[TERMINE] Bibli' fermée, un seul livre pour deux ... ou comment bien commencer sa rentrée ! | pv. Felindra

Après sa question, Ethan regarda Felindra fermer le livre d’un geste assez brutal. Elle rassembla ses notes dans ses mains, attrapa le gros livre et le vint le lâcher sur la table du jeune homme sans le moindre ménagement. Le bruit provoquer par le gros livre résonna dans toute la bibliothèque. Puis la jeune fille le regarda avant de tendre sa main dans sa direction.

« Je peux récupérer mon crayon ? » lâcha-t-elle sur un ton peu agréable qui laissait présumer qu’elle était de mauvaise humeur. Bien évidemment Ethan sut tout de suite que c’était surement le ton qu’il avait employé qui lui avait déplu. Mais bon, que voulait-elle ? C’était la vie. A la base, il n’était venu à la bibliothèque que pour emprunter ce fichu bouquin et il lui avait gentiment laissé le temps de travailler dessus, faisant passer le temps comme il avait pu. Mais ça s’arrêtait là. Il commençait à se lasser de ces lieux et avait envie de retourner à l’hôtel avec son livre. Quant à la jeune fille, même s’il ne la classait pas chez bimbos ou l’américaine type, comme il en avait déjà rencontré pas mal sur le campus depuis à peine 24h, il n’accrochait pas plus que ça. Elle était jolie, mais pas son type de fille. Il ne lui trouvait pas grand-chose d’intéressant, enfin pour lui bien entendu, et n’avait donc pas envie de chercher à la connaître plus. Bien que s’il avait pris un peu le temps de la connaître, peut-être qu’ils se seraient bien-entendu, mais le jeune britannique n’en avait tout simplement envie.

Il tendit le stylo à la jeune fille avec un petit sourire narquois.

« Bien sûr ! Le voilà ! Je te remercie de me l’avoir si "gentiment" prêté ! »

Il tourna ensuite les talons, attrapa le livre et passa par l’accueil pour enregistrer son emprunt avant de se diriger droit vers la sortie, sans même un dernier regard pour la jeune fille avec qui il venait de passer un moment, sommes toutes, agréable.

Spoiler:

Ethan redressa la tête quand la jeune fille s'adressa de nouveau à lui. Et zut ! Elle était bien décidée à lui faire la conversation. Il pensa un instant qu'il aurait mieux fait de s'abstenir de lui demander son prénom. Enfin bon, maintenant que c'était fait, il n'allait pas la laisser causer toute seule.

« Tu es nouveau à Wynwwod ? Je ne t'y ai jamais vu. »

Ethan posa le crayon à côté de sa page noircie de calculs avant de tourner la tête vers la jeune fille et de plonger ses yeux dans les siens.

« Nouveau ? Je suis arrivé hier, alors je pense que oui, on peut dire que je suis nouveau. Par contre il me semble t'avoir déjà croisé hier soir au "Bal de noël". Je me trompe ? »

En répondant à Felindra il avait retrouvé un ton un peu moins sympathique. Ok, ils s'étaient bien amusés pendant près d'une heure avec les pitreries, si on peut appeler ça comme ça, que le garçon avait fait. D'accord, il lui avait demandé son prénom et elle avait eut la gentillesse de lui prêter un crayon et du papier, mais en attendant, s'il était coincé à la bibliothèque c'était en partie à cause d'elle. Tout ce que le garçon attendait c'est qu'elle en finisse avec ce livre pour qu'il puisse le récupérer et aller se plonger dans l'oeuvre de Rousseau, dans un endroit où il serait seul et ne serait pas dérangé avant qu'il ne décide lui-même de stopper sa lecture. Ethan ne manqua pas d'ailleurs de faire remarquer ce dernier détail à la jolie brune.

« Dis, tu as bientôt finis avec le livre ? Non parce que j'attends un peu après en fait !»

Il ne cherchait pas à être spécialement désagréable, même si on pouvait largement penser le contraire avec le ton qu'il prenait et la nouvelle attitude qu'il avait adopté en à peine quelques instants, mais il préférait couper court à l'envie de la jeune fille de le connaitre. Il ne voulait pas qu'elle commence à croire qu'ils allaient être amis. Oui elle paraissait sympathique, oui elle était très jolie, mais non, elle n'intéressait pas du tout le jeune homme qui souhaitait seulement passer le temps en attendant de récupérer le livre.

Moi et ma galanterie ... La prochaine fois, le livre je le garde pour moi !

Ethan vit la jeune fille lui renvoyer un crayon, il ouvrit les mains pour l’attraper au vol, mais ce dernier rebondit sur ses genoux avant de finir par terre.

« Oups, je suis pas très douée à ce jeu là apparemment. »

Ha non, ça c’est clair !

Le jeune homme se pencha pour ramasser le stylo et se redressa avec un sourire de remerciement destiné à la jeune fille. Il ne comptait pas rajouter une couche sur le fait qu’elle ne savait pas viser alors qu’elle se montrait très gentille avec lui de lui prêter ses propres affaires.

Puis il regarda la jolie brune à présent tourné vers lui, assise sur sa chaise, qui lui répondit à sa question dans un sourire.

« Felindra, et toi ? »

La jeune fille frappait inconsciemment le stylo qu’il venait de lui rendre contre son livre ouvert. Tic de stress ? Etait-elle mal à l’aise. Elle ne le semblait pourtant pas et avait nié quelques instants plutôt lorsque le jeune homme lui avait demandé s’il la dérangeait. Et puis la position dans laquelle elle se trouvait semblait clairement signifier qu’elle avait plus envie de discuter avec lui que de retourner à son devoir de philo.

« Ethan, enchantée de faire ta connaissance Felindra. Et merci pour le crayon. » ajouta-t-il avec un petit sourire.

Le britannique s’arrêta là. Il se tourna sur sa chaise pour se remettre face à la table et se replongea dans ses maths. Même s’il était plutôt d’humeur sociable aujourd’hui, il en fallait pas non plus lui en demander trop : au risque de décevoir la jeune fille, le bavardage n’était pas son truc. En fait, s’il restait à la bibliothèque c’était simplement parce qu’il n’avait rien à faire de mieux pour le moment et qu’il espérait pourvoir récupérer le livre de Felindra lorsqu’elle aurait terminé son devoir.

Il se reconcentra sur ses maths, remplissant assez rapidement le recto et le verso de la première page avec son crayon à papier, de formules et des calculs de maths plus ou moins compliqués. Cela le distrayait : certains faisait des mots croisés ou des sudoku pour s’occuper, lui c’était des maths. A chacun sa distraction.

La jeune fille releva enfin la tête dans sa direction après qu'il ait dû insister un peu. Il lui adressa un très grand sourire en guise d'excuse pour se faire pardonner de la déranger encore une fois. Il envoya le stylo défectueux depuis sa place dans les mains de la jeune fille.

Joli tire !

« Excuse-moi, mais je crois que ton stylo a rendu l'âme. Tu n’aurais pas un crayon à la place s'il-te-plait ? »

Cette fois le garçon avait rajouté un « s’il-te-plait » histoire que sa nouvelle requête passe mieux.

Il affichait à présent en permanence un petit sourire amusé. La situation cocasse dans laquelle il se trouvait le distrayait et permettait à sa première matinée à Miami de passer un peu plus vite que prévue. Surtout que la jolie demoiselle ne semblait pas s’offusquer de ses dérangements à répétitions. Il aurait même presque pu jurer que cela l’amusait également. Ce n’était pourtant pas dans les habitudes d’Ethan d’amuser la galerie, mais bon, que voulez-vous, il faut bien se détendre un peu de temps en temps et il y avait un moment, plusieurs mois en fait, que le jeune homme ne s’était pas vraiment amusé.

Il se sentit soudain obligé de rajouter, plus pour continuer dans sa lancée que parce qu’il le pensait vraiment :

« Surtout si je t’embête tu le dis, hein, je ne me vexerais pas ! »

Et il ajouta un petit clin d’œil à ses dernières paroles, à l’intention de sa voisine. Finalement, sa rentrée à Wyndwood High School ne s’annonçait peut-être pas aussi barbante que ça. En tout cas, à première vue, les autres élèves semblaient plutôt sympas. Enfin le jeune homme se doutait bien évidemment qu’ils ne seraient pas tous comme la jeune fille et qu’il tomberait forcément à un moment ou à un autre sur des abrutis ou des gens dénués d’humour. Mais cette rencontre avec cette petite brune qui semblait rentrer progressivement dans son jeu lui donnait presque envie de la connaître un peu plus.

« Ha et sinon ton nom c’est quoi ? »

Il ajouta cette dernière phrase toujours assit à sa place, mais sur un ton relativement bas : suffisamment fort pour que la jeune fille l’entende, mais pas trop fort pour ne pas déranger les autres élèves de plus en plus nombreux, qui venaient travailler à la bibliothèque. Ethan n’oubliait pas que c’était avant tout un endroit pour travailler au calme ou le silence était le maître mot.

La jolie brune avait souri à la blague d'Ethan. Le jeune homme fut ravie d'avoir pu lui tirer un sourire. Elle lui tendit deux feuilles de papiers soigneusement détachées de son calepin et accompagnées d'un stylo.

« Tiens, et oui garde la feuille »

Il tendit la main et attrapa délicatement les deux feuilles et le stylo avant de lui adresser un sourire ravageur dont il avait le secret, qui laissait entrevoir ses dents blanches éclatantes.

« Je te remercie chaleureusement ! » ajouta-t-il sur un ton faussement condescendant.

Il tourna une nouvelle fois les talons et retourna s'asseoir à sa table en prenant garde cette fois à soulever sa chaise pour éviter tout bruit désagréable et inutile. Il s'assit donc dans le plus grand silence, se replongea dans le livre de maths ouvert devant lui et commença à griffonner sur la feuille à grand carreaux encore vierge.

Il travailla ainsi en silence pendant un petit moment : jusqu'à ce que l'encre du stylo cesse de couler en fait. Il leva la mine de la feuille, agita le stylo et griffonna dans un coin de la page pour essayer de faire sortir l'encre à nouveau. Mais le stylo refusait de fonctionner. Il semblait bel et bien avoir rendu l’âme.

Arf, je crois bien qu'il n'y a plus d'encre.

Il redressa alors la tête et regarda la demoiselle à la table voisine, avec un sourire amusé, bien conscient qu'il allait encore devoir la déranger : s'il avait été à sa place et avait été interrompu dans son travail toutes les 10 min, il se serait lui-même envoyer promener.

Ethan resta assis sur sa chaise, le regard fixé sur la jeune fille qui, elle, était plongée dans son gros livre de philosophie. Il se racla la gorge, espérant ainsi attirer son attention.

Spoiler:

Après avoir parcourus le rayon mathématiques, beaucoup plus fournit en livres que celui de philosophie, pendant largement plus de 10 min Ethan arrêta finalement son choix sur un livre de Senior Year. Avec ses cours par correspondance, le jeune homme avait toujours suivie les mêmes programmes que n’importe quel élève scolarisé normalement seulement lui il pouvait allait à son rythme : c’est-à-dire un rythme très rapide, surtout dans les matières scientifiques, qui s’alliait parfaitement à son intelligence. Du coup, il avait pris pas mal d’avance sur le programme de maths, un peu moins sur le programme de physique et de chimie mais était dans les temps pour l’histoire et la géographie : deux matière qu’il étudiait toujours à contre cœur. Quant à la philosophie, le jeune homme était carrément hors programme mais comme tout élève scolarisé à Wyndwood, il allait devoir suivre tous les cours, sans exception. Ses futures heures de classes s’annonçaient déjà bien ennuyeuses.

Le garçon posa son chocolat sur l’étagère à côté des livres et il feuilleta rapidement l’ouvrage de maths qu’il venait de sortir de son emplacement. Il acquiesça son propre choix d’un petit sourire content et retourna dans l’allée centrale avec le livre et sa boisson.

Entre temps, la bibliothèque c’était un peu remplie et ils devaient être à peu près une dizaine d’élèves en plus des deux bibliothécaires, présents dans ce lieu.

Je n’aurais jamais pensé qu’il pouvait tout de même y avoir une dizaine de personne, un dimanche matin, au lendemain d’une fête.

C’est avec un sourire amusé aux coins des lèvres qu’Ethan retourna vers le fond de la salle, près du coin philosophie qu’il avait quitté peu de temps avant. C’était selon lui l’endroit le plus au calme de la bibliothèque : en dehors de la même jeune fille brune qui travaillait à présent sur cette fameuse œuvre de Rousseau, il n’y avait personne.

Le garçon s’approcha de la table à côté de celle de la jeune fille. Il y déposa le livre et son chocolat qu’il avait presque terminé puis il tira une des chaises pour s’y asseoir. Les pieds de la chaise grincèrent sur le sol en parquet de la bibliothèque.

J’aurais peut-être pu la soulever pour éviter ce bruit assez désagréable. Tant pis.

Le jeune britannique s’installa donc à sa table, ramena sa chaise plus près du bord dans un nouveau grincement puis ouvrit le livre de maths. Le silence le plus total, troublé alors par deux fois par le jeune garçon, retomba pendant un long moment.

Ethan tournait les pages du livre d’une main, au fur et à mesure qu’il survolait les paragraphes et les formules qui s’y trouvaient et finissait son chocolat chaud avant qu’il ne soit froid, de l’autre main.

Au bout d’un moment il releva la tête et observa l’environnement dans lequel il se trouvait. A présent, il devait y avoir une vingtaine d’élèves mais tous vaquaient à leurs travaux dans le plus grand silence. Il jeta un coup d’œil à la table d’à côté où se trouvait la jolie brune. Elle était elle aussi plongée dans ses recherches bien qu’il aurait juré que les écrits de Rousseau ne la passionnaient peut-être pas énormément.

Il respira profondément avant de pousser un long soupir d’ennui assez bruyant. Il tenta de se replonger dans son livre mais n’y parvint guère. La théorie ? Il trouvait ça barbant au plus haut point et préférait de loin la pratique. Sauf qu’il n’avait pris ni crayon, ni feuille. Logique puisqu’au départ il était juste passé emprunter un livre de philo. Il ne pouvait donc pas faire le moindre exercice. Il était peut-être bon en calcul mental, mais ce n’était pas non plus un petit génie et il n’était pas capable de résoudre des équations complexes de tête.

Finalement le garçon releva la tête une seconde fois et chercha autour de lui où est-ce qu’il pourrait bien se procurer du papier et un stylo. Bien évidemment, son regard se reposa à nouveau sur la jeune fille à la peau blanche assise à la table juste à côté, qui, elle, avait apparemment de quoi écrire.

Elle ne pourra pas me refuser une feuille de papier et un crayon. Je lui ai bien laissé son fichu bouquin après tout.

Ethan arbora un sourire plus jovial que ceux qu’il avait affiché jusqu’à présent et se leva de sa chaise en direction de la table voisine. Dans son mouvement, la chaise grinça encore une fois bruyamment sur le parquet en bois massif de la bibliothèque, raisonnant dans toute la salle.

Oups … pensa le garçon plus amusé par la situation qu’autre chose.

Il s’approcha tranquillement de la jeune fille, tout sourire, histoire qu’elle ne puisse par lui refuser sa demande.

« Heu excuse-moi… je pourrais te prendre une feuille et t’emprunter un stylo. Je te rends le stylo dès que j’ai finis. Mais pour la feuille, je ne pense pas que ça te servira beaucoup… »

Il avait ajouté une touche d’humour à sa requête : bon d’accord, un humour bien bas, mais vu qu’il ne connaissait pas du tout la demoiselle il ne savait pas quel humour elle serait capable de comprendre. Au moins, si cela ne la faisait pas sourire un minimum c’est qu’elle était soit coincée, soit trop bête pour comprendre.

Ethan se trouvait toujours face à la jeune fille qu’il dévisageait sans gêne. Apparemment elle ne trouvait pas que son idée de pile ou face soit une bonne idée. Il gardait son sourire amusé, ce qui lui donnait encore un peu plus de charme. La jolie demoiselle ne semblait pas vraiment très à l’aise et bien embêtée de devoir potentiellement partagé ce livre. Elle s’adressa au jeune homme un peu intimidée :

« Eh bien... Oui c'est pour un devoir donc si toi c'est pour autre chose, ce serait cool de me le laisser. »

Tiens donc ! Un devoir, comme je le disais. De toute façon le contraire m’aurait étonné. J’ai ouïe dire que les Américains n’étaient pas parmi les plus cultivés.

Cette pensée raisonna dans la tête du garçon qui se fit juste après la remarque que la petite brune face à lui ne semblait pas si américaine que cela. Enfin bref, de toute façon elle pouvait bien être asiatique, européenne ou autre, elle voulait le seul bouquin qu’il avait trouvé intéressant dans tout le rayonnage.

Ethan plongea son regard d’un bleu clair assez intense dans les jolis yeux également bleus de la demoiselle, légèrement plus petite que lui.

Bon, je fais quoi, je lui laisse ou pas ? Je ne suis pas venu ici pour me prendre la tête avec les gens dès mon premier jour. Et puis refuser de céder ce livre à une si jolie demoiselle ça ne serait pas galant du tout. Mais bon, d’un autre côté moi je n’aurais rien à lire, alors comment je vais m’occuper jusqu’à ce que mes livres arrivent ?

Ethan rompit à nouveau le silence, mettant ainsi fin à l’attente de la jeune fille qui tenait toujours le gros livre dans ses mains et qui devait se faire de plus en plus pesante.

« Bon, si c’est pour un devoir, ça passe avant la lecture personnelle. Je te le laisse. Mais c’est le seul bouquin qui semblait un tant soit peu intéressant. Va falloir que je trouve autre chose maintenant.», conclu le garçon avant de tourner les talons et de marcher en direction de la table où il avait laissé son chocolat chaud. Il ne laissa même pas le temps à la jeune fille de répliquer quoi que ce soit et la laissa là avec l’œuvre du grand Rousseau entre ses mains.

Arrivée à la hauteur de la table, au bout du rayon philo, à quelques mètres de la jeune fille, le britannique attrapa sa boisson encore bien chaude. Il s’arrêta et bu quelques gorgées tout en restant debout, au milieu de l’allée centrale de la bibliothèque. De là où il était, il pouvait voir toutes les devantures des différents rayonnages remplies de livres rangés par matières. Il hésita quelques instants avant de se diriger finalement vers l’allée des mathématiques. Il lui fallait trouver de quoi occuper son temps libre : s’il ne pouvait pas se plonger au cœur d’une thèse philosophique, il s’amuserait avec des maths. Il disparut donc parmi les livres scientifiques, ne se souciant plus de ce que pouvait faire la brune à qui, par pure galanterie, il venait de céder le livre qui avait attiré son attention.

Après avoir déambulé un moment dans le rayon philosophie, Ethan avait passé en revue, d'un simple regard, la plupart des ouvrages et il avait vu passer sous ses yeux des dizaines de titres et de noms de grands auteurs. Pour la majorité d’entre eux, il s’agissait d’auteurs français du siècle des Lumières. C’est d’ailleurs parmi ces ouvrages-là qu’Ethan s'arrêta sur une œuvre de Rousseau : "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes". Un titre à rallonge pour un gros bouquin : le genre de livre bien ennuyeux à lire à première vue et qui ferait fuir la plupart des gens, à moins bien sûr de devoir y jeter un coup d'œil par obligation, pour un devoir ou autre. C’était pourtant ce livre-là qui attira son intention : il en avait entendu parler à travers les textes d’autres grands auteurs et il s’était dit, il y a déjà un moment, qu’il fallait qu’il le lise.

Alors qu'il s'apprêtait à prendre le livre, une force le retint en place. Il aperçut alors entre deux étagères pleines à craquer de livres, tous plus gros les uns que les autres, qu'une jeune fille se trouvait de l'autre côté de la rangée et souhaitait apparemment prendre le même livre que lui. C'était la même brune à la peau blanche qu'il avait déjà croisé la veille et 5 min plus tôt devant l'entrée de la bibliothèque. Il n’avait même pas repéré sa présence plus tôt, trop absorbé par les différents livres qui s’offraient à lui. Décidément, cette fille était partout.

« Excuse moi, j’aurais voulu prendre ce livre. »

Les paroles de la jeune fille firent sourire Ethan. Ça il l’avait bien compris qu’elle voulait prendre ce livre, sauf que le jeune homme le voulait aussi. C’était un des rares livres de ce rayon qu’il n’avait pas déjà lu et qui l’intéressait un tant soit peu.

« Vraiment ? Ça tombe mal, moi aussi je le voulais. » répondit le britannique sur un ton quelque peu sarcastique et hautain, affichant un sourire ironique comme il en avait le secret.

Il relâcha pourtant le livre afin que la jeune femme puisse le sortir de l’étagère et passa de l’autre côté du rayon pour rejoindre la demoiselle. Il la regarda une nouvelle fois de haut en bas avant d’ajouter.

« Va savoir pourquoi, mais je n’ai pas l’impression que tu viens chercher ce livre pour ton propre plaisir. Ça sent plutôt le devoir de philo. Je me trompe ? » adressa-t-il à la jolie brune toujours sur le même ton.

« Bon du coup on fait quoi ? On tire à pile ou face ? » déclara-t-il finalement sur un ton un brin plus jovial, mais bien déterminé à ne pas lâcher l’affaire et en posant son regard sur le gros livre qui se trouvait à présent entre les mains de la jeune fille.

Ethan eut à peine le temps de boire une gorgée de son chocolat chaud brulant, qu'il vit une jeune fille, brune, aux cheveux longs et à la peau relativement blanche, arrivée dans sa direction, ou plutôt en direction de la bibliothèque.

Vêtue d'une robe bicolore noire et bordeaux, dont le haut en dentelle était assez décolleté, elle portait dans sa main un livre. C'est ce dernier détail que remarqua Ethan, plus que le décolleté de la jeune fille. Cette dernière vint se poser contre le mur en face de lui, sans même prêter attention au panneau qui affichait les horaires de la bibliothèque, comme si elle savait déjà qu'elle était fermée.

Ethan bu un seconde gorgée de sa boisson fumante tout en regardant la demoiselle ouvrir son livre de poche et se plonger dans sa lecture.

A quoi ça sert de venir si tôt si elle sait que la bibliothèque est pas encore ouverte ?

Un sourire sarcastique s'afficha de nouveau sur le visage du jeune homme qui, en regardant de plus près la jeune fille, se fit intérieurement la remarque qu’il l’avait déjà croisé la veille, au bal de noël de Wyndwood. Puis il tenta de lire le titre du livre que la brune tenait dans ses mains, mais malgré sa bonne vue, il n'y parvint pas, surtout à cause de l'inclinaison du livre plus que la distance car elle n’était qu’à quelques mètres de lui.

Mouais, surement le dernier bouquin à la mode, encore un truc dénué d'intelligence...

Il continua ainsi à dévisager la jeune fille sans aucune gêne avant de sortir la main droite de sa poche avec son portable pour vérifier une nouvelle fois l'heure.

7h53, ouais !! Encore 7 min à tuer....

En rangeant son portable dans sa poche, Ethan poussa un soupir d’impatience. Il attrapa le bout de son écharpe qui avait glissé de son épaule et le rejeta par-dessus cette dernière avant de placer son bras droit plié dans son dos, contre le mur. Il avala encore une gorgée de chocolat qu’il laissa doucement couler dans sa gorge. Il adorait cette sensation de chaleur intense qui lui réchauffait la gorge. Il finit par se racler la gorge avant de lâcher avec dérision, histoire de briser le silence, chose étonnante venant de la part d’Ethan :

« Dans tous les lycées américains ils sont si peu matinaux ou bien c’est propre à cette école ? »

Puis sans même attendre de réponse à sa question qui en final était plus une remarque qu’une vraie question, il se redressa et se dirigea vers la porte qu’une des bibliothécaires venait d’ouvrir.

Ha tiens, ça ouvre quand même en avance. Comme c’est gentil de leur part de ne pas nous faire attendre plus longtemps dehors.

Cette dernière pensée ironique accompagna le garçon à l’intérieur du bâtiment. En passant devant l’accueil de la bibliothèque il salua poliment les deux employées qui s’y trouvaient avant de se diriger directement vers le rayon philosophie, indiqué par des panneaux. Ce rayon se trouvait au fond de la bibliothèque. Le jeune homme ne prit même pas le temps de contempler l’immense salle remplie de tous les côtés par des dizaines, des centaines, non, des milliers de livres dégageant une odeur d’encre et de papier et qui pouvait impressionner beaucoup de jeunes lors de leur première venue dans ce lieu.

Avant de s’aventurer dans les rayonnages de sa matière adorée, il posa son chocolat chaud sur une table au début de la rangée de livre puis il se mit en quête d’un livre qu’il n’avait pas déjà lu et qui pourrait le faire tenir jusqu’à l’arrivée de ses propres ouvrages. Il n’avait aucune envie particulière et attendait de voir quelle œuvre allait attirer son attention et attiser sa curiosité. Partit dans ses recherches, Ethan en oublia complètement la jeune fille qu’il avait croisé à l’entrée et qui avait, elle aussi, dû pénétrer dans la bibliothèque.

Dimanche 23 décembre, 6h du matin : Ethan émergea de son sommeil bien trop court à son goût. Le plafond de la suite luxueuse dans laquelle il avait passé la nuit fut la première chose qu’il vit en ouvrant les yeux et cela lui rappela qu’il n’était plus ni à Nottingham, ni à Washington mais bien à Miami, sur le point de faire sa première rentrée scolaire. Il prit une profonde inspiration encore allongé dans son lit, pestant intérieurement contre son horloge biologique qui avait encore la fâcheuse habitude de la réveiller très tôt. Il repensa ensuite pendant quelques instants à la soirée organisée pour noël qui s’était tenue la veille au soir dans sa nouvelle école, où il était passé faire un tour, puis il se redressa et étira ses deux bras vers le plafond avant de se lever et de se diriger droit vers la douche.

Il ferma les yeux et laissa l’eau brûlante glisser sur son visage et le long de son corps bien musclé. Il y resta plusieurs longues minutes avant de se décider à en sortir. Il enroula une serviette autour de sa taille et frotta ses cheveux trempés avec une autre serviette. Il retourna ensuite dans sa chambre, attrapa la valise qui traînait par terre et la déposa sur le lit avant de l’ouvrir. Il en sorti un caleçon, un jeans, une chemise blanche et un petit pull en cachemire gris. Il s’habilla rapidement, enfila sa paire de converse grise restée au pied de son lit depuis la veille puis fouilla à nouveau dans sa valise.

Et merde, j’ai oublié de prendre mes bouquins, je les avais pourtant posés sur mon bureau. Raaa fait chier, j’ai fini le seul livre que j’avais dans l’avion.

Ethan poussa un soupir d’agacement puis se souvint qu’il y avait une bibliothèque à Wyndwood et qu’il pouvait dès à présent emprunter des livres en attendant que les siens arrivent avec le reste de ses affaires. Il attrapa donc son portefeuille, son portable et les clés de sa chambre avant d’enrouler une écharpe autour de son coup et de quitter sa chambre. Il traversa le hall de l’hôtel encore désert et appela un taxi, une fois dans la rue.

Ce dernier le déposa devant le seul café ouvert à même pas 7h du matin. Ethan paya sa course, descendit de la voiture et entre la boutique d’où il ressortit quelques instants après avec un chocolat bien chaud à la main. Il décida de finir son trajet jusqu’à WHS à pied, histoire de visiter un peu Miami tout en profitant du calme qui régnait dans les rues désertes que les timides rayons du soleil levant commençaient à éclairer.

Arrivé aux alentours de 7h30 sur le campus de l’école, le jeune homme suivit les panneaux d’indications jusqu’à la bibliothèque. Il arriva devant celle-ci et pu constater avec déplaisir que derrière les portes d’entrées vitrées, le grand bâtiment était encore éteint. Il tenta tout de même de pousser la porte qui resta indéniablement fermée.

Génial, en plus c’est pas des matinaux ici !

Il aperçut alors seulement le panneau d’affichage des horaires de la bibliothèque sur une des portes qui indiquait que cette dernière n’ouvrait pas avant 8h et fermait à 12h le dimanche.

Ethan sortit son portable de sa poche et y jeta un coup d’œil pour s’informer de l’heure qu’il était.

7h45, youpiii un quart d’heure à poireauter. Ça commence bien tout ça. Je sens que je vais me plaire ici…

Ses dernières pensées ironiques firent sourire sarcastiquement le garçon qui s’adossa alors contre le mur du bâtiment en rangeant son portable dans sa poche. Il laissa d’ailleurs sa main droite dans sa poche tandis qu’il tenait sa boisson encore fumante dans sa main gauche. Une jambe par terre et l’autre pliée, le pied posé contre le mur, il observa les alentours en attendant l’ouverture de la bibliothèque, ses cheveux plus ou moins en batailles, encore humides de la douche qu’il avait pris plus d’une heure plus tôt.