Du cheval au petit-déjeuner... [With London]

Comme à son habitude, London me gratifia d'une sourire resplendissant. Ensuite, elle me tendit la main, apparemment ravie. Elle m'annonça qu'elle m'apprendrait le hip-hop, avant de grimacer de façon exagérée. Elle était vraiment drôle, comme fille !

- Ou du moins j'essayerai !, dit-elle avant de rire gentiment.

Apparemment, la jeune fille aimait déjà me charrier ! Cela ne m'en plut que plus. Elle me fixa attentivement, avant de froncer les sourcils.

- Dis moi, Chase! Tu voudrais me faire monter où ?

Elle avait retrouvé un peu de son sérieux, apparemment. J'en fis donc autant, et lui répondit le plus précisément possible.

- Dans une ferme associative, non loin d'ici. C'est à la sortie de la ville, près des grandes étendues de sables ! Il y a 14 chevaux, et je t'apprendrai à monter sur un cheval ardennais. Il n'y a rien de plus facile, tu verras !

- Et tu montes bien à cheval ? Tu as appris où ?!

J'opinai du bonnet, mais avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, elle continue sur sa lancée, mutine.

- Non attends ! Ne me dis rien ! Tu viens du Texas et tu tiens un ranch en dehors des cours c'est ça ?!

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire : ainsi, j'avais à ce point l'air d'un paysan ? Avec un grand sourire, je lui répondis.

- Hahaha, pas exactement ! La ferme dont je t'ai parlée appartient à ma mère. Je monte depuis que je suis en âge de me tenir sur mes guibolles, pour tout te dire !

Autour de nous, le réfectoire s'était vidé. Les cours n'allaient probablement pas tarder à reprendre.

Quand j'avouai à London que je ne dansais que la country, elle éclata de rire encore une fois. Elle riait tellement que c'en était impossible à contrôler. Je ne pus m'empêcher de rire aussi, à tel point qu'une des garces frappa sur sa table en se retournant vers nous, l'air de dire : "Mais VOS GUEULES ! Vous voyez pas qu'on parle de maquillage, làààà ?!" Elle se reprit lentement, et je lui demandai, le sourire aux lèvres :

- Qu'est-ce qui te fait autant rire ? J'ai l'air d'un dindon, c'est ça ?

Puis je rigolai, tendis qu'elle essuyait une larme au coin de ses yeux.

- Oh mon Dieu ! Je suis désolée mais c'est tellement... tellement... tellement évident ! C'est tout à fait toi quand on te voit ! T'as le chapeau, la chemise et tout ?

Puis elle se remit à rire, plus calmement, cette fois.

- Qu'est-ce que tu crois ?!, fis-je avec un immense sourire un peu benêt. J'ai même les bottes !

De nouveau, on éclata de rire, et cette fois, les filles de la table à côté se levèrent, exaspérées, et partirent en pestant contre notre "manque de savoir-vivre désobligeant".

- Je connais pas la country par contre, moi ! Tu m'apprendras ?

- Avec plaisir ! Mais seulement à deux conditions ! Primo... Tu m'apprends une autre danse - mais pas du classique, hein ! - et deuxièmement, tu me laisses t'apprendre l'équitation plus équitablement que ton bouquin ! Qu'en penses-tu, London ?

Je lui fis un sourire charmeur avant de lui tendre la main pour sceller notre accord et, qui sait, une future belle amitié !

London me fit un immense sourire et ses yeux se remplirent d'étoiles. La danse était manifestement plus qu'une passion pour la jeune fille aux yeux aciers et aux adorables fossettes...

- Avec joie ! J'adorerais ça ! Tu veux voir quoi ?! Du classique ? Moderne ? Hip-Hop ? Danse orientale ? Breakdance ?...

Son impatience faisait plaisir à voir, de même que son enthousiasme. Évidemment, aucune de ces danses ne me disait rien... Je ne connaissais que la country, et même si c'était horriblement cliché, c'était la seule danse que j'étais capable d'effectuer ! Et avec la chemise & le chapeau en prime, bien sûr. J'étais même - curieusement - plutôt doué. Classique... comme les ballerines ? London devait être ravissante en tutu. Surtout s'il était blanc "mousseux" ! Je tentai de l'imaginer en petite ballerine et souris à cette image.

- Pardon je m'emporte un peu là !, continua London.

- Je ne connais aucune de ces danses, mais je veux que tu me les montres toutes ! Surtout si tu es en tutu...

Puis j'éclatai de rire, faisant se retourner d'un air outré un groupe de filles qui squattaient la table à côté. Je leur lançai un regard qui en disait long sur ce que je pensais de leurs faces maquillées comme des camions volés, puis me retournai vers la danseuse qui me faisait face.

- Oups... Tu m'apprendras quelques trucs, London ? Moi je ne danse que la country !

London ne parut pas étonnée quand je lui dis que j'étais chez les Nu Zeta. Elle se contenta de sourire et de "compatir". Seuls ? C'est le moins que l'on puisse dire ! Faith et moi attendions de nouveaux membres avec impatience, mais trouver des écolos dans une école de riches relevait un peu de l'impossible. Quand je lui soumis mon idée quant à sa confrérie, elle secoua la tête de gauche à droite avec un grand sourire resplendissant. Je croisai les doigts sous la table pour qu'elle ne soit pas une de ces tarées de Iota.

- Pas exactement ! Rho Kappa ! Eh oui même si ça se voit pas sur mon corps je suis une sportive !

Ouf ! Je lui sourit, agréablement surpris. Puis, sans un mot, je me levai et fis le tour de la table. Je lui tendis la main, et elle s'en empara, étonnée. Je la fis se lever puis virevolter sur elle même en riant. Je ne perdis pas une miette du "spectacle" puis la lâchai, toujours souriant. Elle se rassit, j'en fis de même, tranquille, me souciant peu des quelques élèves qui nous regardaient d'un air ahuri.

- London, je peux t'assurer que ton corps est parfait ! , fis-je d'un air très sérieux.

Elle rit. Son rire était tout simplement exceptionnel. Je ne pu m'empêcher de sourire, attendri. Les gens qui nous regardaient devaient se demander si nous étions ensemble, tellement notre complicité était évidente. Et pourtant, cela ne faisait même pas cinq minutes que l'on se connaissait ! Le hasard fait vraiment bien les choses.

- Eh non je ne suis pas une artiste même si la danse peut être considérée comme un art !

La danse ? Je trouvais ça un peu "nunuche" mais c'était un point de vue purement macho de mec bien viril que j'étais.

- Tu me montreras, une fois ? Et moi, je veux absolument te faire monter sur un cheval !

Si je n'avais pas regardé le livre sous son avant-bras, j'aurais presque oublié de le lui proposer tellement j'étais captivé par notre conversation. Quel distrait je suis, parfois !

Ma main tendue dans le vide, j'attendais qu'elle lève les yeux. J'étais sur le point de la bouger en râlant quand elle sorti de sa rêverie. Elle sursauta quand elle vit ma main et me tendis précipitamment la sienne.

- Oh! Euh... désolée ! Moi c'est London, je suis en 12th grade! Enchantée.

- Moi de même, London.

Son prénom, dans ma bouche, sonnait comme une douce mélodie qui me rappelait Londres et tout ce que j'y avais vécu. Les gens que j'y avais rencontré. Ceux que j'avais aimé et que je ne reverrais probablement jamais. Décidément, la jeune brune aux yeux aciers qui me faisait face avait tout pour plaire. L'espace d'un instant, je me surpris à me dire que c'était dommage qu'elle soit plus vieille que moi... Mais je me ravisai bien vite. Je n'étais pas à Miami pour draguer, mais pour étudier. Plus vite je sortirais de cette école, mieux cela serait. On se fixait mutuellement depuis un moment sans rien dire, puis elle rompit le silence.

- Ne le prends pas mal mais... ça me fait bizarre ! Tu es très différent des autres garçons qui viennent ici ! Ne te vexes pas hein, c'est un compliment ! Tu es dans quelle confrérie ?!

Très différent... Je l'espérais bien ! Tous ces mecs étaient des idiots congénitaux. Enfin, de ceux que j'avais rencontrés, en tout cas. Mis à part mon colocataire, qui m'était fort sympathique, les autres m'avaient fait très mauvaise impression. Je souris à London, qui avait posé son menton dans sa main. Elle avait l'air captivée par notre conversation.

- Je suis chez les Nu Zeta. Ça doit être pour ça que tu me trouves différent, nous sommes deux dans cette confrérie ! Enfin, pas que pour ça, parce que je ne suis réellement pas comme eux ! Toi, je parie que tu es chez les... Hmmm...

Je réfléchis un instant avant de donner ma réponse. Elle ne pouvait pas être chez les rebelles, elle n'en avait pas l'air. Chez les putes ? Elle avait l'air bien trop gentille pour ça ! Peut-être chez les artistes ? Je tentai ma chance.

- Chez les Alpha ?

Elle posa son regard gris acier sur moi et m'observa ( peut-être voulait-elle que ça ait l'air discret, mais c'était un peu raté ) puis me sourit. Bingo, j'avais toujours eut une chance de cocu et encore une fois, ma bonne étoile ne me laissait pas tomber. J'étais apparemment tombé sur une personne agréable et pas récalcitrante au fait de parler à un inconnu. Ses yeux étaient vraiment... impressionnants. Presque irréels, d'ailleurs. Elle me répondit très naturellement et sans l'ombre d'une hésitation : "Oh mon Dieu, dois-je parler à un inconnu ? Haaaan." Rien de tout ça !

- Euh oui, à vrai dire je n'en ai jamais fait... Mais disons que c'est... un rêve de petite fille.

Elle baissa légèrement les yeux, comme honteuse de me faire une telle révélation. Cette fille, dont je ne connaissais même pas le nom, m'était fort sympathique. J'eus soudain l'idée et l'envie, même, de lui proposer quelques petites leçons particulières avec un des cheveux de la ferme de ma mère... Si elle n'en avait jamais fait, Grenade serait parfait. Un vieux cheval de trait, tout ce qu'il y a de plus fiable ! Je pesai mentalement le pour et le contre, tout en lui tendant la main pour me présenter.

- Je vois... Mais tu sais, je doute que lire un bouquin soit très efficace... Au fait, je m'appelle Chase. 11th grade. Et toi ?

Bon, donc... Pour : C'était là l'occasion de faire une nouvelle rencontre, cette fille avait l'air adorable et je manquais, à mon sens, cruellement d'amis. De plus, réaliser le rêve de petite fille de quelqu'un, ce n'est pas rien ! Par contre, les Contre : Je n'avais jamais, jamais, JAMAIS ramené de fille à la maison - mis à part ma "nouvelle" sœur, Kim. Ma mère risquerait de se faire des films et mon père - s'il ne mourrait pas avant - d'ouvrir une enquête sur elle, sa famille et tout ce qui s'en suit... Très peu pour moi. Pourtant, quelque chose dans son regard parsemé d'étoiles rien qu'à parler chevaux et équitation me décida. Au diable le paternel, qu'il s'imagine ce qu'il veule ! J'attendis cependant, par politesse, qu'elle me donne son nom avant de lui proposer mon "aide" pour réaliser son vieux rêve.

London était assise à la cafét', son plateau intact devant elle. La jeune mexicaine martelait la table de ses ongles. Elle vérifia une énième fois son cellulaire, elle avait rendez-vous avec Logan et celui ci semblait lui avoir poser un lapin ce qui énervait la jeune femme au plus haut point. Elle détestait manger seule. Pour se donner une contenance et tenter de se calmer un peu, la jolie brune attrapa dans son sac le livre que lui avait offert son meilleur ami, L'équitation pour les nuls. Lorsque May lui avait tendu ce bouquin, London n'avait pas pu empêcher une larme de rouler sur sa joue.
En effet, lorsqu'elle était jeune, un ami de son frêre au Mexique possédait des chevaux, les deux adolescents à l'époque lui avait toujours promis qu'ils l'emmènerait faire une ballade avec eux un jour. les deux garçons disparaissaient souvent des après-midi entières et ils partaient chevaucher ensemble, ne revenant qu'à la nuit tombée. La ravissnate brune avait toujours rêvé de les accompagner, à la mort de son frère London a oublié cette idée et elle n'est jamais monté sur un cheval.

Elle était donc en train de lire, il faut dire qu'elle avait un peu de mal avec tous les termes techniques et les mots qu'elle ne comprenait pas toujours en américain, lorsqu'elle aperçut une jeune homme s'assoir en face d'elle. Elle le regarda rapidement, arquant un sourcil, avant de revenir à sa lecture, un sourire aux coins des lèvres. London détestait la solitude et même si elle ne connaissait pas ce garçon elle était contente d'avoir de la compagnie. La jeune femme préféra se taire, attendant qu'il engage la conversation.

Hum hum ? Excuse-moi ? Tu aimes l'équitation ?

La jolie mexicaine finit sa ligne avant de poser son beau regard sur le garçon face à elle. Elle l'observa rapidement. Il était un peu plus jeune qu'elle, d'un an ou peut être deux, il avait l'air nouveau, sympathique, il était plutôt beau garçon et respirait la campagne et l'herbe fraîche. La belle brune décida aussitôt qu'elle l'aimerait bien.

Euh oui, à vrai dire j'en ai jamais fait mais...disons que c'est...un rêve de petite fille.

Dit-elle finalement, un peu honteuse de n'être jamais monté sur un cheval à 19 ans.

Le dilemme de la cafétéria, c'est qu'on ne sait jamais où poser ses fesses et son plateau-repas... quand on a pas beaucoup d'amis, du moins ! J'étais là, debout comme un con, au milieu de la cafet', parcourant la salle du regard pour trouver une tête amie. Je ne pouvais décemment pas rester là des heures, sans quoi ma réputation en aurait pris un coup. Ne trouvant personne que je connaissais de près ou de loin, j'abandonnai l'idée de manger accompagné et me laissai tomber sur la première chaise qui venait - juste à temps avant de passer pour un looser. La fille qui était assise juste en face de moi me regarda bizarrement... Elle aussi mangeait seule. Ses yeux bruns clairs étaient magnifiquement assortis à sa peau chocolatée. Très belle fille, du reste. Ses cheveux soigneusement lissés tombaient sur ses épaules, nonchalamment. J'entamai mon repas tandis qu'elle se replongeait dans un bouquin. Ma curiosité légendaire fit son œuvre et je jetai un rapide coup d'œil à sa lecture... Quoi ? L'équitation pour les nuls ?! Elle se moquait de moi, ou quoi ?! Enfin... en théorie, je n'étais même pas censé avoir vu ça, mais bon ! La chose étant faite...

- Hum hum ?, toussotai-je. Excuse-moi ? Tu aimes l'équitation ?

Elle finit sa ligne avant de daigner lever les yeux vers moi. J'avoue que ma question était ridicule, mais c'était plus fort que moi. En plus, ça me ferait quelqu'un à qui parler... même si cette personne était assez étrange pour croire qu'on puisse apprendre l'équitation en lisant un bouquin ! Et j'étais bien placé pour le savoir, puisque le refuge de ma mère abritait pas moins de 14 chevaux et qu'à force, j'étais devenu un vrai pro du dada - sans vouloir me jeter des fleurs.