Panne d'inspiration {Taylor & Others}

*Pouf*



Bruit léger caractéristique d’un bloc de feuilles relié ensemble et entouré de cuir ou du carton pour former ce qui est communément appelé « cahier » sur une table de bois vernis. Bruit léger mais qui fit l’effet d’un coup de tonnerre dans l’oreille interne d’Aloysia et dont la réaction fut instantanée.
La jeune fille n’était pas seule au bout du compte, et elle ne savait depuis combien de temps.
Perturbant.

Elle commença par cesser immédiatement de fredonner, se redresser dans son fauteuil, se tenir droite, relâcher ses épaules, paraître détendue, calme, puis croisa ses jambes en un mouvement rapide et fluide.
Enfin elle prit son journal, fit claquer les pages en le refermant brutalement et leva les yeux, tâchant d’avoir un port de tête parfait pour la personne qui
avait eu la délicatesse signifier si discrètement sa présence.
Et se « relâcha ».
Autant dire que son dos s’affaissa de nouveau, elle tenta de camoufler ces automatismes qu’elle trouvait particulièrement gênant en détruisant l’essai avorté de tressage dans ses cheveux, formule pompeuse pour simplement annoncer qu’elle les fit bouffer autour de son visage avant de les attacher en queue de cheval.
Elle sourit à la jeune fille qui lui faisait maintenant face.



« Bonjour ! »



Aloysia n’avait encore jamais vu la nouvelle venue, aussi la détailla-t-elle minutieusement. Elle semblait… Littéralement crevée. La nuit à dut lui sembler bien trop courte.
Et habillée avec de la "première main" sans doutes aucuns... Ce qui produisait un léger décalage car la blondinette semblait être une Êta Iota, on pouvait voir derrière les valises qu'elle avait en guise de cernes et la pâleur quasi maladive un grain de peau particulièrement soigné, tout comme la coupe des cheveux et la manucure...
Voyant qu'elle ne semblait pas vouloir ouvrir la bouche et qu'Aloysia était une de ces personnes qui ne pouvait pas encadrer le silence, elle relança


« Euum... Moi c'est Aloysia. Aloysia de Macmahon. Et... toi ? Tu es... ? »


Outch. Elle m'a bien l'air dans le coltar celle-çi...

« Cher Journal…. »


Aloysia laissa son crayon en suspend l’espace de ce qu’elle espérait n’être que deux secondes de vide spirituel mais celui-ci s’allongea atrocement jusqu’à devenir une, puis deux minutes. Elle souffla bruyamment avant de se renfoncer plus profondément dans l’antique et moelleux fauteuil du foyer. Elle fixa sa page puis, sous une impulsion presque meurtrière envers son« syndrome de la page blanche » elle raya furieusement son en-tête plusieurs fois, ce qui déchira le papier puis le jeta violemment à l’autre bout de la pièce.
Et là, elle réalisa qu’elle avait oublié qu’elle se trouvait au foyer.
Et que le principe d’un foyer c’était d’être commun aux élèves de tout un lycée.

Oups. La boulette.

Sur le coup, elle se recroquevilla au fond de son fauteuil et pria ardemment pour qu’un miracle se produise et que le foyer soit vide. Elle se redressa doucement, croisant les doigts et inspecta chaque recoin d’un œil perçant.
Dieu avait entendu sa prière, elle était la seule personne présente.
Elle se relaissa tomber au fond du fauteuil avant d’aller prestement chercher son cahier puis elle retourna s’assoir, ou plutôt s’affaler dans le fauteuil.
Elle arracha la feuille raturée, la chiffonna puis la posa à côté d’elle.
Aloysia regarda la nouvelle page vierge qui s’offrait à ses yeux. Ne sachant quoi écrire, mais en ayant l’envie, elle se mit à griffonner ce qui lui passer par l’esprit


« Cher Journal, toi qui… »

Elle raya de nouveau la formule.
Elle soupira, une fois encore et regarda autour d’elle, laissant son esprit vagabonder. Elle voulut se recoiffer, s’assit donc en tailleur, posa son cahier sur ses jambes et commença à tresser ses longs cheveux. Son regard tomba sur son tatouage au poignet droit.
Elle lâcha ses cheveux et repris son crayon.


« Cher Journal. Tu sais quoi ? J’ai un secret, même qu'il est bien crade et personne ne le saura jamais. Peux être, un jour, j’aurais le courage de l’écrire,mais pas tout de suite. C’est trop frais. »

Elle regarda ça, écrite en français, bien sûr, puis juste en dessous et en anglais :


« Ne jamais oublier, ne jamais pardonner »

Elle se mit à chantonner doucement l'air de la Fantaisie Impromptue de Chopin et continua à écrire des banalités, sans se douter qu'une personne l'observait... Depuis longtemps peux être ?