Tout ce que j'ai pu écrire, je l'ai puisé à l'encre de tes yeux (ft Jeff)

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Elle venait de l'embrasser. Comme ça, subitement. L'électricité présente dans l'air depuis plusieurs minutes venait enfin d'exploser. Elle s'était approchée de lui, doucement. Puis, elle avait posé sa douce et petite main sur le torse musclé de l'alpha psi. Et enfin, elle avait posé ses lèvres sur les siennes. Jeff était resté immobile, ne sachant plus quoi faire. Devait-il répondre à ce baiser ? Pour une fois, devait-il répondre à l'amour que Zoey portait pour lui ? Non. Il l'adorait, c'était certain. Mais juste ça, pas plus. Lui montrer le contraire serait lui faire du mal, l'enfoncer un peu plus. Ce qu'il ne souhaitait pas du tout.

Alors quoi faire, la repousser ? Ou même pire, la pousser loin de lui, quitte à la faire tomber ? Non plus. La situation allait déjà être assez humiliante pour elle ... Pas la peine d'en rajouter.

Lorsque Zoey, qui s'était tenue sur la pointe des pieds pour l'embrasser, redescendit sur Terre, elle paraissait affreusement honteuse. Jeff n'avait rien fait de plus, c'était elle qui s'était écartée, elle qui avait réalisé la première ce qu'il se passait vraiment. Lorsqu'elle fut reculée, elle osait à peine le regarder. Elle était rouge comme une tomate, et commençait à bafouiller un tas d'excuses en tout genre :

- Merde, je... Je, je sais pas ce qui m'a pris ! Je suis désolée, tellement désolée, désolée, désolée... Ohlalalalalala, mais qu'est ce que j'ai faiiiit ? Pardon, oublie ça, oublie moi...

- Mais ...

Et elle s'enfuit vers la sortie. Jeff n'avait pas eu le temps de prononcer quoi ce soit. Il lui aurait pourtant bien dit quelques paroles réconfortantes, comme quoi il ne lui voulait pas. Qu'il comprenait et qu'il respectait ses sentiments envers lui. Mais non, rien. Elle avait déjà passé la porte d'entrée et s'était mélangé à la cohue naissante des couloirs de Wynwood.

Jeff, lui, ne broncha pas. Toujours debout, toujours à la même position, il ne savait que faire. Reprendre ses activités le plus normalement du monde ? Non, il était trop perturbé pour ça ? Retrouver Zoey alors ? Impossible. La jeune femme devait déjà s'être enfermée à double-tour dans sa chambre ou dans les toilettes, tentent de noyer sa honte dans tout ce qu'elle trouverait. Jeff émit un léger grognement. Pourquoi les choses n'étaient-elles pas toujours simple ?

Suivant les pas de Zoey - certes, à une allure moindre - Jeff quitta la salle de musique, l'esprit ailleurs. Qu'allait-il bien faire de sa soirée ? Aaaaargh, il avait envie d'engueuler tout ce qui passait trop près de lui, ou le bousculait sans le vouloir. Il allait retrouver sa chambre. Et s'ennuyer. Comme d'habitude ...

[ RP TERMINE ]

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Lorsqu'elle avait parlé de Jasper, Jeff avait instantanément perdu le sourire. Oui, à l'évidence Zoey ne comprenait rien. Elle l'avait blessé. La toute dernière chose qu'elle souhaitait faire, elle l'avait fait. C'était toujours comme ça, elle se mêlait malgré elle de ce qui ne la regardait pas. Tout ça parce qu'elle voulait vivre dans un monde de Bisounours. Elle voulait que les gens s'entendent bien. Surtout le gens qu'elle aimait. D'ailleurs ça lui avait joué de sales tour. Lorsqu'elle avait voulu que ses amis s'entendent tous bien, elle s'était plus souvent retrouvée seule qu'elle n'avait atteint ses objectifs. Mais c'était plus fort qu'elle, elle y croyait à chaque fois. Elle pensait que sa seule bonne volonté pouvait arranger les choses.
Et elle avait tort la plupart du temps! Encore aujourd'hui, il semblait qu'elle était à côté de la plaque.

« Je ne suis pas sur de ce que je veux à son sujet ... »

Il avait dit ça avec son air triste, ses yeux vides. Il aurait voulu lui dire autre chose à l'évidence, mais il ne se résolvait pas à le faire. Était-ce parce qu'il regrettait quelque chose qu'il ne voulait pas lui faire partager ? Ou parce que son cousin lui avait fait quelque chose de répréhensible et qu'il ne voulait pas lui faire changer son regard sur Jasp'? Ou juste parce que ce qui s'était passé était irréparable? Elle n'arrivait pas à envisager cette perspective. Ils étaient si proches la dernière fois... Jusqu'au moment où ils s'étaient retrouvés à Wynwood en fait. Qu'est ce qui aurait bien pu les séparer comme ça aussi définitivement? Elle n'avait pas la réponse à cette question, et elle savait que cela la rongerait un bon moment avant qu'elle ne se décide à lâcher le morceau et à les laisser gérer seuls leurs affaires.

C'est la raison pour laquelle elle avait enchaîné. la jeune fille avait faillit se proposer à l'aider pour son morceau. Mais il avait dit que lui parler ne le dérangeait pas. Elle se sentit rassurée. Elle avait peur qu'après son laïus sur Jasper, il ne veuille plus l'entendre. Mais finalement, il était toujours aussi gentil. Et il avait gardé son regard bienveillant sur elle. Pour ne pas briser ce moment, elle lui sourit, tout simplement... Et un autre blanc s'installa.

Zoey était très troublée. Il l'avait toujours troublé. Ça semblait être un don chez lui... Bien qu'à l'évidence, il ne le faisait pas exprès. C'était même sans aucun doute la dernière chose qu'il voulait faire. Il connaissait ses sentiments, et elle savait qu'il ne les partageait pas. Et alors qu'ils se détaillaient, elle se demanda pourquoi il restait là avec elle. Sans manifester le besoin de faire quelque chose, dans une atmosphère tamisée. Il aurait tout à fait pu lui demander de l'aider au piano. Après tout, elle avait un meilleur niveau que lui, bien qu'elle soit incapable de composer. Mais non, il préféré rester là, à la regarder en chien de faïence. Qu'est ce que cela pouvait bien signifier ? Tandis qu'elle cherchait la réponse à ses questions, trop nombreuses, comme toujours, Jeff brisa le silence:

« Tu as changé aussi, tu es presque une femme ! Ça
fait bizarre ... Mais tu es toujours aussi gentille et jolie que la
petite fille que je connaissais. »

Elle resta bouche bée. Il pensait vraiment ça ? Elle aurait pu sourire, mais elle était sous le choc. Tétanisée, elle ne savait pas comment elle devait réagir. Il lui fit alors un clin d’œil en souriant. Était-ce enfin la réponse à ses questions ? Ça ressemblait à une invitation là d'où elle venait. Est ce que finalement, le changement de son corps de celui de petite fille à celui de femme avait fait reconsidérer à Jeff le type de relation qu'il voulait avec elle. Est ce qu'il la voyait autrement maintenant ? Est ce que enfin, son amour n'était plus à sens unique...

Alors que son cerveau était sur pause, son corps réagit à sa place. Elle s'avança vers le jeune homme, et posa une main sur son torse. Elle sentait son souffle tout près d'elle, elle se mit sur la pointe des pieds, et déposa doucement ses lèvres douces sur celles de Jeff. Ce fut doux, ce fut tendre, ce fut tout ce qu'elle avait rêvé que ça soit... A l'exception que dans ses rêves, il répondait à son baiser, ce qui ici ne fut pas le cas. Tout cela s'était passé en quelques secondes.

Elle s'écarta soudain en toutes hâtes de son ami, rougit et bafouilla tout en même temps:

"Merde, je... Je, je sais pas ce qui m'a pris! Je suis désolée, tellement désolée, désolée, désolée... Ohlalalalalala, mais qu'est ce que j'ai faiiiit? Pardon, oublie ça, oublie moi..."

Pendant qu'elle tentait vainement de se justifier, il avait pris du recul. Il la regardait sans comprendre, avec une gêne évidente.
Rouge de honte, perdue dans ses sentiments, pleine de remords et de culpabilité, elle ne savait pas quoi faire. L'intégralité de leur relation, construite sur plusieurs années, semblait être parti en fumée en quelques secondes.
Encore une fois, son corps ne recevant aucune directive, il se mit en pilote automatique. Des larmes commencèrent à tracer un sillon sur les joues blanches de Zoey. La dernière chose qu'elle voulait, c'est que Jeff la voie pleurer pour sa connerie. Reprenant le peu d'esprit qu'il lui restait, elle tourna les talons et se précipita hors de la salle. Elle ne voulait pas qu'il la suive... Mais il ne le ferais surement pas. Après cet épisode, il ne la suivrait sans doute plus jamais. Ses pleurs redoublant, elle pris un couloir adjacent et s'enfonça dans l'obscurité naissante.

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Zoey, c'était la douceur incarnée. La gentillesse aussi.
Jeff l'avait toujours sut, ce n'était donc pas une grande surprise pour lui de la voir le complimenter ou encore essayer d'arranger les choses avec Jasper. Même si l'alpha psi craignait que cette situation était irrémédiable. Il avait, pendant des années, aimé Jasper comme un frère. Il avait toujours été le premier, il avait été son compagnon de connerie, de sortie. Son meilleur ami. Mais depuis qu'ils s'étaient retrouvé à Miami, les choses avaient indéniablement changé. Pourquoi, et surtout, comment ? Jeff l'ignorait. Il lui en voulait, c'était certain. Et étrangement, il n'avait très envie de le revoir, ni de lui parler. C'était triste, et plus que tout regrettable d'agir ainsi. Mais c'était comme ça. Qu'est-ce que Zoey pouvait y faire ?

« Merci Jeff. Tu as changé par bien des aspects, mais ce qui faisait la personne merveilleuse que tu étais es toujours là »

Jeff sourit. Oui, elle n'avait pas changé. Il était sur le point de la complimenter à son tour, mais elle reprit immédiatement la parole.

« Je ... je... Je ne sais pas ce qui s'est passé avec Jasper. Il ne m'a rien dit, et à l'évidence, ni toi ni lui n'avez envie d'en parler. Mais quoi qu'il en soit, je déteste cette situation où vous ne vous parlez plus. Vous étiez les deux personnes qui m'ont permis de tenir quand j'étais plus jeune, vous étiez mes deux ancrages, mes rocs. C'est en grande partie grâce à vous que je suis ce que je suis. Et voir que vous vous êtes brouillés, ça me rend triste. Surtout si aucun de vous deux n'est heureux de la situation. Je ne veux pas paraître présomptueuse mais si jamais je peux faire quelque chose, servir de pigeon voyageur, intercéder pour l'un en faveur de l'autre... Je le ferais. Je vous aime trop tous les deux pour ne pas avoir envie de remédier à ça...»

Le sourire s'éteignit alors instantanément. Zoey était pleine de bonne volonté, c'était certain. Comme toujours. Mais le sujet "Jasper" commençait à fatiguer l'alpha psi. Il ne voulait plus en parler, ni y penser. Alors, que répondre à la demoiselle ? Qu'il ne voulait plus entendre parler de son cousin ? Non, c'était trop direct. Qu'il souhaitait vraiment se réconcilier, alors ? Non, ça s'éloignait trop de la vérité. Il soupira brièvement et rajouta, d'une voix hésitante :

« Je ne suis pas sur de ce que je veux à son sujet ... »

Par le mot sujet, Jeff parlait bien sur de Jasper. Mais rien qu'évoquer son nom lui serrait la gorge. En réalité, il aimerait que Zoey n'en parle plus, mais il la respectait trop pour lui dire de la fermer à ce sujet. D'ailleurs, il n'avait jamais vraiment rien dis qui puisse la blesser. Elle était déjà assez fragile. Du moins, c'est ce qu'il pensait d'elle. Il agissait un peu comme un grand frère. Depuis toujours.

« Tu... Tu étais venu pour faire quelque chose de particulier ? Je peux t'aider à faire quelque chose ?

- J'étais venu jouer un peu de musique ... Je .. J'ai composé un nouveau morceaux cet aprèm, j'voulais voir ce que ça donnait au piano. Mais te parler ne me dérange pas du tout, au contraire. Je ferai tout ça une autre fois. »

Il lui adressa alors un petit sourire. Non, il était vraiment content de la retrouver, tant pis pour le piano.
Mais un grand blanc s'installa alors dans leurs discussion. Et, une fois de plus, ils recommencèrent à se fixer, se détailler du regard, baisser les yeux, bref, c'était assez ridicule pour deux personnes qui se connaissaient depuis des années. Et ce blanc commençait sérieusement à gêner Jeff qui, cherchant à relancer la discussion, dit la première chose qui lui passa à l'esprit :

« Tu as changé aussi, tu es presque une femme ! Ça fait bizarre ... Mais tu es toujours aussi gentille et jolie que la petite fille que je connaissais. »

Il lui fit alors un petit clin d’œil, qu'il regretta aussitôt. Tout comme il regrettait les compliments qu'il venait de lui faire, bien qu'il les pensait. Pourquoi avait-il fait ça ? Au fond de lui, il savait ce que ça pouvait signifier pour Zoey. Mais il continuait ... Égoïste ? Non. Un peu idiot ? Certes.

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Et bien voilà. Ils avaient l'air fins tous les deux, à se regarder dans le blanc des yeux, puis rougir, puis détailler leurs chaussures respectives, puis re-rougir... Ils avaient tant de choses à se dire. Et ils ne savaient à l'évidence pas comment. Rien que le sujet Jasper leur tiendrais des heures l'un et l'autre. Raconter leurs souvenirs d'enfances les lancerait dans des conversations interminable. Rien que se raconter leurs vies les soulagerait l'un et l'autre.
Oui mais voilà, ils étaient gênés. Ils ne voulaient surtout pas casser cette brève complicité qu'ils avaient réussi à rétablir en quelques minutes à peine. Aucun de voulait prendre le risque de briser cet instant magique, dans le décor, dans la situation, dans les souvenirs et dans la surprise.

Seulement, c'était techniquement au tour de Zoey de parler. Mais elle ne savait pas quoi dire. Elle voulait qu'il se dévoile, c'était quasi vital pour elle. Elle voulait aider son ami d'enfance, elle voulait le soulager à tout prix, elle voulait que, même pendant un très bref instant, il ne pense plus à ses soucis. Oh, la jeune fille ne les connaissait pas, vu qu'il n'avait rien voulu dire. Mais malgré le temps passé, elle connaissait Jeff. Il était très secret lorsqu'il s'agissait de parler de ses problèmes. Mais moins il en disait, plus il en souffrait. Et elle n'avait jamais, jamais pu supporter qu'il souffre.
Elle prit donc le parti de lui répondre, même si c'était pour dires des banalités affligeantes et mettre les pieds dans le plat de façon inévitable. Elle aviserai pour le reste. L'improvisation serait son amie aujourd'hui.

"Merci Jeff, dit elle en souriant, Tu as changé par bien des aspects, mais ce qui faisait la personne merveilleuse que tu étais es toujours là."
Elle attendit quelques secondes pour savoir quoi dire. Et finalement, elle se décida à se lancer.

"Je je... Je ne sais pas ce qui s'est passé avec Jasper. Il ne m'a rien dit, et à l'évidence, ni toi ni lui n'avez envie d'en parler. Mais quoi qu'il en soit, je déteste cette situation où vous ne vous parlez plus. Vous étiez les deux personnes qui m'ont permis de tenir quand j'étais plus jeune, vous étiez mes deux ancrages, mes rocs. C'est en grande partie grâce à vous que je suis ce que je suis. Et voir que vous vous êtes brouillés, ça me rend triste. Surtout si aucun de vous deux n'est heureux de la situation. Je ne veux pas paraître présomptueuse mais si jamais je peux faire quelque chose, servir de pigeon voyageur, intercéder pour l'un en faveur de l'autre... Je le ferais. Je vous aime trop tous les deux pour ne pas avoir envie de remédier à ça..."

Voilà, elle l'avait dit, elle avait sans doute été blessante, sans doute n'avait elle rien compris à l'histoire, sans doute se lançait elle dans une situation impossible qui ne la regardait pas du tout qui plus est. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas ne rien dire. C'était bien au dessus de ses forces. Quit à se faire remballer, au moins avoir dit et fait tout ce qu'elle pouvait pour les aider tous les deux.

Elle se souvint alors de l'endroit où ils étaient. Elle se rendit alors compte qu'elle savait pourquoi elle était venue, mais si lui était là, il devait aussi avoir quelque chose à y faire. Peut être même devait il rencontrer quelqu'un. Peut être qu'elle était de trop, et qu'il vaudrait mieux qu'elle s'éclipse pour lui laisse de l'intimité. Ou peut être qu'il avait tout simplement envie d'être seul avec la musique lui aussi. Elle l'avait été pendant près de 45 minutes, elle pouvait bien lui laisser ce bonheur journalier à lui aussi.
Ne sachant pas vraiment laquelle de ses suppositions (nombreuses) était la bonne, elle se résolut à lui demander.

"Tu... Tu étais venu pour faire quelque chose de particulier? Je peux t'aider à faire quelque chose?"

Depuis qu'elle était entrée dans la salle, le soleil descendait lentement sur l'horizon, et bientôt, il faudrait allumer les lumières pour pouvoir y voir quelque chose. Cela les laissait dans une semi obscurité confidentielle, une espèce d'atmosphère tamisée qui rendait l'instant encore un peu plus intime, un jeu d'ombre et de lumière se dessinait sur leurs deux visages, qui, depuis tout à l'heure étaient passés par toutes les émotions possibles et imaginables. C'en était même un peu troublant cette ambiance...

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Spoiler:

« Je suis sûre que tu n'as juste pas trouvé la bonne personne pour les amours... Ou alors que vous n'êtes pas prêts. Mais je refuse de croire qu'il n'y a personne pour toi sur cette terre, tu es un des garçons les plus adorables et les plus charmants que j'ai connu...»

C'était touchant, comme discours. Cette fille était vraiment géniale. Douce, gentille, rassurante ... et sincère. Oh oui, elle pensait vraiment ce qu'elle disait, Jeff en était persuadé. Et ce ne fit qu'augmenter sa gêne. Il baissa les yeux, fit un sourire timide et rougit quelque peu. Il n'avait jamais été très à l'aise lorsqu'on lui faisait des compliments. D'autant plus lorsqu'ils venaient de Zoey. Aller savoir pourquoi. Sûrement parce qu'il savait bien ce qu'elle avait toujours ressentit pour lui ... et ressentait toujours ?

L'idée qu'elle ai encore ce fameux béguin pour lui le mit mal à l'aise. Ils ne s'étaient plus parlé depuis une éternité, il ne savait plus vraiment comment se comporter avec elle.

Lorsqu'il releva les yeux, il remarqua qu'elle avait rougit en même temps que lui. Il rebaissa les yeux aussi vite. Il ne voulait pas voir la gêne sur son visage. Et il ne voulait pas non plus qu'elle voit la sienne. Il savait pertinemment que tout ce qu'elle avait dit n'était pas une tentative de drague grotesquement dissimulée. C'était plus une espèce de spontanéité mal-contrôlée qu'il avait toujours connut chez elle. C'était probablement pour ça qu'il la trouvait si attachante. Juste attachante.

« Je suis contente de te revoir aussi. L'inattendu à un goût délicieux parfois... »

Silence. Jeff n'avait pas relevé les yeux. Il fixait toujours ses pieds ... abruti, vous dites ?
Voilà que Zoey lui faisait un nouveau compliment, indirectement cette fois. Ce qui eut pour effet d'augmenter son malaise. Il se sentait agacé de réagir de la sorte avec Zoey ... C'est vrai, ils se connaissaient depuis très longtemps. Il ne devait y avoir aucune gêne. Elle était comme une amie d'enfance, une petite sœur. D'ailleurs, bien qu'il ne l'avait retrouvé que depuis quelques minutes, il se sentait déjà plus proche d'elle que de Jasper. Jasper, celui qu'il avait considéré comme son frère depuis l'enfance, à défaut d'avoir un frère biologique qui s'intéressait vraiment à lui. Soit. Il n'avait plus pris la parole depuis un bout de temps déjà, et il savait que s'il continuait comme ça, sa gêne ne ferait que croître. Il décida d'intervenir, enfin.

« Tu as raison, c'est vraiment inattendu ... Jasper ne m'avait vraiment pas parlé de .. »

Jeff s'arrêta net. Il releva la tête, l'expression de visage était partagée entre l'effarement et l'hésitation. Parler de Jasper ne lui plaisait pas vraiment. Et ça le mettait mal à l'aise plus qu'autre chose. Leurs relations était terminée. Plus de frères de cœurs, plus de camarades de jeux, de compagnons de soirée ou de basket. Tout ça, c'était finit. Et ça tordait Jeff. Ça le tordait de l'intérieur. Mais pas tant que ça. Du moins, pas autant qu'il l'aurait pensé. L'histoire avec Leelah avait laissé des traces. Et puis, de toutes manières, il fallait bien se faire une raison.

Mais voilà qu'il se remettait à enchaîner les boulettes. Le niveau de tension allait bientôt attendre un sommet s'il ne changeait pas radicalement d'attitude. Ce n'était plus supportable.

Mais il n'eut pas le temps de détendre l'atmosphère puisque Zoey le devança. Elle lui parla de sa famille. Elle lui dit qu'elle espérait que tout le monde allait bien. Et un sujet sensible en plus, un. Décidément, c'était trop. Il ne répondit pas. Quoi qu'il en soit, il ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Il préféra rester silencieux et haussa les épaules. Il valait mieux pour lui.

Zoey, bien décidée à rattraper le temps perdu, se mit à raconter ce qui s'était passé dans sa vie depuis la dernière fois qu'il s'était vu. Elle parla de l'alcoolisme de sa mère. Jeff était au courant, bien sur. Jasper lui en avait déjà parlé. Cette histoire l'avait bouleversé. La jeune femme n'avait pas une vie facile, et pourtant, elle était d'une gentillesse inespérée. C'était ça aussi, qui avait plus à l'alpha psi. Zoey avait des problèmes, mais elle n'en parlait pas, elle n'était pas du genre à déballer sa vie, pour qu'on la plaigne ou quoi que ce soit. Comme Jeff, en faite. Mais il savait qu'au final, ce n'était pas une solution. À force d'encaisser, on finit par exploser. Forcément. C'est inévitable. Et plus on retarde le moment où ça arrive, plus l'explosion peut être forte ... et regrettable.

Et tout ça, il le savait que trop bien. Mais bien sûr, il ne disait rien.

« Je suis content que ça aille mieux pour ta mère ... j'espère qu'elle guérira très vite.
Et tu n'as pas à culpabiliser de l'avoir laisser en Allemagne. Tu dois vivre ta vie aussi. Tu le mérites amplement.

Quant aux gens qui t'ont trahit ... N'y pense plus. Ce n'sont que des enfoirés qui ne savent pas ce qu'il rate.
Ne t'arrêtes pas à eux surtout. Tu mérites d'être heureuse, et puis, tu auras toujours des gens de confiance autour de toi, j'en suis sur. »

À sa dernière phrase, il faillit ajouter "Tu as moi". Mais il se ravisa au dernier moment. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à dire. Et puis, de toutes manières, il était vraiment là pour elle. Et il ne la trahirait jamais. Il la respectait bien trop pour ça.

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Spoiler:

Elle l'écouta parler, attentivement. La gêne première que chacun avait ressenti continuait à peser sur cette conversation. Zoey sentait qu'il ne lui disait pas tout... Pour ne pas dire qu'il ne lui disait rien. Il éludait les questions, comme pour oublier les évènements qui s'étaient réellement passés. Elle en savait un peu, de part Jasper, mais elle n'avait absolument pas chercher à en savoir plus. Elle était certes curieuse, mais pas intrusive. Mais là, elle sentait que le grand blond ne voulait pas en parler, mais que cela lui pesait. Elle aurait donné n'importe quoi pour l'aider. Elle se sentait nulle de ne pas pouvoir dépasser sa surprise, et de poser des questions bateaux auxquelles il ne souhaitait pas répondre.

Elle l'avait laissé parler jusqu'au bout, laissant un blanc après son discours au cas où il ait voulu ajouter quelque chose. Mais avant de répondre à sa question, elle ne put s'empêcher de rectifier certaines choses qu'il avait dites:

" Je suis sûre que tu n'as juste pas trouvé la bonne personne pour les amours... Ou alors que vous n'êtes pas prêts. Mais je refuse de croire qu'il n'y a personne pour toi sur cette terre, tu es un des garçons les plus adorables et les plus charmants que j'ai connu..."

Elle rougit un peu, en pensant que cela pouvait être pris pour de la drague à peine dissimulée. Bien que ce ne fut pas son intention. Avec Jeff, elle n'aurait jamais osé être aussi brutale et rentre dedans, elle disait juste ce qu'elle pensait. Mais son laïus suivit de son fard la désignait plus comme une fanatique folle furieuse que comme une amie se voulant rassurante... Tant pis, ce qui était fait était fait, elle se rattraperai plus tard.

Elle lui sourit:

" Je suis contente de te revoir aussi. L'inattendu à un goût délicieux parfois... "

Et voilà qu'elle recommençait à paraître lourde... Elle se serait tapé la tête contre les murs. Elle s'auto-flagellerai plus tard pour son incapacité à imposer une barrière entre ce qu'elle pensait et les énormités qui sortaient de sa bouche. Elle enchaîna sans attendre

"Et j'espère que tout va bien dans ta famille... Quoi qu'il en soit, sur quelque sujet que ça soit, tu peux m'en parler si tu veux... "

Elle se coupa net dans son élan, avant de rajouter "Vu que je vois bien que tu n'as pas envie d'en parler maintenant" . Ça aurait immanquablement jeté un froid, ce qu'elle voulait éviter à tout prix.
De plus, c'était à son tour de répondre à sa question. Elle ouvrit la bouche et su que ça allait être un désastre avant que le premier son n'en sorte:

" Oh, moi et bien tu me connais. Ma mère a été alcoolique pendant longtemps, mais ça j'avais dû te le dire. Ou Jasper. Bref elle va un peu mieux maintenant, même si elle n'est pas totalement sevrée. Elle a été hospitalisée à ma demande cette année, parce qu'ils ont décrété que j'étais plus responsable qu'elle dans le foyer... La belle affaire! Quoi qu'il en soit, il me semble que ça va faire 2 mois qu'elle n'a pas rechuté. Je m'en veux d'être loin d'elle chaque fois que je l'ai au téléphone, vu qu'elle pleure et me supplie de revenir systématiquement. Mais je veux vivre ma vie maintenant, et plus sauver la sienne. Voilà pour la famille.
Les amis, et bien ma foi, je n'en manque pas, mais j'ai eu quelques mauvaises expériences avec des mecs que je pensais mes amis et qui finalement se sont révélés... mauvais pour moi disons. Du coup, maintenant, je me méfie. Ça m'empêche de rencontrer sereinement les gens, et j'ai toujours tendance à prêter aux gens de mauvaises intentions, le plus souvent à tort.
Les amours suivent les amis. J'ai beaucoup accordé ma confiance, on l'a beaucoup trahie... J'ai eu quelques histoires..."

Elle s'arrêta en plein milieu de sa phrase. Elle ne voulait plus parler, elle sentait ressurgir des choses qu'elles ne voulait pas qu'il sache. Elle n'avait plus 12 ans et elle ne voulait surtout pas que son petit monologue de gamine malheureuse le pousse à la considérer comme la petite fille qu'elle était il y a si longtemps maintenant.
Elle se força à sourire, sans conviction, et le regarda tristement:

"Pardon...Bref. Pas facile hein?"

Tout ça pour finir là dessus... La jeune fille aurait voulu s'enterrer et ressurgir dans un siècle ou deux, quand toute l'humanité aurait oublié cet épisode, et quand elle n'aurait plus à vivre ce regard de Jeff, ce regard indéchiffrable qui la captivait, et qui l'empêchait de garder son sang froid. Elle se tut enfin, et attendit anxieusement sa réponse, imaginant déjà qu'il allait fuir le plus loin possible d'elle, et qu'il ferait dorénavant comme s'il ne la connaissait pas.

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Jeff avait redouté ce type de question. Le genre "qu'est-ce que tu deviens ?" ou encore "que s'est-il passé dans ta vie depuis ?" Rien que de repenser à certains évènements de son passé proche lui foutait un mal de tête pas possible, alors en parler, c'était pire. Mais Zoey semblait vraiment intéressée par ce qu'il avait à lui raconter, et il lui devait bien ça. Mais que devait-il lui dire, et surtout, que ne devait-il pas lui dire ?

Il savait qu'elle pouvait être une oreille attentive ainsi qu'une personne de confiance. Elle était d'ailleurs l'une des personnes les plus gentilles qu'il ai connut. Mais certaines choses devaient rester cachées, enfouis, dissimulées. À tout prix.

Il y avait d'abord ce qui l'avait poussé à venir ici à New York. C'était son secret n°1, celui qu'il ne révélerait pour rien au monde. Même à Leelah. Personne ne devait être au courant. Et personne ne le serait. Il fixa Zoey dans les yeux qui, étrangement, le dévisageait. Littéralement. Il savait qu'elle avait toujours eu le béguin pour lui, mais tout cela remontait déjà à des années et ils ne s'étaient pas revu depuis des lustres. Le pire, c'est qu'elle ne cherchait même pas à le cacher, elle le dévorait vraiment du regard. Jeff en ressentit une légère gêne puis baissa les yeux et fit mine de se gratter le derrière de la tête.

Mais conscient qu'il devait avoir l'air stupide, il releva la tête, haussa les épaules et dans un léger et timide sourire, ajouta :

« Et bien ... Pas grand chose d'intéressant. Les amours ... Je dirais qu'au final c'est un désastre, je dois être créé pour ça » plaisanta-t-il. Puis, après une brève pause, il reprit :

« New York m'étouffait, j'ai décidé de venir ici ... Et je suis vraiment surprit de te revoir !
Mais c'est cool. »

Il restait un point sensible qu'il n'avait pas abordé : la famille. C'était vraiment son plus grand crève-cœur, et il n'en parlait jamais. Mais ce n'était pas n'importe qui qui se trouvait face à lui, c'était Zoey. Qui avait connut sa famille, lorsqu'elle venait à Los Angeles en vacances. Elle aurait mérité qu'il lui donne des nouvelles ... mais visiblement, c'était trop lui demander. Il se contenta donc de répondre :

« Et ... j'ai pensé que c'était plus sage de laisser ma famille derrière moi. »

Sa dernière phrase avait installé un blanc dans la conversation et Jeff ne put s'empêcher de rougir. Il décida de se reprendre du mieux qu'il pouvait, en lui retournant ses questions.

« Et toi alors, que racontes-tu ? »

[C'est pourrit, c'est naze, c'est de la merde. XD
Mais je ne pouvais pas te faire attendre plus. Pardonne-moi ._. ]

Invité

Zoey n'arrivait pas à détacher ses yeux du jeune homme. Il était encore plus beau et charmant que dans ses souvenirs. Elle repensait à leur enfance, aux jeux qu'ils avaient faits, aux chansons qu'ils avaient chanté. Dans ces moments là, Jasper les écoutaient. Ces longues après midi d'insouciance en compagnie de son cousin chéri et de son amour secret lui changeait de son année en Allemagne. Dans ces moments là, elle oubliait sa mère alcoolique, ses problèmes à gérer, ses amis trop insistants, et qui lui en demandait bien trop. Dans ces moments là, elle redevenait la petite fille qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être. C'était les seuls moments où elle se donnait le droit d'être une enfant.

Jeff représentait tout ça, et bien plus encore. De tous ses amis garçons, c'était le seul qui ne l'avait jamais forcée à rien, qui ne lui avait jamais demandé plus que ce qu'elle ne pouvait donner, qui ne lui avait jamais fait d'avances auxquelles elle ne pouvait pas répondre, qui l'avait autorisé à être elle même. Qui l'avait respectée en fait. Elle aurait pu le considérer comme un frère. Mais ce respect, cette gentillesse, ce sourire. Elle n'avait pas pu faire autrement que de tomber amoureuse de lui. Oh, à ce moment là, c'était un amour d'enfance, un béguin, rien de plus. Quelque chose de platonique. Mais elle pensait avoir laissé ça loin derrière elle. Là où elle avait encore le droit d'être une enfant qui fantasmait sur le meilleur ami de son cousin.

Jamais, à 16 ans, plus du tout innocente, et étant résolue à laisser son enfance loin derrière elle, elle n'aurait pensé ressentir ça de nouveau. Elle se sentait avoir 12 ans de nouveau... Mais cette fois sans en avoir le droit. Elle avait l'impression d'être un imposteur. C'était beaucoup d'un seul coup pour une seule personne.

Puis il sourit. Et elle fondit. Dieu qu'il était beau. Elle entreprit de se secouer de l'intérieur:

*Bon Zo, on va se mettre d'accord moi et moi. Arrête de le dévisager, arrête de le bouffer des yeux, arrête de faire la carpe, et par dessus tout, arrête d'être amoureuse de lui non de non. Ce n'est plus ce que tu voulais de lui, et ce que vous auriez aujourd'hui, (et vous n'aurez rien) dénaturerai complètement votre relation... Stop!*

Oui mais voilà c'était plus facile à dire qu'à faire.

« Arf, ouep, ça peut aller. Et toi ?
J'ignorais que tu étais à Wynwood ! Ja... Jasper ne m'a rien dit. »

Elle sentit qu'il avait hésité sur le nom de Jasp'. Son cousin avait fait la même chose lorsqu'il lui avait parlé de lui pour la dernière fois. Elle su que quelque chose n'allait pas. Mais ce n'était pas à elle de régler les problèmes qu'ils avaient. Malgré tout, elle les avaient connus tellement soudés que cela lui faisait beaucoup de peine. Elle savait ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre et elle espéra de tout cœur que cela s’arrangerait.

Elle sourit de bon cœur à son compliment.

"Merci beaucoup! Il faudrait qu'on se fasse un bœuf un de ces jours, comme au bon vieux temps"

Elle lui fit un clin d'oeil taquin.

"Alors qu'est ce qui t'es arrivé ces 4 dernières années? Les amis, la famille, les amours, tout ça."

Il semblait qu'ils avaient des choses à rattraper. Elle ne savait pas quel était l'état de leur relation aujourd'hui, et elle ne savait pas plus si il allait avoir envie de lui raconter quoi que ça soit. De plus, elle avait eu de ses nouvelles par le biais de Jasp' jusqu'à récemment. Mais elle avait envie qu'ils se parlent. Elle avait voulait vraiment qu'il fasse partie de sa vie aujourd'hui comme il en faisait partie à l'époque.

Invité

Zoey n'eut aucune réaction en voyant Jeff. Rien. Pas même un signe, un sourire.
Son visage traduisait la surprise la plus totale, et Jeff devait avouer que le sien aussi. Il ne s'attendait pas vraiment à la voir ici, à Miami. Bon, ce n'était pas si étonnant que ça, puisque son cousin, Jasper, étudiait ici aussi. Jasper. Chaque fois qu'on prononçait son nom, l'alpha psi ressentait comme un nœud à l'estomac.

Ils avaient vécut tellement de choses. Plus encore, ils avaient grandit ensemble. Et l'enfance, c'est bien connu, c'est une époque que l'on regrette toute sa vie. Jeff regrettait tous ces instants passés avec son frère de cœur. Il regrettait le temps où ils étaient aussi soudés que les doigts d'une main. Il avait beau avoir un grand frère, Jasper était celui avec qui il avait tout partagé. Celui avec qui il avait fumé sa première clope, dragué sa première copine. Ou encore fait le mur pour la première fois. Pour la plupart des gens, ces choses ne représentaient rien, ce n'était que des bricoles. Pour Jeff, c'était beaucoup plus.

D'ailleurs, en parlant de Jasper, cela faisait des semaines que les deux ex-amis ne s'étaient pas revu. Depuis l'hôpital, enfaite. Et ils ne s'étaient pas quitté de la meilleure des façons. Bref.

Pour revenir à Zoey, celle-ci n'avait toujours pas bronché. Ça commençait à en devenir flippant. Heureusement, elle finit par prendre la parole.

« Euh, oui oui, c'est bien moi. Enfin j'ai l'impression. Quand je me suis regardée dans le miroir pour la dernière fois, j'étais bien moi du moins. »

Jeff sourit. Oui, c'était bien elle. Toujours cet humour sarcastique et grinçant pour cacher une gêne évidente. Mine de rien, ça lui faisait plaisir de la revoir. Après tout, il avait passé plus d'un été avec elle. Ils avaient joué plus d'une fois ensemble, quand ils étaient gosses. Jeffrey l'avait toujours un peu considéré comme sa petite sœur. Sauf que Zoey, elle, avait toujours eu le béguin pour lui, Jeff le savait.

Mais il n'avait jamais voulu la blesser en lui disant qu'elle n'était qu'une simple, et très bonne amie. Et de toutes façons, elle avait été trop timide pour lui avouer.

« Tu ... tu vas bien ? »

Jeff mit quelques secondes à comprendre que c'était à lui de répondre. Il haussa les épaules et dit :

« Arf, ouep, ça peut aller. Et toi ?
J'ignorais que tu étais à Wynwood ! Ja... Jasper ne m'a rien dit. »

Lorsqu'il évoqua Jasper, Jeff baissa légèrement la tête. En même temps, comment avait-il pu lui dire ? Cela faisait des semaines qu'ils s'ignoraient. Lorsqu'il releva les yeux, Zoey continuait de le fixer, guettant chacun de ses gestes. Mal à l'aise, Jeff tourna la tête vers le piano non loin d'eux et dit :

« Je t'ai entendu du couloir.
Tu chantes encore mieux que quand on avait douze ans » dit-il, un air malicieux sur son visage.

Jeff ne tenait pas forcément à évoquer le passé, mais avec Zoey, il était obligé étant donné qu'elle en faisait partie. Il lui sourit gentillement, attendant sa réponse.

Invité

Le bruit de ses pas avait trahis Jeffrey.

Quand elle les entendis, Zoey ressenti d'abord de l'irritation. C'était son moment et quelqu'un venait le troubler. En soupirant, elle entreprit de se tourner pour voir le nouvel arrivant, bien décidée à faire bonne figure. Après tout, c'était une salle collective. Elle n'analysa pas tout de suite le nouvel arrivant, et ouvrit la bouche s’apprêtant à lancer une salutation joyeuse. Mais elle se figea.

Il se tenait là, devant elle. Tout d'abord, elle ne put détacher son regard de lui. Elle le détailla bêtement de la tête aux pieds. Ses yeux bleus, ses cheveux, sa bouche fine rieuse et son nez droit. Ses bras et ses longues jambes, son torse, ses pieds, tout y passa. Elle était en état de choc.

Oh bien sur, elle savait qu'il était au lycée. Jasper le lui avait dit. Quoi qu'il n'avait pas fait montre d'un enthousiasme débordant en le lui apprenant. Mais le voir ici, comme ça, débarquer au moment où elle se sentait le plus vulnérable, où elle se livrait complètement, en se plongeant dans sa musique. Elle qui était toujours entourée d'une carapace, elle qui camouflait toutes ses émotions derrière son sourire, voilà qu'elle se sentait nue et à l'affut quand il rentrait. Précisément lui.

Pourquoi fallait il qu'elle le regarde fixement comme pour le juger à un concours bovin? Pourquoi faisait il de même, juste en face d'elle? Pourquoi n'arrivait elle pas à sortir un mot, un son, une expression faciale autre que la surprise la plus totale? Et surtout, surtout, pourquoi ressentait elle toujours cette pression dans sa tête, ces papillons dans son ventre?

Elle savait ce qu'était d'être amoureuse, elle l'avait déjà été auparavant. Mais elle pendait que Jeff n'était qu'un béguin d'enfance. Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas vus. La dernière fois, elle devait avoir 12 ans, et elle était allée passée une semaine en été chez son cousin. Elle n'avait pas cessé de gloussé chaque fois qu'il avait dit quelque chose, le dévorant des yeux, et essayant sans cesse de lui prendre la main ou de lui faire des bisous. Ça aurait pu être mignon si elle n'en éprouvait pas de la honte encore maintenant.

Elle ouvrit et referma plusieurs fois la bouche, comme pour se donner une contenance. Elle ne savait pas quoi dire, et devait avoir l'air d'un poisson hors de l'eau. Elle cessa donc et pensa se lever, pour être au moins à sa hauteur. Mais finalement, elle se rendit compte que ses jambes tremblaient, et elle n'était pas sûre qu'elles puisse la porter. Elle se résolut donc à la laisser parler. Après tout, c'est lui qui l'avait interrompue.

« Hmm, salut ! »
« Je ... j'hallucine, ou c'est bien toi ? »

Mais à quoi s'attendait elle? Ils étaient à l'évidence aussi gênés l'un que l'autre. Pas encore assez remise de son choc, Zoey se leva en s'appuyant sur le piano et descendit de l'estrade sans le quitter des yeux avant de répondre.

"Euh, oui oui, c'est bien moi. Enfin j'ai l'impression. Quand je me suis regardée dans le miroir pour la dernière fois, j'étais bien moi du moins"

Et voilà, elle se cachait encore derrière son humour grinçant pour éviter une question. Mais qu'est ce qu'elle avait bon sang? Pourquoi cette agressivité naturelle quand elle se sentait en danger? Ne pouvait elle pas interagir comme tout le monde?

"Tu, tu... Tu vas bien?"

Ah bah bégayer et prendre 10 secondes de réflexion pour poser cette question là. Bravo Zoey, quelle verve, quelle éloquence!
Elle attendit anxieusement sa réponse, guettant ses moindres mimiques. Elle même était encore trop étonnée pour analyser la situation.

Invité

C'était déjà la fin d'après-midi. Le soleil commençait à descendre dans le ciel. Jeff n'avait pas bougé de son lit depuis midi, et son habituel repas au self du lycée. Il n'avait pas eu cours de l'après-midi, et en avait profité pour écrire et composer. Il avait quasiment abandonné l'écriture depuis qu'il était arrivé ici. Ce n'était pas du à un manque de motivation, mais bien à un manque de temps. Car oui, il s'en était passé des choses depuis son arrivée à Wynwood.

Oui, il avait eu sa dose de rencontre inattendue, de surprise, de drame, de dépression. Il avait connu des moments de bonheurs intenses tout comme des mauvais moments. Mais c'était du passé.

Ça ne voulait pas dire qu'il allait mieux. Seulement qu'il avait apprit à vivre avec. Vivre avec ses regrets, celui d'avoir abandonner la femme de sa vie et son enfant à naître, celui de n'avoir pas saisit sa chance avec Victoria, celui d'avoir "perdu" son meilleur ami d'enfance. Jasper. Ils avaient vécut tellement de choses ensemble, que même si Jeff déménageait à l'autre bout de la Terre, il penserait encore à lui. Il était comme son frère de cœur, ils avaient grandit ensemble, fait des conneries ensemble, fumé leurs premières cigarettes ensemble, prit leurs premières cuites. Une telle relation, ça ne s'oublie pas. Une telle personne, ne s'oublie pas. Encore moins quand elle est dans le même lycée et qu'elle fréquente les mêmes personnes. Mais les grandes accolades et les rires d'antan avaient très vite laissé place à de simples regards, de banales salutations.
Tout cela rendait Jeff triste.

Le pire, c'est qu'il n'arrivait pas à reparler, à retourner comme ça, aussi facilement, vers son frère de cœur. Encore une fois, il s'était passé trop de choses. Mais soit, Jeff ne voulait plus y penser.

Assez des prises de têtes, aujourd'hui, il avait choisit de se détendre. Et donc d'écrire de nouvelles chansons. Dès qu'il eut finit de manger, il remonta en tout hâte dans sa chambre pour ne plus en ressortir. Sa coloc' de chambre n'était pas là, tant mieux, il serait plus tranquille. Mais ce n'était pas Elsa qui le dérangeait, en général, c'était plus le contraire. Il s'installa donc sur son lit, attrapa au passage sa guitare, des feuilles pour écrire et un stylo.

Voilà comment il consuma toute son après-midi. Le résultat final lui plaisait bien, mais il manquait quelque chose. Quand il trouva. Un piano. Il lui fallait un piano sur ce morceau. Mais s'il en voulait un toute de suite, il fallait descendre dans la salle de musique. Ou aller cher Drake. Arf, Jeff opta pour la facilité et quitta illico-presto le bâtiment de sa confrérie.

Le temps de traverser le parc, il en profita pour fumer une cigarette et en moins de cinq minutes, il était déjà devant la porte du bâtiment principale. D'un pas rapide, il se dirigea vers la salle de musique. Il entendit une voix. Qu'il connaissait. Ou du moins, qui semblait lui inspirer quelque chose. Dévoré par la curiosité, il continua sa marche d'un pas toujours plus rapide et une fois arrivé, poussa la porte.

La pièce était vide, hormis une fille qui était au piano et qui lui tournait de le dos. Ignorant encore pourquoi, Jeff marqua un temps d'arrêt et hésita à entrer dans la salle. Cette chevelure châtain lui disait quelque chose, c'était sur. Il la connaissait.

Mais d'où ?

Il n'était pas sur d'avoir envie de savoir, à vrai dire. Il en avait plus qu'assez des rencontres impromptues. Mais cédant devant sa curiosité innée, il s'approcha de la jeune femme et la reconnut. Zoey. La cousine de Jasper. Ici. Impossible. C'était une blague, c'était sur.

Il aurait aimé faire demi-tour, s'enfuir en courant comme s'il ne s'était rien passé mais il resta immobile. Stupéfait. Et de toutes façons, c'était trop tard. Elle l'avait remarqué. Elle le regardait. Tout aussi étonnée. Jeff ne savait pas quoi dire. Il ne l'avait plus vu depuis des années, et pourtant, il la connaissait depuis si longtemps. Depuis qu'il connaissait Jasper, enfaite. Depuis toujours. Il se rappela qu'ils s'entendaient tous les deux très bien, à l'exception qu'elle avait été amoureuse de lui, et lui non.

Il espérait que ce n'était plus le cas. Un problème de plus sur le dos, et c'était le désastre assuré.

« Hmm, salut ! » dit-il, sans vraiment savoir pourquoi.

C'était un peu nul. Elle s'attendait peut-être à ce qu'il la prenne dans ses bras, qu'il lui dise qu'il était content de la revoir et qu'il se mette à lui parler sans arrêter. Mais non. Jeff était sur le cul. Comme souvent ça pouvait lui arriver. Manifestement gêné, il essaya de se rattraper :

« Je ... j'hallucine, ou c'est bien toi ? »

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La salle était plongée dans le noir. Vide de gens et mal aérée tous volets fermés, elle dégageait une légère odeur de renfermé. Un piano à queue trônait dans le fond de la salle, rehaussé par une petite estrade. Un tabouret de piano, rembourré, pour protéger les pauvres petites fesses des chers élèves de Wynwood. Le couvercle entrouvert avait déjà laissé de nombreuses mélodies s'échapper, certaines magnifiques, certaines moins, mais toutes jouées avec passion. Tout autour, des chaises posées à la va vite, certaines face à ce fameux piano, d'autres tournées aléatoirement.
Une batterie siégeait dans un coin. Des tambours, et autres instruments de fanfare étaient regroupés à la hâte derrière une tenture aux motifs floraux. Une Harpe magnifique était visible dans le fond de la salle. Les instruments de la formation symphonique du lycée étaient rangés dans leurs étuis, et attendaient là que les instrumentistes de l'orchestre viennent s'exercer. Pour compléter le tableau musical, deux douzaines de guitares, de toutes tailles, et de toutes formes étaient accrochées au mur.

Soudain, la porte s'ouvrit dans un grincement. Un petit nez et une paire d'yeux bleus passèrent doucement l'encadrure. Voyant ce tableau de solitude, la jeune fille relâcha sa respiration, qu'elle retenait depuis qu'elle avait posé la main sur la poignée. Elle ouvrit la porte en grand, et entra. Laissant la pièce dans l'obscurité, elle referma doucement la porte derrière elle, s'imprégnant de l'atmosphère artistique qu'elle dégageait.
Suivant le rai de lumière qui passait entre les volets fermés, elle alla jusqu'à la première fenêtre, une grande baie vitrée en fait. Elle appuya sur le bouton, et les volets électriques s'ouvrirent petit à petit, plongeant la pièce dans une douce luminosité crépusculaire. Elle ouvrit la porte de la baie, et une légère brise tiède s'engouffra par l'ouverture, chassant ainsi les odeurs, et réchauffant l'atmosphère.

La jeune fille, vêtue d'une robe bleu ciel lui tombant sur les hanches, se tourna ensuite vers le piano. Le magnifique piano. Un Steinway&Sons . Un de ses préférés. Elle avait toujours été une adepte des Playel, mais la marque favorite de Chopin avait eu quelques soucis financiers au milieu du 20ème siècle, et ne fabriquait plus que des pièces de collection, toutes d'une qualité sans égale mais qui étaient par ce fait, extrêmement rare, et hors de prix. Elle s'installa sur le tabouret, et ouvrit le capot recouvrant le clavier pour accéder aux touches blanches de nacre et noir ébène. Elle pourra un long soupir d'aise.

Voilà. Tout était parfait.

Dans ces moments là, Zoey se sentait enfin entière. Elle posa ses doigts sur les touches. Elle ouvrit sa bouche. Elle se mit à chanter. Le son de ses instruments s'accordait parfaitement. Elle passa d'une comédie musicale, à un répertoire Américain. Elle interpréta des chansons tristes, des chansons gaies. Des lentes, des rapides. Le temps n'avais plus cours dans la tête de la jeune fille. Ses boucles brunes léchaient ses omoplates au rythme du balancement de sa tête. Elle ne pensait plus. Elle ne savait plus rien. Elle n'espérait plus rien. Elle était musique. Une énergie, une puissance qui la dépassait de beaucoup. Une sorte de transe.
Enfin, elle se mit à jouer les premières notes d'une musique de film, qu'elle affectionnait particulièrement. "Don't write me off" . Sa voix claire résonnait dans la pièce. Elle mettait toute l'intensité dans les paroles de cette chanson. Celle qui parlait de réconciliation, de pardon, et d'amour.

"It’s never been easy for me
To find words to go along, with a melody
But this time there’s actually something, on my mind
So please forgive these few brief awkward lines

Since I’ve met you, my whole life has changed

It’s not just my furniture, you’ve rearranged
I was living in the past, but somehow you’ve brought me back
And I haven’t felt like this since before Frankie said relax

And now I know, based on my track record

I might not seem like the safest bet
All I’m asking you, is don’t write me off, just yet..."

Plongée dans sa musique, elle n'entendit pas le grincement de la porte derrière elle, pas plus qu'elle ne devina la présence derrière elle...