pas à t’excuser, c’est ma faute. Tu ne pouvais pas savoir, de toute façon » lui répondis-je d’une toute petite voix.

« Je... je suis content de t'avoir tenu tête car... sinon je n'aurais jamais pu te croiser Rubi. Je serais dans le faux. Même si demain tu te déguises à nouveau avec ce masque, je me souviendrai de cette soirée un peu étrange et... mais »

« Mais… ? »

Pourquoi tant de suspense, qu’il accouche Seigneur Dieu Tout Puissant ! J’étais pendue à ses lèvres, de nouveau. Nous avions l’air de deux beaux imbéciles, et une certaine tension régnait dans la pièce. Je me sentais électrisée, jamais auparavant quelqu’un ne m’avait fait un tel effet. Était-ce le désir… sexuel ? Je rougis un peu plus fort de m’entendre penser à cette éventualité.

« Qu'est-ce que je raconte moi... en fait... je ben… non rien ».

Comment ça, rien ? Je repris ma respiration quand je me rendis compte que je l’avais retenue jusqu’à ce qu’il lâche son minable petit « non rien ». Ki me tourna le dos et retourna s’appuyer à la machine dans laquelle tournait son linge. Il semblait tout aussi troublé que je l’étais. Mon cœur battait dans ma poitrine, si fort que j’avais l’impression qu’il cherchait à s’en échapper. Il s’échappait de mon bas-ventre une douce chaleur qui m’empêchait de me concentrer sur autre chose, elle irradiait jusqu’au bout de mes doigts et j’imagine que c’est elle qui me poussa à descendre de mon perchoir pour faire un pas vers lui. Les jambes tremblantes, la respiration affolée et le cœur sur le point d’exploser, je vins jusqu’à l’incarnation de mon trouble et posai la main sur la machine, juste à côté de lui. Je ne savais pas s’il était question de me soutenir ou d’attirer son attention, toujours est-il que l’appui fut le bienvenue. Il avait la main posée sur sa joue rouge.

« Ki… » murmurai-je d’une voix que je ne me connaissais pas.

Une voix où pointaient les accents d’un désir refoulé mais néanmoins bien présent.

Et maintenant ? Maintenant que j’avais obtenu son attention, je faisais quoi ? Qu’aurait fait la Rubi sûre d’elle et charismatique ? Elle me manquait, tout à coup. Mes yeux se posèrent, presque par hasard, sur la machine de Ki. Le bouton indiquant que la machine était terminée s’alluma sous mes yeux. Sauvée.

« Ta machine est finie ».
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyMer 31 Juil 2013 - 22:09






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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyLun 29 Juil 2013 - 16:27

Ki me refaisait le coup des yeux globuleux de poisson étonné, et je n’avais même pas le cœur à me moquer de lui. Sa réaction me faisait de la peine, parce que je savais que c’était exactement celle qu’auraient tous les lycéens de Wynwood en de pareilles circonstances. Je passais pour une fille cruelle et sans cœur, et de ce fait je n’avais aucun vrai ami sur qui pouvoir compter. Je l’avais cherché, c’est vrai. J’avais préféré renoncer à un quelconque attachement, pour éviter de souffrir en cas d’abandon comme cela m’était déjà arrivé par le passé… mais était-ce mieux ? En ne prenant pas le risque d’aimer et d’être aimée des autres, je me retrouvais désespérément seule. Je me sentis obligée de me justifier, parce que je voyais qu’il ne me croyait pas. Et soudainement, cette idée me rendait malade. Je voulais qu’il comprenne, lui et pas un autre, qu’il sache que je lui disais la vérité. J’avais beaucoup de défauts, mais pas celui d’être une menteuse. Que les autres, tous autant qu’ils étaient me prennent pour une Marie-couche-toi-là, une salope, une menteuse, une garce, la pire d’entre elles même : peu m’importait. Mais avec Ki… c’était différent. Et je savais pourquoi. Il était devenu assez important à mes yeux pour que son opinion à mon sujet devienne une préoccupation pour moi.

De mon perchoir, je le vis rougir et détourner les yeux quand je lui rappelai le moment où nous nous étions embrassés, un mois auparavant. Je ne sais pas s’il était dans une situation semblable à la mienne… toujours est-il que j’avais l’impression que cela datait d’hier tant ce souvenir restait net dans ma mémoire. Chaque détail y était gravé, depuis la douceur de ses lèvres jusqu’à la sensation de son souffle sur ma peau, en passant par son odeur qui n’appartenait qu’à lui. Je le voyais jouer avec son bracelet, mal à l’aise. Sans doute aurait-il préféré tout oublier.

« Embrasser mais... moi non plus hein ! Puis le mur j'avais… j'avais pas le choix ».

Les paroles de Ki me faisaient l’effet de mille poignards enfoncés dans mon cœur. Je ne sais pas ce que j’avais cru. Enfin, si, je le sais. J’avais osé espérer que peut-être il m’avait coincée contre ce mur parce qu’il en avait envie. Parce que l’idée de lier à nouveau nos lèvres ne lui aurait pas déplu. Idiote. Où avais-je pu aller chercher un truc pareil ? C’était évident qu’il ne penserait jamais cela à mon sujet. Jamais. Ni avant, ni maintenant, ni jamais, jamais, jamais. Ki me détestait, et en plus d’être incapable de lui rendre la pareille, je le lui avais avoué.

Puis, comme pour me contredire : « Oui, tu… mhm. Je ne te déteste pas… enfin je ne crois pas… Non, je ne te déteste pas, tu te fais des idées. Tu m’insupporte...ais juste ».

Ki était parfait dans son rôle de présentateur météo. En une phrase, il venait de ramener l’espoir et le soleil dans mes pensées. Je sais, l’image est idiote. Pourtant, j’eus vraiment cette impression. J’avais à nouveau envie de pleurer, mais à la place je baissai les yeux et contemplai le tissus du tee-shirt. Pourquoi le portait-il ? Je n’en étais plus si sure, à présent. J’avais imaginé que c’était pour se moquer de moi et inverser la tendance… mais… non, c’était idiot. Et de toute façon, je ne le saurais jamais. J’aurais tout donné pour entrer dans sa tête et savoir enfin ce à quoi il pouvait bien penser.

Le silence s’installa, un peu pesant il faut l’avouer. Au bout d’un moment, je relevai la tête vers le coréen. Il fixait le sol, les doigts posés sur ses lèvres. Comme si… comme s’il se souvenait encore de cette sensation. De notre baiser. A son tour, Ki se redressa et nos regards se croisèrent. Seul le bruit des machines à laver et de mon cœur battant la chamade dans ma poitrine me parvenait.

« J'espère que je suis le seul avec qui tu sais pas te comporter parce que c'est quand même du concentré... On peut dire que tu ne fais pas les choses à moitié » me dit-il, et je compris qu’il plaisantait.

Un léger sourire étira mes lèvres. Il avait raison, je ne faisais jamais les choses à moitié… que cela soit ici à Wynwood ou à la maison, je voulais toujours que tout soit parfait. Parfait et illusoire. Dwight avait su m’approcher juste assez pour entrevoir la personne sensible que je cachais au fond de moi. Quant à Ki, il avait explosé les murs dressés depuis de nombreuses années ! Il avait tout fait voler en éclat, et cela m’avait tellement surprise que je me retrouvais à agir de façon vraiment « trop » avec lui. Trop émotive, trop bizarre, trop méchante et la seconde d’après trop gentille.

« Au fond, je préfère qu'on s'en prenne à moi plutôt qu'on m'ignore avec mépris. Et puis, c'est normal de vouloir passer ses nerfs sur plus pitoyable que soit, c'est tellement... humain. Mais pourquoi si tu n'es pas cette fille que tu montres alors pourquoi le fais-tu ? Pourquoi... ne pas simplement rester comme tu es vraiment, cette Rubi qui se tient avec moi dans cette laverie ».

C’était une bonne question. J’avais la réponse. Mais avais-je envie de la lui donner ? Je n’étais pas une menteuse, certes… mais je n’étais pas non plus le genre de fille qui se confie facilement. Au contraire ! Oh, bien sur, il y avait se confier et se confier. Ne pas confondre : dire à une pseudo-copine de confrérie que l’on trouve untel mignon, je n’appelle pas ca se confier. Révéler ses sentiments les plus profonds, les mieux gardés… c’était autre chose.

« Cette Rubi qui semble plus naturelle, plus fragile… et même ta coupe de cheveux et ton visage non maquillé.... ça te va mieux comme cela, tu devrais le faire plus souvent ! »

Je haussai les épaules, un sourire triste sur le visage, les mains crispées sur le tee-shirt I love Rubi. Son compliment – parce que j’avais l’impression que c’en était un – me touchait, mais je faisais tout pour ne pas le montrer.

« Si ce que tu m’as dit à propos de toi est vrai, Ki… pourquoi me poser cette question ? J’imagine que tu as la réponse » soufflai-je finalement, la voix enrouée.

Il m’avait avoué être un connard de la pire espèce et feindre la gentillesse pour être aimé. Dans le fond, je faisais la même chose que lui, mais mon but différait quelque peu. Ki et moi portions un masque. On se protégeait, chacun à notre manière.

Soudain, mon cœur s’accéléra. Le jeune homme venait d’esquisser un pas dans ma direction. Puis un autre, et un nouveau… ce qui l’amena à s’arrêter à un mètre de moi. Il était beaucoup trop près. Sa main se tendit, et je regardai sans comprendre sa paume tendue, durant quelques secondes. Ki réclama ensuite le tee-shirt que je tenais dans les mains. « Son tee-shirt ». Nos regards se croisèrent. Le regard de deux personnes qui semblaient si différentes, mais qui ne l’étaient peut-être pas tant que ca. J’hésitai, sans le quitter des yeux. J’essayais de lire en lui, pour comprendre ce qu’il comptait en faire. Peine perdue. Au bout d’un moment qui me sembla durer l’éternité, je posai le tissus dans sa main, y laissant la mienne un peu trop longtemps pour que cela soit naturel. Doucement, je la retirai et ramenai mes jambes sous moi, en position de repli.

Pourquoi ne pas rester simplement comme tu es vraiment ?

Cette question me trottait dans la tête.

« Je… j’ai une histoire pour toi. J’espère que tu as du temps à perdre » lui dis-je alors.

J’attendis sa réponse et rassemblai un instant mes esprits, avant de me lancer, d’une voix douce et peu assurée. La voix d’une personne qui revient sur son passé.

« Il y a 17 ans de cela, un 20 mai… la Directrice artistique d’une célèbre marque de maquillage mit au monde une petite fille qu’elle prénomma Rubi. Ce prénom, pensait-elle, destinerait sa fille à un brillant avenir. Elle qui pensait ne jamais pouvoir avoir d’enfant s’était retrouvée enceinte par on ne savait quel miracle, et il n’était pas question que son unique enfant soit une ratée. L’Amour se résumait pour cette femme à quelques mots : apprendre à sa fille à être la meilleure ».

Je ramenai une mèche de cheveux derrière mon oreille et poursuivis mon histoire, après m’être assurée que Ki n’était pas déjà mort d’ennui.

« Quand j’étais petite, ma mère me trainait avec elle sur tous les plateaux de télévision, sur tous les shootings, à toutes les conférences… mais malgré sa présence, elle ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait, elle ne m’a pas une seule fois prise dans ses bras. D’aussi loin que je me souvienne, je l’entends me dire Rubi, tiens-toi droite ! Rubi, tu as taché ta robe, vas en changer ! Rubi, je t’ai pourtant appris à mettre ton mascara correctement ! » fis-je en prenant une voix un peu plus perçante pour imiter ma mère.

« Elle avait mis tous ses espoirs en moi, tu comprends ? Tout ce qu’elle voulait, c’était une petite fille parfaite. J’ai tout fait pour satisfaire à ses désirs. Je ne voulais pas la décevoir… je voulais que ma maman soit fière de moi et qu’elle puisse m’aimer. Dès que je pleurais, elle me sermonnait en me disant que je devais être forte, que ce n’était pas digne de moi et que cela allait faire couler mon maquillage. Je suis devenue cette image de perfection imaginée par ma mère très rapidement. J’apprends vite ».

Soupir blasé, nouveau regard au coréen.

« Et puis, je l’ai rencontré… Adam. Il était charmant et avait cinq ans de plus que moi. A 14 ans, j’étais vraiment naïve, dans ma bulle. Je suppose que j’avais fini par croire toutes les idioties de ma mère. Et lui… il était si gentil, si prévenant ! Il me faisait me sentir comme une Princesse. Il me disait qu’il m’aimait, et c’était si nouveau pour moi que je l’ai cru. C’était tellement… différent de la relation que j’avais avec mes parents. Il a obtenu très rapidement ce qu’il voulait, je suppose que je n’ai pas besoin de te faire un dessin. Et il m’a larguée. Je ne me suis jamais sentie aussi misérable qu’à cet instant. J’avais perdu Adam, ma virginité… ma fierté aussi, et je ne pouvais même pas en parler à ma mère, elle n’était pas au courant de son existence ».

Quand je me souvenais de cet épisode de ma vie, je me sentais comme lorsqu’Adam m’avait annoncé qu’il me quittait et que je n’étais qu’une petite cruche. Moins que rien.

« Je ne suis plus sortie avec personne depuis. Jamais plus je ne veux ressentir ca. Ce sentiment que tout s’écroule, que tout l’amour que tu as pu investir dans une relation n’était au final qu’humiliation… Et j’ai compris que ma mère n’avait peut-être pas tort sur ce point-là. J’ai dressé des barrières autour de moi, j’ai renforcé cette image de fille parfaite… j’ai appris à me lever tous les jours à 6 heures du matin pour entrer dans la peau de mon personnage. Une fille froide, sans pitié, une fille que les autres redoutent, qui blesse les gens mais à qui on n’oserait pas s’attaquer. Une fille qui attire l’attention sur elle, sur son physique, à qui la vie sourit, mais qui ne parle jamais de ce qu’elle ressent – parce que de toute façon, pour être méchante à ce point, elle ne doit pas avoir de cœur ! Elle a de l’argent, elle est heureuse, populaire, a beaucoup d’amis,… ».

Une larme roula sur ma joue, et je l’essuyai rapidement d’un revers de main. Mon histoire était presque terminée, et à ce stade je n’osais pas lever la tête pour voir la réaction de Ki. Je n’avais pas envie qu’il me juge. Encore moins qu’il ait pitié de moi… je voulais simplement qu’il me comprenne et qu’i m’accepte comme ca. Ce que personne, dans le fond, n’avait jamais réussi à faire.

« Tu voulais savoir pourquoi je ne me montrais pas telle que je suis… et bien voilà tu as ta réponse. Par peur de souffrir. Je préfère repousser les gens, tous autant qu’ils sont, que de m’attacher à eux et risquer de ressentir à nouveau la douleur liée à l’abandon. Alors je porte un masque. Je me lève le matin, avant toutes les autres Eta Iota, et je vais revêtir mon habit de lumière. Celui qui fait de moi l’une des filles les plus redoutables de ce lycée. Et je dois dire que… cela marchait assez bien avant que tu ne décides de me résister, Ki Beom Lee ».

Cette fois, je relevai la tête et plantai mes yeux dans les siens.

C’était la première fois que je me confiais de la sorte, et j’étais déjà en train de me demander si je n’allais pas le regretter. Je venais de donner toutes les armes à Ki pour me détruire.
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyJeu 25 Juil 2013 - 20:50






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Dernière édition par Ki beom Lee le Mar 16 Déc 2014 - 18:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyMar 23 Juil 2013 - 16:04

Il semblait ahuri. Moi aussi, à vrai dire. Je ne sais pas ce qu’il me prenait, jamais je n’avais pleuré comme ça devant quelqu’un. Jamais je ne m’étais sentie aussi démunie et aussi perdue. Ki avait cette foutue capacité de me mettre dans tous mes états, et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si cela aurait également été le cas si nous ne nous étions pas embrassés. Pourtant, il n’était pas le premier mec que j’embrassais. Juste le second. Et quand on voit ce que ça avait donné avec le premier, en réalité, ceci expliquait peut-être cela ! Il me répondit d’une voix calme, ce qui m’étonna. Dans le fond, je n’attendais pas vraiment de réponse de sa part. J’avais juste eu besoin de me défouler un peu.

« Je ne suis pas un saint ! Je ne l'ai jamais été et ne le serais jamais ! JAMAIS ! Je vais te dire un truc que peu de personnes savent alors écoute bien Rubi ! ».

Je glissai mes mains sous mes yeux pour essuyer les larmes qui roulaient sous mes joues, mais je n’arrivais pas à m’arrêter de pleurer. Néanmoins, même si je n’en avais pas l’air, j’étais extrêmement attentive à ce que le coréen me disait… et allait me révéler. C’était idiot, mais sa phrase m’avait fait me sentir comme privilégiée. Elle m’avait fait plaisir. Il reprit sa respiration tandis que je retenais la mienne, debout devant lui, ridiculement petite dans mes pantoufles roses, un stupide tee-shirt serré contre mon cœur.

« Je suis le pire des cons ! T'entends ! Je suis le genre de mec bien gentil, mais derrière cette façade parfaite se cache un monstre ! Je suis une merde ! Oui, je suis gentil c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour être aimé mais je ne suis jamais aimé des personnes que j'aime au contraire ! » dit-il en élevant la voix.

Alors quoi ? Au final, c’était moi qui n’étais peut-être pas si méchante que ça, et lui qui se révélait être un pauvre type ? C’était le monde à l’envers. Je ne voulais pas pleurer pour un mec. Surtout pas pour lui. Et pourtant, mes larmes ne cessaient de me souiller les joues, parce qu’il aimait quelqu’un, et parce qu’il me détestait. Je voulais récupérer ma place de dominante. Je voulais l’écraser, lui faire mordre la poussière, le frapper au visage et le défigurer ! … et j’avais envie de le prendre dans mes bras pour le consoler, pour lui dire qu’il n’était pas un monstre et que moi, je… Non, je rien du tout. Qu’il aille se pendre ! Et qu’il se frotte les yeux si ça lui faisait plaisir, il ne fallait pas que je me fasse avoir. Il faisait semblant, tout ce qu’il cherchait dans le fond, c’était à me faire fuir, ou à me faire peur : au choix.

« C'était donc toi les rumeurs ? Qui te dit qu'elles sont fausses, tu es dans ma tête ? NON ? Tu sais ce que je ressens, non plus ! Tu veux que je fasse quoi : que je te crache dessus ? Que je te dise ô combien je te hais ? Que je t'insulte ? Putain mais MERDE Rubi ! Je comprends que dalle à ce que tu me veux ! ».

J’avalai ma salive, sans le quitter des yeux. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il lui prenait… et en même temps, un fol espoir s’insinuait dans mon esprit. Les rumeurs, qui me disait qu’elles étaient fausses ? Pourquoi est-ce qu’il me disait ça ? Pour me faire douter. Bravo, c’était réussi. Je ne comprenais plus rien. Lui non plus. Il hurlait, et moi je m’étais calmée. A croire qu’on n’était jamais sur la même longueur d’ondes, lui et moi. Forcément, une black et un jaune, mais je sortais d’où moi ?!!

« Je… je ne sais pas » lui répondis-je d’une voix triste.

Non, je ne savais pas ce que je lui voulais. Ou plutôt si, mais il était hors de question d’y penser, de l’accepter et encore moins de lui en parler. De toute façon, Ki disait ça pour le principe. Juste pour le plaisir de me contredire, mais je savais qu’il me détestait. Tout le monde me détestait, et les rares personnes qui ne le faisaient pas étaient trop occupées avec leurs copines pour s’occuper de mes états d’âmes. Il soupira longuement, et je me frottai les yeux pour arrêter de pleurer. Super, en plus du reste je le faisais chier !

« Pardon, je... tu me mets hors de moi. J'arrive pas à savoir quoi penser. Tu me reproches d'être gentil mais que devrais-je dire alors de toi, hein ? Pourquoi subitement tu agis de la sorte et tu roh et puis laisses tomber... Je comprends rien, rien du tout. Pourquoi m'acheter un t-shirt pour me reprocher de le porter ? »

« J’en sais rien, je te dis ! Avec toi je ne sais jamais quoi penser non plus, tu… tu ne réagis pas comme tous les autres, tu me prends au dépourvu Ki ! J’ai horreur de ça ! » lui répondis-je, en haussant à nouveau la voix.

Au final, on en était au même point. On s’était mutuellement surpris l’un l’autre, et maintenant on ne savait plus comment agir. Il avait été tellement plus simple de le fuir que de devoir l’affronter ! Je m’en mordais les doigts d’être rentrée dans cette stupide laverie. Tout cela à cause d’une tâche… d’une journée pourrie, d’un chihuahua, d’une paire de chaussures ! D’un tee-shirt. C’était à s’arracher les cheveux de la tête – et pourtant, Dieu sait à quel point je tiens à mes cheveux. A nouveau je frottai mes yeux. Les larmes avaient cessé de couler.

« Et puis, arrêtes de crier.
- Toi aussi ! ».

Il s’éloigna et je le suivis des yeux, sans savoir quoi faire. Une fois Ki accoudé sur sa machine, je m’éloignai vers la mienne, qui était à l’autre bout de la pièce. Peut-être que mettre de la distance entre nous suffirait à calmer nos esprits échaudés. Je me hissai sur la machine voisine à celle qui tournait et croisai les jambes, en glissant doucement ma paume le long du tissu du tee-shirt blanc que j’avais entre les mains. Qu'est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ça ? Je ne voulais pas me résoudre à le jeter, c’était idiot.

« Je sais que tu me détestes, c'est bon ne te fatigues pas ! Mais qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour que tu me haïsses à ce point ? » me demanda-t-il alors.

Je ne relevai pas la tête vers lui, je préférais fixer son tee-shirt – ou plutôt le mien – avec obstination. Je ne savais pas quoi répondre à ça. Être franche, ou l’enfoncer ? Qu’est-ce que j’aurais fait, en temps normal ? Je l’aurais descendu, évidemment. Je lui aurais expliqué, un large sourire accroché aux lèvres, pourquoi il était méprisable. Et après, je lui aurais peut-être dit « Y a pas de quoi », pour qu’il me remercie de lui avoir ouvert les yeux sur sa misérable petite vie sans intérêt.

Mais aujourd’hui, ce soir, dans cette laverie : ce n’était pas le temps normal. Je ne portais aucun de mes artifices habituels, je manquais d’assurance, de hauteur aussi. J’avais perdu mon masque de façade et mes grands airs pour laisser place à une fille trop sensible, que je détestais. Je ne voulais pas que les gens apprennent qu’en réalité, je manquais de confiance en moi. Si je me levais tous les matins, sans exception, à 6 heures, ce n’était pas par plaisir. C’était uniquement pour m’assurer que personne, à la Confrérie, ne me croise telle que j’étais réellement. Une fille comme les autres, aux formes peut-être plus généreuses, certes, mais tout aussi naturelle et dont les espoirs, les pensées intimes n’étaient pas différents des leurs. Je ne voulais pas rentrer dans ce moule. Et pourtant, je devais être une des plus pitoyables représentantes de l’être humain.

« Je ne te déteste pas » lâchai-je finalement, au bout de longues secondes de silence, d’une voix douce.

Doucement, je relevai la tête vers lui pour jauger de sa réaction.

« C’est juste que… je suis comme ça. Les gens timides comme toi me donnent envie de les… embêter ? Et je… je ne sais pas, ce n’est pas parce que c’est précisément toi que je suis venue me moquer de toi, au début. J’ai juste besoin d’avoir des gens à portée de main, pour canaliser mes émotions. Je suis désolée. Je suis ignoble de faire ça, je le sais bien… Et le fait que tu ne te sois pas laissé faire m’a perturbée, je n’ai pas l’habitude qu’on me résiste. Je n’ai pas l’habitude de me faire coincer contre un mur et emb… embrasser comme ça » lui expliquai-je d’une toute petite voix.

Je plongeai mes yeux dans les siens, indécise, légèrement rougissante en repensant à ses lèvres sur les miennes. J’avais envie qu’il comprenne que je lui disais la vérité.

« Il n’y a que Dwight, mon cousin, qui me connaisse vraiment. Je ne suis pas cette fille que tu détestes, Ki. Et je ne te hais pas. Je ne sais juste pas comment me comporter, avec toi. C’est tout ».
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyJeu 18 Juil 2013 - 19:31






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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyDim 14 Juil 2013 - 22:57

Saloperie de machine. Les gens qui l’avaient inventée, j’allais leur coller un procès au cul ! Tant de boutons, et aucune explication, c’était complètement insensé. On, off, ca aurait tout aussi bien pu faire l’affaire. Et la présence de Ki dans mon dos n’arrangeait rien à mon état. J’étais fébrile, j’en avais les mains qui tremblaient. L’énervement, sans doute. Le fait de le revoir alors que je ne m’y étais pas préparée. Il m’avait prise de court, une fois de plus. Depuis que le coréen m’avait coincée contre ce mur, en ville, que ses lèvres avaient frôlé les miennes… qu’il m’avait plantée là, debout comme une quiche au milieu de la rue… depuis tout ca, je n’arrêtais pas de penser à lui. Il me hantait, et je sentais la haine que j’éprouvais pour lui grandir, encore et encore. Du moins, c’est ce que je pensais, sans comprendre que ce jour-là, il avait fait un peu plus que me voler un baiser.

Je l’entendis approcher, ce qui me sortis de ma torpeur.

Il s’agenouilla à coté de moi, sans me regarder. J’avais envie de pleurer devant tant de gentillesse. Quel idiot. Pourquoi n’en profitait-il pas pour se moquer de moi ? N’aurait-il pas pu me rabaisser plus bas que terre et me faire comprendre à quel point je le détestais ? C’eut été tellement plus simple. Mais non. Au lieu de cela, Ki se lança dans de grandes explications concernant le fonctionnement de cette foutue machine. Sa voix était agréablement douce. Je le détestais de me parler comme ca. Je l’avais giflé, ca ne lui faisait rien ? Et sa fierté ? Au placard ?! … Tu parles, quelle fierté, s’il osait porter ce ridicule tee-shirt en public, il ne devait plus en avoir beaucoup. Ou alors c’était sa façon à lui de me provoquer. Je n’en savais rien, ca m’énervait, ca me rendait folle. S’il avait su que celle qu’il pensait être son alliée dans la bataille qu’il menait contre moi n’était autre… que moi. Je regrettais d’avoir colporté cette rumeur. Je l’avais encouragé, et maintenant il était en train de me parler comme si j’avais 5 ans. Et moi, je le fixais sans rien dire, sans même comprendre ses explications. Je regardais ses cheveux fraichement rasés. Son profil doux, ses traits presque féminins. Ses yeux en amande et ses lèvres pulpeuses.

Soudain, je n’entendis plus le son de sa voix.

Qu’avait-il dit, déjà ? « Là tu vois, il y'a écrit les litres. T'as mis qu'une robe, je dirais que 30L devrait faire l'affaire » ?

Oui, ca devait être ca. Je hochai la tête en silence, mais il ne me regardait pas. M’éclaircissant la gorge, je pris la parole pour lui faire croire que j’étais connectée sur le même canal que lui.

« O… oui » bafouillai-je comme une idiote.

Imperturbable, Ki reprit son explication.

« Puis, tu dois choisir les étapes: rinçage, essorage, eau supplémentaire, laver. Ensuite, c'est le programme souhaité si c'est coton, délicat, synthétique ect ce qui te mettra une température adéquate en fonction de ta sélection. Tu peux aussi sélectionner si tu veux rapide, normal, en différé ».

Une larme solitaire roula sur ma joue, et je m’empressai de l’essuyer du revers de la main. Il fallait que je me reprenne. Je n’avais pas eu le temps de me préparer. Je n’avais pas pensé qu’il me faudrait sortir le bouclier, le masque de façade et l’épée de méchanceté pour me défendre. Foutu coréen. Étape une : arrêter de le regarder. Je tournai mon visage dépité vers les boutons qu’il me désignait et me résignai à écouter ses explications sans queue ni tête. Il buta sur un mot, ce qui me fit très – TRÈS – légèrement sourire. Mais pas ce sourire méchant habituel, encore moins ce sourire commercial que je servais à toutes les sauces lorsque je masquais ma frustration. Non. Un vrai sourire tendre, juste parce que je trouvai son hésitation mignonne.

« Par rapport à ta robe, vu le textile et sa fragilité, j'aurais utilisé :"délicat" mais ça je pense que le bridé n'a pas besoin de te le dire » conclut-il, avant de se relever.

Le bridé. Voilà, c’est ce qu’il pensait que je pensais de lui. C’était vrai, au début… et je tenais à ma fierté pourtant déjà mise très à mal ce soir. Je soupirai, vidée.

« Merci, Ki » lui dis-je faiblement, avec l’espoir qu’il ne m’entende pas.

Posant les yeux sur les boutons de la machine, je me concentrai et essayai de me souvenir de ce qu’il avait pris la peine de m’expliquer. J’appuyai sur quelques-uns d’entre eux, suivant les conseils du coréen, et eu bientôt la satisfaction de voir le tambour se remplir d’eau. J’allais me relever lorsque quelque chose passa devant mes yeux et atterrit sur le sol, juste devant moi. Je baissai le regard et remarquai le tee-shirt que je lui avais demandé d’enlever.

« Tiens puisque tu n'aimes pas me voir porter ce, non, TON t-shirt ! » me dit-il.

Je n’osais pas relever les yeux vers lui. J’attrapai le bout de tissu délicatement. Il était chaud et doux. Me relevant, je le serrai contre moi et posai les yeux sur Ki. Il évitait mon regard et semblait irrité.

« Il ne fallait pas me l'acheter. Vous les femmes vous êtes trop compliquées pour moi ! ».

Il n’avait pas tort… mais comment lui expliquer que je n’étais alors pas dans le même état d’esprit qu’actuellement ? Mieux valait me taire. Son torse blanc comme le marbre attirait mon regard. Il n’était pas aussi maigrelet que ca, finalement. Dans mes mains, son tee-shirt semblait peser trois tonnes. J’avais envie de sentir son odeur. Ridicule.

Changer de sujet, vite.

« Pourquoi es-tu aussi gentil, avec moi ? » lui demandai-je soudainement, les yeux levés vers lui.

Je me posais réellement la question, à vrai dire.

« J’ai été odieuse avec toi, je t’ai humilié devant tout le monde, je t’ai obligé à porter ce tee-shirt, je t’ai traité comme un moins que rien… je t’ai même giflé ! » enchainai-je, en sentant la colère poindre dans ma voix. « J’ai colporté des rumeurs fausses à ton sujet, et toi… toi, tu m’aides, malgré tout. Tu te prends pour un Saint, c’est ca ? ».

Une fois de plus, j’avais envie de le frapper. Toute la violence qui reposait en moi était en train de bouillir, de s’activer, d’entrer en fusion. J’étais un volcan. J’allais exploser. Maintenant.

« Tu joues au putain de Saint, POURQUOI ? Arrête d’être aussi gentil ! Arrête ca tout de suite ! » criai-je finalement, excédée.

Des larmes de rage coulaient à présent sur mes joues, mais je n’en avais rien à faire. A peine si je les avais remarquées. Tout ce que je voyais, c’était son visage, et son attitude trop aimable.
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyDim 14 Juil 2013 - 21:51






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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyJeu 11 Juil 2013 - 13:09

Après l’avoir giflé, je ne pus m’empêcher de l’observer avec attention. Il portait « mon » tee-shirt, mais ce n’est pas ce qui attira mon regard. Sa coupe de cheveux. Il les avait teints, et rasés sur les cotés. C’est joli, me surpris-je à penser. Non, c’est ignoblement moche, c’est too much, too coréen, too trop. Je déteste, je déteste tout chez ce garçon, de ses cheveux à la pointe de ses orteils, je le hais d’une rage sans égale. Et je le hais tellement que j’y pense sans arrêt. Je le hais encore plus quand je vois son regard hésitant qui se pose sur moi, et quand je comprends en le regardant qu’il ne m’a pas tout de suite reconnue. Ma claque du le ramener à la réalité. Ki porta une main à sa joue meurtrie, apparemment choqué par ce qu’il venait de se passer. Pas autant que moi, j’en étais la première étonnée, jamais je n’aurais pensé me livrer un jour à la violence physique. Après quelques secondes, il hurla presque mon prénom, sur un ton où pointait beaucoup trop clairement à mon gout son interrogation.

« Bravo, Sherlock ! » sifflai-je entre mes dents, toujours sous l’emprise d’une violente colère.

Je vis ses yeux dériver lentement vers mes lèvres, j’en restai sous le choc. Qu’est-ce qu’il regardait, au juste ? La couleur naturelle de ma peau, quand elle n’était pas couverte d’artifices ? Il y avait intérêt pour lui que ca soit seulement ca, parce que s’il lui reprenait l’idée de me violer la bouche une fois de plus, je…

Un frisson me parcourut l’échine. Un frisson d’envie, de désir, que je m’empressai de refouler en claquant des doigts devant son visage, pour le ramener un peu sur Terre. Il recula d’un pas, s’éloignant de moi. Son geste provoqua divers sentiments en moi, ce qui m’énerva encore un peu plus. Frustration, soulagement, colère, déception, rage, tristesse,… un savant cocktail explosif, juste ce qu’il faut pour me rendre tout à fait incontrôlable.

« Ça va pas la tête, t'es malade ! C'est le seul moyen que t'as trouvé pour me dire bonjour ! » finit-il par dire, en réaction à la claque que je venais de lui administrer.

Je devais me reprendre.

Surtout, arrêter de penser à ce qu’il s’était passé il y avait de cela un mois.

Arrêter de penser à ses lèvres sur les miennes.

Riposter.

« C’est de ta faute, espèce de… de con ! Tu n’avais qu’à pas porter ce tee-shirt » lui répondis-je, en me rendant compte que je disais n’importe quoi au fur et à mesure que les paroles s’échappaient de la barrière de mes lèvres.

Qu’est-ce que cela pouvait bien me faire ? Je n’avais malheureusement pas le temps d’y penser. Je n’avais pas le temps d’analyser ce qu’il se passait au fond de moi, et encore moins de comprendre que je détestais qu’il porte ce bout de tissu clamant un amour tout à fait inexistant. J’avais mal, j’étais en colère et je ne comprenais pas pourquoi.

« Et pourquoi je devrais retirer ce t-shirt ? Hein ?! » me répondit-il, sur le ton de la colère.

Ses yeux me lançaient des éclairs, ils me défiaient de dire ou de faire quoi que ce soit qui pourrait le mettre en colère. C’était comme s’il planait sur moi une menace. Sur moi ! Rubi Vanity Young, la Reine des Abeilles, Rubi l’Eta Iota, la Cheers populaire que rien n’arrête. Et la menace de quoi, au juste ? J’enrageais.

« Parce que… » commencai-je d’une vois déterminée, « parce que tu ne m’aimes pas ».

La fin de ma phrase mourut sur mes lèvres.

Un sentiment de lassitude et une grande tristesse s’abattirent sur mes épaules. Je n’avais aucun ami. Perle était trop occupée avec Zack. Nina avec Noah… ou Nathan, Dwight… tout le monde, ils étaient tous à ses pieds. Mike ne me calculait pas, obsédé qu’il était par Mahina, cette petite garce. De toute facon, je n’en avais plus rien à faire de lui. Nathan, je ne le voyais presque plus non plus. Ash’ avait perdu la mémoire. Je n’avais personne.

Je sentis mes yeux se remplir de larmes.

Tournant les talons, je m’éloignai à grands pas en me mordant l’intérieur de la bouche. En arrivant, j’avais jeté ma robe sur le coté pour m’énerver sur le coréen. Je la ramassai donc et regardai la porte, hésitante. Je devais nettoyer cette robe stupide, mais je n’avais pas envie de rester dans la même pièce que cet idiot. Je pouvais toujours lancer la machine et sortir, en attendant qu’il s’en aille, songeai-je. Le cœur serré, j’attrapai du produit détachant sur une étagère, en prenant soin de tourner le dos au jeune homme dont je sentais la présence dans mon dos. Je recouvris les taches sur le tissu et jetai ensuite la robe dans la machine. Machine que je ne savais pas faire tourner… Je m’installai à genoux devant celle-ci et observai les boutons sans les voir. Je restai ainsi de longues secondes, désarmée et complètement perdue.
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MessageSujet: Re: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyDim 16 Juin 2013 - 18:59





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MessageSujet: Sors de ma tête. Ki.   Sors de ma tête. Ki. EmptyMar 11 Juin 2013 - 23:53



Sors de ma tête. Ki. Tumblr_m98d6alEaW1qb7f7bo2_500 Sors de ma tête. Ki. Tumblr_lzmw4ddkzn1qd2ojpo1_500

Sors de ma tête.
« La passion est une obsession positive. L’obsession est une passion négative ». Paul Carvel.


Aujourd’hui, j’avais renversé du café sur une de mes robes préférées. Je m’étais donc rendue à la laverie pour essayer de limiter les dégâts, mais ce ne fut pas les machines à laver qui attirèrent mon regard lorsque je franchis la porte. Ki Beom Lee, ou le garçon que j’avais passé plus d’un mois à éviter, était là. VDM.

Petit retour en arrière, pour vous expliquer en détail ce qui m’amena ce soir-là à croiser cette petite punaise de coréen. Mon Dieu, j’aurais tellement voulu penser japonais ! Ou chinois, indien, POUSSIN, n’importe quoi de jaune mais pas coréen. Depuis qu’il m’avait fait la leçon dans la boutique de tee-shirts, plus moyen de me sortir cette information de la tête. Je le haïssais chaque jour un peu plus. Chaque minute, chaque seconde qui s’égrenait dans le sablier du temps, intensifiait ma haine à son égard. Le feu s’alimentait de lui-même, je n’avais même pas besoin de le voir pour que le processus opère. Il me suffisait de penser à lui. Oh, bêtement. Si une de mes sœurs avait le malheur de mettre une robe jaune, je pensais à lui. Si je croisais un asiatique, je pensais à lui. Si l’envie de manger des sushis me prenait, je pensais à lui aussi. C’était infernal, ça me pourrissait la vie. J’avais envie de m’envoyer moi-même chez un psychopathe qui me remplirait la cervelle d’eau pour un lavement lobotomisant dans les règles de l’Art.

Bref, j’avais brûlé toutes mes affaires jaunes et j’essayais de vivre avec.

Ce matin-là, c’est vêtue d’une magnifique robe Hervé Leger que j’avais quitté ma chambre. Même si mon coiffeur m’avait déconseillé les colorations intempestives, je n’avais pas pu résister à l’appel des sirènes de la coiffure. Cela faisait donc quelques jours que j’étais redevenue blonde. C’était sans doute la couleur que je préférais, je trouvais qu’elle mettait mon teint en valeur. Et puis, elle faisait vraiment « Barbie », pour le coup, ça s’assortissait à merveille à mes tenues. Avec Alexie, Haley et Perle, nous avions prévu une journée shopping. Comme à mon habitude en été, je portais un rouge à lèvres rose néon très flashy, qui contrastait avec mon teint doré. Moana avait apparemment découché, la journée commençait donc bien puisque je n’avais même pas eu à supporter sa vilaine tête de zombie, au réveil.

Les choses commencèrent à se gâter, vers 11h30, quand je constatai que la paire d’escarpins que je convoitais chez Louboutin n’était plus disponible dans ma pointure. J’en achetai deux autres pour me consoler, même si ce n’était pas celles que j’avais repérées à la base. Vers 14h, les filles et moi décidâmes de nous poser pour manger un morceau. Je commandai une salade foie gras, speculoos et sauce Worcestershire. Évidemment, on m’annonça qu’il n’y en avait plus. Rupture de foie gras. Je dû me contenter d’une salade César, ce qui me frustra. Après ce petit repas, nous reprîmes notre tournée des magasins… et alors que j’observais la vitrine d’un magasin de bijoux, avec les filles, un chihuahua mal éduqué me sauta sur la jambe pour essayer d’assouvir ses pulsions sexuelles. Ses petites griffes s’enfoncèrent dans la peau de mon mollet, et quand je l’envoyai promener d’un coup de pied, il me laissa une marque bien visible sur la jambe. Horrifiée, j’engueulai sa propriétaire en déversant ma rage sur elle, mais pas assez longtemps à mon goût puisqu’elle déguerpit aussi vite que l’éclair, en marmonnant des mots incompréhensibles à l’intention de son rat d’égout qu’elle appelait Itchy. J’étais passablement énervée, je dois bien l’avouer. Si bien que quand, à 17h, je pris un café au Starbucks et qu’il déversa son contenu entier sur moi et ma robe de créateur, parce que son capuchon était mal refermé, je pétai un plomb. J’abandonnai les filles à leur triste sort et pris un taxi pour rentrer chez les Eta Iota. Un taxi… jaune. C’était la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Du moins, je le pensais. Tout le long du trajet, je n’arrivai pas à me sortir de la tête l’asiatique. Je l’entendais m’appeler ma belle comme s’il avait été assis juste à côté de moi, dans le taxi. Je sentais ses doigts frôler mes lèvres, son souffle se mêler au mien… Une bouffée de rage me prit à la gorge, et j’eus envie d’assassiner le pauvre chauffeur de taxi en lui plantant un talon aiguille dans le cœur. Enfin, j’arrivai à bon port, réglai la note sans pourboire, et rentrai dans ma chambre. Moana n’était pas là. J’ôtai mes chaussures que j’envoyai valser sur le côté, enlevai ma robe et observai les dégâts d’un air désolé. J’enfilai un petit short en coton, rose, ainsi qu’un débardeur blanc légèrement échancré. Je ne comptais plus sortir aujourd’hui, ce n’était pas ma journée. Je me démaquillai donc et gardai seulement mon mascara. Un coup de brosse dans mes cheveux pour me débarrasser des boucles artificielles, et ils retrouvèrent une ondulation naturelle. Dégainant mon téléphone, j’appelai ma mère pour obtenir des conseils concernant ma robe. Elle me dit de la passer à la machine à très basse température, après avoir mis un produit sur les tâches. Produit que je trouverais sans aucun doute à la laverie de mon école. Qu’il en soit ainsi !

J’attendis qu’il soit 23h pour sortir du bâtiment des Eta Iota. Je ne voulais croiser personne, et sûrement pas dans cette tenue. Mes pieds, chaussés de petites pantoufles roses à têtes de chatons, se mouvaient sans bruit dans les couloirs déserts du Bâtiment principal. Ma belle robe dans les bras, je soupirai. Où est-ce qu’elle était, déjà, cette foutue laverie ? Je finis par la trouver, près du foyer. Je poussai la porte, sans me douter une seule seconde de ce que je trouverais derrière. Ou plutôt… de « Ki » ! Quand mes yeux se posèrent sur lui, que je reconnus sa silhouette légèrement de profil, ils s’agrandirent sous la stupeur. Un intense sentiment de gêne s’empara de moi, et mon premier réflexe fut de faire demi-tour. Mais celui-ci fut immédiatement contré par la rage qui me prit les tripes quand je remarquai qu’il portait un tee-shirt trop court pour lui. Un tee-shirt que je lui avais offert, et sur lequel était inscrit en grand « I love Rubi ». Ce tee-shirt, je le lui avais offert pour le ridiculiser, certainement pas pour qu’il le porte. Oubliant la tenue dans laquelle je me trouvais, mes cheveux, mon maquillage, oubliant absolument tout, je lui fonçai dessus, en rage.

« TOI ! » hurlai-je, d’une voix vibrante de colère.

Une fois à sa hauteur, je me plantai devant lui et lui administrai une claque monumentale. Je ne sais pas ce qu’il me prit, à cet instant. Toujours est-il que ma main rencontra sa joue avec une violence inouïe. Je n’avais jamais frappé personne, avant cela. Ce n’était pas digne de moi. Et pourtant, face à lui, je venais de me laisser submerger par mes plus bas instincts.

« Enlève ça… tout de suite » sifflai-je entre mes dents, en parlant bien évidemment du tee-shirt qu’il portait.

Je devais lever la tête pour le regarder, c’était pire que ce que je pensais. Sans mes talons hauts, je me sentais lilliputienne, à ses côtés. Mais ce n’était pas ce qui me préoccupait le plus, à l’heure actuelle.


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