We need to talk [PV Connor]

Je fixais toujours le colosse blond. Si ce mec voulait me frapper, je n’allais pas faire le poids. Je le regardais des pieds à la tête. Il faisait au moins vingt centimètre de plus que moi. S’il me frappait, ça ferait mal. Il récupéra le dessin. Il récupéra MON dessin. Oh merde ! Sa phrase et son visage ne présageait rien de bon. Son sourire était faux. Je sentais qu’il voulait ma peau. Ce n’était pas l’Homme en moi qui sentait ça, c’était la bête que j’avais été et qui restait enchaînée au plus profond de moi. Je devais museler ma rage. Je n’avais pas envie que ce type que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam se mêle de ma vie privée. Cependant, je répondais sans haine à sa question.

-En effet, ce sont mes initiales et ce dessin est de moi mais je ne fais pas de portrait de tout mes élèves. J’ai fais ce portrait pour expliquer quelque chose à Nina. Je leur ai donné un exercice sur la perspective, elle n’en a pas compris l’intérêt de le faire. Je lui ai montré, en faisant ce dessin, que la perspective était nécessaire dans un dessin car elle lui permettrait de dessiner des choses plus complexes. J’ai fait rapidement ce dessin pour lui montrer ce qu’elle pourrait faire si elle maîtrisait parfaitement la perspective.

J’étais calme. Je ne mentais presque pas en répondant cela. Le seul mensonge était que ce dessin avait été fait presque une semaine après mon explication sur l’utilité de la perspective. Je dardais toujours mon regard sur l’homme en face de moi. Son sourire était toujours présent. Ca me dégoûtait. Mais ce qui me dégoûta le plus fut ce qu’il dit par la suite. Il disait que Nina était une très belle fille. Jusque là rien à dire. Rien à dire non plus sur la gentillesse. Mais le « très tactile » était de trop. Il était irrespectueux. Il était répugnant. J’avais couché avec Nina et jamais je n’aurais pu dire que Nina était très tactile. Je me retenais. Si je n’avais rien fais, si je ne m’étais contrôlé, j’aurais serrai les poings dans l’optique de tabasser l’homme qui osait parler ainsi de Nina. Je devais répliquer, ne pas laisser le silence s’installer entre nous.

-Vous n’êtes pas très respectueux envers Nina et vous semblez bien intime avec elle. Auriez-vous couché avec elle ? Je suppose puisque vous avez dit qu’elle était très… Humm… Comment vous avez dit déjà ? Ah oui : tactile. Vous avez dû expérimenter la chose avec elle… En tout cas, je ne suis pas au courant de ce genre de chose. En fait, ça me dégoûte qu’un de mes collègues ai pu coucher avec une élève mineure…, dis-je d’une voix neutre et ferme, ne trahissant pas mes réels sentiments. J’étais un excellent menteur quand je le voulais. Je priais pour que le colosse croit à mes mensonges. Dans le cas contraire, j’allais passer un mauvais quart d’heure.

Je n’aurais jamais imaginé ce matin, en me levant, que je pourrais parler à Nina de ce qu’on avait fait, de notre « couple ». Je n’aurais pas non plus imaginé que je me sentirais aussi bien, sans idées noires, sans peur qu’on ne découvrit que j’avais eu une aventure avec une élève et que je ne comptais pas « rompre » maintenant. J’avais dessiné un portrait de Nina dans son cahier. Je n’aurais peut-être pas dû le faire. Il faut dire que je ne savais pas qu’avec ce malheureux dessin je m’exposais à un problème de taille, à un problème d’un mètre quatre-vingt quinze. Il déboula juste après la fin de mon cours précédent, le cours avec Nina. Je ne le connaissais pas. Je ne savais même qu’il était prof avant qu’il ne me le dise.

J’étais installé à mon bureau, tranquillement. J’examinais les devoirs que les élèves m’avaient rendus quand le colosse blond m’appela. Je levais la tête, acquiesçais et voyais ce géant venir vers moi. A ce moment, je me demandais si ce n’était pas le père d’un ou d’une élève. Je m’étais levé et lui serra la main qu’il m’avait présenté. Il déclina son identité sans que je n’ai à le lui demander. Alors ainsi il était professeur de chimie. Pourquoi venait-il me voir ? Je remarquais ensuite le papier dans sa main. Non, ça ne pouvait pas être le dessin que j’avais fait de Nina. Il n’avait rien à voir avec Nina. Je devenais complètement parano. Je n’avais pas dit un mot. Il déplia alors le croquis sur mon bureau. Bordel ! C’était mon dessin ! Mais où est-ce qu’il l’avait eu ? Je le regardais. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il avait à voir avec Nina. Je n’arrivais à comprendre pourquoi Nina serait allée le montrer à cet homme. Je déglutis avec difficulté avant de lui répondre :

-En effet… Je sais d’où proviens ce dessin. Mais ce que je voudrais savoir c’est comment ce dessin est arrivé en votre possession ? En tout cas, c’est très gentil de votre part. Je me ferais un plaisir de le rendre à Nina., dis-je d’une voix extrêmement neutre accompagnée d’un grand sourire alors que j’étais vraiment nerveux.

Dans ma tête, c’était le retour à mon époque punk. J’étais dans le même état d’esprit méfiant et nerveux qu’à l’époque mais sans l’influence des drogues et de l’alcool sur mon organisme et mes réactions. C’était dingue. J’avais vraiment bien dérapé. J’avais couché avec une élève et ça m’avait plu. Résultat ? Je voulais la revoir, je voulais recommencer avec elle, je voulais à la combler comme je l’avais fait. J’avais vu qu’elle avait vraiment aimé. Elle s’était confiée à moi et cela semblait vraiment très rare venant d’elle. Mais les remords me rongeaient. Je lui ai parlé de ça. J’ai fais un portrait d’elle. Portrait que j’ai laissé dans son cahier. Cahier qui s’est retrouvé je-ne-sais-comment sur le bureau de mon « collègue ». Et maintenant, je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais je me doutais que cela finirai mal.