Un ange tombé du ciel ? Non, juste Dylan. [Amaranthe]

Je n’avais pas entendu sa remarque quant au prénom de ma colocataire au moment où je l’avais appelé au téléphone pour qu’elle aille me chercher mes médicaments. Sans doute mon déficit de l’attention, ou bien ma concentration à essayer de convaincre la dite colocataire que je n’étais pas à l’agonie. Pas encore. De toute façon ce n’était pas très grave, elle ne semblait pas l’avoir remarqué non plus. Et puis moi, j’avais tout autre chose en tête, pouvoir passer un peu de temps avec elle. Même dans la douleur, le hasard fait parfois bien les choses.

Quand la demoiselle me dit alors de ne pas exagérer quand je l’avais remercié, je ne pus m’empêcher de laisser paraitre un petit sourire. Elle ‘expliquait qu’elle était affreusement têtue, et qu’elle ne m’aurait pas laissé dans cet état sans rien faire. Sans le vouloir, elle montait de plus en plus dans mon estime. Et dans mon cœur, enfin non, je veux dire, enfin… voilà, vous m’avez compris. Par contre, elle non plus n’avait pas dû faire attention quand je l’avais appelé par son prénom, car elle se présenta à moi. Bien sûr que je connaissais son prénom… ne croyez pas que je suis un pervers fou qui veut tout savoir sur sa victime… Non, c’est bien plus romantique que ça.

« Je n’exagère pas je t’assure… Bien d’autre m’auraient laissé me… débrouiller. Et moi c’est Dylan. Je suis content d’être… tombé sur toi… enfin, sans mauvais jeu de mot. »

Finissais-je avec un sourire complètement abruti sur les lèvres. Après quelques minutes, elle me posa finalement la fameuse question sur ma colocataire, de savoir si c’était bien Thalia Cabano. En effet elle la connaissait apparemment, et pour tout vous dire… cela ne m’arrangeait pas vraiment, bien que nous nous entendions un peu mieux désormais. C’était simplement étrange… Elle jouait avec le fait que je sois tétanisé par la gente féminine, et cela me mettais affreusement mal à l’aise. Wynwood était bien trop petit à mon gout…

« Si c’est elle. Tu… tu la connais aussi ? Elle est gentille mais… je crois que l’exaspère… elle me fait un peu… peur des fois. »

Mais pourquoi je lui raconte ça moi ? Tu m’étonne que les autres me prennent pour une vraie victime si je commence à me plaindre de la sorte. Heureusement pour moi nous étions arrivés devant le bâtiment de notre confrérie, la porte était restée ouverte. Maintenant que j’étais tombé de toute façon, c’était un peu tard pour se réjouir mais c’était toujours ça de pris. Amaranthe me proposa alors d’aller s’assoir quelque part, pour que je ne reste pas debout trop longtemps. Nouveau sourire, nouveau rougissement, parce qu’elle prenait soin de moi, sans pour autant me connaitre.

« Nan, elle ne m’a… pas dit. Allons dehors, j’ai… besoin d’un peu d’air. »

Et puis au moins on la verrait arriver quand elle reviendrait de la pharmacie. Une fois dans le jardin, je m’asseyais doucement sur le banc, faisant bien attention à mon dos et ses égratignures. Je parcourais du regard les alentours, et tombait sur des bouteilles d’oxygène et une combinaison de plongée posé à la va vite contre le mur. Sans doute ce qu’elle n’as pas eu le temps de ranger après m’avoir vu chuté

« C’est… à toi tout ça ? »

Les femmes sont compliquées. Si compliqués qu’en temps normal j’essaye de rester loin d’elles. Je n’ai jamais franchement essayé de les comprendre. A quoi bon ? A part attraper un bon mal de crâne. Je ne suis pas doué en relation humaines, pas vraiment. Je suis ce qu’on peut appeler un handicapé social. Mais cette fille-là, n’est pas toute les filles, je le sais, je le sens. Elle me proposait son aide le plus simplement du monde, elle était comme je l’avais imaginé la première fois que je l’ai vu, pleine de caractère avec une douceur à n’en pas douter.

Mais j’avais beau lui expliquer que l’idée de l’infirmerie ne m’enchantais pas, que je n’aimais pas ce genre d’endroit, elle ne semblait pas être sur la même longueur d’onde que moi. Elle me dit s’inquiéter, à cause de l’expression de mon visage, que j’essaye de détendre aussitôt pour feinter la chose. Mais pensez-vous. Elle tente de me rassurer en m’expliquant ce que l’infirmière fera. Cela marchait plus ou moins, jusqu'à ce qu’elle m’émette l’hypothèse d’un os fracturé, je frissonne au mot « hôpital ». Si vraiment c’est la dernière chose à faire, je crois que je pourrais me mettre à pleurer, pour de vrai. Dans le genre viril, on a franchement vu mieux.

« Bon… Si tu y tiens… Mais tu verras bien que je n’ai… -aïe- rien… »

La demoiselle passe son bras autour de mon épaule pour m’aider à marcher, et le mien s’accroche à son tee-shirt autour de sa taille, pour ne pas la poser sur elle directement, je ne veux pas paraitre déplacé, le genre de mec qui en profiterait. Mon dos est toujours douloureux mais je sais déjà que ce n’est que le choc. Demain je ne sentirais plus rien. Sur le chemin de l’infirmerie je n’ose rien dire, c’est la jeune fille qui brise ce silence gênant en me disant qu’elle pense que je la déteste, mais qu’après tout ça, je l’oublierais certainement et que tout reprendra son cours normal. Comment te dire ?...

« Je… je ne te déteste pas… Amaranthe. » Bien au contraire. « Et je n’oubli… Merci de m’aider. » Je ne t’oublierais pas.

Mon cœur s’accélère, et ça, je peux vous dire que ce n’est pas à cause de ma chute. Je baisse la tête pour cacher mes joues qui commencent à prendre une teinte bien plus rosé qu’à la normale. Heureusement, je vois le bâtiment de l’infirmerie au loin qui chasse toutes mes pensées du monde des bisounours. L’infirmière nous pris tout de suite, et Amaranthe pris les rênes pour expliquer mon état. Une chute en Skate ? J’ouvrais les yeux bien grands suite à ses mots. Elle était en train de mentir pour moi, certainement pour me protéger d’éventuels sermons, et cet idée laissait paraitre un sourire timide sur mon visage. Pendant l’examen, j’avais insisté pour que La jeune Khi reste avec moi, cela me rassurais d’avoir sa présence. Et après quelques indications, désinfections et autre, nous étions libre, ordonnance médicamenteuse à la main.

Elle m’impressionnait. Elle avait l’air de savoir ce qu’elle faisait, où elle allait, et surtout ce qu’elle voulait. Une confiance en soi que moi je n’avais jamais eu. M’emmener ici malgré mes simagrées, me rassurer, prendre ma défense, et enfin rester avec moi jusqu’au bout. Je crois que l’on n’a jamais été aussi gentil avec moi. Une fois dehors, elle me proposa de me raccompagner au bâtiment, et d’aller à la pharmacie pour moi, ou bien d’appeler un de mes amis pour qu’il vienne me chercher. Déception. Je ne voulais pas la quitter. Je voulais pouvoir faire plus ample connaissance. Et je ne voulais pas la déranger plus à cause de ma fabuleuse cascade.

«Je crois que tu… en a assez fait pour… moi. Rentrons à l’internat. Je… je vais appeler ma… ma colocataire pour les médicaments. »

Et avant qu’elle ne puisse me dire ce que je craignais entendre, comme par exemple que ca ne la dérangeais pas ou quelque chose dans le genre, je sortais mon téléphone de ma poche rapidement et appelais ma dite colocataire. « Thalia ? Como esta ? … Tu… tu pourrais aller me chercher… des antidouleurs… Non rien de grave… Gracias chica. » Et je raccrochait immédiatement, elle avait accepté, non sans vouloir savoir ce qui s’était passé. Elle est curieuse que voulez-vous. Enfin voilà qui était réglé. Je faisais signe à ma nouvelle amie que nous pouvions rentrer tranquillement, sur la route je boitais un peu.

« Je sais… pas trop comment… te remercier. Tu es vraiment sympa. » Et je n’en doutais pas une seconde.

Je restais là, assis par terre, avec cette fille magnifique juste au-dessus de moi. Je crois même que j’ai un sourire complètement idiot accroché aux lèvres, malgré mes côtes encore un peu douloureuse à chaque inspirations. Pendant un court instant je me demandais même si je n’avais pas rêvé. Mais non, c’était impossible. Cette fille était bien là, à mes côtés, et m’adressais la parole, à moi, celui qu’on brimait, qui était cible de moquerie toutes aussi farfelues les unes que les autres, celui qu’on prenait pour un homo, et puis finalement qui faisait croire à tout le monde qu’il sortait avec Lexi. Oui, à moi. C’était genre un putain de hasard qui faisait bien les choses finalement.

J’écoutais la demoiselle me demander si j’allais bien, si je ne mettais pas fait mal et si je pouvais me lever. Aussitôt, je tâtais mes épaules, mes bras, non, je n’avais l’air d’avoir rien de cassé. Et puis, le choc avais été sur mon dos. Si j’avais tenté de me retenir, avec mes bras, ou mes jambes, pour sûr, je me serais sans doute fait très mal, et je ne me voyais pas devoir être plâtré ou quelque chose dans le genre, et donc être obligé de demander de l’aide à qui que ce soit pour les petites choses de tous les jours. Je relève ma tête, sans directement la regarder dans les yeux, pour la rassurer.

« Non… Je crois que je vais bien. Enfin… tu vois ce que je veux dire… »

Je n’avais pas réellement fait attention à ce qu’elle m’avait dit. Mon trouble de l’attention ne voulait visiblement pas me lâcher, même dans un moment comme celui-ci. Je n’avais donc pas essayé de me lever. La jeune fille continua, m’expliquant que c’était complétement fou ce que je venais de tenter. ‘Mais je suis fou…’ Je baissais la tête, comme un enfant qu’on venait d’engueuler après avoir fait une grosse bêtise. Elle me dit aussi qu’elle a eu peur. Mon regard se pose dans le sien. Vraiment ? Elle… elle a eu peur pour moi ? Je crois qu’au fond, cela me fait presque plaisir… parce que je ne suis peut-être pas rien à ses yeux. Et ce petit accent français, est totalement craquant.

Elle se relève, et me demande d’attraper sa main pour m’aider à me mettre debout, sans quoi, elle m’emmènerait à l’infirmerie. Ce mot, me fait comme un vite dans le ventre. Un endroit que je déteste. Je crois que je suis un peu hypocondriaque dans l’âme. Je place l’une de mes mains dans celle qu’elle me tend et m’accroche, sans serrer trop fort, au risque de lui faire mal… ou je ne sais pas. Tant bien que mal je me mets sur les deux pieds, et une vive douleur dans le dos, au niveau des côtes me fait grimacer. Je me sens obligé de me justifier, pour pouvoir échapper à ce qu’elle m’a dit.

« Merci… Et heu… C’est… c’est rien. Le choc surement… » Je passais une main dans mon dos, pour masser l’endroit, pendant quelques secondes. « S’il te plait… ne m’emmène pas à l’infirmerie. J’aime pas ça… »

Encore une fois comme un enfant. A qui on viendrait annoncer un rendez-vous chez le dentiste. Je ne dis pas que j’irais jusqu’à me rouler par terre, et taper du poing en pleurant pour y échapper hein… tout de même, ma fierté, aussi faible soit-elle, j’y tiens. Je restais planté là, devant elle, espérant qu’elle me prenne en pitié, et tienne compte de ce que je venais de lui dire. Je trifouillais la manche de ma veste, déchirée jusqu’au coude.

19h34. Le soleil commence à se coucher. Il est temps de rentrer à l’internat, et de retrouver ma très chère colocataire aussi bordélique, énervante, capricieuse et j’en passe soit-elle. Je crois qu’elle le fait exprès, je veux dire, d’être comme ça avec moi. Elle en joue et amplifie ses petits defaults pour me faire craquer. Je crois qu’elle m’a vite cerné… un peu trop vite à mon goût. Mais je dois passer l’année entière en cohabitation avec elle, alors autant que cela se passe bien non ? Donc je me contente de ne pas croiser son regard, je préfère rester impassible devant elle, derrière le paravent que j’ai installé entre nos deux parties respectives de la chambre.

Je me dirigeais donc lentement vers mon bâtiment, celui des Khi, et une fois devant la grande porte principale, à mon grand étonnement, je m’apercevais que celle-ci était fermée. Etrange, je cherchais donc mes clefs à l’intérieur de mon sac fétiche, qui ne me quittait jamais, mes mains parcouraient le fond, entre les nombreux bouquins, gel pour les mains, agenda, et autres, mais pas de clefs. Où est-ce que j’ai bien pu les mettre celles-là encore ? Le temps de retourner mon sac en entier, je décidais donc d’appeler ma colocataire pour qu’elle puisse m’ouvrir, mais je tombais directement sur son répondeur. Deux fois. Sans laisser de messages, je raccrochais. Il fallait que je trouve un moyen d’entrer si je ne voulais pas passer ma nuit dehors.

Et la seule chose, complètement débile, soit dit en passant, que j’eue trouvé à faire, c’était de faire le tour du bâtiment, jusqu’au palissades. Vous voyez où je veux en venir ? Je levais la tête pour voir jusqu’où elles montaient, un peu trop haute pour moi si vous voulez mon avis. Mais je veux pouvoir entrer, je n’ai pas trop le choix. Sans savoir si quelqu’un se trouvait dans le jardin de la confrérie, je balançais mon sac de l’autre côté, que j’entendais s’écraser deux secondes plus tard. Et aussitôt c’était moi, qui tentais de grimper, comme un voleur. Faire le mur ne me ressemble pas, et encore moins pour rentrer chez moi mais quand on a pas d’autres moyens…

Une fois en haut, à califourchon sur la palissade, je ne regardais pas plus loin que le bout de mon nez. Froussard comme je suis, je ne préfère même pas regarder en bas. C’est simplement maintenant que je me demande ce qu’il m’a pris, mais bon, je ne vais pas rester coincé ici maintenant que j’y suis… Je ferme les yeux, et passe mes deux jambes de l’autre côté. Et comme c’était prévisible, une violente crampe me frappe au bras, par reflexe je lâche prise, tout se passe très vite, je me sens tomber, et ma manche reste coincé en haut. C’est dans un bruit de déchirement affreux que je devine avoir déchiré ma veste. Impact dans 3. 2. 1. Boom !

J’ai littéralement fait un plat sur le dos. Me coupant la respiration par la même occasion. Mes yeux sont toujours fermés, je ne me relève pas tout de suite. J’ai un don incroyable pour me mettre dans des situations ridicules et gênantes. Après un bref instant, je rouvre mes yeux, et tombe face à face avec une jeune fille … comment vous la décrire ? Elle n’est pas simplement jolie, elle est absolument craquante. Amaranthe… J’arrive à retenir son prénom, car elle est de ma confrérie, et que depuis le premier jour où je l’ai vu… je me sens tout bizarre. Mais je doute qu'elle ai déjà posé le regard sur moi, ne serais-ce qu'une fois. Je me redresse aussitôt, restant assis à terre. Etait-elle là avant que je ne saute ? Avait-elle vu toute la scène ?

« Heu… Sa… Salut. ! » Dis-je avec le plus grand sourire que je pouvais faire. « Je… J’avais pas mes… clefs. Et donc… heu, bah…voilà. »

Dis-je en montrant l’endroit duquel je venais d’atterrir. Je perds un peu mes moyens, je me justifie pour quelque chose qu’elle peut-être même pas vu. Du grand Dylan. Calme-toi mon pote.