Pourquoi fallait-il que ça tombe sur elle ? [PV Ethan] Terminé

Quand le jeune homme apprit à la petite asiatique qu’il n’était pas d’ici, mais qu’il ne lui en avait pas dit plus, elle sembla déçue. Ethan n’était d’ordinaire pas le genre de personne qui étale comme ça sa vie privée face à des quasis inconnus. Et il l’était encore moins depuis quelques mois. La jeune fille l’aurait rencontrée un peu plus d’un an auparavant, il aurait peut-être été plus avenant au niveau conversation. Mais elle l’aurait sans doute aussi trouvé plus arrogant. Etait-ce une bonne chose ? Est-ce que la façon dont sa vie avait changé, son arrivée dans cette école, était réellement bénéfique ? C’était ce que pensaient ses parents. Un nouveau continent, une nouvelle école dans une nouvelle ville, pour un second départ : repartir à zéro et tout reprendre au début… Etait-ce vraiment ce que souhaitait Ethan ? En réalité il n’en savait rien et ne voulait pas y penser, pas maintenant. Sa journée avait plutôt bien commencé et il ne voulait pas gâcher le moment présent avec des pensées négatives.

Il apprit qu’elle venait bien d’Asie, de Corée. Un pays qu’il n’avait jamais visité, et pourtant des pays, il en avait fait pas mal. Il fut amusé de l’embarras de Shin quand elle le questionna à propos de son propre accent.

« On te comprend très bien, sinon je ne serais pas en train de discuter avec toi. » lui répondit-il d’un sourire apaisant. « Et puis de toute façon, j’ai l’impression qu’on est une majorité d’étrangers ici, alors un accent, on en a tous un. » finit-il par conclure.

A la suite de sa dernière question, le jeune homme pu voir disparaitre, le temps de quelques secondes le sourire du visage de la jolie châtain. Elle avait immédiatement baissée la tête, l’air gênée. Des mèches de cheveux châtains lui étaient tombées devant les yeux, dissimulant ainsi son regard chocolat.

Ethan comprit que sa question, pourtant banale à ses yeux, avait troublé la jeune fille, mais il ne comprit pas vraiment pourquoi. Il attendit quelques instants qu’elle lui accorde une réponse. Son regard, posée sur la lycéenne déroutée, se voulut, l’espace d’un instant, doux et compatissant : on aurait presque pu croire que le garçon s’en voulait d’avoir posé cette question et d’avoir mis la jolie demoiselle dans l’embarras et que la seule chose qu’il souhaitait à ce moment précis était de revenir en arrière et de retirer sa question…

Finalement, elle avait fini par relever la tête vers lui et replacer quelques mèches de cheveux d’un geste délicat derrière son oreille, un geste gracieux, un petit détail qui ne passa pas inaperçu aux yeux du lycéen, puis elle lui avait répondu :

« Ce que j’aime… dessiner … ? Et bien … J’aime déjà dessiner ce que je vois. Pour garder un souvenir … Tout ce que je vois. Paysages, scènes de la vie quotidienne. J’aime figer ces moments rien que pour moi. Mais aussi inventer. Me créer un monde, le façonner à mon idée… »

Elle s’était arrêtée un moment avant de finir : « Mais … J’adore par-dessus tout faire des portraits ... »

A la suite de cette révélation, elle plongea son regard dans celui d’Ethan qui lui adressa un léger sourire. La petite demoiselle qui se mettait à présent à rougir n’avait pourtant rien dit qui méritait une telle réaction et le garçon trouvait cela touchant.

Leurs échanges étant toujours entrecoupés de silence, le temps passait plus vite qu’il ne semblait.

Le portable du jeune homme se mit à sonner dans son sac, coupant court à toute tentative nouvelle de question ou même d’une réponse venant de la part du garçon. Il le récupéra et décrocha :

« Oui ?! Ha…. Hum… bien j’arrive. »

Il raccrocha et replaça son portable dans sa sacoche. Il se leva, attrapa ses dessins et s’apprêta à les ranger eux aussi dans son sac, avant de poser ses yeux bleus sur Shin :

« Tu les veux ? Y’a de grandes chances qu’ils finissent à la poubelle de toute façon. » proposa-t-il à la châtain, les dessins toujours à la main.

« Je dois y aller, j’ai truc à voir l’administration. Content de t’avoir rencontré miss. » lui adressa-t-il avec un dernier sourire au quel il ajouta un clin d'oeil avant d'enfiler sa veste, d'attraper sa sacoche et de tourner les talons. Finalement, grâce à elle, il avait passé un bon moment. Son arrivé à Wyndwood ne s'annonçait pas si mal que ça.

Après avoir jeté un coup d’œil à son téléphone, Ethan pu écouter la petite asiatique qui, après avoir sorti un document sur lequel on pouvait voir apparaître un plan, répondit à sa dernière question en lui adressant un énième sourire. Il ne fallut pas longtemps au garçon pour comprendre que ce sourire que la demoiselle affichait continuellement faisait partie prenante de sa personnalité. Bien sûr il se doutait qu’il ne reflétait pas tout le temps un état de bonheur chez la jeune fille : personne ne peut être continuellement heureux. Shin devait être de ces personnes qui gardent la joie de vivre en toute circonstance et qui pense qu’un sourire peut tout changer. Le genre de personne qui ne cherche pas à se compliquer la vie avec tout un tas de problèmes, le genre de personne à aider son prochain tant qu’elle le peut et à essayer d’apporter un peu de gaité dans le cœur des gens. Tout ça, avec un simple sourire. Un simple sourire qui allait rester gravé dans la tête du garçon pour un bout de temps, mais ça, il ne s’en doutait pas encore.

- Et bien … Je commence effectivement les cours à la rentrée, en … Senior Year C. Il y a plusieurs classes si je ne m’abuse. Tu es dans la mienne ou une autre ?

Le garçon ne répondit à ce retour de question qu’en revenant s’asseoir à sa place, avant de retourner à ses dessins.

« On m’a mis chez les Senior Year A. » rétorqua-t-il sur un ton banal. Il regarda la jeune dans les yeux avant d’ajouter sur un ton amusé, mais sans être vraiment moqueur : « C’est marrant mais je te pensais pas si vieille. »

Puis il regarda la petite châtain se lever pour aller se chercher une autre tasse de thé. Il en profita pour retourner à ses dessins. Quand la jolie demoiselle fut de retour, Ethan pu sentir son doux regard chocolat se poser sur lui et ses feuilles de papiers noircies. Au départ indifférent, la situation actuelle le troublait légèrement. Ho bien sûr rien de perceptible extérieurement, mais la présence de la jeune fille et l’attention qu’elle portait au garçon ne le laissait plus aussi impassible qu’il l’aurait souhaité face à une demoiselle qu’il connaissait à peine.

Il décida de ne pas accorder plus d’importance à tout ça et finit, après de longues minutes, par relever la tête vers la lycéenne qui venait à nouveau de s’adresser à lui. Elle semblait progressivement se défaire de sa timidité et s’ouvrir un peu.


- Sinon … Tu es dans quelle confrérie ?

Son accent se faisait entendre nettement plus qu’au départ. Etait-ce un signe qui confirmait l’impression qu’avait Ethan ? Quoi qu’il en soit, à entendre ce petit accent, on pouvait à présent penser que jusqu’ici elle avait pris soin de peser chacune des paroles et d’être sûr de toutes les maîtriser parfaitement, jusqu’à la moindre intonation, avant d’oser faire entendre sa voix.

Ethan ancra ses yeux bleus dans le regard pétillant de la jeune fille.

« Chez les Khi Omikron. Et toi, laisse-moi deviner, tu es chez les artistes ?! », conclut-il sur un ton à la fois énigmatique et amusé.

Plus le temps passait et plus le jeune homme se montrait un brin plus amicale. N’allons pas non plus jusqu’à dire qu’il était sympathique et avenant, mais disons simplement qu’il était moins antipathique. Il regarda la jeune fille boire une gorgée de son thé et grimacer en éloignant la tasse de ses lèvres tout en poussant un soupire de frustration. La jeune fille reposa sa tasse sur son plateau et fixa Ethan qui ne l’avait pas quitté des yeux. Leurs regards se croisèrent à nouveau. La petite demoiselle sembla de nouveau gênée et mal à l’aise, se contredisant avec son attitude de quelques instants plus tôt. Le garçon, quant à lui, afficha une attitude neutre : ni un sourire, ni un air dédaigneux. Il n’eut finalement pas le temps de prendre les devants quand la jeune fille lui posa à nouveau une question.


- Tu es originaire de Miami ou tu n’es là que pour tes études ?

Décidément, elle était des plus curieuses. Et pourtant le jeune homme se prêta au jeu :

« Disons que j’y suis de passage. Toi tu viens d’Asie je suppose ?! Du moins c’est ce que laisse entendre ton accent. »

Il n’en fit ni plus, ni moins, laissant à la lycéenne l’entière liberté de s’étendre plus sur ses origines ou de simplement confirmer ses paroles sans lui en apprendre plus sur sa vie privée.

Ethan jeta un nouveau coup d’œil à son portable, pour la énième fois depuis de début de la matinée. Le temps qu’il avait trouvé long à passer, défilais à présent un peu trop rapidement à son goût. Il ne restait plus qu’un quart d’heure avant l’ouverture de l’administration.

Remarque, je suis pas non plus obligé d’y être pour 9h précises…

Le jeune homme rangea cette fois son portable dans sa poche. Au diable l’heure, il partirait quand il en aurait envie, et finalement, il n’en avait peut-être plus aussi envie que ça.

Il posa son crayon et posa de nouveau ses yeux sur Shin. Il avait cru comprendre, plus tôt, que le dessin était la seule chose avec laquelle elle se sentait à l’aise. Vraiment ?

« Tu dessines quoi généralement ? »

Question simple, précise, mais qui devrait être assez efficace pour faire parler la petite demoiselle assise face à lui.

En prononçant sa dernière phrase, Ethan put clairement distinguer de l’étonnement chez la jeune fille assise face à lui, de l’autre côté de la table. Il se demanda ce qui avait bien pu la surprendre dans sa question pourtant banale, avant de comprendre que ce n’était ni la formulation, ni les mots qu’il avait utilisés pour s’exprimer, qui avaient déroutés la petite asiatique, mais bien simplement le fait qu’il l’interroge, l’incitant ainsi à parler un peu d’elle, alors que jusqu’ici, il ne pouvait le nier, il n’avait pas été des plus agréables.

La jeune fille lui adressa d’abord un petit sourire contrit avant d’afficher sur son joli minois un sourire plus franc, le fixant de ses yeux chocolat. Aux yeux du garçon, elle semblait peu à peu se détendre et être un peu plus à l’aise qu’au départ.

Elle croqua dans sa pomme de manière largement plus décontracté qu’à son arrivée, lorsqu’elle essayait de cacher son embarras derrière sa tasse de thé. Peut-être que si on l’avait comparée à une personne naturellement à l’aise avec la foule et les inconnus, la lycéenne n’aurait pas semblé si détendue que ça, mais c’était tout de même mieux qu’une demi-heure plus tôt.

Elle prit encore quelques instants avant de répondre à la question qu’Ethan lui avait posée. Le garçon s’était fait plus ou moins désirer pour répondre à la jeune fille, maintenant c’était à lui d’attendre. Il prenait ça comme une sorte de retour de flamme. Oh bien sûr, il ne connaissait pas encore la jolie demoiselle, mais ce qu’il en avait vu d’elle depuis qu’elle s’était assise sur cette chaise en bois, usée par les années et les élèves qui avaient défilé dans cette cafétéria, lui suffisait amplement à savoir que ce n’était pas intentionnel ; ou alors la petite châtain cachait drôlement bien son jeu.

Elle utilisa ces quelques instants pour détailler le regard du jeune homme, comme si elle cherchait une réponse à une question passée sous silence. Ethan savait très bien que ses yeux lui permettaient d’en charmer plus d’une : c’est bien simple, les garçons aux yeux bleus avec un physique sportif, les filles en raffolaient. Ainsi il aurait très bien pu, comme cela lui arrivait parfois, s’amuser un peu, histoire de faire passer le temps, à charmer Shin : il en était sûr, cela aurait mis la jeune fille encore plus mal à l’aise, et il aurait pu se divertir de cette manière. Oui, il aurait pu ! Mais il chassa cette pensée de son esprit : il n’en avait pas envie et préféra laisser ses lèvres dessiner un sourire, amusé par ce qu’il venait d’imaginer.

C’est finalement, toujours souriante que la jeune fille se décida à lui répondre plus posément :

« A vrai dire, je n’ai pas encore commencé à suivre les cours dans l’établissement. Je me suis installée hier. »

Ethan fut surpris qu’elle arrive à lui adresser la parole, cette fois-ci, sans rougir, bégayer ou s’emmêler dans ses mots.

Alors comme ça tu débarques toi-aussi ? Coïncidence ?! Remarque, tu m’aurais dit le contraire, vu ton attitude je crois que, pour le coup, j’aurais été un peu surpris !*

Il ne répliqua rien, avala la dernière gorgée de chocolat chaud qu’il restait au fond de son gobelet avant de poser à nouveau son intention sur l’asiatique qui croquait une nouvelle fois dans sa pomme tout en osant, à présent, regarder le jeune homme sans se cacher. Leurs regards se croisaient parfois, à peine une seconde avant que l’un ou l’autre, voir les deux à la fois, ne posent leurs yeux sur autre chose.

Puis elle finit par lui retourner la question :

« Et toi ? Tu es là depuis plus longtemps que moi ? »

Ethan, qui observait alors la cafétéria se vider peu à peu de ses futurs camarades de cours, professeurs et autre personnel de l’école qui étaient venus déjeuner dans cet endroit, reporta son attention sur la demoiselle qui attendait une réponse de sa part. Il s’aperçut que Shin le fixait et que son sourire s’était effacé.

Même sans sourire, il trouvait un charme non négligeable à la jeune fille, qui venait de pousser un soupir. Quelque chose de toujours aussi naturel qu’il appréciait clairement. Et plus le temps passait, plus la demoiselle assise face à lui semblait finalement l’intéresser quelques peu.

Et avant même que le garçon n’ait le temps de répondre à sa question, la lycéenne s’empressa de rajouter :

« Si mes questions te dérangent, dis-le-moi. »

Décidément, la petite asiatique ne savait pas comment se comporter. Elle semblait avoir toujours peur déranger, de ne pas se comporter comme il faut. Etait-ce dû à sa timidité presque maladive ou bien à une éducation qu’elle avait reçue ? Le lycéen savait que les asiatiques étaient connus pour le respect qu’ils s’accordaient les uns aux autres. Peut-être était-ce dû à cela. Peut-être que l’attitude de la jeune fille n’était autre que le reflet de sa culture. Quoi qu’il en soit, Ethan adressa un autre sourire mi-amusé, mi-amical, à la jolie demoiselle qui affichait à présent une sorte de sourire d’excuse, dans lequel on pouvait nettement distinguer de la tristesse. Un sourire bien particulier à la jeune fille, qu’il commençait presque à trouver attachante.

« Depuis quelques jours. Je commence les cours à la rentrée des vacances... comme toi je suppose. Tu vas être dans quelle classe ? »

Ethan avait intentionnellement omis d’ajouter une remarque à la dernière phrase de la jeune fille. Non, elle ne le dérangeait pas. Enfin plus maintenant. Mais il ne voyait pas l’intérêt de le lui dire et il la pensait suffisamment intelligente pour comprendre que s’il ne disait rien, c’est que sa présence n’était pas dérangeante. Alors pourquoi utiliser des mots et gaspiller sa salive quand les silences suffisent parfois.

La jeune fille face à lui semblait sur le point de terminer son petit-déjeuner. Il sortit son portable de sa poche pour y jeter un coup d’œil.

8h30 ! Encore une demi-heure.

Ethan poussa un soupir d’impatience. Non pas que la compagnie de la petite châtain lui déplaisait, mais il aurait sans doute eu mieux à faire que de poireauter dans la cafétéria de l’école parce que l’administration n’ouvrait pas avant 9h. Enfin… mieux à faire… Peut-être, mais quoi ? Bien qu’arrivé seulement depuis quelques jours, ces vacances avaient permis au jeune homme de prendre quelques marques dans la ville en attendant la reprise des cours. Quant à son emménagement dans sa nouvelle chambre sur le campus du lycée, ça n’allait pas lui prendre bien longtemps étant donné que ses affaires se résumaient à une unique valise : le reste n’arriverait que dans quelques jours, à son grand désarroi.

Le jeune homme rangea son téléphone dans sa poche avant d’aller de se lever pour aller jeter son gobelet vide dans la poubelle la plus proche. En revenant à sa place, ses yeux se posèrent sur ses dessins qui traînaient toujours sur la table. Il se rassit, ouvrit sa sacoche posée à côté de lui et en ressortit son crayon. Il posa sa main sur ses dessins et les fit glisser sur la table jusqu’à lui. Il se remit à griffonner sur les feuilles déjà noircies, son crayon dans la main gauche, accentuant quelques détails, histoire de faire passer cette dernière demi-heure.

Spoiler:

A sa dernière phrase, la jeune asiatique releva la tête : elle paraissait plutôt surprise qu’il lui adresse la parole. Ses yeux bruns vinrent à nouveau croiser les siens avant qu’elle ne prenne une inspiration et lui réponde :

- Oui … en fait, je … Pardon pour tout à l’heure. Je suis nouvelle et je ne … connais personne. Je ne voulais pas te paraître … impolie.

Ethan, amusé, afficha un petit sourire en coin, la demoiselle semblait vraiment intimidée, à tel point que sa phrase n’était pas des plus audibles, surtout avec le bruit qu’il régnait dans la cafétéria, mais le jeune homme avait tout de même compris qu’elle s’était plus ou moins excusée pour s’être assise à sa table sans un mot. Et le garçon, à l’ouïe assez fine, avait pu percevoir dans sa voix, un léger accent asiatique : elle ne devait pas être aux Etats-Unis depuis très longtemps.

Il ne trouva rien à dire à cela et avala une autre gorgée de son chocolat qui commençait presque à être froid. Il ne quitta pas la jeune fille du regard et la regarda remettre une mèche de ses cheveux châtains derrière son oreille. Il y avait dans ce geste, pourtant anodin, une certaine grâce qui donnait à la jolie demoiselle encore plus de charme. Et par ce geste, le jeune homme pu de nouveau admirer la manucure parfaite de la jeune fille assise en face d’elle. Il lui sembla qu’elle esquissa un léger sourire avant de tenter de s’adresser à lui.

- Oui, je dessine aussi. Disons que c’est à peu près le seul domaine où je suis sûre d’être douée !

La petite châtain semblait avoir pris tout son courage à deux mains pour lui adresser cette deuxième phrase en peu moins hésitante que la première, bien que la jeune femme semblait toujours aussi intimidée et mal à l’aise. Etait-ce à cause du jeune homme ou simplement à cause de la foule qui se trouvait dans la cafétéria ? Ethan se dit que cela devait surement être un peu des deux. Vu l’attitude de la petite asiatique, elle ne devait jamais être à l’aise quand il y avait trop de monde. Pour sa part, l’affluence de gens ne le dérangeait pas vraiment, du moment qu’on lui fichait la paix. Il faisait parti de ces gens qui ont la capacité de parvenir à s’isoler et à faire abstraction du bruit et d’un environnement agité pour se plonger dans leurs pensées, sans être gêné.

Ainsi elle aussi elle dessinait et semblait à première vue y attacher une grande importance.

Le garçon ne s’encombra pas d’une réponse. Il n’avait rien à rajouter à cela, il ne connaissait pas la jeune fille et même si physiquement il ne pouvait nier qu’elle avait ce petit quelque chose qui lui plaisait bien, il ne voyait pas grand intérêt à continuer la conversation avec la demoiselle. Arrivé depuis peu, il n’avait fait que quelques rencontres, et en dehors de Devis, personne de vraiment assez intéressant à ses yeux et cela risquait d’être la même chose avec cette demoiselle extrêmement timide, d’autant plus que pour lui, le dessin n’était rien d’autre qu’un passe-temps, et encore, il le plaçait largement après la lecture ou la musique. Alors à quoi beau perdre du temps à discuter surtout quand ce n’est pas vraiment le genre de choses dont on a l’habitude ?!

Il ne la quitta cependant pas des yeux et pu voir qu’elle prenait à présent plus de temps pour contempler ses dessins qui traînaient toujours sur la table, comme si la question qu’il venait de lui poser avait été une sorte d’autorisation à regarder plus en détails ses croquis, que de simples petits coups d’œil furtifs et discrets.
Elle se mordit la lèvre avant de porter de nouveau sa tasse de thé à ses lèvres. Encore une manie qui toucha le jeune homme qui restait d’habitude extrêmement indifférent à ce genre d’attitude, surement parce que la plupart des jeunes filles le faisaient dans le but « d’allumer » les garçons, alors que la jolie demoiselle l’avait fait naturellement.

Ethan finit par reposer son regard ailleurs dans la pièce. Personnellement il n’aimait pas être pris pour cible et pensa que la jeune femme, déjà fort intimidée ne devait pas non plus apprécier d’être continuellement fixée. Il détacha donc son attention de l’asiatique quelques instants, mais reposa rapidement ses yeux bleus sur la jeune fille, surpris qu’elle lui adresse une nouvelle fois la parole.

- Je suis Shin. Et toi, comment t’appelles-tu ?

Pour le coup, le garçon ne s’y attendait pas. Lui qui pensait qu’elle allait rapidement finir son petit-déjeuner pour filer dans un endroit plus tranquille, où elle serait plus à l’aise. Mais non, elle venait de se présenter et lui avait même demandé son prénom en plongeant son regard chocolat dans ses yeux. Et Ethan ne put que relever qu’elle faisait sans doute un effort remarquable. Un effort qu’il apprécia : finalement la demoiselle n’était peut-être pas aussi inintéressante que ça. Il lâcha son petit sourire narquois qu’il gardait aux coins des lèvres pour arborer un léger sourire plus chaleureux et se décida à répondre à sa question d’une voix légèrement plus amicale, on aurait presque pu croire qu’il cherchait à être sympa.

« Ethan. »

Il n’ajouta rien d’autre. Il aurait pu lui poser une autre question en retour afin de l’encourager un peu plus vu les efforts qu’elle semblait faire. Oui, il aurait pu, surtout qu’il n’était pas vraiment timide. Mais en avait-il réellement envie ?

Et malgré son attitude nonchalante, la jeune fille, après avoir vidé sa tasse et attaqué sa pomme lui adressa un sourire plus prononcé avant d’enchainer à nouveau sur un compliment, d’une petite voix à peine audible.

- Ils sont vraiment bien fait, en tous cas.

« Merci », répondit le jeune homme par politesse en posant son regard sur ses propres dessins, avant de revenir à la jeune fille toujours assise face à lui. Pour le coup, il se sentait obliger de faire un effort plus poussé qu’un simple sourire comme il l’avait fait une minute plus tôt et se décida à lui adresser la parole : et même, avec une phrase de plusieurs mots !

« ça fait longtemps que tu es là ? A Wyndwood High School ? »

Si la jeune fille espérait plus de sa part, il allait falloir qu’elle s’accroche parce qu’étaler sa vie privée et discuter de tout et de rien n’était vraiment pas dans les habitudes du garçon, bien que pour le coup, il faisait un petit effort qui n’était évidemment pas comparable à celui de la demoiselle.

Ethan continuait d’observer la jeune fille face à lui, qui semblait gêner et très hésitante. Il croisa très furtivement son regard chocolat, pétillant, avant que cette dernière ne le repose sur la table, sur ses dessins et surtout sur la dernière place libre qu’il restait dans la cafétéria. Puis elle se décida à avancer timidement vers sa table. Elle déposa son plateau composé d’un fruit, de deux toasts et d’un thé et s’installa sur la chaise. Elle chercha un cours instant quelque chose dans la salle avant de replonger la tête sur son plateau.

Ethan fut d’abord étonné qu’elle s’installe ainsi, sans même demander si la place était libre ou non, il aurait très bien pu attendre quelqu’un sans qu’elle ne le sache.

« Non non c’est bon je t’en prie, assieds-toi, la place est libre et tu ne me déranges absolument pas ! » s’exclama-t-il à l’intention de la petite asiatique, sur un ton ironique et suffisamment fort pour qu’elle l’entende bien, mais sans en faire pour autant profiter les autres tables autour, car il n’avait nullement envie de se faire remarquer.

Pourquoi a-t-il fallut qu’il n’y ait plus de place ailleurs qu’à ma table !

Ethan poussa un soupir agacé avant de boire une nouvelle gorgée de son chocolat chaud. Il continua d’observer, sans gêne, pendant un moment la jeune fille assise face à lui qui avait l’air très concentrée par ce qui se trouvait sur son plateau. Cela en était presque drôle et le jeune britannique ne pu retenir un sourire mi-amusé, mi-moqueur.

Puis après quelques minutes qui parurent une éternité au garçon, sa voisine assise en face de lui se décida à boire son thé. Ethan se lassa assez vite et reprit son observation des autres gens dans la salle, tout en continuant de boire régulièrement son chocolat par petites gorgées.

Il remarqua à peine que la jeune fille, qui se situait encore dans son champ de vision, regarda par la fenêtre pendant quelques minutes, toutes aussi longues que les premières, qui s’étaient déjà écoulées depuis qu’elle s’était installée à la table. Quant au petit sourire qui se dessina sur son doux visage à la vue du paysage qui s’offrait à elle, à l’extérieur du bâtiment, il ne s’en aperçu même pas.

Ce n’est qu’au bruit que fit la tasse de la jeune fille sur son plateau lorsqu’elle la reposa, qu’Ethan reposa son regard sur cette dernière et il put constater qu’elle regardait à nouveau ses dessins, toujours sur la table, avec attention. Il prit ainsi quelques instants pour la contempler, elle. Avec ses cheveux châtains ni vraiment courts, ni très longs, ses yeux bridés couleur chocolat et son visage rond, qui lui donnait un petit côté enfantin, elle était plutôt jolie. Elle laissait transparaitre un certain charme sous sa timidité apparente et qui ne laisse pas le garçon indifférent. En bref, physiquement, elle plaisait au garçon, surement parce qu’elle n’avait pas besoin de trois couches excessives de maquillage, ni d’aucun autre artifice pour être jolie. C’était une beauté naturelle comme il en manque à Wyndwood.

Ethan parcourue ainsi la jeune fille du regard jusqu’à ses mains et il put constater qu’elle avait appliqué avec soin du vernis sur ses ongles. C’était une chose qu’il appréciait particulièrement chez une demoiselle car bien souvent cela signifiait qu’elle prenait soin d’elle, allant jusqu’à se faire une jolie manucure. Et vice versa, les filles qui ne prenaient pas soin de leurs mains, montraient presque toujours un certain relâchement sur le reste de leur apparence. Et puis au moins, cela signifiait qu’elle ne se rongeait pas les ongles, une manie dont il avait horreur que ce soit chez les hommes comme chez les femmes.

Le jeune homme s’aperçut rapidement que la petite asiatique regardait à présent dans le vide, mais toujours en direction de ses dessins. Il n’y prêta guère plus attention et avala encore un peu de chocolat, jusqu’à ce que la demoiselle, qu’il n’avait pas quitté des yeux, ouvre la bouche sans qu’aucun mot de s’en échappe. Tandis qu’elle essayait de cacher sa tentative ratée de prise de parole derrière sa tasse de thé, Ethan sentie une gêne chez la jeune fille qui sembla se faire encore plus timide qu’elle ne l’était. Prit d’un élan de compassion et peut-être d’un peu de pitié pour la jolie demoiselle, il lui adressa quelques mots sur un ton neutre, bien différent du ton qu’il avait pris quelques minutes plus tôt lorsqu’elle s’était installée à sa table :

« On dirait que mes dessins t’intéressent. Tu dessines toi aussi ? »

Ce matin encore Ethan s’était réveillé tôt. Ou plutôt, son cerveau l’avait réveillé tôt, un peu avant 6h pour être exact. Peu habitué à trainer au lit, il n’avait eu d’autres choix que de se lever et d’aller prendre une douche pour commencer sa journée.

Il s’était habillé rapidement : un jeans bleu foncé et un gilet gris par-dessus un t-shirt noir à manches courtes composaient sa tenue. Il avait passé quelques instants relativement courts devant le miroir de la salle de bain à se coiffer mais avait rapidement renoncé et laisser ses cheveux en bataille comme c’était quasiment toujours le cas.

L’école l’avait appelée la veille en lui annonçant que sa chambre était enfin prête et qu’il pourrait passer récupérer les clés dès le lendemain, pour s’y installer. Plutôt pressé de quitter son immense suite du luxueux hôtel Waldorf, qu’il trouvait bien trop grande pour lui tout seul et surtout trop impersonnelle, il avait décidé d’aller chercher ses clés dès ce matin. Mais comme il n’était que 6h30, il lui fallut trouver une occupation jusqu’à l’ouverture du bureau de l’administration de Wyndwood.

Il avait déjà lu et relus son unique livre de philosophie qu’il avait pris avec lui pour s’occuper durant son voyage : il attendait à présent l’arrivée de ses autres livres avec le reste de ses affaires qui ne tarderaient plus à arriver, maintenant qu’il allait avoir sa chambre. Regarder la télé ne lui vint même pas à l’esprit et il avait rendu le livre de maths qu’il avait emprunté à la bibliothèque. Mais il se rappela avoir emmené un bloc de feuilles blanches et une trousse avec quelques crayons : le strict minimum pour dessiner. Ne sachant quoi faire d’autre il glissa ce nécessaire ainsi que son portefeuille et son téléphone dans sa sacoche en cuir marron, enfila sa paire de convers, sa veste marron et son écharpe rayée dans différentes tonalités de gris, avant d’attraper les clés de sa suite et de quitter l’hôtel. Il n’avait pas forcément une envie folle de dessiner, mais une chose était sûre, il ne trouverait rien d’intéressant à esquisser dans cette chambre d’hôtel.

Plutôt que de prendre un taxi, il marcha à pied jusqu’à Wyndwood histoire de faire passer un peu le temps. Les rues encore endormies étaient désertes, plongées dans l’obscurité, attendant silencieusement les premiers rayons de soleil.

Le petit café où il déjeunait, depuis qu’il était arrivé à Miami, était encore fermé. Il se rendit donc sur le campus de l’école le ventre encore vide.

La brise matinale qui soufflait vint balayer son visage et agiter ses cheveux. Le jeune homme ramena ses deux mains entremêlées près de sa bouche et souffla dessus pour les réchauffer un peu, car les températures, bien que plus hautes qu’en Angleterre pour la même période, restaient tout de même fraiches à une heure aussi matinal.

Il faudrait que je pense à m’acheter une paire de gants…

Ethan entra dans le premier bâtiment pour se mettre au chaud. Il aperçut les lumières de la cafétéria.

Tiens ! C’est déjà ouvert. Ça tombe bien, je commence à avoir faim moi !

Il s’y dirigea d’un pas tranquille et pu constater sur le panneau d’affichage à l’entrée que la cafétéria ouvrait bien à partir de 7h30, même pendant les vacances. Il fut le premier à y pénétrer. Il commanda un grand chocolat chaud et s’installa à une table dans un coin de la petite partie ouverte à cette heure-ci, car toute la cafétéria n’était apparemment pas accessible matin. En dehors des deux employés et de lui-même, la salle était déserte.

Il posa sa sacoche sur la table et en sorti son bloc de feuille et un crayon. Par les grandes fenêtres de la pièce, il apercevait de l’autre côté du parc, des grands bâtiments de l’école plongés dans les premiers rayons de soleil. Ce paysage l’inspira et il se mit rapidement à crayonner. Il s’interrompait parfois le temps d’avaler une ou deux gorgées de son chocolat brulant, tandis que la cafétéria commençait à se remplir progressivement. Après avoir dessiné trois perspectives différentes des fameux bâtiments, il se lassa et posa son crayon, laissant les feuilles sur la table et jeta un coup d’œil à sa montre.

8h. Je n’ai pas vu la demi-heure passer. Mais l’administration n’ouvre pas avant 9h.

Il poussa un soupir avant d’attraper son chocolat dans ses mains. Calé dans sa chaise il regarda autour de lui. La salle était à présent bien remplie et il ne distinguait plus aucune table de libre en dehors de la place qu’il restait à sa propre table. Un léger brouhaha constant venait se mêler aux odeurs de cafés chauds et de croissants frais.

On se demande vraiment pourquoi ils se lèvent aussi tôt alors qu’ils pourraient dormir plus longtemps. C’est pas comme si les cours avaient repris.

Le jeune britannique entreprit d’occuper l’heure qu’il lui restait à attendre à observer les gens qui se trouvaient en ces lieux. Son regard passait d’une personne à l’autre ; aux yeux d’Ethan, toutes ces personnes se ressemblaient : il y avait beaucoup de filles blondes appartenant sûrement aux Eta Iota ou des garçons vêtu du célèbre blouson sportif aux couleurs de l’école. Il y avait aussi quelques élèves plus discrets, beaucoup portant des lunettes, qui étaient pour la plupart plongé dans des livres ou dans des cahiers de cours. En fait, Ethan retrouvait ici les mêmes types de personnes qu’il avait croisées au bal de Noël le soir de son arrivée. Somme toute, il n’y avait personne d’assez particulier pour attirer vraiment l’attention du jeune homme, jusqu’à ce qu’une asiatique de taille moyenne et aux cheveux châtains entre dans la cafétéria. Etant le seul profil asiatique dans les environs, Ethan ne pouvait pas la rater et puis, vu de sa place, elle semblait plutôt jolie mais avait l’air un peu perdue, peut-être à la recherche d’une place, vu le monde qu’il y avait à présent dans la salle.

Le jeune homme la regarda encore quelques instants, buvant quelques gorgées de sa boisson encore fumante.