Affrontement || ft. Eva

Eva et Maxwell

Bien entendu, elle était vexée. C’était bien une femme !

Se levant, elle prit sa fille par la main et obligea la petite – qui me fixait comme si elle m’avait vu nu au sortir de la douche – à faire de même. Une fois à hauteur plus raisonnable pour me parler, elle cracha d’un ton furieux : « "Vous" vous fichez de moi ? ». « Absolument pas », répondis-je sur le ton le plus neutre que je connaissais. « Oh et puis après tout, je m'en fous. Le message était très clair, l'autre jour » dit-elle, regard noir à l’appui. J’avais envie de lui demander si le message était que nous n’avions pas les mêmes gouts en pâtisserie, mais je me ravisai. Cela ne ferait que l’énerver un peu plus. Peut-être, si elle avait été seule… Mais la présence de sa fille ne me permettait pas de dire ce que je voulais. Dommage.

Eva Esperanza fit un pas vers le bas du terrain, puis, se tournant vers moi, elle me détailla des pieds à la tête. J’avais récupéré mon parfait look de gentleman, à mille lieux de la tenue d’Adam qu’elle m’avait vu porter la dernière fois que nous nous étions croisés. « En fait j'avais plein de choses à dire, mais j'ai même pas envie. Alors vous m'excuserez, mais la pute-d-un-soir va s'en aller. J'ai pas envie de m'énerver un peu plus ». Elle descendit deux marches, comme si elle allait en rester. Eva ne faisait pas partie de ces gens qui savent rester dignes en toute situation. Si bien qu’elle ajouta finalement : « Allez vous faire foutre ». « Vous ne devriez pas employer un tel langage devant votre fille » lançai-je, tandis qu’elle s’éloignait.

Je ne la suivis cependant pas, et attendis qu’elle soit encore un peu plus bas, avant de dire d’une voix forte : « Je n’oublie pas que je vous en dois une ! N’hésitez pas, si vous avez besoin d’un service ». J’étais un homme de parole, dans le fond. Mais me douterais-je, à l’instant où je lançais cette phrase, qu’elle s’en servirait contre moi pour intégrer mon établissement en tant que professeur de musique ?! Certainement pas, non. Pas une seule seconde, même !

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Eva et Maxwell

Les Cannonballs avaient perdu. Rien d’étonnant à cela, c’était le premier match de l’équipe en Championnat, et ils avaient affronté une très bonne équipe. Cela ne me faisait ni chaud ni froid, mais je feignis la tristesse. A la fin du match, alors que les joueurs regagnaient les vestiaires, je suivis les autres spectateurs et quittai les gradins.
Je dis au revoir à Mercedes et rejoignis le parking… avant de me rendre compte que j’avais oublié de saluer le Proviseur du Lycée que nous avions affronté, alors que celui-ci se trouvait lui aussi dans les gradins. Il devait d’ailleurs encore s’y trouver, attendant que ses joueurs soient prêts à remonter dans le car. Je fis donc demi-tour et regagnai le terrain. En effet, Monsieur Grant était toujours là. Je fis donc mon devoir de Proviseur et échangeai quelques paroles. Le dialogue fut interrompu par ses joueurs, à mon grand soulagement, et je le félicitai une dernière fois pour leur victoire, puis m’éloignai.

En partant, cependant, je jetai un coup d’œil vers les gradins. Une lueur rouge sous un rayon de soleil attira mon regard. Eva Esperanza se trouvait toujours là, avec sa fille. Durant le match, je lui avais simplement adressé un signe de la main. Pourquoi ? Ne pas éveiller les soupçons ? Qui en aurait ! Comme il n’y avait presque plus personne dans les gradins, je décidai d’aller la saluer de manière plus correcte.

Nous ne nous étions plus revus, depuis cette fameuse soirée où elle avait secoué mes convictions les plus profondes. Je n’avais pas rappelé, elle non plus. Sans doute une question de fierté. Mais je n’oubliais pas que je me sentais redevable envers elle. D’ailleurs, je le lui avais indiqué sur le mot laissé avec le petit-déjeuner, quand j’étais parti. Vêtu de mon costume gris perle Ralph Lauren, ainsi que d’une chemise violette – aux couleurs de l’équipe de foot US que j’avais soutenu bien piètrement – je montai les quelques marches qui me séparaient encore de la demoiselle. Plusieurs répliques me venaient, et j’hésitai sur la manière de la saluer. Une fois à sa hauteur, je m’arrêtai et lui souris. Vu sa tête, n’importe quelle façon de la saluer l’énerverait, ce que je pouvais comprendre. Elle avait tout de même clairement manifesté son désir de me revoir… et je n’y avais pas donné suite. « Bonjour Eva, Sonata… avez-vous apprécié le match ? » lançai-je, prenant bien soin de saluer sa fille également.

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