J'ai des choses à te dire. [Standford family]

Pendant que je préparais le gâteau chocolaté, j’entendais mon frère étouffer ce trop-plein de bouffe engloutie en quelques minutes. C’est dingue ce qu’il peut manger ce garçon ! On en est même à la limite de devoir faire des courses tous les deux jours. Et de mon côté je désespère presque quand je vois ma meilleure amie la balance m’indiquer mes kilos qui grimpent aussi vite que l’éclair –au chocolat-. Pas que je suis une de ces filles à moitié anorexique ou boulimique hein. Juste une fille, tout court. De toute façon à quoi bon s’en faire alors que je n’ai aucune volonté sportive ? Je lâche un petit :

« Tu crois que j’tai pas entendu gros dégueu ? »

Alors que je fais exactement la même chose de temps en temps. En réalité je m’en fous complètement, il pourrait même peter au lit ou devant la télévision que cela ne me ferais ni chaud ni froid. C’est juste histoire de lui témoigner tout mon amour, à ma manière. Quoi qu’il en soit juste avant de s’emparer d’une grosse bouchée de dessert italien, mon frangin m’émet l’hypothèse des parents, je lève les bras en « V », signe de victoire, par contre, il semble n’avoir aucune idée sur la troisième personne. Patience, je sais exactement comment tourner ça.

« Bingo ! Tu as su lire la joie extrèèème que je porte en moi ! J’crois que maman s’est fait un lifting elle est genre comme ça.» Je tire mon visage exagérément avec mes mains de chaque côté en louchant.

Tout en finissant par mettre un de mes doigts dans ma bouche pour imiter l’action vomitive. J’attrape à mon tour une cuillère, et suis mon frère dans son action d’économie de vaisselle. Et même si j’essayais de rendre cette annonce plus… sympathique ? Attractive ? Cela ne semblait marcher guère, je voyais bien l’expression du visage de Nate, inquiétude sans doute. D’ailleurs ce dernier, entre deux cuillerées, me demanda ce qu’ils m’avaient dit. Je posais ma cuillère, pour boire un verre et en reculant sur ma chaise je reprenais ma respiration.

« Alors maman était genre ‘Darliiiiing ça fait loooongtemps !’ » Dis-je avec une voix de craisselle. « Et papa genre ‘qu’est-ce que tu fous là toi ?!' » En optant pour une voix d’ours grognon. « Après le vieux m’a fait un putain de sermon à cause d’une rumeur, comme quoi j’étais une putain de honte et que j’avais pas à refaire surface comme ça. » ça fait beaucoup de putain, je sais. « Du coup j’me suis mise en colère, j’lui ai balancé ma cicatrice en pleine gueule en leur reprochant pleins de trucs, pour finir il a tenté de me gifler mais maman est intervenue avec l’oncle Bird. »

En gros c’était ça. Je ne suis pas sure que de dire à mon frère que notre père ai tenté de m’en coller une, mais bon, je ne suis pas du genre à lui cacher des choses. Je me relevais pour débarrasser les plats que nous avions finis, histoire de faire plus de place. J’attrapais mon paquet de cigarette et mon briquet posé sur le plan de travail, sans pour autant l’ouvrir. Je ne fume pas à l’intérieur. Je fais le tour du bar, me place derrière Nate et passe mes deux bras autour de ses épaules, tout en y déposant ma tête.

« Et du coup j’me suis barrée direct à notre cabane… aveec ? Edward ! D’ailleurs il était déçu que tu ne sois pas là.»

Voilà, trois personnes, le compte était bon. Je ne le quittais pas des yeux, je voulais voir sa réaction. Tout comme la mienne quand j’avais revu Eddie, quand nous avions ouvert notre repère, maintenant si… poussiéreux. Ça m’avait fait l’effet d’une grosse claque de souvenirs. De très bons souvenirs. Les seuls un tant soit peu de mon enfance.

Une fois la table, du moins le bar, entièrement préparé, nous pouvions enfin commencer à manger. C’était une chose que nous avions toujours respecté entre nous. Nous attendre l’un l’autre, au lieu de se jeter sur la bouffe comme des affamés. Quoi que l’envie de le faire, parfois, ne me manquait pas. J’ouvrais l’aluminium de mon plat et humait la bonne odeur de crème et de lardons. L’eau me vint toute seule à la bouche. Je me penchais un peu pour observer de plus près la pizza de mon frère en grimaçant. Je ne sais pas pourquoi, mais cette double portion de fromage ne me tentait pas. Lui, dévorait des yeux mon plat. « N’y pense même pas chouchou. Bon ap’ ! »

C’est la bouche pleine, que l’on revint au sujet phrase de la soirée. Du moins le premier. En effet je ne perdais pas le moins du monde le nord. Je lui adressais mon plan grand sourire, après avoir pris le soin d’avaler ma bouché de pâtes. Puis il enchaina, m’informant qu’il ne se l’était même pas faite. Je ravisais un ‘tu m’en vois ravie’. Parce qu’imaginer ma prof et mon frère, la chair de ma chair, le sang de mon sang, le seul être sur terre pour qui je serais capable de faire n’importe quoi c’était juste… et puis on est à table quoi! Je relevais mes yeux dans les siens, qu’il puisse continuer sa phrase. C’était autre chose, et après avoir plaisanté sur ma moyenne il me dit qu’il l’évitait ces derniers jours.

« Si tu me dit que c’est de l’amour, je crois que je vais vomir. » Dis-je en tirant la langue. « Ha ouais ? Pourquoi ? Enfin non… J’crois que ce truc, avec elle… J’suis pas sure de vouloir savoir finalement, c’est genre ultra glauque, là tout d’suite. Sauf si tu as besoin de m’en parler, je serais touuute ouïe ! »

Je lui adressais un clin d’œil complice avant de retourner plonger la tête dans mon assiette. Moi qui voulais tout savoir, on dirait bien que je retournais ma veste. Peut-être, au fond, avais-je peur de tout ça. Qu’il soit amoureux, que cette femme me le vole, et le tout sous mes yeux. Je n’en sais rien…L'amour est un bien trop grand mot, contrairement à toute ses filles, qui ne sont au final que les pions de son échiquier. Une fois terminé mon plat, Avec une classe extrême je déboutonnais mon jean, pour mieux respirer. Et poussait le reste de mon assiette vers Nate pour qu’il puisse finir s’il voulait. Dieu ce que c’était lourd les plats italiens. Mon téléphone bipa une fois. Notification Facebook d’Edward Bird. Je laisse apparaitre un sourire sur mon visage. Ce qui me fait rappeler que…

« J’change de conversation tout d’un coup mais… tu t’souviens de la soirée chez les Bird’s ? Celle où tu as dû partir en urgence. Tu devineras jamais qui j’ai revu. Allez, j’te donne un indice : 3 personnes en tout. T’aurais dû rester t’a raté un sacré truc frérot. »

Malgré moi, le rire qui sortait de ma gorge était un peu amer. Ce qui avais dû me trahir, ou pas d’ailleurs. Je me levais de mon tabouret pour sortir le dessert que j’avais acheté plus tôt dans la journée. Un tiramisu bien entendu. Il reste toujours de la place pour le dessert. Je l’apportais à table en le secouant doucement, pour ne pas le faire tomber, comme une surprise.

► C’est qu’elle le connaissait bien, la Kiki ! Elle comprit immédiatement qu’il y avait anguille sous roche même si, dans le fond, Nate ne s’était pas « fait » sa prof, comme elle venait de le lui dire. Non, c’était autre chose… c’était pire ! Nathan ouvrit la bouche pour protester quand la sonnette de l’appartement résonna. Sauvé par le gong ?
Oui, mais c’était sans compter sur l’envie qu’avait Kiki de taquiner son grand frère ! La petite blonde bondit hors du canapé et se dirigea vers la porte pour aller ouvrir, non sans avoir au passage lancé à son frangin : « Ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça mon chou ! Je veux tout savoir ! Ma prof quoi… ». Celui-ci s’enfonça un peu dans le canapé et répliqua tout de même, avant que Kay’ n’ouvre la porte : « C’est pas du tout c’que tu crois ! ». Son ton était bougon, mais il était évident que ça ne durerait pas. Pas avec sa sœur dans la même pièce, en tout cas. Il l’aimait trop pour ne serait que faire semblant de lui bouder dessus plus d’une minute.

Pendant que sa petite sœur réglait la note – avec l’argent des vieux – et récupérait leurs plats, Nate se dirigea vers l’endroit où ils avaient installé une armoire à provisions, dans le couloir. Il s’empara d’une bouteille de coca, comme il n’y en avait plus dans le frigo, et rejoint Standford Junior au bar. Le blond s’installa sur un tabouret et ouvrit sa boîte contenant une pizza jambon et double portion de fromage. Il l’inspecta et trouva qu’il lui manquait quelque chose. Le blond se releva, enfonça sa tête dans le frigo et en sortir un œuf, qu’il craqua au-dessus de sa pizza bien chaude. Parfait ! « Bon appétit, chipie ! » fit-il, souriant, tout en éclatant le jaune pour qu’il se répande sur toute la surface de son plat. En face de lui, sa sœur découvrait un plat de tagliatelles qui avaient l’air pas mal bonnes. Il lui en chiperait quand il aurait terminé de dévorer sa pizza. Comme il mangeait très vite, les pâtes n’auraient peut-être même pas le temps de refroidir.

Nate venait de mordre dans un quartier de sa plat italien que sa sœur glissa discrètement, en référence à leur précédent sujet de conversation : « Remarque, si ça peut m’apporter un traitement de faveur pour les notes… ». Le blond releva la tête et, la bouche pleine, répondit : « Tu ‘erds ‘as l’nord ‘oi ! ». Le peintre avala ce qu’il avait en bouche pour finir sa réponse correctement. « Et tu vas rire… mais j’me la suis même pas fait, Kimberly. C’est… autre chose, avec elle. Enfin, j’crois que si j’lui demande elle remontera ta moyenne, mais compte quand même pas trop là-dessus, je l’évite un peu en ce moment » ajouta le blondinet, avant de fourrer une nouvelle part de pizza dans sa bouche et de la broyer avidement. Comment ne s’était-il pas rendu compte plus tôt qu’il mourrait de faim, nom de Dieu ?!

Premier petit tracas de la semaine balancé. Je n’en suis pas encore au stade du soulagement, mais cela ne saurais tarder non ? Ou peut-être pas. Il n’y a pas que ma prof qui me tracasse. Et tout dépend de ce que mon frère me racontera, tout dépend de qui est en réalité cette femme et ses intentions envers moi. Savoir si cette femme m’avais pris en grippe, ce que je ne pensais pas, elle était bien trop mielleuse pour ça, savoir si elle allait faire de mon année un enfer, ou encore si c’était bel et bien Nate qui lui avais parlé de moi, tentant d’arranger les choses au niveau scolaire. Peut-être, sans le vouloir, et sans le savoir, l’avais-je déçu d’une quelconque façon.

Ne lâchant pas ses mains, et continuant à passer mes doigts sur les siens, je regardais attentivement son visage, et l’expression étrange qui commençait à se former à l’écoute du nom de ma prof. Au fur et à mesure, son visage tournais cramoisi, j’ai rarement vu mon frère embarrassé de la sorte, a part quand je le surprenais au lit avec une fille de passage sans le faire exprès quand nous étions encore chez nos parents, ou quand il fallait m’expliquer les choses de la vie, explications que nos vieux n’ont ‘pas eu le temps’ de me donner. Si un jour, je dis bien un jour, lointain, il venait à devenir père à son tour, ce serais sans doute le meilleur que je connaisse.

Quoi qu’il en soit, Naty après une longue hésitation, ou je ne sais pas quoi, peut-être de la gêne, parce que peut-être que je n’aurais jamais dû être au courant de cet entretien, m’affirma bien qu’ils se connaissaient. Et tout d’un coup il se mettait à me poser pleins de questions, si je souhaitais qu’elle me laisse tranquille, s’il elle m’emmerdait, ou encore me demander ce qu’il pouvait faire pour moi. En réalité je n’en savais strictement rien. Mais cette histoire m’avait tracassée. C’est comme ça, quand on parle de mon frère, je m’inquiète. Et lui semblait aussi paniqué que moi. Mais attendez, cette réaction là… je ne la connais que trop bien… c’était comme si… NON !

« Attend… C’est pas vrai ! Nate tu te fais ma prof’ ?! Haaa putain j’en r’vient pas ! »

Ignorant ses questions, j’avais lâché ses mains, écarquillé mes yeux en grand, et ne put m’empêcher de prendre un air à la fois étonné et outré. L’idée m’était déjà venu en tête lors de mon entretien, mais tout me laisser à penser, maintenant, que j’avais raison. « Driiing » La sonnette de l’appartement retenti, c’est certainement le livreur. Mon frère devait entendre cela comme le gong qui venait le sauvait. Je bondissais du canapé pour rejoindre la porte, ne quittant pas des yeux celui-ci, un sourire aux lèvres, malicieux.

« Ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça mon chou ! Je veux tout savoir ! Ma prof quoi … »

La commande réglée, les plats chauds en main, et le livreur remercié, je refermais la porte, et installais le tout sur le bar ou nous avons l’habitude de manger. J’allumais une bougie, et pris place sur l’un des tabourets, attendant mon frère pour commencer. Je n’en revenais toujours pas. A moins que je ne me trompe sur toute la ligne, mais franchement, presque tout concorde. Ces deux-là avaient réagi de la même manière à l’écoute de leurs noms respectifs. Je voulais tout savoir c’était une chose mais je ne m’en mêlerais pas, aussi fusionnels que nous étions, nos vies intime n’appartenaient qu’à nous, et je ne cesserais pas de respecter ça.

« Remarque, si ça peut m’apporter un traitement de faveur pour les notes… »

Ne jamais perdre le nord. Jamais.

► Kaylee se rapprocha de son frère, sur le sofa, et prit la tête du jeune homme dans ses mains, presque maternelle. Ils avaient toujours eu cette relation un peu parent/enfant, tous les deux. Ils se protégeaient mutuellement, faisant ce que leurs propres parents avaient été incapables de réaliser en les élevant. A eux deux, ils étaient une famille entière… bien plus qu’un frère et une sœur.
Finalement, la jeune femme lâcha le peintre et lui pris les mains. « Je t’assure… C’est moi qui me suis mal exprimée. C’est pas ça du tout. Tu sais comme je peux être maladroite, excuse-moi Naty… C’est juste… Rah. J’ai pas passé de très bonnes semaines ces derniers temps, et y’a pas mal de choses qui tournent dans ma tête… » avoua-t-elle alors, presque honteuse. Nate lui releva le menton d’un doigt et plongeant ses yeux azur dans ceux de sa petite sœur. « Qu’est-ce qu’il se passe, petite grenouille ? » la questionna-t-il. L’air mystérieux de sa sœur commençait à le faire stresser plus que de raison. Il n’aimait pas ça, c’était comme un mauvais pressentiment. Il allait lui tomber quelque chose sur la tronche, mais il ne savait pas quoi.

Alors là, il ne l’attendait pas, celle-là.

« Tu… tu connais une certaine Mme Walters ? C’est une de mes profs, elle m’a convoqué et m’a dit te connaitre. Mais… fin, elle était super bizarre avec moi, genre elle avait vu un fantôme » lâcha Kaylee, comme si de rien était. Nathan aurait adoré rester tout à fait maitre de lui, mais à l’évocation de Kimberly, il sentit ses joues pâlir, puis se colorer violemment. Merde… Cette femme était… waw, il n’y avait pas de mots aux yeux du jeune homme. Il ne voulait pas se l’avouer, mais Nate savait qu’il finirait un jour par faire sa vie avec elle, tout simplement. Et si cela ne se passait pas comme ça, il était sûr de le regretter toute sa vie, jusqu’à son dernier souffle… Elle l’avait subjugué, avait planté un pieu dans son cœur, et il savait qu’il ne pouvait rien y faire. C’était la femme de sa vie. Et aux idiots qui ne croyaient pas au coup de foudre, il avait envie de répondre qu’il était comme eux, avant… avant elle.
Le problème, dans tout ça ? Nathan Standford se refusait à se caser, purement et simplement. Il se déclarait polygame et fier de l’être, et ce n’était pas une nana qui pourrait y changer quelque chose. Enfin, ça, c’était dans l’idéal… le blond n’arrivait pas à admettre qu’en réalité, il avait envie de tout plaquer pour aller se jeter aux pieds de Kimberly comme un vulgaire insecte. Alors l’avouer à sa sœur… impossible ! « Euh, oui oui, je la connais…, finit-il tout de même par répondre. C’est… c’est une longue histoire, mais si tu veux, je lui parlerai pour qu’elle te laisse tranquille ? Enfin… elle t’ennuie ? Je la vois pas faire ça, mais si ça se trouve… enfin, je sais pas ! Que veux-tu que je fasse ? » fit-il. Il bafouillait tellement que c’en était clairement suspect. Et puis, Nate parlait aussi beaucoup plus vite que d’habitude, ce qui ne lui arrivait quasiment jamais. Pris au piège, haha. Kaylee allait forcément se douter de quelque chose.

Juste avant que la situation tourne assez étrangement, à cause de moi, et de mes mots très mal choisis, mon frère avait explosé de rire du haut de son tabouret de bar. Certes, c’était inévitable, ni lui, ni moi, n’avais l’habitude de me voir aux fourneaux. Et pour une fois que je voulais faire quelque chose de bien, cela avait loupé, alors oui, pour être déçue, je l’étais un tout petit peu. Mais je ne prenais pas mal sa remarque, bien au contraire, il réussit même à me tirer un petit sourire sous ma mine boudeuse. Et c’est pendant que l’on commandait que je m’étais réfugié dans ses bras. Comme quand j’étais petite, quand je faisais une bêtise et que j’avais peur des représailles, je me planquais toujours derrière lui.

Enfin bref, tout ça, c’était juste avant que je mette une espèce de froid dans la pièce. J’avais même essayée de le rassurer, ou d’adoucir un peu ce que je venais de dire avec une blague, mais la chose était lancé, comme une grenade dégoupillée. C’est justement ce que je ne voulais pas, être trop direct. Je le savais, je n’aurais pas dû lancer ça en le comparant à notre père, c’était une très, très mauvaise idée. Cette fois mon sourire s’effaça un peu, je ne voulais pas le blesser, ni rien d’autre de ce genre. Je me mordais un peu la lèvre pendant qu’il me demandait si c’était à cause du fait qu’il ramène des filles à la maison, si cela me dérangeait.

« Non ! non… c’est pas ç… »

Mais ma voix était à peine audible, je l’écoutais alors continuer, me disant que si c’était le cas il arrêterait de le faire. Simplement ce n’était pas ça, pas du tout. Pas totalement. C’est plus compliqué. Une blague de mauvais gout, voilà ce que c’était. Et jamais je lui imposerais quelque chose Je me rapprochais de lui sur le canapé, et ramenais mes jambes sous mon corps. Tout en prenant sa tête dans mes mains, je déposais un petit bisou, pas dégoulinant cette fois, sur sa joue. Cette fois je devais choisir mes mots, et ne pas refaire un faux pas de plus. Nous nous ne sommes pas souvent pris de tête, mais cela est déjà arrivé, comme tous les frères et sœurs de ce monde, même les plus soudés. Et je déteste ces moments-là, même s’ils ne durent pas plus d’une journée.

« Je t’assure… C’est moi qui me suis mal exprimée. C’est pas ça du tout. Tu sais comme je peux être maladroite, excuse-moi Naty… C’est juste… Rah. J’ai pas passée de très bonnes semaines ces derniers temps, et y’a pas mal de choses qui tournent dans ma tête… »

J’avais un peu baissée la tête, un peu honteuse certainement, et je jouais maintenant avec ses mains, ces mains qui ont tellement de talents, ces mains réconfortante, si parfaite. Maintenant il suffisait juste de trouver la bonne forme pour tourner tout ce petit bordel correctement, et surtout trouver par où commencer. Je n’aimais pas avoir peur de dire les choses, j’avais toujours peur de faire une boulette. Je soupirais un coup, et m’enfonçait dans le canapé.

« Tu… tu connais une certaine Mme Walters ? C’est une de mes profs, elle m’a convoqué et m’a dit te connaitre. Mais… fin, elle était super bizarre avec moi, genre elle avait vu un fantôme.»

Voilà, on va commencer par la chose qui me semble la plus simple, et la moins difficile et compliqué à discuter. Je ne soupçonnais bien entendu rien du tout, simplement son attitude m’avait semblé étrange. Je pensais que mon frère s’était entrevue avec elle, mais je voulais en être certaine.

► Après lui avoir bavé sur la joue en l’embrassant et vérifié le contenu de son soutien-gorge, Kaylee répondit à la question de son frère ainé : « Mh non… J’en ai conclu que c’était trop tard. J’aurais dû ? C’était qui ? Tricia ? Laury ? Alfred ? ». Cette réplique le fit éclater de rire, et il passa une main dans ses cheveux blonds, tout en retirant, de l’autre, le bout de tissu. « Alfred, évidemment ! » s’esclaffa-t-il. Alfred… le jour où il deviendrait gay, c’est que la planète aurait cessé de tourner rond ! Il aimait trop les femmes pour changer de bord ! Le jeune homme balança le soutien-gorge dans le salon, avec la vague idée de le rendre un jour à Brooke, et voulut reprendre la conversation, mais sa sœur ne lui en laissa pas le temps.
Elle hurla, avant de se précipiter vers la cuisine. Elle avait oublié le poulet… Nate fronça un sourcil. Le poulet ? Est-ce que par un hasard vraiment très étrange, sa petite Kiki chérie aurait essayé de cuisiner ?! Il la suivit à l’intérieur et sentit à son tour une petite odeur de cramé. Enfin, l’odeur, ce n’était encore rien, comparé à la fumée qu’il vit s’échapper du four quand sa sœur l’ouvrit en grand pour sortir le malheureux poulet de là. Légèrement inquiet, Nathan la rejoignit et se posa sur un tabouret de bar. Après un instant de silence, le verdict tomba : « Bon. On va devoir commander là… ». Nathan éclata de rire. « T’es trop mignonne, hahaha ! Si tu voyais ta tête toute déçue, c'est adorable ! » s’étrangla-t-il, tout en attrapant le menu du resto italien.
Une commande passée et un poulet à la poubelle plus tard, les adolescents se laissèrent tomber dans le canapé du salon. « N’empêche, tu m’impressionne, tout ce succès avec les filles ! Comme le vieux. Sauf que tu es plus jeune… et plus beau… et un million de fois plus sympa aussi. En fait.
- Comparaison flatteuse… » laissa-t-il échapper, sourcil froncé. Il n’aimait pas qu’on le compare à son père. Sauf si c’était pour dire qu’il était tout l’inverse de lui, évidemment. Or, là, ce n’était pas vraiment le cas, ce qui ne lui plut pas. Leurs regards azurés se rencontrèrent, et il fronça un peu plus les sourcils, comme pour l’encourager à en dire plus. Le fait qu’elle parle de leur père comme ça, sans raison, était trop rare pour que cela ne cache pas quelque chose. « Et toi, tu as une chance qui lui n’a pas. Vivre avec moi ! haha. Hum. » ajouta-t-elle ensuite, sans vraiment répondre aux interrogations muettes de son frère. Le jeune homme sentit alors une bouffée d’inquiétude l’envahir. « Hum… qu’est-ce qu’il se passe, Kay’ ? Je… ça t’ennuie que je ramène des nanas ? J’veux dire… tu trouves vraiment que je ressemble au padre, en faisant ça ?! » la questionna-t-il alors, son inquiétude transperçant légèrement dans sa voix. « Si c’est le cas, tu me le dis et j’arrête immédiatement ! Je veux pas que tu te sentes… comme chez eux à cause de moi ».

Mon rire redoubla quand mon frère enfila par-dessus son tee-shirt le soutiens gorge, et se pavana avec au milieu de la rue. Ca y est, je crois que j’ai mal au ventre. J’étais presque obligée de me retenir à la rambarde du balcon si je ne voulais pas finir le cul par terre. Il ne se prenait pas au sérieux, et quand certains auraient juste caché ce bout de tissu, ou même se plaindre de la blague douteuse, lui en jouait. Il en exagérait même la chose. C’est ce que j’adorais chez lui. Plus les jours passaient, et plus il réussissait à m’étonner. Même la petite vieille, voisine de l’immeuble d’en face esquissait un sourire. Y’a pas à dire. J’adore cette nouvelle vie. Et je ne remercierais jamais assez dieu que mon frère soit revenu.

« vingt sur vingt ! Allez montes, que je te donne ton écharpe de Miss Floride. »

En moins de temps qu’il n’en faut pour faire quoi que ce soit, la porte de l’appartement s’ouvrit, j’écrasais ma cigarette dans le petit cendrier, et vaquait la fumée d’un geste de main, Nate me rejoignais sur la terrasse et me fit un bisou sur la joue. J’entourais mes bras autour de ses épaules, ne manquant pas de lui baver un peu sur la joue à mon tour. C’est en m’écartant de lui que je remarquais qu’il portait toujours le soutien-gorge. Dans un dernier sourire malicieux je tirais un peu dessus, pour y jeter un petit coup d’œil à l’intérieur, sur la pointe des pieds. Mouais, pas bien remplit tout ça. Et puis, il me demanda si j’avais vérifié ces fameux placards.

« Mh non… J’en ai conclu que c’était trop tard. J’aurais dû ? » Demandais-je avec un sourcil un peu arqué. « C’était qui ? Tricia ? Laury ? Alfred ? »

Le dernier prénom je l’avais prononcé avec plus de surprise dans la voix, en réalité, je me fichais bien que qui pouvais bien être dans son lit. Tant qu’elle ne lui faisait ni de mal, ni de manières, encore moins lui refiler une mst, ou même d’y retrouver une de mes amies. Ce qui, un jour ou l’autre risquait d’arriver. Après tout, comment est-on sensés savoir ? Le coup du prénom masculin ? Une blague, rien d’autre. Je savais qu’il aimait bien trop les femmes pour tourner gay. Après quelques plaisanteries, je sens comme une odeur de brulé sortir du salon.

« MERDE ! J’ai oublié le poulet ! »

Je m’engouffrais dans la cuisine en quatrième vitesse, et attrapait un torchon et un gant de cuisine. Une fois la porte du four ouverte, une fumée blanche, et épaisse en sortie. Je posais le plat sur un repose, et admirais le désastre. Pomme de terre ultra carbonisées et poulet de la même couleur.

« Bon. On va devoir commander là… » Le numéro composé et la commande passé chez un restaurateur Italien je reprenais la parole, m’affalant sur le canapé. « N’empêche, tu m’impressionne, tout ce succès avec les filles ! Comme le vieux. Sauf que tu es plus jeune… et plus beau… et un million de fois plus sympa aussi. En fait. »

Une pierre, trois coups. J’avais jeté ça comme ça, entre le poulet et les tagliatelles qui étaient en route. Bon peut-être un peu trop directement, parce qu’il ne risquait pas de comprendre tout ce que je venais de dire, ni pourquoi je le comparais au père, mais il y’a certaines fois où je ne réfléchis pas vraiment à ce qui sort de ma bouche. J’avais bien trop de questions en tête, et ça, c’était sorti avec pleins d’allusions. Je ne voulais surtout pas brusquer quoi que ce soit, ni le vexer, ni quoi que ce soit. Et il me connaît assez bien pour le savoir, mais tout de même. Je roulais sur le côté pour le regarder et plonger mes yeux bleu dans les siens. Pour qu’il puisse y voir tout l’amour que je lui porte.

« Et toi, tu as une chance qui lui n’a pas. Vivre avec moi ! haha. Hum. »

► 11 septembre ? Rien à foutre. Nate n’était pas d’humeur, et 11 ans après la catastrophe, c’étaient encore avec les mêmes images que les médias essayaient de leur bourrer le crâne. Le jeune homme avait beau être une crème dans son genre, ça le faisait chier. Oui, bien sûr, le malheur sur l’Amérique, blablabla… et après ? C’était le passé, à quoi cela servait-il d’encore pleurer là-dessus ? A rien. Le présent, c’est maintenant, et c’est là qu’on prépare l’avenir. Pas en vivant dans le passé. Oh, il ne crachait pas sur une petite commémoration tous les dix ans, hein, histoire de faire croire aux familles des victimes qu’on ne les oublie pas. Mais trop, c’est trop.
En plus, là tout de suite, Nathan Standford avait un autre problème.

Sister

1 New message - 11/09/12 At 3.36 PM

Natyshou ♥ Il faut qu'on parle! Haha tu aime cette phrase hein? Sans rire j'ai pleins pleins de trucs à te raconter & a te demander... Ce soir je viens dormir à l'appart' on se fait une petite soirée sist/bro, alors cache cette fille dans le placard tu veux bien? Bref, Love U.

Kiki n’était bien évidemment pas le problème en question. Non, le problème, c’était cette fille alanguie dans son lit, dans le plus simple appareil, profondément endormie. La cacher dans le placard, certes… mais elle finirait par avoir envie de sortir à un moment ou à un autre. Ce n’est pas que Nate ne voulait pas que sa précieuse petite sœur rencontre ses conquêtes féminines. Non. C’était surtout qu’il en avait énormément ! D’une : pas envie de montrer le mauvais exemple. De deux : pas non plus envie qu’elle le prenne pour un serial baiseur. De trois : pas question d’envie, mais plutôt de soucis à gérer si Kaylee appelait Mary, Lysandre, et Fany, Barbara. Bah oui, c’était facile à confondre, ces petites choses-là. Surtout quand elles ne faisaient que passer dans son lit, et rien de plus.
Bon, après ça, il y avait les modèles. Celles qu’il peignait, et avec qui il s’amusait aussi parfois. Sa préférée, pour le moment, était Cassie. Une fille de l’école de sa sœur, justement. Sinon, il visait une petite brune vraiment sexy, Grace. Mais elles étaient moins nombreuses dans cette catégorie.
Et enfin, il y avait Kimberly. Elle, c’était différent. Et ça lui faisait peur, horriblement peur. Dès qu’il pensait à elle, son cœur s’emballait. Il en avait les mains moites, et une envie de la voir horrible le jetait hors de son appartement. Heureusement, il se reprenait à temps et rentrait, en se persuadant qu’il ne fallait pas qu’il tombe amoureux d’elle. Bien entendu, le mal était fait depuis la première seconde où leurs regards s’étaient croisés. En réalité, c’était même pire que ça. Il ne l’aimait pas. Non. Il la reconnaissait. C’était étrange à dire, mais il savait qu’elle était faite pour lui. Tout simplement. Sauf que se caser était loin d’être dans ses projets.
Bref, revenons à nos moutons : la jeune femme dans son lit.
Le blond la réveilla en la chatouillant doucement de ses lèvres. Plein de tact, il lui proposa de sortir prendre le petit déj’ au Starbucks du coin, ce que la demoiselle accepta. Ils enfilèrent quelques vêtements – pas tous, au vu des tétons qui pointaient fièrement sous la blouse de Brooke – et quittèrent l’appartement. Deux après, le jeune homme avait réussi à se débarrasser d’elle et rentrait à pieds, mains dans les poches, perdu dans ses pensées. Tout à coup, il sentit quelque chose sur son épaule, ce qui manqua de le faire sursauter. Le jeune artiste tourna la tête et constata qu’un soutien-gorge lui pendait dessus. Il le prit, étonné, quand une voix venue du Ciel l’apostropha : « Hé Don Juan ! C’est à toi ce truc ? Mignon comme tout... Tu m’avais caché ça hein ? ». Le blond releva la tête en reconnaissant la voix de sa sœur, lui sourit et répondit avec un air de faux blasé : « Oh non, mon secret est découvert ! ». Il prit ensuite le soutif’, l’attacha par-dessus ses vêtements et ondula, sur le trottoir, au milieu des passants, toujours le nez en l’air. « Ne suis-je pas trop sexy comme ça ?! » criait-il à sa sœur, tandis qu’une petite vieille pouffait de rire, sur son banc, en le regardant faire. Les vieux, c’est plus ce que c’était : avant, ils donnaient des coups de canne aux irrespectueux. Maintenant, ils riaient à leurs blagues et faisaient des doigts d’honneur. Tu parles d’une époque !
Sans enlever son nouvel habit, Nate poussa la porte de l’immeuble et gravit les marches jusqu’à leur appart’. Une fois à l’intérieur, il rejoint sa petite sœur adorée sur la terrasse et plaqua une grosse bise sur sa joue. « Alors Sister, t’as vérifié les placards ?! » plaisanta-t-il.