Game || ft. Maeko, Emeric, Eva & Jude.

Les secondes passèrent au rythme de ses tapotements de doigts la table et elle se rappela pourquoi le fait de bouder était plutôt réserver aux enfants en général. À peine quelques seconde qu’elle était là à faire la tête assise près du nippon et elle en avait déjà assez. Fort heureusement, Sojiro n’était pas vraiment plus patient qu’elle et il n’attendit pas plus longtemps pour parler. « Je t’ai dit que j’étais désolé. Qu’est-ce que tu veux que je faire de plus ? Hein ? T’encourager à ressembler comme une clocharde ? C’est ça que tu veux ? ». Fit-il, perdant à nouveau son anglais. Finalement, peut-être aurait-il été préférable qu’il continue à se taire, certes, elle n’aurait pas forcément supporté le silence des heures mais au moins, ça lui aurait évité d’avoir des envies de meurtres.

« M’encourager à quoi ? » S’étrangla-t-elle, avant de se souvenir de ce que le hippie diabolique avait fait et de baisser les yeux sur son hideuse tenue. Il se moquait d’elle maintenant en plus du reste ? « Qu’est-ce que je veux que tu fasses ? Déjà, retourne réviser ton anglais, ça pourrait être pas mal, les verbes ça se conjugue, je te l’ai déjà dit. Et puis, mes vêtements ont été détruits par Ne… Ne… » Neal, oui. Sauf que ça, elle n’avait pas le droit de le dire. Que se soit à Sojiro, à qui elle n’avait pourtant plus aucune envie de mentir malgré ce qu’il se passait entre eux, ou à qui que se soit d’autre. Dénoncer son affreux colocataire serait trahir sa confrérie et elle s’y refusait catégoriquement, surtout pour Marissa mais aussi parce qu’elle se sentait bien chez les Nu Zêta et qu’elle n’avait aucune envie que ça change. « Peut importe par qui, je ne porte jamais des trucs aussi moches d’habitude donc si en plus de coucher avec ma cousine, tu pouvais éviter de m’insulter le temps que je digère cette histoire, ça m’arrange… » Commença-t-elle sans finir sa phrase, elle venait d’apercevoir Eva qui arrivait et elle n’avait aucune envie qu’elle sache qu’elle s’était disputée avec le japonais, même si évidement, comme elle tirait une tête pas possible cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. « Salut Eva. » Fit simplement Maeko avant de poser sa tête sur son poing fermé lui-même maintenu par son coude sur la table, en soupirant une nouvelle fois. Elle s’ennuyait déjà tant que s’il y avait eu une fenêtre, elle n’aurait pas hésité une seconde avant de s’y jeter.

Le silence retomba aussitôt, ce que ne fut, apparemment pas au goût d’Eva. « Eh, Sasuke et Sakura, là. Continuez à vous engueuler hein. Faites pas attention à moi. C'est plus marrant de vous écouter vous insulter en japonais, que vous regarder vous mater en chien de faïence. » Sakura maintenant ? Entre ça et la clocharde, elle avait décidément beaucoup de chance dans le choix de ses surnoms ce jour-là. Et, Emeric, le pire de la bande, n’était pas encore arrivé. Quant à ce qu’avait proposé la tueuse, se donner en spectacle en hurlant sur son petit-ami n’était pas vraiment dans les plans de la chinoise, c’était fatiguant et inutile de toute façon, elle finirait juste par se remettre du choc et des cauchemars qu’avaient entraîné l’annonce de Jiro et voilà ou alors il finirait par se lasser de son attitude et il la larguerait. « C’est lui qui parle japonais, moi j’ai été élevée comme une chinoise, je parle mandarin… Et si je l’insulte, il ne comprendra pas, j’ai déjà essayé. » Répondit-elle sans changer de position, avant de bailler. Et pourquoi fallait-il que l’allemand le plus détestable du monde soit justement en retard là et pas à un autre moment ? Au fond d’elle, la chinoise était certaine qu’il le faisait exprès, pourquoi, autrement, était-il en avance les jours où tout allait bien et en retard quand ça n’allait pas ? « Et pourquoi il n’est pas encore là, l’autre ? Il a décidé de quitter la bande aussi ? » Ce qui aurait au moins eu l’avantage de constituer une bonne nouvelle, même infime, pour elle. Cependant, elle se garda bien de préciser cette dernière pensée à voix haute, ses deux compagnons semblaient mieux apprécier Emeric qu’elle et elle n’avait absolument pas besoin de problèmes supplémentaires.

Spoiler:

C'est Jude qui s'incruste en spoiler:

Dieu, que je me faisais chier.

J'étais un peu perturbée, en fait. Depuis ma nomination en temps que prof, j'avais peu de temps à consacrer à mon shopping, à mes soirées en boîte... Tout le temps qu'il me restait, je l'utilisais à prendre soin de mes enfants. J'avais emmenée Sonata au cinéma, quant à Mateo, je lui faisais faire, en poussette, de longues promenades dans le parc, près de chez moi. Requiem s'était trouvé un nouveau protégé, en tout cas. Parce qu'il n'arrêtait pas de tourner autour de Mateo, comme un garde du corps. Il grognait vers ceux qui s'approchaient d'un peu trop près à la poussette de mon fils. Jetait des regards méchants aux étrangers que je ramenais parfois à la maison. Grondait devant la grille de chez moi pendant des heures. Ou passait le reste de son temps à ne dormir que d'un oeil sur la pelouse.

Mon chien était une saloperie.

Ce jour-là, j'avais rendez-vous avec Maeko, Jiro, Emeric et un dénommé Jude, qui viendrait un peu plus tard. Enfin, dénommé. Le frère de Marissa. Savait-il que je faisais partie du groupe ? Héhé. Je ne l'espérais pas. Autrement, nous n'aurions pas de relations faciles. Déjà que j'avais du mal à encadrer Emeric ces derniers temps, et qu'en parallèle j'avais également des difficultés de compréhension avec Maeko, si Jude voyait que la Flingueuse, c'était la fille qui avait faite pleurer sa soeur, il n'hésiterait sans doute pas à me balancer. Ou du moins, s'il avait le temps. Ce dont je doutais.

Ce fut donc nonchalamment que je me pointais à l'heure prévue, au lieu de rendez-vous. Ou un peu en retard. En fait, Mateo avait vomi sur ma robe, et j'avais dû me changer en quatrième vitesse. Je me plaignais de ma jupe écossaise un peu trop courte, dans ma tête, en arrivant dans le bar. Il était réputé pour accueillir les plus gros lourdauds de Miami, et je n'étais pas tellement d'humeur à distribuer des baffes. Et puis quand je passais dans ce quartier, je me rappelais souvent de la boîte de Lynx, là où j'avais chauffé Max. Là où il avait fini dans mon lit par la suite. Les autres n'étaient pas au courant de ce qu'il s'était passé entre moi et Cannon, et ça pouvait attendre, d'ailleurs. Parce qu'ils ne laisseraient pas passer l'occasion de ce foutre de ma gueule, cette bande de cons. Mais ces cons, c'étaient aussi mes potes, mine de rien. Emer avait assisté à mon accouchement. Jiro était venu me voir de lui-même sur le terrain de football. Maeko... Bon, c'était Maeko, quoi. Et puis Gin. J'avais eu beaucoup de peine, le jour où elle m'avait dit qu'elle partait. Je l'avais mise de côté, et je m'en voulais énormément. Sans doute étais-ce devenu pareil pour elle. Gin était une de mes rares amies. Et la voir quitter le groupe me blessait beaucoup.

Ce Jude Chamberlain avait intérêt à être sérieux.

En entrant dans le bar, je mis tout de suite mon côté ma rage à propos de ma tenue vestimentaire, aussitôt que je posais les yeux sur Maeko. C'était quoi ça ? Elle avait brûlé sa garde robe ou quoi ? Elle se prenait pour Nikki Minaj ? Genre Maya l'Abeille sous Acide ? Je l'ignorais, toutefois je ne pus m'empêcher de réprimer un sourire on ne peut plus narquois. Cette fille m'étonnerait toujours. Déjà qu'elle était moche... Si en plus elle s'habillait comme une clocharde...

"Salut, les deux."

En tout cas, entre les deux tourtereaux, il y avait de l'eau dans le gaz, apparemment. Je m'assis face à eux, tout naturellement. Quel silence. C'était on ne peut plus chiant. Parce qu'avant que j'arrive, ils s'engueulaient, maintenant que j'étais là, ils ne parlaient plus. Je poussais un soupir d'ennui, posais mes mains sur mon menton en les regardant.

"Eh, Sasuke et Sakura, là. Continuez à vous engueuler hein. Faites pas attention à moi. C'est plus marrant de vous écouter vous insulter en japonais, que vous regarder vous mater en chien de faïence."

J'aurais dû les traiter de chinois, histoire de mettre encore plus d'ambiance.
Bon. Il ne manquait plus que ce connard d'Emeric.

Le voyage d’Halloween avait laissé un souvenir amer à Maeko. Elle avait mal dormi les trois jours suivant et était restée cloitrée dans sa chambre, passant des heures sur les réseaux sociaux à parler à sa sœur. Ainsi, lorsqu’elle avait dû se lever le samedi pour se rendre aux rendez-vous des players -auquel elle n’avait d’ailleurs aucune envie d’aller-, elle avait découvert ce que son colocataire avait fait à ses vêtements, surement pour se venger de l’un de ses propres coups foireux. Tous ses vêtements, sans exception ou presque, étaient en lambeaux. Il ne lui restait qu’une robe rayée bleue et blanche, accompagnée de longues chaussettes oranges et noires, rayées elles aussi, d’un gilet bleu foncé et d’affreuses chaussures volettes qu’elle ne mettait jamais tant elle les trouvait moche. « Je vais le tuer. »

Oui, cette fois, c’était certain, quitte à aller en prison, elle assassinerait vraiment le hippie la prochaine fois qu’elle le verrait.

C’est à ce moment là qu’elle décida de ne pas aller au rendez-vous et tant pis si les autres lui en voulaient, de toute façon, la seule personne -mis à part le cas spécial de Sojiro- qu’elle appréciait un peu et qui semblait ne pas la haïr en retour était Ginger, or, elle était partie. Et comme elle s’était disputée avec le nippon, elle ne voyait pas du tout l’intérêt de se réunir avec une flopée de gens qui la détestaient. Elle était même certaine que le nouveau serait comme les autres et qu’elle ne pourrait pas s’entendre avec lui. L’idée d’y aller pour simplement leur dire qu’elle quittait le groupe lui traversa également l’esprit et elle se donna elle-même une gifle pour se remettre les idées en place. Il était hors de question de faire ça.

Déterminée à ne pas rejoindre ses « amis », elle alla prendre une douche et enfila la tenue moche mais unique qui lui restait. Elle sortit de sa chambre, déterminée à aller chercher de l’argent pour ensuite s’acheter quelque chose à manger et refaire sa garde robe -encore une fois à cause de son colocataire- le lendemain. Le problème qui la fit changer d’avis survint à la banque, en effet, au lieu de lui donner son argent comme il le faisait habituellement, il affichage simplement « votre solde est insuffisant », ce qui fit pâlir un peu plus la chinoise. De toute évidence, ses parents avaient décidé qu’elle avait trop dépensé et avait décidé de la punir, ce qui l’obligeait donc à rejoindre les autres si elle voulait avoir une chance de récupérer un peu d’argent à un moment où à un autre.

C’est avec sa mine blasée, ses vêtements débraillés et sa carte bancaire bloquée toujours en main -le trio de choc pour avoir la sexy attitude, en gros- qu’elle entra dans le vieux bar miteux, où ils avaient tous rendez-vous, pour une fois, elle n’était pas en retard, elle était même un peu en avance. Elle repéra rapidement Sojiro installé à une table et soupira, il fallait qu’il soit arrivé en premier, celui-là, évidemment. Elle s’approcha d’un pas las pour venir s’assoir près de lui. « Bonsoir, enfoiré. » Lança-t-elle alors en observant d’un air suspect les rayures sur sa carte, alors qu’elle savait très bien que le problème ne venait pas de là. Alors, finalement, au bout de quelques minutes, elle rangea sa carte de crédit pour faire sa chieuse et venir tapoter la table avec ses doigts. Et histoire de bien montrer son ennui, elle expira une nouvelle fois.

Tenue de Maeko: