Tu n'es pas la seule à avoir besoin d'aide, eux aussi [PV Shin]

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Finalement, Shin allait beaucoup mieux. Elle avait trouvé un soutient, juste pour un instant, là où elle ne l’attendait pas. Anaeli n’était pas du genre à aider les autres. Elle le savait. Aussi, c’était pour ça qu’elle pensait qu’elle avait un peu trop abusé de sa gentillesse momentanée. Et puis, elle n’aimait pas être au centre de l’attention. Elle préférait être celle qui écoutait et qui aidait. Elle était toujours gênée qu’on s’intéresse à elle. Mais elle devait avouer que ça lui faisait du bien d’avoir parlé avec la jeune fille. Même si elle n’était pas la plus chaleureuse et la plus indiquée pour l’aider. Mais parfois, la vie réservait des surprises. Et la petite asiatique était loin de se douter que bientôt, très bientôt, elle en aurait une autre, de surprise.

- N’hésites pas à m’appeler, de jour comme du nuit, je serai là pour t’écouter.

L’avait-elle dit ? Anaeli lui avait-elle réellement proposé son aide en cas de besoin, et ce, n’importe quand ? Elle avait un comportement bien étonnant. Mais bon. Elle n’allait pas s’en plaindre. Elle lui avait apporté une bonne idée pour le port de son alliance, et elle ne la remercierait jamais assez. Et puis, il y avait le reste, aussi. Elle ne laisserait pas tomber, c’était sûr. Au fond d’elle, un début de décision, de rébellion s’immisçait. Et cette envie de liberté vis-à-vis de ses faits et gestes allait être étendue grâce aux liens qu’elle allait bientôt tisser avec certains élèves de Wynwood. Il y avait des rencontres qui valaient la peine d’être vécues. Anaeli était l’une d’elles. Même si elle était assez spéciale. Shin voyait quelqu’un de bien en elle, et son engagement envers les animaux le prouvait.

- Bon, et bien au revoir Shin et surtout, prend soin de toi.

La jeune fille allait lui retourner le conseil, mais elle se ravisa, se contenant de sourire. Elle n’apprécierait certainement pas la recommandation. Anaeli était solide, elle s’en sortait. Shin, elle, était bien plus fragile. La Nu Zeta lui tourna le dos pour finir par s’en aller. Elle avait certainement encore du travail qui l’attendait. La petite asiatique soupira et se décida à s’en aller à son tour. En cas de besoin, elle avait son numéro, et elle savait où la trouver. Elle doutait de le faire, mais c’était rassurant de savoir qu’elle pouvait.
La jeune fille retourna donc au lycée, retrouvant son chemin assez facilement à partir du refuge. Elle se rendit immédiatement dans sa chambre pour travailler, songeuse. Ce week-end, elle irait s’acheter une chaîne, et elle retenterait de joindre sa famille. De toute façon, si ses parents ne désiraient pas lui parler, ils auraient bien du mal à organiser son mariage forcé. Tout n’était peut-être pas perdu pour elle. Shin était contente d’avoir vu Anaeli. Sa rencontre avec elle, même si elle avait été involontaire, lui avait vraiment fait du bien.

Spoiler:

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Tu n'es pas la seule à avoir besoin d'aide

Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } Ainsi, la conversation allait s’arrêter ici. Shin semblait ne plus avoir besoin d’aide et elle avait surtout l’air d’être enfin en paix, même si ce n’était que temporaire. Anaeli était fière d’elle, cependant, il était évident qu’elle ne ferait pas cela tous les jours sous peine de devenir folle. Elle ne vivait habituellement que pour elle ou pour aider les animaux, c’était la seule chose qui lui donnait véritablement une raison de se lever tous les matins et ce n’était certainement pas la compassion envers les êtres humains. Pourtant, avec Shin, elle s’était montrée presque normale, une lycéenne comme une autre venant en aide à une amie. Ce n’était pas l’image d’elle qu’elle voulait montrer, ce n’était pas ce que le autres devaient penser d’elle.

Le sourire que lui adressa Shin commença à faire naître un certain malaise. Elle ne voulait pas d’amis, elle ne voulait pas établir des relations avec les gens, elle ne voulait pas qu’ils dépassent le simple rang de fréquentations et Shin commençait petit à petit à devenir une personne qu’Anaeli avait envie de défendre, comme une petite sœur. C’est certainement pour cette raison que la Vénézuélienne ne se leva, acceptant de prendre le numéro de téléphone de la Coréenne. Elle s’entendit même lui dire :

« N’hésites pas à m’appeler, de jour comme du nuit, je serai là pour t’écouter. »

Sur quel monde avait-elle été expédiée ? Elle rangea le bout de papier dans la poche arrière de son pantalon avant d’acquiescer distraitement, se remettant doucement sur la défensive. Même si elle s’était montrée plus qu’aimable avec Shin aujourd’hui, ce n’était pas pour autant qu’elle allait se montrer charmante et lui livrer tous ses secrets, ses pensées et ses problèmes. Elle avait fait un petit pas vers la socialisation certes mais pas au point de devenir la meilleure amie ou l’amie tout simplement de quiconque.

En réponse à l’ordre de Shin, elle regarda les écuries. Elle allait devoir s’occuper à présent du charmant poulain d’Ashlyn et cette tâche n’allait pas être de tout repos. Elle s’étira longuement, se préparant à affronter l’animal avant de reporter finalement son attention sur Shin qui était toujours là. Voir qu’elle avait retrouvé le sourire rassurait en partie la Nu Zêta qui était soulagée de voir qu’elle n’avait pas brisé son image pour rien. Elle avait fait sa bonne action pour les trois prochains mois au minimum et ce n’était pas rien.

« Bon, et bien au revoir Shin et surtout, prend soin de toi. »

Ce n’était pas une simple formule de politesse, c’était véritablement des paroles pensées et qui sortaient véritablement du cœur de glace de l’adolescente. Que ce soit de la compassion ou le simple désir de ne pas voir ses efforts réduits à néant, Anaeli, plus que jamais allais veiller sur Shin, tel un ange gardien.

Elle finit par partir, sans plus de cérémonies et se dirigea vers l’un des box qui abritait en son sein un poulain encore traumatisé par les événements qu’il avait vécu il y a de cela quelques mois à peine.

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- Tes soucis sont quelque chose d’important et maintenant que je me suis penchée dessus, je vais avoir du mal à laisser tomber. Enfin, on verra cela plus tard si tu préfères.

Les paroles d’Anaeli firent du bien à Shin. Elle pouvait compter sur quelqu’un. Et qui plus est, sur la Nu Zeta. Elle la savait assez solitaire, et ce genre de discussions n’était pas dans ses habitudes. Pas dans celles de la Coréenne non plus. A bien y réfléchir, elle n’avait pas eu de conversation la concernant directement depuis longtemps. Elle parlait rarement de choses qui lui étaient vraiment personnelles. Une façon de se protéger, peut-être ? Mais surtout pas peur de déranger la personne en face d’elle. Si elle aimait écouter, et voire même conseiller, elle détestait quand c’était dans l’autre sens. Enfin, elle n’avait jamais eu de problème de ce genre. Elle se demandait même comment ça pouvait être possible. Et aucun moyen de contacter sa famille, qui semblait s’enfermer dans un mutisme pour l’empêcher de dire non. Même son frère répondait aux abonnés absents. Lui qui était si gentil et protecteur avec elle. Qu’en pensait-il ? Croyait-il comme leur père ? Etait-ce leur ultime solution ? Après tout, ne disait-on pas « La fin justifie les moyens » ? Mais la petite asiatique ne voyait pas la vie de la même manière. Non, la fin ne justifiait pas les moyens. Leur pauvreté et leur soif d’argent ne justifiaient pas le sacrifice de sa liberté. Et pourtant, malgré ce qu’elle pensait, elle n’osait pas le dire. Parce qu’elle n’avait pas le droit de refuser. Elle ne pouvait tout simplement pas dire non à ses parents. Et sa mère ? Qu’en était-il pour elle ? Avait-elle envie de voir sa fille mariée à un jeune homme comme Jared ?

Shin secoua la tête tout en fixant Anaeli. C’était vraiment gentil de sa part, ce qui était presque inhabituel. Elle savait que l’adolescente pouvait se montrer agréable et gentille, mais rarement, par manque d’habitude. Alors qu’elle veuille l’aider était étonnant et lui faisait plaisir. Elle lui sourit et la remercia avant d’enchaîner sur un autre sujet. La jeune fille ne tarda pas à lui répondre.

- Hum, oui tout va bien, même si très bientôt certains animaux vont se mettre à râler.

Ah oui, c’était vrai. Elle avait oublié qu’elle avait coupé son amie dans son occupation, et que pendant ce temps-là, personne ne faisait le travail. Elle se mit à sourire chaleureusement. Elle était contente de s’être perdue ici, finalement. Surtout que maintenant, elle savait comment retourner sur le lycée, il lui suffisait simplement de suivre le chemin qui partait du refuge. La lycéenne en face d’elle reprit la parole avant qu’elle n’ait eu le temps de s’excuser.

- Tu veux faire quelque chose de particulier à présent, ou tu n’as plus envie de parler de ce qui te préoccupe.

Elle la regarda s’asseoir par terre. Elle en aurait bien fait de même, mais elle pensait à rentrer. Ça ne servait à rien de rester plus longtemps, certains animaux attendaient encore des soins, et elle ne voyait pas quoi dire de plus. En fait, elle aurait bien dit plein de choses, mais c’était trop tôt pour en parler à Anaeli. Et puis, dans sa tête, c’était un peu mélangé, elle ne savait plus trop où elle en était. Elle avait des idées pour se sortir de son pétrin, mais elle ne pouvait juste pas les appliquer directement. Elle aurait besoin d’en parler à Jared avant, et voire même de l’aide d’autres personnes autour. Ce qu’elle ne demanderait pas, bien sûr, laissant certainement son ami le faire. L’adolescente se retourna quelques secondes pour regarder les chevaux qu’elle pouvait apercevoir. Et puis elle regarda de nouveau Anaeli.

- C’est pas que je ne veux plus en parler. Mais tu sais déjà tout, je crois. Du moins dans les grandes lignes. Et tu m’as bien aidée.

Sa voix se voulait un peu plus amicale. Ses larmes étaient parties, laissant place au soulagement. Elle serra son sac contre elle pour se réconforter. Et elle sourit, encore. Parce qu’elle ne faisait presque que ça. C’était un peu sa vie, le sourire.

- Je crois que je vais te laisser finir ton travail. Si tu veux, je te laisse mon numéro et on en discute plus tard ?

Elle commença à ouvrir son sac pour y récupérer un bout de papier et un stylo. C’était à peu près une des seules choses qu’elle y avait mises. Elle griffonna son numéro et le tandis à son amie.

- Et si toi aussi tu as un problème, tu sais que tu peux m’en parler. Je suis plus à l’aise pour aider les autres que moi-même.

Elle avait été franche, à sa grande surprise. Mais il fallait qu’elle le dise, pour lui faire comprendre qu’elle ne souhaitait pas forcément être ma seule aidée. Même si elle savait qu’Anaeli n’avait pas de problèmes particuliers, à moi qu’elle ne l’ait caché.

- Et va t’occuper de tes derniers pensionnaires, ils ont plus besoin d’aide que moi ! Rigola-t-elle.

Ses yeux pétillaient à nouveau, sans qu’elle ne puisse dire pourquoi. Au fond d’elle, sans vouloir l’admettre, elle avait besoin qu’on s’occupe un peu d’elle. Un tout petit peu. Ce que la Nu Zeta venait de faire. Et tout d’un coup, elle n’était plus seule. Et ça allait mieux.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } Anaeli resta un moment en silence, à regarder la jeune femme qui méditait sur ses paroles. Elle attendait un signe, une réaction de sa part qui montrait qu’elle l’avait au minimum écouté. Sans le montrer, elle s’ennuyait un peu et le silence de Shin la perturbait. Elle n’était déjà pas habituée à aider les gens alors si en plus ces derniers crachaient sur son aide, cela n’allait tout simplement pas le faire. Pourtant, elle finit par sortir de son mutisme, affirmant que ce n’était pas une mauvaise idée.

Au plus profond d’elle-même, la Vénézuélienne éprouvait un soupçon de peine pour la coréenne. Elle pensait que tout était perdu, elle était résignée et allait accepter son sort alors que rien n’était perdu pour le moment. Cela participait également à renforcer l’énervement croissant de la Nu Zêta qui pourtant, se maitrisait du mieux possible. Sans réellement s’en rendre compte, elle venait de se fixer un objectif, celui de l’aider à remonter cette pente.

Shin parlait également de Jared, prétendant qu’il était amoureux et qu’il se battait plus qu’elle par conséquent. C’était tout à fait possible, mais même si elle était seule, elle ne devait pas se permettre de baisser les bras. Le véritable problème semblait surtout être le près de Shin, elle ne semblait pas vouloir aller au conflit avec lui et cela semblait presque étrange, était-ce parce qu’elle le respectait énormément où parce qu’elle cachait quelque chose à ce sujet ?

Même si elle prétendait qu’il ne fallait pas que la Sud-américaine « perde » son temps à l’aider, elle avait à présent envie de le faire, c’était ce qu’elle s’était fixé comme nouveau but pour le moment.

« Tes soucis sont quelque chose d’importants et maintenant que je me suis penchée dessus, je vais avoir du mal à laisser tomber. Enfin, on verra cela plus tard si tu préfères. »

Ana n’était pas stupide, elle se doutait bien que cela mettait mal à l’aise l’adolescente et elle décida de lui accorder un peu de répit. Elle se préparait donc à changer de sujet de conversation mais Shin le fit avant elle. Si tout se passait bien pour elle ? Tout dépendait la définition que l’on donnait à bien.

Elle esquissa un sourire en coin, amusée de voir la jeune femme tenter de changer de sujet ainsi, tentant d’en savoir plus sur elle. Cependant, il était bien difficile d’en savoir plus sur la lycéenne qui ne se livrait pas facilement.

« Hum, oui tout va bien, même si très bientôt certains animaux vont se mettre à râler. »

Elle devait en effet s’occuper d’un poulain qui attendait ses soins quotidien. Rescapé d’un incendie, il avait besoin qu’on s’occupe de ses blessures durant encore un petit moment et le pauvre animal était devenu affreusement craintif. Il ne supportait plus la présence des hommes et ne tolérait que de très rares personnes dans son box. Cependant, elle pouvait encore attendre un peu avant de s’occuper de lui. Elle ne pouvait pas emmener Shin avec elle cette fois ci et elle n’allait pas la laisser seule alors qu’elle n’était pas véritablement en forme. Anaeli ressemblait certes à un monstre mais elle avait un minimum de compassion et de cœur derrière la carapace qu’elle s’était forgée.

« Tu veux faire quelque chose de particulier à présent, ou tu n’as plus envie de parler de ce qui te préoccupe. »

L’adolescente s’installa à même le sol, s’asseyant dans l’herbe et ramenant ses genoux contre sa poitrine, sans quitter Shin du regard. Même si elle n’en avait pas l’air, elle ne cessait de penser à ce que Shin lui avait dit et elle cherchait véritablement un moyen pour lui venir en aide.

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Au fur et à mesure de ses prises de parole, le visage d’Anaeli s’était teinté d’un sourire satisfait. D’ordinaire, la jeune fille aimait voir les gens sourire, mais là, ça lui faisait un effet différent. Elle souriait parce qu’elle était contente qu’elle explose. Et quelle explosion ! Si plus jeune elle disait ce qu’elle pensait sans réfléchir, elle n’avait jamais émis une seule critique sur une décision de ses parents. Et là, elle remettait leurs actes en question. Parce que oui, elle doutait de ce que cette alliance pouvait lui apporter. Quoi ? Juste de l’argent. C’était son père qui en voulait, pas elle. Elle n’en voulait plus. Elle avait découvert la valeur de certaines choses sans artifices, elle ne voulait pas les voiler à nouveau. Elle était bien comme ça. On ne la remarquait plus, on ne la jalousait plus. Elle passait inaperçu et se faufilait partout. Contrairement à beaucoup de jeunes de son âge, ele aimait être transparente, même si elle appréciait aussi qu’on s’occupe d’elle. En fait, elle avait parfois comme peur des gens. Quand elle eut fini son discours, Anaeli se décida enfin à commenter ce qu’elle venait de dire, après un hochement de tête et quelques secondes de silence.

- Alors, ça fait du bien non ? De se lâcher, de se libérer et de dire ce qu’on a sur le cœur. Il faut que tu y penses, que tu le fasses plus souvent, sinon, tu vas exploser, comme aujourd’hui.

Mais pour le dire à qui ? Ça n’intéressait personne, ou du moins, c’était ce que Shin pensait. Elle, elle aimait écouter les autres et les aider, si elle le pouvait. C’était moins son genre de se plaindre sur son sort. Elle avait toujours peur de déranger, de gêner, d’énerver. Alors elle restait seule avec ses problèmes. Elle n’en parlait pas, elle ne les montrait pas, comme s’ils n’existaient pas. Elle savait bien que ce n’était pas une solution, mais elle n’arrivait pas à faire autrement. Elle ne se voyait vraiment pas aller voir quelqu’un et lui balancer tout de but en blanc. Seul Jared connaissait toute la vérité sur ce qu’il se passait. Et il n’avait pas montré signe de vie depuis un bon moment déjà. A croire qu’il l’évitait. La jeune fille fut tirée de ses pensées par la Nu Zêta.

- Quant à ces histoires de fiançailles, tu ne peux visiblement pas dire non et l’aide de la famille de Jared semble être la bienvenue, c’est souvent comme ça dans les grands groupes. On prétend que notre époque est évoluée mais certaines choses se passent exactement comme au Moyen-Âge. Des mariages arrangés, certains vivent dans la richesse au détriment des autres, rien n’a changé. Pour ton alliance, tu dois la porter certes, mais pourquoi à ton doigt ? Pourquoi ne pas la porter en collier tout simplement, avec une longue chaine ? Tu ne briseras pas cet arrangement car elle serait toujours sur toi, mais cachée si jamais tu le désires. Si les gens te regardent et te questionnent, tu peux toujours dire la moitié de l’histoire, sans mentir pour autant. C’est un cadeau de Jared oui, vous êtes amis oui mais ça s’arrête là. La Voix parle de fiançailles certes mais alors ? Vos familles en ont-elles parlé officiellement ? Deux groupes aussi importants ne seraient pas passés à côté d’une telle annonce.

Il lui fallut un certain temps pour tout assimiler. Elle n’avait jamais vu Anaeli parler autant. C’était déroutant. Et puis, elle l’aidait. Elle n’aidait jamais. A croire que ce jour-là était exceptionnel. Elle lui proposait de porter son alliance sur une chaîne. L’idée n’était pas mauvaise. Mais si elle le faisait, elle allait devoir attendre le week-end pour aller en ville parce qu’elle avait des cours à travailler. Quant à mentir sur la raison de la bague elle-même, elle ne savait pas si elle en serait capable. Pas qu’elle ne voulait pas, mais … La moitié du lycée était au courant, si ce n’était pas plus. Alors à quoi bon ? Elle allait essayer, mais elle ne promettait pas de succès. Et enfin, pour l’annonce, elle ne savait pas. Peut-être que l’absence de Jared avait un lien avec le silence de leurs parents ? Après tout, elle ne savait pas ce qu’il faisait. Il pourrait très bien être en train de négocier pour qu’il n’y ait rien.
Las de ses interrogations sans réponses, Shin baissa la tête en retenant toujours ses larmes. Elle parla d’une voix lente et calme, maîtrisant cette fois son accent.

- J’irai choisir une chaîne ce week-end, c’est une bonne idée. Ça n’arrange que mon père, je crois. Ils ne se sont pas rendu compte de l’époque dans laquelle ils évoluent. Je suis bien, moi, sans leur fric pourri !

Elle fit une pause. Comment formuler sa pensée concernant Jared et l’annonce non faite ? Elle ne savait pas vraiment par où commencer. Mais elle se lança quand même, après avoir tourné la tête et fixé ses yeux sur un point du paddock.

- Je n’ai pas vu Jared depuis longtemps, tu sais. Je ne sais pas où il peut bien être, mais peut-être qu’il est en train de tout arranger avec eux. Il est amoureux de quelqu’un d’autre, il se bat plus que moi. Moi, je n’ai jamais dit non à mon père, et je ne peux pas me le permettre.

Elle inspira calmement. Elle aurait bien voulu faire dévier la conversation sur un autre sujet. Mais quoi ? Anaeli elle-même ? Elle était sûre de se prendre un refus catégorique. La jeune fille ne parlait pas d’elle. Enfin, elle ne parlait pas tout court. Sur les animaux du refuge ? Elle les avait déjà évoqués. Elle était coincée. Pour l’instant, elle ne pouvait parler d’autre chose que de ses problèmes à elle. Ce qu’elle détestait particulièrement.

- Tu sais, ne te sens pas obligée de me trouver des solutions. Finit-elle par ajouter. Je sais à quel point mes soucis sont barbants !

La jeune fille sourit légèrement afin de reprendre le contrôle de ses émotions. Si elle se forçait, dans sa tête, à aller mieux, elle irait mieux. Il fallait qu’elle se reprenne elle-même en main et se convainque que tout ça n’était que provisoire. Elle n’avait pas dit son dernier mot. Seulement, elle ne parvenait pas à joindre son père, ce qui était aussi étrange que l’absence de son ami. Elle le sentait, il se passait quelque chose. Elle avait ce genre de pressentiment. Elle n’y croyait pas, mais elle se méfiait quand même.
La jeune fille reposa son regard sur Anaeli, qui souriait toujours. Elle avait eu quelques idées pour se sortir de son pétrin. C’était gentil de sa part. Elle allait essayer d’en parler à Jared. Ils allaient se battre à deux.

- Sinon … Tenta-t-elle en espérant faire dévier la conversation. Pour toi, tout va bien ?

Elle ne savait pas comment la Vénézuélienne allait le prendre. Certainement mal. Ça allait l’agacer. Mais Shin ne faisait pas ça uniquement pour détourner l’attention. Elle voulait savoir comment allait son amie. Elle n’allait certainement pas parler, mais bon. Elle aurait au moins essayé.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } Shin montrait comme à son habitude à quel point elle était mal à l’aise et peu sûre d’elle, fuyant le regard de la Vénézuélienne dans un premier temps. Ana était habituée à cela et même si ces manières l’agaçaient passablement, elle ne dit pourtant rien et la laissait faire son petit manège sans broncher. Soudain un petit déclic s’opéra en Shin et son regard changea, une sorte de poussée de courage venait de la soulever et de la rentre plus… commune, moins parfaite et surtout, humaine.

L’héritière de la feu fortune des Bae regarda enfin Anaeli qui avait conservé son expression de marbre, même si son regard semblait plus vivant et plus chaleureux. Elle était heureuse de voir qu’elle lâchait enfin prise sur ses manières et sa façon d’être, qu’elle prenait enfin la peine de se libérer de toutes ces chaînes qui la retenait depuis sa naissance très certainement.

Quand elle prit la parole, un sourire en coin se dessina immédiatement sur son visage, c’était juste magnifique de voir ce qui pouvait se produire surtout au niveau du langage rien qu’avec cette nouvelle prise de liberté. Comme toujours, le problème de la vie de tous les lycéens n’était autre que la Voix, ou leur petit€-ami(e) suivant les cas. Là, dans le cas de l’Alpha Psi, c’était un petit peu des deux. Ana comprenait l’adolescente, se montrer forte et intouchable quand on n’en a pas l’habitude est très difficile et surtout, cela ne marche pas réellement. On fait les forts devant les autres pour craquer ensuite et sombrer généralement. Soit on parvenait à passer réellement au-dessus, soit on ne pouvait pas et il était impossible de tricher.

Finalement, Shin montra la bague qu’elle avait cachée au fond de ses poches il y a quelques minutes à peine. C’était véritablement un joyau, c’était vrai mais ce n’était pas pour cela qu’elle détestait l‘objet, mais pour ce qu’il représentait. Un engagement, généralement à vie, lourd de conséquences et de sous-entendus. La Vénézuélienne hocha lentement la tête, conservant son silence un instant, se séparant même de son sourire en coin qui n’allaient certainement pas aider la jeune femme.

« Alors, ça fait du bien non ? De se lâcher, de se libérer et de dire ce qu’on a sur le cœur. Il faut que tu y penses, que tu le fasses plus souvent, sinon, tu vas exploser, comme aujourd’hui. »

Elle s’arrêta un moment, ne croyant toujours pas ce qu’elle s’apprêtait à faire. En général, elle n’aidait personne, elle restait un spectateur des vies des gens qui l’entouraient sans jamais intervenir mais là, elle se préparait à aider la jeune femme. Si jamais cela venait à s’ébruiter, la Nu-Zêta ne le supporterait certainement pas, c’était certain.

« Quant à ces histoires de fiançailles, tu ne peux visiblement pas dire non et l’aide de la famille de Jared semble être la bienvenue, c’est souvent comme ça dans les grands groupe. On prétend que notre époque est évoluée mais certaines choses se passent exactement comme au Moyen-Âge. Des mariages arrangés, certains vivent dans la richesse au détriment des autres, rien n’a changé. Pour ton alliance, tu dois la porter certes, mais pourquoi à ton doigt ? Pourquoi ne pas la porter en collier tout simplement, avec une longue chaine ? Tu ne briseras pas cet arrangement car elle serait toujours sur toi, mais cachée si jamais tu le désires. Si les te regardent et te questionnent, tu peux toujours dire la moitié de l’histoire, sans mentir pour autant. C’est un cadeau de Jared oui, vous êtes amis oui mais ça s’arrête là. La Voix parle de fiançailles certes mais alors ? Vos familles en ont-elles parlés officiellement ? Deux groupes aussi importants ne seraient pas passés à côté d’une telle annonce. »

La Vénézuélienne cherchait dans ses connaissances sur ce monde-là pour montrer à la Coréenne que tout n’était pas perdu, qu’il y avait encore tellement de choses à faire pour défendre sa fierté qu’elle ne pouvait pas tout laisser tomber, pas comme ça. Elle pouvait se battre si elle le voulait car à présent, elle avait de quoi se défendre.

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- Si tu veux en parler, vas-y, je t’écoute. Tu peux te vider la tête en parlant, je ne te jugerai pas. Mais sinon, si tu veux laisser ce je-ne-sais-quoi te ronger de l’intérieur et bien fait dessine, ça pourra peut-être t’aider aussi.

La remarque d’Anaeli agit comme une décharge sur Shin. Elle savait que la jeune fille n’avait pas pour habitude de mâcher ses mots, mais elle avait oublié à quel point elle allait droit au but. Pourtant, son ton n’était pas agressif, elle ne lui faisait pas vraiment de reproche. Juste … Juste qu’elle devait se lasser de son attitude. Sur ce point, Shin et elles étaient vraiment différentes. La jeune Coréenne préférait vérifier que le sujet de la conversation ne gênerait pas, n’ennuierait pas. Elle faisait toujours comme ça. Elle parlait peu d’elle, préférant écouter les autres.
La Nu Zêta redescendit de la barrière sur laquelle elles étaient toutes deux installées. Elle la fixa. Bon, ça ne pouvait pas la mettre plus mal-à-l’aise, vu qu’elle était déjà à son maximum. Peut-être que finalement … Peut-être, oui, peut-être que ça lui ferait du bien de parler. Elle n’avait pas partagé ses pensées. En fait, elle n’avait personne avec qui les partager. Enfin, si, mais elle avait peur d’en parler. Le dire à voix haute, c’était le rendre encore un peu plus réel. Elle le savait, mais elle voulait fermer les yeux dessus. Elle voyait cette putain de bague tous les jours, mais au fond d’elle, elle croyait encore pouvoir s’en sortir. Elle était comme ça. Et si elle admettait devant quelqu’un la situation dans laquelle elle était, c’était comme si elle s’y enchaînait. Et pourtant, elle avait besoin d’en parler. C’était tellement contradictoire dans sa tête !

Shin prit une profonde inspiration. Elle voulait qu’elle en parle ?! Elle allait en parler. Elle allait tout lui dire. Ce qu’on avait dit d’elle, ce qu’elle en pensait. Combien ça lui faisait du mal. Combien elle détestait être remarquée de cette manière. Combien elle était triste de se voir forcée à se fiancer à un ami qu’elle n’aimait pas. Il y avait tant de choses dans sa tête qu’elle ne comprenait même pas tout. L’adolescente aux cheveux châtains ne bougea pas d’un poil, accrochant tout de même son regard à celui de son amie.

- Tu veux que je te dise ? Ça me fait chier toute cette histoire ! J’y pense tout le temps ! Ça m’obsède ! Ça m’empêche de me concentrer, parfois même de dormir. Je pensais … Je pensais que je pouvais prendre un peu de temps pour dessiner, parce que ça me permettrait de changer de monde.

Oui, c’était ça. Quand elle dessinait, plus rien autour n’existait. Juste ce qu’elle voyait, ce qu’elle en comprenait. Juste ça. Rien d’autre. Parfois même, elle n’existait plus en tant qu’elle. Elle se confondait avec ces paysages qu’elle admirait, elle perdait toute substance. Shin ne se perdit pas plus dans ses pensées. Elle reprit la parole assez rapidement.

- Toi aussi tu l’as entendue, n’est-ce pas ? Tu as entendu toutes ces horreurs que cette voix a dit sur moi … Qu’est-ce que je suis supposée faire ? Me montrer forte et m’en foutre complètement ?! J’en suis incapable !

D’un geste brusque, elle sortit sa main de sa poche, la brandissant devant elle. A son doigt brillait l’objet dont elle parlait sans le citer. L’objet qui avait scellé sa vie. Pourquoi le portait-elle encore ? Pourquoi gardait-elle cette alliance sur elle ? Tout simplement parce qu’on le lui avait ordonné. Enfin, Jared ne l’avait pas « ordonné », mais nuls doutes que ça venait de plus haut. Dans sa tête, elle n’avait pas vraiment le choix. C’était la volonté de leurs parents. Et on ne désobéit pas à ses parents. Pas pour Shin. Elle avait toujours vécu comme ça.

- Tu sais … Avoua-t-elle plus calmement, je pensais vraiment que ma vie serait mieux ici. Cette alliance, elle est magnifique, n’est-ce pas ? Ce n’est pas moi qui devrais la porter, mais une autre. Celle que Jared aime vraiment. Au lieu de ça, je parais pour une idiote avec ce truc. Et je ne peux pas la retirer, c’est au-dessus de mes forces.

Shin baissa la tête. Elle était contente d’elle, elle avait explosé. Ce n’était pas grand-chose, mais pour elle, c’était déjà énorme. Elle n’avait pas tout dit, elle avait certainement oublié une pensée, un ressentiment dans sa pseudo-colère. Mais qu’importait. Elle avait exprimé à voix haute ses doutes. Elle avait seulement sous-entendu les conséquences de tout ça, mais bon. Il lui fallait du temps pour briser ses barrières. Elle avait envie de s'excuser, mais elle ne le ferai pas. A présent, elle fixait Anaeli, sans s’être aperçu qu’elle avait les larmes au bord des yeux.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } Au fil de la conversation, la Nu Zêta était heureuse de constater que la Coréenne avait conscience que le traitement infligé à bon nombre d’animaux était insupportable et surtout immoral. Elle était ravie de voir que l’Alpha Psi partageait une petite partie de ses convictions. Pourtant, la jeune femme semblait mal à l’aise, à cause du décor peut-être ? A cause de tout ce qu’elle voyait et ressentait certainement ici ? A moins que le problème ne soit tout autre. La jeune Asiatique jouait avec ses doigts de manière presque compulsive avant de ranger ses mains dans ses poches, cependant, Anaeli avait eu le temps de voir la bague qui puait le luxe et la richesse à son annulaire.

La Sud-américaine n’avait jamais apprécié ce genre d’effusion de pouvoir et de richesse et elle ne pensait pas que Shin était de ce genre-là. Elle savait l’adolescente riche mais elle ne la mettait pourtant pas dans la même catégorie que tous ces autres enfants qui étaient nés dans des draps de soies.

La question mit mal à l’aise Shin et Anaeli fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce qui se passait. D’ordinaire toujours souriante, elle se retrouvait face à une jeune femme parfois hésitante et nerveuse qui semblait avoir perdu tout son entrain. Le soupire qu’elle poussa conforta l’adolescente dans son impression qu’il y avait effectivement quelque chose qui ne tournait pas rond.

En entendant sa réponse, Anaeli retrouva une expression plus neutre comme à son habitude. Les mots « se vider la tête » ne lui avaient pas échappés, loin de là. Même si elle était passée à côté, a coloration rouge que venait de prendre le visage de sa camarade ne laissait aucun doute, elle cachait bel et bien quelque chose. Cependant, Anaeli était lassé devant toutes ces simagrées et commençait, non pas à être énervée à proprement parler mais tout simplement blasée.

« Si tu veux en parler, vas-y, je t’écoute. Tu peux te vider la tête en parlant, je ne te jugerai pas. Mais sinon, si tu veux laisser ce je-ne-sais-quoi te ronger de l’intérieur et bien fait dessine, ça pourra peut-être t’aider aussi. »

Le ton n’était pas monté, au contraire, la Vénézuélienne avait parlé calmement, se surprenant a première. Elle finit par descendre et se mit face à Shin, la regardant fixement de son regard acier, hésitant entre le fait de lui faire cracher le morceau ou la laisser dessiner en paix et régler seule ses problèmes. Après tout, l’une comme l’autre n’avait certainement pas que cela à faire et tourner autour du pot cent sept ans n’allait pas les aider à avancer, l’une comme l’autre.

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La Coréenne s’était approchée des chats, sans toutefois oser entrer dans leur cage. C’était leur territoire, et s’ils avaient l’air affectueux, elle ne savait pas s’ils l’accepteraient. Elle proposa toutefois son aide à Anaeli, qui lui répondit tout en continuant sa tâche.

- Si tu veux m’aider, surveilles les juste, ils ont parfois tendance à filer. Je termine ça et on pourra aller dans un endroit plus calme ensuite.

La jeune fille sourit amicalement en regardant l’une des boules de poils s’approcher d’elle. Si elle pouvait faire au moins ça pour l’aider un peu. Son amie ne tarda pas à finir ce qu’elle faisait ? Avant de s’en aller, elle câlina l’un des chats, ce que Shin trouva adorable. Elle la connaissait peu, en fait, même si elle l’appréciait. Elle la voyait différente avec les animaux d’avec les êtres humains. Intérieurement, ça la fit encore plus sourire. La Vénézuélienne lui fit un signe de la main avant de sortir de la « demeure » des chats pour qu’elle la suive. Elle se dirigea vers le paddock. Le petite châtain remarqua que le lieu était vraiment complet. A son grand étonnement, Anaeli reprit la parole, elle qui était si peu bavarde.

- Il y a beaucoup d’animaux certes mais tous ne sont pas abandonnés. Certains sont placés ici, par leurs propriétaires pour que l’on s’occupe d’eux. Cette ferme appartient à la mère d’un ancien membre de ma confrérie et elle était réputée pour aider les animaux ayants subits des traumatismes, dans la mesure du possible évidemment. Seulement… pour être honnête, près des trois quarts des animaux qui se trouvent ici n’ont plus de famille et c’est juste horrible pour eux.

Shin ne répondit rien tout de suite. Evidemment, ils n’étaient pas tous abandonnés. Mais quand même. Cette femme, dont parlait la Nu Zêta, avait beaucoup de courage et de volonté. S’occuper comme ça d’eux était aussi un acte généreux. Mais quand on aimait les animaux, c’était normal. La jeune fille se promit de passer de temps en temps pour aider, quand elle en aurait le temps. Enfin, si c’était possible.

- C’est horrible de leur offrir un foyer pour le leur retirer après … Finit par souffler l’Alpha Psi. Je comprends que certains n’aient pas le choix, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Les deux jeunes filles arrivèrent devant la barrière. Anaeli s’y installa. Shin s’approcha, restant face à Anaeli en triturant ses doigts. Doigts dont un qui portait une magnifique alliance frappée du blason des Hope. Et voilà, c’était déjà la deuxième fois qu’elle pensait à ça. Enfin, elle y pensait presque tout le temps. Après tout, à l’origine, n’était-elle pas sortie de sa chambre pour se changer les idées à cause de ça ? Elle en avait besoin, elle le savait. Peut-être même qu’elle avait besoin d’en parler. Peut-être.
D’un geste presque brusque, elle plaça ses mains dans ses poches, ce qu’elle faisait assez souvent ces derniers temps. D’ordinaire, elle les exposait, fière de ses ongles et de ses manucures originales. Mais là … Là, c’était différent. Malgré elle, elle baissa la tête, et son sourire chaleureux se mua en un sourire gêné.

- Pas trop déçue de voir l’envers du décor Mademoiselle Bae ? D’ailleurs, je voulais savoir, tu m’as dit que tu étais venue ici pour me voir parce que tu t’étais égarée, mais es-tu sûre que c’est la seule et unique raison ?

Mais de quoi parlait-elle ? Comme à chaque fois, Shin mit quelques secondes avant de comprendre. Enfin, non, elle ne comprenait pas vraiment. Elle avait une idée, sans savoir si Anaeli parlait bien de ça. Alors, elle aussi en avait entendu parler. Tout le monde le savait, c’était ça ? Ses joues prirent une teinte rosées. La jeune fille ne serait pas dupe. Elle ne pouvait pas lui mentir. Elle n’était pas spécialement venue pour parler de ça avec elle, mais si elle lui tendait la main … Si elle était prête à l’écouter, elle ferait un effort, elle en parlerait. Si elle y arrivait.

Finalement lassée par tout ça, la jolie asiatique monta sur la barrière pour s’assoir à côté de l’autre adolescente. Elle soupira, cette fois-ci, plus aussi discrètement.

- Je te l’ai dit, je suis arrivée ici totalement par hasard. J’avais envie de me vider la tête et … je me suis approchée pour te demander si je pouvais rester dessiner ici sans déranger …

Elle s’empourpra encore plus, si c’était possible. Indirectement, elle avait avoué que quelque chose n’allait pas. Mais elle n’allait pas imposer cette conversation d’elle-même. Elle ne voulait pas ennuyer son amie, qui, elle le savait bien, n’était pas faite pour les grande discussions de ce genre. Elle tourna la tête sur le côté, observant le paysage alentour et les chevaux dans le paddock. Si elle en disait plus maintenant, elle savait que les larmes allaient monter. Elle était déjà en train de s’y préparer. Parce qu’au fond, ce n’était pas qu’une histoire de rumeur. C’était aussi le fait que l’une d’elle était tout à fait fondée. Shin remit ses mains dans ses poches, comme pour cacher la réalité. Sa réalité.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } La jeune femme était entrée sans réellement prendre le temps de penser à tout ce qui pouvait passer dans la tête de Shin. La rumeur qui avait ciblée la communauté asiatique ne l’avait pas marquée plus que cela car elle trouvait cela tout simplement stupide et infondé. Même si cela touchait des animaux du coin, la Nu Zêta n’y avait pas cru un seul instant et à présent, peu lui importait le reste, elle avait de toute façon d’autres choses à faire et à penser plutôt que d’accord un soupçon de crédit à cela.

Les deux siamois semblaient apprécier Shin et cela permit à la Vénézuélienne de s’occuper entièrement de leur cage sans avoir les félidés dans les jambes.

« Si tu veux m’aider, surveilles les justes, ils ont parfois tendance à filer. Je termine ça et on pourra aller dans un endroit plus calme ensuite. »

Et plus agréable pour elle certainement pensa-t-elle. Les animaux étaient évidemment bruyants et l’endroit était devenu une véritable cacophonie. Les animaux aboyaient, miaulaient ou chouinaient dans l’espoir qu’on leur accorde un peu d’attention, un regard, une caresse. Ils ne voulaient qu’une chose, qu’on les emmène loin de tout ça. C’était impossible. Une fois son travail terminé, Anaeli sortit ses affaires avant de retourner auprès de Shin et des deux chats. Elle prit l’un des deux dans ses bras avant de le caresser, entendant l’animal ronronner presque immédiatement dans ses bras. Elle le reposa peu de temps après et regarda Shin avant de lui faire signe de la suivre à l’extérieur. Les deux félins furent à nouveau enfermés et les deux jeunes filles se sont éloignées, en direction du paddock cette fois ci. En chemin, la sud-américaine prit le temps de rassurer Shin sur les pensionnaires de la ferme.

« Il y a beaucoup d’animaux certes mais tous ne sont pas abandonnés. Certains sont placés ici, par leurs propriétaires pour que l’on s’occupe d’eux. Cette ferme appartient à la mère d’un ancien membre de ma confrérie et elle était réputée pour aider les animaux ayants subits des traumatismes, dans la mesure du possible évidemment. Seulement… pour être honnête, près des trois quarts des animaux qui se trouvent ici n’ont plus de famille et c’est juste horrible pour eux. »

Ana’ ne comprenait pas comment on pouvait infliger ce traitement à un être vivant. Pour beaucoup, les animaux n’avaient pas de sentiments, ils ne ressentaient que des besoins, comme la faim, la soif et des sensations primitives comme la douleur. Seulement, pour Ana, les choses n’étaient pas ainsi, loin de là, au même titre que les hommes, les animaux ressentaient la tristesse, la peur et l’amour. Elle soupira brièvement avant de regarder droit devant elle, il ne restait qu’une dizaine de pas à faire pour arriver au paddock, endroit où les deux filles pourraient se poser pour discuter plus calmement.

Une fois arrivées, Ana s’installa sur la barrière en bois, regardant Shin en silence. Ici, tout était plus calme. Le vent qui soufflait rafraîchissait l’air ambiant car même s’il était caché par les nuages, le soleil de Miami parvenait toujours à diffuser sa chaleur. Là où elles se trouvaient, l’odeur des chiens et des chats les avaient quittées pour être remplacées par celle des chevaux et par quelques hennissements qui venaient briser le silence. Pour le moment, la jeune femme ne faisait pas réellement attention à eux, préférant consacrer toute son attention à Shin.

« Pas trop déçue de voir l’envers du décors Mademoiselle Bae ? D’ailleurs, je voulais savoir, tu m’as dit que tu étais venue ici pour me voir parce que tu t’étais égarée, mais es-tu sûre que c’est la seule et unique raison ? »

Si une rumeur n’avait pas échappée à Anaeli, c’était celle concernant Spencer, son charmant petit chéri d’amour et Shin qui semblait perdu au beau milieu de cette histoire. Histoire plutôt loufoque d’ailleurs car d’après la Voix, elle était fiancé à l’imbécile qui s’était tapé Ashlyn et apparemment, il lui était passé dessus également. Si la coréenne n’abordait pas le sujet, Anaeli n’allait peut-être pas se gêner pour s’aventurer sur ce terrain qui pouvait être pourtant très sensible.

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Quand Shin lui avait dit bonjour, Anaeli s’était retournée vers elle, surprise. Elle ne s’attendait certainement pas à la voir là, sans qu’elle ne lui en parle plus que ça. A vrai dire, c’était étonnant de voir la petite châtain « s’introduire » dans la vie des autres. Mais elle s’était dit que c’était une bonne occasion de se sociabiliser un peu plus. Elle appréciait la jeune fille en face d’elle, même si elle arrivait souvent à l’intimider sans le vouloir. Enfin, beaucoup de monde intimidait Shin, aussi !

- Oh, Shin, mais qu’est-ce que tu fais là ?

La jeune fille sourit gentiment, comme à son habitude. Elle ne pouvait pas faire autrement, même si elle le voulait. Elle ne le faisait pas exprès en général. Le sourire faisait partie intégrante de son visage. Elle se décida enfin à répondre d’une voix légèrement hésitante.

- Je cherchais un coin tranquille et … je crois que je me suis un peu perdue. J’ai reconnu le refuge dont tu m’avais parlé une fois. Et j’ai entendu ta voix … Je suis donc venue te voir.

Elle fit une pause. Et puis, Anaeli répondit à sa question précédente.

- Bien sûr, tu peux, tant que tu ne te mets pas à crier et à bouger dans tous les sens il n’y a aucun problème.

Bouger et crier dans tous les sens ? Non, ce n’était décidemment pas son genre du tout. Elle, elle préférait le silence, le calme. Sauf si elle était emballée par quelque chose, mais là, ce n’était pas le cas. Enfin, elle trouvait l’endroit magnifique, malgré ces animaux qui se remettaient de traumatismes pour la plupart. Elle, elle voyait ce que les bénévoles faisaient de merveilleux pour les aider. Elle voyait la vie qui les regagnait peu à peu, grâce à bien des efforts. Elle voyait le peu d’humanité qu’il restait encore sur cette planète. Cet espoir qui régnait dans son cœur. Elle était bien naïve d’y croire encore, elle s’en rendait parfois compte. Mais elle ne pouvait pas faire autrement.
Shin vit la jeune fille se diriger vers une nouvelle cage sans dire un mot. Cela ne l’étonna pas trop. Elle n’était pas très bavarde. Elle ne savait même pas si elle l’appréciait comme elle elle l’appréciait –elle avait tendance à énerver les gens avec sa timidité maladive et son sourire omniprésent. Elle s’approcha donc encore un peu, pour remarquer deux adorables chats. A cette vue, elle se mit à sourire encore plus. Et puis, une autre pensée traversa son esprit.

Des chats. Un mauvais souvenir lui revint. Quelques jours auparavant, la célèbre Wynwood’s Voice avait encore frappé. Et elle s’était amusée à dire que la communauté asiatique arrivée récemment mangeait tous les chats du quartier. Ce n’était pas quelque chose de grave, mais suffisamment pour la mettre mal à l’aise. Elle n’aimait pas qu’on s’en prenne à elle avec des rumeurs sans rien savoir. C’était toujours moins pire que la fois précédente. Quelque avait eu vent de ses fiançailles forcées avec Jared et en avait profité pour raconter n’importe sur elle, la faisant passer pour une dépravée. Elle n’aimait pas ça. Pas du tout. Elle aurait voulu passer inaperçue, mais pour l’instant, c’était un peu raté. Enfin, elle avait encore la chance que personne ne connaisse vraiment son visage.

- Je n’étais jamais venue ici avant, déclara Shin en s’approchant encore plus près. Je ne savais pas qu’il y avait autant d’animaux à s’occuper. C’est honteux de la part de leurs anciens propriétaires.

Près d’elle, un des chats se mit à miauler. Elle fondit carrément devant lui. Pouvait-elle entrer ? Anaeli ne lui avait rien dit, mais là, c’était différent d’avec le chien de tout à l’heure. Devant la petite bête, elle ne put que faire encore quelque pas. Elle était toute près. Pendant ce temps, Anaeli s’activait. Peut-être avait-elle besoin d’aide ?

- Je peux faire quelque chose pour t’aider ? Demanda-t-elle doucement en tendant une main vers le chat.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } Anaeli regardait le chien à présent tapi au fond de sa niche, tremblant comme s’il avait eu la peur de sa vie. L’adolescente ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait terrifier à ce point un fier chien de chasse, elle ne parvenait pas à concevoir le plaisir malsain de ces hommes ou de ces femmes qui détruisaient la vie de tous ces animaux. Il était évident qu’elle n’était pas objective, qu’elle était de partie pris pour la faune mais même sans cela, elle ne parvenait pas à comprendre comment l’Humanité pouvait se montrer aussi détestable et irrécupérable.

Une petite voix joyeuse la tira brutalement de ses pensées. La Nu Zêta se retourna rapidement, laissant transparaître la surprise sur son visage. Elle connaissait cette voix mais ne comprenait absolument pas ce qu’elle venait faire ici, sur son territoire.

« Oh, Shin, mais qu’est-ce que tu fais là ? »

La présence de la coréenne surprenait totalement la vénézuélienne qui ne comprenait pas le but de sa visite. Les deux filles, même si elles se connaissaient ne se parlaient pas réellement tous les jours et n’étaient pas les meilleures amies du monde non plus. Pour Ana, il était évident que Shin était venue avec une idée derrière la tête et que ce n’était pas simplement pour lui dire bonjour. Personne ne faisait rien gratuitement, la gentillesse pour le simple fait de récolter un sourire n’existait pas, il y avait toujours un but derrière cela, toujours un plan, une requête ou quelque chose du genre.

La sud-américaine n’était pas en froid avec l’Alpha Psi et c’était pour cette unique raison qu’elle ne l’envoya pas promener et qu’elle était même prête à l’écouter. Il fallait également reconnaître qu’elle était également dans un bon jour et que cette visite constituait presque une visite agréable, cependant, elle ne savait pas comment réagir face à cela. Elle n’avait pas pour habitude que les gens viennent la voir, qu’ils lui rendent des visite surprise simplement pour parler puisque de toute façon, elle ne parlait que très rarement avec eux. Au Vénézuéla, l’adolescente passait plus de temps à se promener et à errer dans la réserve qu’à vivre une vie d’ado que l’on pourrait considérer comme normale.

« Bien sûr, tu peux, tant que tu ne te mets pas à crier et à bouger dans tous les sens il n’y a aucun problème. »

Même si ces animaux étaient malheureusement habitués à voir des gens faire des allers-retours devant eux, ce n’était pas non plus pour autant qu’ils acceptaient la présence d’autrui auprès d’eux, comme venait de le démontrer le lévrier. Même si la raison qui avait amené la jeune femme ici était encore inconnue, Ana’ ne pouvait se permettre de passer tout son temps à parler uniquement, il fallait qu’elle continue à travailler. Il ne lui restait plus qu’un seul espace à nettoyer et Shin pourrait d’ailleurs entrer sans problèmes avec elle puisqu’elle devait s’occuper de deux chats siamois bien plus adorables et affectueux que tout ce que l’on pouvait imaginer.

Avant d’entrer, se tourna vers Shin. Elle n’avait même pas pensé à lui demander si elle avait peur ou non de certains animaux. Peut-être préférait-elle attendre dans un autre endroit le temps que la Nu-Zêta termine le nettoyage, à moins qu’elle ne soit prête à lui donner un coup de main, quitte à se salir un peu. La jeune femme entra finalement, sans se préoccuper plus que cela de la coréenne, si elle voulait la suivre, elle était libre de le faire et si elle ne le voulait pas, elle le pouvait également.

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Elle voulait être seule, juste un peu. Shin avait emporté son sac avec quelques feuilles et des crayons. Elle voulait se vider l’esprit. Elle voulait dessiner. Alors pour ça, elle avait décidé de se promener dans les environs de Wynwood. Oublié le plan. Ce jour-là, elle était seule avec son instinct. Elle savait qu’elle ne se perdrait pas, elle « connaissait » suffisamment le coin pour que ça n’arrive pas. Elle portait un simple jean plutôt ample avec un pull uni bleu pastel. Son manteau noir par-dessus et une paire de basket. La jeune fille n’avait même pas pris la peine de se maquiller. Quant à ses ongles, elle arborait une french manucure tout à fait banale, pour changer.

La petite asiatique se promenait donc tranquillement dans la ville. Elle cherchait un coin de paradis, un coin dans lequel elle pourrait s’évader. Mais à croire qu’ici, il n’y avait pas. Ses pas la portèrent un peu partout, sans qu’elle ne s’éloigne trop. Inconsciemment, elle avait peur de ses retrouver loin de ses repères, ceux qu’elle avait eu tant de mal à acquérir depuis son arrivée.
Au final, elle se retrouva devant un refuge. Un endroit qu’elle ne connaissait que de nom. Shin resserra sa sacoche contre elle. Elle avait trouvé son endroit parfait. Cet endroit représentait la vie qui se battait pour son droit, la vie qui n’abandonnait pas malgré tout. Ces animaux … La jeune fille savait qu’une de ses amies, Anaeli, était bénévole ici. Elle les aidait, elle s’en occupait. Elle n’était jamais venue, l’idée de l’avait même pas effleurée. Elle avait toujours peur de déranger les gens quand ils étaient dans leur élément. Mais là … Là, elle était sur place. Elle pouvait au moins passer lui dire bonjour. Et puis, si elle voulait rester un peu pour dessiner, elle devait demander si elle ne déranger pas. Certains animaux sont anxieux quand ils sont en présence de personnes qu’ils ne connaissent pas. Encore plus quand ils ont subi de mauvais traitements.

Shin s’approcha à petits pas, hésitante. Et si elle n’était pas là ? L’endroit semblait désert, comme à l’abandon. Pourtant, elle savait qu’on venait régulièrement ici pour s’occuper des pensionnaires. Elle fut stoppée dans son courage quand elle entendit une voix qu’elle connaissait.

- Sors tout de suite, et la prochaine fois, penses à demander avant d’entrer avec un animal que tu ne connais pas.

C’était Anaeli. Elle en était presque certaine. Elle n’était pas très loin, elle ne pouvait juste pas la voir car elle ne savait pas où elle se situait. Elle ne savait pas pourquoi son amie râlait, mais elle se doutait qu’un autre bénévole avait dû faire quelque chose de travers. Quand il s’agissait d’animaux, elle prenait les choses très à cœur. C’était une des raisons pour lesquelles elle faisait partie des Nu Zêta. Elle n’entendait pas d’autres bruits, elle ne savait donc pas ce qu’il se passait.
Un garçon passa devant elle et elle ne chercha pas à le retenir. Peut-être était-ce celui à qui le reproche de la jeune fille s’adressait ? Certainement. Ça expliquait sa fuite. Malgré tout, Shin prit son courage à deux mains et s’avança vers l’endroit d’où venait la voix. Au long de sa progression, elle passa devant les cages des animaux. Chats, chiens, voire même des espèces plus exotiques. Comment les gens pouvaient-ils les maltraiter ou les abandonner ? C’était inhumain. Elle n’avait jamais eu d’animaux, parce que sa famille n’en avait jamais voulu. Mais quand on prend un compagnon, c’est pour s’en occuper, pour l’aimer, pour le respecter et répondre à ces besoins. Ces gens étaient inconscients.

Shin soupira quand elle aperçut Anaeli sortir d’une cage. Le chien qui s’y trouvait rejoignit sa niche. Elle la vit soupirer à son tour. Elle n’avait pas l’air de très bonne humeur, mais en même temps, à ce qu’elle venait d’entendre, ce n’était pas étonnant. Sans se départir de son sourire, la petite Coréenne se dirigea vers son amie.

- Bonjour Anaeli.

Elle n’osa pas s’approcher trop près, de peur d’effrayer les animaux. S’ils connaissaient Anaeli, ils n’avaient jamais vu Shin. Et vu ce qu’elle avait entendu plus tôt, valait mieux ne pas risquer.

- Je peux ? Demanda-t-elle en désignant l’espace qui les séparait.

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Regarde autour de toi. Shin & Anaeli } La ferme associative de Madame Turner était un endroit magnifique pour ceux qui appréciaient le grand air ainsi que d’aider les animaux. C’est dans cette ferme que les animaux blessés venaient et étaient soignés avant d’être soit relâchés, soit gardés avant qu’une nouvelle famille leur soit trouvée. Sur bien des plans, cette ferme ressemblait à ce que les français appellent une SPA. songea Anaeli, seulement, qui dit SPA dit également beaucoup de travail et pas assez de bénévoles. Après tout, qui aimerait passer son samedi soir à nettoyer les enclos de Rottweilers alors qu’il y a une soirée d’enfer sur la plage ? Qui aimerait s’occuper d’un animal meurtri et agressif, refusant qu’on lui administre le moindre soin ?

L’être humain tenait à son petit confort mais il ne faisait jamais ce que les autres faisaient pour lui, il ne se montrait en aucun cas reconnaissant, ignorant très certainement la signification de ce mot, seulement, Anaeli Angeles était différente. Elle préférait passer plus de temps ici, à se montrer utile auprès des animaux plutôt qu’être avec des gens et parler bikini et garçons.

Nous étions la veille de la Saint-Valentin et il n’y avait pas grand monde aujourd’hui, juste quelques habitués qui travaillaient ici presque quotidiennement, aucun bénévole en vue, mis à part elle. La Nu Zêta arriva au refuge sur son vélo qu’elle laissait contre le mur du bâtiment principal. Elle entra dans une grange qui avait été aménagée en quelque chose qui ressemblait à présent à un immense fourre-tout. Il y avait un semblant de secrétariat dans un coin et tout autour, des tonnes d’objets, de seaux entre autre mais également quelques caisses de transport, des objets pour effectuer le pansage de certains animaux et bien d’autres choses encore.

Après avoir salué la personne en charge du secrétariat ce jour-là, une adolescente aux cheveux roses en pétards qui semblait plus intéressée par sa lecture que par ce qui se passait ici, Ana partir chercher de quoi s’occuper des cages. L’absence de réponse de la secrétaire du jour n’offusqua nullement l’adolescente, bien au contraire, il valait parfois mieux se taire plutôt que de se montrer hypocrite. En sortant de la pièce, la sud-américaine se promit qu’un jour, elle ferait un immense rangement dans cette pièce, d’une part pour la rendre plus présentable et surtout, pour lui donner l’ordre qui lui manquait si cruellement.

Anaeli se dirigea vers un espace qui regroupait bon nombres d’enclos dans lesquels on pouvait presque tout trouver, du lapin au Terre-Neuve sans exceptions. Des animaux blessés, abandonnés, ou trouvés. La jeune femme ouvrit une première porte et se fit sauter dessus par ses habitants. Petits, adorables et couinant, ces trois chiots venaient d’arriver il y a deux trois jours, laissés devant la ferme dans une caisse de transport trop petite pour tous les contenir. Trois bébés Husky tous aussi beaux et adorables les uns que les autres. S’occuper d’eux était un véritable plaisir. Ils n’avaient pas encore eu le temps de se forger une image négative des hommes, ils n’avaient pas été confrontés à des individus violents, dangereux et cruels. Dieu avait choisi de les épargner, pour le moment en tout cas.

Leur espace fut rapidement nettoyé et en sortant, Ana entendit un grognement qu’elle ne connaissait que trop bien et se dirigea en quatrième vitesse vers l’endroit d’où provenaient ces sons. Un jeune homme se trouvait enfermé avec un mâle lévrier qui était arrivé ici à moitié mort, des brûlures sur les flancs et une patte cassée. Depuis ce jour, il n’avait jamais supporté que des hommes s’approchent de lui, tolérant cependant quelques filles dont la jeune femme.

Ouvrant la porte grillagées, la Nu-Zêta entra elle aussi et avança doucement vers le chien qu’elle saisit au collier, sans se préoccuper de ses grognements.

« Sors tout de suite, et la prochaine fois, penses à demander avant d’entrer avec un animal que tu ne connais pas. » ordonna t’elle sans pour autant lever la voix.

Il y avait suffisamment de travail ici sans avoir besoin de s’occuper des autres bénévoles en plus. L’adolescente caressa doucement le chien qui n’avait cessé de grogner et qui se montrait toujours aussi agressif. Lorsque le garçon sortit, il finit par se calmer petit à petit et tira sur son collier pour montrer qu’il voulait retourner dans sa niche. Sans chercher à le retenir plus longtemps, elle le lâcha et le laissa rentrer, sortant à son tour de ce qui constituait sa demeure de fortune.

Anaeli soupira, constatant que l’inconnu était parti. Pour une fois qu’elle était prête à parler et expliquer calmement les choses, il fallait que cette andouille parte. Bon, sa réputation l’avait peut-être précédée mais ce n’était pas une raison non plus. Aujourd’hui plus que jamais, la vénézuélienne avait envie de communiquer sa passion et de se montrer pédagogue, seulement, aujourd’hui semblait être la seule journée où le refuge ressemblait à une ferme fantôme.