TERMINÉ-Que faire avec une fille saoule ? (feat Ashlyn)

La canadienne était bien dans ses escaliers et elle n’avait absolument pas envie d’en bouger, au contraire. De toute manière, même si elle l’avait voulu, elle aurait été bien incapable d’aligner deux pas sans se rétamer. Elle n’avait absolument plus envie de bouger et était devenue un véritable poids mort.

Lorsque Neil lui demanda de lui montrer le chemin, elle fit non de la tête. Il n’avait pas dit le mot magique et il n’aurait donc pas de réponse. Un minimum de politesse n’avait jamais tué personne. La blondinette avait réussi à énerver Neil mais elle n’allait pas s’arrêter là, surtout qu’en plus, elle ne le faisait pas exprès pour le moment. Il s’approcha d’elle, l’air vraiment fatigué et désespéré par la résistance passive d’Ashlyn. Tout ce qu’il voulait en réalité, c’était se débarrasser d’elle.

« Comment ça pour en finir ? Tu veux me tuer ? Tu me supportes pas, avoues ! Alors tu vas me laisser tranquille et puis c’est tout. Sinon je crie. »

Elle le regarda dans les yeux et le trouva un peu trop proche d’elle. A cette distance, elle pouvait même lui mettre un coup de tête si elle voulait mais elle se contenta de lui mettre une pichenette sur le nez.

« Allez, zou ! Il est que onze heure, il est encore tôt, la vie nous appartient et la nuit aussi!»

D’ailleurs, puisque la nuit était totalement à leur disposition, la jeune fille n’avait à présent qu’une seule envie, s’installer devant la télé et ne plus en bouger, où alors, aller dans le jardin pour respirer, enfin une fois que cette horrible migraine serait partie. Depuis quand elle était là d’ailleurs elle ? L’adolescente posa ses mains sur son front et se replia sur elle-même. Elle en avait assez. Son humeur ne cessait de changer d’une seconde à l’autre mais à présent, elle était désemparée. Elle ne comprenait pas pourquoi elle agissait ainsi, pourquoi elle était tombée aussi bas à cause de simples remarques. Le mal du pays n’était qu’un prétexte mais en réalité, son malaise était bien plus profond, plus intense également.

« Je veux juste être toute seule… si tu me ramènes, tu me laisseras tranquille hein ? »

Même si elle remontait, elle pourrait toujours descendre plus tard. Le rho Kappa n’allait certainement pas la lâcher maintenant, mais rien ne l’empêcherait de filer ensuite. Il n’allait tout de même pas rester avec toute la nuit, après tout, il l’avait dit lui-même, il était fatigué.

La jeune femme sentait au fur et à mesures la fatigue s'appuyer avec plus de forces sur ses épaules. La lassitude l'enveloppait dans un doux cocon qui ne semblait désirer qu'une chose, qu'elle reste prisonnière de ce dernier. Pourtant, la canadienne luttait, elle se savait déjà dans un état déplorable et elle ne voulait pas non plus aller plus loin, elle s'était suffisamment ridiculisée ainsi.

Les rues étaient presque désertes. Soit il était tard soit ils étaient passés par des coins peu fréquentés et fréquentables. Elle ne savait pas quoi penser, elle n'avait même pas la force de réfléchir à tout cela en réalité, elle n'était absolument pas motivée pour cela. La seule chose qui occupait son esprit était : « Ne laisses pas tomber. Accroche toi. Arrêtes de trébucher. Concentre toi. »

Des ordres qu'elle se donnait à elle même et qui lui permettaient de ne pas se rétamer. A chacun de ses pas hésitants, la jeune blonde ne manquait pas de vaciller et d'éclater de rire. Elle ne parvenait même pas à compter le nombre de fois où elle aurait ou se retrouver au sol si elle n'avait pas été aidée parle beau brun.

Le chemin jusqu'au lycée ne se fit pas sans encombres et lorsqu'ils arrivèrent tout deux, ils semblaient bien soulagés aussi bien lui qu'elle. La jeune femme ne se sentait pas réellement rassurée en étant dans le bâtiment de sa confrérie mais il constituait tout de même et en quelques sortes un abri temporaire. La jeune femme quitta gentiment l'aide de son acolyte avant de s'installer dans les escalier, s'asseyant sur les marche set posant sa tête contre la rambarde. Elle était bien à présent et elle pourrait dans problèmes dormir ici. Dormir pour oublier les événements récents et l'état plus que minable dans lequel elle venait de se mettre.

« Pas besoin d'aller plus loin. J'suis très bien ici. Merci de ton aide... Bonne nuit. »

La blonde ne semblait plus vouloir bouger et elle n'était en effet pas prête pour faire ne serait ce qu'un pas vers sa chambre. Elle avait purement et simplement décidé de dormir ici, que cela plaise à Neil ou pas. Gare à lui s'il décidait d'aller à l'encontre du point de vue de la sportive car sous l'emprise de l'alcool, elle pouvait se montrer bien plus agressive et violente qu'en temps normal.

Oui, elle avait mal, elle était blessée mais à l'intérieur. Elle ne pouvait rien faire, rien du tout et elle essayait de l'assumer. Assumer était un bien grand mot, en réalité, elle craquait tout simplement, elle se savait et se sentait incapable de surmonter ce qui la rongeait de l'intérieur et pourtant, elle refusait d'en parler. Elle savait que si elle commençait à ouvrir le barrage qui bloquait ses secrets enfouis au plus profond d'elle, jamais elle ne pourrait le refermer et elle ne pouvait pas de le permettre.

Neil se montrait rassurant avec elle, comme le serait un frère avec elle, peut-être que finalement la canadienne pouvait lui laisser une chance pour lui montrer qu'il n'était pas comme les autres et que son intuition sur lui était fausse.

Tout allait bien lui disait il et elle aurait même pu en rire si elle n'était pas aussi bas en ce moment même. Il allait la ramener au lycée, c'était exactement ce qu'elle ne voulait pas. Si elle pouvait marcher, elle se le demandait elle même, mais elle ne pouvait pas lui dire qu'elle en était incapable. Le jeune homme avait des achats à ramener et il ne pourrait certainement pas s'occuper d'elle en plus de ses emplettes alors c'était à elle d'assumer. Elle s'était mise dans cet état, c'était donc à elle de marcher à présent.

« Oui. Je peux... Marcher. Tu me rattrapes si je tombe hein?»

Elle le regarda dans les yeux, le regard suppliant et implorant. Tout ce qu'elle voulait à présent c'était qu'il la soutienne. Une fois arrivée à bon port elle se débrouillerait même en rampant s'il le fallait mais elle finirait par se débrouiller seule. Ou alors à dormir dans les couloirs de sa confrérie, au choix.

Elle recula d'un pas, se concentrant pour garder l'équilibre. Elle avait chaud, trop chaud et elle entreprit de retirer sa veste, se retrouvant en débardeur dans le métro. C'était tout à fait logique, surtout vu la température de se mettre en débardeur alors que bon nombre de passants étaient emmitouflés sous leurs pulls et leurs écharpes, oui, c'était tout à fait normal.

« Il fait ... chaud tu trouves pas ? Enfin ... On y va?

Devant tant de belles paroles, la jeune fille n’avait qu’une envie, rire. Qu’est ce qu’il en avait à faire d’elle après tout ? Strictement rien ? Tout ce qui l’intéressait c’était faire une bonne action très certainement. Mais elle ne serait pas son objet de satisfaction et s’il voulait se donner bonne conscience, il n’allait pas devoir compter sur elle.

« Appelle un de tes potes si tu veux pas que je sois seule… Plutôt sexy de préférence » gloussa t’elle. Ce qu’elle se trouvait amusante ce soir-là dis-donc. Elle regarda dans les yeux son frère de confrérie avant de se lever, se rendant compte qu’elle venait de lui obéir par la même occasion. En plus de lui avoir obéit, sa nausée la reprenait de plus belle, elle aurait pu rester debout si elle n'avait pas en plus trébuché sur un sac de Neil, perdant l'équilibre, la forçant à prendre appui sur lui pour ne pas tomber.

Elle avait l’impression que tout le monde la regardait, que tout le monde se moquait d’elle et l’observait comme une bête de foire. Elle avait l’impression d’être nue devant eux et elle ne le supportait pas. Restant accrochée au Rho Kappa,elle passa maladroitement ses bras autour de son cou et y nicha également sa tête, commençant à pleurer sans pouvoir se retenir.

Dans un moment de lucidité, à moins que cela ne soit un caprice, elle lui quémanda alors une seule et unique chose.

« Ramène moi à la maison… s’il te plaît, ramène moi chez moi.. »

C’était tout ce qu’elle voulait, rentrer chez elle et tout oublier, faire comme si rien ne s’était passé, effacer le passé pour le réécrire comme elle le désirait. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était retourner au Canada, chez elle réellement. Elle doutait cependant que Neil comprenne cela, tout ce qu’il allait faire, c’était la ramener au lycée, elle le savait mais c’était peut-être la meilleure chose à faire pour le moment en tout cas. Elle allait devoir lui faire confiance mais une chose était sûre et certaine, la prochaine fois, elle ne boirait pas avant de fuir.

Après être partie du refuge, Ashlyn avait le cœur en miettes, elle était tout simplement effondrée. Le fait que son poulain ne la reconnaisse plus la détruisait déjà mais les remarques de cette Anaeli ne l’avaient pas aidées, bien au contraires, elles avaient achevées la belle blonde. Mise face à son incompétence et à ses problèmes, elle n’avait pas pu s’en sortir et tout ce qu’elle avait décidé de faire, c’était partir. Mais elle ne comptait pas partir juste du refuge, mais tout simplement de la ville. Au diable les cours, le lycée, la sortie d’Halloween et tout le reste, au diable tout cela.

Lorsqu’elle arriva en centre-ville à 20 heure, elle passa devant un magasin et s’y engouffra. Elle savait pertinemment que boire ne lui ferait pas oublier tout cela, que rien ne s’arrangerait et qu’au contraire, elle allait payer le prix fort après cela. Cependant, pour le moment, la seule chose qu’elle désirait, c’était boire, boire et ne penser à plus rien d’autre.

Se procurer de l’alcool n’était pas réellement difficile pour une fille comme elle, elle parvenait toujours, en un quart d’heure grand maximum à soudoyer des personnes pour qu’elles lui achètent de l’alcool. Quand elle pensait qu’au Canada, elle n’était qu’à une année de la majorité mais qu’ici, elle allait devoir attendre deux ans de plus. Foutus pays de merde.

Une fois sa bouteille obtenue, l’adolescente se rendit dans les toilettes du magasin et vida sa bouteille d’un demi-litre d’eau dans le lavabo, remplissant cette dernière avec de l’alcool et laissant ce qui restait de la bouteille dans la poubelle. Une fois dehors, elle déambula dans les rues de la ville, buvant de temps à autre, avant de décider de se rendre dans une station de métro pour commencer à s’éloigner de cette ville de malheur. Elle s’installa sur un banc, le long de la rame et sortit sa bouteille, pour la terminer. A présent, elle attendait le métro, sans savoir en réalité si elle était au bon endroit. Les sens embués, elle se sentait moins oppressée, moins ennuyée par tous ses problèmes qui lui couraient après. Elle n’oubliait pas mais elle se sentait presque mieux en réalité.

Finalement, lorsque le métro arriva, elle se leva rapidement, prête à monter dedans quand elle sentit le sol bouger sous ses pieds, en fait, ce n’était pas que le sol, tout tournait autour d’elle et elle vacilla avant de retomber sur le banc juste derrière elle. La canadienne se plia en deux, respirant par la bouche pour tenter de calmer les battements de son cœur qui s’emballaient. Il y avait trop de bruit, trop d’agitation, elle se sentait mal, tellement mal et elle ne voulait qu’une chose, que tout se calme sinon elle n’allait jamais tenir.

Tout se calma finalement et quelqu’un prit même la peine de lui parler. Elle aurait bien aimé ignorer cette personne sauf qu’elle réagit instinctivement à son prénom, relevant encore une fois la tête trop vite. Fermant les yeux, elle pencha la tête en arrière, respirant profondément, tout en espérant que les choses se calment. Parmi toutes les personnes de cette ville, s’il y avait bien des gens qu’elle ne voulait pas voir, Neil en faisait partie. Elle ne savait même pas où elle en était avec lui mais elle avait énormément de mal à lui faire confiance, alors être là avec lui, c’était hors de question.

« Quoi ? Fous moi la paix bordel. J’veux être seule c’est possible ? »

Le simple fait de parler lui soulevait le cœur, son corps semblait lutter contre cette quantité d’alcool qu’il n’était pas habitué à recevoir et il était fort probable que finalement, ce soit ce dernier qui l’emporte.