La mort de la chenille annonce la naissance du papillon | Finn ♥

La mort de la chenille annonce la naissance du papillon
Finn Reegan

24 Mars 2013

On le savait. On savait très bien que ça allait arriver mais je ne pouvais pas m'attendre à ça, aujourd'hui. On a beau le savoir, se préparer, lorsque la nouvelle tombe, c'est tout un monde qui s'écroule, qui s'effondre. Hier, à 14 heures douze, j'ai reçu un appel de l'hôpital. Maman y séjournait, inconsciente, depuis plusieurs mois, depuis l'accès de colère de papa envers nous tous. Le dernier, celui qui lui aura alors, coûté la vie. Mais pas seulement uniquement à maman. Papa est en prison et va maintenant y rester un très long moment, Jude, Joshua et moi, sommes alors comme trois orphelins. Trois personnes à qui, il manquera toujours une partie d'eux. C'est un choc, un drame. Personne ne peut s'attendre à ce qu'on lui dise, que la personne qui l'a créée, qui a donné de son corps, de son âme, de son être, de son coeur, vient de disparaître alors que toi, tu vis. En quoi est-ce normal? En quoi est-ce juste? Pourquoi doit-on vivre avec une douleur pareille? Vivre sans ma maman est quelque chose de vraiment difficile. Je n'ai jamais été aussi extrême que Jude vis à vis des parents, même pour papa. Je lui trouvais toujours des excuses mais maman, elle était là, douce, sensible, gentille. Tout le monde ne cessait de me dire que je lui ressemblais... Mon Dieu, je commence à parler d'elle au passé. Cela fait à peine deux semaines que je viens de fêter mes 17 ans, tout allait bien dans le meilleur des mondes, pour une fois ! Et là, bam. Le coup de massue. Pourtant je le savais, les médecins nous avaient prévenu, à de nombreuses reprises, mais non, je ne voulais pas y croire, pas me faire à cette idée. Malheureusement, elle était partie, seule, pour de bon, pour retrouver la paix. Elle a retrouvé ses parents, elle a retrouvé un confort qu'elle n'a jamais connu ici, avec papa et nous trois. Mais et nous? Nous sommes seuls. Définitivement seuls. Papa ne reviendra jamais et nous ne voulons plus avoir à faire à lui. C'est l'unique responsable de tout ça, de ce drame. C'est lui qui l'a poussé du haut de l'escalier. C'est lui qui nous a frappé, tout les trois. C'est le seul fautif, n'est-ce pas? Alors pourquoi ai-je ce sentiment de culpabilité? Si je n'avais pas fait ce caprice, de revenir à la maison juste parce que je me sentais abandonnée par Jude... Jamais ça ne serait arrivé. Jamais. J'avais beau dire que papa était le coupable, la Justice avait beau dire ça également, je me sentais coupable. Et d'ici quelques jours, j'allais devoir enterrer ma propre maman. La seule femme de ma famille. Le seul membre doux, gentil et tendre. Mon modèle. Ma maman.

Depuis l'annonce de cette triste nouvelle, je ne vivais plus tellement. Ca ne faisait pourtant que deux jours, mais j'étais tombée tellement bas et en si peu de temps, que je n'en revenais pas moi-même. Je vivais recluse chez les Nu Zêta, étant chef, je me devais d'être présente, mais je n'avais même pas envie de rester là, enfermée avec tout ces jeunes, souriants, heureux. Alors oui, ils étaient adorables et faisaient tout pour me rendre la vie plus facile, ils étaient là pour moi, Neal, Devis, Jude mais pour les autres, c'était une autre histoire... Je n'avais pas la force de dire à voix haute que ma maman était morte. Je n'y arrivais pas. Je n'avais même pas prévenue mon meilleur ami, Dexter, ni mon petit ami, Aiden. Alors que c'était les deux personnes les plus proches de moi, à chaque instants de ma vie. Mais j'étais encore sous le choc. Perdre sa maman... c'est tellement abstrait lorsqu'on dit ça... Mais je ne souriais plus, je ne dormais plus trop pourtant, j'étais toujours dans mon lit ou sous une couverture. Je ne mangeais plus vraiment, malgré ma passion pour la cuisine et mon côté gourmande. Je n'écoutais plus de musique, je n'en jouais plus non plus. J'étais assise la plupart du temps, dans les canapés de la véranda, en compagnie de notre chien, Batman. Il ne me quittait pas, comme s'il sentait ma peine. C'était le seul, avec Jude, que j'autorisais à m'approcher. Même Neal et Jeff, avaient du mal. Je ne parlais plus, je n'arrivais pas à extérioriser ma peine, ma colère, ma culpabilité. Pour moi, j'étais perdue. C'était comme si je roulais à pleine vitesse et que je m'étais pris un mur. Je venais de m'arrêter net, sur une piste de bonheur à l'état pur. Un tel contraste était troublant et je ne parvenais pas à faire la part des choses.

Ca commençait à se savoir à l'école, je savais qu'il n'était qu'une question de temps pour que Dexter et Aiden viennent toquer à ma porte, mais je ne le voulais pas. Je n'avais rien à leur dire, je n'étais qu'un corps, presque inerte, avec une odeur et une allure à faire peur. Des cernes, des cheveux qui ressemblaient à rien. Je ne me lavais pas, ça allait faire trois jours. Je ne m'étais pas changé, je dormais et passais ma journée avec les mêmes habits. Je ne sortais pas. J'avais juste demandé à Jeff un paquet de cigarette et je le fumais lentement, de temps en temps. J'avais fumé à une période, juste pour me donner un style je pense. Et là, ça ne me ressemblait pas, mais c'était comme si ça me permettait de faire une pause dans mon malheur. Je comprenais mieux ceux qui dépendaient de l'alcool ou d'autre chose. Je ne bougeais pas vraiment de la véranda, vu que je mangeais peu, j'avais pas mal de vertiges.

Mais ce soir là, après les cours, alors que les Nu Zêta étaient présents, on toqua à la porte. Mon coeur se mit à battre plus fort. Je savais que c'était pour moi mais je priais pour que ça ne soit pas Aiden ou Dexter. Enfin je priais... Comment un Dieu pourrait-il faire un geste tendre envers une personne à qui il a retiré un des proches? J'entendis la voix de Neal, ça devait être lui qui ait ouvert la porte. Je n'avais pas bougé, le coeur battant fort. Non, je n'étais pas prête pour ça. Pas prête du tout. Fermant les yeux, face au jardin et aux baies vitrées, je priais quand même.

« Marissa?... Y'a quelqu'un qui est venu te voir... C'est Mr Reegan. »

Mon coeur rata un battement. Mr Reegan? Mon prof de littérature? Je tournais alors la tête vers mon meilleur ami et l'homme derrière lui. J'aurai du me lever, mais je ne le fis pas. Je ne sais pas pourquoi. C'était à son cours que j'avais reçu le coup de téléphone. Voulait-il me parler à ce sujet là? Pour me faire une petite leçon étant donné que je n'assistais plus au cours depuis deux jours? Valait mieux pas...