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 Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.

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MessageSujet: Re: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptyDim 13 Jan 2013 - 5:19

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


Je continue de fixer cette petite. Skylar. Un prénom étrange, pour une jeune fille peu commune. Loin des clichés que l'on peut trouver ici. Elle me rappelle moi, à son âge. Son petit coté désemparé, perdu, résigné. Mais fort en apparence. Cette carapace, qui lui sert à se protéger des autres. Mais elle n'a pas à se protéger de moi. Enfin, je l'espère. J'ai fais assez de mal comme ça.
Oui, elle me rappelle moi. Pourtant, je n'arrive pas à lire dans son regard. Perspicace, la petite. J'arrive pas à savoir ce qu'elle pense de moi. Se méfie-t-elle de moi ? Ou, au contraire, me fait-elle confiance ? Il le faudra bien. Si je veux l'aider, et si elle, veut qu'on l'aide, il faudra bien plus qu'un climat de confiance. Mais c'est un début. Le début nécessaire pour enclencher l'engrenage. Et si la discussion d'aujourd'hui n'est pas concluante, je compte bien revenir à la charge plus tard. Je ne lâche rien. Elle l'apprendra à ses dépens, si toutefois elle rejette mon aide. Je ne la lâcherai pas. Hors de question. Si je peux éviter ce que j'ai vécut et enduré, je le ferais. Et ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle est en train - involontairement, bien sûr - de donner une raison, une bonne raison à ma venue à Miami, dans ce lycée précisément.

Elle frissonne lorsque je l'effleure. Elle relève la tête, me fixe dans les yeux, un air de défi sur son visage. Je détourne mon regard, faussement indifférent au sien. Elle reste statique quelques secondes, puis marche jusqu'à la fenêtre. « Pourquoi ? » me demande-t-elle alors, contre toutes attentes. Je relève la tête et m'aperçoit qu'elle fixe toujours. Je sais pas trop quoi lui répondre, mais de toutes manières, elle reprend la parole un court instant plus tard. « Pourquoi cherchez-vous à m’aider ? Je, je ne vous provoque pas. Je veux simplement savoir. Pourquoi moi ? Est-ce que c’est important pour vous que moi, en tant qu’individu, je m’en sorte ; ou vous voulez juste accomplir une bonne action ? » Elle est maligne. Je me pose alors un tas de questions. N'a-t-elle pas vu juste ? N'essaies-je pas seulement de faire une bonne action, afin de me racheter ? Est-ce que je souhaite sincèrement l'aider ?

Bien sûr. Je pourrais faire un tas de bonnes actions à la place de celle-ci. Venir en aide à des pauvres, des malades. Et pas m'occuper d'une ado en perdition. Mais son cas me touche. Me concerne. Moi, l'ancien camé repentit. S'il y a bien quelqu'un qui peut l'aider sur cette foutue planète - et dans ce foutu lycée - c'est moi. Alors je suis là. « Vous pouvez mentir. Vous pouvez juste me dire ce que j’ai envie d’entendre. » Elle se méfie de moi, visiblement. Mais ce n'est probablement pas moi, le problème. Peut-être a-t-elle trop l'habitude de se méfier, et de devoir se méfier. Si c'est le cas, je prendrai le temps qu'il faudra. Pour que la méfiance laisse place à la confiance. Je prendrai le temps.
Elle se redresse et me fixe plus intensément que jamais. Mais elle est nerveuse. Je le vois, elle joue bêtement avec son mégot de cigarette. D'ailleurs, voilà qu'elle s'en rallume une. Moi, je jette mon mégot par la fenêtre. « Et si je vous dis que certains jours, je ne sais plus où je suis. Certains matins, j’oublie si l’on est lundi ou mardi, j’oublie qui je suis. Tout ce que je vois, quand je me regarde dans un miroir, c’est une étrangère. Une petite blonde avec une gueule de cadavre, elle sourit dans le miroir mais moi, moi je ne me sens pas sourire. Y’a des jours où j’ai à peine conscience de mon corps, et d’autres où je suis à son écoute, j’entends le sang qui coule dans mes veines, et j’ai l’impression que si je me concentre assez fort, je pourrais ordonner à mon cœur de cesser de battre. Et je me verrais, comme dans un rêve, je verrais cette blonde allongée sur le canapé, et cette fois, je sourirais vraiment. Pas elle, moi. » Je reste bouche bée. Ce qui est normal, devant un discours pareil. Cette petite est torturée. Plus que je ne l'avais pensé. Je ne dis rien, mon regard se fait vague. Pensif, je réfléchis à quoi répondre. Elle n'a plus la foi. Je ne parle pas de foi religieuse, mais de foi en la vie. La foi au bonheur. Je me sens con, là. Skylar se rapproche doucement de moi, puis s'arrête à quelques centimètres de mon visage. Elle fait bien une demie tête, si ce n'est plus, de moins que moi et pourtant, c'est moi qui me démonte cette fois. Son regard me transperce, me bouleverse.

Elle me crache sa fumée au visage, en ajoutant : « Vous avez déjà vécu ça, Marlon ? Vous avez déjà rêvé de fuir, de tout recommencer à zéro, parce que tout ce que vous avez accumulé dans votre vie, c’est un gros tas de merde qui vous suit où que vous alliez ? » Puis, elle éclate de rire. Moi, je ne trouve rien de drôle. J'aurais plutôt envie de pleurer, en fait. Mais je ne suis pas une femmelette. Je dois rester serein, sûr de moi. Pour elle. Pour mon orgueil. « C'est comme ça que je suis. Ici. » finit-elle par ajouter, reprenant mes mots et tapotant son torse au niveau du cœur. Puis, elle s'éloigne à nouveau.

Je suis sur le cul. Cette nana est un vrai numéro. Et ça me donne encore plus envie de lui venir en aide. Je pense que je lui serai utile. Vraiment. Elle semble proche de la crise de nerf. Et moi, je ne sais quoi dire. D'un côté, j'ai peur de l'énerver. De l'agacer, pour qu'elle rejette ensuite mon aide. D'un autre côté, je ne sais si je dois lui mentir. Elle m'a posé des questions très concrètes, et leurs réponses doivent rester secrètes. Pour l'instant. Alors que faire ? Mentir ? Ou me dévoiler ? Pas question de me dévoiler. Je suis le prof. C'est d'elle dont il est question. Pas de moi.

« Pourquoi je veux t'aider ? Parce que je suis ton prof. Je ferais tout ce qu'il y a en mon pouvoir pour te venir en aide. Et peut-être aussi parce que ... tu me rappelles quelqu'un » dis-je, préférant rester vague et mystérieux. Ça vaut mieux. « Je te comprends, Skylar. Je peux pas te dire si j'ai déjà vécut ça. Ce n'est pas de moi dont il est question mais de toi. Et si je dois te réapprendre à sourire, et ce même si ça prendra du temps, je serai ... je serai là. Je te jure. Je te jure que tu peux me faire confiance. Je te promet qu'un jour, tu te reconnaîtras dans le miroir. Et tu te verras sourire. Pas elle, pas cette camé pleine de désillusion. Toi. Toi

La vie est belle, Skylar, et le monde a encore des choses à t'offrir. Fais-moi confiance.
» Je m'égare. Voilà que j'adopte un air pseudo-philosophique. Mais c'est probablement parce que je me reconnais en elle, avec ses désillusions, ses peurs. J'ai longuement pensé à ma situation. J'ai compris beaucoup de choses. J'ai compris que vivre vaut le coup. Vivre vraiment, et non survivre.

« Mais il va falloir m'en dire plus sur toi. On pourrait aller ailleurs ? Cette pièce commence à me sortir par les yeux. Et je n'aimerais pas être là quand Cannon reviendra et sentira l'odeur de clopes. » Je pointe du doigt la porte, et l'incite à me suivre. Une fois sortit de la pièce, nous passons devant la secrétaire de Cannon. Pour faire bonne figure, j'adresse un sourire charmeur à celle-ci qui, intimidée, rougit et me répond d'un fébrile signe de la main. « On va se boire un verre ? » Surprenante comme question, venant d'un prétendu "professeur", non ? Mais je dois me montrer accessible. Et surtout, je ne veux pas me limiter aux instructions minables de Cannon. Si je veux l'aider, ce n'est pas avec un cours par semaine que j'y arriverais. Je veux me rapprocher de cette nana. Sans aucunes arrières pensées.

Enfin je crois.
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MessageSujet: Re: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptyMar 8 Jan 2013 - 3:39

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


Les volutes de fumée disparaissent par la fenêtre ouverte, s’éteignent dans la lumière du jour qui décline. J’ai la désagréable, mais si reposante sensation que je me consume au même rythme que ma clope ; que je dépéris à petit feu. Je n’entends rien d’autre que mon cœur battre dans mes tempes, que le crépitement du tabac incandescent à quelques centimètres de mes doigts. J’en ai presque oublié la présence de Marlon, jusqu’à ce que sa voix crève la bulle qui m’isolait. Je regrette un instant cette quiétude bienvenue. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis sentie aussi bien qu’en cet instant. Déjà, cette minute de sérénité a la consistance d’une illusion. Comme si la présence de l’éducateur brouillait les pistes de mes souvenirs, même les plus récents.
« Bien sûr que je vais t'aider. Je suis là pour ça. Tu veux que je te dise franchement ? J'en ai rien à foutre de ce Cannon, de ses cours merdiques. J'en ai rien à foutre de ce lycée ». J’esquisse un sourire qu’il ne peut pas voir, bien à l’abri de son regard. Il m’est subitement moins antipathique, ses paroles m’ont traversée jusqu’à ce qu’un déclic se produise. Il voit Cannon comme je le vois, un bureaucrate plus intéressé par les quotas que par les élèves. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. « Ce qui m'intéresse, c'est ce que je peux y faire. Comment je peux me rendre utile. Comment je peux aider. Et il me semble ... que tu as besoin d'aide, je me trompe ? ». Je me referme instantanément, blessée dans mon orgueil. Je me sens à nue, observée, décortiquée au microscope de son altruisme. Je le sens plus que je ne le vois, arpentant le bureau pareil à un lion en cage. Je me demande s’il peut être dangereux pour moi, d’une manière ou d’une autre. Si j’ai affaire à un prédateur ou à un homme croyant sincèrement à la pénitence. Sa voix s’élève à nouveau, brisant les dernières barrières que j’érigeais entre nous. C’est comme s’il choisissait ses mots pour piquer, griffer, brûler là où ça fait mal. Je me remémore les heures passées devant mon miroir, à observer une étrangère. Les photos jetées et brûlées, les bras couverts été comme hiver. J’écrase une larme, priant tous les dieux pour qu’il ne voie pas ma faiblesse. Je ne suis pas le genre de personne à craquer, à montrer chaque émotion qu’elle traverse. J’ai toujours tout gardé pour moi, bien tassé quelque part au fond de mes pensées. Et cet homme arrive, il emploie les mots comme bulldozers pour réduire en miette mon barrage. Ma précieuse protection. Mais ses paroles font écho en moi, et je n’ai d’autre choix que d’admettre la vérité.

Je sursaute légèrement quand il se place près de moi, demandant une cigarette. J’hésite, étonnée, et la lui tend finalement. Si Cannon entrait, il serait fou de rage. Je me surprends à vouloir qu’il surgisse, mettant fin à cette entrevue, à mes contacts avec Marlon. Je ne me sens pas en sécurité avec lui, trop fragile. Il lit en moi comme dans un livre ouvert, je le sens, et cette sensation me dérange. Elle m’effraie. Soudainement, Tshepo et nos relations distantes et froides me manquent. Tshepo et son désintérêt total de ma personne. C’est une relation bien plus sécurisante que celle qui s’installe entre cet homme et moi. Une relation où je peux avoir le dernier mot et m’en sortir sur un mensonge. « Je veux savoir qui tu es. Par sur les papiers, pas sur les dossiers scolaires. Là » dit-il en m’effleurant au niveau du cœur ; et ce contact m’électrise. Je me prends une décharge, comme une giclée d’acide en pleine gueule. Je lève les yeux vers lui, le mettant au défi de recommencer, de poser encore une main sur moi. Mais il n’en fait rien, se recule et retrouve sa place de supérieur. Je suis soulagée, et étrangement presque blessée, par cette attitude. Je l’écoute parler, mes yeux ne se détachant pas des siens, cette fois. Je cherche à le transpercer de mon regard, comme lui me pénètre du sien. Je me racle la gorge, m’éloigne légèrement de lui et me colle au mur, près de la fenêtre.

« Pourquoi ? » est le seul mot qui sort de ma bouche. Je cherche dans les méandres de mon esprit une phrase correcte à lui proposer, autre qu’un « pourquoi », qui pour moi veut tout dire. « Pourquoi cherchez-vous à m’aider ? Je, je ne vous provoque pas. Je veux simplement savoir. Pourquoi moi ? Est-ce que c’est important pour vous que moi, en tant qu’individu, je m’en sorte ; ou vous voulez juste accomplir une bonne action ?. Je ne contrôle plus ce que je dis, mes pensées sont plus rapides que ma bouche. J’ai l’impression de penser à voix haute. Je baisse les yeux, joue un instant avec le mégot de ma cigarette. « Vous pouvez mentir. Vous pouvez juste me dire ce que j’ai envie d’entendre. ». Ma voix n’est plus qu’un murmure, et je ne sais pas s’il entend le « S’il vous plaît » que je laisse échapper. Je me redresse, soudainement décidée à faire face à l’adversité. Mes yeux rencontrent de nouveau les siens, plus perçants que jamais. Je m’allume une autre cigarette, faisant fi des conventions une fois de plus. « Et si je vous dis que certains jours, je ne sais plus où je suis. Certains matins, j’oublie si l’on est lundi ou mardi, j’oublie qui je suis. Tout ce que je vois, quand je me regarde dans un miroir, c’est une étrangère. Une petite blonde avec une gueule de cadavre, elle sourit dans le miroir mais moi, moi je ne me sens pas sourire. Y’a des jours où j’ai à peine conscience de mon corps, et d’autres où je suis à son écoute, j’entends le sang qui coule dans mes veines, et j’ai l’impression que si je me concentre assez fort, je pourrais ordonner à mon cœur de cesser de battre. Et je me verrais, comme dans un rêve, je verrais cette blonde allongée sur le canapé, et cette fois, je sourirais vraiment. Pas elle, moi. »

Je me rapproche de lui, mes pas me guident sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je ne suis plus qu’à quelques centimètres de lui. « Vous avez déjà vécu ça, Marlon ? ». Je lui souffle ma fumée au visage. « Vous avez déjà rêvé de fuir, de tout recommencer à zéro, parce que tout ce que vous avez accumulé dans votre vie, c’est un gros tas de merde qui vous suit où que vous alliez ?.
J’éclate d’un rire sonore, au bord de la crise de nerf. Je n’avais jamais dit ça à personne, je n’avais même pas conscience de l’avoir pensé. Je m’étais totalement lâchée, j’avais jeté mes garde-fous et je m’étais jeté dans la gueule du loup. « C’est comme ça que je suis. Ici » dis-je en posant ma main sur son torse. Puis je grimace un sourire et m’éloigne. Comme si rester près de lui pouvait me mener à ma perte. Comme s’il en savait trop sur moi, et que j’étais déjà engluée dans cette pseudo-thérapie qui nous était imposée.



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MessageSujet: Re: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptyDim 6 Jan 2013 - 3:25

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


Cette petite m'intrigue. Elle n'est pas le genre de nana qui attire le regard par l'élégance qu'elle dégage, ni par la beauté de ses formes. Mais elle a quelque chose. Je ne saurais dire quoi. Comme une aura. Ni blanche, ni noire. Mystérieuse. Intrigante. Comme un piège, une trappe dans laquelle on se jetterait volontairement. Je veux connaître cette fille ... et comprendre. Aux premiers regards, elle paraît être une adolescente tout à fait banale. Un petit visage de poupée, une petite fille sage et polie. Normale. Mais quand on force le regard, on remarque le subterfuge. Ses yeux cernés. Ses gestes brusques et incontrôlés. L'extrême minceur de ses membres. Je dois comprendre. On se fixe un instant. Elle cille la première et fait mine de s'intéresser au mobilier, ô combien vieillot, de la pièce. Elle ne pourra pas jouer son petit jeu d'intimidation avec moi. La voilà prévenue. « Ok ... Marlon. » Je souris. Je sais pas vraiment par où commencer. J'aimerais lui poser un tas de questions, mais comment procéder sans qu'elle finisse par s'emporter, puis se buter ? Elle est instable, je le sens, je le sais. Si je ne veux pas tout gâcher, je vais devoir y aller avec des pincettes. Au moins au début. Que je puisse gagner sa confiance. Même si je déteste ça, prendre des pincettes. C'est pas mon genre. J'ai jamais appris à procéder de cette façon. Chez moi, à Pittsburgh, c'était tout ... ou rien. J'avais opté pour "tout". Et me voilà maintenant, à des centaines de kilomètres, sous une fausse identité, à devoir gérer une ado en perdition. Regrettable.

Skylar est mal à l'aise, ça crève les yeux. Elle s'agite sur sa chaise. Ses yeux ne se fixent jamais plus de cinq secondes au même endroit. Le manque ? Je peux comprendre ça. Je l'ai ressenti durant des semaines, des mois. Et le ressent toujours. C'est infime. Mais il est là. Au fond. Quelque part. Je l'ignore. Mais il s'en fiche. Sa plainte ne finit jamais, comme un chant, un bruit résonnant dans la mer. Lointain.
J'ai trouvé la force de passer outre. La trouvera-t-elle ?

Elle daigne enfin reposer son regard dans le mien. Elle paraît songeuse. Elle me dit qu'elle a une question pour moi. Je reste silencieux, serein. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle va me dire. J'essaierai de répondre au mieux. « Si, et je dis bien si, j’ai réellement des problèmes de drogue, en quoi allez-vous m’aider ? Je veux dire, ce sont pas quelques rendez-vous par-ci par –là qui vont me faire arrêter. Je vais pas sortir de cette pièce en me disant « Oh mon dieu, ce Marlon est un cadeau du ciel. Je vais jeter ma came, faire du sport et rentrer dans les ordres ». Alors quoi ? Vous allez me sermonner ? Me montrer des photos « avant/après » de camées pour m’effrayer ? » Je pouffe de rire. Prévisible. Le discours type du camé. Je croirais m'entendre, plus jeune. Ce discours de perdant, fuyant le combat et la vérité. Rongé par le fatalisme. Mais je ne peux, au final, que compatir. Quand on est jeune, que l'on a connu que de la pure et simple désillusion, comment croire qu'une lumière persiste, aussi faible soit-elle, tout au bout du tunnel ? On ne le peut tout simplement pas. Pas tout seul. C'est là que j'interviens. C'est là mon rôle. Je ne suis pas ici pour faire plaisir à Cannon, ni pour améliorer les statistiques de son lycée de malheur. Je ne suis pas assis sur ce fauteuil pour qu'une simple et banale étudiante aille à l'école comme on lui demande. Comme une parfaite écolière. Je suis ici pour sauver quelqu'un. Elle. Elle est en perdition. Je suis sa bouée de sauvetage. Vais-je éclater, la laissant se noyer comme un vulgaire pantin qui ne sait nager ? Vais-je suffire jusqu'au rivage ?

Le stress la gagne. Ce n'est absolument pas ce que je recherche. Je ne veux pas qu'elle me considère comme l'adversaire. Mais comme le coéquipier. L'ami, aussi, peut-être. Je n'ai aucun amis. J'avais Josh. Je l'ai perdu. Peut-être cherche-je à me sauver par la même occasion ? Peut-être que, tout autant que l'adolescente qui me fait face, j'ai besoin d'une bouée de sauvetage ? Le rivage paraît si loin. Ou alors, peut-être que je ne cherche qu'à me racheter. Peut-être bien. « Ce n’est pas contre vous. Vous n’êtes pas un psy, ok. Mais qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi ? » Puis, le drame. Je discerne un sanglot dans sa voix. Elle craque. J'aurais envie de lui tenir le bras, au moins. Mais c'est tôt, beaucoup trop tôt pour ce genre de familiarité. Je reste donc de marbre, conscient de mon indifférence.

Elle se lève. Brusquement. Prend la direction de la fenêtre et une fois à sa hauteur, s'allume une clope. Je sens légèrement l'odeur de cigarette jusque dans mes narines. Je ferme les yeux. Ça aussi, ça me manque. Mais je ne craquerais pas. Je ne craquerais plus. Pas maintenant. Pas après tout ça. Ce serait débile. J'ai réussit à reprendre le sport et à aimer ça, j'ai réussit à arrêter les conneries. À arrêter de fumer. Alors si cette gamine veut se pourrir la santé, c'est son problème. Tant pis pour elle. « Je suis censée vous dire quoi ? Vous raconter ma vie ? reprend-elle, un air désabusée et rictus dans le coin des lèvres. Je vous préviens, vous risquez de vous ennuyer. Rien de plus chiant, plat et commun que ma vie » J'ignore pourquoi, mais je ne la crois pas. Je suis resté muet longtemps. Trop longtemps. J'interviens.

« Bien sûr que je vais t'aider. Je suis là pour ça. Tu veux que je te dise franchement ? J'en ai rien à foutre de ce Cannon, de ses cours merdiques. J'en ai rien à foutre de ce lycée. Ce qui m'intéresse, c'est ce que je peux y faire. Comment je peux me rendre utile. Comment je peux aider. Et il me semble ... que tu as besoin d'aide, je me trompe ? » Je me relève du siège confortable du proviseur. Je fais les cent pas, jetant furtivement des coups d’œils dans sa direction. « J'suis pas là pour te montrer des photos "avant/après" de camé, comme tu dis. Je pense que tu peux très bien les imaginer toutes seules. Il te suffit de te souvenir ... et de te regarder dans le miroir. » Physiquement, elle n'a pas vraiment l'apparence d'une camé. Mais je suis sûr qu'il y a des marques. Physiques ou non. Il y en a forcément. Personne, aucun camé, n'en réchappe. Moi comprit. Je m'arrête et pose mes fesses sur le bureau. Je lui fais face, mais elle, me tourne le dos. Le regard vague, en direction de l'extérieur. Que pense-t-elle ? Je décide d'y aller en douceur. Je la rejoins près de la fenêtre. « J'peux te prendre une cigarette ? » Elle paraît surprise mais acquiesce, et me tend une clope puis du feu. Dieu que c'est bon. Ma première cigarette en trois ou quatre mois, je ne sais même plus. Et la dernière, je l'espère. J'en suis sûr. Je fais ça pour elle. Je suis persuadé qu'elle se sentira plus proche de moi en me voyant à son niveau - ou presque. Un jour peut-être je lui avouerai que j'étais moi aussi un camé, à son âge et plus tard. Mais pas aujourd'hui. Un jour. Peut-être. « Tu pourras me parler de ce que tu voudras. Pas forcément de ta vie et de ton passé. Mais aussi de comment tu envisages ton avenir. Je veux savoir qui tu es. Par sur les papiers, pas sur les dossiers scolaires. Là, dis-je gentillement en tapotant le haut de son torse. Elle fait presque une tête de moins que moi. Je ne souris plus, j'adopte une allure neutre. Je ne sais pas trop pourquoi j'agis de cette façon. Serai-je en train de prendre en affection cette gamine ? Je veux savoir pourquoi. Ne me dis pas que tu n'es pas camée, s'il te plaît. Me prend pas pour un con, c'est tout ce que je te demande. Je n'ai pas besoin de voir les marques sur tes bras. Et de toutes façons, ça ne m'intéresse pas. Tu peux me parler, je ne te jugerais pas.
Je ne te demande que d'être honnête, lorsque je te poserais des questions. Quand je te demanderai si tu heureuse, si tu es malheureuse. Si ta journée était bonne, ou merdique. Si tu t'es tapé cinq ou dix rails ce matin. Sois franche, honnête envers toi-même. Regardes la vérité en face.
»

L'honnêteté face à soi-même, un outil qui manque cruellement aux camés. J'en ai fais l'amère expérience. Je sais ce qu'elle ressent. Mais chaque cas est différent. Le mien n'était pas perdu. Qu'en est-il du sien ?
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MessageSujet: Re: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptySam 5 Jan 2013 - 22:36

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


Je ne sais quoi penser du dénommé Jones. Il ne semble pas être un homme éprit de pouvoir et d’autorité comme Cannon, j’ai plutôt l’impression que c’est un homme d’honneur. Mais après tout, il travaille ici, se prétend « conseiller » ; et les apparences peuvent être trompeuses. Elles le sont souvent. Conseiller de quoi, d’ailleurs ? En quoi ai-je besoin d’aide pour aller en cours et travailler mes problèmes de drogue ? Je fronce les sourcils, me demandant qui a bien pu parler de ça à l’administration. Je passe en revue mes clients, mais ça n’a pas de sens. Eux aussi auraient des problèmes. Peut-être un ennemi. Quelqu’un dont je dois me débarrasser au plus vite. J’entends Cannon protester, et Jones le calmer d’une voix ferme et sans appel. Mes yeux se reposent sur lui, scrutant les moindres détails de son visage. Sa mâchoire carrée, ses yeux durs, l’expression générale qu’il arbore ; tout ça me dit qu’il n’est pas un homme comme les autres. Qu’il ne sort pas d’une école quelconque la tête pleine de théories qu’il va essayer de mettre en pratique ici. Comme s’il avait vécu, réellement. Cannon finit par sortir, me laissant seule avec ce qui semblait être mon « sauveur ». Ma propre ironie me fait sourire, et je tente de cacher cet instant de faiblesse. Je n’ai pas l’intention de revoir cette homme, de toutes façons. Cannon ne peut pas me virer, il l’a dit lui-même. Alors à quoi bon m’infliger cette sentence ? Je n’ai pas de comptes à rendre.

Jones s’installe sur le siège du directeur, face à moi, ne me laissant d’autre choix que de le regarder dans les yeux. Puis son petit speech débute, les banalités d’usage et les mises en garde. Je souris intérieurement. Il m’a l’air d’un petit chien hargneux, sortant ses dents et grognant pour asseoir sa férocité. Mais la suite de ses déblatérations m’intéresse davantage. De la vulgarité, de la familiarité. Il sait y faire avec les jeunes, et je me surprends à vouloir qu’il reste. Qu’il m’aide, qu’il fasse tout ce qu’il peut pour me remettre sur le droit chemin. De l’attention, rémunérée ou non, est toujours bonne à prendre. Je tords mes manches, qui pendent de mes mains. Mon pull est beaucoup trop grand. Pratique. Je m’enfonce dans le fauteuil, bras et jambes croisées, en position de repli.

« Ok… Marlon. ». J’insiste sur son prénom, et ma voix semble être celle d’une petite fille. Fragile, perdue. Peut-être est-ce moi, le petit chien. Je balaie ces pensées et le regarde droit dans les yeux. J’essaie de tenir cette position le plus longtemps possible, mais son regard scrutateur me rend mal-à-l’aise. Mes yeux se détournent des siens et font le tour de la pièce, alors que je m’agite un peu plus sur ma chaise. « Pas de fausses excuses, pas de rendez-vous manqués. J’ai compris. Mais pouvez-vous m’expliquer quelque chose ? ». Je me racle la gorge, mes jambes sont prises de secousses incontrôlables. « Si, et je dis bien si, j’ai réellement des problèmes de drogue, en quoi allez-vous m’aider ? Je veux dire, ce sont pas quelques rendez-vous par-ci par –là qui vont me faire arrêter. Je vais pas sortir de cette pièce en me disant « Oh mon dieu, ce Marlon est un cadeau du ciel. Je vais jeter ma came, faire du sport et rentrer dans les ordres ». Alors quoi ? Vous allez me sermonner ? Me montrer des photos « avant/après » de camées pour m’effrayer ?. Mon ton est de plus en plus agressif, le stress me rattrape. Je ne réalise pas que tout dans mon attitude prouve que je suis une putain de toxico. Je ne contrôle pas ce que je dis. J’ai envie qu’il reste, qu’il m’aide. Ici, je suis perdue, je n’ai rien, pas de raison de vivre. Ma seule motivation est de trouver l’enfoiré qui a fumé Jabu, mais je suis loin de l’avoir fait. Tshepo me manque, l’afrique me manque. Je n’ai que Kaylee dans cette foutue ville, et j’aurai bien besoin d’une autre épaule sur laquelle déverser ma hargne. Et je repense à ses paroles. Serait-il vraiment prêt à quitter la pièce et faire comme si je n’existais plus ? Tout dans son attitude me dit qu’il le ferait. Et cette possibilité me fait peur, sans raison. « Ce n’est pas contre vous. Vous n’êtes pas un psy, ok. Mais qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi ? ». Je sens des sanglots dans ma voix, mes yeux se remplissent de larmes et j’en essuie une qui coule sur ma joue. Je lâche un « Putain » sonore, énervée par mon attitude. Je ne pensais pas pleurer. J’aurai bien besoin d’une clope. Je me lève, sort mon paquet de ma poche et m’approche de la fenêtre, à un mètre du bureau. Je l’ouvre et m’installe sur le rebord avant d’allumer ma cigarette, rejetant la fumée à l’extérieur. Peu importe si Cannon entre à ce moment-là. A vrai dire, rien ne m’importe, si ce n’est que Jones reste ici. « Je suis censée vous dire quoi ? Vous raconter ma vie ?, lâche-je dans un petit rire désabusé. Je tourne la tête vers l’extérieur, observant le parc de l’école et la lumière du jour baissant de minute en minute. « Je vous préviens, vous risquez de vous ennuyer. Rien de plus chiant, plat et commun que ma vie » dis-je dans un dernier mensonge, les yeux toujours posés sur l’extérieur, ma clope se consumant rapidement. Ici, je peux être qui je veux.


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MessageSujet: Re: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptyMer 2 Jan 2013 - 20:36

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


Je passais mes premiers jours à Miami. Le temps était clément pour la saison : des températures douces, pas le moindre flocon de neige, seulement du vent. Rien à voir avec Pittsburgh.
Je m'étais levé tôt ce matin, et à peine sortit du lit, j'avais filé vers la plage. L'avantage de vivre en Floride, sûrement, et je comptais bien en profiter. Ma serviette de bain autour du cou, je m'étais assis sur ce sable fin et avais profité de l'air marin. La plage était vide. Le silence bien présent. J'appréciais tout particulièrement ce genre de moment privilégié, d'autant plus que ce calme devait aussitôt disparaître, l'été venu. Puis j'étais parti tremper mes pieds dans l'eau. Celle-ci était fraîche, je ne tardai donc pas à quitter la plage et à retourner à mon studio. J'aimais ce studio. Il était bien plus grand que ce que je n'avais jamais connu. Bien plus grand que l'appartement miteux de la mère, que j'avais abandonné pour ce "luxe" bienvenu. Je pensais à ma mère, parfois. Elle me manquait. Je culpabilisais aussi de l'avoir laissé se débrouiller seule, dans un coin aussi miteux et dangereux que notre ghetto. Avant de partir, je ne lui avais laissé qu'un petit mot sur le frigo, l'informant que je partais parce que je n'avais pas d'autres choix. J'avais laissé sous-entendre que j'étais parti en Europe ... au cas où. Je ne tiens pas vraiment à ce que l'on me retrouve. Pour cela, il fallait brouiller les pistes un minimum. Personne de mon ancienne vie ne devait savoir où j'étais et ce que je faisais.

À peine étais-je rentré que mon téléphone sonna. J’accourrai donc pour y répondre, et reconnut la voix du proviseur de Wynwood, autrement dit mon patron. Il me demanda de le rejoindre à dix-huit heures dans son bureau, prétextant avoir un travail pour moi. Mais je suis éducateur sportif, j'entraîne les élèves, c'est ça mon job. Que veut-il me faire faire d'autre ? Je n'aime pas cette façon de faire, je commence à imaginer un tas de trucs. Quelque part, ça me rappelle tout mes "petits" boulots à Pittsburgh. Et je déteste ça. Je déteste cette période de ma vie, je souhaite plus que tout l'oublier, l'enterrer. Et c'est pour ça que je suis ici. Vaguement, il m'explique qu'il voudrait que je m'intéresse et m'occupe d'un élève en particulier. Je fronce mes sourcils, mais je n'ai pas le temps de lui demander des explications qu'il a déjà raccroché. Quel élève ? Un pseudo "délinquant" peut-être ? Ça me fait bien rire. S'il pense que ses élèves sont des délinquants, je le mènerai volontiers chez moi. Il comprendrait alors que ce lycée n'est qu'un rassemblement de petit bourges, tout aussi "beaux" et "mignons" les uns que les autres. Bref, quel qu'il soit - l'élève - ça va être du gâteau.

Je n'ai rien de prévu aujourd'hui, aucun cours, ni rendez-vous avec des étudiants. Je vais pouvoir me la couler douce. Je m'installe donc sur mon canapé, ma bouteille de bière dans la main et la télécommande dans l'autre, et commence à zapper de chaîne en chaîne, quand mon téléphone sonne à nouveau. C'est encore le proviseur, qui me dit qu'il m'a envoyé le dossier de ce fameux élève par mail. Piqué dans ma curiosité, je file vers mon ordinateur flambant neuf - le premier de ma vie - et consulte mes mails. Je tombe donc sur le dossier d'un élève. Une, en l’occurrence. Skylar Simon Wolf. Drôle de nom. Mes yeux défilent au rythme de ma lecture et plus j'avance dans le dossier, plus je reste perplexe. Ce petit bout de femme d'à peine dix-sept ans, serait une délinquante, une élève perturbatrice ? Elle n'a pas la gueule de l'emploi. Je la connais la gueule de l'emploi, je l'ai porté pendant des années. Mais elle non. Sur sa photo d'identité, elle paraît craintive, douce et relativement jolie. Ses yeux clairs puent l'innocence et je commence à sérieusement me demander quel est le problème avec elle. Je lis qu'elle est originaire d'Afrique du Sud, qu'elle a vécut dans un ghetto ... et qu'elle a des problèmes de drogues. Mmh. C'est, d'un coup, plus intéressant.

Dix-huit heures. Je m'empresse de quitter mon studio et me dirige vers le bureau de Cannon. Il m'a l'air d'être un bon proviseur, bien que son pouvoir ainsi que son autorité semblent lui être montés à la tête. Les risques du métier, sûrement. Je suis déjà devant sa porte. Des élèves attendent, circulent, crient dans les couloirs mais je n'y fais pas attention. J'arbore cette allure calme et glaciale que j'affectionne tant. Avec les gamins, y a que ça qui marche de toutes façons.
J'entre dans le bureau.

Cannon est assit face à moi, et lorsqu'il m'aperçoit, se lève pour me serrer la main. Quelques banales - et agaçantes - formules de politesses plus tard, quelqu'un frappe à la porte puis entre. Intrigué, je me retourne vers ce qui semble être cette prénommée Skylar. Elle me paraît encore plus enfantine qu'en photo. Elle semble fragile, comme si tout était succeptible de l'effrayer. Mais il n'y pas que ça. J'ai une certaine expérience des jeunes, des délinquants et des drogués - contrairement à Cannon - et je comprends vite que ce petit bout de femme n'est pas une sainte. Je le sens. Elle pénètre doucement dans la pièce, marmonne un timide "bonjour" et vient s'installer face à Cannon et moi. Je n'écoute pas le début de la conversation, trop intrigué par la jeune étudiante. Je sors de mes pensées lorsque le proviseur en vient à me présenter. Je sursaute. « Je vous présente Mr Jones. Il travaille ici en tant qu’éducateur sportif, mais j’ose espérer qu’il fera appel à ses talents de conseiller pour notre cas. » Skylar paraît surprise, elle se tourne vers son proviseur, haussant les sourcils d'une manière dubitative. Elle n'a pas l'air au courant des plans de Cannon, et je ne sais pas si je dois en être heureux ou non. Elle lui demande de quoi il parle. Elle paraît plutôt imprévisible. « Le vôtre. Voyez-vous, depuis que vous êtes arrivée, vous n’avez assisté à aucun cours d’éducation sportive. Je ne sais pas comment ça se passait là d’où vous venez, mais dans mon établissement, faire l’école buissonnière régulièrement peut être motif de renvoi. Qui plus est, et voici la partie la plus importante, il m’a été reporté que vous auriez quelques soucis avec la drogue. Que vous en consommiez ou en vendiez, peu m’importe, mais vous devez cesser. Malheureusement, je ne vous ai jamais pris sur le fait et je n’ai pas de preuves, je ne peux donc pas vous renvoyer. Pour l’instant. C’est ici que Mr Jones entre en scène. Je veux, j’exige que vous le consultiez régulièrement. Ce qu’il se passe dans vos séances ne me concerne pas, tant que vous assistez aux cours et agissez en adulte. Avez-vous quelque chose à dire ? »

Elle ne répond pas, dans un premier temps. Je la sens songeuse. De quoi a-t-elle peur ? Se faire renvoyer ? On ne sèche pas les cours et on ne consomme pas de la drogue "publiquement" lorsque l'on a réellement peur du renvoi. Alors, que craint-elle vraiment ? « Ok. Mais je ne parlerai pas tant qu’il sera là » me dit-elle alors, ignorant magnifiquement Cannon. Quel panache ! Cette gamine, qui paraît frêle et fragile aux premiers abords, semble avoir une putain de personnalité. Ça me plait. Je souris intérieurement. Tandis que Cannon commence à rouspéter, je le coupe. « Tout va bien, monsieur ». En quelques sortes, je venais de lui faire comprendre qu'il pouvait nous laisser. Ce qu'il finit par faire, visiblement agacé, marmonnant quelque chose qui ressemble à "de toutes manières, j'ai plein de choses à faire". Soit.

Je reste quelques secondes immobile après que la porte se soit refermée derrière lui, puis, je prends place sur son siège, faisant face à Skylar. Je ne sais pas trop par où commencer, alors je préfère tout d'abord détendre l'atmosphère. « Très bien. Je me présente ... Je suis Curtis Marlon Jones. Mais appelle-moi Marlon. Je suis le nouvel éducateur sportif de Wynwood. Je suis chargé de te réconcilier avec le sport ... et avec les études. Je serai genre comme ... un conseiller et un prof en même temps, tu vois ? On se verra régulièrement, et tu pourras me dire ce que tu veux. En échange, je te demanderais d'être présente à chaque "cours". Pas d'écoles buissonnières et surtout, pas d'excuses bidons du genre "j'ai eu un empêchement". Très peu pour moi. » Je marque une pause, histoire de lui laisser le temps d'assimiler ce que je viens de lui dire. J'arrive pas à lire dans ses yeux. Que pense-t-elle de moi ? Va-t-elle bien prendre ces "cours" ? J'espère qu'elle ne va pas se braquer. Parce que quand un(e) adolescent(e) se braque - avec un caractère pareil - ça ne se finit jamais bien.

« J'suis pas un psy ou une autre merde du style. Je suis là pour t'aider, pour t'épauler. Si ça ne t'intéresse pas, dis le moi tout de suite que j'me casse. J'ai pas de temps à perdre. »

Il faut toujours faire attention à la manière qu'on a de s'exprimer avec les jeunes et les ados. Se montrer accessible, comme eux. Dire "merde" ou "putain", tout en gardant une forme nécessaire d'autorité. Je n'avais que quelques années de plus que Skylar, mais j'étais le prof et elle, l'élève. Je n'étais absolument pas disposé à la laisser me marcher dessus, d'autant plus qu'elle semblait avoir un caractère bien trempé. Mais c'est ce caractère, cette personnalité qui m'intriguait. Et me plaisait ?

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MessageSujet: Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky.   Us, beginning a twisted journey. - Marlon & Sky. EmptySam 29 Déc 2012 - 22:37

The meeting of two personalities is like the contact of two chemical substances: if there is any reaction, both are transformed


J’ai beau chercher une solution, je n’en vois aucune. Déjà engagée dans le couloir, je ne peux plus faire demi-tour ; et j’ai l’impression d’avancer vers ma propre mort. Il y a sûrement une part d’exagération là-dedans, mais c’est la sensation que j’ai alors que la porte se rapproche irrémédiablement. J’essaie de ralentir le pas, esquivant les quelques élèves qui traînent encore par ici. Ils ne sont pas nombreux, mais j’ai l’impression que leurs yeux sont fixés sur moi et me suivent.
Le bureau du directeur n’est plus qu’à quelques mètres, et mon angoisse augmente alors que la distance diminue. Je ne sais toujours pas pour quelles raisons il m’a convoquée, mais je sens que ce n’est pas bon. S’il trouvait une excuse pour me renvoyer, ma vie serait foutue. Virée du lycée, Duma ne tarderait pas à le savoir et me renverrait à Johannesburg. Et tous mes rêves partiraient en fumée.
Il ne me reste plus que quelques foulées avant d’atteindre mon but, mais mon élan est interrompu. Un homme, que je ne peux voir que de dos, frappe à la porte et entre. Qui est-il ? Que fait-il ici ? Je sens l’angoisse monter, la chaleur m’envahit et j’ai soudainement envie de vomir. Je n’ai jamais eu peur d’avoir des problèmes, pourquoi est-ce si différent aujourd’hui ? Peut-être parce que je commence à me construire une nouvelle vie, à aimer cette nouvelle vie. Stressée, je fais demi-tour et sort par la porte de secours. Là, à l’ombre du bâtiment, je sors de ma poche un sachet en plastique et entreprend d’aligner ma poudre blanche sur le rebord d’une fenêtre. Personne ne me verra, il est déjà 18 heures, la plupart des élèves et des profs sont rentrés. Et moi, je suis ici à sniffer, attendant patiemment mon renvoi. Une fois mon nez poudré, j’hésite à fuir. Qu’est-ce qui m’en empêcherai ? Je pourrais fuir, aller là où personne ne me retrouverai. Quitter l’état, ou juste aller jusqu’à Tallahassee. J’ai toujours voulu voir cette ville.

Mais je ne suis pas une lâche. Je fais demi-tour et finit par frapper à la porte du bureau avec une vingtaine de minutes de retard. J’entre sans attendre de réponse, et deux visages se tournent vers moi, synchro. L’un d’entre eux m’adresse un sourire que j’ignore. Je n’ose pas avancer dans la petite pièce, je reste collée à la porte, les mains dans le dos. Je me racle la gorge et ose un discret « Bonjour » angoissé.

« Ah, Skylar, vous voilà enfin. Asseyez-vous. Je ne pense pas avoir à préciser que votre retard n’arrange pas vos affaires, n’est-ce pas mademoiselle ?

J’offre au directeur un regard froid, marmonne quelques mots. « Pardon, j’ai eu.. un empêchement. ». Je parcours la distance qui me sépare du premier fauteuil, m’installe et me tourne vers l’autre homme. Je le détaille de haut en bas, laissant mes yeux essayer de le sonder. Il n’a pas l’air vieux, je ne l’ai jamais vu ici. Trop vieux pour être un élève, pas assez pour être prof. Je me tourne vers le directeur, qui ne me lâche pas du regard.

« Et lui, qui c’est ? »
« Je vous présente Mr Jones. Il travaille ici en tant qu’éducateur sportif, mais j’ose espérer qu’il fera appel à ses talents de conseiller pour notre cas.

Je hausse les sourcils, dubitative. « Quel cas ? ». Cannon soupire, s’affale un peu plus dans sa chaise et me fixe comme si j’étais une abrutie. Je ne me sens soudainement pas à l’aise, mes jambes tremblent sans que je puisse les en empêcher. Instinctivement, je tire mes manches sur mes bras et les croise sur ma poitrine, alors que le directeur reprend la parole.

« Le vôtre. Voyez-vous, depuis que vous êtes arrivée, vous n’avez assisté à aucun cours d’éducation sportive. Je ne sais pas comment ça se passait là d’où vous venez, mais dans mon établissement, faire l’école buissonnière régulièrement peut être motif de renvoi. Qui plus est, et voici la partie la plus importante, il m’a été reporté que vous auriez quelques soucis avec la drogue. Que vous en consommiez ou en vendiez, peu m’importe, mais vous devez cesser. Malheureusement, je ne vous ai jamais pris sur le fait et je n’ai pas de preuves, je ne peux donc pas vous renvoyer. Pour l’instant. C’est ici que Mr Jones entre en scène. Je veux, j’exige que vous le consultiez régulièrement. Ce qu’il se passe dans vos séances ne me concerne pas, tant que vous assistez aux cours et agissez en adulte. Avez-vous quelque chose à dire ?

Des choses à dire, j’en ai. Des tonnes. J’ai envie de faire demi-tour, de fuir. Mais il faut absolument que je reste dans ce lycée. Je me tourne vers Jones, ignorant superbement le directeur et ses remarques sur ma relation à la drogue. « Ok. Mais je ne parlerai pas tant qu’il sera là. », dis-je en montrant Cannon d'un signe de tête.

Alors que le directeur proteste, j’observe l’éducateur, sans me douter que cette simple entrevue va changer ma vie.



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