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Je souris à la lecture de la réponse de Damon. Il était gêné. Moi, j'étais tellement franc, qu'au final, j'avais peu de complexe, surtout qu'aussi, je me voyais comme un surhomme du coup, je ne pouvais pas avoir de point faible... Enfin. Ca, c'était avant Ilyès. Maintenant, c'était lui, mon plus gros défaut, ma plus grande faiblesse. Et justement, est-ce que je serai prêt à accepter ça? Après tout, je m'aimais tellement... qu'il me semblait impossible d'aimer quelqu'un d'autre. Je répondis tout de même à Damon :

« Oui je me doute bien que tout le monde n'est pas à l'aise avec ce sujet là. Je t'avoue que j'ai déjà essayé avec une fille, la sodomie. Mais ce n'était pas mon truc, du coup, j'ai peur de ne pas aimer et de plus, c'est plus une métaphore qu'autre chose. J'ai l'impression qu'une fois que je franchirai ce cap là, je ne pourrai plus faire machine arrière. J'ai peur d'être catalogué comme un sale homo -désolé si je t'offense-.

Et il y a cette question d'amour propre qui me dérange... Mais je pense qu'il faut déjà que j'ai une conversation avec mon ami avant. Les choses devraient se régler d'elles même par la suite non? En tout cas merci pour m'avoir répondu, en avoir prit le temps. J'ai beaucoup aimé parler avec toi ! J'espère qu'on gardera contact !

Bonne fin de journée Damon !

Lukas. »

Je relu mon e-mail et referma mon ordinateur. Il était temps pour moi de faire autre chose que de pianoter devant mon ordinateur ! J'avais envie de courir, histoire de me défouler un peu et de ne penser à rien, pour justement, penser à l'essentiel. En tout cas cette conversation me restait en mémoire. Les choses allaient changer et ce, d'ici peu.

Une nouvelle réponse de « Lukas ». J’y répondais immédiatement. Si je n’avais rien de mieux à faire ? Bien sûr que je n’avais rien de mieux à faire aujourd’hui que de jouer au bon samaritain !

Tu as toujours agis pour faire plaisir à quelqu’un, pour rendre fier un homme qui, inconsciemment, ne t’acceptait pas comme tu es. Maintenant, tu t’en es rendu compte. Maintenant, tu peux être maître de ta vie, de ton destin. Tu en es capable, j’en suis sûr.

Ca c’est vraiment marrant parce que mon petit-ami et moi c’est un peu comme ton meilleur-ami et toi. Je te ressemble assez, pas très tendre, pas très bavard, assez complexé par ce que je suis, etc. Et mon petit-ami, lui, c’est comme ton meilleur-ami : il est tellement positif. La chose qui te rend vulnérable chez ton meilleur-ami c’est juste l’amour que tu lui porte ! Je crois que tu arriveras à prendre ta décision le jour où ton ami voudra dévoiler votre couple. Il y a certaines choses, comme faire son coming-out et assumer ce qu’on est, qui ne peuvent se faire que sur le tas –ou presque-.

Pour ta question sur comment ça se passe sexuellement entre deux hommes. Hé bien… Je suis sûr qu’il doit y avoir des trucs dans le kama-sutra (Rire). En un mot : sodomie.
Que veux-tu que je te dise ? Je n’ai jamais couché avec une femme alors je ne pourrais pas comparer. J’ai connu ma première fois avec mon petit-ami et je n’avais rien prévu. En fait, la seule chose que j’avais prévu sur le plan sexuel c’était de le faire avec la fille dont j’étais amoureux. Je devais l’épouser et ensuite j’aurais pu coucher avec elle. Un petit conseil sur le sexe entre hommes : sois dominant dans ton couple comme ça se sera toi qui… ‘Fin je suppose que tu sais de quoi je parle.
Sérieusement, ce genre de question me met quand même super mal-à-l’aise.

Et pour le film, c’est juste parce que ton couple me fait penser au couple de ce film. J’espère sincèrement que ton couple ne finira pas comme celui du film.

Derrière mon écran, j’étais rouge d’embarras de parler de sexe avec un inconnu. D’accord, j’étais embarrassé même quand je parlais de sexe avec Marissa alors qu’elle était ma meilleure-amie !

Je venais de revenir sur le canapé, regardant en même temps un match à la télé, j'attendis la réponse de mon correspondant. Lorsque l'alarme d'un nouvel e-mail se fit entendre. Prenant mon ordinateur, je me mis à sa lecture puis à l'écriture d'une réponse :

« Maître de ma vie... J'ai toujours cru que je faisais mes propres choix mais je me rends compte que je ne pense pas avoir fait une seule chose pour moi, selon moi, depuis ma naissance. C'est ça qui est déroutant. J'ai la sensation d'avoir été un pantin.

Pour mon meilleur ami, oui, je tiens réellement à lui. Nous sommes les opposés parfaits et en même temps, tellement semblables... Il est doux, sensible, gentil, sociable, drôle, joyeux et rien qu'avec ça, tu sais comment je suis, son contraire. Y'a quelque chose chez lui qui me rend vulnérable. Quand je le vois sourire, je suis heureux et je sais que bientôt, il voudra une relation différente. Il voudra qu'on s'assume, qu'on se dévoile aux autres mais je ne suis pas encore prêt à ça. J'ai peur de manquer de temps...

Mais j'aurai une autre question, ne sois pas gêné mais je voudrais aussi savoir comment ça se passe, sexuellement parlant. Parce que si notre relation évolue, on sera forcément amené à le faire et c'est quelque chose qui me fait assez peur je dois dire. Parce que c'est comme si j'officialisais mon homosexualité avec ça. Et je ne suis pas encore apte.

Et merci pour le film, je vais le télécharger de ce pas ! »

Je cliquais alors sur Envoyer, encore une fois.

Bon, le gars qui était derrière son ordi devait vraiment être désespéré. Quelques minutes après lui avoir envoyé un e-mail, il me répondait déjà.

La véritable perfection c’est d’être soi-même. J’en ai vraiment pris conscience au contact de mon petit-ami. Si je suivais les critères de perfection de mon beau-père, je serais programmé génétiquement pour ne pas être parfait parce que mon père biologique est noir. Je ne sais pas si ton père est un salaud comme l’a été mon beau-père mais tente de changer ta façon de penser. Agis selon tes envies et non selon les envies d’un autre. Tu es maître de ta vie. Et surtout…

Tu es vraiment bien accro à ton ami. Je te souhaite d’être heureux avec lui.

Oui pour mon couple ça a été compliqué. Mais ça a été compliqué parce que je ne m’assumais pas. Je n’arrivais pas à me montrer en couple avec lui. Je n’arrivais pas non plus à lâcher la fille dont j’étais amoureux. Quand j’ai su que mon amour pour cette fille était réciproque, j’ai décidé de trahir mon petit-ami. C’est juste à cause de moi et de tout ce que j’ai fait que ça a été compliqué. Je te rassure, il y a des histoires gays simples. Tu sais, c’est toujours compliqué quand tu n’acceptes pas, quand tu ne t’acceptes pas. A mes yeux, ton histoire n’a pas l’air très compliquée.

Je ne te connais pas et je ne connais pas ton ami mais… Qui te dit qu’un jour il n’aura pas envie de montrer son bonheur à quelqu’un ou même au monde entier ? Un jour, il ne supportera peut-être plus de vivre caché. Tu as déjà vu « Le Secret de Brokeback Mountain » ? Dans les deux gays, l’un préférait vivre caché alors que l’autre avait besoin de crier son bonheur d’être amoureux du taciturne. Peut-être que ton histoire finira que votre couple ressemblera au couple gays du « Secret de Brokeback Mountain ». Si ça arrive, tu trouveras peut-être le courage de t’assumer quand tu verras que vivre caché tue à petit feu ton ami. Peut-être arriveras-tu à accepter ce que tu es et à vivre au grand jour pour le bonheur de celui que tu aimes ? Enfin… Tu le feras peut-être si, un jour, son bonheur sera plus important que le tien à tes yeux et que le simple fait de le voir heureux, te rempliras de bonheur.

Sans relire mon message, je l’envoyais. Il n’y avait pas tergiverser.

Je venais de terminer mon café lorsque mon alarme retentie une troisième fois. Je souris, comme content d'avoir une réponse et ouvris le mail pour le lire. Je croyais lire des phrases que j'aurai pu écrire moi même... C'était quand même très perturbant ! Je lu donc la totalité du mail avant de répondre :

« Pour moi, être homo n'est pas synonyme de perfection et on m'a toujours apprit à être parfait. Je n'ai pas eu une autre éducation, pour moi, ce n'est pas quelque chose de normal, ce n'est pas quelque chose que je dois subir et supporter mais je réalise aujourd'hui, que je ne vais pas avoir le choix, parce que je ne peux plus vraiment faire autrement. Je ne vais pas pouvoir croiser mon meilleur ami tous les jours et devoir me retenir. Je ne pourrai pas prendre mes distances avec lui pour me contrôler ni même supporter qu'il voit une fille...

Pour ton couple, je vois que c'est bien compliqué ou que ça l'a été en tout cas ! Mais rassure moi : il existe des histoire gay, simples? Ou bien c'est une illusion? Parce qu'on entend tous les gays dirent qu'ils sont comme tout le monde etc... mais il n'y a rien de commun dans ce que tu me racontes ou même ce que je vis ! Enfin... désolé si je peux te choquer, c'est mon côté macho et homophobe sur les bords qui vient à la charge. Il faut bien que je compense un peu !

Non mais honnêtement, je te trouve courageux d'avoir fait ça. Personnellement, je doute d'en être un jour capable. Vraiment. Je crois que je ne pourrai jamais le faire et vivre caché ne me dérange pas, tant que je peux être avec lui... enfin... si c'est ce que je veux vraiment... »

Je n'étais pas très convaincu de ma réponse, mais je l'envoya quand même, me levant du canapé pour aller déposer ma tasse dans mon évier.

C’était fou. Le gars derrière l’écran voulait vraiment des conseils. Je lisais avidement l’e-mail qu’il venait de m’envoyer. J’étais de plus en plus surpris : on avait beaucoup de points communs l’air de rien !

Je comprends que tu n’ai pas voulu décevoir ton père. Quand j’étais plus jeune, avant de savoir que l’homme que j’avais considéré comme mon père n’était pas réellement mon père, je voulais que mon beau-père soit fier de moi. Je me suis interdit d’être celui que je voulais être pour être celui qu’il voulait que je sois. Quand j’ai rencontré mon père biologique, j’ai compris que c’était une énorme erreur de vouloir à tout prix rendre fier un type qui voulait juste que je ne sois pas moi.

Selon toi, être homo veut dire que tu ne peux pas être quelqu’un de bien, de génial, d’adorable, etc ? Personnellement, je n’ai pas vraiment eu ce problème d’égo que tu semble avoir. Ma priorité était mon amour pour mon petit-ami. Vivre sans lui était plus dur que de vivre en étant regardé comme un monstre. Je te souhaite d’arriver à faire ton choix.

Parlons de mon couple. Je sors avec un gars depuis quelques semaines mais mon histoire avec lui a commencé vers Octobre 2012… A cette époque, j’étais fou amoureux d’une fille qui m’aimait mais ne voulait pas l’avouer. Pour la rendre jalouse et l’obliger à avouer qu’elle était amoureuse de moi, j’ai couché avec un gars qui était amoureux de moi et ce gars est devenu mon petit-ami. Après ce moment très intime avec mon petit-ami, je suis sortie avec lui mais je me cachais encore. La fille a été très très jalouse quand elle a su que j’avais couché avec ce gars. J’ai quitté mon copain pour sortir avec la fille. Puis elle est partie et je me suis rendu compte que j’étais amoureux de mon copain. On s’est retrouvé, on a nouveau couché ensemble dans un endroit assez particulier, je dois admettre… Mais mon copain était furieux que j’ai pu le tromper avant et il doutait que je l’aimais et il est sortit avec une fille. Je précise : quand je sortais avec la fille, je me pensais bisexuel. Par contre, mon copain, lui, savait qu’il était absolument gay. Bref, les semaines suivantes, j’ai tenté par tous les moyens de le reconquérir. Tu dois savoir que je suis un mec très secret, je cache certaines choses par exemple que certains de mes passe-temps sont assez féminin. Pour reconquérir mon copain, je me suis mis à nu en public, j’ai montré qui j’étais vraiment devant tout mon lycée. J’ai fais exploser mes barrières par amour pour mon petit-ami. J’ai avoué devant tout le monde que j’aimais les garçons, j’ai chanté et dansé devant tout ce monde juste pour prouver à mon petit-ami que je l’aimais. Depuis je file le parfait amour avec mon petit-ami.

Si tu veux récupérer ton meilleur-ami, il faut que tu fasses la chose la plus dingue, la chose que tu ne ferais pas pour rien au monde et lui montrer que tu fais ça pour lui.

Misère ! Je me m’étais presque à nu face à cet inconnu. Heureusement qu’on ne se connaissait pas. J’hésitais quelques instants à lui envoyer l’e-mail mais je décidais de l’envoyer sur un coup de tête.

J'avais posé mon ordi prêt de moi et avait reprit ma tasse, buvant mon café fumant pendant que mon correspondait me répondait. Et étrangement, je ressentais ce sentiment hâtif de lire sa réponse. Alors que je ne le connaissais pas. Mais c'était étrange, parce que même si on se parlait depuis 20 minutes à peine, que l'on avait échangé juste deux messages, c'était comme si quelque chose se produisait. Oui, comme si j'étais tombé sur un gars bien, qui me comprenait et qui avait les cartes en main pour m'aider dans cette nouvelle épreuve. Alors que je venais juste de poser ma tasse sur la table, la sonnerie d'un nouveau e-mail retenti, ce qui eu pour effet de me jeter sur mon ordi pour lui se réponse. Et là, je n'en revenais pas. Ce gars et moi avions plein de points commun. J'avais vraiment de la chance qu'il m'ait écrit! Je lui répondis alors :

« J'ai également reçu une éducation très stricte. Mon père a fait de moi, le fils idéale. Celui qu'il voit comme un bloc fort et indestructible. Lorsqu'il est mort, j'ai toujours dit que je suivrais à la lettre, tout ce qu'il m'avait apprit, malheureusement, il m'a donné l'image qu'un homme est un meneur, un dur à cuir, une vraie bête en fait. Cet idéal ne peut pas coller avec le fait d'être gay et je ne le suis pas ! Je suis juste amoureux de mon meilleur ami. Enfin amoureux... beh en fait si, amoureux. Et j'y peux rien. J'aurai préféré que ça soit tombé sur quelqu'un d'autre mais ce n'est pas le cas.

Et c'est même plus qu'une grosse claque en fait. C'est tout un monde construit depuis toujours, dans lequel on a grandit, on a vécu qui s'effondre. Là, tout ce en quoi je croyais en remis en cause, je suis en train de tout rechercher, chercher la vérité, les choses vraies dans tout ça et ça me perturbe beaucoup...

Pour ta question... Honnêtement, je ne sais pas. Je crois que je réalise que sans lui, plus rien n'aura jamais le même goût, la même couleur, la même magie mais à côté de ça, je m'aime trop pour que les autres ne m'aiment pas. Si je vois que leur regard change, négativement, ça me détruirait. Parce qu'on m'a toujours vu comme un héros, comme un gars génial et que là... ça serait l'inverse...

Je suis également sportif, je suis tout le contraire pur et dur d'un homo. Rien ne peut trahir ça, hormis mon ami. C'est le seul à savoir ça, puisqu'il le partage aussi... Et même si je m'adore, je crois que je l'adore encore plus...

Et non, ça me gêne pas que tu parles de ton couple, au contraire, j'ai besoin de savoir comment ça s'est passé, comment tu as fais, ce que tu as vécu pour pouvoir réussir à faire tout ça aujourd'hui...

Je cliquais alors sur Envoyer.

En lisant le message de Lukas, je fus surpris. Cet homme me ressemblait. Enfin, pour le côté pas très tendre, pas mignon ni sociable, etc. Mais il avait plus vécu que moi. C’était normal, il avait 5 ans de plus que moi alors, inévitablement, il avait eu plus d’expériences. Je ressentais sa détresse derrière ses mots.

A ce que j’ai compris tu n’as jamais ressentis l’envie d’avoir une relation stable même avec une fille. Enfin… C’est pas bien grave…
Personnellement, j’ai bien l’impression que tu es amoureux de ton ami. La seule chose que tu as à savoir c’est que tu n’es pas anormal parce que tu es amoureux d’un homme. Pendant des années… Des années, c’est vite dit, je suis encore jeune. Mais pendant 3 ou 4 ans, je m’en suis voulu de ne regarder que les garçons. Mon beau-père, qui m’a éduqué, m’a inculqué que l’homosexualité était une tare. Jusqu’à très récemment, je n’assumais pas mon homosexualité. Je cachais ça sous une fausse bisexualité. En fait, je me mentais à moi-même et quand je me suis rendu compte que j’étais vraiment gay, je me suis pris une bonne claque. Je crois que ça fait cet effet-là à tout le monde. C’est vraiment perturbant de se rendre compte qu’on n’est pas celui qu’on pensait être.

Concernant ton ami, s’il dit être amoureux de toi, votre amitié n’est pas perdue à jamais. D’accord, tu as fait une connerie en partant aussi brusquement que ce que tu as fait mais rien n’est perdu. Essais de le retrouver, de t’expliquer avec lui et s’il le faut, de le reconquérir.
Je voudrais te poser une question : Qu’est-ce qui est le plus important ? Ton amour ou le regard que les autres ont ?

Moi aussi j’avais peur que les gens me regardent comme une bête curieuse. En plus, je suis un sportif et l’homosexualité dans le milieu est toujours assez mal vue. Pourtant, j’ai commencé à sortir avec un garçon –qui est lui aussi un sportif- et même si je suis encore un peu mal-à-l’aise avec ça, je tente de me moquer de ce que les autres pensent de mon couple. Je suis amoureux, j’ai galéré pour être en couple avec lui et maintenant, je suis enfin heureux… Mais bon, je ne vais pas t’ennuyer avec toute mon histoire d’amour avec mon petit-ami…

J’envoyais le mail, espérant sincèrement aider le jeune homme qui le recevrait.

Versant mon café dans ma tasse, j'entendis le petit bruit d'un nouveau message dans ma boite mail. J'arquais un sourcil. Rapide. J'espérais cependant ne pas tomber sur des messages de types tordus voulant se fricotter la nouille. Après tout, on trouve de tout sur Internet ! Je revins dans mon salon, mon café en main. Je le déposais sur la table et pris mon ordi sur les genoux. Je cliquais sur mon nouveau mail, ce qui me dirigea vers une réponse. Damon. J'arquais de nouveau un sourcil.

« Je pense pouvoir t'aider mais j'aimerais savoir : c'est la première fois que tu penses être tombé amoureux d'un autre homme? Si oui, tomber amoureux d'un homme ou d'une femme c'est la même chose.
Je sais ce que c'est que de se poser des questions genre : "Est-ce que je suis normal?" et tenter de se "raisonner" et de contenir ses préférences sexuelles. Heureusement, aujourd'hui, je suis passé au-dessus de ça et si tu penses que je peux t'aider, je reste à ta disposition »

Je fus rassuré de voir que ce type avait l'air normal et surtout : qu'il était rapide à comprendre. Il avait saisi mes besoins et avait répondu en fonction, les gens francs étaient ceux que j'affectionnais particulièrement. Je me mis alors tout de suite à ma réponse :

« Oui, c'est la première fois que ça m'arrive. Nous sommes amis depuis quelques mois et nous avons eu un accident de voiture grave la semaine dernière. Je crois que c'est là que j'ai compris que quelque chose n'allait pas avec lui. J'ai eu peur de le perdre, vraiment. Et lorsqu'on était à l'hôpital, je ne voulais pas y croire -comme encore aujourd'hui-. Ce n'est pas normal de ressentir ça pour un autre homme, à mes yeux. Je suis légèrement homophobe alors ce n'est pas évident pour moi. J'ai cru que c'était le choc qui m'avait fait perdre la tête, que c'était les médocs qui me shootaient mais j'ai compris que non.

On ne s'est pas vu pendant deux semaines et lorsqu'on s'est vu, je l'ai embrassé. Parce que je devais savoir. Et là... ça m'a bouleversé. Je n'avais jamais rien ressenti de pareil, jamais. Je ne suis pas le genre tendre, mignon et sociable. Je suis plutôt le bloc de glace. J'ai jamais eu de relations sérieuses avec qui que ce soit, juste du cul. Alors là, franchement, je suis totalement perdu et je ne sais pas quoi faire. Et oser dire ça, me connaissant, c'est signe que ça ne va pas. Je ne suis pas du genre à me remettre en question, je suis celui qui est sûr de lui, fort, vaillant, droit au but. Celui sur qui l'image d'un battant, d'un vainqueur apparait au dessus de la tête.

Je ne me reconnais plus et je crois que c'est ça qui me perturbe le plus. Et puis j'ai peur du regard des autres, de mon frère, j'ai peur qu'on ne me voit plus comme un winner mais comme un looser. Mais à côté de ça, il me manque. Là, on ne se parle plus, parce que je me suis barré après l'avoir embrassé. Je ne pouvais rien lui dire, il fallait juste que je me tire et je crois qu'il a été blessé. Il dit être amoureux de moi mais je ne suis plus sûr de rien. Notre amitié est perdue à jamais mais pour le reste?... »

Je vérifiais mon orthographe puis envoya mon mail.

Je ne l'avais jamais dis à Neil ou à Marissa ou... ou à qui que ce soit mais depuis plusieurs mois, j'étais inscrit sur un forum sur la sexualité. Je n'avais pas vraiment besoin de réponse sur ma sexualité. J'avais juste besoin de savoir comme accepter mon goût pour les hommes. J'avais eu quelques réponses mais ça n'avait pas suffit pour que je m'assume. J'avais eu besoin de Neil. C'était lui qui m'avait donné le courage de sortir de mon placard. Depuis mon coming-out, au bal de la St-Valentin, je passais mon temps à tenter d'aider des jeunes qui vivaient la même chose que ce que j'avais vécu plusieurs mois auparavant. J'étais tombé sur un sujet qui m'avait particulièrement interpellé. Un gars, Lukas qui avait, selon ses dires, 22 ans, était amoureux de son meilleur-ami... Hé bien! C'était ce qu'on appelait un gay sur le tard. C'était bizarre de se rendre compte d'une chose pareille à cet âge. Après quelques minutes de réflexion, j'avais écris :

Je pense pouvoir t'aider mais j'aimerais savoir : c'est la première fois que tu penses être tombé amoureux d'un autre homme? Si oui, tomber amoureux d'un homme ou d'une femme c'est la même chose.
Je sais ce que c'est que de se poser des questions genre : "Est-ce que je suis normal?" et tenter de se "raisonner" et de contenir ses préférences sexuelles. Heureusement, aujourd'hui, je suis passé au-dessus de ça et si tu penses que je peux t'aider, je reste à ta disposition.

J'avais signé mon message de mon pseudo, Damon. Ceux qui me connaissaient savaient que Damon était mon second prénom et sur ce forum, je le justifiais par un joli mensonge : "J'adore le personnage de Damon Salvatore dans TVD".
J'attendais avec impatience la réponse -ou non- de "Lukas".

WWW.JESUISGAYAIDEZMOI.COM

7.03.2013

J'avais honte. Honte d'aller sur un site pareil. Mais je n'avais pas d'autres choix. Il me fallait de l'aide, des réponses, des solutions. Etait-ce arrivé à d'autres? Oui, probablement. Comment est-ce que ça pouvait partir? Comment apprendre à gérer ça? Il fallait que je trouve la paix, en trouvant des réponses à mes questions. Je m'étais donc inscris sur un pauvre forum qui parlait de sexualité et il y avait une rubrique Gay. Ca me fit mal d'aller m'inscrire dans cette partie. Très mal même. Comme pseudo, j'avais choisi Lukas. J'avais répondu à mon âge, 22 ans et c'était tout. En description, j'avais écris :

« Je crois que je suis amoureux de mon meilleur ami, je veux en être sûr. Je veux quelqu'un qui saura répondre à mes questions. »



Court, bref, clair et concis. C'était tout moi ça. J'enregistrais mes paramètres et j'attendis une réponse. Pendant ce temps, je me levais de mon canapé pour aller me faire un café bien serré. J'étais torse nu, en boxer, les baies vitrées grandes ouvertes. Il faisait chaud. Mon ordinateur était posé sur la table du salon, je pouvais surveiller l'écran de la cuisine. Ah... ! Une réponse?