La nuit porte conseil mais encore faut-il accepter l'aide attendue [PV Neil][TERMINÉ]

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Merci pour tout

Pour la première fois depuis le début de la soirée, Neil ne m’opposa aucune résistance. Il était calme et acceptait ma requête sans broncher, peut-être parce qu’il n’avait plus envie de rester avec moi, parce que sa tâche était terminée ou tout simplement parce qu’il avait mieux à faire. Pour moi, peu importait sa réponse. Tout ce qui m’intéressait, c’était juste de savoir qu’il allait enfin me laisser seule. Que j’allais pouvoir me retrouver face à moi-même jusqu’à ce que le soleil se lève enfin.

Cette soirée n’avait pas été catastrophique au plus haut point, même si elle avait réellement mal commencé. J’avais appris à connaître un peu plus Neil et mon animosité à son égard avait fini par disparaitre, certainement car elle n’était pas fondée en réalité. Je ne sais même pas pourquoi j’étais ainsi avec lui, pourquoi je me montrais aussi peu communicative et agréable mais après ce qui venait de se passer ce soir, il était évident que j’allais avoir un nouveau regard sur lui.

Je ne pouvais plus me permettre d’agir comme une enfant, il allait falloir que je grandisse tout simplement et maintenant. J’allais devoir changer pour montrer que je n’étais pas une gamine qui passait son temps à pleurer et qui s’effondrait à la moindre difficulté. A présent, je devais prendre ma vie en main car il n’y aurait pas toujours quelqu’un pour m’aider.

J’ai relevé la tête pour croiser le regard un peu hésitant de Neil, le Rho Kappa semblait hésiter, il ne savait pas s’il pouvait me laisser seule mais il n’avait pas à s’en faire. Même s’il y a encore quelques instants je ne voulais qu’une chose, retourner foutre ma vie en l’air, à présent je n’en avais plus envie. Je voulais juste retourner dans ma chambre et m’y cloitrer pour des heures et des heures.

« Merci pour tout Neil. »

De simples paroles qui pourraient l’apaiser, ou du moins je l’espérais. Il s’éloigna, non pas vers la confrérie mais vers un autre endroit. J’ai soupiré doucement avant de prendre la direction de ma chambre que je ne partageais avec personne pour le moment. Le seul aspect positif à cela était que je ne risquais pas de déranger quelqu’un en rentrant à cette heure-ci et que j’allais pouvoir être seule avec les démons de mon passé.

B-NET

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Je venais de me rendre compte que j’avais laissé mes achats à la gare. J’avais Ashlyn alors je ne pouvais tout de même pas les emmener avec moi. J’en avais beaucoup et en plus ils étaient trop lourds. Je ne n’aurais jamais pensé que la situation tournerait de cette façon. Je n’arrivais plus à savoir pourquoi je n’avais jamais réussi à me rapprocher de la Rho Kappa. Pourtant il n’y avait aucune raison pour que l’on se déteste. À moins qu’elle n’aime pas les gays, ce qui m’étonnerait. Les choses seraient différentes si on n’avait pas ce mur étrange qui nous séparait. Mais à présent, il semblait s’être détruit.

J’avais une oreille attentive. Je pouvais rester des heures et des heures à écouter une personne me parler de ses problèmes. J’étais le genre de personne qui avait plusieurs problèmes mais qui ne les disais à personne, alors qu’elle est toujours là pour écouter et pour essayer de régler ceux des autres. Ça ne me dérangeait pas du tout qu’Ashlyn se confie à moi. Si cela pouvait nous permettre de nous rapprocher, je n’avais rien à perdre. L’effet de l’alcool avait considérablement diminué mais je ne pouvais imaginer ce que l’adolescente ressentira plus tard. Heureusement, Ashlyn ne m’avait pas repoussé. Son humeur était imprévisible. Je pouvais sentir le doux parfum de ses cheveux dans mon cou. J’aimais ça donner des câlins ou en recevoir. Je pouvais ressentir la chaleur de l’autre personne, ce qui était confortable. Quelques minutes plus tard, Ashlyn se dégagea. Ça allait aller mieux maintenant, disait-elle. Je voudrais bien le croire. Je sentis que mon travail était terminé.

Très bien. Je suppose que tu es capable de t’occuper de toi maintenant. Je réalise ton souhait, je te laisse seule.

Je n’étais d’aucune utilité à présent. Je ne pouvais plus rien faire d’autre pour l’aider. Je voulais retourner à la gare pour reprendre mes affaires, si elles étaient toujours là. Avec la somme d’argent que j’avais dépensé, hors de question que je les perde. Je me levai du sol et m’étirai. J’avais l’impression que le temps s’était arrêté depuis tout ce moment. Je me sentais un peu mal de la laisser toute seule, cependant c’était la meilleure solution. Je regardai la jeune fille dans les yeux avant de lui faire un signe d’adieu. Sans me retourner, je quittai le jardin.

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Merci pour tout

Il venait de dire ce que je ne voulais justement pas entendre. Je suis désolé A quoi bon ? La seule qui devait être désolée, c’était moi, or je m’en voulais, j’étais en colère et ce, contre moi-même. Je m’insupportais et je ne pouvais pas comprendre pourquoi j’avais agi ainsi, mais surtout, jamais je n’aurai du parler. Seulement, j’étais humaine et j’étais arrivée ce soir-là à saturation. J’avais décidé de tout plaquer, mais j’aurai pu décider de tout arrêter tout simplement et rien n’aurait pu m’arrêter. J’étais désespérée mais peut-être pas suffisamment pour commettre l’irréparable.

J’avais juste besoin de parler très certainement et Neil était la pour moi, même si je doute personnellement que cela lui plaise réellement. Seulement, il avait voulu rester avec moi, il n’avait pas voulu me laisser, malgré mes nombreuses demandes et au final, c’était lui qui m’avait poussé à parler. Même si je ne voulais pas entendre de je suis désolée, ni même sentir la peine et la pitié que je lui causais, cela me faisait tout de même plaisir qu’il soit là, mais également le fait de sentir sa présence à mes côtés. C’était tout simplement réconfortant pour moi.

C’est peut-être pour ça que j’ai fini par craquer et que je me suis laissé aller. Je parvenais à peine à contenir mes émotions et pourtant, il a fallu que cette fichue larme coule et qu’il la voit. Pitié, sincère compassion ou tout simplement par devoir il s’approcha de moi et me prit dans ses bras. Je n’avais pas envie de le repousser comme tout à l’heure, mais je n’avais pas non plus envie de rester ici, dans ses bras, à pleurer comme une enfant. Je suis restée là, durant quelques instants, quelques minutes peut-être avant de finalement reculer pour être seule et tranquille.

Je n’allais pas rester avec lui toute la nuit, même si parler m’avait fait du bien, j’allais bien devoir finir par affronter la solitude à nouveau, et surtout, j’allais devoir ne plus faire de bêtise, juste pour ce soir en tout cas. Même si j’avais l’impression d’être au plus bas, les choses iraient certainement mieux par la suite et si seulement elles ne s’arrangeaient pas, alors à ce moment là uniquement je pourrai réellement arrêter mes efforts mais pas maintenant.

« Merci pour tout Neil… mais je n’ai pas besoin de ta pitié. Ça va aller maintenant… ça va aller mieux. »

Ce n’était pas lui que je voulais rassurer mais uniquement moi. J’essayais de me convaincre que mes paroles étaient censées et vrai. Je voulais croire mes mots, je voulais croire que ce que ej disais était la stricte vérité mais pourtant, j’avais du mal à y croire. Je crois que … j’étais tout simplement en train de me mentir, une fois de plus. Je ne savais pas si j'allais retourner dans ma chambre, ou si j'allais rester là, à vagabonder dans la confrérie, à m'installer devant la télé ou alors pourquoi pas, à potasser des cours. Je pouvais trouver tellement d'occupations différente et pourtant aucune ne me convenait. Tout ce que je voulais faire, c'était rien.

B-NET

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Je n'aurais pas dû poser cette question à Ashlyn. C'était déplacé de ma part. Elle se sentait déjà mal alors que je lui forçais à se rappeler de son passé. J'essayais de me mettre à sa place. Qu'aurais-je fais ? Aucune idée Comment allais-je réagir ? Mal sûrement. Si quelqu'un me posait la même question, je ne saurais quoi répondre. Je n'étais même pas certain de ce qui m'était arrivé. J'y pensais à tous les jours mais je ne connaissais toujours pas la réponse. Cette nuit n'allait pas être très joyeuse.

La Rho Kappa réfléchit longuement. Mes doutes s'étaient peut-être fondés. Je voulais lui dire qu'elle pouvait oublier la question mais elle y répondit quand même. Alors c'était un incendie la cause de son malheur. L'adolescente s'était arrêté. Sa voix était cassée et ses pieds tremblaient. Je l'invitai à s'assoit avant qu'elle ne tombe. Ashlyn avait beaucoup de remords, tous contre elle. Je voulais lui dire que ce n'était pas sa faute, qu'elle n'avait rien à se reprocher mais je n'en fis rien. Je ne connaissais pas son histoire alors je ne pouvais pas la réconforter de cette façon. Je ne pouvais que lui dire une chose.

Je suis désolé.

Être désolé ne changera évidemment rien. Le mal était fait et déjà fait. Même si l'on désirait changer le passé, cela ne pouvait pas être possible. Ashlyn pleurait à présent. L'une des choses que je détestais le plus dans le monde, c'était de voir une personne pleurait. Je ne supportais pas de voir des larmes couler sur des joues rosées, surtout sur celles des filles. Je m'approchais d'Ashlyn et la prit prudemment dans mes bras. Voyant qu'elle ne réagissait pas, je deviens plus confiant.

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Il est temps de s'expliquer

Neil accepta mes excuses, disant que ce n’était pas grave mais je me doutais bien qu’il disait cela uniquement pour me rassurer. Lorsqu’il dit à voix haute ce que beaucoup auraient pensés à voix basse un sourire illumina mon visage. Bien sûr que non, je n’étais pas toujours dans cet état, sinon je serai à l’hôpital depuis bien longtemps voir tout simplement plus de ce monde. Je ne m’étais même pas rendue compte que sa voix était moqueuse, je n’avais même pas fait attention au fait qu’il soit prudent avec moi, dans sa façon de parler ou d’être.

Il n’avait pas apprécié le fait que je le repousse tout à l’heure, que je me comporte comme une gamine capricieuse et puérile et pourtant, c’était ce que j’étais devenue au fil des semaines passées ici.

« Que t'est-il arrivé avant, Ashlyn ? »

Cette question semblait ne pas trouver de réponse en moi. Qu’est ce qui m’était arrivé, qu’est-ce que j’étais devenue ? Je ne savais pas. Un monstre peut-être, une pauvre gosse incapable de se débrouiller par elle-même, toujours accrochée dans les jupes de sa mère parce qu’au final, c’est tout ce que je savais faire. J’avais besoin d’affection, je voulais être rassurée et je voulais qu’on me dise que ce n’était pas grave, que tout allait s’arranger et que ce n’était pas de ma faute si tout cela était arrivé.

Cependant, comme tout enfant qui finit par grandir, être rassurée ne suffisait plus, les mensonges ne m’apportaient plus de réconfort et tout ce qu’il me restait, c’était cette obligation de faire face à mes actes. Je devais me montrer responsable évidemment mais c’était tellement plus facile à dire qu’à faire…

« Avant… Avant quoi ? Que je ne vienne ici ? Que je ne fasse toutes ces erreurs ? Ou avant que je ne change du tout au tout ? Tout est lié de toute façon, tout est lié à cet incendie qui a ravagé ma vie au sens propre, comme au sens figuré. Mon père possédait un haras et j’avais ma propre jument et son poulain qui vivaient là-bas, ainsi que tous les chevaux de mon père. Une nuit… je me suis réveillée, alertée par les bruits… »

Mon regard devint plus vague et je me suis figée sur place, comme si le passé venait de m’agresser et que tous les souvenirs me sautaient au visage, me lacéraient toute entière. Les mots se bloquaient dans ma gorge, ils ne pouvaient plus sortir, je ne pouvais plus m’exprimer. Mes jambes tremblaient légèrement et tout ce que pouvais faire, c’était me souvenir, revoir le ciel rouge de cette nuit là, me souvenir de l’odeur de bois brûlé, revoir la fumée monter dans le ciel, sentir à nouveau la chaire carbonisée, l’odeur du cuir brûlé et entendre à nouveau ces cris de détresse, de peur de de tristesse.

« Ils sont tous mort. Tous et je n’ai rien pu faire. On me les a arraché et jamais je ne pourrai me le pardonner. Je n’ai pas pu les aider, je n’ai pas été là pour eux et maintenant tout ce qu’il me reste, ce sont des remords. Alors oui, ils n’étaient que des animaux, que des chevaux mais je les énormément. »

J’ai fermé les yeux, soufflant doucement avant d’essuyer une larme qui coulait sur ma joue. Pourquoi est-ce que je n’avais pas pu les aider ce soir là ? Pourquoi est-ce que ce sentiment de culpabilité ne cessait de me quitter et me rongeait de l’intérieur petit à petit ? Peut-être parce que c’était ma faute, c’était moi et moi seule la responsable de tout cela et que je commençais à le comprendre. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même et je ne parvenais pas à le supporter.

B-NET

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Je me sentis nostalgique. À cause de cela, je disais des choses sans y penser. J'avais recommandé à Ashlyn d'arrêter de s'accrocher à son passé alors que moi-même je le faisais. Je pouvais bien jouer la comédie, je me sentais toujours mal. J'aurai voulu tout oublier pour au moins une journée. Je ne pensais pas que c'était impossible mais c'était rare que ça m'arrivait, enfaite jamais. Plus que je regardais l'adolescente, plus je compatissais. Parfois, j'avais envie de crier, de tout casser. Si seulement je pouvais déconner et faire ce que je voulais sans se soucier des autres comme la Rho Kappa faisait, cela serait vraiment super.

Ashlyn pensa presque comme moi mais je me tus. Cependant, elle avait encore de l'espoir alors que moi je l'avais perdu depuis longtemps. Dans mon cas, c'était impossible que tout se règle, que ça redevienne comme avant. La sportive se leva en soupirant et formula des excuses à mon égard en me regardant dans les yeux.

Ça va, ce n'était pas ta faute de toute façon. J'espère simplement que tu n'es pas tout le temps dans cet état.

Je lui avais répondu sur un ton moqueur. La saoule c'était calmée et moi aussi. Je me couchais sur le dos sur l'herbe fraîche. Soudainement, je ne ressentis plus la fatigue. Je voulais encore parler à ma partenaire de confrérie, apprendre à la connaître. Je parlai d'une voix prudente.

Que t'est-il arrivé avant, Ashlyn ?

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Je ne voulais pas être consolée, je voulais juste qu’on m’écoute me plaindre sur mon sort, comme le faisait bien souvent la gamine que j’étais. Je cherchais tout simplement à parler pour me sentir mieux. Il est vrai que ma vision des choses était tout sauf optimiste mais ce soir j’étais tout simplement au plus bas et c’était certainement parce que je n’arrivais pas à me décider.

J’étais incapable de prendre les décisions qui s’imposaient et pourtant, il suffisait que je le raye de ma vie par exemple ou que j’envoie paître cette garce pour que les choses s’améliorent presque immédiatement. Neil avait raison, je devais arrêter de vivre dans le passé et me tourner vers l’avenir mais j’avais l’impression que c’était impossible. Je m’accrochais comme une forcenée à tout ce qui composait ma vie d’avant et j’avais l’impression que si je vouais avancer, j’allais perdre tout mon passé, tout ce qui fait qu’aujourd’hui je suis celle que je suis. Après tout, ce n’était peut-être pas si mal en fin de compte car tout ce qui était derrière moi me parasitait, me faisait pourrir sur place et me détruisait petit à petit. Non, il était certainement plus sûr que je pense enfin à moi et à mon bonheur car l’état actuel des choses, je n’étais pas heureuse.

« Tu as certainement raison, mais je ne pense pas y arriver tout de suite, enfin je crois surtout que je n’en ai pas envie… j’ai toujours cet espoir au fond de moi, j’ai toujours envie de croire que tout peut s’arranger… »

J’ai soupiré avant de me relever, j’avais la tête qui tournait et j’avais surtout l’impression qu’elle allait exploser. Je ne supportais plus le fait d’être assise et même si c’était bien plus désagréable d’être debout, c’était ce que je préférais.

J’ai attendu un moment avant de regarder Neil dans les yeux. Malgré la faible clarté des lieux je parvenais à voir son visage, il ne semblait plus aussi énervé que tout à l’heure, mais il fallait également reconnaître que je m’étais calmée, vraiment calmée.

« Je suis désolée pour mon comportement depuis le début de la soirée. Tu ne méritais pas que je te traite ainsi. »

B-NET

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La nuit, le moment le plus sombre de la journée. La plupart des gens avait peur du noir car ils ne pouvaient pas apercevoir ce qui s'y cachait. La nuit et les étoiles étaient déjà haute dans le ciel et je les observais calmement. D'un côté, je me sentais un peu important parce qu'Ashlyn se confiait. On était pratiquement des inconnus mais elle prenait quand même le temps de m'expliquer ses problèmes personnels. Apparemment, sa vie n'avait pas été facile.

Allez, dit pas ça ! C'est impossible qu'il n'y ait aucune personne qui t'apprécie.

Ces mots sortaient de ma bouche sans que j'y pense vraiment. Je ne faisais pas parti de l'entourage d'Ashlyn alors je ne savais pas ce qu'elle vivait en ce moment. Mais pour moi, tout le monde avait au moins une personne qui l'appréciait. La Rho Kappa me parla de son poulain. J'adorais les cheveux, mais eux ne m'aimaient pas. J'avais déjà fait de l'équitation une fois et le cheval est devenu fou lorsque je suis monté sur lui. Ce souvenir me fit sourire. La sportive aussi devait se remémorer des souvenirs, heureux ou malheureux. L'adolescente me fit à nouveau une révélation. Cette fois-ci je ne savais pas quoi répondre. Je parlai avec hésitation.

Je ne sais pas trop quoi dire mais... Je crois que tu devrais essayer de t'échapper du passé. Je veux dire, si tu restes toujours en arrière, tu ne pourras jamais avancer.

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Neil s’installa à mes côtés, sans essayer de me toucher cette fois ci. Je m’en voulais tellement. J’étais odieuse, j’avais l’impression de me revoir après l’incendie. J’étais restée cloîtrée dans ma chambre durant plusieurs jours, pleurant et m’énervant comme une furie. Et à présent, je me retrouvais presque dans le même état. Je n’étais pas souvent contrariée, même si je savais que la vie n’était pas toujours rose, j’arrivais en général à surmonter les petits problèmes mais ces derniers temps, il y en avait eu trop d’un coup et je saturais.

Je ne savais pas par où commencer mais j’avais tout simplement l’impression que j’allais passer pour une parfaite imbécile, mais après tout, est-ce que ce n’était pas ce que j’étais en réalité ?

« J’en ai assez d’être ici. Je n’aime pas ce lycée et personne ici ne m’apprécie réellement. Au contraire, on préfère se jouer de moi et m’humilier. »

Je ne suis pas entrée dans les détails, même si en disant cela, je visais une personne en particulier, même si je n’en pensais pas moins. En dévoilant son nom, je me descendais moi-même et j’étais déjà suffisamment bas sans en rajouter par-dessus. Il n’y avait pourtant pas que cela. J’étais tout simplement hors de moi et un rien m’irritait.

« Je ne suis pas venue ici seule, mes parents sont venus aussi et nous avons emmenés avec nous deux de nos chevaux… dont mon poulain. »

En repensant à lui, un triste sourire se dessina sur mon visage. Lucky… J’étais à le jour de sa naissance, c’était moi qui avais pris soin de lui depuis qu’il était venu au monde. Quoi de plus normal après tout puisque sa mère était un cadeau de mon père ? Je me souvenais de sa première sortie dans le pré, il semblait si heureux de découvrir que le monde ne se limitait pas à son box, lui, ce petit poulain noir comme la nuit encore peu assuré sur ses jambes fragiles.

« Il ne supporte plus ma présence, il s’énerve et tente de me mordre à chaque fois qu’il me voit. Il ne se conduit comme ça uniquement devant moi, comme s’il me tenait pour responsable de ce qui s’était passé. J’ai l’impression que tout s’effondre autour de moi, que tout ce que j’ai connu avant m’échappe petit à petit, sans que je puisse faire quelque chose. Je suis impuissante et je ne supporte pas ça. »

Il n’y avait pas grand-chose à dire pour me consoler, tout ce que je faisais, c’était libérer des choses que je gardais en moi depuis longtemps, peut-être trop longtemps et malheureusement pour Neil, c’était lui qui allait devoir supporter cela.

B-NET

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J'étais un garçon gentil, compréhensif et adorable. Les gens m'aimaient pour cela mais également car j'étais une personne digne de confiance et j'aidais les autres du mieux que je pouvais. Je n'avais pas que des qualités, mais c'était rare que l'on voyait mon mauvais côté. Je faisais toujours mon possible pour bien paraître. Aujourd'hui j'avais décidé de faire un peu de shopping dans les boutiques de Miami. Je n'en faisais pas souvent mais quand j'en faisais, je le faisais vraiment.Dans ma tête, j'allais dévaliser les magasins, manger dans des fast-food et rentrer chez moi. Une belle journée normale. Cependant, cela ne s'était pas passé exactement comme prévu. Au moment de sortir de la station de métro, j'avais aperçu une jolie jeune fille saoule. Ashlyn.

Je l'avais aidé et l'avait emmené jusqu'à l'entrée du lycée. Tard le soir, elle avait commencé à se foutre de moi. J'étais maintenant assis dans les escaliers tout seul, sidéré. J'avais pris Ashlyn dans mes bras puis elle m'avait violemment repoussé pour s'enfuir dans les ténèbres de la nuit. Je repris lentement mes esprits et analysai la situation. J'avais envie de crier tellement que j'étais furieux. Ma patience avait des limites. J'avais deux choix. Soit je retournais tranquillement chez moi, soit je la poursuivais. Mon corps bougea tout seul et je partis à sa recherche. J'étais pathétique. Je me plaignais de la trouver énervante et j'agissais tout de même de cette façon. Rien ne lui arrivera au lycée, alors pourquoi je me forçais tant pour elle ?

Je trouvai Ashlyn dans le jardin, pliée sur elle-même. La Rho Kappa faisait vraiment pitié comme ça. J'étais venu vers elle furieux, mais lorsque je me rapprochai d'elle, je ressentis de la peine.

Qu'est-ce qui se passe maintenant ?

J'avais parlé d'une voix douce pour ne pas la provoquer. Ses paroles démontraient que l'adolescente avait beaucoup souffert. Elle avait l'air d'une fille qui avait besoin que l'on s'occupe d'elle. Je m'assis à côté de la sportive, espérant qu'elle ne s'enfuie pas une deuxième fois. Qu'est-ce que je devais dire dans ce genre de moment ? J'essayai de trouver mes mots.

Je ne sais pas ce qui t'ait arrivé mais... Si tu veux parler... Je suis là.

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Tout était de ma faute. S’il ne pouvait pas m’aider, c’était uniquement à cause de moi. J’étais fatiguée, j’avais besoin de respirer. J’étouffais, enfermée ici dans les murs de la confrérie. Je voulais respirer, prendre l’air, sentir le vent contre sur ma peau. Je voulais juste respirer.

La nuit était faite pour dormir certes, mais quand on ne parvient plus à trouver le repos lorsque la lune est déjà haute dans le ciel, quelle différence y a-t-il entre le jour et la nuit ? Neil me prit dans ses bras pour me consoler certainement mais j’avais l’impression d’étouffer encore plus. J’étais oppressée et tout ce que je voulais, c’était être libre. J’ai repoussé Neil, me levant brutalement avant de sortir des lieux. J’ai poussé une porte, puis une autre avant de tomber à genoux, essoufflée. Je me sentais mal, j’étais fatiguée mais je ne voulais pas dormir. Même si je l’avais voulu, je n’aurai pas pu. Je me suis relevée avant d’aller m’asseoir dans l’herbe humide. J’ai ramené mes genoux contre ma poitrine, posant ma tête sur ces derniers. Dans cette position, je me sentais mieux comme coupée du monde. J’avais l’impression d’être seule et enfin libre.

Ma migraine ne me quittait pas, elle me vrillait la tête et semblait vouloir m’achever sur place. J’avais mal au ventre, aux jambes également, mais j’avais de l’air et c’était le plus important. Après quelques instants, j’ai relevé la tête regardant le ciel. Il y avait à présent des nuages qui masquaient les étoiles ainsi que la lune. En regardant uniquement le ciel, j’avais l’impression de retrouver mon pays, ma ville ainsi que ma maison. Je suis restée là en silence durant de nombreuses minutes avant de soupirer. Enfin calmée à présent, j’avais l’impression que ma migraine s’était très légèrement apaisée.

J’ai regardé autour de moi, me rendant compte que Neil était de retour. Il ne m’avait pas laissé. Il fallait que je m’excuse. Je me devais d’être franche avec lui et il avait le droit à des explications.

« Je suis désolée, pour tout ça. C’est juste qu’en ce moment, je craque. Je n’arrive plus à … être celle que j’ai été. »

Celle que j’ai été n’était pas morte, mais pourtant, j’étais incapable de me conduire comme avant. J’avais l’impression que depuis mon arrivée, je n’étais plus moi-même, mais à chaque fois que j’avais envie d’être réellement moi-même, je n’y parvenais pas. J’avais toujours cet irrépressible besoin de me protéger des autres et de me faire apprécier.

« Je ne supporte plus d’être ici, dans ce lycée. Je veux rentrer chez moi, mais je n’ai plus rien là-bas. Je voudrais retrouver ma vie d’avant, mais je l’ai perdue. J’ai tout perdu, tout ceux que j’aimais. »

Je n'aurais jamais du parler, mais maintenant que j'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter de si tôt.

B-NET