Ce soir, l'ennui l'avait emporté - comme presque tous les soirs quand je me retrouvais seul à tourner en rond dans ma chambre - et j'avais décidé, pour y remédier, d'aller faire un tour. Il n'était pas tard, 21 heures peut-être ? Malgré cela, il n'y avait pas grand monde dans les rues. Il faut dire qu'il faisait noir et qu'on était en pleine semaine... Vers neuf heures quart, je me rendis bien compte que la promenade n'était pas aussi distrayante que prévue. Je soupirai et fis demi-tour. J'étais alors sur le chemin de l'école à la salle de sport. Tandis que mes pieds foulaient les pavés d'un pas léger, j'aperçus une femme qui marchait devant moi. Elle portait les cheveux longs et les avait bruns. Du moins, je le supposai, vu l'ombre qui nous entourait. Elle saisi son sac et commença à fouiller son contenu, avant d'en extraire un lecteur mp3. D'où j'étais, je vis quelque chose s'échapper discrètement du dit sac, mais impossible de déterminer précisément ce que c'était. La surprise m'empêcha de crier tout de suite, aussi me dirigeai-je vers l'endroit où j'avais vu tomber l'objet, tandis que la promeneuse s'éloignait d'un pas décidé dans la nuit noire. Je stoppai le cours de mes pas devant un petit porte-monnaie, plutôt mignon. Je m'abaissai pour le ramasser et me relevai aussi sec pour rejoindre la fille au plus vite. Mes grandes jambes me permettaient de courir vite, aussi cela fut-il chose aisée : en deux temps, trois mouvements, j'y étais. Je posai une main sur son épaule, sans me soucier de lui faire peur - je n'y avais pas pensé - et elle se retourna. Le cri qu'elle poussa alors me fit sursauter, et encore un peu je me mettais à crier moi aussi ! Il faut bien avouer que je ne m'attendais pas du tout à cette réaction, pourtant des plus prévisibles : un type de presque deux mètres, crête dressée au sommet du crâne et maquillage exagérément noir vous accoste dans la nuit noire sans raison apparente, ça doit être flippant ! Pour tenter de la calmer, je lui tendis son porte-monnaie d'un geste pressé :
- Wo, wo, wo ! Calme ! Tu as fait tomber ça !