Tout ce qu'on ne s'est pas dit - Carter

Connaissant Carter, il devait culpabiliser un peu de ne pas être venu à l'enterrement. Je comprends, parce que je culpabilise aussi de ne pas avoir été présent pour lui d'autant plus que lui, c'était la mort de sa mère. Logiquement ce doit être encore plus dure que la mort de son frère. Sauf pour moi sans doute, je pense que si on m'annonçait que ma mère était mourante je ne me déplacerait même pas pour aller la voir. Qui peut avoir un lien maternel avec une femme qui ne s'est jamais vraiment occupée de nous. Qui peut avoir un lien maternel avec une femme complètement toxico au point d'à peine se rappeler qu'elle a des enfants? Bref moi ma mère, c'est la dernière femme pour qui j'ai de l'intérêt et surtout pour qui je me déplacerait et ce, même pour l'enterrement. Cependant, je savais que Carter était plus proche de sa mère que de son père et je pouvais m'empêcher de me dire qu'au lieu d'être uniquement avec son père, cet homme qu'il détestait tant, il aurait pu au moins, compter sur moi.

Je repensais à tout ce qu'il m'avait dit aujourd'hui, tout ce dont je n'étais absolument pas au courant. Par moment je me disais que finalement je ne connaissais rien de lui. Que le mec qui se trouvait face à moi était un étranger et pourtant je me sentais si proche de lui. Sans doute était-ce grâce à tout ce qu'on avait déjà vécu ensemble et même avec sa deuxième personnalité, sa pseudo personnalité de playboy. C'était sans doute la raison pour laquelle je ne lui en voulais pas vraiment. Je ne pouvais pas tirer un trait sur tout ça, ça me tenait tellement à coeur et c'était sans doute les seuls moments agréable là-bas, que je voulais garder en tête.

Pour rigoler, j'avais demandé à Carter quand comptait-il me présenter la mystérieuse Arwen. C'est pas que cette fille m'intéressait, mais il avait l'air tellement accro à cette fille que forcément, ça m'intéressait de connaitre, un minimum cette demoiselle. Je l'avais aperçu au bal, certes, j'avais même lâcher une phrase que j'aurais du garder pour moi et rien que pour ça, elle ne devait peut-etre pas me porter dans son coeur, ou du moins avait surement une mauvaise image de moi. Sauf que ce que les gens pensaient je m'en foutait un peu. C'était le cadet de mes soucis et même si la jeune fille ne m'appréciait guère, je comptais bien essayer d'être simple et respectueux envers elle, ne fusse que pour Carter. En souriant à mon ami je ne pouvais m'empêcher de lui lancer une réplique..

Donne tout le lover qu'il y a au fond de toi, ça devrait aller, c'est ce qu'elles recherchent les filles non?

Je ne savais pas trop, je n'y connaissais absolument rien à l'amour. Je ne pouvais m'empêcher de critiquer cette étape de la vie. Pour moi c'était du grand n'importe quoi. Pour moi j'étais pas conçu à rendre une fille heureuse, à part peut-etre en étant dans un lit, l'un sur l'autre. Ça se limitait à ça. J'étais un mec à femme, un playboy et parfois même un salop mais tout ça, Carter le savait. Après je faisais un effort pour lui, je ne me voyait pas lui dire "Laisse tomber mec, l'amour c'est du grand n'importe quoi". J'étais son ami, je devais l'encourager et si jamais ça se passait mal, je devais être là pour lui sans non plus lui dire " t'as vu? si tu m'avais écouter!". De plus, je savais très bien que si lui arrivait à me prouver qu'on pouvait croire en l'amour que je serais plus confiant et que donc, je pourrais, potentiellement songer à me caser avec une demoiselle.
Carter m'expliquait qu'il ne pensait qu'à elle, qu'il voulait s'expliquer sauf qu'il ne savait pas trop où la trouver, sur le coup je séchais. Je ne savais pas trop où il pourrait la trouver. Il avait l'air désespéré voir même inquiet. Ça faisait bizarre de le voir comme ça alors qu'habituellement il est toujours sûr de lui.

Peut-être que tu la trouveras dans les couloirs demain? Ou au pire, va voir dans les alentours?

Je marquais une pause avant de reprendre..

Vas te vider la tête mec.

Carter était entrain de s'excuser. Pour son comportement, pour mon frère, un peu pour tout en fait. C'était pas grave, c'était passé et puis je savais que s'il avait été au courant il serait venu. Je ne pouvais pas lui en vouloir. En plus, il avait des circonstances atténuantes lui aussi. Décidément, même nos vies se ressemblent un peu.

Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas. Et pour mon frère, je me doutais que tu n'étais pas au courant. J'aurais pu te prévenir mais j'avais pas la force de t'envoyer "Salut mec, mon frère s'est fait descendre à une soirée où on passait presque toutes nos nuits". Bref vraiment ne t'en fais pas.

Je voulais rassurer un peu Carter, je pense que maintenant, il était un peu soulagé d'avoir tout déballer, c'était le principale. Le garçon me parlait à nouveau d'Arwen. Cette jeune fille il avait l'air déjà d'y tenir beaucoup. C'est vrai que moi je ne crois pas en l'amour. Après, si lui pouvait me prouver le contraire avec cette jeune fille, je ne demandais pas mieux. Disons que si mon meilleur ami arrivait à avoir une relation stable, je me disais que moi aussi je le pourrais.. Du moins, un jour.

Finalement, peut-etre que les coup de foudres existent vraiment? Si tu penses que c'est une fille pour toi alors je ne peux que t'encourager, toi même tu sais

Je souris à mon ami et lui fit un clin d'oeil complice.

Officiellement, tu comptes me la présenter quand?

Encore une fois, je lui souris. J'observais l'homme qui se trouvait devant moi, il avait l'air de se calmer un peu, il avait l'air d'être soulager ensuite, je remarquais qu'il s'était fait tout beau. Peut-être qu'il devait partir? Peut-être qu'il avait un rendez-vous. A vrai dire, je n'avais pas du tout penser au fait que peut-être il n'avait pas le temps de me voir, là tout de suite. J'eus un bug pendant un court instant...

Au fait, t'allais sortir non?

A peine je venais d'entrer je vis le visage de mon amis changé. J'avais un peu l'impression que ma remarque était celle qu'il ne voulait justement pas entendre de moi. Carter commençait à raconter le pourquoi du comment, moi je m'appuyais contre le mur, les bras croisés et je l'écoutais. J'avais l'impression qu'il me racontait la vie d'un autre homme et surtout qu'il me décrivait un autre homme. Il me disait qu'il n'était pas du genre playboy à ramener les filles, que c'était juste un double jeux. Je sentais, en moi une boule qui se formait, j'étais déçu. Non pas de la personne qu'il était vraiment mais parce qu'après autant d'année, il m'en parlait seulement aujourd'hui. Pourquoi maintenant? Pourquoi pas avant? Même lui ne savait pas répondre à cette question apparemment. Sauf que moi j'avais besoin de cette réponse pour comprendre et surtout pour passer au dessus de ça. Ensuite, il commençait à me parler d'Arwen. Sur le moment je ne savais même pas de qui il me parlait, je ne connaissais pas Arwen, ensuite je repensais au bal et à cette jeune fille avec qui il était. Etait-ce elle, Arwen? Surement vu qu'il a dit "hier". C'est là que je compris, avec tout ce qu'il me disait, que c'était surement à cause de ma phrase qu'elle était partie. J'observais mon ami et ses larmes se mirent à couler. C'est là que je compris qu'il était vraiment mal, je ne l'avais jamais vu pleurer depuis qu'on se connaissait. Moi, je restais là, appuyer contre le mur à l'écouter. Il m'annonçait ensuite la mort de sa mère. Sa non plus je ne le savais pas, moi je pensais qu'elle vivait toujours et c'était la raison pour laquelle je ne l'avais plus vu, c'était la raison pour laquelle il n'était pas venu à l'enterrement de mon frère. Je pouvais le comprendre d'un côté mais d'un autre j'aurais voulu qu'il m'en parle. J'étais certes un playboy, un mec à femme, un salop avec certaines personnes mais avec lui, non. J'avais toujours été sincère et j'avais toujours été moi. J'avais toujours essayé d'être là pour lui, la preuve, la encore je suis là pour lui. Il terminait son récit par " tu me détestes". Non je ne le détestais pas, je suis déçu par son silence mais je ne le détestais pas. Pour moi rien ne changeait et il n'avait pas besoin d'être un mec à femme, un playboy, un mec vaniteux ou encore un matérialiste pour me plaire en tant qu'ami. Même si, à l'heure d'aujourd'hui c'était un homme sentimental, et sérieux, j'étais content pour lui. Moi j'y arrivais pas, de part mon passé, ma vie, mon entourage et surtout l'endroit d'où je venais. Mais si lui pouvait être le genre de mec que les filles aimaient, alors je ne pouvais que l'encourager, j'étais son ami hier et je le suis toujours aujourd'hui.
Je décroisais les bras et les mis sur le bord de l'appuie de fenêtre..

J'ai besoin que tu me dises pourquoi tu m'as pas dis ça plus tôt Carter, peut-être que là, maintenant, tu ne sais pas mais un jour tu sauras et j'ai besoin que ce jour là tu m'en parles. Je pensais que t'avais confiance, je pensais qu'on pouvait ne rien se cacher et même si t'es un lover sentimental j'aurais quand même gardé le même statut vis à vis de toi. Tu devrais le savoir. Oui je suis un fouteur de merde, un salop, un mec à femme, un playboy, bref tout ce que tu veux mais tu peux pas m'enlever le respect que j'ai envers toi. Tu ne peux pas m'enlever le fait que j'ai toujours été là pour toi et encore là, je suis là et même si ça me déçoit, je ne pars pas en claquant la porte, je reste et on en parle. Si tu m'avais dis pour ta mère, j'aurais pu venir te soutenir ne fusse qu'à ses obsèques et au moins j'aurais compris pourquoi toi tu n'étais pas là à celles de mon frère.

Je m'arrêtais un instant avant de reprendre.

Je ne te déteste pas, loin de là, je suis juste déçu. Mais ça passera. Pour ta mère, je suis désolé, sincèrement et j'aurais voulu être là ne fusse que pour t'épauler. Tu sais que je l'aurais fais et tu sais que j'aurais répondu présent aussi bien pour toi que pour ta famille. De plus, si j'avais su ça plus tôt je ne me serais pas permis de venir te lâcher cette phrase idiote qui a tout foutu en l'air avec ta demoiselle. Je suis désolé, vraiment je ne savais pas. Je pensais que c'était encore une de ces filles qu'on ramène, le soir, pour s'éclater et à qui on dit au revoir le matin. Si tu veux que j'aille lui parler ou encore m'excuser je le ferai.

Je ne quittais pas Carter des yeux, je ne savais pas trop quoi penser mais en tout cas, je me disais que ça ne devait pas être simple pour lui et qu'en tout cas, maintenant, il avait un poids en moins sur les épaules.

J'étais devant la porte de Carter entrain de reprendre mon souffle. J'étais un fumeur, forcément, monter 5 étage en courant, 4 par 4 c'était un peu trop pour mes poumons. Mais j'y étais arrivé. Un instant plus tard, la porte s'ouvrit. Carter était là, ouff. Au moins j'avais pas monter tout ça pour rien. Je l'observais, il avait une petite mine, peut-être était il repasser dans une autre boite? Mais d'un coup je repensais à cette soirée, il me semblait avoir vu la demoiselle avec qui il était s'en aller et lui, le suivre avant de revenir nous saluer, Grace et moi.

Carter m'invitait à entrer, il avait l'air étonné de me voir là. Logique, c'était le matin, en général à cette heure -ci je dormais encore. Il pensait peut-etre que quelque chose de grave c'était passé? Non pas vraiment, je m'inquiétais juste pour le mec que j'avais plus vu depuis 5 ans et avec qui je passais tout mon temps, avant. Avec un petit sourire en coin je le salua et entra dans son appartement.

En fait, je viens parce que t'es parti vite hier, ça ne te ressemble pas fort, il s'est passé quoi?

Ensuite, je repensais à ce que j'avais dis ce soir là, pas très discrètement, j'avoue. Je lui avais conseiller de la garder plus d'une nuit, mais c'était notre genre à nous, on restait jamais plus d'une nuit avec la même fille. Par exemple, je n'avais pas ramener Grace chez moi, chacun était rentré chez soi. C'était pas le genre de mec à s'attacher tout comme moi. Il fallait vraiment que je sache, peut-etre avait-il eu une mauvaise nouvelle à propos de sa mère? Je ne savais pas trop.

Hier soir, c'était ce bal de la saint-valentin. J'y étais allé avec Grace, c'était vraiment une agréable soirée. J'y avais croisé Carter, mon meilleur ami qui lui aussi s'est trouvé une charmante demoiselle. Cependant, il était venu nous trouver au début de la soirée, pendant que j'étais entrain de danser avec Grace pour nous saluer parce qu'il préférait rentrer. Ca ne lui ressemblait pas et j'avais bien ressenti qu'un truc n'allait pas, sauf qu'il était parti avant qu'eus le temps de lui demander et en plus, je me voyais mal planter Grace là alors que lui demander de m'accompagner au bal avait déjà été délicat.

A la fin du bal, j'avais essayé d'appeler Carter, je lui avais envoyé un texto aussi pour savoir si tout allait bien sauf que je n'avais eu aucune réponse. Il était temps que j'aille le trouver et lui demander pourquoi était-il parti comme ça, au début d'une soirée alors que d'habitude on était bien souvent les derniers à quitter les soirées et en plus, jamais seuls.

Il devait être 10h quand je me forçais à me lever, j'allais prendre une douche et retournais dans ma chambre d'étudiant pour m'habiller, prendre mes clés et ma veste et sortir de ma chambre pour aller tout droit chez Carter, je devais savoir ce qui s'était passé hier soir, je n'avais pas trop compris.

Je pris dans ma poche, mon paquet de clope, et m'allumait une cigarette le temps du trajet. Arrivé devant l'immeuble dans un des quartiers les plus riches de la ville j'éteignis ma clope et la balançais sur la route. Une femme sortais justement. Je profitais de l'occasion pour me faufiler dans la cage d'escalier, face à l'ascenseur. Celui-ci mettait un temps fou pour arriver, j'optais donc pour les escaliers.

Je courrais presque dans les escaliers en les montant 4 par 4 et arrivé enfin au 5e étage je sonnais à la porte de Carter. Vu l'heure, peut-etre qu'il ne serait pas encore réveiller, mais tant pis j'en avais pas pour longtemps de toutes façon. La main appuyée sur le chambrant de la porte, je reprenais mon souffle le temps que le jeune homme vienne m'ouvrir.