Non parce que déjà que j'avais dû supporter tous les autres cons avant elle, il y avait en plus cette greluche pour prétendre qu'elle avait l'envie et le besoin de mes enseignements. A la différence près que je n'avais aucune envie de faire le moindre effort à son encontre. Elle me gonflait, là, avec ses cheveux au karité, son maquillage, ses vêtements sans doute hors de prix et sa grande gueule. Elle ne m'avait pas pris dans le sens du poil, et elle commençait sans doute à le regretter amèrement. Ma petite démonstration avait au moins faite son effet, au moins. Elle en était restée baba, si bien que j'avais pu cracher tout mon venin sans la moindre interruption. Je m'attendais à ce qu'elle prenne ses affaires et parte en pleurant, mais non. Elle resta plantée là comme une potiche, me fixant d'un regard étrange, mélangé entre la colère et la peur. Puis elle ouvrit la bouche, et là je sentis la colère monter. Elle avait payé, donc elle devait venir. Payé ? Mais qu'est-ce que j'en avais à foutre ? J'étais prête à lui rendre le double pourvu qu'elle taille la route. Je n'aimais pas DU TOUT être prise pour une employée qu'on paye pour faire un sale boulot ; et surtout pas pour une sale gamine capricieuse. Voilà le défaut des Iota ; elles se croyaient tout permis, ces chieuses-là. J'ouvris la bouche, furieuse.
"Ecoute moi bien espèce de..."
Mais le temps que je prépare une réponse bien sentie, la jeune fille avait déjà dégainé sa guitare pour jouer de nouveau. Très agacée, je décidais pourtant de m'asseoir et de lui laisser une seconde chance, puisqu'elle était la dernière. J'aurais tout le temps d'emmener Sonata au parc ensuite. Mais la nounou allait encore gueuler. Une chance que Sonata l'aime, sinon je l'aurais déjà virée à coup de pompes dans le cul depuis longtemps. Les doigts de la jeune fille se mirent à courir sur la guitare de manière bien plus ordonnée que précédemment, et un petit sourire amusé finit par étirer mes lèvres. Voilà qui était mieux. Oui, mais ce n'était pas suffisant pour autant. Fautes et erreurs de doigtés se succédaient, pour autant c'était nettement moins pénible que la première fois ; on pourrait peut-être en faire quelque chose d'à peu près décent. Cette fille avait un certain cran pour s'être opposée à mon jugement, et elle avait cherché à faire ses preuves devant moi sans rentrer chialer dans les tongs de ses copines botoxées. Elle avait eu du cran ; et j'appréciais.
Je me levais, jetais ma cigarette par la fenêtre après en avoir fumé la dernière bouffée. Puis je repris ma place, et écoutais ce qu'elle avait à me dire. Oui, elle le disait pour le moment, mais me supporterait-elle jusqu'au bout ? J'étais une emmerdeuse. Elle ne devait pas faire de faux pas avec moi. Mais mon sourire amusé ne quitta pas mes lèvres.
"Mouais. J'pense qu'on peut faire quelque chose toi, finalement. Travailler sur le stress, dans un premier temps."
Je m'adossais contre le mur. Moui, moui.
"Avant tout je voudrais savoir pourquoi ça te motive autant, de prendre des cours avec moi."
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Sujet: Re: T'es nulle. |Nina| Dim 31 Mar 2013 - 17:56
“T'es nulle”
Eva & Nina
Cette prof était à la limite de la folie ou quoi? Elle était là, devant moi, en train de fumer et sincèrement, ça m'insupportait. J'étais du genre franche à dire ce que je pense sauf qu'avec Mme Esperanza, peut-être devrais-je revoir mon attitude. Mes remarques ne lui avaient probablement pas plut. Je ne quittais pas la dame du regard, je ne pouvais m'empêcher de la regarder, de l'observer, de la scruter de haut en bas. Elle était vraiment bizarre et je ne comprenais pas comment on pouvait engager une femme avec une allure comme la sienne. C'était impensable et pourtant c'était bien réel. La femme se leva et me répondait négativement en me crachant la fumée dans le visage. La fumée pénétrait dans mes narine et me prit à la gorge, ce qui me forçait à tousser. J'étais prête à lui dire ma façon de penser quand je la vis s'éloigner. Pourquoi? Où allait-elle là?
La prof de musique s'arrêtait devant un violon se trouvant dans le fond de la classe qu'elle prit et le posait sur son épaule. Cigarette en bouche, la jeune femme fit entendre son violon. Le son qui sortait de son instrument était envoûtant. Je restais là, je ne la quittais pas du regard, j'étais subjuguée par ce qu'elle dégageait. Cette femme jouait avec une facilité déconcertante et j'en avais des frissons partout. Je regardais ses doigts pianoter sur le manche de son violon, je la regardais elle, sa prestance: elle se laissait emporter par sa musique, elle vivait sa musique c'était magique et grandiose. Cette femme avait beau avoir la même aura que Cruella, je devais avouer qu'en musique, au moins, elle savait de quoi elle parlait.
Une fois la démonstration terminée, La dame déposait son instrument et un sourire sadique se dessinait sur son visage. Elle avait l'air satisfaite de sa prestation alors que moi je n'arrivais pas à m'en remettre. Je restais bouche bée, je ne savais pas quoi dire. Je n'avais pas envie de m'excuser, de toute façon j'étais certaine que c'était le genre de choses qui allaient la gaver et puis j'étais pas une lèche cul. Cette dame avait beau être une virtuose, je n'aimais pas vraiment sa façon de fonctionner. Par contre, j'étais surement devenue une de ses admiratrices. Forcément, la jeune femme ne se contentait pas de jouer, elle me remontait les bretelles bien comme il le fallait et pour le coup, je me sentais un peu conne. Je l'avais jugée sans la connaitre et sans rien savoir d'elle. Je n'aurais pas dû.
La prof de musique enchaînait les remarques, les unes après les autres et moi je n'osais rien répondre. Je restais là, à la regarder et à me demander quand cette boule au ventre allait disparaître et surtout, quand elle allait arrêter ses discours. C'était un de mes défauts, je ne supportais pas la critique et elle, elle ne faisait que ça en plus de me juger à son tour. Une fois qu'elle eut terminé, elle me dégageait presque de son cours. Je ne bougeais pas, je ne voulais pas bouger. Je m'étais inscrite, c'était pour apprendre et si elle n'était pas aussi intimidante, j'aurais joué ma prestation comme je savais le faire. Peut-être pas aussi bien qu'elle, je n'avais pas son niveau, mais je savais jouer mieux que ce que je ne l'avais fait il y a une dizaine de minutes.
Non. J'ai payé mes cours, vous êtes ma prof et je suis là pour apprendre.
Je fixais la dame, j'essayais comme je pouvais de lui tenir tête avant de reprendre, à mon tour, mon instrument et de recommencer le morceau que je jouais depuis des années, que j'avais amélioré. C'était pas dans le même registre qu'elle, c'était plus calme, plus simple, plus contemporain mais ça n'était rien comparé à ma première fois devant cette virtuose: au moins, maintenant, ça ressemblait à de la musique même si ça demandait plus de technique, ce que j'attendais de Mme Esperanza.
Une fois le morceau terminé je me levais, la guitare à la main et je regardais la dame.
Vous ne m'aimez pas, vous n'aimez probablement pas enseigner, mais vous êtes prof et moi je veux apprendre et même si je dois supporter vos colères, je ferai avec, mais j'aimerais au moins jouer aussi bien que vous, alors mordez sur votre chique et apprenez-moi.
Il fallait dire qu'Eva n'était pas vraiment du style de ces professeures de musique clichés qui font chanter du gospel pour se tracer une voie vers la pureté. La jeune femme était de réputation dure, sévère et presque sadique ; malgré cela, elle avait tout de même accepté ces heures en compagnie des élèves. Un à un, elle choisirait les plus motivés, et ferait de son devoir de leur offrir des leçons musicales dignes de ce nom. Le chemin ne serait pas facile, mais ils trouveraient tous leur compte dans les enseignements de l'espagnole. Il n'y avait aucun doute à cela. Eva avait un don ; et ce depuis son enfance. Sa voix était un trésor, et sa dextérité au violon lui permettait bien des merveilles ; mais il lui avait fallu des années d'acharnement et de travail sur elle pour en arrivait là. Dès lors, elle s'était jurée d'offrir à ceux qui le voulaient l'éducation musicale qu'elle avait reçue ; avec le fouet en plus, peut-être. Non pas qu'Eva aimait être sévère, mais ces deux ans à Wynwood l'avait endurcie bien plus que tout ce qu'on pouvait imaginer. Elle n'imaginait rien d'autre que la dureté d'un entraînement draconien pour avancer. Or, voilà ce qu'elle comptait faire subir à la jeune fille qui venait d'entrer.
Nina Palmer tremblait de peur. Ses mains dérapèrent sur sa guitare à plusieurs reprises, le tout donnant une espèce de bouillasse qui ressemblait à tout, sauf à de la musique. La professeure se prit la front d'une main lasse, tirant sur sa cigarette. Elle poussa un profond soupir d'ennui en recrachant de la fumée : c'était de la merde. Comme quasiment tout de ce qu'elle avait entendu ce jour-là. De guerre lasse, elle se leva ; mais lorsqu'elle voulut envoyer promener proprement la pimbêche, celle-ci se permit une remarque. Une remarque qui ne plut pas du tout à Eva. La suivante non plus. Elle était chez elle ici, depuis près de trois ans. Alors si elle voulait fumer... Elle fumerait. En guise de réponse à sa dernière question, Eva recracha sa fumée au visage de Nina. Et un cancer pour la douze, un.
"Non."
Elle se dirigea vers le fond de la salle, et attrapa son violon avec agacement. Ah, elle n'était pas prof paraît-il ? On allait voir ça. Cigarette au bec, la jeune femme se lança dans le morceau qu'Ezio avait composé pour elle ; une merveille. Une merveille dont elle se souvenait jusqu'à la dernière note.
Ses doigts bougeaient si vite qu'elle avait du mal à en reprendre le contrôle. Le souvenir de la première fois où elle avait joué ce morceau revint à elle, presque comme un coup de poing en pleine figure. Ezio était au clavecin, à ce moment là. Il était encore là, lui.
Le son du clavecin démarra, tandis que mes doigts couraient frénétiquement sur le clavier. Le violon arriva un peu plus tard, en notes lentes décapant avec l'aspect rapide de mes doigts galopant sur les touches blanches et noires. Et puis, ce fut l'explosion. Nous fûmes deux à jouer à un rythme effréné. Son violon dessinait des arpèges, son bras bougeait avec une rapidité déconcertante, elle parvenait même à battre la mesure avec sa tête. Eva était loin d'être parfaite en tout. Mais en musique, on ne pouvait que difficilement dire le contraire. Son violon pleurait et crachait à la fois une colère sourde. Elle se laissa emporter. Je m'étais entraîné, aussi je n'avais pas de crampes à mes doigts, mais j'aurais pu. Je composais vraiment des trucs bizarres... Mais cela avait le mérite de nous fusionner, tous les deux. Dans ce morceau, je mettais un bon coup de pied au cul à Lancelot Pérez. Et rien que ça ça me donnait envie de jouer. Plus vite. Plus fort. Le son se propageait dans la pièce, le violon hurlait, prenait de la vitesse. Les doigts d'Eva commencèrent à devenir rouges. Mais elle ne se plaignait pas. Nous jouâmes le morceau jusqu'au bout. Lorsque les dernières notes s'achevèrent, je la regardais longuement. Elle était belle. Très belle. Trop belle. Je savais qu'elle ne serait jamais mienne. Sonata se mit à taper dans ses mains en riant très fort, ce qui me sortit de ma torpeur. Sa fille aimait la musique. Sonata. Eva avait vraiment bien choisi son nom, même si il était quand même un peu particulier. Extrait du rp "Première rencontre des membres" au Music Club.
Lorsque la jeune femme posa son violon sur la table, elle estima que la démonstration était faite. Elle reporta donc son attention sur Nina, un sourire plein de colère aux lèvres. Car si Eva détèstait bien une chose, c'était qu'on la prenne pour une conne.
"Tu as entendu ? ça, c'est ce qu'on appelle communément "de la musique", et tu as pu constater que je n'étais pas engagée dans ce bahut pour rien. Mais toi par contre... Qu'est-ce que tu fous là ?"
Eva s'approcha de la jeune fille, comme un animal sauvage en pleine traque. Si elle avait pu, elle aurait grondé.
"Concrètement. Pourquoi es-tu venue ici ? J'ai passé tout l'après midi à écouter une poignée de branquignoles, et maintenant toi qui es incapable de jouer quelque chose de correct ? C'est pas la halte-garderie ici. J'ai pas de temps à perdre."
Sa fille, son fils l'attendaient à la maison, et la sévère jeune femme n'avait qu'une envie ; les rejoindre pour pouponner en paix. Mais non. Elle devait supporter cette petite idiote.
"Allez tire-toi. T'as rien à faire ici, retourne à ton maquillage."
Depuis que j'avais 10 ans, mon grand frère m'avait appris deux trois accords à la guitare et depuis sept ans maintenant, j'avais essayé de faire quelque chose de potable avec ces deux trois accords. J'étais arrivée à une musique agréable à l'oreille, mais je savais que je ne frôlais pas du tout la perfection. Quand j'avais demandé à mon frère de m'en apprendre plus, il m'avait trouvé l'excuse du « j'ai pas le temps, je suis à l'unif maintenant ». J'étais restée sur ma faim et actuellement, j'ai toujours faim.
Lors de mon inscription dans cette école, le directeur m'avait affirmé que des cours de musiques allaient être mis en option après le mois de janvier. Il m'avait aussi avoué que ce cours était très demandé par les alphas et que la prof Mme Esperanza, était très prise. Mes cours de musique commenceraient seulement vers la fin mars. D'accord... J'avais le temps d'attendre. Bref, pendant tout ce temps, à mes heures perdues je m'entraînais sur les seuls accords que je connaissais. C'était pas fameux. Je rêvais de ce cours de musique qui allait me faire progresser, j'avais même imaginé la prof: belle, gentille, super souriante et tellement calme et rigoureuse avec ses élèves. J'avais hâte.
Le jour J approchais, j'en parlais à tout le monde de ce cours au point que Charlott, qui était là depuis un moment, m'avait avoué que j'allais être surprise. Elle en avait trop dit, je voulais savoir. Je suppliais la jeune Waldorf de m'en dire plus, mais sans grande surprise, elle ne me disait rien. J'étais en cours, je voyais les aiguilles de l'horloge de la classe faire plusieurs fois le tour du cadran. C'était bientôt l'heure et j'aspirais ce moment. Une fois le cours terminé, je m'empressais d'aller jusqu'à la salle de musique, guitare à la main. J'attendais derrière la porte, ça allait être à moi.
Quand la porte s'ouvrit, j'observais l'élève et mon regard se fixait sur le visage de cette dernière: Elle pleurait. Pourquoi pleurait-elle? Je sentais le stress m'envahir, je voulais lui demander pourquoi ses yeux étaient noyés de larmes, mais je ne fis rien. Lorsque la fille s'éloignait, je pénétrais dans la salle et vis la prof de dos. Elle avait des cheveux colorés. En arrivant à la hauteur de celle-ci, je m'installais face à elle et l'observais de la tête aux pieds. Déjà, pour la « jolie femme », on repassera. Cette prof avait son style bien à elle similaire aux déguisements de clown de foire. Sur le moment, je me demandais si je ne m'étais pas plantée de classe et lorsque je vis le piano dans le fond du local, je compris, à mon plus grand désarrois, que non, j'étais au bon endroit. D'un ton froid à la limite de l'irritation, la jeune femme me mit en garde: je devais l'épater, j'étais la dernière. D'accord... Je sentais mon coeur jouer de la batterie dans ma poitrine, j'avais les mains moites, je stressais, elle me faisait presque peur. Mes yeux restaient fixés sur cette femme et lorsque celle-ci s'allumait une clope devant moi, c'était le comble de tout. C'était une blague ou quoi?
Quand Mme Esperanza « m'invitait » (quel euphémisme...) à jouer, je m'exécutais pendant une dizaine de minutes. Je lui jouais le morceau que je jouais depuis maintenant 7 ans. J'étais tellement stressée que mon jeu était bourré d'erreurs, mes doigts tremblaient presque sur mes cordes ce qui laissait entendre un son horrible. J'étais foutue. Je me stoppais et regardais la prof, je ne pouvais m'en empêcher.
Euh, vous êtes vraiment prof ou c'est une blague?
L'odeur de cigarette pénétrait mes narines, c'était désagréable. Je regardais la prof avec un regard sceptique et énervé.
A l'instant précis, je n'étais pas encore au courant que le pire était à venir...
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Sujet: T'es nulle. |Nina| Dim 24 Mar 2013 - 0:52
T'es nulle.
Nina Palmer & Eva Esperanza
Et EN PLUS t'es une Iota.
Eva Esperanza s'ennuyait, ce jour-là. Et ce n'était vraiment pas bon signe.
L'ennui était une chose récurrente chez la jeune femme, et ce depuis plusieurs semaines. Elle déambulait dans les couloirs sans but précis, se contentant d'arpenter ces bâtiments partitions en main, en direction de sa salle de cous, de la caféteria ou de la salle des profs. Des journées à chier, quoi. Si elle s'était attendue à ça... Eva aspirait à bien plus, autrefois. Elle avait vécu deux années trépidantes, et maintenant elle se retrouvait à enseigner des rudiments de musique à une bande de chiards. Autant dire que c'était loin d'être l'éclate. Toujours est-il qu'elle avait graissé la patte du dirlo pour obtenir le poste, et elle comptait bien le garder ; ça payait les factures, et au moins elle avait quelque chose à foutre de ses journées. Malgré cela, elle regrettait parfois ces longues nuit de traque lorsqu'elle bossait pour Jimmy ; pire même, elle en venait à regretter ses années de jeunesse en Espagne, des années d'abandon et de souffrance. En vérité, Eva aspirait à tout, sauf à poser ses fesses sur une chaise au devant d'une salle de cours remplie d'emmerdeurs. Mais bon, elle avait un boulot, il fallait le faire ; et après tout, elle ne le faisait pas si mal que ça.
Ce jour-là, elle avait décidé de donner quelques cours particuliers à des élèves vraiment motivés pour progresser, et ils se comptaient sur les doigts d'une main. Chacun avait son style et son instrument différent : chant, piano, guitare (très souvent, guitare. ça la gonflait.) violon ou violoncelle, passant du rock au jazz, du classique à la techno. Il y en avait pour tous les goûts, or la jeune femme en avait de bien arrêtés ; et gare à qui se plantait lorsqu'il fallait parler d'un compositeur ou d'une oeuvre moderne. La variété, elle n'avait rien contre... Le copier coller, c'était une autre paire de manche.
Toute la matinée durant, elle avait donné ces cours avec un flegme impressionnant ; le poing gauche contre son menton, elle avait écouté les prestations de ses élèves, avait râlé, vociféré, puis viré les malheureux avec un "Va bosser" expéditif. Des brêles. C'était désespérant. QUE des brêles. Un professeur avec un minimum de sens commun aurait compris que si ces jeunes gens avaient besoin de cours particuliers, c'était justement pour progresser dans cette matière qu'ils aimaient... Mais pas Eva. Elle ne voyait qu'une chose : elle perdait son temps avec une brochette de petits cons. Mais c'étaient des heures sup', et elle était payée pour faire ce sale boulot. Alors elle le faisait.
Une grande lassitude s'était emparée de la jeune femme, depuis quelques temps. La perte de ses repères, de ses amis d'antan et de son équipe de bras cassés l'avaient profondément affectée. Elle s'en rendait compte, d'autant que cette solitude la frappait de plein fouet à chaque fois qu'il lui fallait emprunter le chemin du lycée. Chez elle, elle avait ses enfants et Requiem. Ici, elle n'avait qu'une bande de braillards. C'était pas jojo, comme vie. Voilà ce à quoi songeait Eva lorsque son dernier rendez-vous arriva : Une jeune Êta Iota du nom de Nina Palmer.
ça s'annonçait mal. La jeune fille faisait partie d'une confrérie qu'Eva méprisait depuis qu'elle était élève ; une bande de pimbêches sans cervelles accro au maquillage et aux robes hors de prix comme un junkie de sa came. ça promettait d'être un sacré spectacle. Lorsque la porte de la salle de musique s'ouvrit devant Nina, la professeure poussa un profond soupir d'ennui. Elle n'avait vraiment pas envie de s'emmerder avec une pimbêche aujourd'hui.
Pense aux heures supplémentaires, Eva. Pense aux heures supplémentaires.
Fort de cette pensée, Eva se redressa, et fit face à la jeune fille qui venait de pénetrer dans la salle. C'était une petite brunette, munie d'une guitare. Elle ne lui disait rien, comme la plupart des élèves de ce bahut, de toute manière. Les années avaient passé. Les moeurs avaient changé, les gens aussi. Mais Eva était restée. Et en avait payé le prix. Elle se leva de la table, accueillit la jeune fille avec son amabilité habituelle.
"Bonjour. T'es la dernière à venir, donc autant te dire que les précédents m'ont déjà pas mal cassé les oreilles. Il va falloir me convaincre."
Sans plus de cérémonie, la jeune femme s'alluma une cigarette (interdite au sein de l'établissement, of course) et reprit place sur la table.
"Joue."
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Sujet: Re: T'es nulle. |Nina|
T'es nulle. |Nina|
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