What a pleasure to see you again... [Lindsay & Maya]

Il devait être aux alentours de dix heures du matin lorsque j’arrivais en vue du lycée qui allait m’accueillir. Il me plaisait bien d’aspect extérieur mais je n’aurai su en dire de même en ce qui concernait les jeunes de mon âge. J’allais en faire l’expérience sous peu. Poussant un long soupir, je me décidais au bout de quelques minutes d’inaction de sortir du taxi qui faisait plus office de limousine qu’autre chose. Aussitôt un vent violent fit voleter mes cheveux laissés libres. Bien au chaud dans l’habitacle, je n’avais ressenti le froid extérieur et n’en prenais conscience que maintenant. J’avais presque faillit oublier que je débarquais, non pas au début d’année, mais en plein milieu. Le temps différait donc également. Le chauffeur me tendit les valises que je passais aussitôt au mode sur roulettes et me dirigeais vers l’immense bâtisse.

Une fois les marches montées, non sans effort, je m’arrêtais net dans le hall devant tant de splendeur. Certes, du fait que j’aie changé un nombre considérable de fois d’établissement scolaire, j’étais donc habituée à débarquer dans un nouvel endroit et pensais avoir tout vu. Mais le lycée était bien à la hauteur de sa réputation. Les couleurs et le mobilier alliaient le moderne aux murs anciens. Finalement, au bout de quelques secondes passées à faire le tour de la pièce des yeux, je me rendis compte que je devais empêcher les gens de passer, ainsi postée devant l’entrée. Je repris mon chemin en direction de la secrétaire tout en continuant d’observer ce qui m’entourait dans le but de m’y accoutumer plus rapidement. Je prenais également soin de ne percuter personne, chose qui m’arrivait malheureusement assez régulièrement. Cela n’aurait pas été une excellente entrée de ma part de me faire déjà remarquer pour avoir bousculé quelqu’un sans y prendre garde. Arrivée face à la secrétaire, j’énonçais mon nom et celle-ci se mit à pianoter sur son ordinateur et à chercher mon dossier, sûrement dans le but de vérifier que tout était en règle.

Alors que je me retournais, attendant que la jeune femme ait effectué son boulot tout en remettant en place les mèches rebelles derrière mes lobes d’oreilles, mon regard buta sur une silhouette que je me souvenais avoir déjà aperçu. Fouillant dans ma mémoire, je passais en revue les jeunes filles pouvant être celle que j’apercevais dehors en train de monter les escaliers tout en parlant à quelqu’un. Indéniablement, son visage me disait quelque chose. Enfin, je réussi à la reconnaître. Lindsay River. Et ce nom ne m’évoquait pas que des bons souvenirs. Véritable pin-up dont l’un des seuls désirs était son bien-être total, elle m’agaçait avec ses airs supérieurs et sa façon de se mettre en rogne pour un rien. Oh, ce que je n’avais pas regretté quitter Los Angeles par la suite. La jeune fille avait réussi à me percer les tympans et j’avais dû réprimer une envie de lui donner une bonne gifle sur le moment. Misère !, malgré mon soulagement et convaincue du fait que je ne la recroiserais plus, les évènements me prouvaient le contraire. Mon séjour ici, que j’espérai bref, risquait fortement d’être épique. Je notais mentalement de songer fortement à réaliser une liste de personnes dans son genre et à vérifier si elles n’allaient pas dans le même établissement scolaire que moi. Mais pour le moment, ma première préoccupation fut de me sauver en vitesse. Malheureusement pour moi, la secrétaire ne semblait guère pressée et en était encore à fouiller dans ses papiers lorsque Lindsay entra dans le hall. Mes prunelles fixées sur elle, je l’observais se débarrasser sans ménagement du chauffeur qui tentait de l’aider. Toujours égale à elle-même, constatais-je.

Soupirant sans le cacher, je me tournais de nouveau vers la secrétaire et essayais de cacher mon agacement nouvellement formé par la présence de Lindsay, le genre de fille que j’abhorrais.

- Alors, tout est en ordre ?

La jeune femme, complètement dupe, me renvoya un sourire tout en me répondant :

- Je n’ai plus qu’à faire quelques vérifications et je pourrai vous indiquer votre chambre ainsi que votre emploi du temps, Mademoiselle.

Retenant un sourire victorieux, je me rembrunis bien vite en entendant les talons de Lindsay dans mon dos qui s’approchaient, bien trop vite à mon goût, de ma personne. Quelle que soit la rapidité extrême dont pouvait faire preuve la secrétaire, je n’aurai de toute façon pu éviter la brunette. Laquelle jura sans prendre le soin de murmurer et je me contins de justesse de lever les yeux au ciel en pivotant dans sa direction.

- Quelle heureuse surprise que celle de te revoir, Lindsay.

L’intéressée prit enfin conscience de ma présence et ses yeux s’agrandirent sous l’étonnement. Etait-ce du ton bien entendu ironique ou du fait qu’elle ne se rappelait pas de moi ? Visiblement, la seconde proposition semblait dominante au vu de sa mine ‘réfléchie’. D’un certain côté, cela arrangeait mes affaires, n’ayant pas été d’une gentillesse extrême à son égard à Los Angeles. Mais de l’autre, elle ne tarderait pas de toute façon à l’apprendre d’une façon ou d’une autre. Son visage changea soudainement. Elle n’avait pas la mémoire si courte que cela, somme toute. Je n’eus pas à attendre éternellement une réaction de sa part car, une fois son problème consistant à remettre un nom sur mon visage résolu, elle ne tarderait pas à me trouver une réplique bien sentie. Et en effet, sa bouche s’ouvrit quelques secondes plus tard dans le but de me répondre mais je l’arrêtais d’un geste. Incrédule, elle paraissait encore plus surprise que quelqu’un ait osé la stopper dans son élan. Tous sourires, je fis une rotation sur moi-même et attrapais d’une main les documents que la secrétaire avait déposés à mon attention sur le bord du comptoir, n’osant nous interrompre.

- Merci, fis-je à l’intention de la jeune femme.

Ramassant mes valises, je notais que Lindsay devait être encore trop abasourdie car elle n’avait encore prononcé le moindre propos. Lui adressant un sourire aussi faux que possible, je m’exclamais du même ton :

- Ce fut un plaisir.

La raillerie était perceptible même pour une personne dont le quotient intellectuel n’excédait pas soixante-dix, c’était dire. Je jubilais en voyant le visage de la jeune fille se décomposer mais tournais assez rapidement les talons, soucieuse de m’éloigner tout de même le plus rapidement possible. Qui sait, son cerveau pouvait soudainement s’activer dans le but de trouver une répartie. Et je n’étais guère intéressée par un pareil cas de situation.