FINISHED | Just need You [Joe & Ilyès]

Nous ne cessions de nous embrasser. Nos lèvres se caressaient, nos langues s’étaient alors trouvées, ne désirant plus se séparer l’une de l’autre. J’avais été incroyablement surprit du goût de celle d’Ilyès. Je ne me lassais pas de l’embrasser, ça ne m’était pas permit. Je ne pouvais pas me détâcher de lui, même ci mon ami s’était un peu reculé lors de sa reprise d’air. Il m’avait alors soufflé quelques mots, il voulait comprendre ce qu’il se passait mais moi, je n’avais qu’une envie, qu’il se taise et que ce baiser ne se termine pas. Parce que c’était une dose magique de bonheur directement injecté dans mon être tout entier. Et que je savais que dès que nous allions nous arrêter, pour parler, tout allait se compliquer et que tout allait partir en vrille et ça, je ne le voulais pas. Il me demanda si ça allait mieux et moi, je souris. Comme un con. Oh punaise j’allais mieux que bien. Je me sentais vivant, je me sentais libre, je me sentais tout droit sortit d’un autre monde, être devenu quelqu’un d’autre. J’avais la sensation de redécouvrir ce qu’était un baiser, de redécouvrir mon ami sous un nouvel aspect. Mais voilà… Ce qui devait arriver, arriva. Il avait trop parlé. Une boule s’était nouée silencieusement dans mon estomac, mon esprit retrouvait ses inquiétudes, ses angoisses, ses peurs camouflées. Je pensais aux regards des autres, ici, sur cette plage. Je pensais à ce que cette scène véhiculait. J’embrassais mon meilleur ami, moi, Joaquin Williams. L’homme le plus homme du monde, embrassant le garçon que je considérais comme mon meilleur ami. C’était tout à fait abominable. Mon Dieu mais que m’arrivait-il ? Qu’est-ce que je faisais ?! A cet instant, mes mains glissèrent sur le torse de mon meilleur ami et je le repoussais afin que nos lèvres se séparent. J’avais le cœur qui battait la chamade, j’avais mon ventre torturé en tous sens. C’était comme une cuite. Comme un réveil dans le paté. Douloureux, inconfortable, maladif. J’avais envie de vomir. J’allais vomir. Mes doigts se posèrent sur mes lèvres alors que mon regard semblait terrifiant. Je détaillais mon meilleur ami qui semblait réaliser le fait que JE réalisais ce qu’il venait de se produire. Qu’avais-je fait ? Pourquoi l’avoir embrassé et surtout : pourquoi avoir ressenti tout ça ? Ca n’était pas normal ! Je n’étais pas un de ces Gaygos de merde ! Je n’étais pas une de ces tafiolle de la gay pride avec des plumes dans le cul ! Je n’étais pas PD ! Alors pourquoi ? Pourquoi l’avoir embrassé ? Avoir trouvé ça si bon ? Avoir envie, quelque part, que ça recommence ? Non. Non. Je devais fuir. Je devais le quitter, sur le champ. Je devais m’éloigner de ce démon qui me tentait des pires péchés que le monde n’est jamais connu. Je me devais de partir loin de lui, le plus longtemps possible. D’ici quelques temps, tout sera redevenu normal et nous oublierions ce triste épisode. Il n’y avait rien eu. Absolument rien. Ce n’était pas possible !!
Je me reculais alors de quelques pas, choqué. Oui, c’était le mot adéquat. J’étais totalement choqué par ce baiser, par ces sensations, par ces peurs qui me sautaient dessus d’un coup. Toute notion de bonheur s’était évanouie, ne laissant qu’une infime trace d’adrénaline dans mon corps. La vision de notre baiser me revenait comme un flash, me faisant fermer les yeux et gratter ma tempe. Je devais oublier ça au plus vite ! Je devais redevenir normal ! J’étais le contraire de ça, je n’étais pas un monstre. Je n’étais pas gay putain !! Je n’arrivais pas à croire ce qu’il se passait. Non, c’était un cauchemar, j’allais me réveiller ! Mais lorsque je levais les yeux vers Ilyès, je croisais son regard. J’avais l’impression qu’il voulait pleurer toutes les larmes de son corps. Qu’il voulait s’enfuir en courant pour s’éloigner le plus de moi, mais pas pour les mêmes raisons que moi. Tout simplement en réponse à ma réaction. Je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. En temps normal, j’aurai pris mes clics et mes clacs et je me serai réfugié chez moi, afin de réfléchir à tout ça, de me calmer en buvant comme un trou, d’aller sauter une poufiasse ramassée en boite le soir même. Je l’aurai dégagé le lendemain matin et j’aurai été faire du sport, avant d’aller en regarder l’après-midi, vautré dans mon canapé. Je ne pouvais même pas parler de ça à qui que ce soit : mon meilleur ami était le principal concerné et puis même ! Quelle honte d’aller raconter ça à quelqu’un ! Oser dire tout haut que j’avais embrassé un mec mais pire que ça : que j’avais aimé ça. Aimé ça de tout mon être ! Putain mais merde !! Je serrai les poings, en envoyant un dans le vide, pris de colère. Il fallait que je me calme, très vite. J’allais comme exploser. Je n’avais jamais ressenti ça, c’était nouveau et même si je me croyais plus fort que tout, je venais de me confronter à plus fort que moi. Je n’avais pas la carrure pour tout ça et devoir admettre ce fait, me tuait un peu plus. Putain mais merde… Je pensais alors à mon père et s’il me voyait de là-haut ? La honte qu’il devait ressentir pour son fils bien aimé. Son gaygos de fils de merde !! Putain mais qu’est-ce qu’il m’arrivait ?! Je n’arrivais pas à parler, je ne voulais pas parler ! Je me refermais sur moi-même, perdu dans ces milliers de pensées qui me parcouraient l’esprit. Il me fallait du calme, de la tranquillité, il me fallait du recul sur tout ça. Je devais partir. Partir loin de lui. Partir et je ne sais pas moi bordel de merde !!! Réaliser dans trois jours que je ne pouvais pas me passer de lui ??? Mais je n’étais pas GAY !!! Ou alors quoi ? Qu’on fasse comme s’il n’y avait rien eu ?!! Non !! C’était trop tard ! Quoi qu’on puisse faire, notre amitié est à jamais perdu !! Putain mais merde ! Je ne pouvais pas le regarder, je n’y arrivais pas. Mes yeux voguaient du ciel à l’océan en passant par la plage. Je ne le regardais plus. Je n’en n’avais pas la force. Je savais qu’il allait pleurer, je ne voulais pas voir ça. Je ne voulais pas lire la déception sur son visage, je n’y arriverai pas. Je n’avais jamais déçu quelqu’un comme ça ! Je ne voulais pas le voir triste, le voir souffrir à cause de moi et puis… je ne voulais pas voir la vérité en face. Que l’envie de lui sauter dessus aurait été plus forte que le reste. Non, je ne l’embrasserai plus jamais. Ca m’était impossible ! Je gardais toujours le silence, grognant parfois, de colère, tournant le dos à Ilyès. Je faisais quelques pas, parfois m’éloignant de lui de plusieurs mètres. Il fallait que je parte… Absolument…

« Je… je ne peux pas rester. »

Je ne levais pas les yeux vers lui et alors que je venais à peine de finir ma phrase, je quittais l’endroit d’un pas rapide, afin de regagner la route, pour prendre un taxi et me barrer le plus vite possible de tout ça. Comme si je pouvais y échapper. Comme si j’avais la permission, le choix d’aimer ou non quelqu’un. Qu’en un claquement de doigts, je pouvais tout oublier. Comme si la distance physique allait suffire. Comme si je ne ressentirai pas le manque. Comme si tout ça n’avait jamais eu lieu… Comme si j’étais redevenu moi, Joaquin Williams, l’homme qui n’avait jamais aimé… Comme si…

Il n'y avait aucun mot pour traduire ce que je ressentais au moment précis où mes lèvres touchèrent celles d'Ilyès. C'était plus fort que tout, plus fort que la bombe atomique, plus fort que le pire des virus mortel, plus fort qu'une balle tirée en plein coeur, plus fort que le plus puissant des cyclone, plus fort que toutes les sirènes du monde battant à l'unisson. C'était plus beau qu'un soleil se levant ou même se couchant. Plus beau qu'un sourire d'enfant. Plus beau qu'un matin de Noël pour les gosses, plus beau que de gagner des millions pour un pauvre, plus beau que la rosée du matin, plus beau qu'un Picasso ou qu'un Matisse. Plus beau que tout ce qui existe sur cette planète et même des étoiles. Plus doux que la caresse d'une mère sur son enfant, plus doux qu'un voile de coton ou qu'un tissu de soie qui soufflerait sur une peau dénudée. C'était plus incroyable que la drogue, plus fou que Space Mountain, plus beau que la plus bonne des bimbo, plus fort que tout ce que je n'avais jusqu'alors, jamais connu. C'était mieux que le sexe. Mieux que la cuisine chinoise. Mieux qu'un match de boxe. Mieux qu'un Rocky Balboa. C'était juste. Indescriptible alors même toutes ces comparaisons à la con ne rimeraient jamais à rien pour définir ce que je ressens à ce moment là. On pourrait essayer de traduire ça pour l'explosion complète de mon corps tout entier. Chacun de mes muscles, de mes organes, d'un milimètre de peau, frissonne, tremble, s'excite et finit par explosion sous la tension insoutenable de cette overdose de bonheur, overdose d'adrénaline, overdose de sensations fortes. C'était comme si ma tête fondait à l'intérieur de mon cerveau, dégoulinant sur mon corps en feu, impliquant l'explosion qui suivait. C'était comme si je n'étais plus rien. Qu'une poussière. Qu'un grain de sable balayé. Qu'un chiffon qui s'envole dans les bourrasques de vent. Comme un ballon balancé du pied par Zlatan. C'était Zlatanement incroyable. C'était la meilleure chose que je n'ai jamais goûté dans toute ma vie entière. C'était la plus belle chose qui avait pu m'arriver. Celle qui avait réveillé mon corps tout entier, qui avait stimulé mon cerveau dans son intégralité, me permettant alors de me surélevé afin de rejoindre le Ciel, ses étoiles, son inconnu, son bien être, son mystère et toutes ses surprises. C'était comme si je venais de faire le tour de la terre en quelques secondes. J'avais l'impression de trembler, je ne savais plus qui j'étais, je ne savais plus où je me trouvais, durant ces quelques secondes, il n'existait rien d'autre que cette vague de bonheur à l'état pur que je me prenait dans la gueule, sans pouvoir rien y faire. J'avais ses lèvres, je les goûtais tendrement, magiquement. Il ne me repoussait pas, mais ça, je n'en n'avais même pas conscience. Je l'embrassais juste de toute mon âme. C'était comme si tous mes maux s'étaient stoppé le temps de ce baiser. Puis il se recula. Il essaya de béguailler deux trois mois, mais je n'entendais déjà plus rien. J'étais parti trop loin, je n'étais pas encore revenu à moi. Je ne réalisais tout simplement pas ce qu'il venait de se passer, ici, sur cette plage puis aussi, en moi. Je ne comprenais pas. C'était comme si tout mon corps était en alerte, sonnait de partout, hurlait de chaque endroit possible et inimaginable. La seule chose qui me calma un peu, ce fut de nouveau les lèvres d'Ilyès. Il s'était jeté sur moi, à mes lèvres, m'embrassant alors un peu maladroitement. Je fus surpris de ce baiser, si bien que je n'eus pas la réaction à laquelle il s'attendit. Il se recula bien trop vite à mon goût, s'excusant alors. Mais en partant, il ravivait ce feu qui me consumait de l'intérieur. Non, je ne supportais pas ces flammes dévorantes. Si bien que je me jetais de nouveau à ses lèvres, manquant de le renverser en arrière. Mes mains s'étaient de nouveau plaquées sur chacune de ses joues, nos corps se serraient l'un contre l'autre, le plus naturellement du monde. J'attrapais l'une de ses lèvres, jouant avec, ne pouvant plus m'en passer. Il n'y avait rien d'autre qui traversait ma tête ou plutôt, ce terrain de guerre totalement abandonné. Je sentais qu'il avait peur, qu'il était crispé. Il réfléchissait peut être trop? Il était tendu, il n'était pas à l'aise. Quittant un bref instant ses lèvres, je vins lui murmurer devant ses lèvres :

« Ca va aller Ilyès, t'inquiète pas... »

Avant de l'embrasser de nouveau tendrement, doucement, afin qu'il s'habitue à moi.

A TOUS NOS LECTEURS ♥
(je me la pète un peu là non? o/)

Ilyès était revenu près de lui. Il avait une gueule d'ange. Tu vois, le genre de tronche qui te fait chavirer. Le genre de gueule qui te fait rater un battement de coeur. Le genre de gueule où tu ne peux que sourire comme un con, en face. Où tu baisses les yeux, où tu te sens abrutit, mais où tu te sens bien malgré tout. Et là, honnêtement, j'avais chaviré comme une pauvre barque de bois, trouée et fichue à l'eau. Mon coeur avait raté un de ces fichus battements. Mes lèvres s'étiraient pour un sourire de navet. Mes yeux se baissaient pour ne pas affronter les siens une seconde de plus. Et malgré tout... je me sentais bien. Heureux. Même si j'avais cette vague de stress et de peur, je me sentais bien. Parce qu'en fait, c'était l'excitation de ces sensations nouvelles éveillées en moi qui me rendait tout aussi con. L'amour rend con à ce qu'il paraît non? Etais-je amoureux? HEIN? Mais HEIN???? Moi??? Amoureux d'Ilyès???? Pfff. La blague. Le sketch. C'était humainement impossible non? Hein? Non mais pourquoi je vous pose la question, à vous, amis imaginaires ! Voix inexistante dans ma tête ! Je n'étais pas une tapette, j'aimais les filles !! Enfin j'aimais... Non. Je n'avais jamais aimé une fille, mais je savais que je les préférai aux garçons ! J'en étais sûr ! C'était évident ! Mais pourquoi étais-je aussi sûr de quelque chose de si abstrait? Après tout... je viens de le réaliser mais... Je n'étais jamais tombé amoureux d'une fille. Jamais. Je n'avais jamais ressenti les pincements au coeur lorsqu'elle me regardait ou me souriait. La voir heureuse ne me remplissait pas de bonheur moi même. Entendre son rire suffisait à calmer mes peines. Etre à ses côtés suffisait à mon bonheur. Non. Jamais je n'avais ressenti ça pour une fille. Néanmoins... n'était-ce pas ce que je ressentais pour Ilyès? Oh putain...

Je ne m'étais pas encore assis de nouveau. Je le fixais à présent, comme si la réponse, j'allais la lire sur sa gueule d'ange. Il me demandait si ça allait, s'il n'y avait pas un problème. Oh mais si y'en a un de MEGA PROBLEME ! Comment je pouvais lui dire tout ce à quoi je pensais? Il allait s'enfuir en courant ! M'enfin... à béquille, ça risquait d'être dur ! J'avais peut être une chance dans ce cas ! Ma main passa sur mon visage, comme si ce simple geste allait pouvoir me laver de toutes ses atroces pensées. Je soupirais. Je tournais en rond. Il fallait que je sois sûr. Sûr que mes pensées s'avèrent exactes. Après tout... j'y avais déjà pensé le jour de l'accident, j'pensais que ça venait des médicaments, du choc ou d'autre chose mais au fond... Je me cherchais des excuses, pas vrai? Mais je ne pouvais pas être gay ! J'aimais trop être un mec pour ça et j'en étais un vrai ! (Oui, parce que Joe pense qu'être homo signifie être une femme. My God.) Je le fixais et alors que j'étais perdu dans mes pensées, je finis par lui dire :

« Non, non ça ne va pas Ilyès. »

J'étais choqué par mes propres pensées. Comme si une censure établi par mon éducation, par ma personnalité propre m'empêchait d'aller plus loin. Mais mis à part cette théorie : j'avais compris depuis bien longtemps qu'il n'y avait pas d'autre choix... Je fis signe à mon ami de se lever. Je devais en avoir le coeur net. Il fallait que je sache. Il n'y avait pas beaucoup de monde sur la plage. Les rares personnes qui étaient là, nous tournaient le dos. C'était le moment ou jamais de voir si j'avais raison ou non ! Je ne préférai pas réfléchir davantage. Parce que si je réfléchissais : je pourrai me demander si je ne mettais pas ma relation avec Ilyès en danger. Je pourrai me demander si quelqu'un allait nous voir. Je me poserai d'énormes questions sur moi et au final : je prendrai la fuite. Non. J'étais un battant. Je surmonterai tout ça, j'y vais !

Mon ami s'était levé vers moi, je fis deux pas, je me retrouvais face à lui. Il se demandait sûrement ce que je fabriquais, mais je ne lui laissa pas plus de temps pour réfléchir. Passant mes mains sur ses joues, incroyablement douces d'ailleurs, j'attirai vivement mais tendrement son visage vers le miens. Sentant mon coeur exploser, je déposais mes lèvres sur les siennes. Et là.... c'était comme...

Son meilleur ami lui répondit alors que si, il se souvenait de tout, également. Mais comment ça de tout? Cela prenait il en compte certains passages qui n'auraient peut-être pas dû avoir lieu? Ou plutôt... qui n'auraient pas eu lieu dans d'autres circonstances? Joe l'ignorait. Après tout, avec des "si", ne pourrions-nous pas refaire le monde? Très certainement. Mais là, en cet instant, alors qu'Ilyès le regardait, il confondait tout. C'était un besoin, il avait besoin de lui, de sa présence, de son corps, de son rire, de son sourire, de sa joie de vivre, de son sentiment d'insécurité, de son peu de confiance en lui. C'était comme si, pour la première fois, il voyait ses défauts devenir qualités. Comme si tout ce qu'il y avait de mauvais, s'envolait. Pourquoi avoir un tel ressenti? Ce n'était pas logique ! Normalement les défauts et les reproches que l'on pourrait faire à une personne ne partent pas comme ça, en éclat, sous prétexte d'un seul sourire de cette dernière. Joe n'avait jamais fonctionné comme si, aussi, il n'était pas habitué et même : il était surprit face à de telles réactions de sa part. Comment être autant touché par une personne et ce, du même sexe que lui? Ca semblait tellement improbable, tellement impossible en fait.

Il ne savait pas quoi dire, plus quoi penser. Que devait-il faire? Que devait-il dire? Le pire, c'était qu'il pensait sincèrement que tout cela venait de l'accident, des médicaments et de rien d'autre alors que non. Ces deux semaines passées loin de son ami, sans réel contact avec lui, avaient été spécialement dures à vivre. Il n'avait pas apprécié passer du temps seul, sans avoir un message, des nouvelles, ni même le croiser à l'école. Et ça, c'était un réel problème, parce que c'était bien la première fois qu'il se rendait compte que la solitude commençait à le peser. Il ne s'en était jamais rendu compte auparavant ni même n'avait ressenti ce mal aise. Alors pourquoi maintenant? Que signifiait de tels sentiments?

Joe avait réfléchit à tout ça pendant ces deux semaines. Il en avait conclu qu'il appréciait vraiment son meilleur ami. Qu'il aimait sa relation avec lui, qu'il l'adorait vraiment en fait. Qu'il aimait réussir à le faire sourire, le faire rire, le faire se surpasser, le faire vivre de vraies aventures (chocolatées ♥) etc... Mais la question qu'il se posait alors était : où s'arrêterait cette amitié? Quand l'un d'eux aura une copine dans sa vie et qu'ils devront alors prendre des distances l'un avec l'autre. Et ça, Joe en avait secrètement peur. Il redoutait ce moment, surtout qu'Ilyès était loin d'être un garçon dégueulasse. Loin de là, chérie serait l'élue de son coeur....

Son meilleur ami lui demanda alors 'il se souvenait de tout. Question étrange. Joe lui demanda alors :

« Oui, pourquoi? Tu ne te souviens plus de rien? »

Oui, il se souvenait de tout, enfin, il se rappelait des trucs, mais s'il en avait oublié certaines, il ne s'en rendrait pas compte (logique !). Et à l'entente de cette phrase, il se remémora alors la scène. L'accident, les bouts de verre, la douleur, la tête en bas, Ilyès. Sentiment de panique. Le corps déchiqueté du conducteur. Horreur. Tombe au sol, douleur, Ilyès. Tombe dessus, douleur, l'extrait de la voiture, rampage de corps vers la route, mal à la jambe, mal à la tête. Ilyès, rassuré. Douce chaleur dans sa paume, sentiment de bien être, rassurant, doux. Sirène, douleur, lumières fortes, hôpital, engueulade, douleur, douleur, douleur. Ilyès. Bien être. Froideur, nuit, retour, sentiment de mal aise. Voilà comment il résumait cette journée. Il n'était pas traumatisé par l'accident et ses visions horribles. Pourquoi? Parce qu'il était fort comme un immeuble New Yorkais. Aussi froid et imbattable. Mais alors pourquoi voyait-il Ilyès comme un Boeing 767, explosant entre ses vitres, pour le faire tomber à terre? N'être que poussière.

Il se souvenait qu'à chaque contact ou conversation avec Ilyès, il se sentait tellement bien... Il se souvint de ce qu'il avait ressenti tout au long de la journée, qu'il se sentait trop perturbé par tout ça, qu'il s'était enfuit comme un lâche. Il se souvenait de tout, d'absolument tout. Il pensait que ça venait des médicaments, mais apparemment non... Alors qu'est ce que c'était? Est-ce que son meilleur ami en avait une idée? Il l'espérait, parce que de ne pas savoir, ça le faisait chier. Il n'aimait pas se sentir impuissant, inofenssif et sans carapace.

« Oui et non. En fait, je voulais juste te voir. J’avais peur de t’envoyer un message, je voulais pas te déranger. Alors j’ai fait silence radio. Je veux pas que tu penses que j’étais fâché. C’est pas le cas. Je suis désolé si tu attendais autre chose, je voulais pas te décevoir. Mais comme j’avais pas de nouvelles non plus, je croyais que tu voulais pas me voir. Je trouvais ça trop bête si on coupait les ponts comme ça. Parce que c’est pas ce que j’veux. »

Joe arqua un sourcil. Il était con ou quoi? Il tourna la tête vers son ami et lui répondit alors :

« Je t'avais dis de m'envoyer un message espèce d'innocent, j'pensais que tu faisais la gueule ! Alors franchement, je t'avoue que ton message de tout à l'heure m'a bien fait flipper, j'pensais que tu voulais limite rompre avec moi ! »

Oups. Lapsus? Freud dit que les lapsus sont ce que pense notre inconscient, en somme pour certain, une forme de vérité qu'on se refuse. Pourquoi alors parlait-il de rompre? Cela menait directement à une relation, à de l'amour. Et c'était bien ce qu'ils avaient : une relation amicale très forte. Non? Ilyès lança alors rapidement :

« Tu m'as manqué »

C'était court, sobre et dit. Joe n'était pas du genre à être hyper extravagant sur ses sentiments, il n'était pas du genre à dire ce genre de chose, même s'il les ressentait. Il sourit alors, espérant que son ami se contenterait de cette réponse. Un silence s'installa entre eux. Mais un silence qui ne le mettait pas mal à l'aise, bien au contraire. Joe ne savait pas quoi dire, plus quoi penser. Il retrouvait peu à peu les sensations étranges qu'il avait éprouvé le jour de l'accident. Cela ne venait donc pas des médicaments ni du choc... alors ça venait de quoi? D'Ilyès? Apparemment, puisque c'était la seule chose qu'il restait en commun avec cette journée là. Le jeune homme lança alors:

« J'ressens les mêmes sensations que le jour de l'accident... C'est bizarre. »

(j'ai encore un peu de temps avant qu'il n'arrive ♥)

Son meilleur ami lui répondit que ça allait plus ou moins, mais que surtout, il s'ennuyait. Joe regarda alors les béquilles qui étaient posées à côté d'eux. En effet, il pouvait s'ennuyer avec ses deux branches là ! Le jeune homme n'avait quant à lui, jamais eu de béquilles, il ne connaissait pas cette galère dans les escaliers, dans la rue ou alors pour aller prendre une douche ! Ilyès lui demanda alors comment ça allait pour lui. Orf. Il n'avait rien à dire en particulier, il n'avait pas fait grand chose, il n'avait même clairement : rien à répondre à son meilleur ami. Il finit par soupirer en répondant quand même :

« Ça va. Je me suis remis de l'accident. »

Ilyès connaissait de toute façon déjà la réponse. Joe était quelqu'un de fort, de robuste, le genre de gars qui ne se laisse pas abattre, mais qui abbat plutôt tout autour de lui. Le jeune homme sourit à son meilleur ami. Il était content de le voir, soulagé même.

« Tu voulais me parler d'un truc en particulier? »

Il demanda ça alors plutôt instinctivement. Après tout oui, son meilleur ami ne lui avait pas donné de nouvelle depuis des jours et là, d'un coup, un rendez-vous en un lieu public. C'était mauvais signe non? Ca ressemblait un peu au genre de rupture que l'on voit dans les films. Aussi, il s'attendait vraiment à ce qu'il lui annonce une mauvaise nouvelle. Il ne l'aurait pas fait venir jusqu'ici pour rien. En tout cas, c'était ce dont il était sûr.

Le sable était chaud, tout autant que le soleil et Joe se sentait vraiment bien, assis là. Il observait la mer, plissant alors les yeux par moment. Sentir Ilyès près de lui, le rassurait. Allez savoir pourquoi...

JUST NEED YOU.

Quinze jours s'étaient passés depuis l'accident de voiture avec Ilyès. Joe avait passé une journée chez lui, ne faisant presque que dormir, puis il était retourné à la Fac. Il n'en avait pas spécialement envie, mais il ne voulait pas être reconnu défaillant et ne voulait pas louper trop de cours. Il continuait à boiter et à avoir mal à la tête, mais les médicaments qu'il prenait le soulageaient grandement. Il n'avait par contre, toujours pas reprit le sport. Jeff avait prit de ses nouvelles et ils s'étaient vu pendant ces deux semaines. Joe avait préféré rester vague sur l'accident, afin de ne pas l'inquiéter. La mort de leur maman était trop récente pour lui faire peur quant à la sienne. Joe n'avait pas spécialement vu de monde. Il n'était pas l'ami de beaucoup de personne ici. Aussi, il était resté le plus souvent seul chez lui, ne sortant que pour les cours. Il avait attendu un sms de son meilleur ami, plusieurs fois il avait voulu lui en envoyer un, mais il ne l'avait pas fait. Il se disait qu'il devait lui en vouloir de son comportement à l'hôpital ou bien vis à vis de l'accident, alors il n'avait rien fait. Peut-être qu'ils n'étaient pas de si bons amis que ça finalement? Après tout, il était Joe Williams. Celui qui réussit tout, qui transforme tout en or, hormis les relations humaines. Il n'y connaissait rien et n'avait jamais apprit quoi que ce soit dans ce domaine. Les gens venaient, partaient, il ne courrait jamais après.

Vers dix heures, ce jour-là, son téléphone vibra enfin. Un sms d'Ilyès. Son coeur s'accéléra alors soudainement, ce qui le surprit. Il ouvrit le message, son meilleur ami lui donnait rendez-vous à la plage du lycée, sans d'autres explications. Joe sentit son estomac se nouer, ça avait l'air d'être négatif cette rencontre. Comme s'il allait lui dire qu'il ne voulait plus lui parler, qu'il ne voulait plus le fréquenter. Joe sentit alors son corps entier envahit d'un sentiment qu'il connaissait peu : la peur. Il ne répondit pas et alla s'habiller. Un jeans noir, un petit pull fin bleu et hop, le voilà partit. Il n'avait bu qu'un café, mais il ne mangeait presque pas depuis l'accident, donc ça n'allait pas le perturber. Le jeune homme, cheveux en bataille, sortit alors dans la rue, sous un soleil magnifique, pour arrêter un taxi.

Environ une demie heure plus tard, la voiture s'arrêta près de l'école, il ferait le reste à pieds. Il paya sa course, heureux d'avoir fait le trajet sans encombre, puis se mit en marche de la plage. Une main dans sa poche, il avança, une espèce de boule au ventre. Le sable et l'étendue infinie bleue firent alors leur apparition. Joe sourit, ça lui faisait du bien de venir voir la mer. Il n'était pas revenu ici depuis l'incident avec Lorenna. Une journée terrible qu'il gardait en mémoire. Ici, à Miami, il s'était déjà passé tant de chose... Il n'en revenait pas.

Le jeune homme arriva sur la plage et il balaya l'étendue de grains du regard afin de trouver son meilleur ami. Il était assis là, près de ses béquilles, seul, fixant l'océan. Joe se sentit comme imprégné d'une couche de douceur à la vue d'Ilyès. Comme si ça lui faisait vraiment du bien de le voir. Il s'avança alors puis s'installa près de son ami. Il lui lança alors :

« Me veux-tu, me voilà. Ça va? »


(je peux rester jusqu'à environ 21h30 :) ♥)