Wynwood University
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyMer 8 Mai 2013 - 23:09

Aaron and Hope




Le jeune homme plaisante en me répondant. Il sourit. Il semble si loin de moi. Il n’a pas l’air de se soucier des mêmes choses ou même de faire partie de cette société. On est tous égoïstes. On s’aveugle par nos problèmes alors qu’on devrait s’entraider. L’union fait la force… Ce proverbe me semble illusoire. À chaque fois que j’ai demandé de l’aide, que j’ai tendu la main ou crié pour que l’on me sauve… À chaque fois ça s’est mal terminé. Je n’ai jamais réussi à m’en sortir avec quelqu’un. Il n’y a pas la place pour l’entraide ou l’amitié. L’union ne fait pas la force. L’union fait la perte. Plus s’accroche aux personnes qui nous entourent, plus on prend le risque de souffrir. J’ai trop souffert. J’ai l’impression d’avoir été un aimant à malheur. J’ai détruit tout ce qui s’est trouvé sur mon passage. Je n’ai rien apporté de bon à ceux qui voulait partager des moments avec moi. Alors peut-être que je ferais mieux de vivre en recluse… D’oublier le fait que je ne suis pas seule sur cette Terre. Je ne m’en sortirais pas sans un coup de pouce. Mais si ce geste est trop lourd de conséquences ? Et si ce coup de pouce n’aide que moi et personne d’autre… Peut-être que je ferais mieux de rester seule dans mon désespoir, sans personne.

Parfois j’ai l’impression d’être une bombe à retardement. C’est comme depuis que j’ai assisté à ce meurtre, on m’a mise en marche. On a lancé le détonateur. On a appuyé sur le bouton. Alors à chaque fois que je tombe entre des mains, la personne est prise de panique. Que faire ? Jouer les héros et tenter d’arrêter le décompte ? Ou bien partir en courant ? Tout le monde aimerait jouer les héros. Tous veulent que l’on se souvienne d’eux. Parce qu’ils savent qu’après avoir eu des enfants qui eux-mêmes auront des enfants… Ils ne seront plus rien. Personne ne se souviendra d’eux dans cent ans. Ils ne seront plus qu’un nom dans un arbre généalogique, plus qu’une vieille photo décolorée. On finit tous par être oublié. On disparaît. Nos existences ne seront pas racontées dans les livres d’histoire. Nos enfants ne parleront pas de nos vies comme des vieilles légendes. Nous ne serons rien. Un jour, on déplacera même notre tombe pour faire de la place à un nouveau cadavre. Alors… On souhaite tous faire un acte d’une grande importance. On veut se détacher de la foule, être un être à part. Mais quelles sont les conséquences ? À quoi bon faire tout ça ? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?
Je ne dis pas que je suis l’une de ses causes pour laquelle des dizaines de personnes se sont battues pour être accueilli en héros. Non… Loin de là. Seulement, c’est bon pour la fierté d’être celui qui a su changé la vie d’une pauvre fille paumée. Alors ils n’ont pas fui… Ils se sont attachés à moi. Ils ont tenté de m’aider. Ils m’ont fait toucher du bout des doigts le bonheur. Mais celui-ci aussi est illusoire. Il ne dure jamais. Il ne doit sans doute même pas exister. Parce que mes sauveurs ont toujours fini par subir les ravages de la bombe. À mon retour des grandes vacances, cet été, alors que je prenais le taureau par les cornes, alors que je venais enfin de remettre les pieds dans Londres… Alors que tout allait enfin comme je le voulais… J’ai appris que Drake été décédé dans un accident de voiture. Mort… Dans les mêmes conditions que mon accident. Il a abandonné Molly, sa grand-mère. Mais surtout moi, la fille à qui il est venu parler alors qu’elle pleurer dans les couloirs du lycée, la fille qu’il a invité à manger chez lui… De même pour Chase. Alors que j’étais au plus bas, que j’étais sur le point de craquer suite à la révélation de mon lourd secret ; il m’a soufflé l’idée de changer d’identité et d’apparence. Il me montrait la solution idéale. C’était enfin fini la fuite, la peur et l’angoisse permanente. J’allais enfin pouvoir devenir quelqu’un d’autre et passer du bon temps avec ceux que j’aimais sans craindre de devoir partir du jour au lendemain. Il y a deux ans, quand je suis revenue, j’ai appris qu’il avait été assassiné. Noyé. Ils sont tous morts. Même mes parents. Même Drake… Et il y a ceux qui ont fui : Heaven, Edgard… Je crois que je ne me trompe pas tant que ça en disant que je porte malheur. Pourtant je continue à laisser des gens s’approcher. N’est-ce pas un peu égoïste ? Et même cruel ? Je suis le diable. Je les laisse faire alors que je connais la fin. Je sais pertinemment comment ça va se finir. Mais je laisse faire… J’attends de voir de mes propres yeux. Ce n’est pas normal, ça ! Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi suis-je ainsi ? Ai-je perdu la raison ? Suis-je simplement malsaine ? Ai-je un problème.

Je crois que tu réfléchis beaucoup trop…

La voix du jeune homme résonne à nouveau en moi et je me calme instantanément. Il faut que j’arrête de digresser sur ce sujet. Nous approchons du stand et il commande deux gaufres. Je reste un peu en retrait, me demandant encore pourquoi je l’ai suivi jusqu’ici. Alors que le vendeur prépare nos pâtisseries, mon nouveau compagnon s’approche de moi et dresse son doigt vers le ciel. Il le pointe vers un des plus grand gratte-ciel avant de me raconter son histoire. Je suis envoutée par sa voix. Je me laisse porter par ce qu’il me raconte et tente d’imaginer la tour de Dubaï. Je vis dans cette ville depuis presque trois ans. J’ai parcouru les rues. J’ai marché sur le sable chaud. J’ai été dans des magasins. J’ai vécu ici et pourtant je n’avais pas fait attention à cet immeuble. Je ne connaissais pas son nom ou sa fonction. Je n’avais jamais vraiment prêté attention à sa taille ou sa beauté. J’ai juste regardé mes pieds. Je ne connais que quelques noms de rues, quelques façades. Mais je suis incapable de dessiner cette ville les yeux fermés. Je suis tellement restée enfermée dans ma bulle que je n’ai pas prêté attention à ce qu’il y avait autour de moi. « Les gens ne lèvent pas assez les yeux… » J’ai l’impression qu’il s’adresse particulièrement à moi. J’ai tellement été aveuglée par ma petite vie… « Mais parfois, ils feraient bien de regarder devant eux ! » Je sursaute et sors immédiatement de mes pensées lorsqu’un nuage de poussière blanche vient m’attaquer.

Je souris et frotte mon visage recouvert de sucre. Ce geste si simple, si enfantin me permet à nouveau de me recentré sur lui. Il a l’air assez spontané et pourtant mystérieux et… Il y a un je ne sais quoi en lui qui m’intrigue. Peut-être est-ce sa façon d’être. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus mais après tout, à quoi bon ? Ce n’est pas comme si ça changerait quelque chose !
J’attrape la gaufre qu’il me tend et la croque tandis qu’il a le dos tourné. Les saveurs sucrées envahissent mon palet et font remonter en moi des souvenirs d’enfance.

Mes yeux se plongent dans ceux du jeune homme. Je reste accroché à lui alors qu’il ouvre la bouche pour me proposer une idée. « Faisons un deal. Tu passes la soirée avec moi, et en échange… en échange, je m’engage à te changer les idées et à te faire passer une soirée idyllique. » A peine la proposition lancée, il me tend la main pour sceller notre accord. Me faire passer une soirée idyllique… C’est ce qu’il me propose. Et moi ? Qu’est-ce que je dois faire dans tout ça ? Juste passer du temps avec lui ? Cela semble complètement étrange.
« Tu sais… Je ne suis sans doute pas aussi intéressante que ça en a l’air… Tu perds au change ! Je suis pas la meilleure personne pour une soirée... Je suis sûre que le vendeur de gaufre est bien plus passionnant ! » Autant le prévenir tout de suite. Je n’ai pas des tas de sujet de conversation. J’étais une très grande bavarde à une époque mais c’était avant. Et puis, il risque de me voir pleurer à nouveau à tout moment. Je suis beaucoup trop instable, trop sensible. Il suffit que j’entende une voix, que je vois un bâtiment spécial pour que des souvenirs remontent à la surface et que je sois submergée par mes émotions. C’est vraiment ce qu’il veut ?

Je tends alors ma main libre pour saisir la sienne. Je me sens mal de le laisser ainsi poireauter.
« Et pour le sucre… Fais attention à toi ! Ma vengeance risque d’être terrible ! » Je sens que j’ai encore un peu de sucre sur le visage et je sais très bien que je ne lui fais absolument pas peur. Je resterai sans doute dans sa mémoire comme la fille qui a fondu en larme dans ses bras.
« Je m’appelle Hope. » Dis-je alors que je relâche sa main. Je croque une nouvelle fois dans la gaufre tout en fermant les yeux et arrêtant de respirer pour le pas mettre de sucre partout. Hope… Mon nom semble dérisoire quand on connaît mon histoire. Ce serait presque comme une mauvaise blague. Mais autant mettre les choses à plat tout de suite. Si je passe ma soirée avec cet inconnu, autant faire les choses bien et commencer par le commencement.

Même si dans le fond, tout cela n’est qu’une mascarade…


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyLun 29 Avr 2013 - 15:22

Si je disparaissais...
Hope & Aaron




Elle demeura silencieuse, et Aaron se demanda s'il avait ne serait-ce que fait vaciller ses certitudes. C'était sa vie entière qu'il avait concentrée dans ces quelques mots, et ils s'étaient peut-être perdus dans l'indifférence la plus totale. L'avait-elle seulement écouté ? Cette fois encore, le jeune homme était dans l'ignorance. Mais au lieu de l'énerver, comme ç'aurait été le cas d'ordinaire, cette situation aiguisa au contraire la curiosité du Sigma Mu. Elle l'intriguait ; que se passait-il vraiment derrière ces grands yeux hyalins ?
Il avait malgré tout capté son attention : il sentait au fond de lui que ses mots suscitaient un questionnement, que, peut-être, il avait su fissurer, même imperceptiblement, sa carapace. Bah, qu'importe ; après tout, dès le lendemain, il ne la verrait plus. Elle ne serait qu'un visage de plus dans ses souvenirs, où elle demeurerait quelques jours, quelques mois, quelques années tout au plus, puis s'évaporerait. Alors, puisqu'il ne le reverrait pas, puisqu'il n'avait rien, absolument rien à perdre, il fallait faire de cette soirée quelque chose d'extraordinaire, d'hors du commun - rendre ce moment unique. Or, pour Aaron, l'extraordinaire était le « normal » des gens qui l'entouraient. Certes, sa rencontre avec la jeune inconnue avait débuté d'une manière pour le moins originale. Mais le fait d'aller offrir une gaufre à une fille, et de passer une soirée en sa compagnie, avait un côté très stéréotypé, qu'il tentait d'ordinaire d'éviter. Oui mais voilà, ce soir-là, le Sigma Mu avait envie de faire de nouvelles expériences, de repousser ses propres limites ; et s'il devait pour cela se comporter comme les citadins lambda, il le ferait.


- Tu dois vraiment venir d’une autre planète pour parler à une inconnue. Qui fait encore ça de nos jours sur Terre ? Ce n’est pas plutôt du chacun pour soi ? Et en plus, pour proposer une gaufre…


La voix de la jeune fille le surprit ; elle se fit plus assurée, bien qu'un peu timide, et elle parut même jouer avec lui. Le Sigma Mu masqua son étonnement : s'il commençait à la traiter comme une créature étrange, la discussion allait couper court. Au contraire, la remarque de son interlocutrice le fit rire ; ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait ce type de réflexion, mais bien loin de le vexer, cela l'amusait. Oui, il était différent de la majorité de la population de Miami – et il revendiquait cette différence. Ou plutôt, elle faisait tellement partie de lui qu'essayer de ressembler aux autres aurait été illusoire. Alors il abordait une inconnue, lui offrait une gaufre, et il avisait ensuite sur la conduite à adopter, en fonction de sa réaction. Les gens réfléchissaient beaucoup trop...


- Oh, si, c'est chacun pour soi. Qui te dit que t'aborder n'était pas purement égoïste ? Avec un sourire en coin, il ajouta : Peut-être même que je vais te faire payer ma gaufre !


Il ne mentait pas : oui, c'était pour des raisons purement individualistes qu'il s'était octroyé le droit de passer la soirée en sa compagnie. Pour s'amuser, pour penser à autre chose, pour explorer la ville d'une manière différente, pour découvrir ce qui se cachait derrière cette figure angélique et torturée.

Alors qu'ils parlaient, un stand de gaufres apparut dans leur champ de vision. Aaron en commanda deux – les plus grosses possibles, car il voulait forcer la jeune fille à rester en sa compagnie plus longtemps - et, en attendant qu'elles soient prêtes, montra du doigt un gratte-ciel spéculaire, qui miroitait sous le soleil crépusculaire.


- Regarde, c'est le Four Seasons Hotel Miami, la plus haute tour de Miami. Deux-cents-quarante-deux mètres de haut, soixante-douze étages ; mais elle est ridicule par rapport à la plus haute tour du monde, le Burj Khalifa de Dubaï, huit-cents-vingt-huit mètres de haut et plus de cent-soixante étages. Où voulait-il en venir ? Comme d'habitude, Aaron parlait inconsciemment de manière sibylline ; dans son esprit, tout était relié, chaque pensée s'associait à une image – parce que des mots seuls n'étaient que des édifices sans fondations. C'était juste sa façon de penser, et cela le rendait parfois difficile à suivre, mais il n'en avait pas conscience – et même si cela avait été le cas, il n'aurait certainement pas changé son mode de fonctionnement. Les hommes veulent aller toujours plus haut, toujours plus loin... Génie ou folie, c'est bien pareil...


Aaron avait un dégoût profond pour l'humanité, qui vivait dans la médiocrité et la dépendance à autrui. Mais la folie des hommes le séduisait malgré tout : quelques rares individus avaient l'ambition et le talent d'accomplir des choses démesurées, de se moquer des conventions, de faire un pied-de-nez à la société. Aaron se reconnaissait dans ces âmes assoiffées qui cherchaient sans cesse à repousser les frontières du réel. Il poursuivit :


- Les gens ne lèvent pas assez les yeux...


Et il le pensait : la vision de ses contemporains semblait bornée à ce qui les entourait immédiatement, à ce qui les concernait de près ; mais que faisaient-ils de tout ce qui dépassait leur quotidien, ce qui transcendait véritablement leur imagination, tout ce dont ils auraient pu rêver, mais préféraient ignorer par paresse et par quête de facilité ?

A ces mots, Aaron s'empara de la gaufre que lui tendait le vendeur, et, voyant que l'inconnue regardait en l'air, souffla le sucre glace sur le visage de la jeune fille.


- Mais parfois, ils feraient bien de regarder devant eux ! dit-il avec un sourire amusé.


Un moyen de désamorcer le sérieux de ses propos. Car s'il était parti d'une simple observation sur un immeuble qu'il appréciait, il avait dérivé vers une révélation bien plus compromettante : il aimait la ville. Il aimait les esprits qui s'y animaient, les projets qui fusaient, les rêves qui devenaient réalité... Aaron Gray le nomade, l'apatride, était devenu sédentaire, et s'était délesté d'une partie de lui-même en chemin. Mais surtout, il avait envie de se divertir, et voir cette inconnue avec du sucre sur le nez était plutôt amusant.

Il prit malgré tout l'autre gaufre, qu'il tendit à son interlocutrice, et paya le vendeur, avant de reporter son attention sur la jeune fille. Il la dévisagea un instant, puis prit la parole d'un air songeur :


- Faisons un deal. Tu passes la soirée avec moi, et en échange... Il réfléchit durant une fraction de seconde, avant de reprendre : en échange, je m'engage à te changer les idées et à te faire passer une soirée idyllique.


Il tendit sa main libre vers elle, pour qu'elle la lui serre si elle acceptait le marché. Les deux derniers mots étaient ironiques, directement empruntés aux films stupides dans lesquels les personnages trouvaient soi-disant l'amour absolu et éternel. Alors pourquoi ce deal ? Tout d'abord, parce qu'il n'avait pas envie de passer toute la soirée à essayer de la convaincre de rester avec lui ; il était confiant, bien sûr, mais si les choses étaient claires de suite, ce serait autant de temps de gagné. D'ordinaire, Aaron ne prévoyait rien : il agissait au fil de ses envies, ce qui du reste le menait bien souvent dans des situations délicates. Mais encore une fois, ce soir-là, le Sigma Mu avait envie de faire les choses différemment ; car après tout, il était déjà en train de manger une gaufre avec une jeune fille dont il ignorait jusqu'au prénom et qui, un instant plus tôt, s'était jetée dans ses bras en pleurant. Donc côté routine, c'était plutôt raté.
Mais ce qu'il lui promettait n'était pas du vent : il savait qu'il était capable de lui faire oublier, au moins temporairement, ce qui la faisait souffrir, qu'importe ce que c'était ; d'ailleurs, il avait déjà commencé. Pour un soir, il lui proposait d'être le compagnon idéal, celui qui la ferait rire, qui apprendrait à la connaître, qui lui ferait découvrir des endroits de Miami dont elle ne connaissait pas l'existence, en un mot, de lui offrir tout ce qu'une fille pouvait espérer de son compagnon, à la seule différence qu'il n'était pas vraiment le sien, et que dès le lendemain, elle ne serait plus qu'un souvenir pour lui. S'agirait-il de jouer un rôle ? Pas vraiment, puisque le jeu faisait partie intégrante de sa personnalité : il n'était lui-même que lorsqu'il avait ce genre de relations, authentiques et artificielles à la fois, avec son entourage. Alors il attendait, la main tendue, et, étrangement, une part de lui espérait réellement que la jeune fille la saisisse.

Code by AMIANTE

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyDim 14 Avr 2013 - 14:16

Aaron and Hope



Qu’est-ce que je fais aux autres ? Pourquoi tous ces inconnus ont le réflexe de venir vers moi ? J’ai l’impression d’être un aimant diabolique. Je suis le champignon vénéneux qui utilise les couleurs les plus visibles pour être repéré parmi les autres, attirer l’œil. Appétissante à première vue et remplie de poison, l’amanite n’a aucune pitié envers son consommateur. Elle est là, mortelle et pourtant si attirante comme une sirène attirant un marin dans l’eau pour le dévorer. Je me nourris de ces présences. Ma tristesse, ma détresse, ma peine et mes douleurs attirent les âmes compatissantes et après quelques jours en ma présence, elles succombent d’une manière ou d’une autre. Je suis nocive et finalement plus dangereuse qu’il n’y parait. Il ne doit y avoir rien d’humain en moi pour que je puisse encore agir ainsi. Malgré toutes les chutes autour de moi, je ne m’arrête pas et continue mon petit manège. Et si, sans m’en rendre, je faisais ça exprès ? Comme si mon cœur s’était noirci et me faisait faire les pires atrocités. Sous mes apparences fragiles se trouve peut-être un être sombre et cruel, petite voix que je me refuse à entendre et à qui, pourtant, j’obéis.

Lui, ce jeune homme plutôt fort et à la présence rassurante, comment est-il arrivé ici ? Par qui ? Par quoi a-t-il été poussé vers moi ? Ai-je fais quelque chose de particulier ? Avais-je remarqué son regard translucide de l’autre côté de la rue ? Avais-je tout calculé à l’avance ? Cela semble impossible et pourtant… Pourtant je me pose cette question et commence à nouveau à croire que tout est de ma faute. « Je crois que tu réfléchis beaucoup trop…» Sa voix tranche le fil de mes pensées de la même manière qu’une lame acérée. Mes yeux se plongent à nouveau dans les siens. Réfléchir… Je ne fais que ça. Peut-être que c’est ce qui ne me réussit pas. Peut-être est-ce justement ce qui cloche moi. Je réfléchis trop… Je me pose trop de questions. Mais comment faire autrement ? Je n’ai jamais réussi à agir librement sans penser aux conséquences et aux éventualités. Je calcule tout le temps tout ce que je fais. Je vis dans le passé en imaginant ce qui aurait pu ou n’aurait pas pu être. Je rêve tout le temps et m’imagine une vie sans ennuis. Je me parle plus à moi-même qu’aux autres. Mes pensées se traduisent généralement par des larmes, de la musique ou des gestes. J’ai oublié ce qu’était la communication. Je vis dans un monde interne dans lequel personne n’arrive à s’insinuer. Il n’y a que moi, mes remords et mes doutes. J’ai peur de tout mais surtout de l’avenir. En fermant les yeux, je m’assure d’être saine et sauve la seconde d’après ou bien de ne pas voir en face le problème arriver.

Le jeune homme reprend la parole en m’avouant qu’il n’attend rien de moi. Ne lui devoir aucun compte… Cela semble si incroyable. Non, ce n’est pas le mot le plus correcte. Disons que c’est surprenant. Parce que s’il m’aide à me sentir mieux, quoi qu’il puisse en dire, je lui devrais ça. S’il me sauve de ma misère, je ne peux pas lui tourner le dos et l’oublier. Je n’oublie rien. Enfin… Si. C’est mentir de dire que chaque détail ne passe pas inaperçu. C’est en regardant un film plusieurs fois que l’on aperçoit certaines subtilités. La vie, elle, on ne la vit justement qu’une fois. On ne peut pas faire marche arrière et recommencer du début. Il n’y a ni plusieurs prises, ni metteur en scène. Il n’y a que nous et nos yeux pour voir, nos âmes pour ressentir.
J’ai des comptes à rendre avec la vie. J’ai dû beaucoup trop abuser d’elle, alors il y a le prix à payer. Elle n’a aucune pitié. Pourquoi ce garçon en aurait-il ? Peut-être qu’il dit ça sans réfléchir. Ça fait si bien de dire que c’est gratuit. Mais rien n’est gratuit dans la vie. Tout à un prix. Et nous sommes toujours obligés de le payer.

« Ah et : ne t’excuse plus jamais. Pas à moi, en tout cas. Tu vaux mieux que ça. » Alors qu’il m’offre un sourire, j’ai l’impression de faire face à un étranger, quelqu’un qui ne parle pas ma langue. Qui est-il ? Est-il seulement humain ? Je n’ai plus confiance en l’humanité. Nous sommes tous dressés pour trahir et désirer toujours plus. Pourtant, lui, il semble à part comme s’il débarquait d’un autre monde. Ou bien, encore une fois, il dit ça pour me faire plaisir. Il me balance une phrase toute faite pour m’appâter comme une mouche sur du miel. Et ça marche. Je me sens obligée d’accepter. Comment dire non à une telle proposition ? Cela semble si parfait, si idyllique. Suis-je bluffée par un maitre de l’illusion ? Ou bien est-il sincère et sans arrière-pensée.
Son pouce vient délicatement effleurer ma peau humide. Il me prit alors par la taille, me forçant ainsi à le suivre dans une direction inconnue. Voilà bientôt trois ans que je viens dans cette ville et je n’en connais toujours pas les recoins. Je me laisse guider comme un pantin. Je suis une petite fille dont on vient d’attraper la main. On me dirige, on m’emmène sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Mais je n’en suis pas moins libre pour autant. J’ai simplement accepté d’être sous cette autorité. Il ne s’agit pas d’une obligation. J’ai accepté de le suivre. Enfin… C’est ce dont j’essaye de me persuader.


Tu réfléchis beaucoup trop…
Les mots qu’il a employé il y a de cela quelques minutes retentissent en moi. Je dois arrêter de réfléchir. Je me pose beaucoup trop de questions sur ce que je suis, ce que je veux, ce que je fais… Il faut que je stoppe tout ça. Ne serait-ce qu’un court moment ! Je dois lâcher prise et me laisser emporter par le courant. Je dois arrêter le combat contre cette force plus forte que moi. Je ne gagnerai pas, alors pourquoi s’acharner ? La réponse ne me sautera pas aux yeux lors d’un long monologue interne. Quand on cherche assidument un objet perdu, on ne le trouve pas. C’est en faisait tout autre chose qu’il apparaît. Alors peut-être que me laisser emporter le temps d’une soirée m’aidera à trouver ce que je cherche depuis si longtemps. La sérénité fera son apparition et je rigolerai en repensant à mes questionnements.

J’avance alors avec ce jeune homme à mes côtés. « Tu dois vraiment venir d’une autre planète pour parler à une inconnue. Qui fait encore ça de nos jours sur Terre ? Ce n’est pas plutôt du chacun pour soi ? » J’esquisse un petit sourire timide. Mon ton n’est ni accusateur, ni sceptique. Ma voix oscille plus dans un ton presque amusé. Que fait-il là ? « Et en plus, pour proposer une gaufre…» Ma dernière gaufre remonte à… J’essaye de me souvenir précisément de l’instant et pourtant aucun souvenir ne remonte. Je crois qu’elle doit dater de l’époque où j’habitais encore à Londres avec mes parents, avant que le scandale n’éclate. Je devais sans doute avoir douze ans, peut-être même moins. Ma dernière gaufre a donc plus de six ans. C’est peut-être moi, finalement, celle qui vient d’une autre planète.

Un vendeur apparaît dans mon champ de vision. Je me souviens vaguement du goût. Je me demande pourquoi une gaufre. Un café, ça aurait été beaucoup plus simple. Et puis, je ne suis pas vraiment une grande mangeuse. À une époque, j’étais très gourmande. Il n’y avait pas un pâtissier à Miami qui n’avait pas reçu ma visite. Mais je ne me suis pas offert ce genre de plaisir depuis si longtemps, que je n’en vois plus l’intérêt.


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyDim 7 Avr 2013 - 21:03

Si je disparaissais...
Hope & Aaron




Elle ne l'avait pas interrompu une seule fois. Que pensait-elle ? L'écoutait-elle seulement ? Était-il simplement en train de se ridiculiser ? Si seulement Aaron avait pu être voyant, juste un instant, quelques minutes tout au plus, pour pouvoir pénétrer les arcanes troubles de ses pensées... Il était là, face à elle, le bras tendu dans l'espoir absurde qu'elle s'en saisirait, et il n'avait pas la moindre idée de ce qui se déroulait dans l'esprit de l'inconnue. La seule chose qu'il voyait, en cet instant précis, c'était la confusion qui régnait dans ces iris opalescents, c'étaient les sillons qu'avaient laissés les larmes en coulant sur sa peau nivéale. Il attendait. Que pouvait-il faire d'autre ? En l'abordant en premier lieu, il avait brûlé ses vaisseaux : maintenant, il fallait se battre.
Car c'était une véritable lutte qui semblait avoir lieu dans l'âme de la jeune fille, une lutte intestine entre elle-même et sa conscience. Un instant, Aaron faillit se rétracter : après tout, elle ne le connaissait pas, et allait peut-être croire qu'il souhaitait profiter de sa vulnérabilité. Ce ne serait du reste pas tout à fait faux : en un sens, il profitait de son état de faiblesse pour se tester lui-même, pour voir ce qu'il pouvait faire de son nouvel état d'esprit. Mais il exécrait cette agitation intérieure auquel il assistait si souvent en regardant ses contemporains. Était-ce donc si difficile d'être en paix avec soi-même ? Tout autour de lui, les gens semblaient être pris dans un maelström perpétuel, une tornade qui semait le chaos dans leurs pensées, qui embrasait leurs sentiments pour finalement les immoler tout entiers. Rien n'était simple pour personne. Sauf pour lui. Aaron avait su s'affranchir de ces questionnements – et s'ils avaient resurgi ce soir-là, il était confiant : il parviendrait un jour à s'en libérer totalement. Et d'une certaine manière, c'était grâce à cette inconnue.

Elle ne pleurait plus. Heureusement, car le Sigma Mu n'aurait pas supporté de nouvelles larmes ; comment pouvait-on agir normalement lorsqu'une fille pleurait devant soi ? Aaron essayait d'ordinaire d'éviter ce genre de situations – et il s'en sortait plutôt bien jusque-là.
Enfin, l'inconnue lui répondit. Un simple « Ok… Une gaufre… », qui avait pourtant un sens particulier : c'était l'aboutissement d'un long processus mental, et Aaron sentait que cela représentait déjà un effort colossal pour la jeune fille. Il ne lui en demanderait pas davantage.
Mais même ainsi, il lui semblait que son interlocutrice n'était pas tout à fait encline à le suivre ; elle hésitait encore, se posait des questions, tout du moins.

- Pourquoi moi ? Je… Tu perds ton temps.

Elle secoua la tête, et recula d'un pas :

- Désolée…

Aaron l'observait, impassible. Il était, de manière peut-être un peu malsaine, fasciné par ce qui se déroulait devant ses yeux. En l'espace de quelques secondes, la jeune fille avait pris une décision, l'avait remise en question, et était revenue dessus. Comme si une course effrénée avait lieu dans son esprit, entre les deux facettes opposées de sa personnalité - l'une qui voulait un nouveau départ, et l'autre qui s'accrochait désespérément à un présent douloureux. Vraiment fascinant...
A présent, elle le regardait – le dévisageait presque – comme si elle venait seulement de remarquer sa présence. Aaron demeura silencieux un moment, songeur, avant de répliquer :

- Je crois que tu réfléchis beaucoup trop...

C'était sans aucun doute un des défauts majeurs de l'humanité. Les gens réfléchissaient. Et ils réfléchissaient n'importe comment. Ils pesaient le pour et le contre, contemplaient toutes les conséquences possibles de leurs choix, s'embourbaient dans des considérations turbides, et, pendant ce temps-là, ils ne vivaient pas. Ils n'étaient alors que l'ombre de leur propre conscience, de vulgaires ersatz d'êtres humains. Le Sigma Mu refusait d'être ainsi perclus, et tentait au contraire au quotidien d'arrêter de réfléchir, et d'agir.
Il ne s'était jamais vu dans le rôle du héros. Beaucoup de jeunes hommes autour de lui se complaisaient dans cette attitude de sauveur, de chevalier servant : on aurait dit qu'ils cherchaient les filles les plus désespérées, aux vies les plus tragiques, pour pouvoir les en sortir. Aaron avait le comportement inverse : ces âmes en ruine, ces épaves déliquescentes, il les fuyait comme la peste.

Alors, comme elle le disait elle-même : pourquoi elle ? Le savait-il seulement ? Aaron chassa cette pensée de son esprit. Il ne voulait pas le savoir. Tout ceci n'était qu'une coïncidence, un hasard - heureux ou non, il ne pouvait encore l'affirmer. Tout ce qu'il savait, c'était que curieusement, il n'avait pas envie de la laisser repartir. La voix de sa conscience lui disait que cela serait irresponsable de l'abandonner dans cet état ; et il était vrai que, dans un sens, et pour la première fois depuis des années, être responsable de quelque chose ou, dans ce cas précis, de quelqu'un, ne lui apparaissait pas comme un fardeau, mais comme, disons, une expérience enrichissante. Mais par-dessus tout, il sentait quelque chose vibrer dans cette inconnue, comme si une partie d'elle-même cherchait à se battre tandis que l'autre se noyait. La vérité, c'était qu'elle l'intriguait, et qu'il ne pouvait pas la laisser partir comme cela. Alors il reprit la parole :

- Je 'perdrais mon temps', comme tu dis, si j'attendais quelque chose de toi. Ce n'est pas le cas, tu ne me dois aucun compte.

Il se tut un instant ; c'était là ce qu'il reprochait le plus aux hommes : demander des comptes aux autres. Sans cesse, attendre quelque chose des autres, une certaine conduite, des valeurs morales, tant d'autres choses encore, comme s'ils avaient une autorité quelconque sur eux. C'était la raison principale de son propre renoncement à toute relation solide : attendre de lui un certain comportement, c'était affecter sa liberté et sa dignité. Les deux seules choses qu'on ne pouvait pas lui ôter, comme il l'avait dit quelques instants plus tôt. Cette jeune fille, il ne la connaissait pas encore, mais il avait eu l'impression qu'elle l'avait malgré tout écouté, qu'elle avait peut-être compris où il voulait en venir lorsqu'il lui avait fait son récit. Il ne voulait pas profiter de sa vulnérabilité pour lui inculquer ses idées, mais il tenait à ce qu'elle sache que tant qu'elle serait avec lui, elle pourrait agir librement et être fidèle à elle-même, sans conditions.

Il reprit :

- Ah et : ne t'excuse plus jamais. Pas à moi, en tout cas. Tu vaux bien mieux que ça.

A ces paroles sibyllines, il esquissa un nouveau sourire – décidément, cette soirée n'était pas comme les autres – et essuya du pouce une larme qui perlait encore sur la joue adamantine de la jeune fille, avant d'ajouter :

- On y va?

Il ne lui laissa pas le temps de refuser. Elle avait déjà reculé une fois, il était hors de question qu'il la laisse partir maintenant. Il passa donc autoritairement son bras autour de sa taille et exerça une légère pression pour la faire avancer.


Code by AMIANTE

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyDim 7 Avr 2013 - 14:36

Aaron and Hope



Je ne suis rien. Je suis qu’une infime partie de cet univers. Un grain de sable incapable de choisir ce qui peut lui arriver, incapable de bouger, de décider par lui-même. Je suis cette fine poussière qui se déplace au gré des vents et marées. Je n’ai pas mon mot à dire et je ne l’aurais jamais. Je dois accepter le sort qui m’est réservé.
On a tous ressenti, à un moment de notre vie, cette impression d’être plus fort que tout. On croit alors que le monde est à nos pieds et qu’il nous offre toutes ses possibilités. C’est faux. Nous ne sommes rien de plus que des particules. Le monde se fout de nous. Il continue d’avancer et nous le suivons. On ne choisit rien, on subit. On peut se bercer d’illusion, on peut croire à n’importe quoi… La réalité est toujours présente. Le monde avance. Avec ou sans nous. Il continue d’avancer.
Je n’ai pas envie de me bercer à nouveau d’illusions. Je veux me sentir toute petite. J’ai conscience de ce que je suis. Je sais que tout le monde se moque de savoir si je suis heureuse ou malheureuse. C’est chacun pour soi. On ne s’entraide pas. On ne se retourne pas. On ne voit pas ce qui nous entoure. On vit pour finir broyer dans l’Univers.
Seulement, je veux faire partie d’un sous-univers. Une petite bulle allant à son rythme. Une planète gravitant dans le système, régie par des lois mais ayant les siennes. Il y en a des tonnes. Il suffit juste de trouver des personnes avec qui s’allier. À plusieurs, sommes-nous vraiment plus fort ? Je ne sais pas vraiment… Mais j’ose croire. J’ose penser qu’en serrant cet homme dans mes bras, je pourrais trouver mon univers. Endroit dans lequel je pourrais me sentir enfin un peu plus légère. Je ne demande pas à ce que cela dur éternellement. Je désire simplement quelque seconde de réconfort. Je ne veux plus être ce grain de sable isolé. Je veux sentir que je ne suis pas seule, que nous sommes des millions, que nous nous entrechoquons… C’est parfois douloureux, involontaire, désagréable. Mais nous sommes plusieurs. Indépendants et unis. Minuscules mais nombreux. Faibles et solides.

Mes paupières se ferment au moment où je colle ma tête contre le torse du jeune homme. J’essaye de retrouver mon calme. Je sens ses bras m’entourer légèrement. J’ai alors la sensation de n’être qu’un oisillon. Je ne veux pas m’envoler. J’ai peur de sauter de ce tremplin. Qu’arrivera-t-il ? Pourrais-je battre des ailes moi-même ? Y aura-t-il ce déclique en moi ? Ou vais-je voir le sol se rapprocher dangereusement ? J’ai l’impression de l’avoir déjà touché. Je me suis écrasée et j’agonise désormais.
La nuit, quand je me réveillais en sursaut, il y avait toujours quelqu’un pour m’enlacer. C’était la seule façon de m’apaiser. J’écoute les battements de son cœur. Cette douce mélodie régulière comme le tempo d'un métronome.
L’inconnu se mit à parler. Je m’accroche alors à sa voix comme si ma vie en dépendait. Je n’entends que lui. Je bois ses mots. Je ne bouge pas pour autant.
J’ai l’impression d’entendre un discours sorti tout droit d’un film ou de je ne sais où. Il semble si sage, si serein. Il a l’air de savoir tout ce qu’il faut connaître. Il n’a pas peur de la vie, au contraire, il semble la voir comme un combat à mener. Ses mots dépassent tout ce que j’avais pu imaginer. Comment peut-il être certain que moi aussi je peux m’en sortir ? Qu’est-ce qui lui fait croire que la vie peut encore me procurer du bonheur ? N’existe-t-il pas des cas perdus ? Ou peut-être l’exception qui confirme la règle… Je ne veux pas le croire. Je ne veux pas me dire qu’il existe la possibilité d’une fin heureuse. Je ne mérite plus de m’en sortir. J’ai trop essayé. J’ai demandé l’aide de bien trop de personnes.

Alors qu’il nous plonge à nouveau dans le silence à la fin de son histoire, il relâche son étreinte et me force ainsi à le regarder. Je ne pleure plus. Je suis un peu plus calme. Ses mots résonnent toujours en moi comme un cri perdu en montagne. L’écho s’étend à l’infini. Il me parcourt et me transperce. Je n’aurais pas trouvé la solution… Il a l’air si sûr de lui…
Sans me quitter des yeux, il reprend la parole. Il me propose d’aller manger une glace et de faire ce dont j’ai envie par la suite. Lui et moi ? Pourquoi ? Pourquoi prend-il le temps de faire tout ça ? Je me plais à creuser ma tombe. Je suis bien dans cette prison que je me suis construite. Je suis montée en haut d’une tour dans laquelle personne ne me retrouvera. Je m’inflige les pires tortures et je vis bien avec ça. Personne ne devait prendre le temps de me sauver. Je dois être un fantôme… Je dois être une inconnue dont tout le monde se moque. Je dois être un grain de sable sans avenir, perdu dans l’Univers. Il doit partir… Il ne doit pas placer ne serait-ce qu’une once d’espoir en moi. Je ne peux pas accepter qu’il me fasse croire que tout ira bien. Je me suis déjà faite avoir… Non… Il ne peut pas… C’est tout simplement impossible ! Je…

« Alors, juste ce soir, laisse-moi t’aider. Laisse –moi t’aider à t’évader. S’il te plait…» Comment ose-t-il me faire ça ? J’ai tellement envie de lui dire oui. Après tout, si ce n’est que pour un soir… Il n’y aura rien de mal dans tout ça. Seulement, ça ne se passe jamais comme prévu. Un soir va donner lieu à un deuxième. Il ne m’aidera pas que ce soir. Je m’évaderai dans un oasis. Et du jour au lendemain il disparaîtra. Comme les autres… Et alors tout disparaîtra. Je serais à nouveau seule dans ce désert cruel. Seule et assoiffée. S’il te plait… Je… Ne peux pas dire non. J’aimerai qu’il m’aide. J’aimerai y croire, lui donner sa chance. Me donner ma chance aussi ? Peut-être… « Ok… Une gaufre…» J’essaye de me persuader que je ne fais pas une grave erreur. Après tout, je n’ai plus rien à perdre. Je suis déjà à l’agonie. Alors même si lui aussi n’est qu’une pure illusion, il ne pourra pas me faire plus de mal. J’ai déjà atteint le maximum possible… « Pourquoi moi ? Je… Tu perds ton temps. » Je secoue la tête et m’éloigne enfin de lui. « Désolée…» Je regarde autour de nous un repère auquel m'accrocher. Quand mon regard se pose à nouveau sur le jeune homme, je le vois vraiment. Je n'avais pas remarquer la forme de son visage, la couleur de ses cheveux, ses vêtements. Je suis perdue. L'ai-je déjà croisé ? Est-il quelqu'un que je connais ou un parfait inconnu ? Pourquoi est-il s'y prévenant ?


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptySam 6 Avr 2013 - 20:55

Si je disparaissais...
Hope & Aaron




Il était là. Plus vivant que jamais, plus conscient de sa fragilité et de sa force à la fois. Présent au monde et à lui-même, il avait surmonté ses pires angoisses, celles qui le taraudaient insidieusement dès qu'il baissait sa garde. Il avait triomphé de ses démons, et pourtant, il ne s'était jamais senti aussi faible.

Car lorsqu'avec son assurance habituelle, Aaron avait pris la jeune inconnue par la main, et qu'il lui avait proposé sans détour d'aller se changer les idées, se disant que si elle acceptait, ce serait positif pour tous les deux, et que dans le cas contraire, il la laisserait simplement prendre soin d'elle-même toute seule, elle n'avait eu aucune des réactions escomptées.
Jamais Aaron n'avait senti une telle distance entre une personne et lui-même. Elle était absente. Loin, très loin - trop loin, peut-être... Comme perdue... comment expliquer sinon cet air hébété qui ne quittait pas son visage, cette facilité avec laquelle il avait pu la tirer par la main vers le trottoir ? Ce n'était pas une personne consciente qu'il avait abordée, mais une poupée de chiffon... Et cette sensation était insupportable à Aaron. Il ne pouvait pas, ne devait pas avoir du pouvoir sur qui que ce soit. Oui, bien sûr, il se plaisait à manipuler des gens, à en faire des pantins sans autre but que son divertissement personnel. Mais au fond, la seule chose qui l'empêchait de haïr tout à fait l'humanité était une foi inébranlable en la liberté de chacun. Si les gens étaient libres et qu'ils se laissaient manipuler, c'était leur problème : ils étaient faibles, voilà tout. Mais là, c'était différent. Cette jeune fille à la robe opaline et à la peau translucide n'était pas libre. Il aurait pu lui faire faire n'importe quoi sans qu'elle émette la moindre résistance. Néanmoins, ce qui préoccupait le plus Aaron, c'était l'idée captieuse qui germait peu à peu dans son esprit : il aurait pu être à sa place. En ce moment même, il aurait pu être écrasé sous la douleur, réduit sous une apparence humaine à du non-être, à une absence incommensurable. Et cela le terrorisait.

Alors, lorsque la jeune inconnue leva les yeux vers lui, semblant prendre enfin conscience de sa présence, et demanda d'une voix rauque « Pardon ? », Aaron se figea. Il n'aurait jamais dû l'approcher. Tout ceci était une erreur – une erreur de débutant. Chacun devait porter son propre fardeau, sans le partager avec les autres ; Aaron avait toujours été autonome, « auto-suffisant », en un sens. L'affliction dans laquelle se trouvaient les gens autour de lui ne l'avait jamais touché plus qu'il n'était raisonnable, et il s'était érigé dans le cœur une forteresse qu'il pensait imprenable. Personne ne pouvait entamer son mur de défense. Il devait partir, dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Mais il n'en eut pas l'occasion. La jeune fille se jeta dans ses bras.
Pourquoi faisait-elle cela ? N'avait-elle pas vu que ce ne serait pas auprès de lui qu'elle trouverait du réconfort ? Il ne lui avait pas demandé ce qui n'allait pas, il ne s'était pas enquis de savoir quel était son nom et son adresse, pour la reconduire chez elle.
La vérité, c'était qu'il était incapable de faire face à la misère de l'existence humaine avec l'aplomb qui le caractérisait. Voir toute cette souffrance autour de lui minait ses défenses et entravait sa progression. Alors, la plupart du temps, il faisait semblant de ne pas la voir. S'il était capable de se débrouiller tout seul, n'importe qui pouvait le faire, à force de persévérance et de volonté.
Et pourtant... pourtant, la détresse de cette inconnue ne le laissait pas indifférent ; ou plutôt, elle ne lui avait pas laissé le choix : elle la lui avait mise sous les yeux, sans compromis. Et maintenant, c'était trop tard : il s'était trop avancé, il ne pouvait plus reculer. Devant lui se trouvait un précipice, et, derrière lui, la pointe d'une épée effleurait sa nuque.

Aaron referma donc les bras sur ce petit corps fragile. La jeune fille était dans un tel état de désespoir qu'il avait l'impression que s'il la serrait un peu trop fort, elle allait voler en éclats. Il demeura silencieux un moment – quelques secondes, plusieurs minutes, il n'en savait rien. Il avait seulement conscience des battements de cœur précipités de l'inconnue, de sa propre respiration, et d'un silence autour d'eux qui n'existait pourtant pas ; ils étaient comme dans une bulle impénétrable qu'ils avaient eux-mêmes forgée. Mais cela ne pouvait pas durer éternellement.

Alors le Sigma Mu prit la parole, à mi-voix, sans desserrer son étreinte. Il ne voulait pas revoir ces grands yeux céruléens emplis de larmes – cela le déstabiliserait.

- Ecoute-moi bien. Je n'ai aucune idée de ce que tu as vécu – et je ne veux pas le savoir. Ta vie ne doit pas être facile, et je dois dire que ça ne me surprend pas... Mais ce que je sais, c'est que personne ne mérite de souffrir comme ça. Ou plutôt, tout le monde mérite de s'en sortir. Aaron se tut un moment, ordonnant ses pensées. Il n'était pas doué pour faire ça. Cela lui demandait bien plus de courage qu'on ne pouvait le croire. Et ça, tu peux le faire. Ta vie est ce que tu en fais ; si elle est une pute, arrête de la payer. Arrête de lui demander de te procurer du bonheur, et attends qu'elle le fasse d'elle-même, ou provoque-la pour qu'elle t'en donne. Parce que si l'on peut te prendre ton bonheur, il y a deux choses que personne ne peut te retirer : ta dignité et ta liberté. Laisse-moi te raconter une histoire... Aaron inspira profondément. Il n'était pas conteur ; lui, il écoutait, il lisait – il dévorait tous les ouvrages qui lui passaient sous la main depuis sa plus tendre enfance. Et voilà qu'il passait du statut de narrataire à celui de narrateur. Il avait l'impression d'être un funambule, lancé au-dessus du vide sans filet. En l'an 1500, une femme était enceinte, mais elle n'arrivait pas à accoucher : treize sages-femmes avaient tenté de l'aider, mais le verdict des médecins était sans appel : elle ne pouvait accoucher par voie naturelle. Alors son mari décida de tenter le tout pour le tout : il lui ouvrit le ventre et en tira l'enfant, avant de recoudre le ventre : la mère et l'enfant étaient en bonne santé, et le mari, Jacques Nufer, venait d'inventer la césarienne. Aaron fit une pause dans son récit. La jeune fille ne voyait sans doute pas où il voulait en venir. Aaron le rhéteur, le dandy éloquent, avait l'impression d'être un roi qui improvisait son discours d'intronisation : dérouté, et peu convaincant. Mais il reprit malgré tout la parole ; car ce qu'il disait avait du sens. Si tu n'arrives pas à trouver ce que tu cherches dans ta vie, c'est sans doute que tu n'as pas encore trouvé le moyen d'y parvenir. Mais ce moyen existe, et en puisant dans tes ressources, en t'appuyant sur ce que tu sais faire, tu arriveras à être heureuse. Je te promets que tu y arriveras...

Le jeune homme desserra enfin son étreinte, et regarda la jeune fille dans les yeux. Avait-il dit des banalités ? Probablement. Il avait la sensation désagréable d'être un acteur de série B américaine. La notion même de "bonheur" était absurde à ses yeux : ce n'était qu'une construction humaine, une platitude galvaudée. Qu'importe : pour la première fois de sa vie, il essayait réellement de réconforter quelqu'un. Il errait en territoire inconnu, mais au moins, il avançait.

-  Alors voilà ce qu'on va faire. Pour commencer, on va aller manger cette gaufre. Je ne plaisante pas, tu es livide, il faut que tu manges quelque chose. Et ensuite, on ira où on voudra. Regarde autour de toi ! Cette ville est magnifique, il y a mille-et-une choses à faire ; en tout cas, il y a sans doute bien plus intéressant à faire que de rester une heure au milieu de ce trottoir, tu ne crois pas ? ajouta-t-il dans une tentative d'humour un peu faiblarde.

Aaron esquissa un sourire engageant, et tendit à nouveau son bras à la jeune fille :

- Alors, juste ce soir, laisse-moi t'aider. Laisse-moi t'aider à t’évader. S'il te plaît...

Et ces derniers mots étaient la preuve irréfutable du chemin parcouru par le Sigma Mu. Il n'avait pas seulement proposé son aide : il avait demandé à ce qu'elle soit acceptée - supplié, presque. Et il avait employé le pronom "on" naturellement, signifiant ainsi à son interlocutrice qu'il ne comptait pas la laisser toute seule. Lui qui avait souhaité l'abandonner, il y avait de cela seulement quelques minutes, était prêt à rester toute la soirée avec elle, si elle lui en laissait l'opportunité.
Code by AMIANTE


Dernière édition par Aaron Gray le Mer 13 Nov 2013 - 21:45, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptySam 6 Avr 2013 - 16:36

Aaron and Hope



« Pearl ! Je suis la psychologue. Je suis ici pour te parler de tes parents. » La femme portait un tailleur gris. Ses cheveux étaient plaqués et reliés en un chignon parfait. Son regard sombre dardait la petite fille frêle. Recroquevillée sur elle-même la blondinette leva ses yeux bleus vers la psychologue. Elle en avait vu pas mal défiler depuis le début de l’affaire. Elle se sentait souvent moins bien en leur présence. Comme s’ils voulaient lui faire dire ce qu’elle cachait… Que voulait-elle ? Quel jour étions-nous ? Pearl se sentait décalée de la réalité. Elle n’avait jamais ressenti cette sensation mais l’école lui manquait. Quand tout cela allait-il prendre fin ? Voilà trois mois qu’elle passait ses journées enfermées dans une vieille maison écossaise. Londres semblait inaccessible. Les policiers faisaient sans cesse des rondes devant la maison. Ils parlaient entre eux de choses qu’elle n’arrivait à comprendre. Elle, la petite fille de quatorze ans. Elle avait fini par comprendre son rôle. Elle allait changer, d’une certaine façon, l’ère meurtrière qui régnait sur le pays. Aider à faire tomber le plus gros réseau mafieux à l’aide d’un témoignage, de photos… « Pearl, tu m’écoutes ? » La demoiselle releva la tête. Elle avait complètement oublié la femme présente à ses côtés sur le canapé. « Pearl… Je sais que c’est une nouvelle qui risque d’être dure pour toi. Mais…. T’es parents ont eu un grave accident de voiture en voulant nous rejoindre hier. Ils sont morts sur le coup…» Les autres mots se dispersèrent dans l’univers. La demoiselle n’écoutait plus. Son cœur se brisa. Une brèche immense s’ouvrit ce jour-là.


Mon cœur s’emballe. J’ai l’impression de revivre ce que je voudrais oublier. J’ai perdu mes parents alors que j’étais encore trop jeune. J’aurais voulu être dans cette voiture ce jour-là. J’aurais tellement souhaité rester avec eux à jamais.


« Mademoiselle… Vous m’entendez ? » Le plafond trop blanc dérouta la jeune femme. Elle se sentait comme écrasée d’un énorme poids. Elle n’avait qu’une envie, dormir. Pourtant elle savait qu’il fallait qu’elle lutte. À droite apparu un médecin. Il semblait avoir une quarantaine d’année, un sourire agréable mais son regard était inquiet. « Mademoiselle, vous avez eu un grave accident de voiture. » Alors qu’il semblait hésiter à continuer, Hope se souvint du voyage au Texas. Elle regarda autour d’elle sans y voir la présence de celui qu’elle chérissait. « O…Où est Warren ?» Un silence s’installa dans la chambre de la patiente. Elle s’était réveillée après un long moment. Son visage était couvert d’égratignures mais sa plastique n’avait pas trop souffert. Le médecin hésitait à répondre ce qui eut pour don d’agiter la blonde. Elle reposa la question tout en tentant de se redresser. L’homme pivota sur lui-même comme pour vérifier que personne ne le surveillait. Ou peut-être, au contraire, pour cherche du regard un soutient. « Toutes mes condoléances, il est décédé suite à ses blessures. »


Pourquoi ce ne doit arriver qu’à moi ? Qu’ai-je donc fait ? Je ne méritais pas ça. Je ne devais pas subir ça. Je n’ai jamais voulu faire le mal autour de moi. Je suis finie. Complètement fini. J’avais la possibilité de mourir dans cette voiture. J’aurais dû mourir ! Et pourtant je suis là, en plein milieu de la rue. Je suis seule. Complètement seule. J’ai l’impression de me noyer. Je sens qu’il n’y a plus d’air autour de moi. Mes poumons en ont besoin et pourtant je n’en trouve plus. Je suis dans une bulle sans oxygène. Je me noie. J’ouvre la bouche. J’aspire. Rien ne vient. Je suffoque. Je m’étouffe. Mon cœur s’emballe. Je crois mourir dans cette rue. J’ai besoin d’air. J’ai besoin de bras dans lesquels me blottir. J’ai besoin d’être en contact avec de la chaleur humaine. J’ai l’impression que mon corps a cessé de vivre. Il se refroidit à la vitesse où mon cœur lui ralentit. Je veux mourir. Épargnez-moi un autre cauchemar.

Une main glissa dans la mienne et m’emporta. Je ne voyais plus. Mon cœur si douloureux m’aveuglait. Je ne parvenais à savoir ce qu’il se passait. Est-ce mon imagination ou la réalité. Je perçois cette voix masculine mais je n’ose la croire réelle.
Je laisse alors cette présence m’emporter. Quelle soit réelle ou non, elle ne pourra me faire plus de mal que ce que je subis déjà. Elle ne pourra m’emmener dans un lieu pire. Il n’y a plus ni bien ni mal dans ce monde. Ce n’est juste qu’un vaste enfer dans lequel la souffrance, la douleur et les peines ne sont même plus à dénombrer. Je ne pourrais m’en sortir seule, pourtant je ne veux pas d’aide. Alors cette personne… Peu importe où elle m’emmène, du moment qu’elle m’y emmène. C’est peut-être le destin. Cette main qui se glisse dans la vôtre et vous fait prendre un chemin. Si seulement il existait… Le Destin. Ce n’est qu’une vulgaire invention. Car le destin supposerait qu’il ait la conscience de choisir entre les milliers de combinaisons possibles pour tous les individus de la terre. Que ce soit le fait de porter une cravate rouge le matin ou de mourir d’une commotion cérébrale dans un accident de voiture. Ou de survivre. Les gens se plaignent du Destin comme ils se plaignent de la météo. Le Destin est une divinité qu’il nous plait d’y croire quand on est au plus bas, quand on veut rejeter la faute sur quelqu’un. Ce quelqu’un n’existe pas. Comment pourrait-il ? Comment pourrait-il choisir de laisser mourir certains êtres ? Selon quel principe ? Le bien ?

« Viens, on va manger une gaufre. » Le ton est simple, la voix grave. Mon esprit tente de revenir à la réalité. Je lève alors les yeux vers cette figure sortie de nulle part. Je le vois pour la première fois. C’est comme si, depuis qu’il était entré dans ma bulle, il n’avait pas pris une forme réelle. Un homme, jeune, grand, brun.
J’ai l’impression d’être envahi d’hallucination. Ai-je bien entendu ? Je n’en suis même pas sûre. « Pardon ? » Ma voix éraillée sort avec difficulté. Quelle heure est-il ? Combien de temps ai-je passé à marcher ? Où m’a-t-il emmené ? Que me veut-il ? Est-ce que je le connais ? Il pourrait être mon frère, je ne saurais même pas le reconnaître. Bon… Je n’ai pas de frère mais… Le principe est là. Je ne suis même plus capable de me souvenir avec précision les visages de mes parents. J’ai bien une photo mais… C’est comme s’ils étaient devenus deux étrangers. Je ne me souviens plus du son exact de leurs voix, de leurs rires, des parfums qui régnaient dans notre maison. Je ne me rappelle plus comment était rangée ma chambre. J’ai l’impression qu’ils s’effacent de ma mémoire progressivement et c’est affreux. C’est insupportable. J’ai l’impression d’être une mauvaise personne.

Mes larmes remontent à nouveau à la surface. Mon cœur s’alourdit et sans réfléchir je viens serrer l’homme de me bras. J’ai besoin que pour une fois, quelqu’un prenne soin de moi.


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyLun 1 Avr 2013 - 16:34

Si je disparaissais...
Hope & Aaron




Aaron marchait.
Il marchait car s'il s'arrêtait, il devrait se retourner, et Orphée perdrait son Eurydice pour la seconde fois... Il descendait la rue à grandes enjambées, le regard fixe, comme absent au monde, et trop présent à lui-même.
Car il avait beau marcher à présent, il s'était arrêté. Après avoir cheminé trois longues années, sillonnant les routes que les pionniers avaient foulées en leur temps, goûtant aux délices d'un voyage perpétuel... Nothing behind me, everything ahead of me, as is ever so on the road.... Ce jour-là, alors qu'à ses oreilles bourdonnait la clameur de la ville, qui, organique, exhalait son souffle fétide au rythme des klaxons, ce jour-là et plus que jamais, il s'apercevait de son erreur. Il s'était arrêté. Pourquoi diable avait-il fait cela ?

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.

Aaron se figea. Cette phrase venait de refaire surface, sortie de nulle part, dans son esprit. Un extrait de la Divina Commedia de Dante, que son père lui lisait le soir lorsqu'il était petit. Ces mots, il les avait entendus si souvent qu'ils avaient intégré son être dans sa quintessence ; après toutes ces années passées à les étouffer, à les étrangler, à les réduire au silence, il n'était parvenu qu'à les retrancher dans son for intérieur. Pourquoi revenaient-ils aujourd’hui ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas seulement le laisser aller de l'avant ? Pendant toutes ces années, il avait vécu en regardant l'avenir droit dans les yeux, en le défiant constamment. Son passé faisait partie de lui, il l'avait accepté pour mieux le dominer. Alors pourquoi son esprit s'emplissait-il soudain d'amertume ?

Le jeune homme secoua la tête et se ressaisit. Cela ne lui était jamais arrivé d'avoir des remords jusque-là ; ce n'était qu'un instant d'égarement. Il avait eu de bonnes raisons de poser ses bagages à Miami. Pour mieux apprécier le voyage, il fallait parfois quitter la route un moment.
Mais lorsqu'il s'était arrêté ici, il avait prévu de rester deux, trois ans maximum. Cela faisait bientôt cinq ans qu'il était là. Cinq années passées dans un détachement si complet par rapport aux gens qui l'entouraient qu'il était persuadé de pouvoir repartir dès que le cœur lui en dirait. Il était seul maître de son destin, sa liberté ne dépendait que de lui-même. Aaron se remit à marcher.

Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!

Tant’è amara che poco è più morte.

Ignorer cet appel. Cette voix, c'était son père qui le narguait ; il ne pouvait pas le laisser gagner. Il avait eu raison de s'arrêter à Miami, raison de poursuivre ses études, d'apprendre de la société ; ce qu'il en avait vu l'avait conforté dans son idée que l'humanité était décadente, et qu'il ne trouverait son salut que dans une quête personnelle et affranchie des codes. S'il ne reprenait pas la route pour l'instant, c'était qu'il ne le souhaitait pas, et non qu'il ne le pouvait pas. Mais pourquoi donc ne le souhaitait-il pas ?

Aaron ne regardait pas où il allait. Avancer, avancer toujours plus loin, ne pas s'arrêter, ne plus jamais s'arrêter. Il était temps pour lui de repartir : il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait ici ; peu importe, il était temps de passer à autre chose.
Mais les personnes qu'il avait rencontrées ici n'étaient pas comme celles de sa vie antérieure. Il ne pouvait pas les chasser de ses pensées, pas entièrement. Au lieu d'être des portraits supplémentaires dans la galerie qu'il avait lentement forgée dans sa mémoire, ils avaient des noms, des qualités, des défauts, des adresses, autant de propriétés qu'il ne pourrait effacer si aisément. Avoir croisé ces personnes au quotidien les avait ancrées dans son esprit, leur avait donné une réalité.
Ce jour-là, Aaron prit conscience qu'il avait atteint un point de non-retour : cette prison qui l'enfermait, il l'avait lui-même construite.
Il avait franchi le Rubicon, et Eurydice était perdue à jamais.

Nec procul afuerant telluris margine summae ;
hic, ne deficeret, metuens auidusque uidendi
flexit amans oculos et protinus illa relapsa est ;
bracchiaque intendens prendique et prendere certans,
nil nisi cedentes infelix arripit auras.

Un klaxon se fit entendre, si brutal qu'Aaron leva les yeux. La voiture s'éloigna, et le jeune homme s'immobilisa, laissant son regard errer autour de lui. Il avait marché plus d'une heure. Il y avait peu de monde dans cette rue, aussi son attention fut-elle immédiatement captée par une tache lumineuse : une jeune fille vêtue d'une robe blanche se tenait debout, lui tournant le dos, comme si un peintre avait voulu ajouter un ange à sa toile infernale, pour moquer sa propre esthétique.

Io non so ben ridir com’i’ v’intrai,
tant’era pien di sonno a quel punto
che la verace via abbandonai.

Ma poi ch’i’ fui al piè d’un colle giunto,
là dove terminava quella valle
che m’avea di paura il cor compunto,

guardai in alto e vidi le sue spalle
vestite già de’ raggi del pianeta
che mena dritto altrui per ogne calle.

Allor fu la paura un poco queta,
che nel lago del cor m’era durata
la notte ch’i’ passai con tanta pieta.

Cette fois, Aaron ne repoussa pas la voix. Car celle-ci lui donnait de l'espoir. Assez étrangement, ce bruit de klaxon l'avait réveillé, et l'avait rappelé à la réalité : c'était comme si le ciel s'éclaircissait brutalement, et révélait l'orbe lumineux que les nuées avaient voilé.

Comment j’y entrai, je ne le saurais dire, tant j’étais plein de sommeil quand j’abandonnai la vraie voie, mais, arrivé au pied d’une colline, là où se terminait cette vallée qui de crainte m’avait serré le cœur, je levai mes regards, et je vis son sommet revêtu déjà des rayons de la planète qui guide fidèlement en tout sentier, alors la peur qui jusqu’au fond du cœur m’avait troublé durant la nuit que je passai avec tant d’angoisse fut un peu apaisée.

Tous ses doutes s'effacèrent à mesure que ces mots résonnaient dans son esprit, aria céleste inespéré, et un sourire imperceptible vint illuminer son visage. S'installer à Miami l'avait rendu fort ; c'était tout ce qui importait. Les remords qui l'avaient étreint seulement quelques secondes plus tôt lui semblaient à présent absurdes, comme si un malin génie avait pris possession de son corps pour l'éloigner de son véritable tempérament. Aujourd’hui, il était fort. Il n'avait besoin de personne, personne n'avait besoin de lui, et rien dans sa vie ne devait être source de contrition.

Mais cette jeune fille à la robe immaculée venait pourtant noircir le tableau. Car même s'il ne pouvait voir son visage, Aaron sentait la douleur qui se dégageait d'elle : figée comme une statue d'albâtre au milieu de la rue, elle semblait incarner tout ce que le jeune homme voulait effacer de sa vie : tourment, tristesse, et cette sorte de chaîne invisible qui entrave la progression jusqu'à l'arrêter tout à fait. Aaron venait de retrouver le sens de son séjour ici, il avait réussi à saper sa pierre d'achoppement à la racine, et voilà que cette personne inconnue se faisait captive d'une autre geôle mentale, comme il y en avait tant, tout autour de lui. Un jour ou l'autre, tout le monde finissait derrière des barreaux : certains avaient la force de s'évader, mais d'autres avaient simplement besoin qu'on les délivre.

Aaron s'approcha. L'épiphanie qu'il venait de vivre le poussait à aider cette personne qui ne l'aurait en temps normal même pas ému. Il se mit face à elle, et la regarda longuement d'un air placide. Les larmes qui perlaient à ses yeux trahissaient sa douleur ; un étau semblait lui broyer le cœur. Il eut envie de lui dire que quiconque l'avait blessée ainsi ne méritait pas tant de tristesse ; que le passé devait rester passé, et qu'il fallait regarder vers l'horizon ; que tout le monde pouvait être heureux, s'il s'en donnait les moyens, et tant d'autres phrases aussi creuses que galvaudées. Alors il ne dit rien. Et quand les mots sont inutiles, c'est dans les gestes qu'il faut trouver du sens.
Aaron lui prit la main pour l'éloigner de la chaussée, en murmurant, plus pour lui-même:

- Faut pas rester là...

Puis, après un bref silence, il sourit – rit, même : tout cela était ridicule. Ce monde, cette ville, ces larmes.... Oui, il valait mieux en rire. Toute angoisse l'ayant quitté, il ne voyait plus aucune raison de s'attrister, même par empathie. Pour ce soir, juste pour ce soir, il avait envie de vivre quelque chose de différent, de marquer sa victoire sur ses propres démons par une aventure inhabituelle. Et pour la première fois, il avait envie de faire cela avec quelqu'un d'autre. Miami l'avait changé, mais était-ce vraiment à déplorer ?

Aaron inclina donc le torse avec un sourire discrètement ironique, et tendant son bras à la jeune fille, comme s'il n'avait pas vu qu'elle était au bord des larmes, prit la parole :

- Viens, on va manger une gaufre.

Une proposition simple, ou plutôt une affirmation : il s'agissait simplement d'un désir du moment qu'il s'offrait de partager avec elle. Il avait envie d'une gaufre, visiblement, elle avait bien besoin d'en manger une : ils le feraient ensemble, c'est tout. Et en même temps qu'il prononçait cette phrase naquit un germe d'idée, juste une suggestion qu'il se faisait à lui-même : et si, juste pour un soir, ils oubliaient le monde, tous les deux ? Et s'ils devenaient chacun le monde de l'autre, pour quelques heures ? Et si chacun devenait même la moitié de l'autre jusqu'à ce que le soleil se lève le lendemain matin ?
Code by AMIANTE

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron EmptyLun 1 Avr 2013 - 0:02

Aaron and Hope



Un an. Voilà un an passé loin de toi. Tu sais, ça n’a pas été facile tous les jours. J’ai eu des hauts et des bas. Beaucoup de bas… Personne n’est à ta hauteur. Personne ne parvient à me donner la force de me relever comme tu l’avais fait. Il n’y a que toi. Toi et personne d’autre. Tu sais, j’ai parlé de notre histoire. Je me suis confiée. Je me sens un peu mieux… Pourtant il y a toujours cette chose en moi qui reste brisée. C’est comme si j’avais perdu un morceau de mon être. Tu me manques. Affreusement… Horriblement… Cruellement… Parfois je me dis que ta mort est l’acte le plus égoïste que tu ne m’aies jamais fait. Tu m’as laissé seule dans ce néant. Tu m’as abandonnée sans penser aux conséquences. Je sais tu n’as pas choisi que cela arrive… Je revois souvent ce camion… J’ai l’impression qu’il envahit mes nuits, mes cauchemars et mes journées aussi. C’est comme s’il était présent à chaque coin de rue. Il est là. Et pas toi… J’entends ton rire parfois dans les couloirs du lycée. Je te revois assis au fond de la classe à m’envoyer des clins d’œil. Je nous en veux d’avoir voulu garder ça secret pendant plusieurs mois… Dès le début on aurait dû se tenir fièrement la main dans les couloirs. Et se moquer des conséquences. On aurait dû profiter à fond dès le début…
Tu me manques… Ce serait ridicule de dire que tu étais mon âme sœur… Je n’avais que 17 ans… On connait quoi de l’amour à cet âge-là ? On connait quoi de la peine à l’adolescence ? Pas grand-chose… Pourtant un an après, je suis sûre… Je sais que nous aurions dû aller plus loin ensemble. Je sais que je ne pourrais jamais t’oublier. Tu seras toujours cette voix que je crois distinguer dans la foule. Tu seras cet être auquel je rêve, auquel je pense, auquel je me confie. Tu es là quand ma tête se lève vers le ciel. Tu es présent quand, l’ombre d’une seconde, je pense à sauter d’un toit. Je t’aimais. Et je t’aime toujours aujourd’hui. Je ne regrette pas que tu sois mort. Je regrette que cet accident nous ait séparés. J’ai crié envers l’injustice. Je me suis déclarée coupable. J’ai pleuré. J’en ai voulu au monde entier. Et maintenant où en suis-je ? Toujours seule sur cette Terre remplie d’inconnus. Si c’est possible, j’espère que tu as pu faire la connaissance de mes parents là-haut…

J’aimerai juste savoir quelque chose. Tout cela a-t-il un sens ? La vie et ce que nous en faisons… Tout a un sens ? Je n’aurais pas souffert si je n’étais pas allée vers toi dans cette boîte de nuit… Je n’aurais pas eu à affronter la mort de mes parents si je n’avais pas fait ma tête de mule seule dans cette banlieue… Je n’aurais pas eu à changer d’identité si tout cela n’avait pas pris cette tournure tragique… Nous n’aurions jamais eu cet accident si nous étions restés plus longtemps chez lui, si nous étions partis une heure plus tôt, si nous nous étions arrêtés à la station-service.
Alors ma vie a-t-elle un sens ? Parce que si c’est le cas, je ne le trouve pas. À chaque instant où je crois trouver la solution, tout s’écroule. C’est comme je vivais dans un monde de sable et à chaque fois que je souhaite toucher l’une des sculptures, elle tombe en lambeau. Solides et dures en apparence. Friables et fragiles en réalité. Tout le monde vie-t-il dans ces conditions ? Ou bien est-ce moi qui dramatise la situation ? Suis-je aveuglée par mes souffrances au point de créer ma propre réalité ? Ou bien est-ce la réalité qui ne fait qu’empirer mes souffrances ? J’ai souvent l’impression d’être perdue. À l’agonie et abandonnée de tous, je ne sais plus où aller et quoi faire.




Mes pas se pressent pour quitter le cimetière. J’ai mis une jolie robe blanche. Serrée jusqu’à la taille, elle est plus évasive jusqu’aux genoux. Brodée, douce, limpide, opalin… Je ne m’étais pas habillée aussi bien depuis longtemps… J’ai bien mis une robe de soirée pour le bal de noël mais jamais je n’avais fait d’effort pour tous les autres jours de la semaine. Une tenue simple et habituelle pour certaines demoiselles prenant soin de leurs apparences. Mais moi, ce n’est simplement qu’une façon de me faire belle pour lui. J’ai voulu lui rendre hommage. Dans quelques jours ça fera un an… Un an jour pour jour que nous sommes partis au Texas. Je ne veux pas retenir la date de son décès et pourtant elle est gravée en moi. Quand je ferme les yeux, quand je respire, quand j’essaye de m’endormir, quand j’attends que l’heure passe en cours… Je ne parviens plus à l’ignorer. Ce jour fait partie de ce que je suis aujourd’hui. J’ai dans mon sac un short en jean et un t-shirt trop large d’homme dont je n’ai jamais réussi à me séparer. Je n’ai qu’une envie : me changer. Je me sens trop visible. J’ai été habituée à n’être qu’un fantôme rongé par les remords, ne demandant rien à personne. Et là… J’ai cette impression que tout le monde me regarde. Je suis la blonde à la robe blanche qui ne va pas du tout avec sa peau pâle. Je dois même être blafarde… Je ne suis pas de Miami… Je ne serais jamais de cette ville. J’ai voulu m’y faire une place, me créer une vie ici. Mais aujourd’hui, cette tentative semble lointaine. Je suis une intruse et tout le monde doit le remarquer. On doit juger ma personne, s’imaginer des tas de choses. Leurs regards sont comme des aiguilles plantées dans mon corps. Ils m’irritent, me démangent. J’ai envie de courir, de crier, de pleurer.
Une voiture klaxonne, je sursaute. Mon cœur accélère. J’entends les bruits des freins. Le choc. Le sang… Ma gorge se serre.
Ça ne va pas être une bonne journée. Je sens que l’air me manque. Une crise de panique ? En effet… Je panique. Je perds mes repères. J’ai l’impression de ne plus trouver d’oxygène. Je veux me blottir dans ses bras. Je veux tout oublier. Je veux être amnésique. Délibérez-moi ! Le temps d’un soir… De deux… Aidez-moi je vous en supplie. Ce n’est pas une vie. Une main… Rien de plus… Tendez-moi une main… Une réelle, une vivante, une qui ne finira pas par disparaître. Quelqu’un qui ne m’abandonnera pas…

Mes pas refusent d’avancer plus. Mes larmes commencent à monter. Je n’aurais pas dû sortir de ma chambre aujourd’hui… Personne ne viendra à ma rescousse. Trop ont essayé… On peut constater que ça n’a jamais été un franc succès. Pour moi mais surtout pour eux.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty
MessageSujet: Re: Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron   Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? || Aaron
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Wynwood University :: Corbeille :: ARCHIVES AVANT 2023 :: Rps à archiver :: Rps terminés-
Sauter vers: