→ Bad Day [Ft. Shizuka]

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Bad day.

La concierge n'avait pas l'air aussi énervée que ce que Masha aurait pu penser, étrange pour quelqu'un qui vient de se faire souiller un sac par une élève ayant la gueule de bois, non ? Mais bien vite, l'asiatique fit un commentaire qui eu pour effet de rétablir la vérité. « Je n'en doute pas. Mais tu le diras à celle à qui il appartient quand tu seras dans un meilleur état. Tu me cherchais, non ?» Fit-elle sous les yeux d'une Masha surprise et inquiète. Comment ça « celle à qui il appartient » ? à qui pouvait-il bien appartenir, ce fichu sac ? Et avec qui la khi allait-elle encore avoir des problèmes surtout ? Elle priait pour que ça ne soit pas une professeur, avoir des problèmes d'entente avec le corps enseignant lorsque l'on est la chef des khi, ça la fout un peu mal quand même. Et puis les professeur, c'est du genre bien sadique, Masha était certaine qu'ils étaient capables de noter à la tête pour une histoire pareille -ce qui par ailleurs pouvait être compris- et les mauvaises notes, ça risquait de faire mauvaise impression dans son dossier scolaire. Or, avoir un mauvais dossier, c'était juste impossible dans la tête de Masha. « Comment ça ? Le sac n'est pas à t... Vous ? » demanda-t-elle alors, hésitant une nouvelle fois entre le tutoiement et le vouvoiement. Il fallait dire que la concierge n'avait pas l'air d'avoir beaucoup d'écart avec la khi niveau âge et cela perturbait un peu cette dernière, habituée à tutoyer les gens de son âge et à vouvoyer les plus vieux.

La métisse déposa le sac sur le rebord du meuble le plus proche avant de se remettre à parler. « Et oui, je suis la chef des Khi Omicron et je voulais ouvrir notre salle spéciale dans la confrérie comme tous les jours... Sauf que j'ai perdu la clé. Du coup, je me suis dis que l'une des seules autres personnes à avoir cette clé devrait être la concierge et je vous ai cherché... » Expliqua-t-elle à la jeune femme, en se rendant bien compte que le jean délavé et le pull à capuche qu'elle avait enfilé le matin même ne devait pas vraiment donner d'elle l'image qu'on se fait des khi. D'ailleurs, c'est au nom de cela qu'elle tenta d'ajouter quelque chose. « Et je suis dans un état tout à fait convenable, je suis une Khi, je dois faire honneur à ma... » Elle ne termina pas sa phrase, car elle fut coupé par un haut-le-cœur qui rendit sa phrase complètement ridicule et elle aussi par la même occasion. « Bon d'accord, j'ai peut-être un peu bu hier soir, mais c'était la première fois... » Tenta-t-elle de se justifier. Mais elle savait bien que c'était vain, combien de fois la concierge avait-elle dû déjà entendre ce genre d'excuse ? Elle ne la croirait sûrement pas, alors autant changer de sujet tout de suite.Elle soupira, ennuyée et déjà lassée de cette situation. « Bref... Vous venez ouvrir la salle ou je dois d'abord essayer de récupérer cette chose pour la rendre à sa propriétaire ? » Demanda-t-elle en désignant le sac.

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••• Bad Day •••

Ah, les élèves bourrés !
Ils étaient légion dans le campus. Dans tout autre regroupement étudiant, en fait. Moi-même j'avais participé à quelques soirées de ce type lorsque j'étais à Beijing et à New York - au Japon, j'évitais puisque j'étais mineure et vivais plus ou moins encore chez ma mère qui n'aurait pas tellement apprécié entendre de sa fille qu'elle s'était trouvée en état d'ébriété. Mais franchement, quand je vois des élèves de Wynwood se noyant dans l'alcool et le vomi, je réalise, grâce à ce recul, à quel point on peut être pathétique après quelques verres. Personne n'est irréprochable et certainement pas moi mais, je reconnais me sentir bien dans ma peau quand je vois les autres se mettre minable en me disant que cette fois-ci, ce n'est pas moi.

Ce matin, très tôt j'avais pu observer déjà deux cas d'adolescents ivres. Le premier, j'y ai assisté vers quatre heures du matin. Mike, le vigile de garde, à cette heure-là, au poste de sécurité, m'avait appelée pour que je serve de médiatrice, car moins brute que lui, entre la demoiselle qu'il avait secourue et la personne qui viendrait la chercher selon ce que je jugerais possible à ce moment précis. L'élève en question avait quelques grammes dans le sang et un groupe de jeunes hommes tous aussi enivrés pensaient profiter d'elle. C'était sans compter les cris que Mike avaient entendu non loin de là et était intervenu, emmenant finalement la jeune femme au poste de sécurité. À mon arrivée, j'avais un peu discuté avec elle et avait finalement appelé sa prof principale à défaut d'un autre numéro disponible. Sa professeur était passée la récupérer au milieu de la nuit, à moitié réveillée et en avait même laissé son sac à main au poste de sécurité. Et c'est là qu'entre en jeu, la seconde élève perchée !

Il était pas loin de huit heures du matin, je n'avais pas dormi depuis que Mike m'avait faite venir vers quatre heures, sachant que je m'étais couchée à minuit, pour ceux qui ne savent pas compter ça fait un peu moins de quatre heures de sommeil. Cependant, Mike s'était montré généreux comme pour se faire pardonner, il avait sorti de son garde-manger quelques donuts, certains fourrés à la gelée, d'autres sublimés de bons glaçages sans oublier une bouteille de coca pour la caféine et la fraîcheur. Rien que pour la boisson, je n'avais pas hésité à tenir compagnie à ce bon vieux Mike quelques heures supplémentaires. Car après avoir remis l'élève numéro une à sa prof, je savais que retourner à mon lit et retrouver un sommeil convenable était peine perdue surtout quand Mike commençait à engager une conversation, ce mec est une véritable pipelette et il sait que je suis l'oreille parfaite. Et puis, je le comprends, le pauvre, passer la nuit seul à attendre que quelque chose se passe. Dans un peu plus d'une heure, il finirait sa journée de travail et moi, je commencerais mes tâches plus habituelles de concierge sauf que... Une élève arrivait vers huit heures, paniquée.

« - Hum, bonjour, j... Tu... Vous ? J'ai perdu la clé du...

- Bonj... »

Mes salutations furent interrompues par un vomissement de sa part dans le sac que la professeur avait laissé ici. Mon dieu, ça ne va pas être joli quand je vais devoir le rendre à l'intéressée. La responsable devra m'accompagner et présenter ses excuses elle-même plutôt que de me les adresser.

« - J... Je suis vraiment désolée... Ce n'était pas du tout intentionnel...

- Je n'en doute pas. Mais tu le diras à celle à qui il appartient quand tu seras dans un meilleur état. Tu me cherchais, non ?»

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Bad day.

► Les jours passent et se ressemblent tellement que tu as l'impression de vivre le même en boucle. Même tes week-end sont rythmés par tes petites habitudes et ton travail au garage. Au début, tu aimais bien ça, une vie structurée, pas de folie, pas de bêtises, juste les cours, le travail et un avenir brillant s'ouvrant devant toi. Seulement, l'avenir c'est bien beau, mais à force de trop y penser, tu passes à côté de ta jeunesse. Tu t'en étais rendu compte la veille et avais donc décidé -une fois n'est pas coutume- d'accompagner ton frère en boite de nuit... Un dimanche soir.

Mauvaise, très mauvaise idée. Tu étais repartie très tard dans la nuit et avais réussi à rejoindre on lit par on ne sait quel miracle. Tu n'avais pourtant pas énormément bu, mais tu n'en as pas l'habitude, tu étais donc dans un sale état. Ce matin, pas de jogging ou de révisions pour toi ; ton réveil semble s'être transformé en un marteau piqueur assaillant ta tête de violents coups, chaque mouvement est une torture et le moindre bruit te donne l'impression qu'un réacteur nucléaire vient d'exploser. Le petit déjeuner te donne la nausée, tu préfères donc t'en passer et évidemment, ton frère a utilisé toute l'eau chaude à disposition. Tu as envie de hurler, mais tu es bien trop fatiguée pour ça.

C'est donc blasée, fatiguée et avec la gueule de bois que tu vas au lycée. Bien sûr, sur le chemin, tu croises une vieille dame qui t'insulte pour avoir eu l'audace de la dépasser sur un passage pour piétons. Et quand enfin, tu arrives à l'établissement, tu te diriges vers le bâtiment de ta confrérie, priant pour qu'aucun de ses membres ne te voit. Quelle honte pour la chef des « intellos » comme disent les autres, que de se montrer dans un tel état un jour de semaine, ne pensez-vous pas ? Si tu vas dans ce bâtiment, c'est uniquement pour ouvrir la porte de votre labo réservé que tu fermes consciencieusement tous les soirs, histoire qu'aucun autre élève n'ait la mauvaise idée de venir y fouiner durant la nuit. Cependant, ce matin, tu as beau chercher dans ton sac, tu ne retrouves pas la clé.

Prise de panique, tu frappes à la porte pendant une minute, comme si elle allait s'ouvrir seule, comme par magie, puis, enfin, tu te mets à réfléchir. Tu cherches qui est censé avoir, comme toi, la clé de cette fameuse porte et un visage te vient en tête, celui de la concierge. Tu ne la connais pas du tout, mais tu la croises tous les jours dans les couloirs. Souvent, tu la salues avec un sourire avenant, mais jamais tu ne lui parles. Il faut un début à tout à ce qu'on dit et puis, ce n'est pas comme si tu avais le choix, cette salle est censée être ouverte tous les jours pour être disponible en cas de besoin des khi.

Tu te diriges donc vers le bâtiment principal, cherche dans la salle des professeurs, à l'infirmerie, dans les couloirs, mais c'est au poste de secours que tu la trouves enfin. Tu te racles la gorge pour lui signaler ta présence. « Hum, bonjour, j... Tu... Vous ? J'ai perdu la clé du... » Tu aurais aimé finir ta phrase, seulement, quelque chose est remonté dans ta bouche, t'obligeant à mettre ta main devant. Il n'y a pas de toilettes à proximité, tu cherches donc désespérément un récipient, te jettes sur le premier que tu trouves et... Vomis dedans. Ce n'est qu'une fois ta petite affaire terminée que tu vois dans quoi tu viens de cracher : un sac à main. Surprise, tu lèves les yeux vers la concierge en priant pour que l'objet ne sois pas à elle, mais soyons réalistes, à qui aurait-il pu appartenir d'autre ? « J... Je suis vraiment désolée... Ce n'était pas du tout intentionnel... »

Une chose est sure, tu ne boiras plus pendant un long, très long moment.