The last light for the missing ~

Je marche toujours en direction du groupe, je lance un regard qui veut en dire long à Angie. Je vais bien ne t’en fait pas. C’était nécessaire. Et là, je sens une main s’abattre sur mon épaule. Mes yeux se baissent sur le côté pour l’observer avant de me retourner. Oh ! Mais quelle surprise, c’est Seyton ! Je ne m’y attendais pas le moins du monde ! Mais alors là… Wouhou je suis sous le choc, vous ne pouvais pas savoir à quel point ! J’en tomberai presque ! Bref. Passons. Il m’annonce qu’il respecte ma sœur. Putain j’espère qu’il pense vraiment ce qu’il dit ! Désolé pour le gros mot Marissa, je te refilerai un dollar promis. On peut dire tout ce qu’on veut. Les mots… Ce n’est pas ce qu’il y a de plus sincère. On peut les utilisé n’importe comment. On peut faire croire ce que l’on veut. Tout le monde a sa propre valeur des mots. Certains dirons qu’un « je t’aime » ne vaut rien, que c’est courant, que c’est normal et d’autres ne pourront pas le prononcer. C’est ainsi. Moi, ce que je souhaite ses voir dans ses yeux une lueur de bon sens, de sincérité, de bon. Il a failli tuer une fille et il s’en foutait ? Je ne sais pas s’il a donné ses excuses. Et même s’il était bourré, il y a des choses qu’on a le bon sens de ne pas faire. Et s’excuser, merde ! Ce n’est pas compliqué. Je n’ai pas demandé de compte à Trevor et j’ai laissé cette histoire entre Isabelle et lui. Après tout, je n’étais qu’un témoin. Alors, peut-être qu’il a tenté de se faire pardonné. Mais rien que pour ça, pour son rire quand elle a enfin respiré, je ne peux pas lui faire confiance. Et s’il se mettait à frapper Marissa alors qu’il a bu un peu trop ? Vous voyez ce que je veux dire ? Si je n’avais pas été là, personne n’aurait sauvé Isy. Elle serait morte dans cette piscine, à cette soirée. Tout ça parce qu’un adolescent débile et bourré de testostérone l’y a violement poussé pour draguer une nana ! Il ne contrôle pas sa force. Et si un soir Marissa lui dit qu’il a assez bu et qu’il faut qu’il arrête et que cette remarque ne lui plait pas ? Je ne serais pas tout le temps là pour sauver les filles comme Isabelle. Et je ne serais pas tout le temps dans le dos de ma petite sœur. J’aimerai mais elle doit respirer, elle doit vivre. Je me force, vous savez ? J’essaye de garder mes distances pour qu’elle évolue sans mon influence. Elle doit devenir une adulte, sans subir mes choix. Papa nous l’a déjà fait assez longtemps. Alors je ne veux pas le remplacer. Je ne veux pas être celui qui dicte comment sa vie doit se dérouler…

Trevor continue en ajoutant qu’ils n’ont pas eu de rapports sexuels. Je soupire légèrement. Je suis soulagé. Je sais à quel point ça peut-être important pour une fille. Et ma sœur… Encore une fois c’est trop important. C’est moi qui lui ait annoncé que le sang qu’elle avait, c’était dû à ses règles. Je ne sais pas si vous voyez le genre. C’est moi qu’elle est venue voir pour répondre à ses questions. C’est moi qui a dû lui dire d’aller voir la gouvernante et d’utiliser un de ses trucs. Moment très gênant de ma triste vie. Mais moment qui m’empêche de voir ma sœur comme une fille qui couche avec ce genre de mec. Footballeur avec des filles à ses pieds, légèrement homophobe et avec un chouia de débilité profonde. Je veux que ce soit avec une bonne personne. Je ne peux pas choisir pour elle, mais merde quoi ! Pas Trevor ! Ça me dégoute vraiment. Voilà que j’ai des images plutôt horribles dans ma tête. Je suis en train de me torturez mentalement. Sauvez-moi !
On retourne ensemble vers tout le monde. Et évidemment il se colle à Marissa qui l’embrasse légèrement. Merci de compléter mon imagination par des démonstrations ! C’est terriblement plaisant ! Et si vous n’avez pas encore constater que je suis ironique depuis un bon bout de temps, c’est que vous êtes plus débile que Seyton. Ce qui force le respect, je dois l’avouer.

Après s’être reculée et avoir répondu qu’elle préférait attendre un peu avant de commencer la cérémonie. Je ne sais pas si on peut appeler ça ainsi, ma petite sœur m’entraîne avec elle à l’écart. Pauvre Trevor. Là, je me mets à sa place. Ça ne doit pas être plaisant. Sincèrement…
« Qu'est-ce qu'il y a Jude...? Parles moi... Je sais que tu t'éloignes, tu te renfermes... tu comptais le faire seulement avec tes amis mais tu ne fais aussi avec moi... tu ne parles plus à Joshua non plus... qu'est-ce qu'il se passe?... » Ensuite elle me prit dans ses bras pour un câlin made in Chamberlain. Je l’entoure et la serra contre moi. Mes paupières s’abattent aussitôt et mes épaules se relâchent. Je respire profondément en tentant d’oublier tout ce qui me perturbe. « Quelle idée on a eu avec Josh, en t’offrant le droit de nous demander un câlin n’importe où et n’importe quand sans que l’on puisse refuser… Surtout quand tu m’appelles Iude, gamine. » Je lui dépose un bisou sur le haut du crâne et m’écarte un peu pour l’observer. « Angie vient de me demander d’être le parrain du bébé. Je vais devoir me calmer pour montrer le bon exemple. » J’ai un peu élevé Joshua et Marissa. J’étais celui qui leur apprenait les règles de conduite dans la vie, j’essayais de me montrer sévère et cool. J’essayais d’être le parfait grand frère tout en jouant le papa, en les protégeant, en préparant leur goûté, en les emmenant dans des endroits interdits. On s’amusait bien. Et voilà que j’ai un nouveau petit être sous mon aile. Il n’a pas deux ans de moins que moi, mais je pense que je prendrais la responsabilité à cœur. Peut-être même plus. Je veux être présent dans la vie de ce qui m’entoure. Je veux que ce petit ait un bon exemple. Un point auquel se raccrocher pour que quand Angie le gronde, il viendra me voir. Et moi je lui dirais que sa mère a raison, tout en relativisant. Je serais le parrain cool. Mais bon, je pense que j’ai le temps. En attendant je dépenserai mon fric pour lui. Comme tous les idiots fassent à des gamins.
Mais ce n’est pas ce que me demande Marissa. Je ne fais que détourner lâchement le sujet. « Tu sais cet ouragan, il m’a peut-être fait plus de mal que cette cicatrice sur mon visage. Je me suis senti tellement impuissant pour vous. J’ai toujours tout contrôlé, j’ai fait en sorte que tout se passe bien. Et en fait, tout foire lamentablement. J’ai eu besoin d’être seul après la tempête parce que je me suis senti mal. Tu sais quand un proche meurt, tu ne ressens aucune douleur particulière, tant que tu n’es pas au courant. Alors il pouvait vous arriver n’importe quoi… Tout ce que je ressentais c’était les putains d’éclats de verre dans mon visage. Je n’avais pas envie de savoir. Je ne voulais pas prendre le risque d’apprendre que j’étais passé à côté de vos douleurs. Et ça a été le cas. » Et voilà. Sujet lancé. Y a plus qu’à attendre le réconfort. Mais je n’en ai pas besoin. Je suis un grand garçon.

Assise auprès de Brooke, Marissa regarda un peu ce qu'il se passait entre Lukas et Trevor. Elle ne cessait de les fixer, étant au garde à vous prêt à surgir au cas où quelque chose se passerait. Néanmoins, elle continuait de parler avec son amie Brooke. Au début, elle entendit des voix un peu plus fortes qu'à la normale, puis ensuite, Angie et Jude s'approchèrent d'elle, mais là encore Trevor ne tarda pas à faire retourner Jude et c'est surtout ça qui fit peur à la jeune femme. Allaient-ils se taper dessus ?

Marissa, sans s'en rendre compte, s'était levé d'un bon prêt à venir s'interposer. Mais au final, non, ils ne faisaient que discuter. Elle sourit faiblement, allaient-ils signer une petite trêve? Elle l'espérait... Ils ne tardèrent ensuite pas à les rejoindre. Marissa ne se faisait toujours pas à l'idée qu'Angie allait être maman, c'était tellement impressionnant ce gros ventre pour une jeune fille à peine plus âgée qu'elle. Mais bon, il s'agissait d'Angie, c'était un peu comme une grande soeur pour elle. Jude arriva et alors qu'elle voulu aller le voir, Trevor passa son bras autour de sa taille pour l'entraîner vers lui. Elle manqua de tomber dans le sable, mais il la retint à temps. Ils rigolèrent et malgré la présence de Jude, qui la perturbait un peu, elle embrassa chastement Trevor. Pas de bisous goulus en public et encore moins devant son frère. Après tout, c'était la première fois qu'il la voyait en compagnie d'un garçon. Ca devait lui faire bizarre à lui aussi...

Marissa sourit, gênée et se recula un peu de Trevor pour regarder son frère. Elle répondit alors à son petit ami :

« Je préfère qu'on attende encore un peu avant de commencer, il y a des boissons là bas, vous avez soif? »

Elle laissait ça de façon à ce que quelqu'un se propose d'aller chercher ce qu'il fallait là où les bouteilles étaient déposées, afin qu'elle puisse parler un petit moment avec son grand-frère. C'est ce qui arriva, s'avançant alors vers lui, elle passa son bras autour de la taille de Jude pour l'entraîner seul à seul au bord de l'eau :

« Qu'est-ce qu'il y a Jude...? Parles moi... Je sais que tu t'éloigne, tu te renfermes... tu comptais le faire seulement avec tes amis mais tu ne fais aussi avec moi... tu ne parles plus à Joshua non plus... qu'est-ce qu'il se passe?... »

Marissa avait besoin de son frère. Vraiment. Alors elle passa ses mains sur les joues de son frère, peu importe qu'on les regarde ou qu'on les voit ainsi. Elle s'en fichait. Elle passa ses bras autour du cou de son frère et se plaqua contre lui pour un calin.

« Calin... ♥ Je t'aime Iude, j'veux pas te perdre... »

► La copine de Jude répondit avant que son pote ne puisse en placer une, ce qui fit beaucoup rire Trevor. En voilà une qui avait trouvé son répondant dans les Kinder Surprises ! Aucune originalité, c’était encore pire que lui ! Déjà qu’il ne se trouvait pas très bon à ce petit jeu-là, surtout comparé à Chamberlain. Mais là, Tre’ se sentait rassuré : il y avait bien pire que lui. « Je te jure que je te ferais avaler toutes tes dents », hahaha, la bonne blague ! Angie prit Jude par la taille et l’emmena loin de Trevor, qui se calmait lentement suite à sa réplique de gamine pré pubère. Cependant, c’est avec étonnement qu’il constata que le brun lâchait sa gonzesse pour revenir vers lui. Ah, tiens ? Enfin un peu d’action ?! D’apparence, son grand copain semblait plutôt calme, mais Tre’ se méfia tout de même. « Tu peux dire tout ce que tu veux, Angie vient de prendre la parole pour me protéger. Et c’est pas parce que je suis faible. C’est parce qu’elle tient à moi et qu’elle m’aime. Combien de personnes de ton entourage sont prêtes à te soutenir dans n’importe quelle situation, sans savoir ce qui a pu se passer ? Combien seront toujours présentes à tes côtés ? C’est peut-être ça le problème, Trevor…
- Une défense comme ça, j’m’en passerais bien. » ne put-il s’empêcher de répondre, mi-sérieux, mi-moqueur. A vrai dire, il était étonné par les paroles de Jude. Depuis quand était-il plus ou moins sympathique avec lui ? Et depuis quand est-ce qu'ils s'appelaient par leur prénom ?! Enfin, plus ou moins, puisqu’il venait tout de même de sous-entendre que personne n’aimait Tre’. Or, le brun savait parfaitement que ce n’était pas le cas. Il n’avait certes pas énormément d’amis, mais il connaissait le nom de ceux sur qui il pouvait compter, au même titre que Jude comptait sur Angie, et inversement. Willow faisait malheureusement partie de ces gens-là. Malheureusement, parce qu’il aurait préféré qu’elle s’abstienne de tout plaquer, ici à Miami, pour son bien. « Maintenant que ça nous plaise ou non, Marissa a besoin de support. Et je serais toujours là pour elle. Même si pour ça, je dois te faire face. Alors soit tu viens avec nous, soit tu restes focalisé sur notre haine. Et là j’aurais ma preuve que Marissa ne compte pas à tes yeux. » poursuivit Jude, sans prendre en compte la remarque de Trevor. Ce qu’il dit acheva de l’étonner. Le brun fronça un sourcil, vraiment perplexe. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Soudain, toute colère avait disparu. Chamberlain tourna les talons, sans attendre de réponse de la part de son adversaire, et commença à rejoindre Angie. Trevor se mit à courir pour le rattraper et, une fois à sa hauteur, il posa une main imposante sur son épaule pour que Jude se retourne. Ils étaient bien assez loin pour que les autres n’entendent rien à ce qu’il s’apprêtait à dire. « Hé ! » commença-t-il maladroitement. « Juste… Quoi que tu en penses, je respecte ta sœur. Et je n’ai pas couché avec elle. » fit-il, sincère. Un début de trêve ? Peut-être. Il lança un regard appuyé au brun, puis lâcha son épaule. Trevor s’étonnait lui-même, à vrai dire. Tout ça… pour une fille. Qui l’eut cru ? Surtout que cette fille n’était pas Willow. Ce qui était définitivement étonnant. Mais après tout, Marissa commençait à vraiment compter pour lui, alors pourquoi pas enterrer la hache de guerre avec son idiot de frère, si c’était pour le bien de leur relation. Il se remit en route et rejoint Brooke et Marissa, qui étaient toutes les deux près de l’eau. En dépassant Angie, il lui glissa à l’oreille : « Jude a d’la chance d’avoir une amie comme toi, mais traiter les autres de gay, c’est définitivement has-been. ». Et il s’éloignant en riant un peu. Lui-même le faisait sans arrêt… mais Trevor était aussi capable de faire preuve d’humour, par moment. Quand il arriva près de sa consoeur et Marissa, il leur sourit. « Alors, ces artifices ?! » fit-il, d’un air qui se voulait naturel, avant de passer son bras autour de la taille de sa copine et de lui lancer un sourire.

Ahah ! Pauvre petit Seyton prit dans son propre piège. Oui, moi aussi je sais attaquer. Tu crois vraiment que je ne vois rien ? Il m’exaspère. Il n’est pas fait pour ma sœur. Et ce n’est pas simplement parce que je tiens absolument à la protéger que je dis ça. Lui aussi serait beaucoup mieux ailleurs. Honnêtement, elle ne lui serre que d’étape. Il cherche un point de repère auquel s’accrocher. Marissa n’est pas influençable, elle a simplement vécu des évènements qui l’ont fragilisée. J’entends par là le départ de Joshua à New-York, moi qui tente de m’émanciper, papa qui me frappe sous ses yeux. Ce n’est pas la première fois que ça se produit. Mais c’est l’unique fois qu’elle eut l’honneur d’être aux premières loges. Et la dernière. Finalement, elle a vu ce garçon mourir. Je ne veux pas que Trevor utilise ces histoires pour l’avoir sous son bras. Tout ce qu’il veut c’est se faire une petite réputation du garçon idéal. Il finira par briser le cœur de Marissa. Je ne supporterai pas la voir souffrir à nouveau. Il en est hors de questions. Alors quoi que je puisse faire, je le ferais. Tout ce qui est en mon pouvoir. Tout. Je dis bien tout. Même si pour cela je dois être blessé, me voir humilier et critiquer. Je m’en fous. Il n’y a que ma sœur. Ma petite sœur. Putain ! Il lui fait du mal, je…

Trevor reprend la parole. Il a l’air d’avoir digéré et avaler ma réplique. Bizarre. Fait-il face ? Histoire de ne pas paraître ridiculement faible… Trop tard. Tu n’as que tes bras Seyton ! Quand est-ce que tu commenceras à réfléchir ? Et à montrer qui tu es vraiment ? Il a un sérieux problème. Il se cache derrière une grande gueule et des muscles. Je hais ça. Ça ne le rend que plus faible. Je ne peux pas lire clairement dans ses yeux. Mais tout en lui est contradictoire. Mon analyse est faussée par les sentiments que j’éprouve pour ma sœur et puis… Évidemment, il dit le mot de trop. Avec un sourire fumant et plutôt gerbant. Il me dégoute. Naturel ? Tu connais ce mot ? J’avais oublié, ce n’est qu’un capitaine de football. Co-capitaine ? Minable. Les seuls mots qu’il assimile facilement sont : yards, punt, quatterback, touchdown… Mais désolé mon coco je sors le mouchoir jaune. Pénalité mon jeune homme. Laquelle ? Contacts illégaux ! Attaque dans le dos. Tu ne vois toujours pas ? Il s’attaque à moi de plein fouet mais indirectement à Angie et finalement à Marissa. Il la traite comme un misogyne sans gêne. Il a haussé la toucher. Ma mâchoire se crispe. Quoi ? J’avais dit que je resterai calme. Ouais mais là c’est difficile. Seulement Angie mort la première. Je trouve son attaque trop directe. Pour toucher réellement Seyton, il faut la jouer à la vicieuse. Il est habitué à se prendre des pains, il les voit s’approcher de son visage, il les anticipe, il les évite. Même si l’arrivée d’Angie dans le combat reste une surprise, ce qu’elle dit n’est pas original. Au moins elle garde son ton calme et son sang-froid. C’est déjà ça. J’entends déjà Trevor dire que je suis obligé de me faire protéger par des filles. Je conteste quand même l’idée que Trevor se rapproche de moi parce qu’il a un béguin. Pitié tout mais pas cette image. Je le vois me coincer dans les vestiaires et j’en ai la nausée. Vraiment. Insupportable. J’ai besoin de penser à autre chose. Brûlez-moi les yeux !

Angie passe son bras autour de ma taille. Nous nous dirigeons alors vers ma petite sœur. Seulement j’ai quelque chose à rajouter. Malheureusement Angie m’en empêche en me touchant les fesses. Comme un petit roi. « Tu m’excuseras pour la main aux fesses. C’était juste pour le délire et pour voir la tête de notre crapaud préféré quand il verrait ça! ». Je souris. « Excuses acceptées. Et puis tu ne serais pas la première, Cassie prend un malin plaisir à m’embrasser en public pour… Différentes raisons. » Cassie ! Cette grande folle… Combien de fois m’a-t-elle embrassé pour X ou X raisons ? C’est un truc en nous. Ne pensez pas qu’il y a quelque chose de physique ! Nous n’allons jamais plus loin. C’est un délire. On se connait par cœur, on parle de tout, on a pas de secrets… Sur tous les sujets ! Alors disons que c’est quelque chose qui nous fait sortir du lot. Choqué, intrigué, énerver. Nous, ça nous fait bien marrer ! Et puis je respecte trop Cassie pour aller plus loin c’est… Comme une sœur en fait.

« Attends, je reviens. » Je lui fais un petit sourire sincère. De toute façon, il aurait été plus grand il n’aurait pas montré mes réel sentiment. C’est mon maximum. Je ne suis pas un grand joyeux expressif. Généralement tout se passe à l’intérieur. Je retourne sur mes traces pour m’approcher de Seyton. Je suis calme, je viens avec une sorte de drapeau blanc. « Tu peux dire tout ce que tu veux, Angie vient de prendre la parole pour me protéger. Et c’est pas parce que je suis faible. C’est parce qu’elle tient à moi et qu’elle m’aime. Combien de personnes de ton entourage sont prêtes à te soutenir dans n’importe quelle situation, sans savoir ce qui a pu se passer ? Combien seront toujours présente à tes côtés ? C’est peut-être ça le problème, Trevor… » Ce n’est en rien méchant. Un jugement peut-être... Mais je ne peux pas garder ça pour moi. Ça vaut ce que ça vaut. Ça ne fonctionnera peut-être pas. Je veux juste qu’il réfléchisse un peu avant de jouer au monsieur muscle. J'aimerai qu'il soit celui que peut voir Marissa. Elle lui a trouvé quelque chose de beau. De grand. Alors quoi que ce soit, il le cache bien aux autres. De la part d'un manipulateur méfiant, c'est peut-être risible d'entendre ça. Mais parfois, je sais être vrai. Je sais lâcher prise et faire tomber le masque. « Maintenant que ça nous plaise ou non, Marissa a besoin de support. Et je serais toujours là pour elle. Même si pour ça, je dois te faire face. Alors soit tu viens avec nous, soit tu restes focalisé sur notre haine. Et là j’aurais ma preuve que Marissa ne compte pas à tes yeux. »
Iude, grand frère protecteur. Je repars sans attendre vraiment de réponse. Juste un regard dans le blanc des yeux pendant quelques secondes. Rien d’énorme. Juste pour trouver une petite étincelle de bon en lui.

Je souriais en voyant la tête de Jude quand il eu entendu ma demande. Mon sourire s’étira d’avantage lorsqu’il proposa une réunion avec les autres pour trouver un prénom à mon fils. Puis il accepte, enfin. J’étais ravie. Au moins, je savais que mon fils aurait quelqu’un sur qui compter. Il m’embrassa sur le front et me prit par la main. Ensuite, nous fîmes face à Seyton. Je n’aimais pas sa façon de s’en prendre à Jude. Je fus assez fière de la réaction de Jude : il ne lui sauta pas dessus pour le rouer de coup. Jude fus calme mais s’il attaquait ouvertement Seyton. Je n’aimais pas non plus le sourire de Seyton. J’écarquillais les yeux lorsqu’il parla de moi comme d’une jument. Hé oh ! Il se foutait de qui l’abruti de footballeur ? Finalement, c’était moi qui sortais de mes gonds.

-Franchement, Trevor… Tu n’en as pas assez de traiter tout le monde de gay ? En fait, non. Tu traite de gay les mecs qui ne le sont. Et surtout, ne parle pas de moi comme si je n’étais qu’un objet ! En plus, tu parles vraiment mal de Marissa… Dis-moi, aimes-tu vraiment Marissa ? A moins que tu ne te sois rapproché d’elle pour, en réalité, te rapprocher de Jude parce que tu es fou amoureux de lui ! Remarque, tu déteste tellement les gays que ça cache forcément quelque chose. En tout cas, tu n’as pas intérêt à emmerder Jude ou je te jure que je te ferais avaler toutes tes dents !, dis-je d’une voix incroyablement calme.

Je lâchais la main de Jude et passais mon bras autour de sa taille. Je reconduisis Jude vers Marissa. Si Trevor continuait, ça risquait d’être marrant ! D’ailleurs, quand je passais devant Trevor, je passais ma main sur les fesses de Jude comme si je sortais avec lui… En tout cas, je n’aurais jamais fait ça à un gay. Quand nous eûmes passé Trevor, je glissais à l’oreille de Jude : « Tu m’excuseras pour la main aux fesses. C’était juste pour le délire et pour voir la tête de notre crapaud préféré quand il verrait ça! ». Nous nous retrouvâmes bientôt avec le petit groupe dont faisait partie Marissa.

► Le frère Chamberlain poursuit sa conversation avec la fille enceinte en ignorant Trevor, ce qui a le don de le mettre en rage. Finalement, tous les deux se retournent et lui font face. Ils se tiennent par la main, détail qui n’échappe pas au brun, qui prévoir déjà une offensive à ce sujet, dans le style : « Comment un gay comme toi a-t-il pu mettre enceinte une nana, hm ? ». Mais avant, il préfère entendre ce que l’autre a à répondre. Malgré le vent et la distance respectable qui les sépare, Tre’ l’entend nettement prononcer ces paroles : « Oui Seyton, mais ce n’est pas difficile à comprendre. Je suppose que si j’étais proche de la délicieuse Willow ça te poserait un problème, pas vrai ? ». Touché. Ce mec est fort, très fort. Trevor serre les poings, dans ses poches, pour ne pas que l’ennemi capte son énervement monté en flèche d’un coup. Il se tourne vers Marissa, qui est loin derrière eux et l’observe deux ou trois secondes, avant de refaire face à Angie et Jude. En vaut-elle vraiment la peine ? Doit-il, pour ne pas la perdre, se retenir de briser le cou de son abruti de frère ? Se priver du plaisir de lui éclater le nez une nouvelle fois, pour elle ? Dur choix. Dilemme cornélien. En plus, il n’est pas assez bon à ce petit jeu de la provocation pour qu’il puisse durer éternellement, et il sait qu’il se ferait immanquablement battre. En combat singulier, en revanche… surtout qu’aujourd’hui, il n’est pas bourré. Il est sûr et certain de l’étaler. C’est dans l’ordre des choses. Les tapettes se protègent avec les mots, les vrais hommes avec les poings. Comment, la violence est le langage de ceux qui n’ont rien à dire ? Oui. En effet. C’est beaucoup plus simple de faire comprendre à quelqu’un qu’on le déteste et qu’on aimerait le voir crever la bouche ouverte en lui en collant une, plutôt qu’en le lui démontrant par A + B. Ça, même s’il l’a bien compris, Tre’ décide d’y renoncer… pour ce soir.
Un sourire mauvais étira ses lèvres. « En effet. Mais j’ai d’la chance, je vois que tu es bien occupé ailleurs. » fait-il, en désignant du menton les mains enlacées de Jude et Angie. « D’ailleurs, je m’demande comment un gay comme toi a réussi à lui monter dessus. Si tu couchais avec Marissa, je n’dirais pas, parce que c’est vrai que ta sœur rendrait hétéro n’importe quel type dans ton genre. Crois-moi sur parole… » susurre-t-il, en insinuant clairement que Marissa et lui avaient couché ensemble. Ce qui, bien entendu, n’était pas vrai. Mais ça, Jude ne le savait pas. Quant à lui, il ne pouvait pas s’en vouloir, parce qu’il ne l’avait pas clairement dit, donc n’avait pas clairement menti. CQFD.

Angie répond à ma demande et vient me déposer un léger baiser sur la joue. Je tente de lui offrir le sourire le plus naturel au monde. Il n’est pas extravagant. Juste présent et légèrement timide. Je m’inquiète un peu pour elle. Comme pour tous ceux qui m’entourent. C’est mon truc à moi, penser à eux avant moi. Tout comme prévoir des plans pour le futur sans apprécier le présent. Mon amie vient me prendre dans ses bras suite au bisou. Je me laisse faire et passe une main le long de son dos. Je ferme les yeux un instant, profitant de ce moment de proximité. Si on peut dire ça ! Son ventre ne facilite pas les rapprochements. Mais j’apprécie tout de même ce câlin. Ça faisait longtemps. A vrai dire je me suis toujours montré un peu plus distant avec Angie. Dans le fond je l’apprécie énormément. J’ai peut-être juste un peu plus peur de le montrer. Ne me demander pas pourquoi. La demoiselle me répond que l’ouragan n’a pas été facile pour elle non plus. Une anorexique enceinte et un beau gosse. Ça ressemble définitivement aux étudiants de Wynwood ! Finalement je la plains. Moi je n’étais qu’avec une fille qui a un béguin pour moi, un footballeur qui attire également cette fille et une bonne amie qui a obtenu ma confiance très rapidement. Beaucoup moins typique !

Ensuite Angie me rassure sur l’histoire de Marissa et l’autre débile. J’aimerai que ce qu’elle dise soit vrai. Je sais que Mari ne mérite pas ce type, qu’ils non absolument rien à faire ensemble. Mais j’ai peur que ma petite sœur soit aveuglée par lui. Je ne sais pas ce qu’il a pu lui faire et encore moins ce qui la pousse à aller dans ses bras. J’ai l’impression de ne pas reconnaître ma sœur. Je ne peux pas éclater et me mettre entre eux. Je ne peux pas risquer de perdre Marissa pour une stupide histoire d’amour. Oui, j’ai peur qu’elle le choisisse. C’est con à dire et je me plante sans doute. Mais ça me fout la trouille. Elle est tout ce que j’ai. Le bien le plus précieux qu’il m’ait été donné d’avoir. Alors je ne peux pas risquer de la laisser s’échapper. Même si pour ça, je dois me crever les yeux pour supporter le spectacle de leur couple.

«Je voulais te demander si tu accepterais d’être le parrain de mon fils. En plus, je crois qu’il t’adore !» Mes yeux s’écarquillent. Ça dans le genre nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je… Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Pas parce que je ne veux pas, non. Mais qu’elle ait pu penser à moi me surprend. Après tout nous sommes meilleurs amis, c’est compréhensible. Mais moi ! Je serais le parrain flippant qui n’a pas de fric et qui s’est enfui de chez lui ! Bonjour l’exemple que je pourrais donner à cette nouvelle génération.
Comme pour enfoncer le clou, Angie prend ma main et la dépose sur son ventre arrondi. Il donne un coup ! Un vrai petit footballeur ! Ah non ! Pas un footballeur ! Pas un sportif sans cervelle ! Disons que c’est un futur petit génie qui apprend le morse et qui s’entraine à se défendre. Comme son parrain. Ça me fait définitivement tout drôle.

Alors que je suis en pleine contemplation de ce qui se passe sous ma main, la jolie maman enchaine en me demandant si je n’ai pas des idées de prénoms. Elle continue en ridiculisant le prénom de l’abruti capitaine de l’équipe de football. Je souris largement. Quoi ? Trevor vient de parler dans mon dos ? On s’en fout. « Je propose une réunion au sommet entre Cassie, Duncan, toi et moi. On va lui trouver un prénom à ce bébé. Ensemble. » Il n’y a peut-être pas de papa à proprement parlé mais il y a une autre famille. Une équipe soudée. Et si Angie a besoin de quelque chose, nous serons là. Toujours. « J’accepte de devenir le parrain de ton fils. Ça me fait énormément plaisir que tu ais pensé à moi. » Je lui dépose un baiser sur le front et chuchote : « En parlant de crapaud, t’aurais pas entendu quelqu’un nous parler ? » Je lui fais un clin d’œil, lui prend la main et finis par me retourner. Face à face avec Seyton. Une distance de sécurité nous sépare. Je pense qu’elle est réellement nécessaire, sinon nous pourrions très bien nous sauter dessus. La main d’Angie, que je serre toujours, m’empêche d’agir comme un débile. Je me retiens. Elle me retient. Son fils me retient. Bref. Ils sont là et j’ai besoin d’un soutien moral pour garder la tête froide. « Oui Seyton, mais ce n’est pas difficile à comprendre. Je suppose que si j’étais proche de la délicieuse Willow ça te poserait un problème, pas vrai ?» Sa cousine. J’ai entendu parler d’elle. A ce qu’il parait, ils sont très proches. Bon moyen de comparaison, non ?

Je regardais Jude. C’était vraiment un bon dissimulateur. Il avait de l’avenir dans la politique ! Jude était le genre de mec qui pouvait vous dire qu’il avait tué à l’instant même et vous faire penser que c’était comme s’il avait dit « bonjour » à sa sœur. Je savais très bien que ce qu’il venait de me dire était la vérité mais il paraissait être à des kilomètres de ses aveux. En fait, j’avais l’impression de n’être qu’avec son corps et que son esprit était bien loin de moi et peut-être même de cette plage. Il me tendait la joue pour que je l’embrasse. Soit. Je déposais brièvement mes lèvres sur sa joue puis je le pris dans mes bras aussi bien que je le pouvais avec mon énorme ventre.

-Pour moi aussi l’ouragan a été dur. Ca m’a vraiment fait du mal d’être enfermée loin de vous. En plus, je me suis retrouvée avec une anorexique en cloque et une sorte de play-boy décoloré… Tu t’imagines l’éclate ! Tu sais Jude, je crois que l’histoire entre Trevor et Marissa ne va pas durer. Ils sont trop différents pour rester longtemps ensemble. Marissa a besoin d’un garçon assez relax, qui ne se prend pas la tête et qui ne prend pas la tête aux autres… Et ça, ce n’est pas Trevor. T’inquiète pas… Mais parlons d’autre chose que de cet abruti : c’est lui donner plus d’importance qu’il n’en a ! Je voulais te demander si tu accepterais d’être le parrain de mon fils. En plus, je crois qu’il t’adore !, lui dis-je d’un ton assez joyeux.

Pour étayer ma théorie, j’attrapais la main de Jude et la glissai sur mon ventre, sous ma tunique. Le petit être dans mon ventre donna un autre coup quand la main de Jude se posa sur mon ventre. Je regardais Jude. Je lui cachais des choses comme tout le monde. Je lui cachais que j’étais terrifiée à l’idée de ne pas réussir à élever mon fils. Je lui cachais que je ne savais pas comment j’allais faire. Je lui cachais que je savais que j’allais galérer. Déjà, que je n’étais pas une très bonne élève mais là, ça serait pire. Je lui cachais aussi que ma première galère serait de trouver un prénom à mon fils… Eh oui, je n’avais pas encore trouvé de prénom pour mon fils. Enfin, ce n’était pas bien grave comme problème.

-Dis, tu n’aurais pas des idées de prénom pour mon fils ? Je ne lui en ai pas encore trouvé… Ce qui est sûr c’est que je ne l’appellerai pas Trevor : ça fait trop prénom de crapaud ! D’ailleurs… Tu ne trouve pas qu’un crapaud serait plus attirant que Trevor ?, plaisantais-je en jetant un rapide regard à Seyton.

► « Il y en a pas. Lâche-moi. » lança-t-elle, regard noir à l’appui. Le brun soutint celui-ci une seconde, mais il sentit qu’il valait mieux qu’il s’éloigne. Trevor n’était absolument pas de bonne humeur. Vraiment pas. Et voir l’une des deux seules personnes qu’il appréciait vraiment sur cette plage l’envoyer chier pour Dieu seul sait quelle raison le rendait encore plus furieux. Il serra les poings, lança un regard énervé à la brune et tourna les talons. Qu’est-ce qu’il lui prenait, à la fin ?! Une voix dans sa tête lui susurra que la jeune femme avait peut-être perdu un proche, un ami ou de la famille, dans cet ouragan. Et pourtant, même pour ça, il ne voyait pas pourquoi elle retournait sa colère contre lui. Il n’y était pour rien. Ils étaient censés être amis… Une nouvelle pensée remplaça la précédente. Alors qu’il s’éloignait en direction de Marissa, Trevor stoppa net. Il se tourna vers Desdemona et l’observa, de loin. L’idée complètement idiote que peut-être son énervement était dû à quelque chose de complètement étranger à l’ouragan s’insinuait en lui. Et plus il y pensait, plus il se disait que peut-être, c’était de sa faute. Peut-être que Dess’ n’avait pas apprécié de le voir avec Marissa. Après tout, ils ne l’avaient annoncé à personne. Enfin, lui ne l’avait pas encore fait, de son côté. Était-il possible que son bras droit soit… Non, c’était ridicule. Il se secoua, énervé d’avoir nourri de telles pensées. Qui pourrait bien avoir envie de sortir avec lui, franchement ?! Marissa. Bon. D’accord. Mais à part elle. Personne. C’était évident. Pas Dess’. Elle était plus intelligente que ça. A nouveau, il se secoua. Marissa n’était pas bête. Il lança un nouveau regard hésitant à la brune, toujours seule et assise par terre dans son coin. Non, vraiment pas. Non, non, non.
Pour se changer les idées, Tre’ décida d’aller expulser sa colère ailleurs. La personne la plus apte à un acte pareil était sans aucun doute Dexter. Mais… Dex’ n’était pas là, malheureusement. Il ne pourrait pas se battre amicalement avec lui. En revanche… Jude, lui, était là. Avec la fille enceinte. L’occasion parfaite d’avoir une petite… discussion avec lui, n’est-ce pas ? Le brun sourit, mauvais. Oui, voilà… une discussion. Exactement ce dont il avait besoin. Le Rho Kappa changea de direction et laissa Marissa et la nouvelle arrivée, Brooke, discuter toutes les deux. A la place, il se dirigea vers le frère Chamberlain et son amie. Quand il arriva juste derrière eux, il l’apostropha pour le faire se retourner. « Chamberlain ! … Alors comme ça, il parait que tu n’aimes pas beaucoup l’idée que je sorte avec ta sœur ? » lança-t-il. Provoquer, lui ? Non, voyons. Jamais. Ce n’était pas du tout son genre.

Marissa était perdue dans ses pensées. Depuis déjà tout à l'heure avec Trevor et son discours, elle se posait des questions, mais ce soir, c'était encore plus différent. Elle réfléchissait sur beaucoup de choses, elle essayait de démêler le vrai du faux, le bon du mauvais. Elle fixait l'océan, comme si ses questions allaient y trouver des réponses. Comme si cette infinie bleue allait lui révéler de sa magie. Lui donner la force du combat.

Alors que l'adolescente était prise dans ses pensées, elle entendit qu'on s'approchait d'elle. Brooke.
Elle lui sourit faiblement et lorsque son amie s'assit à côté d'elle, posant sa tête sur son épaule, la jeune femme lui prit la main, la serrant dans la sienne. Les deux filles n'étaient pas spécialement proches, elles se connaissaient via l'équipe de Beach Volley et avaient surtout noué des liens forts par cela. Et puis, elles s'étaient vu le jour de l'Ouragan, lorsque Trevor et Marissa avaient fait le tour des Confréries. Mais elles ne s'étaient pas revu depuis.

Brooke lui demanda si ça allait, si elle n'avait rien loupé et puis, elle s'excusait de son retard. Marissa lui sourit faiblement comme pour la rassurer à ce sujet là, puis elle lui répondit :

« Ne t'inquiète pas, beaucoup ne sont pas encore arrivé... on n'a pas encore commencé, on attend les gens. »

Elle marqua une pause, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle continua :

« Orf tu sais... y'a des moments où ça va et d'autres moins... Il faut laisser le temps apaiser tout ça je pense... et toi, comment vas-tu depuis... l'ouragan? »

Elle regarda son amie près d'elle. Elle était contente qu'elle soit toujours là et qu'elle soit là, en fait. Présente ce soir, ensemble, ça la touchait que certains fassent ce geste. Marissa regarda le petit groupe de son frère, croisant son regard, ils ne se sourirent pas. Jude n'allait pas bien, ça se ressentait, elle le ressentait. Il lui manquait. Elle avait besoin de lui. Elle tourna alors plus la tête encore et découvrit Trevor et Desde en train de discuter. Elle eut comme un petit pincement au coeur, mais retourna le visage vers l'océan. Serrant un peu plus la main de son amie dans la sienne.

► Dess’ sembla sortir de ses pensées. Elle lui lança un regard courroucé et s’exclama beaucoup plus vivement que Tre’ ne s’y était attendu. « Ça va. Ce n’est pas parce que je m’arrête de parler pendant dix secondes qu’il faut tout de suite que quelque chose cloche. On est où ? Au tribunal ? » lança-t-elle avec une certaine… hargne. Le brun ouvrit la bouche pour protester, la referma presque aussitôt : son bras-droit avait tourné les talons et s’était éloignée de lui à bonne distance. Il la vit, de loin, s’immobiliser et poser ses fesses sur le sable mouillé. Le jeune homme soupira. Il ne savait pas ce qu’il prenait à Dess’, mais elle était décidément bien étrange, ce soir. Il se tourna vers la digue pour voir si d’autres gens arrivaient, mais tout ce qu’il put voir fut le regard plein de mépris de Jude Chamberlain. Du coup, le brun préféra se tourner lui aussi vers la mer. Il enfonça ses mains dans ses poches et soupira à nouveau. Cette soirée allait être très, très longue. Interminable, même. Si Marissa n’avait pas été là, il serait à tous les coups partis. De toute façon, à part elle, personne ne voulait de sa présence ici. Justement, en parlant de la jeune Nu Zeta… Il observait son dos. Elle aussi était assise dans le sable, comme Desdemona. Loin de lui. Trevor se demandait s’il devait aller la rejoindre ou la laisser profiter un peu de sa solitude. Ils ne se connaissaient pas depuis assez longtemps pour qu’il puisse le deviner. Nouveau soupir.
La réflexion très négative du jeune homme sur la perspective de cette soirée fut interrompue par l’arrivée de Brooke, une autre jeune femme de sa Confrérie. Elle lui lança un sourire auquel il répondit tant bien que mal et puis s’éloigna vers Dess’ pour la saluer. Le brun l’observait. Avec elle, sa consoeur semblait bien moins agressive qu’avec lui. Pourquoi ? Quelle mouche l’avait piquée, à la fin ?! Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas ce qu’il avait fait de mal. Quand Brooke quitta Dess’ pour aller saluer Marissa, le jeune homme décida de tenter une nouvelle approche. Il n’aimait pas voir Desdemona dans cet état, et était bien décidé à la dérider un peu… ou à savoir quel était le problème avec lui, si c’était bien ce qu’il pensait. Le footballeur approcha et, quand il fut à quelques pas de la jeune femme, s’assit à son tour. Un peu en retrait… histoire de pouvoir prendre la fuite si jamais elle lui sautait à la gorge. Il tripota le rebord de son pantalon, hésitant. En fait, il se rendait compte qu’il ne savait vraiment pas comment s’y prendre, avec les gens. Les réconforter, c’était pour lui la pire épreuve du Monde. Comme l’après-midi, avec sa copine, au Zoo. Quand elle avait commencé à pleurer, il avait cru qu’il n’arriverait jamais à lui redonner le sourire. Le brun tourna la tête vers Dess’ et lâcha la première chose qui lui venait en tête. « C’est quoi l’problème ? ». Un peu sec, mais bref et efficace. Ou pas.

Cacher ses émotions tout en paraissant ému par la soirée en elle-même. Rien de trop, rien de moins. Juste la pointe de tristesse dans la voix. Malgré une lueur d’espoir et de certitude. C’était parfait, non ? J’étais sûr que quelqu’un verrait que je ne joue pas franc jeu. Ça ne manqua pas.
Je sens une main se glisser dans la mienne. C’est Angie. Je tente un sourire réconfortant. J’ai senti le mouvement du bébé. C’est franchement impressionnant. Je n’ai jamais prévu d’avoir une femme enceinte dans mon entourage. Mais je ne peux pas tout prévoir à l’avance. Parfois il y a des coups que l’on ne peut calculer. Mais si celui-ci aurait pu être évité… Je n’ai pas mon mot à dire. Et puis ce sera le premier bébé de la bande ! J’ai déjà un cadeau pour lui. En fait, ça fait partie des choses que j’ai achetées pour Angie, pour son anniversaire… Je me suis dit qu’un présent pour le bébé serait tout aussi bienvenu. Il est là dans pas longtemps ! Alors autant prévoir.

Mon amie m’emmène à l’écart. Je regarde son ventre du coin de l’œil. Je ne m’y ferais jamais… Je n’ose même pas imaginer quand je serais père d’un gosse. Voir l’évolution… La multitude de plans à construire, à démolir, à imaginer, à mettre en place, à effacer, à créer… J’en deviendrai fou. A moins que je ne le sois déjà. Fou. Pas père. Quoi que… On ne peut pas deviner. Enfin, bref. Ne divaguons pas ! Angie m’a écarté du petit groupe. Je me retrouve loin de ma sœur. Et de ce type. Mon envie de le tuer c’est légèrement envolée. Bon évidement l’idée de creuser un trou pour l’y pousser et l’y ensevelir me parait une solution intéressante. En ne laissant que la tête dépasser. Pour voir un peu de souffrance se dessiner sur son doux visage de footballeur sans cervelle. (Dudu, c’était pour toi ♥) Marissa n’apprécierait pas. Je n’ai pas envie de partir en prison, j’ai trop de choses à mettre en œuvre ici. Et je ne pense pas être fait pour l’incarcération. Quoi que… Si on oublie les savonnettes et les muscles. Je pourrais m’y faire une place. Non, trop observateur, trop silencieux, trop discret… Ça ne plairait pas. Je me ferais tabasser rapidement.

Je m’égare. Encore. Peut-être est-ce pour oublier la conversation qui va avoir lieu. Histoire d’avoir une certaine distance. Je me remets dans mon costume de mec qui passe d’une idée à l’autre en divaguant sur des sujets tordus et parfois incompréhensible. Tout ça pour ne pas être fragile. Tout ça pour oublier le mal être de ma sœur et mes problèmes qui en découle. Angie veut m’entendre prononcer ses mots. Mais je ne suis pas capable de les accepter, alors je vais encore moins les dire ! « Je suis fatigué. Ma sœur embrasse mon pire ennemi. J’ai sans arrêt les pires images en tête. J’ai reçu un mot de mon père disant qu’il voulait me parler seul à seul. Marissa est hantée par un gars et je ne peux rien faire à part essayer d’être présent. J’ai été enfermé loin de mes meilleurs amis et là encore je n’ai pas pu vous dire un dernier mot. Je n’ai rien pu faire à part attendre. Et je déteste ça. » Sincère ? Oui. Mais sur un ton banal. Mes épaules se sont haussées à plusieurs reprises. Je ne me jette pas en larmes sur ses épaules. Je ne pleure pas. Je me détache complètement des faits. Ai-je tout dit ? Oui. Presque. Je ne parle pas de ma frustration. Je ne me lance aucunement sur mon passé sombre. Rien. Ce n’est pas le plus important. Je ne suis pas non plus revenu sur tout ce que m’a dit ma meilleure amie. Son aveu sur l’importance de la clique. Nous sommes ses premiers amis. Je suis content de l’avoir entendu dire ça. J’avoue avoir parfois eu des doutes. Je la sentais un peu à l’écart. Mais je pense que la grossesse a formé une barrière entre nous. Mais désormais je suis un peu plus sûr. Elle est là. Avec ses grands yeux. Aussi insistante que Duncan. Aussi sincère que Cassie. « Rassure-toi, je ne vais pas partir me suicider d’aussi tôt. Tu n’es pas impuissante. Tu n’as qu’à me faire un petit bisou, un sourire et que ce bébé me donne encore un coup ! Et tout ira beaucoup mieux.. » Je lui tends la joue, demandeur. Détendre un peu le tout. Faire comme si de rien était, tout en sachant très bien que ce que je venais de dire n’était pas rien. Mais je suis fidèle à mon habitude. « Tu as un parrain ? Un endroit où le faire dormir ? Une école ? Un club de foot ? Une voiture pour ses seiez ans ? » Je plaisante. Quoi ? Mon humour laisse à désirer ? Comme si je ne le savais pas…

On retourne avec les autres ? Je ne veux pas laisser Marissa trop longtemps. Je n'ai pas envie de voir certaines choses. Et je ne vais pas faire l'autruche ! Ce n'est pas mon style, même si ma tête et attirée par le sable.

► La fille enceinte se présenta comme étant Angie. Tre’, en lui-même, se promit d’essayer de le retenir, mais à peine voit-il débarquer au loin le frère de Marissa que déjà il pensait à autre chose. Des choses peut-être pas très catholiques, certes. Mais il ferait tout, ce soir, pour que personne ne les devine. Le pire, c’est qu’il était persuadé que c’était ce type qui avait lancé toutes les rumeurs sur lui. Parce qu’après tout, il l’avait bien menacé de lui faire payer, non ? Qui d’autre que lui sera pouvait-il être, de toute manière ? Ne pas pouvoir se venger parce que c’était le frère de sa copine lui trouait sérieusement le cul. Mais il ne désespérait pas. Un jour, qui sait… Jude arriva vers le petit groupe, donc, et commença par tendre la main à Trevor. Le brun la regarda une seconde, puis la lui serra, sans oublier au passage de lui broyer les doigts. Dire que ce mec était le frère de sa copine, ça lui donnait envie de gerber. Comment leur mère avait-t-elle pu enfanter deux enfants aussi différents ?! Un pauvre type complètement à la masse, et une fille aussi charmante que Marissa. Non, vraiment, il avait du mal à comprendre. Sérieusement, ça puait le fils de facteur. Sa mâchoire était crispée, et elle le resta jusqu’à ce que son grand ami se retire. Malgré la présence de Marissa et de Dess’, le Rho Kappa sentait qu’il allait passer une soirée dégueulasse, juste parce que l’autre tafiole s’était pointé. Mais il fallait vraiment qu’il fasse un effort. Pour Marissa. Justement, grand frère àlacon s’éloigna, bientôt rejoint par la fille enceinte. Son prénom était comme qui dirait rentré par une oreille, et ressorti par l’autre. Trevor soupira, se tourna vers Dess’ et lui annonça qu’il avait une luxation de l’épaule*. Pas de réaction de la part de la jeune femme, qui semblait plongée dans ses pensées. Le brun haussa un sourcil interrogateur. Toujours rien. Elle ne semblait plus être connectée à la même réalité qu’eux. Marissa le tira de ses pensées en s’approchant du sac qu’il avait amené. « Ce sont les Lanternes dont tu m'as parlé ? Y'en a beaucoup, ça va être beau... Avec Jude on a pris pas mal de bougies, j'ai vu que tu en avais ramené aussi. C'est bien... » fit-elle, avant de poser un baiser sur sa joue. « J'ai demandé à l'école qu'on nous prête une barque, on pourra les lancer de l'océan. Trevor, tu voudras bien venir sur le bateau avec moi ? Y'aura sûrement Jude aussi... alors j'comprendrais que... » commença-t-elle. « Haha… euh, oui, on verra. » éluda-t-il avec un sourire. Plutôt crever que de monter dans un bateau avec pour seules compagnie Marissa et son frère qu’elle aimait tant. Pas question, vraiment. Mais bon, il n’avait pas non plus envie de gâcher la soirée de Marissa… Dilemme ! C’est alors que la jeune femme s’éloigna en prétextant qu’elle allait préparer les trucs pour la cérémonie. Dess’, quant à elle, semblait toujours perdue dans ses pensées. Tre’ les observa tour à tour, et s’approcha finalement de son bras-droit, inquiet. Il passa une main devant ses yeux pour la faire réagir. « Allô, Dess ? La Terre appelle la Lune. » fit-il. Quand enfin il obtint son attention, il poursuivit : « Est-ce que ça va… ? Tu as l’air complètement dans la lune, ce soir. ». Il se retourna et lança un regard à Mari, qui s’éloignait de plus en plus. Il irait la voir après. Là, il resterait un peu avec Desdemona, qui n’avait visiblement pas l’air dans son assiette.

Puis ce fut au tour de Trevor d'arriver, un gros sac dans les bras, comme il l'avait promis à l'adolescente. Cette dernière sourit en le voyant arriver, comme à chaque fois qu'elle croisait son visage en fait. Ils avaient passé une journée géniale ensemble, se promenant au Zoo et il fallait bien avouer que ça les avait beaucoup rapproché. Elle plaça sa main sur son ventre, puis quand elle aperçu Jude arriver, elle tourna légèrement, se reculant par la même occasion, de Trevor. Elle regarda son frère arriver près d'eux et elle comprit tout de suite que ça n'allait pas. Il était froid, malgré son désir d'être chaleureux. Il n'appréciait pas Trevor, certes, mais il y avait autre chose. C'était évident. Il lui murmura un tendre « Je t'aime » au creux de son oreille et elle aurait voulu le prendre dans ses bras et parler un peu avec lui, mais Angie la devança et l'adolescente et Iude s'éloignèrent. Marissa les regarda d'un mouvement de tête, avant de se tourner vers les deux adolescents qui étaient à ses côtés. Elle lança alors, s'approcha du sac de Trevor :

« Ce sont les Lanternes dont tu m'as parlé? Y'en a beaucoup, ça va être beau... Avec Jude on a prit pas mal de bougies, j'ai vu que tu en avais ramené aussi. C'est bien.. »

Elle s'accroupit alors face au sac afin de regarder un peu ce qu'il y avait à l'intérieur. Elle était contente de l'aide de son petit ami quant à ce projet, ça comptait beaucoup pour elle. Il le savait. Son geste la touchait, vraiment. Elle se tourna alors vers les deux adolescents qui l'avait suivit et déposa un tendre baiser sur la joue de son petit ami, lui murmurant un « Merci » bercé d'un sourire. Après quoi, elle leur annonça :

« J'ai demandé à l'école qu'on nous prête une barque, on pourra les lancer de l'océan. Trevor, tu voudras bien venir sur le bateau avec moi? Y'aura sûrement Jude aussi... alors j'comprendrais que... »

Ne voulant pas en dire plus devant Dess', elle attendit la réponse de son petit ami puis leur lança :

« Je vais préparer un peu tout ça »

Il fallait qu'elle s'occupe. Le chagrin de cet évènement troublant la reprenait. Elle ne savait bien, qu'elle allait pleurer, à un moment où à un autre, c'était évident. Mais elle essayait de se retenir au maximum, prenant sur elle. Elle voulait paraître forte, alors qu'à présent, à le moindre chose qui claque, elle sursautait, au moindre crissement de pneu sur la route, elle tremblait. Au moindre visage qui ressemblait à Troy, elle frémissait. Elle pensait à lui, souvent. La voyait-il de là où il était? Allait-il voir les lanternes et les bougies? Sentirait-il l'odeur des fleurs fraîches lancées sur l'océan? Elle l'ignorait, mais tout ce qu'elle espérait, c'était qu'il ressente tout ce qu'elle ressentait, depuis des jours, vis à vis de lui.
Marissa finit par sentir que ça n'allait pas vraiment, elle fit volte face, sans se tourner vers ses camarades qui discutaient et s'avança vers le bord de l'eau. Retirant ses chaussures, elle les lança tomber dans le sable, elle s'avança vers l'eau, y trempa ses pieds. Elles sentait sa gorge se nouer, comme lorsque l'on retient un sanglot. Elle leva alors vivement la tête pour retenir ses larmes, observant l'horizon. Etait-il là? Quelque part? Elle aurait tellement voulu lui parler une seule et unique fois... Ce n'était pas le seul à être partit, mais lui, il était mort devant elle.

Elle ne tarda ensuite pas à s'éloigner de l'eau pour se laisser tomber assise, sur le sable, observant l'océan, le ciel rougit, elle sentit une larme couler sur sa joue. Décidemment, ça serait plus dur qu'elle n'aurait pu le croire. Vraiment plus.

Je souris lorsque Marissa me dit ça lui faisait du bien de me voir. Je devais être une présence rassurante pour elle. Je pense qu’elle m’appréciait parce que j’étais l’une des meilleures-amies de son frère. Je répondis simplement : « Mon p’tit gars s’accroche. Ca va vraiment bien, mis à part l'ouragan qu'on a essuyé, et il n’y a aucun problème avec le bébé. ». Arriva alors un garçon, le genre beau mec sportif… Je ne dis rien même si je le reconnu par la suite : c’était Trevor Seyton. La Wynwood Voice en avait parlé récemment et surtout, j’en avais entendu parler par Jude. Jude détestait Trevor… Heureusement pour moi, je ne lui avais jamais parlé donc je fis comme si je ne me doutais même pas de son existence. C’était pas vrai ! Il sortait avec Marissa ! C’était le comble pour Jude ! Il se présenta donc et j’en fis de même à mon tour : « Salut, je m’appelle Angie. ».

Je vis ensuite Jude venir vers nous. Hummm… C’était tendu entre lui et son éventuel beau-frère ! Jude fais la bise à l’autre fille avant de venir vers moi. Je souris. J’aimais vraiment Jude même si je ne lui demandais pas de service ou d’aide particulière à cause de ma grossesse. Il m’embrassa plusieurs fois et caressa mon ventre… Je ne sais pas pourquoi mais le bébé décida à ce moment de donner un coup de pied.

-Tu as sentis ?, lui demandais-je en riant légèrement. C’est pas grave. C’est super gentil d’y avoir pensé…

En réalité, j’étais persuadée qu’il n’y penserait pas. J’avais été médisante. Jude fit ensuite une annonce qui sonnait faux aux oreilles de quelqu’un qui le connaissait très bien, quelqu’un comme moi. Je posais mon sac dans le sable, pris Jude par la main et l’entrainait un peu plus loin, afin que personne ne nous entendent. Je ne savais pas ce qu’il se passait mais quelque chose perturbait Jude, il n’était plus comme d’habitude. La seule chose que je savais c’est qu’il avait des problèmes. Quand nous fûmes à une bonne distance, je lui demandais :

-Jude… Ca ne va ? Je le sens dans tes paroles… Dis-moi ce qu’il se passe. Je ne pourrais peut-être rien faire pour t’aider mais je veux savoir ce qu’il se passe pour pouvoir au moins essayer de t’aider. Jude, tu es mon meilleur-ami et avant toi et toute la clique, je n’avais jamais eu d’amis et encore moins de meilleur-ami. Tu es vraiment précieux pour moi et je n’aime pas savoir que ça ne va pas dans ta vie en restant délibérément impuissante..

Décidément ces derniers temps, c’était la période des aveux pour moi ! Heureusement dire à Jude qu’il était important pour moi était quand même beaucoup moins grave que ce que j’avais révélé à mes deux compagnons d’infortune dans la cafèt’ !

Hier avait été une journée chargée. Marissa et moi étions partis à la recherche du garçon qu’elle avait vu mourir. Sous ses yeux. Je savais que c’était important pour elle. Je l’avais immédiatement compris. Je ne voulais pas qu’elle se sente mal. Je ne le veux pas. Je ne le voudrais jamais. Son bonheur compte pour moi. C’est plus précieux que l’or, plus grand que l’Himalaya, plus compliqué qu’une formule de chimie nucléaire, plus dangereux que l’explosion du soleil, plus vital que l’oxygène. Je veux la voir sourire. Rien qu’une seconde. Je veux la tenir près de moi et la serrer très fort. Tous les soirs c’est d’ailleurs ce que je fais. Parfois j’ai des empêchements. Je m’en mords les doigts. Je ne pense qu’à elle toute la nuit. Va-t-elle mieux ? Était-elle en train de cauchemarder ? A-t-elle besoin d’une main pour lui caresser doucement les cheveux ? Pleure-t-elle ? Je ne peux pas supporter ça. Toute cette situation.

On a trouvé qui c’était Troy. Le lendemain de l’ouragan je lui avais parlé d’une demande de commémoration, un monument. Elle avait souhaité faire une soirée en l’honneur des âmes disparues. Comme Troy. Il avait mon âge, une famille et des amis. J’avais mis un visage sur celui que Marissa ne pouvait plus effacer. Je m’étais senti mal. Terriblement. Je ressasse le passé. J’espère qu’elle ira mieux, tandis que moi je m’enfonce dans l’obscurité. Je dois me renforcer. Je dois arrêter de me sentir mal. Ce n’est pas comme cela que j’aiderai ma sœur. Je ne lui ai pas encore parlé de Seyton. Je voulais. J’avais eu l’intention de le faire. J’avais voulu avoir une conversation sérieuse, sans m’énerver. Mais il y a eu l’ouragan et tout ce qui va avec. J’avais été déconnecté. J’avais tout oublié. Il y avait bien plus important. Comme ne pas dormir une seule minute pour veiller sur Mari. Dormir durant les cours. Essayer de voir la clique. Trouver des détails sur les disparus. Tenter de préparer un projet pour le monument des disparus. Pour Marissa. Je devais faire des photos, trouver des tailleurs de pierre mais aussi un emplacement dans le parc et aussi demander l’autorisation au principal. Sans oublier de mettre de l’ordre dans les bâtiments, au zoo et un peu partout où j’aime être. Et sans oublier mon boulot. Bref. Je n’ai pas eu beaucoup de temps. Il me faut une pause. Je vais finir par craquer. Je ne sais pas quand mais ça risque d’arriver. Ça pourrait être pire que l’ouragan ou bien plus humiliant que n’importe quelle blague de mauvais goût ! Comme les rumeurs… Honnêtement, elle m’a bien fait rire ! Pas mal de boulot et de recherches. Je reste plutôt en admiration devant cette Voix. Une plume plutôt ironique avec toujours une petite touche d’humour. Un humour tout aussi pourri que le mien… Mais ce n’est définitivement pas ce à quoi je pense en ce moment.

J’arrive sur la plage un peu avant tout le monde. Mais je pars à contre sens. Je marche en parallèle à l’eau. Ce n’est pas une question de peur. Je sais ce que l’on va faire. Je pense même que ce sera parfait. Émouvant, convivial, silencieux, magnifique. Le cadre sera très agréable. Je veux y assister. Je veux être présent pour Marissa. Mais pas tout de suite. En fait, je dois me retrouver encore une fois seul avec moi-même. Je dois m’explorer, revenir sur mes vieux démons. Je soupirs et m’assois face à l’eau. Mes yeux se posent sur l’océan. J’observe l’écume qu’apparait après chaque mort de vagues. Elles s’enchainent les unes après les autres. Et moi je reste là. Un point noir à deux cents mètres du rendez-vous organisé par ma petite sœur.

Je ne sais combien de temps je suis resté là. J’aurais eu besoin d’une bonne bouteille. Un truc fort. Mais je ne peux définitivement pas me pointer là-bas complètement dans le flou. Je veux être complètement apte et maitre de mes pensées. Je soupire. J’ai une boule dans la gorge. J’aurais presque voulu pleurer. Mais je ne peux pas. Je n’ose pas. Ma mâchoire se crispe alors que mon poing vient s’enfoncer dans le sable. Je finis par relâcher la pression et en prend une poignée. C’est fin, doux, chaud. Rien de ce que je suis. Il faut que je retrouve mes esprits. Je laisse les grains de sable s’échapper l’entement. Comme un sablier. Une fois le temps écoulé, je me relève. Je pivote pour faire chemin inverse. J’aperçois des formes au loin. Un petit groupe. J’ai dû rester ici longtemps… Je commence à marcher. Je n’arrive pas à avoir de l’entrain. Je retarde le moment fatidique.

Plus je m’approche, plus j’observe les personnes présentes. Malheureusement pour moi, je les connais toutes. Oui, ce n’est pas une chance. Tous sauront si je vais bien ou non. Tous sauront s’il y a quelque chose qui cloche. Ou tout de moins, je ne pourrais pas me cacher derrière une apparence de dernière minute. Alors, je ralentis encore un peu plus. Il faut que je prépare ma carapace. Il faut que je me cache et surtout qu’aucune émotion ne transparaisse sur mon visage. Je respire une fois, deux fois, trois fois… Inspiration, concentration, focalisation, expiration. C’est bon, je suis prêt. Je m’approche un peu. Il y a Trevor. Je ne vais pas m’énerver. Je ne vais pas non plus l’ignorer. Je serais le gentil frère qui respecte chacun des choix de sa sœur même si pour cela il doit se crever le cœur. Oui, car je me sens sincèrement mal. J’ai peur de ce qu’il peut lui faire. J’ai besoin d’une assurance de ce qu’il a derrière la tête. En fait, j’ai les boules qu’elle l’ait choisi, lui. J’avais vu ça sur son mur. J’en ai jeté mon ordinateur. J’ai dit à Marissa que c’était à cause de l’ouragan… Mensonge. Mon self-control en a pris un coup ce jour-là. Mais ça va mieux. Je ne vais pas le noyer. Je ne vais pas l’étrangler. Je ne vais pas le brûler vivant. Je ne vais pas lui crever les yeux à l’aide de la clé que j’ai dans la poche. Je ne vais pas lui faire manger du sable jusqu’à ce qu’il s’étouffe. Non, je ne ferais rien de tout cela même si l’idée m’est passée par la tête. Le tout en cinq secondes. Une succession d’images, comme un baume à étaler sur le cœur.

Je souris en voyant Angie, sa présence serait bonne. Tout comme Marissa. Deux personnes précieuses dans ma vie. L’anniversaire d’Angie était il y a peu. C’est-à-dire le 9 juin. Je lui ai acheté des cadeaux. Justement le jour où j’ai rencontré Desdemona. La dernière personne présente. Mais ces derniers temps j’oublie tout. « Bonsoir. » Je vais serrer la main à Trevor. Signe de paix ? Oui. En apparence. Ou bien une simple trève. Tout dépend de ce que lui fait. Ça me dégoute comme geste. Mais j’en profite pour le regarder droit dans les yeux. Ensuite je fais une bise à Dess. Je la connais pas énormément mais je ne vais pas non plus l’ignorer. Je me tourne vers Angie et lui fais plusieurs bisous en finissant par une caresse sur son ventre. « Je n’ai pas pu te donner tes cadeaux… C’était y a cinq jours mais j’ai pensé à toi. » Je lui souris avant de faire un bisou à Mari. « Je t’aime. » Ce n’est qu’un murmure pour nous deux. Mais j'ai pris l'habitude de lui répéter. C'est sincère. Je veux que jamais elle ne l'oublie. C'est peut être pour me faire un peu pardonner. De quoi ? Je ne sais pas vraiment...

Je m’écarte un peu de tout le groupe et fait quelques pas en arrière. « Ce sera une bonne soirée. » J’annonce ça comme un présage. Comme si j’en étais certain. C’est faux. Mais j’en donne impression. Je sais cacher ce que je pense réellement. Je l’ai toujours fait. Ça ne changera pas. Même ce soir.

► Aujourd’hui, Tre’ avait passé une journée… bizarre. D’abord, au matin, un flot de rumeurs sur son compte s’était déversé dans tous les hauts parleurs de l’école, et en prime, une copie de toutes ces conneries figurait sur internet. Ensuite, il y avait eu la discussion avec Marissa. Plutôt… houleuse ? Ce n’est pas qu’ils s’étaient disputés, mais… ils avaient été francs l’un envers l’autre, comme il faut l’être dans un couple. Même si, après tout, cela ne faisait pas si longtemps que ça qu’ils sortaient ensemble. Il avait ainsi appris, par exemple, que sa copine était en réalité la sœur d’un type qu’il ne pouvait pas blairer : Jude Chamberlain. Chamberlain… Maintenant, il savait le nom de famille de ce tocard. Plus il y pensait, et plus ça l’énervait de ne pas avoir compris ça avant. Il avait même vu un message du dit Jude sur le Facebook de Marissa, mais n’avait absolument pas fait le rapprochement entre lui et l’espèce d’imbécile à qui il avait foutu un coup de boule à une soirée : la photo était trop floue pour qu’on le reconnaisse. Et puis, il n’y avait pas réellement prêté attention. Ensuite, Marissa et lui avaient passé la fin de journée au Zoo, à se balader. Ils s’étaient bien amusés, mais on sentait que quelque chose entre eux deux avait changé, sans trop qu’il ne sache déterminer quoi. Elle lui avait enfin parlé de cette commémoration sur la plage, à laquelle le brun lui avait promis de participer. Il savait que sa présence ferait plaisir à la jeune femme, c’est pourquoi il comptait s’y rendre. En étant l’organisatrice, sa copine avait dû prévoir du matériel. Le Rho Kappa lui avait donc aussi promis d’en emmener avec lui, notamment un stock de lanternes. Celles qui s’envolent, une fois allumées… parce que ça serait du plus bel effet, et que ça réconforterait sans doute Mari’ de voir ça.
A 21h12, Tre’ se pointa sur la plage. Il s’était changé et portait un short en jeans, ainsi qu’un pull fin, noir, avec un col en V. Le sportif n’avait pas jugé bon d’enfiler des chaussures : c’était complètement inutile, à son sens, vu qu’ils seraient sur la plage. Il redoutait un peu d’y croiser son grand… ami… Jude, mais il s’était promis de l’ignorer, parce que la jolie Nu Zeta avec qui il sortait n’apprécierait sans doute pas une dispute entre les deux garçons, surtout lors de pareille occasion. Bon, il sentait déjà son sang bouillir à l’idée de le voir, mais ce n’était pas grave. Il approcha des trois jeunes femmes, un grand sac de lanternes dans les bras. Il les déposa non loin d’elles, près des affaires que Marissa avaient apportées, avant de venir les saluer. Il reconnut Dess’ immédiatement et lui sourit, de loin. Quand il fut près du petit groupe, il se glissa entre Marissa et Dess’, justement, avant de planter une bise sur la tempe de la seconde. « Salut, Dess’ ! » fit-il, avant d’ensuite se tourner vers Marissa. Il entoura ses épaules de son bras et l’embrassa tendrement sur les lèvres, pas trop longtemps, pour ne pas mettre les deux autres mal à l’aise. Puis il se redressa et observa la troisième fille. Il ne la connaissait pas. « Salut. J’m’appelle Trevor. » se présenta-t-il poliment, en souriant. Puis, sans lâcher Marissa, il se tourna vers son bras-droit au sein de la confrérie des sportifs. « J’ai été chez le médecin, comme promis. Luxation* de l’épaule. » annonça-t-il. Cela faisait quelques jours qu’ils ne s’étaient plus vus, il n’avait donc pas pu lui annoncer le verdict du médecin, chez qui elle l’avait obligé à aller, de gré ou de force.

Les gens commençaient à arriver, elle leur tournait le dos. Face à l'océan, elle regardait cette immensité, en pensant à tout ceux qui étaient partit. La vie était triste depuis quelques temps, il y avait eu des enterrements, des veillées, mais la douleur, la tristesse, le traumatisme, ne partait pas. Non.. il était toujours là. Marissa ne pouvait plus dormir seule la nuit, elle faisait des cauchemars horribles sur ce qu'elle avait vécu ce jour-là. Alors elle allait se réfugier dans le lit de Jude ou celui de Maeko lorsque son frère était absent. Elle avait besoin d'une présence, d'un réconfort. Batman dormait toujours dans la même pièce qu'elle, ça la rassurait aussi. D'ailleurs, il était là, elle l'avait emmené avec elle toute la journée. Elle ne s'en passait plus, pas une seule seconde. Il la rassurait vraiment. C'était con à dire, mais elle lui parlait et il semblait la soulager, de tout ce poids misérable qu'elle avait sur les épaules depuis ce maudit jour. Elle était debout, il était assis, tous les deux face à l'océan. La mer était un peu agitée, il y avait un peu de vent, mais rien de bien grave. Marissa avait enfilé un jeans slim, un tee-shirt d'un groupe indépendant puis avait enfilé une large veste noire à Joshua. Ca la rassurait et Dieu seul sait qu'en ce moment, elle avait besoin de se sentir rassurée, à chaque instant. Oui, l'Ouragan était partit, il avait emporté beaucoup de choses sur son passage, mais pas la culpabilité, la peur et le traumatisme des images laissées dans la mémoire de l'adolescente. Elle fixait l'horizon, en un point fixe, ne scillant pas une seconde. Puis, elle sursauta légèrement lorsque la première personne arriva, Desde'. Elles n'étaient pas forcément des plus proches, certes, mais depuis l'Ouragan, elles se parlaient beaucoup plus. Elles se voyaient durant les entraînements et il fallait bien l'avouer, la présence de la jeune femme était d'un réel soutient pour Marissa. Elle sourit faiblement à la jeune femme et l'accueillit avec plaisir. Elle la prit dans ses bras pour une légère étreinte, avant de lui répondre :

« Moi aussi Desd'... »

Quelques secondes après, c'est Angie, une des meilleures amies de Jude qui arriva. L'adolescente sentit son coeur s'emballer. Un visage familier, vraiment familier. Enfin. Parce que oui, malgré sa relation tumultueuse avec Cassie, durant longtemps, étrangement, elle s'était toujours bien entendu avec Angie. Elle était plus discrète, plus réservée et elles se ressemblaient bien plus. Tout comme Cassie, les amis de son frère, c'était comme de la famille, même si jamais ils n'arriveraient à ce stade là. Ils avaient grandis ensemble... Marissa sourit quand Angie arriva à sa taille, elle se jeta dans ses bras, la serrant, comme elle le pouvait en vue de son gros ventre. Marissa lui répondit alors :

« Angie... ça fait du bien de te voir... Oui... Je.. et toi et le bébé? »

Elle attendit la réponse de son invitée surprise, avant qu'elle ne présente les deux jeunes filles entre elles, regardant alors les autres invités qui déboulaient. Tout le monde commençait à arriver, Marissa se sentit soulager, de ne plus être seule.

Il y a neuf jours je me suis retrouvée bloquée dans la cafèt’ avec une fille rachitique enceinte et un « beau gosse » blond… Je me suis vraiment demandé ce que je pouvais faire des gens comme eux. Toujours est-il que je leur avais dévoilé quelques petits évènements de ma vie, des choses que je n’avais dit à personne mis à part à Derek, mon tuteur. Je ne sais toujours pas ce qui m’a pris ce jour-là. J’avais peut-être peur de mourir et de garder ça sur mon unique petite conscience bien entachée par tant de méfaits et de blessures. Depuis cet ouragan, j’avais envie d’être moins dure, moins distante et me rapprocher des autres. Cette après-midi j’avais entendu Marissa, la petite-sœur de Jude, parler d’une petite soirée sur la plage du lycée ce soir pour avoir une pensée aux victimes de l’Ouragan. Je ne pense pas qu’elle me demandera de partir et si elle le fait ce ne sera pas grave. Ce qui me plaisait le moins dans cet ouragan c’est que depuis qu’il est passé il y avait de plus en plus de monde dans le cimetière et des gens me verraient forcément un jour et découvrirait que j’ai des remords.

Je ne cachais plus mon ventre rond… Je ne pouvais plus. J’étais à a peu près 8 mois de grossesse et c’était impossible de cacher une grossesse à se stade-là. Ma tunique épousait donc mes formes de femme enceinte. Dans mon sac se trouvait deux couvertures, des sodas et pas mal d’autres choses.

J’arrivais à la plage du lycée. Marissa était déjà là. Il y avait une autre fille que je ne connaissais pas. Je m’approchais de la petite sœur de Jude. Je n’avais pas été invitée mais bon… Il fallait se serrer les coudes, s’entraider. L’une de mes mains restait posée sur mon ventre. J’avais pris cette habitude depuis le début de ma grossesse.

-Salut, Marissa… J’espère que ça ne te dérange pas que je suis venue. J’ai entendu dire que l’ouragan t’avais traumatisé…

En fait je l’avais surtout remarqué. Dès que quelque chose claquait (Une porte, une fenêtre) Marissa sursautait. Je ne savais vraiment ce qu’elle avait vécu pendant l’ouragan pour avoir été autant marquée. En tout cas, elle avait besoin de soutien et j’étais là pour elle. Je la pris dans mes bras en un geste protecteur. Nous n’étions pas amies mais elle était la petite-sœur de l’un de mes meilleurs-amis alors je la considérais un peu comme ma petite-sœur. C’était bête mais ça ne faisait pas longtemps que je voyais les choses ainsi… Oui, l’ouragan avait changé bien des choses et notamment ma façon de voir les choses et je voyais le petit être que je portais dans mon ventre comme un renouveau. Plus que jamais, je voulais avoir ce petit être, le voir, le prendre dans mes bras… Tout était destiné à être détruit pour être mieux reconstruit.

Mercredi 13 Juin, 21 heures

Cela faisait Neuf jours. Neuf jours que l'Ouragan était passé sur Miami, emportant dans son tourbillon, les âmes de dizaines de personnes. Des hommes, des femmes, des enfants. L'Ouragan n'avait eu aucune pitié, pour personne. Tout le monde avait perdu quelque chose dans cette tempête, tout d'abord le sourire. On avait tous l'esprit morose. L'esprit déprimé. Il fallait vivre dans les décombres, il fallait se battre, il fallait reconstruire et continuer d'avancer, devant les tombes qui se multipliaient dans le Cimetière de Miami. Où était l'esprit d'équité? De Justice? D'amour?
Non, retirer la vie à quelqu'un qui n'a encore rien vécu, ce n'est pas juste, ce n'est pas de l'amour, ce n'est pas équitable avec le salaud qui croupit en prison. Non...
Marissa était profondément touché par l'ouragan, par tout ce qu'il s'était passé. Elle était encore sous le choc des visions qui venaient la hanter, encore sous le sursaut d'un moindre coup de vent, d'une porte qui claque. C'était invivable de continuer ainsi.
De plus, elle était partie à la recherche du garçon qui avait péri devant elle, voulant découvrir son identité. Hier, avec Jude, elle avait écumé les panneaux de photos, où les familles cherchent leurs membres disparus. Et elle l'avait trouvé. Il s'appelait Troy. Il avait 18 ans. Il étudiait dans un lycée public, à Miami. Elle n'avait pas encore eu le courage ni le temps d'aller voir sa famille, mais avait signalé qu'elle avait été avec lui durant ses derniers instants. Elle n'avait pas laissé son numéro de téléphone, trop peur d'affronter sa famille. La peur et la culpabilité.
Marissa avait quitté le bâtiment des Nu Zêta, il était 20 heures 45. Elle avait emporté, dans son sac, des serviettes pour se tenir chaud, des allumettes, une bouteille de whisky pour se tenir chaud et puis surtout, tout un lot de bougies flottantes, de couronnes de fleurs épanouies...

Elle avait donné rendez-vous à tous ses amis pour se retrouver, tous ensemble, le temps d'une soirée. Pas une soirée où l'alcool coulerait à flot, où les gens s'embrasseraient à pleine bouche et où la musique et les rires recouvriraient tout, non. Une simple soirée, ensemble, devant la mer, à penser à ceux qui sont partis. Une façon de dire au revoir à ceux qui sont partit trop tôt, à leur adresser des pensées, à soutenir leurs familles d'une façon noble. Simplement pour essayer de tourner un peu cette page de marbre, que nous ne pourrons jamais soulever seul. L'union fait la force, soulevons la. Tous ensemble...