Parce qu'il faut bien faire sa lessive de temps en temps...! [Peter]

La jeune fille n'avait tout d'abord pas remarqué la présence d'un nouvel arrivant, perdue dans ses rêves. Présence très peu amicale au premier abord, soit dit en passant.
Souvent bien loin de la réalité qui l'entoure, Kim ne s'aperçut pas qu'elle n'était plus seule jusqu'à ce que la personne entrée après elle dans la laverie claque - d'une manière consciente et peu respectueuse - la porte d'une des machines à laver. À ce son claquant, la demoiselle se tut et releva furtivement les yeux, pour chercher d'où ce bruit venait, du regard. Regard qui croisa celui d'un jeune homme assis sur un banc en face d'elle, derrière une rangée de machines. Un regard plutôt malsain d'ailleurs, si l'on en croyait le sourire sadique duquel le blond accompagna son regard et la manière qu'il eût de le détourner pour l'ignorer ostensiblement.

La jeune fille fronça les sourcils. Pas très agréable ce garçon. Pourtant il n'avait pas franchement la tête de l'emploi. On l'aurait plutôt vu du genre à jouer le gentil garçon et à se servir de sa gueule d'ange. Sa gueule d'ange tiens. Elle voyait bien de nombreuses filles tomber dans ce piège ; papillonner autour de lui comme si leur réputation ou leur santé mentale ne tenaient qu'au fait qu'elles soient dans ses fréquentations - et plus si affinités. La jeune anglaise se contenterait simplement de penser que oui, physiquement il n'était pas des plus hideux. Et basta.

Kim soupira. Des manières vraiment exécrables. Elle-même n'était pas un exemple de politesse et de bienséance, mais à ce point-là, on aurait presque pu croire que le garçon cherchait le conflit. En fait, c'était presque sûr, il devait chercher le conflit. La demoiselle ôta ses écouteurs, histoire d'être plus attentive - attitude qu'elle avait pris l'habitude d'adopter à chaque fois que le destin la mettait face à une confrontation, ce qui arrivait relativement souvent - et croisa les jambes, manière de s'ancrer dans la réalité, et de garder contenance et force en toute situation - déformation professionnelle pourrions-nous presque dire. Voyant le lycéen l'ignorer superbement après avoir volontairement signalé sa présence l'exaspéra au plus haut point. Elle haussa un sourcil et lança froidement :

- Bonjour à toi aussi.

À force de le voir, sans pour autant l'observer, Kim crut reconnaître son "interlocuteur". Cette "belle gueule", cette dégaine, cette fierté a priori mal placée... On croirait voir Esteban. Le sosie du "beau gosse" du lycée. Celui dont toutes les filles étaient folles. Ou presque. Puisque Kim ne le supportait pas. Deux caractères aussi proches, il ne pouvait être que Peter, le fameux correspondant et meilleur ami d'Esteban. Ou plus disait-on. Enfin ce côté-là, la jeune fille s'en contrefichait. Cependant, si elle ne se trompait pas, une personne si proche d'Esteban, et lui ressemblant tellement... Ça promettait d'être explosif !

Bâillement. Je soupire. Hier soir je me suis couché tard et je dois maintenant en payer le prix. Il n’est même pas midi que je suis déjà crever. Mais pourquoi me lever aussi tôt alors que nous sommes le weekend me diriez-vous, mais parce que comme dit le proverbe "l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt". Frottant mes yeux pour en chasser le sommeil je fixe résolument mon reflet dans le miroir. Sourire. Y’a pas à dire je suis un vrai beau gosse. Modeste ? Non. Mais bon on ne peut pas tout avoir dans la vie n’es-ce pas ?

Bon ce n’est pas tout mais cela fait bien une heure que je suis levé et je suis toujours là, en caleçon, à fixer mon reflet. Il serait bête que je finisse comme Narcisse quand même, il me semble qu’il est mort noyer, quoi que, dans certaine version on dit qu’il s’est laissé mourir de faim, je ne sais pas ce qui est le pire, mourir comme cela c’est si risible. En même temps soyons réaliste, il y a-t-il vraiment une bonne façon de mourir ? La mort c’est comme perdre la partie, il n’y a pas de bonne façon de perdre, perdre c’est perdre un point c’est tout. Quelque part j’admire Narcisse, la mythologie le décrit comme un jeune homme d’une beauté éblouissante qui n’avait d’égal que sa fierté, allergique à l’amour et repoussant tout ses prétendants. S’il n’était pas stupidement tombé amoureux j’aurais put en faire mon idole. Mais comme d’habitude l’amour casse tout. Soupirant pour la centième fois de la matinée je me décide à m’habiller. J’enfile un jeans noir légèrement moulant et fouille dans mes placards à la recherche d’une chemise propre. Au bout de quelques minutes, je finis par en dégoter une blanche. Il faut vraiment que je passe faire quelques machines à la laverie ça devient vraiment urgent. Attrapant un panier en osier je fourre négligemment dedans tout mon linge sale ainsi qu’un bouquin de psychologie en français avant de sortir de ma chambre et de prendre le chemin de la laverie.

Arrivé là bas j’entre dans la pièce, une jeune fille est là, elle chantonne, les yeux fermés et les écouteurs dans les oreilles. Un sourire méprisant s’étire sur mes lèvres sans que je ne cherche à le réprimer, sourire qui s’élargit encore quand je reconnais la jeune fille assise devant moi. Kim Turner. Mouais c’est vrai qu’elle est pas mal. Comment je l’a connais ? Par les rumeurs bien sûr, depuis le « flash spécial » de Wynwood’s Voice tout le monde ne parle plus que d’elle. Si je me souviens bien la voix la accuser à demi mots d’être une trainée. Comme c’est amusant ! Qui sait si toutes ces conneries sont vraies, maintenant que tout le monde y croie ça n’a plus d’importance, cette fille porte l’étiquette de salope et même si elle décide soudainement de s’enfermer dans un couvent ça ne changera surement rien, tout le monde dira seulement que maintenant, en plus de tout, elle se tape des prêtres. Les rumeurs sont vraiment des choses fascinantes, elles mettent le doute dans les esprits et une fois qu’il est bien implanté on ne peut plus s’en débarrasser. Il est tellement facile de prouver à quelqu’un qu’il a tord mais tellement difficile de le croire sans plus de preuves.

Sans m’occuper plus que ça de la fille qui chantonne toujours les yeux fermés, j’entreprends de remplir plusieurs machines avec mes affaires. Un sourire sadique s’étire sur mes lèvres, et je claque fort la porte de la dernière machine dans le but de signaler ma présence à la jeune fille. Ce n’est pas tout mais je commence à en avoir mare de ces fredonnements débiles. L’air de rien j’attrape mon bouquin dans mon panier puis vais m’asseoir sur le banc le plus proche.

Il y a des matins où l'on ferait mieux de rester coucher, des journées où peu de choses nous réussissent, et où tout commence mal dès le lever. Et ce jour-là semblait en être pour Kim.
Réveillée en sursaut par un horrible cauchemar qui l'assaillait presque toutes les nuits depuis qu'elle était à Miami, elle ne parvint pas à se rendormir, bien qu'il soit à peine 8.00 AM, un Dimanche - une poisse pour elle qui aimait tant faire la grasse matinée.
Elle se leva donc silencieusement, dans le but de ne pas réveiller sa colocataire, qui ne semblait, elle, ne pas avoir de problèmes de sommeil. La jeune fille se dirigea vers les salles d'eau -après avoir enfilé un bas de survêtement et un vieux pull-over au préalable -, et prit une longue douche apaisante, avant de revenir terminer de se préparer dans sa chambre.

C'est en ouvrant son placard que la jeune fille se rendit compte que sa journée commençait vraiment mal ; il ne restait presque plus un vêtement de propre dans le rangement. Et cela signifiait lessive. Un mot que l'Anglaise peinait à entendre au vu de son sens du rangement et du ménage.
Elle attrapa, parmi les rares affaires propres qui lui restaient, une robe légère, bleu profond, offrant un décolleté plongeant mais raisonnable et s'arrêtant à la mi-cuisse en effilochant, qu'elle enfila par dessus des collants noirs qui avaient visiblement pris un coup de vieux, au vu des trous qui les ornaient. Au final, l'ensemble donnait un effet rock'n'roll qui rendait plutôt bien.
Ça devait être le talent de la demoiselle que de faire un tout en partant de rien, créer des associations de choses pas spécialement intéressantes seules, mais remarquables rassemblées, ce qui lui permettait ainsi de dépenser moins, notamment pour le budget habillement, en faisant du recyclage de vieilles possessions.

Désespérant de ne pouvoir décemment plus retarder le moment fatidique où elle devrait se rendre à la laverie, la jeune Anglaise empoigna un grand sac à tissu qui lui servait à ranger son linge sale, et y fourra les derniers vêtements qui trainaient dans un coin de son placard, attendant d'être enfin lavés, et en profita même pour défaire son lit et rajouter ses draps au poids du sac qui était désormais plein à craquer, et débordait presque de linge.
Pour plus de praticité, la lycéenne releva ses cheveux en un chignon négligé, avant de saisir ses clés de la chambre, de soulever le sac et de la poser sur son épaule, avant de sortir de sa chambre, veillant à ne pas claquer la porte, et vérifiant qu'elle avait bien emporté de quoi s'occuper le temps de la lessive - puisqu'elle ne pouvait pas revenir à sa chambre, Calypso dormant toujours, et sûrement pour un bout de temps encore.

Kim arpenta les couloirs, jusqu'à ce qu'elle retrouve la porte de la laverie, et qu'elle s'y faufile sans un bruit, ne voulant pas perturber le silence qui régnait de si bon matin dans le bâtiment. Se dirigeant vers une des machines, elle y enfourna ses draps, et quelques vêtements, et mit le reste dans la machine à côté de la précédente. Ensuite elle entreprit de lire l'explication du fonctionnement de celles-ci, et suivit les instructions, pour ne réussir à les lancer que cinq bonnes minutes plus tard.
Une fois ses lessives en route, l'étudiante se mit à arpenter la laverie, inspectant la pièce, flânant dans tous les recoins, avant de revenir s'asseoir sur la machine se situant en face des siennes, histoire de surveiller le moment où elles se termineraient. Elle attrapa son lecteur MP3 dans ses affaires et mit les écouteurs dans ses oreilles. Se sachant seule, elle commença à fredonner la chanson qui passait des ses oreilles, les yeux fermés et ses jambes se balançant au rythme de la musique...