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 La patiente est une vertu

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Le Doyen

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MessageSujet: Re: La patiente est une vertu   La patiente est une vertu EmptyVen 27 Aoû 2010 - 17:02

Le soleil déclinait lentement dans le ciel de Floride lorsque Taylor décida de laisser Esteban seul dans la chambre qu'elle partageait avec lui, pour aller faire un tour dans les différents - et immenses - bâtiments de son nouveau lycée. Celui qu'elle fréquentait à New York, tout aussi uppé, n'avait pas les même proportions. Faut dire qu'en plein centre de Manhattan, c'est un peu dur d'avoir ces étendues herbeuses sur le campus, cette plage qu'on distinquait quelques encâblures plus loin et des bâtisses aussi grandes. Le prix du mètre carré n'était assurément pas le même à Miami. Et uis, son ancien lycée ne comprenait pas une partie d'internat, donc bon. Tout en marhant dans les couloirs et jetant des coups d'oeil intrigués dans certaines pièces, toutes vides, elle en vint à se demander combien son père payait pour qu'elle profite de tout ça. Elle savait parfaitement que sa famille n'avait aucun problème d'argent, justifié par le nombre d'heures de travail qu'effectuait son paternel, mais elle n'arrivait pas à imaginer le pric exorbitant que devait coûter cette école, qui comptait tout de même parmi les meilleurs du pays, et qui regorgeait de gens riches à souhait. Elle l'avait lu sur internet. C'est d'ailleurs sur internet qu'elle avait également appris qu'il existait une "Voix" comme l'appelait certains internautes, qui faisait des apparitions aussi irrégulières que surprenantes, diffusant les potins dans tous les haut-parleurs du campus. Et, si l'on en croyait les discussions du net, c'était les élèves eux-même qui envoyaient ces rumeurs sur leurs camarades. Charmant. A vrai dire, dans les autres lycées, c'était dans le journal écrit par les élèves que circulaient ces rumeurs, au moins ici c'étai origial. Enfin, rien de particulier quoi, si ce n'était qu'apparemment personne ne savait d'où venait cette voix. Bon, c'est bien joli tout ça, mais revenons-en à nos moutons.

Taylor se promenait donc dans les couloirs, sortant d'un bâtiment uniquement pour rentrer dans nun autre. Mais elle n'errait pas sans but comme on aurait pu le croire. Elle cherchait une salle où d'installer pour écrire une lettre à son père. Elle l'avait vu le matin même, mais elle savait qu'il adorait recevoir des lettres manuscrites plutôt que des mails, car ils recevait ces derniers à longueur de temps pour son travail, même pendant ses rares vacances, et , comme il l'avait dit lui même : « Je préfère éviter de te mettre dans le même sac que tous ces crétins. » Cette tournure affreusement poétique avait fait rire Taylor qui, si elle n'était pas particulièrement douée en rédation, s'était promis de lui écrire. Alors elle cherchait un endroit calme. Le temps n'était pas magnifique ce soir, et les élèves s'étaient réfugiés par groupe dans les couloirs et faisaient du bruit jusque dans les salles de classe. Sympathique quand on est intégré dans ces groupes. Insupportable quand on cherche le calme et la concentration.

La New-Yorkaise entra dans un nouveau bâtiment, et fut surprise par le vide et le calme du couloir. Revigorée, elle choisit, au hasard la deuxième porte sur sa gauche. Elle aurait pu rentrer dans la première, mais non, ç'eut été beaucoup trop évident. Elle entra donc dans cette salle, aussi silencieuse que le reste du bâtiment. Les pensées un peu dans le vague, elle fit quelques pas dans la salle. Ce n'est qu'en regardant autour qu'elle remarqua la présence de quelqu'un dans la pièce. C'était une jeune femme, mais elle avait passé l'âge d'aller en cours, dans un lycée du moins. Punaise, une prof. Faisant quelques pas en arrière, Taylor s'excusa.

« Oh, désolée. »
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MessageSujet: La patiente est une vertu   La patiente est une vertu EmptySam 7 Aoû 2010 - 16:23

Les cours allaient bientôt commencer. Quelques jours encore, le temps que les élèves prennent leurs marques, se promène un peu dans les couloirs et dans leurs appartements. Il en allait de même pour les enseignants d’ailleurs. Pour Johanne, ici, tout était nouveau. Et cela lui faisait un peu peur, il fallait le reconnaitre. Elle ne savait pas comment les choses allaient se passer, entourée de gosses de riches à la tête aussi grosse qu’un melon. Le genre de gamins qu’elle avait détesté sa vie entière, cherchant par tous les moyens à les éviter. Ils allaient tous se croire supérieur à elle, cela était sur. Elle ne venait pas d’une fille riche, touchait un salaire de professeur, ne participait à aucune soirée… Les choses n’allaient pas dans son sens… Les autres enseignants avaient tenté de la rassurer, sentant dans ses paroles un léger apriori –Léger ? C’est un euphémisme.- au sujet des étudiants qui allaient partager avec elle sa salle de classe. « Mais non voyons, vous vous faites des idées, ils ne sont pas tous pourris jusqu’à la moelle. Et vous savez, nous ne dérogeons pas vraiment d’un établissement scolaire… classique. ». Bas de gamme… c’était le mot qu’elle avait cherché. Et que voulait-elle dire par cette dernière phrase ? Que même chez les riches l’on pouvait croiser des loosers ? Si seulement… au moins elle aurait des élèves avec qui discuter.

Elle laissa passer ses doigts sur l’une des tables de sa salle de classe. Elles étaient toutes carrelées de blanc, attendant patiemment les diverses expériences des TPs. Les dissections, les observations au microscope… autant de choses que certains qualifieraient de barbantes. « Mais ça, c’est dans toutes les écoles, pas seulement ici. » pensa-t-elle s’asseyant sur son bureau, placé lui-même sur une estrade. De là, elle dominait les élèves, imposant inconsciemment aux esprits parfois lent de ceux-ci le fait qu’elle était l’autorité à respecter coute que coute. Enfin, elle espérait se faire respecter. Ca, ce n’était pas gagné, elle le savait. Si faire son cours ne lui posait généralement pas de problème, elle manquait cruellement de répartie face aux petits plaisantins qui ne pouvaient s’empêcher de faire divers commentaires sur ses dires. Serait-elle la tête de turc de ses élèves ? « Non, bien sur que non. Tu le sais très bien. Il suffit de ne pas leur laisser le temps de s’ennuyer. ». Facile à dire, plus difficile à faire. Elle leva les yeux vers le plafond où s’alignaient un grand nombre de néons. Ils étaient neufs pour la plupart. Cela changeait de son ancien établissement où l’une des lumières du fond ne cessait de clignoter dans un « cling, cling, cling » à vous rendre fou.

Des conjectures. Voilà dans quoi elle se perdait. Cette attente était interminable, elle n’allait pas tenir. Elle voulait que l’année commence, MAINTENANT ! Non pas qu’elle soit impatiente, ne pas savoir comment les choses allaient se passer lui soulever le cœur et lui compressait la poitrine. C’était comme d’attendre l’annonce de vos résultats d’examens ou bien de savoir si le test de grossesse était positif ou non. Le genre de chose qui vous triturait la cervelle… comme un fou avec une cuillère. Elle sourit en secouant la tête : le temps ne passerait pas plus vite, même si elle s’énervait contre lui. Ses yeux se posèrent sur ses jambes qui se balançaient dans le vide. Elles étaient cachées sous un jean’s : la journée n’était pas trop chaude, ce n’était pas encore le temps des shorts. La pointe de ses chaussures noires à talon dépassait légèrement et elle les contempla un instant.

Non… le temps ne passerait pas plus vite… même si elle s’énervait.
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