FINI | Arrivée détonante | Steven & Madison

« Ca va aller ma belle, on va s'en sortir. » Me dit alors mon meilleur ami.

Je venais d'être projeté contre lui avec une brutalité sans précédents. Je me nichais contre lui, le plus que je le pouvais, laissant mes larmes couler et essayant de calmer les bruits qu'elles pouvaient apporter. Je m'agrippais à Steven comme s'il était la seule chose qui pouvait me retenir à la vie, comme si c'était ma dernière chance. J'étais terrifiée et je n'osais même plus regarder la trame, non, j'avais les yeux fermés, mon visage contre la peau de l'homme que j'aimais et j'écoutais ses paroles tout autant que j'essayais de me concentrer sur ses caresses. Je ne voulais pas voir ces hommes masqués. Non.
Soudain, les pleurs d'un enfant. Je sentis Steven bouger ce qui me dit encore plus m'accrocher à lui. Que se passait-il? Je ne voulais pas voir tout ça. J'entendais l'enfant pleurer et puis ensuite, la fin d'un de nos agresseurs, ordonnant qu'il voulait qu'ils sortent ici. Ils allaient nous laisser comme ça? En vie mais dépouillé de tout et pétris de peur? Je ne pourrais plus jamais prendre le métro, c'était un fait. Ou alors pas avant de nombreux mois; Je sentais encore le flingue contre mon crâne, mes cheveux précédemment tirés me faisaient encore mal. Mais je n'osais plus bouger, pas d'un pouce.

« C'est fini princesse, ils sont partis. »

Sa voix. Oui, c'était bien elle. A lui, Steven. C'était comme si c'était la seule que j'entendais réellement. Il m'indiquait qu'ils étaient partis. Alors on était sauvés? Il se releva plutôt rapidement, m'entraînant avec lui. Je tremblais de peur et j'avais du mal à tenir debout, je voulais m'asseoir, je ne me sentais pas bien du tout. Il me demanda si ça allait mais je ne pouvais pas encore lui répondre, c'était comme si ma voix était bloquée dans le fond de ma gorge... Il alla récupérer nos sacs puis, il me fit sortir de la trame. Des policiers étaient déjà sur le quais, probablement avec les caméras de surveillance dans la trame. Ils avaient du tout voir. Ils avaient du voir ces types me pousser d'un bout à l'autre. Ils avaient du voir notre détresse et voir le corps de ce type mort sur le sol. Son corps gisait d'ailleurs toujours. Tous les passagers semblaient aussi chamboulés que nous. On était tous dans le même état. Steven me fit asseoir et je tardais pas à fondre de nouveau en larmes, beaucoup plus bruyamment cette fois. Je pouvais faire du bruit, je ne risquais plus de mourir pour ça. Quelle horreur. Pourquoi avait-il fallu que ça nous arrive? Pourquoi? C'était tellement traumatisant...

Une voix d'homme, proche de nous, me fis alors sursauter. Je relevais lentement la tête :

« Bonjour Messieurs Dame, je peux prendre vos dépositions? Avez vous vu vos agresseurs? »

Je n'avais pas la force de répondre à leurs questions. Tout ce que j'avais vu, c'était un tatouage sur le poignet de mon agresseur principal mais aussi, j'avais sentis son arme sur moi. Je posais ma tête sur mon ami, prenant alors sa main et entremêlant mes doigts aux siens puis je lui murmurais :

« Emmènes moi loin de là... Vite... »

Ca n'allait pas du tout. Mon ventre était tiraillé dans tous les sens, je tremblais, comme si j'avais froid. Je ne voulais pas rester dans cet arrêt de métro, je ne voulais pas répondre aux questions des flics, je voulais juste sortir d'ici au plus vite.

Je finis par ouvrir les yeux, trouvant alors ceux de mon meilleur ami. Il me regardait intensément, comme s'il avait plongé ses yeux dans les miens, comme si son esprit était relié au miens. Je ne le quittais pas des yeux non plus. C'était mon point de repère, c'était mon rocher sur lequel je venais me reposer. Non, personne ne pouvait nous atteindre dans cette dimension, n'est ce pas? Je lisais dans ses yeux qu'il me demandait de ne rien faire qui puisse me mettre en danger. Il avait peur, peut être même aussi peur que moi. Je ne quittais pas ses yeux du regard. Je sentis alors que l'un des agresseurs m'attrapa par le bras pour me tirer vers les autres hommes cagoulés. Il m'éloignait de Steven, je n'aimais pas ça, je venais de perdre mon repère physique. Je venais de perdre ses yeux. Je commençais dès lors à ressentir la peur envahir mon corps tout entier. Je n'aimais pas cette sensation. L'homme me tira alors mon sac du bras, je me décrochant presque au passage. Ma main vint se poser sur mon bras, alors que je grimaçais. Bientôt, il me poussa alors, mon corps se renversa lourdement sur le sol et je glissa jusqu'à une vieille dame terrifiée. Je cherchais alors du regard l'homme que j'aimais. Ses yeux. Oui, ses yeux. Toujours allongé sur le sol, les agresseurs passaient d'un passager à un autre pour leur faire les poches, vidant leurs sacs sur le sol. Quelle humiliation. Je voyais le doudou offert par mon meilleur ami, entre ce dernier et moi. Tout près du pied de l'un des hommes armés. J'aurai voulu tendre le bras pour le récupérer, mais à quel prix? Soudain, un bruit retentit dans la trame de métro. Un bruit assourdissant qui me fit apporter mes mains sur mes oreilles. Je fermais les yeux alors que j'entends un bruit lourd et une vibration sur le sol. J'ouvris lentement les yeux et vis alors le corps d'un homme, inerte, tombé non loin de nous. L'un des agresseurs se tenait le nez tandis que deux d'entre eux replaçaient leurs armes fumantes. Du sang coulait sur le métal gris clair du métro. Et là, je ne peux pas dire pourquoi, je me mis à trembler de peur. Un homme venait de se faire tuer sous mes yeux... Je me tenais la tête, je poussais même un cri. C'était trop pour moi, je n'étais pas du genre fille sensible mais là... Ca n'avait rien à voir avec le reste : un homme venait se recevoir une balle dans la tête, sous mes yeux !
Je sentis alors une main agripper mes cheveux et me tirer vers le haut, je poussais de nouveau un cri de douleur, essayant d'attraper les mains au dessus de mon crâne. Mes pieds glissaient et je sentis bientôt qu'on me poussais à nouveau sur le sol et que je glissais sur le métal gris clair mêlé de sang. Mon corps buta contre un autre corps, je sentis alors un bras m'entourer. Je sentis une odeur. Steven. Je vins nicher mon visage contre son cou, pleurant alors, ayant toujours les yeux fermés. Non, je ne voulais plus voir ce qu'il se passait autour de nous.

« VOUS ALLEZ FERMER VOS GUEULES MAINTENANT??? »

« Un jour, je te le promets... »

Ca sonnait comme une mélodie, comme un chant sacré, comme un oracle. Oui, il me le promettait, même si ça faisait déjà deux ans. Est-ce que j'arriverai à l'attendre davantage? Est-ce que je pouvais réussir à dire non à d'autres garçons alors que lui disait oui à d'autres filles? N'allait-il pas y avoir, à un moment donné, une jalousie trop forte pour que notre système continue? Je savais très bien que lui, il aurait été incapable d'accepter ce que moi, j'acceptais. Mais j'étais amoureuse de lui. Peut-être qu'un jour, il se rendrait vraiment compte de tout ça et qu'il ouvrira les yeux? Il me dépose un fin baiser au coin des lèvres, un autre sur le front. Il était le seul à avoir le droit de faire ça. J'adorais sentir ce signe de protection sur moi. Il était d'ailleurs le seul que j'autorisais à me protéger. Le seul en qui j'avais véritablement confiance, hormis mes frères et mes cousins. Je souris et profita de ce moment contre lui pour fermer les yeux et humer son odeur.
Puis, les freins du métro se firent entendre, la fumée arriva et bientôt, il m'entraîna à l'intérieur du métro. Une fois sur ses genoux, on se mit à parler de sa vie, de la mienne, on rigolait, nos iris brillaient, c'était beau à voir. J'étais sincèrement heureuse de le voir ici, près de moi à nouveau, comme si j'étais arrivée à bout de souffle de ces deux années passées loin de lui. Il venait de me redonner cet air qui me manquait tant.

« C'EST UN HOLD UP! TOUT LE MONDE A TERRE! LE PREMIER QUI BOUGE IL A UNE BALLE DANS LA TETE! »

Je tournais alors vivement la tête, pensant d'abord à un canular. Ce n'était que dans les films ce genre de trucs, jamais dans la réalité ! Mais ça semblait pourtant bien réel. Ils étaient nombreux, cagoulés, tout en noir et ils avaient des armes. Des vraies? Je ne pouvais pas en dire davantage. Mon meilleur ami venait de me dire de me coucher par terre, on tomba alors tout les deux sur le sol. J'étais près de lui, j'avais mes mains près de ma tête, je pouvais voir nos agresseurs. Les gens criaient, la plupart était couché au sol et je crois que c'est eux, qui me faisaient le plus peur. Et si l'un d'eux ne voulait pas obéir? Leurs cris et leurs pleurs retentissaient déjà dans la trame de métro, alors que nos agresseurs se disperçaient dans le wagon. Je n'osais plus bouger. Steven était devant moi, je voulais être à sa hauteur. Il fallait pour ça, que je rampe sur le sol. Je me décidais alors à bouger, lentement, j'essayais de le rejoindre. L'un des agresseurs lança alors :

« PERSONNE NE BOUGE NEGRESSE ! TU COMPRENDS CE QUE JE DIS? »

Il s'était avancé d'un large pas, pointant alors le bout de son fusil sur mon crâne. J'avais les yeux fermés, je sentais la peur me paralyser. Mon corps ne pouvait plus bouger. Je n'osais même pas respirer. Des gens criaient alors que moi, j'avais l'impression d'être dans un autre monde. Un monde atroce. Mon corps ne répondait plus à rien et moi, je voyais ma vie défiler derrière mes paupières. Etait-ce la fin?...